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    C'est parti pour une seconde participation au Challenge Goodreads, découvert l'an dernier ! ! Après un objectif (atteint) de 70 bouquins en 2015, je mets la barre un peu plus haut pour cette année avec 75 livres prévus. 

    Le principe est simple : après inscription sur le site, il faut entrer le nombre de livres que l'on prévoit de lire dans l'année. En mettant à jour son profil lecture petit à petit, on établit ainsi sa comptabilité annuelle grâce aux outils du site...le chiffre peut être revu à la hausse comme à la baisse tout au long du challenge ! ! 

     

    80/75, mission accomplie haut-la-main ! 

     

    Challenge Goodreads 2016


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  • « La figure symbolique du Roi doit demeurer indemne, en dépit des défaillances de l'homme à qui la Providence a confié la couronne, en dépit de la fatalité même. »

    Histoire des Reines de France, Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI, mère de Charles VII ; Philippe Delorme

    Publié en 2003

    Editions Pygmalion (collection Histoire des Reines de France)

    320 pages 

    Résumé :

    L'Histoire de France n'a pas été uniquement écrite par les rois et les hommes. Les femmes, et avant tout les reines, même si beaucoup d'entre elles n'ont jamais exercé le pouvoir, ont régné sur le cœur et l'esprit de leur peuple. C'est leur histoire, non la « petite Histoire » mais davantage une HISTOIRE DE FRANCE AU FÉMININ, qui est contée ici avec pittoresque et véracité. Certes, les rois ont fait la France, mais les reines, sans avoir choisi leur destin, souvent cruel, l'ont peut-être aimée encore davantage. 

    Epouse infidèle, mère dénaturée, reine félonne : tel est le triple réquisitoire que l'historiographie traditionnelle dresse contre Isabeau de Bavière, la femme du roi Charles VI. N'a-t-elle pas été la maîtresse de son beau-frère, le duc d'Orléans ? N'a-t-elle pas abandonné son mari, le pauvre roi fou, et renié son propre fils, le futur Charles VII ? N'a-t-elle pas signé le honteux traité de Troyes qui vendit la France à l'Angleterre ? Face à l'éclatante figure de Jeanne d'Arc, la sainte Pucelle, la reine Isabeau a été peinte comme l'ange noir du XVe siècle.                                                                     Aujourd'hui, Philippe Delorme rouvre le dossier. Non pour réhabiliter l'épouse de Charles VI, mais simplement pour rétablir la vérité. Car les archives d'époque montrent une souveraine bien différente de sa caricature. Entraînée dans le tourbillon de la fatalité, sans autorité réelle, désarmée devant les intrigues incessantes des princes du sang, elle s'est toujours efforcée d’œuvrer pour la paix et la réconciliation. Au tribunal de l'Histoire, elle ressemble moins à une coupable qu'à une victime. Et c'est la destinée mouvementée d'une femme complexe et intelligente que nous raconte Philippe Delorme avec talent.   

     Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Isabeau de Bavière est assurément l'une des souveraines de France qui jouit de la plus mauvaise réputation. Par manque de sources d'époque, donc par manque d'informations, romanciers et historiens ont été tentés de broder et, malheureusement, certaines assertions, sorties de cerveaux romanesques ont fini, avec le temps, par devenir des vérités historiques ou du moins que l'on croit telles. Une mauvaise interprétation des sources d'époque déjà mentionnées ont également participé à fausser, et durablement, l'image d'une reine qui s'avère finalement être toute autre que celle que l'on veut bien nous donner d'habitude.
    Le nom d'Isabeau de Bavière est en effet, pour la postérité, entaché d'un doux parfum de scandale...n'est-elle pas une reine adultère, qui aurait trompé effrontément son époux malade avec son propre frère, le duc d'Orléans ? De lui, n'aurait-elle pas eu, en 1407, un enfant qui serait devenu Jeanne d'Arc -thèse complètement fantaisiste et absolument réfutée par les historiens aujourd'hui mais qui a fait les beaux jours de beaucoup de romanciers et amateurs de scandale ? N'est-ce pas elle, avide d'argent, de belles parures et...d'amants, qui faisait jeter ces derniers à la Seine, dans un sac cousu ? Enfin, ne s'est- elle pas rendu coupable d'avoir vendu le royaume de France aux Anglais, par le traité de Troyes en 1420, reniant ainsi le Dauphin Charles, son propre fils ? D'aucuns ont voulu voir, de façon bien raccourcie d'ailleurs, dans ce reniement, un aveu de la bâtardise du futur Charles VII ce qui, avouons le, aurait été bien maladroit de la part de la reine que de proclamer l'infortune de Charles VI d'une manière aussi officielle.
    On se rend compte finalement que la réalité est tout autre. Isabeau, née entre 1369 et 1371 -cette dernière date est la plus communément donnée mais il semblerait que la jeune princesse soit née plutôt en 1369-, est la première fille et second enfant du duc Etienne III de Bavière et de la milanaise Thadée Visconti. C'est à l'instigation de son oncle, Frédéric de Bavière, que la jeune fille sera poussée sur le devant de la scène matrimoniale française : en effet, le roi Charles VI, qui règne depuis 1380 sur le pays des Lys, n'a pas encore vingt ans. Âgé de deux ou trois ans de plus qu'Isabeau, le jeune roi a cependant besoin d'être marié, et vite. Le trône a besoin d'héritiers et, pour cela, le jeune homme doit organiser rapidement ses noces. Plusieurs princesses européennes, anglaises, castillanes, lorraines, allemandes, autrichiennes, lui seront proposées...c'est finalement le portrait de la petite Bavaroise, âgée de quatorze ans qui va retenir son attention. Nous ne savons pas à quoi ressemblait Isabeau de Bavière dans sa prime jeunesse ; il semblerait seulement qu'elle ait plus hérité des traits italiens de sa mère que de ceux, germaniques, de son père. Peut-être brune, typée, Isabeau devait dénoter au milieu des beautés blondes de son temps...toujours est-il qu'après une rencontre en chair et en os à Amiens, en juillet 1385, le jeune roi de France, sensuel et aimant les femmes, va se déclarer tout à fait satisfait et disposé à épouser la jeune femme que son père, le duc Etienne a rechigné à laisser partir, l'aimant tendrement. Isabeau sera donc reine de France. Les premières années de son union -assez originale pour l'époque, il faut bien le dire-, seront relativement heureuses et paisibles. Charles VI, malgré quelques incartades manifeste une tendre déférence à sa jeune épouse qui lui répond avec des sentiments tous aussi sincères. Ils auront plus de dix enfants dont la plupart atteindront l'âge adulte. Mais bien vite, l'état de santé du roi se détériore. Victime en 1392 d'une première attaque d'un mal qui ne le quittera plus, Charles VI s'enfonce progressivement dans ce que l'on appelait au Moyen Âge folie et que l'on qualifierait plutôt aujourd'hui de schizophrénie. Ainsi, la reine est projetée dans un monde sans pitié, celui de la politique, alors qu'elle n'a pas été préparée à un tel rôle ; sa position est également particulièrement malaisée car en lieu et place d'une véritable régence, comme l'a exercé auparavant Blanche de Castille et comme devront l'assumer à l'avenir Catherine ou Marie de Médicis ainsi qu'Anne d'Autriche, Isabeau, flanquée du frère et des oncles du roi, assume un pouvoir temporaire et souvent remis en question par le roi lui-même lorsque celui-ci sort de ses crises qui peut, à l'envi, révoquer telle ou telle décision. La jeune femme se verra ensuite confrontée à la lutte intestine des Armagnacs et Bourguignons, qui la contraint au double-jeu et aux adhésions politiques fluctuantes. En parallèle, Isabeau, qui est aussi une femme, doit assumer l'opulente famille qu'elle a donné au roi et parfois affronter la douleur de perdre un enfant.

     

    Représentation fictive et postérieure de la reine Isabeau de Bavière


    Isabeau de Bavière survivra treize ans à son époux, auquel elle est restée fidèle, malgré tout ce que l'on a pu en dire. Elle n'est à ce moment-là plus qu'une douairière, une reine fatiguée qui a été contrainte de ratifier le traité de Troyes de 1420, léguant sous forme viagère le royaume des Lys à celui des Léopards, non pas, comme on l'a dit, à cause de la bâtardise de Charles VII mais bien à cause de l'implication malheureuse du dauphin dans la mort du duc de Bourgogne, survenue en 1419 et qui vengeait, soi-disant, celle de Louis d'Orléans. Elle aura eu le temps de voir la situation se retourner favorablement envers l'héritier naturel, son fils, qui, amené par Jeanne d'Arc, sera sacré à Reims, à l'instar de ses ancêtres, en 1429. Elle aura aussi eu le bonheur de connaître son petit-fils, le roi d'Angleterre, qui, au-delà des querelles entre les deux royaumes, était avant tout le fils de sa fille préférée, Catherine, l'une des puînés -mais elle ne le fit certainement pas asseoir elle-même sur le trône prévu pour lui lors de son couronnement à Notre-Dame en proclamant remplacer ainsi une race débile par une race glorieuse.
    On a en fait beaucoup glosé sur la personnalité méconnue de cette femme, c'est en tous cas ce que le livre de Philippe Delorme permet de comprendre. Cette biographie n'est pas une hagiographie, pas non plus une réhabilitation. On réhabilite quelqu'un après un procès : on réhabilite Jeanne d'Arc, Marie- Antoinette, Dreyfus...Isabeau de Bavière n'a jamais été clairement accusée de quoi que ce soit, hormis de manière insidieuse et perfide, au moyen de la calomnie, qui est vieille comme le monde. On rétablit donc une vérité, avec un œil neutre -quoique relativement chaleureux-, une étude objective des sources contemporaines et des textes postérieurs, truffés de préjugés et de fausses assertions -à commencer par la fameuse histoire d'Isabeau écrite par le marquis de Sade sous le prisme, cela ne nous étonnera pas, d'une sexualité libertine et débridée.
    La période n'est pas forcément facile à comprendre, notamment à cause des alliances et renversements desdites alliances, des liens familiaux etc mais l'auteur a simplifié au maximum pour ne pas perdre le lecteur dans une fluctuation de dates et d'événements. Se concentrant essentiellement sur le personnage d'Isabeau, inséré ensuite habilement dans son contexte, Philippe Delorme réfute et démonte patiemment toutes les idées reçues, toutes les légendes qui continuent de planer et de ternir l'image de cette femme qui s'avère en fait intéressante. Reine perdue dans un pays étranger, dont elle mettra du temps à comprendre les rouages, confrontée à la maladie spectaculaire de son époux et à l'exercice réel du pouvoir alors que son rôle se cantonnait essentiellement, jusque là, à de la représentation, il est sûr que la situation d'Isabeau de Bavière en aurait fait frémir bien d'autres. Elle eut cependant le courage et la patience nécessaire pour devenir un pion stratégique sur l'échiquier politique national -pour utiliser un anachronisme- et même européen. En lisant cette biographie on se rend compte que, loin d'être la femme lubrique et perverse, mère dénaturée, que les anciens auteurs ont voulu nous dépeindre, Isabeau de Bavière, malgré des erreurs -mais qui n'en commet pas ?- fut un animal politique plutôt remarquable, sachant jouer entre les clans, utilisant à son profit les querelles des Armagnacs et des Bourguignons. Elle fit parfois des choix malheureux, certes et si on ne peut pas réécrire l'Histoire, on est cependant en droit de penser que, sans elle, peut-être l'Histoire de notre pays en aurait été changée.
    Cette biographie complète et exhaustive est à mon avis un ouvrage important pour en apprendre un peu plus, tant sur cette femme que sur son époque en général.

     

    Miniature d'époque (entre 1410 et 1414) représentant vraisemblablement la reine Isabeau de Bavière

     

    En Bref :

    Les + : une biographie exhaustive et complète, agréable à lire, qui plus est.
    Les - :
     Aucun.
     


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  • « Le savoir est le bien de tout le monde. »

    Demoiselles des Lumières ; Jean Diwo

    Publié en 2005

    Editions J'ai Lu 

    349 pages

    Résumé :

    « Venez, Agnès, dit Mme de Pompadour. Asseyons-nous devant le feu...C'est la seule chose qui vive encore vraiment dans cette pièce. Ainsi nous nous serons vues deux fois en vingt ans ! Vingt années au cours desquelles nos vies se sont tissées, comme des tapisseries, chacune de son côté. »

    A la fin des années 1730, deux jeunes filles font leur apparition dans la haute société de l'Ancien Régime. Mlle Poisson et Mlle d'Estreville sont intelligentes, belles, charmantes, et brûlent du désir de s'élever dans la société. Il faut n'avoir pas froid aux yeux quand on est, à cette époque, une femme ambitieuse ! Mlle Poisson, qui ne déteste rien tant que son nom, souhaite plus que tout être admise dans l'aristocratie. Et pourquoi pas à la cour ? Son destin extraordinaire fera d'elle Mme de Pompadour, favorite de Louis XV, première dame de France. Quant à la jolie Agnès d'Estreville, passionnée de mathématiques et d'astronomie, elle voudrait devenir, en dépit des préjugés, une scientifique reconnue. Deux vies et deux femmes d'exception au cœur du siècle des Lumières ! 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

     A la fin des années 1730, toute la bonne société parisienne, aristocrates, mais aussi bourgeois, artistes et gens de lettres se retrouve pour prendre les eaux à Bourbon-l'Archambault. Là, au milieu des marquises et des duchesses, des astronomes et des philosophes, deux jeunes filles, fraîchement sorties du couvent, font les délices de cette société bigarrée et surtout, des peintres, tels Boucher, qui n'hésitent pas à les peindre de la plus flatteuse manière. Amies depuis leur enfance, ces deux jeunes filles sont Jeanne-Antoinette Poisson et Agnès d'Estreville. La première, issue de la bourgeoisie financière méprisée par la Cour et les aristocrates pur souche n'a pourtant qu'une idée en tête : devenir noble elle aussi et se voir, peut-être, ouvrir les portes de la Cour et, pourquoi pas, les bras du roi. On connaît le destin exceptionnel de cette jeune femme qui devint l'amie nécessaire de Louis XV, sa maîtresse et confidente pendant plus de vingt ans. L'autre, Agnès, est un personnage fictif qui symbolise les femmes qui, au XVIIIème siècle, commencent à s'intéresser aux sciences et à la philosophie des Lumières, notamment par le biais des salons tels ceux de Mmes Geoffrin et du Deffand ou encore Julie de Lespinasse, le grand amour de d'Alembert. Passionnée d'astronomie et de mathématiques, Agnès, élève de Clairaut -qui fut notamment envoyé en expédition en Laponie pour une mesure de méridien ou qui s'attela également à de savants calculs qui lui avaient permis d'annoncer, à quelques semaines près, le prochain passage de la comète de Halley-, bonne amie de Lavoisier et des auteurs de L'Encyclopédie est le pendant de son amie d'enfance ; tandis que Madame de Pompadour, grâce à son destin fulgurant, devient un soleil, Agnès en est la lune. L'une protégera les philosophes et les scientifiques tandis que l'autre navigue justement dans ce monde-là et en perçoit les formidables destinées comme les limites. Le XVIIIème siècle est un siècle d'émulation pour pleins de domaines : la peinture, mais aussi les mathématiques et la raison en général qui se heurtent malheureusement à une religion encore toute-puissante et qui sent bien ce que peut avoir de dangereux pour ses dogmes ces hommes, vaguement déistes certes mais qui n'hésitent pas à réfuter l'obscurantisme d'une croyance devenue pour eux, partisans de la raison, complètement obsolète.

    Madame de Pompadour par Maurice Quentin de La Tour (1755)


    Le sujet de ce roman est intéressant ; il est vrai que Jean Diwo, dans ses romans, opte toujours pour un point de vue ou un sujet original. Ainsi, dans Le Printemps des Cathédrales nous admirons, par les yeux mêmes de ceux qui la font, l'édification d'une cathédrale gothique ; et dans sa saga en deux tomes La Fontainière du Roy, l'héroïne est une jeune femme du XVIIème siècle, fille d'un fontainier du roi Louis XIV qui rêve de reprendre le flambeau paternel. Ici c'est donc à la science et à l'appétit croissant pour le savoir qui caractérise le siècle que l'auteur décide de s'attaquer.
    L'idée est bonne et on ne peut pas dire qu'elle soit mal traitée car ce serait ne pas être honnête mais je dois dire que je sors de cette lecture avec un sentiment mitigé. Je n'ai pas adoré, je n'ai pas détesté non plus. Mi-roman mi-chronique, le livre m'a plu pour cela ; malheureusement, des approximations historiques qui auraient pu être évitées -non, Marie-Antoinette n'est pas l'aînée des enfants du couple impérial et le coiffeur Léonard, né en 1758, n'a pas pu coiffer de poufs les belles dames des années 1740-, ont fait quelque peu retomber mon enthousiasme. Et si les parties narratives sont plutôt fluides et entrecoupées d'extraits de correspondances et de textes d'époque qui prouvent d'ailleurs que l'auteur, malgré des erreurs, a fait des recherches, les dialogues eux, m'ont moins convaincue. Parfois un peu lourds, ils ralentissent le récit qui aurait pu être plus linéaire sans cela. Des coquilles, qui, ne sont pas le fait de l'auteur mais malheureusement desservent le livre sont aussi très nombreuses, c'est dommage. On peut déplorer aussi que le récit, parfois, s'éloigne un peu de Madame de Pompadour et de son amie Agnès qui, au vu du résumé, semblaient constituer la trame du roman. Mais en contrepartie, nous faisons aussi la connaissance de tous les grands noms intellectuels -pour utiliser un anachronisme, le mot n'apparaissant en effet qu'au XXème siècle-, de l'époque, de Lavoisier en passant par les philosophes tels Diderot, Voltaire, d'Alembert, les peintres comme Boucher, Chardin, Fragonard, Greuze et les grandes salonnières, citées plus haut, qui ne sont plus des Précieuses mais des femmes intelligentes et instruites, avides de connaissances et de progrès. On y croise aussi ces souverains dit éclairés, tels le roi de Prusse, le roi de Pologne ou encore la tsarine de Russie, qui pensionnèrent et reçurent parfois à la Cour les plus grands noms de ce monde scientifique en plein essor : ainsi de Voltaire qui fut reçu à Berlin à la cour de Frédéric II, Madame Geoffrin, qui entretint une correspondance suivie avec le roi de Pologne à qui elle rendit visite à Varsovie ou encore Diderot, qui rencontra dans les brumes de Saint-Pétersbourg, Catherine II et sa cour. 
    Je ne déconseille donc absolument pas ce roman et, même si certaines choses m'ont gênée, tant dans la forme que dans le fond, je ne peux que vous encourager à le découvrir si vous le souhaitez. Ne serait-ce que pour le sujet traité, original et innovant

     

    Couverture de L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers, dirigée par Diderot et d'Alembert 

    En Bref : 

    Les + : un sujet intéressant ; la forme mi-roman mi-chronique, originale et bien maîtrisée par l'auteur.
    Les - : des erreurs historiques qui auraient pu être évitées ; des dialogues un peu lourds et beaucoup de coquilles, dommage. 


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  • « Les confidences sont une marque d'amour ou d'amitié à manier avec dextérité. »

    Le Confident ; Hélène Grémillon

    Publié en 2012

    Editions Folio

    311 pages

    Résumé :

    Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d'abord à une erreur mais les lettres continuent d'arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu'elle n'est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme. 

    Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre Mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspense psychologique. 

    Le Confident a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en vingt-sept langues. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1975, Camille, jeune éditrice parisienne de trente-cinq ans, perd sa mère. Cette perte-là, extrêmement douloureuse en elle-même, on s'en doute, s'accompagne pour la jeune femme d'une certaine remise en question, d'une certaine introspection, d'autant plus que son existence est en train de subir de grands bouleversements. Et voilà que, dans le flot de courriers de condoléances qu'elle reçoit après ce drame, une lettre, pas signée, qui ne lui est pas vraiment adressée mais qu'elle pressent pourtant lui être destinée, lui parvient. Une lettre, puis deux, puis trois...D'abord, Camille croit à une idée audacieuse d'un auteur, qui n'aurait trouvé que ce moyen pour être lu. Mais petit à petit, elle se rend compte que cette histoire, sombre et poisseuse, que le narrateur inconnu lui conte, lettre après lettre, n'est pas un roman mais bien une histoire vraie, qui eut lieu un peu plus de trente ans auparavant, pendant la guerre.
    Et cette histoire, Camille s'en rend compte rapidement, pourrait bien avoir un rapport avec elle et ses origines...
    Ce premier roman d'Hélène Grémillon est magistral. Quelle fougue ! Quelle histoire ! Quelle claque ! Je pense qu'on ne ressort pas indemne d'une telle lecture, qui ne peut en aucun cas nous laisser indifférent. Très vite, on est happé par cette histoire, on la découvre en même temps que Camille et, avec elle, on assiste à la lente destruction de son existence jusqu'ici sans histoires. Camille avait jusque là, comme tout le monde, des parents, un frère, pas de petit ami mais un homme partageant sa vie en dilettante. Aimant son métier, elle s'y était jetée à corps perdu. Jusque là, que du très banal...elle va se rendre compte pourtant, grâce à cette personne qui lui écrit, qu'elle ne connaît pas mais qui, elle, semble la connaître -et connaître des personnes de son passé-, que tout n'est pas si facile. Tout n'est jamais tout blanc ni tout noir et même les meilleures familles peuvent aussi couver en leur sein le poison mortel du secret.
    Le Confident est ce genre de roman qu'on adore, ou pas, mais duquel on ressort complètement bouleversé et chamboulé, avec une drôle de sensation et un grand besoin de légèreté pour se sortir cette histoire lourde et sordide de la tête...et en même temps, il est extrêmement difficile d'en parler parce qu'on risque à tout moment d'éventer l'intrigue -et peut-être la résolution de l'énigme-, ce qui serait dommage pour les lecteurs qui voudraient se lancer dans ce roman. Tout ce que je peux dire, c'est que ce roman a été un coup de cœur comme je n'en ai pas eu depuis longtemps. Et pourtant, comme je me suis sentie mal à l'aise en le lisant, presque aussi chamboulée que les différents personnages car le roman va à l'encontre de notre morale la plus instinctive. La maternité, un autre sujet intrinsèquement lié à l'être humain, est aussi au centre du récit ; la maternité et surtout la douleur et la folie que peut engendrer, chez une femme en mal d'enfant et ne pouvant tomber enceinte, cette stérilité qui est vue comme une tare, une chose dont on est pas responsable en soi mais dont on le devient sous les yeux des gens qui jugent et qui font alors naître une honte douloureuse et insupportable. On se rend compte, dans Le Confident, de la lente destruction que peut entraîner dans une existence l'absence d'un enfant fermement désiré. Une existence ou des existences, car, comme pour une personne qui est accro à l'alcool ou aux drogues et qui impose cette addiction et sa souffrance à ses proches, le désir d'enfant, quand il n'est pas assouvi et se trouve donc frustré, devient une épée de Damoclès, une ombre planante et menaçante sur le couple, qui vacille, chacun se recroquevillant sur sa douleur, ses doutes et sa culpabilité. Et on se rend compte ce qu'un tel désir, inné chez certains, peut faire de mal quand la raison n'est pas suffisamment forte pour le surmonter. On peut alors basculer dans une folie grégaire dans laquelle les lois et les valeurs n'ont plus lieu d'être. On devient alors une personne qui n'est plus doué d'un esprit raisonné et raisonnable mais un être dont l'animalité prime et qui ne réfléchit plus avec sa tête mais avec ses pulsions, quitte à entraîner alors dans une spirale infernale tous ceux qui se trouvent à proximité. Et la tension monte crescendo et devient de plus en plus insoutenable à mesure qu'approche le dénouement...
    Au-delà de cet aspect psychologique du roman, j'ai beaucoup aimé les solides bases historiques sur lequel il s'appuie. Une bibliographie est même proposée à la fin du roman, qui permet de nous rendre compte que l'auteure s'est renseignée autant sur les institutions, que sur la chronologie ou la vie quotidienne à l'époque. Et je ne sais pas si c'est la tension que l'on ressent tout au long du roman, mais on ressent avec bien plus d'acuité, dans Le Confident, que dans tout autre roman, la violence et l'horreur de la débâcle de 1940 et de l'exode. Pourtant, il y'en a des romans, qui traitent du même sujet. Tout un tas. Mais jamais on ne frémit avec autant de dégoût à la description des horreurs qui accompagnèrent l'attaque allemande sur la France le 10 mai 1940 puis la fuite des populations du nord vers le sud.  
    Le Confident c'est aussi un roman aux qualités littéraires indéniables, un de ces romans au style si plaisant, que l'on s'en délecte, littéralement. Les mots coulent d'une façon si fluide de la plume d'Hélène Grémillon...et elle passe d'un style à un autre, jonglant avec les tournures de phrases et les langages. Ainsi, on passe d'un langage brut et oral -Camille, par exemple-, à des phrases plus littéraires, écrites, bien tournées, comme celles des différents autres narrateurs. Et le mieux, c'est qu'il n'y a aucune fausse note ! Le livre s'articule parfaitement autour de cette alternance de styles, passant d'un verbe haut et presque gouailleur à une écriture plus posée et linéaire, comme une voix-off de cinéma

    On ressort donc de cette lecture époustouflé à bien des égards mais aussi admirateur du talent certain d'une auteure prometteuse.

    En Bref :

    Les + : une histoire sordide et poisseuse mais menée avec brio.
    Les - : une chronologie parfois un peu confuse. 

     

    Adieu, mon Unique ; Antoine Audouard

    Coup de cœur 


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  • « Cela faisait cent-soixante-quinze ans que les Etats Généraux n'avaient plus été réunis, d'où l'excitation de la foule pleine d'espoir. Ils savaient que depuis longtemps quelque chose avait pourri dans le royaume de France. »

    Le Vol du Régent ; Michel de Grèce

    Publié en 2008

    Editions JC Lattès

    353 pages

    Résumé :

    Voici l'extraordinaire aventure du plus grand cambriolage de l'Histoire de France.

    Paris, septembre 1792. Alors que la France entière craint la guillotine, le garde-meuble de la place de la Concorde abrite les joyaux de la couronne. Plus de dix milles pierres précieuses et diamants, dont le célèbre Régent, le plus gros diamant du monde, sont là, à portée de main...Une bande de brigands, avec à leur tête un gentleman escroc et une espionne anglaise, va tenter le casse du millénaire.                                                                                                                                                             Les corruptions au plus haut sommet de l'Etat leur réserveront bien des surprises...

    En puisant aux sources d'archives méconnues, Michel de Grèce nous conte la plus rocambolesque des enquêtes policières, tout à la fois roman d'amour, roman d'espionnage et fresque palpitante du Paris révolutionnaire, où s'affrontent sans merci une femme, son amant, un commissaire et un homme politique. Mais les diamants, objets de toutes les convoitises, aux pouvoirs sans limites, restent le personnage principal. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1792, à Paris. Après les atroces massacres dans les prisons, c'est le Garde-Meuble de la Nation qui est vandalisé plusieurs nuits de suite, au nez et à la barbe du commissaire en charge des collections et surtout des gardes nationaux censés garder le lieu, de jour comme de nuit. A cette occasion, une somme inestimable de joyaux va être dérobée : disparaissent ainsi le fameux Régent, le Sancy, le Diamant bleu de la Couronne, mais aussi des collections de perles et de diamants moins connues ainsi que des pièces anciennes comme la nef de table de Louis XIV ou encore la chapelle du cardinal de Richelieu. Que s'est-il passé ? Pourquoi ce vol a-t-il été commis ? Par qui ? Et surtout, pour quelles raisons les voleurs ont-ils pu pénétrer dans le Garde-Meuble plusieurs nuits de suite sans être repérés ? Quelques semaines après ce cambriolage, la Révolution remporte la célèbre bataille de Valmy contre les Autrichiens et l'hypothèse, encore discutée mais en général retenue comme plausible par les historiens, est que Danton aurait orchestré ce vol afin de payer Brunswick et remporter ainsi la bataille sans trop de frais. Est-ce vrai ? Trois cent-vingt-quatre ans après, nous en sommes toujours réduits à des conjectures mais pourquoi pas ? L'hypothèse est tout à fait crédible, comme celle que Michel de Grèce avance dans ce livre, même si elle est rocambolesque et hautement romanesque.
    Au même moment, Anne-Louise, courtière en bijoux dans le quartier juif de Paris, renseigne aussi à ses heures l'Anglais Adam Carrington, agent occulte de Londres à Paris et qui semble en mission pour la couronne britannique, malgré ses opinions républicaines. On comprend vite que le roué lord Carrington tient Anne-Louise par ce qu'elle a de plus cher et lorsqu'il apprend l'existence d'une liste d'espions anglais à la solde de Louis XVI, il donne mission à la belle espionne d'aller la récupérer...ce vol serait maquillé par celui des bijoux de la Couronne, la liste ayant été cachée dans une boîte de diamants par Thierry de la Ville d'Avray, valet de chambre du roi. Va alors s'échafauder un plan extraordinaire, autour d'Anne-Louise et d'un homme charismatique, Paul Miette, qui devient le cerveau des opérations. D'abord chargée d'évaluer les bijoux, Anne-Louise se retrouve bientôt rattrapée par cette histoire qui semblerait éclabousser des personnages très hauts placés mais sur laquelle l'opiniâtre commissaire Le Tellier, serviteur zélé de la République, veut faire toute la lumière. Entre sensibilités nationales, désirs de suprématie, révolutions, violences et déchéances, Michel de Grèce nous promène dans le Paris de la Révolution, de 1789 au couronnement de Napoléon puis dans la paisible Angleterre de l'époque géorgienne.
    Je dois dire que j'ai été vraiment emballée par ce roman et pourtant, nous n'avons pas été très copains au début de ma lecture...j'avoue que je l'ai trouvé un peu confus, je ne comprenais pas vraiment les motivations de chacun, les considérations politiques et occultes m'échappaient un peu et je ne savais plus qui était qui et qui faisait quoi...bref, il m'a parfois fallu revenir en arrière pour être sûre de bien comprendre, de ne pas avoir omis une information importante qui m'aurait par la suite empêchée de comprendre quelque chose...et puis, finalement, les choses se sont décantées, je me suis laissée happer par l'enquête policière que mène le commissaire Le Tellier et qui n'a rien à envier à un bon policier historique (ce n'est peut-être pas Nicolas Le Floch, ce commissaire Le Tellier, mais il est lui aussi plutôt perspicace). Hormis cela, j'ai aussi été touchée par le drame personnel qui touche le personnage d'Anne-Louise qui devient de plus en plus attachant au fil des pages. Au début, son statut d'espionne peut refroidir un peu, nous la rendre peu sympathique mais on se rend vite compte que la jeune femme est très loin des froids calculs de son acolyte Carrington, auquel elle doit obéir contrainte et forcée à cause du chantage qu'il exerce sur elle...Anne-Louise est en fait une jeune femme à l'existence pas forcément très simple mais qui est malgré tout honnête et humaine. Elle participe certes au vol du Garde-Meuble mais pour des raisons, non pas lucratives mais plus naturelles et que l'on peut comprendre en découvrant petit à petit quel a été son passé, quelle est sa vie.
    Finalement, après un début laborieux, ce roman m'a vraiment captivée et je dois dire que je l'ai vraiment beaucoup aimé, j'aurais presque voulu qu'il continue encore, tellement j'ai passé un bon moment ! C'est un roman sur la Révolution plutôt atypique, traitant d'un sujet méconnu mais authentique, au même titre que la fameuse Armoire de Fer qui sera d'ailleurs découverte quelques mois plus tard. Bien documenté, le roman est solide, servi par une intrigue qui se tord et se détord, s'enroule et se déroule mais toujours avec beaucoup de fluidité. Les personnages sont intéressants, que ce soit dans la froideur et l'antipathie pour Carrington, l'attachement et la chaleur chez Anne-Louise, le charisme chez Paul Miette. Le style de Michel de Grèce, que je découvrais aussi dans ce roman, m'a bien plu et je crois que je ne vais pas m'arrêter à cette lecture.
    En tous cas, je vous le conseille. Fan d'Histoire, vous serez servi. Et pour ceux qui aiment les romans plus rocambolesques, vous serez aussi servis, avec en plus un cadre plutôt intéressant ! !

    En Bref :

    Les + : une histoire bien ficelée, un contexte historique bien maîtrisé et qui donne donc un roman solide, étayé par des recherches historiques exhaustives, des personnages ciselés.
    Les - :
    un début qui m'a paru un peu confus. 

     

     

     


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