• « Nos mots et nos actes sont bien les graines des semailles. Ils germent et poussent avec vigueur, tout prêts pour la moisson. »

    Mathilde de Westminster, tome 2, Le Combat des Reines ; Paul Doherty

    Publié en 2007 en Angleterre ; en 2010 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Poison Maiden

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    346 pages

    Deuxième tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Après avoir affronté tous les dangers pour permettre le mariage d'Isabelle de France et du nouveau roi Edouard II, l'intrépide Mathilde de Clairebon, première dame de la reine, se pense enfin en sécurité en Angleterre. Le répit est pourtant de courte durée : les intrigues menées depuis la France se multiplient et Peter Gaveston, le favori royal, est accusé de haute trahison par les grands barons. Retranchés au palais de Westminster, le roi et sa cour doivent faire face aux traîtres et aux espions en tout genre, mais également à une série de meurtres commis par une mystérieuse empoisonneuse. Pour démasquer celle qui sème la mort sur son passage et empêcher la guerre civile d'éclater, les talents de Mathilde, pour qui l'art des potions n'a aucun secret, seront plus que jamais nécessaires.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au printemps 1308, en Angleterre, les troubles menacent et, après la liesse du couronnement de la jeune reine, Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel, on commence à gronder de plus en plus fort devant la faveur outrée dont bénéficie, auprès du roi, le gascon Pierre Gaveston et les grands barons d'Angleterre, Warwick, Pembroke, Hereford et bien d'autres montrent les dents, s'opposant de plus en plus flagrante au favori et donc, par là même, au roi. Dans le même temps, une mystérieuse Empoisonneuse, signalée en Angleterre comme en France sème le doute et l'inquiétude à la cour.
    C'est dans ce contexte-là que Mathilde de Westminster, la fameuse dame d'honneur de la reine Isabelle et, à ses heures médecin et enquêtrice, s'éveille à ses premiers émois amoureux tout en devant garder un œil vigilant sur sa maîtresse, que l'omnipotence de Gaveston menace et compromet.
    Ce deuxième tome, Le Combat des Reines, est une sorte de huis clos entre les murs de Westminster, où se nouent et se dénouent les amitiés et les alliances. D'un côté, Edouard II et son favori, qui profite outrageusement de sa position, de l'autre, les grands barons avec, pour seul lien entre les deux parties, la reine douairière, la propre tante d'Isabelle, Marguerite, seconde épouse d'Edouard Ier, confite en dévotion mais qui cache peut-être bien son jeu.
    Malgré l'ambiance et le malaise qui croît à mesure que le livre s'avance vers son dénouement, je n'ai pas forcément réussi à entrer dans l'histoire. Attention, je n'ai pas détesté, bien au contraire, mais je n'ai pas retrouvé les codes qui font d'habitude que les romans policiers sont si captivants. L'enquête proprement dite est en effet si mêlée au contexte historique qu'elle en disparaît presque. Il faut dire que, Paul Doherty étant professeur d'histoire médiévale, c'est avec beaucoup de minutie qu'il nous restitue un contexte historique pour le moins chargé mais tellement intéressant ! Le début du XIVème siècle est une période de grands bouleversements, tant en Angleterre qu'en France : outre-Manche, le roi doit faire face à une crise de légitimité, après avoir succédé à des figures charismatiques, ses père et grand-père, Edouard Ier et Henry III, tandis qu'en France, après l'anéantissement de l'Ordre du Temple, c'est vers la fin de la dynastie capétienne directe que le royaume s'achemine doucement. Finalement, ces événements se suffisent à eux-mêmes pour réaliser  un roman très captivant. Mais comme l'enquête policière est malgré tout présente, j'aurais voulu la voir un peu plus. Parfois, je ne comprenais pas vraiment où l'auteur voulait en venir, ce qu'était ce personnage mystérieux de l'Empoisonneuse, qui apparaît un peu dans le roman comme un cheveu sur la soupe, disparaît, revient. Le dénouement n'en est pas moins surprenant et j'ai bien aimé la seconde partie du roman. Le personnage de Mathilde est toujours aussi intéressant, de plus en plus ciselé et assez attachant -j'ai beaucoup aimé le duo qu'elle forme avec Bertrand Demontaigu, ancien templier-, et celui d'Isabelle, fascinant. En grandissant, la jeune reine gagne en charisme mais aussi en machiavélisme. Elle n'en est pas moins attachante pour autant et se pose en personnage antinomique de celui du roi, faible, versatile, indécis, manipulé indécemment par un favori sans scrupules. Celui-ci, d'ailleurs, est aussi intéressant qu'antipathique voire inquiétant. Pierre ou Peter Gaveston, d'origine gasconne, né en 1284, est introduit dans l'entourage de l'héritier du trône, Edouard de Caernavon, par son propre père, le roi Edouard Ier, qui en fait son compagnon. Mais la faveur de plus en plus inquiétante que nourrit son fils pour ce parvenu incite finalement le vieux roi à s'opposer à Gaveston. Celui-ci sera pourtant fait comte de Cornouailles par Edouard II et épousera la propre nièce de ce dernier, Margaret de Clare, avec laquelle il aura une fille. Les relations homosexuelles d'Edouard II avec ses favoris, Gaveston ou Despenser sont peut-être légendaires, toujours est-il qu'il leur accorda des faveurs et des avantages de plus en plus injustes, au point de provoquer, dans les années 1320, sa propre chute et sa destitution, à l'origine de laquelle on retrouve d'ailleurs Isabelle, la reine. Pour le moment, dans la trilogie de Doherty, il n'est question que de Gaveston, personnage plutôt intéressant malgré l'antipathie qu'il suscite aussitôt et assez instinctivement chez le lecteur. Il est en quelque sorte la face sombre, sarcastique et sans pitié d'un roi faible et sans couleur. Comme Isabelle, mais dans un registre différent, il exerce une certaine fascination sur le lecteur. 
    J'ai aussi aimé le style, bien écrit, soigné. Les dialogues sont ciselés et percutants, le style très visuel, au point de faire naître des images très précises dans l'imaginaire du lecteur. L'histoire est vraiment digne d'intérêt, ne serait-ce que pour la période que l'auteur aborde et restitue avec beaucoup de justesse -normal, vous me direz, au vu de sa formation. Il y'a du vrai, du moins vrai peut-être aussi, pour les besoins du roman, mais Le Combat des Reines brosse un portrait plutôt authentique de la cour anglaise au XIVème siècle. C'est un roman historique efficace, dommage que l'intrigue policière soit finalement plus traitée en parallèle qu'en premier plan. A la lecture du résumé, il est vrai que je ne m'attendais pas à ça mais j'ai cependant passé un assez bon moment avec ce roman.

    En Bref :

    Les + : le style et le contexte historique passionnant.
    Les - : dommage que l'intrigue policière apparaisse de manière aussi ténue, elle aurait pu être plus au premier plan. 


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  • « Un homme déchiré par la culpabilité et le doute s'exprime toujours d'une manière ou d'une autre. »

    Mathilde de Westminster, tome 3, Le Règne du Chaos ; Paul Doherty

     

    Publié en 2009 en Angleterre ; en 2011 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Darkening Glass 

    381 pages

    Troisième tome de la saga Mathilde de Westminster

     

    Résumé : 

    Mars 1312. Menacé par une invasion écossaise, le royaume d'Angleterre tremble aussi de l'intérieur sous la fronde des Grands Barons. Chaque jour, le pouvoir se délite, forçant la reine à trouver refuge dans un prieuré fortifié. Tandis que succombe Gaveston, le favori du roi, Mathilde de Westminter doit agir avant qu'Edouard II ne perde tout contrôle sur le trône.

    Une plongée dans le monde médiéval de l'Angleterre, signée par le maître du genre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1312, en Angleterre, les troubles se font de plus en plus menaçants et le roi Édouard II voit son influence et son pouvoir chanceler sous les coups des grands barons alors même que son épouse Isabelle, la jeune reine, fille du roi de France, se trouve enceinte de leur premier enfant ( il s'agit du futur Édouard III qui régnera en Angleterre de 1327 à 1377).
    La Cour se trouve contrainte de fuir devant l'offensive de plus en plus violente des grands barons mais aussi devant les menaces de Robert Bruce en Écosse.
    Alors qu'elle se trouve dans le nord près de York, Mathilde de Westminster est le témoin d'un massacre abominable dans les landes puis des attentats successifs commis à l'encontre des compagnons de Peter Gaveston le favori du roi. Ces jeunes hommes, soldats, garde rapprochée du favori, surnommés les Aquilae Petri (littéralement « Les Pierres Précieuses » ou « Les Aigles de Pierre » jeu de mots qui fait référence au prénom de Gaveston) sont bientôt, alors que la position de leur maître est de plus en plus précaire, les cibles d'un meurtrier masqué et mystérieux qui sème la terreur dans leur bande.
    Mathilde, aidée de Bertrand Demontaigu, l'ancien templier, va en enquêter sur ces meurtres tout en assistant à la chute, lente mais inexorable du favori.
    Le troisième titre de la saga, Le Règne du Chaos, porte bien dans son nom dans la mesure ou` le seul événement positif qui survient est la grossesse de la reine. Pour les autres c'est au contraire une lente descente aux Enfers qui commence : Édouard II qui gouverne depuis 4 ans seulement voit sa couronne contestée par les barons et même par ses propres cousins et est écartelé entre son devoir, le don de soi promis au royaume et son affection pour son favori, deux choses qu'il ne peut concilier. Isabelle doit faire face à des périls auxquels elle n'est pas préparée alors qu'elle est enceinte qui plus est. Fille du roi de France, sœur des trois derniers Capétiens , épouse du roi d'Angleterre et mère de l'héritier, elle est consciente et imbue de sa légitimité. Le fait que les barons mais aussi le peuple et les insurgés écossais la mettent à mal projetant même sans vergogne de l'enlever (voire pire) l'affecte et la pousse donc, de plus en plus, à s'opposer au favori qu'elle, sinon soutenait, du moins ne détestait pas au départ.
    Et c'est aussi bien sûr un cauchemar affreux qui commence pour Gaveston, privé successivement de ses compagnons. Errant avec le roi de forteresse en forteresse, dans une fuite désespérée avant d'aller finalement se retrancher à Scarborough sur la côte orientale du Yorkshire, le favori comprend rapidement que la situation ne peut plus maintenant que se dénouer avec sa mort et que celle-ci est imminente.
    Et, au milieu de tout cela, Mathilde veille. Alors qu'elle est désormais une vieille femme, recluse au couvent des franciscains de Greyfriars, veillant même dans la mort son ancienne compagne, Isabelle, elle se souvient. Le roman comme les deux premiers d'ailleurs est en fait un long flash- back durant lequel Mathilde, témoin d'événements extraordinaires dans sa jeunesse, se souvient et raconte. Il est vrai que la période est riche en épisodes et événements fameux mais aussi en personnages intéressants, que ce soit en Angleterre ou en France, d'ailleurs.
    J'ai beaucoup aimé le personnage de Mathilde. J'ai été heureuse de la retrouver pour cette ultime aventure mais aussi dans cette enquête vraiment bien menée ! Après avoir été un peu déçue par celle du deuxième tome que je trouvais un peu ténue, noyée au milieu des intrigues historiques, je retrouve ici une vraie enquête et j'en ai donc été ravie. J'ai aussi aimé la relation des événements et du contexte. Il faut dire que l'auteur est aussi professeur d' histoire médiévale et a fait une thèse sur Isabelle donc on peut dire qu'il connaît son sujet ! L'histoire en elle-même est vraiment pas mal du tout et l'atmosphère se tend à mesure que la psychose monte crescendo. J'ai retrouvé ici ces ambiances policières historiques qui me plaisent tant et Le Règne du Chaos clôture assez bien la saga. Une bonne lecture.

    En Bref :

    Les + : une belle intrigue pour clôturer la saga.
    Les + : quelques passages un peu longs.
     

     

     

     


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  • « Les hommes ne peuvent souvent rien quand les faits ne les aident pas. »

    Son Excellence Eugène Rougon ; Emile Zola

    Publié en 2003

    Date de parution originale : 1876

    Editions Le Livre de Poche (collection Les Classiques de Poche)

    480 pages

    Sixième tome de la série Les Rougon-Macquart

    Résumé : 

    En 1856, Eugène Rougon, un ancien avocat de province qui a contribué à faire l'Empire et que l'Empire a fait, se sentant proche de sa disgrâce, préfère prendre les devants et démissionner de la présidence du Conseil d'Etat. Mais ses amis ont besoin de lui, et sa chute les embarrasse. Ils s'inquiètent de le voir tromper son ennui par un projet de défrichement des Landes qui le conduirait à une sorte d'exil, et parmi tous ceux qui travaillent à son retour en grâce la plus active est la troublante Clorinde qu'il a refusé d'épouser.                                                                                     Dans la grande fresque des Rougon-Macquart, Son Excellence Eugène Rougon, que Zola fait paraître en 1876, est le roman du pouvoir et des solidarités d'intérêts qui appellent l'intrigue dans le grand monde de Paris où s'ourdissent les manœuvres qui font et défont les carrières. Une fiction écrite sur un ton de comédie, sans histoire nettement dessinée, et qui s'écarte de la manière de l'écrivain et du naturalisme : « Il n'y a pas un mot de trop, écrit Flaubert à George Sand. C'est solide, et sans aucune blague. »   

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Le sixième tome des Rougon-Macquart se concentre sur la figure d’Eugène Rougon, le fils de Pierre et de Félicité, déjà entraperçu dans les précédents volumes, notamment La Fortune des Rougon et La Curée : dans le premier tome par exemple, au moment du Coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, c’est lui qui conseille sa mère, Félicité, qui projette un autre coup d’Etat, à sa manière, à Plassans.
    Dans La Curée, déjà influent, c’est lui qui demande à son frère cadet, Aristide, qui trempe dans des affaires louches, de changer de nom. Il est alors député de l’arrondissement de Plassans mais aussi ministre et certainement un homme politique en devenir.
    On le retrouve donc dans sa gloire triomphale ici, dans ce sixième volume, qui lui fait la faveur de tourner exclusivement autour de sa personne. Cela peut être surprenant car on ne peut pas dire qu’Eugène fasse partie des personnages les plus charismatiques de la série, bien au contraire. Même son frère Aristide, roué et ayant un goût développé pour les magouilles, sans scrupules et sans cœur, est plus intéressant ! Il y’a chez Eugène la placidité de son père, Pierre, un physique un peu mou, qui contraste cependant avec l’ambition léguée par sa mère, Félicité. La fille d’un modeste marchand d’huile de Plassans aurait pu faire sienne la devise de Nicolas Fouquet : -Quo non ascendet ? Jusqu’où ne montera-t-il pas ?- et transmet cette force de caractère, cette capacité à s’élever haut, très haut, à des hauteurs extraordinaires, à son aîné. Mais chez lui, l’ambition, la détermination, sont plus ténues, plus cachées et c’est pour cette raison qu’un personnage pas forcément très captivant au premier abord parvient finalement à le devenir au fil du roman. Et si Aristide se tourne presque instinctivement vers les affaires les plus louches de Paris, son frère, grâce à une prescience de l’avenir, grâce à une clairvoyance que certainement son cadet n’a pas, se tourne vers le service à la nation , à la France, qui passe, à cette époque-là, par le service à l’Empire, représenté par Napoléon III, l’un de nos hommes politiques les plus intrigants. L’ancien petit avocat de province deviendra ainsi un ministre très écouté de l’Empereur, sans pour autant ne jamais connaître de revers de fortune, qui là on ils en tuent certains, rendront Rougon, toujours égal à lui-même, plus fort.
    Et dans son entourage gravite la seconde figure tutélaire du roman , la mystérieuse et fantasque Clorinde Balbi, fille de comtesse italienne, dont le modèle est, à n'en pas douter, la célèbre comtesse de Castiglione, la fameuse maîtresse de Napoléon III, qui conspirait aussi en sous-main avec Cavour pour l'unification de l'Italie. Excentrique mais fine, douée pour la politique et surnommée d'ailleurs par Rougon lui-même Mademoiselle Machiavel, elle démontrera à ce dernier tout ce dont l'intelligence féminine, qu'il méprise, est capable et ce que peut faire une femme qu'on a dédaignée et humiliée.
    Ce sixième volume est assurément le plus politique des vingt qui composent Les Rougon-Macquart, bien que Zola se fasse un plaisir, comme une ligne directrice, d'égratigner le pouvoir impérial dans chacun de ses romans, toujours avec une ironie très fine ceci dit. Il écrit dans les années 1870, quelques années seulement après la chute brutale de l'Empire, survenue à la suite de la défaite de Sedan, en 1870. Est venu ensuite l'effroyable épisode de la Commune de Paris puis l'instauration d'une République, la troisième, qui est alors lé régime en vigueur quand Zola écrit sa série. Le régime de Napoléon III, libéral mais aussi, paradoxalement, autocratique, se nourrissant autant de la Révolution que de l'héritage de Napoléon Ier a montré ses limites et ses défaillances, au point d'être balayé, et presque oublié, en quelques jours. On comprend donc le jugement relativement sévère que porte l'auteur sur cet épisode de notre Histoire, qui garde encore de nos jours une connotation relativement négative et reste irrémédiablement rattaché à la catastrophe de la guerre avec la Prusse.
    L'auteur, en bon naturaliste qu'il est, s'est cependant attaché à dépeindre l'Empire et son fonctionnement dans les moindres détails et de la façon la plus impartiale possible. C'est cependant une vie de Cour presque factice qui s'offre à nos yeux, avec des personnages creux et un peu sots qui gravitent autour de l'Empereur. Sots ou trop ambitieux et sournois pour être réellement attachants. C'est un portrait de la Cour, comme un dernier flamboiement des fastes de l'Ancien Régime avant d'entamer une nouvelle ère véritable, c'est la relation précise des séries de Compiègne, de la vie dans l'entourage de Napoléon III et l'impératrice Eugénie, les bals, les réceptions, les grandes manifestations du règne, comme le baptême du prince impérial, en 1856. Mais c'est aussi la description du monde politique, qui lui ne change pas, d'un régime et d'une époque à l'autre. C'est toujours un panier de crabes, un monde de requin où ce sont toujours les plus forts ou les plus roués qui gagnent. C'est un univers de passe-droits et de magouilles à n'en plus finir, perpétrées sous le couvert de la légitimité politique, de la proximité avec l'empereur et les hautes sphères. Et Rougon d'ailleurs, n'est pas le dernier à profiter des avantages qu'il se croit octroyés d'office par sa position éminente dans le gouvernement.
    C'est un tableau sans concession, presque violent et surtout plein d'ironie que Zola dresse ici, en peuplant son roman de personnages aux travers accentués mais sans saveur, qui susciteraient une pitié un peu navrée voire méprisante, un peu comme quand on regarde une caricature d'une grande justesse. Et c'est d'ailleurs justement ça, ce roman : une caricature d'un système qui y prête le flanc, à croire d'ailleurs qu'il le fait exprès ! Mais au lieu d'être un dessin, ou une estampe, c'est un roman, le pendant écrit des dessins justes et incisifs de Daumier.
    Au-delà de ça, le roman dépeint aussi les relations humaines qui unissent Rougon à sa bande, ces hommes et ces femmes qui sont tantôt ses amis, ses adversaires ou des solliciteurs; Ils sont encore une fois le prétexte pour Zola de se livrer aux analyses de l'Homme et de son comportement comme il aime à le faire. Et si Rougon, avec son physique placide et un peu mou n'en reste pas moins un personnage avec un certain charisme, une certaine aura, on ne peut pas en dire autant de ses amis, hypocrites, sots ou trop ambitieux, au point que Rougon, finalement, avec ou sans eux, se trouve toujours seul. Il est le paradoxe de tous les autres personnages masculins du roman -l'empereur compris- comme Clorinde est le paradoxe de toutes les femmes qui y apparaissent.
    Ce roman-là pourrait être l'un des moins captivants de la série si on ne prenait pas le temps de gratter un peu. Comme les autres romans bourgeois des Rougon-Macquart, il semble rester en surface, évoluer dans un univers que l'auteur dénonce, certes,mais sans les grandes scènes épiques ou violentes que l'on retrouve dans La Terre, Germinal ou encore L'Assommoir. Et pourtant...Son Excellence Eugène Rougon n'en reste pas moins intéressant, par bien des aspects. La politique est un monde sournois et le restera certainement éternellement. Rien que pour cela il est intéressant à lire.

     

    En Bref :

    Les + : une comédie incisive, de politique et de mœurs, juste et bien dosée.
    Les - :
    Aucun. 


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  • « Quelqu'un a dit que le passé ne meurt jamais, mais à l'inverse c'est le futur qui est déjà mort, terminé. »

    Si Je Reste, tome 2, Là où J'irai ; Gayle Forman

    Publié en 2010 aux Etats-Unis ; en 2011 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Where She Went

    Editions Pocket 

    236 pages

    Second tome de la saga Si Je Reste 

    Résumé : 

    Il y'a trois ans, il l'a suppliée de rester. A tout prix. Et Mia est sortie du coma. Pour quitter Portland peu après, pour le quitter lui. C'était le prix à payer. Et la voilà de nouveau en chair et en os. Ce soir, le Carnegie Hall est à guichets fermés. Tout New York est venu admirer sa virtuosité au violoncelle. Et Adam s'est glissé dans la salle. Lui, la rock star à la vie dissolue, pourchassé par les paparazzi, il tremble...Souvenirs et mélodies affluent - retrouvailles en si majeur. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Si vous me suivez, vous savez que je ne lis pas beaucoup de contemporaine. Ce n'est pas mon genre de prédilection, loin s'en faut, et lorsque je choisis un livre issu de ce genre, il faut vraiment qu'il y'ait quelque chose qui m'ait interpellée et donné immédiatement envie de le lire.
    Les romans de Gayle Forman font partie de ceux-là, comme ceux de Gilles Legardinier également, par exemple. Il y'avait quelque chose dans Si Je Reste qui m'attirait, même si le sujet en lui-même me faisait un peu peu parce qu'on ne peut pas dire qu'il soit des plus gais. J'ai finalement été séduite par l'histoire, originale et porteuse d'espoir et quand j'ai vu qu'il avait une suite, j'ai trouvé tout à fait normal de lire également Là où j'irai. Pour être honnête, si on ne m'avait pas parlé de ces livres, peut-être ne les aurais-je jamais lus, mais après m'être renseignée, j'avoue qu'ils avaient fait naître en moi cette petite étincelle de curiosité qui était un très bon signe.
    Là où j'irai démarre trois ans après la fin de Si je Reste. Et si, dans le premier roman, la narratrice était Mia, ici, il s'agit d'Adam. La jeune femme est aujourd'hui une violoncelliste renommée, qui a étudié à la Juilliard School de New-York, une école de musique plus que réputée. Il y'a trois ans qu'elle a subi le plus grand drame de toute sa vie et qu'elle a quitté l'Oregon pour tenter de se reconstruire. Derrière elle, elle a laissé sa vie d'avant mais aussi Adam, son petit ami au moment de l'accident celui qui, sur son lit d'hôpital, l'a suppliée, implorée, de rester. Lui-même a aujourd'hui vingt-et-un ans, il est le guitariste d'un groupe de punk-rock au succès sans cesse croissant, Shooting Star. Un jour, par hasard, à New-York, alors qu'Adam se prépare à partir pour Londres avec son groupe et que Mia se produit au Carnegie Hall, ils se retrouvent et c'est alors pour eux le temps des explications, des excuses et des grandes interrogations. Adam se demande s'il est bien fait pour la scène et la notoriété, et, en le retrouvant, Mia fait un salutaire retour sur elle-même.
    Si le premier tome, Si je Reste, avait le mérite d'être original, dès le départ, de part le sujet qui y était traité, celle des EMI ou Expériences de Mort Imminente, qui sont aujourd'hui reconnues par le corps médical sans être pour autant complètement expliquées et comprises. Là où J'Irai est peut-être moins innovant, traitant un sujet un peu plus bateau mais pas moins intéressant pour autant, au contraire. Le roman a cette petite touche américaine qui plaît tant, ce langage châtié, qu'on retrouve dans Si je Reste, qu'on retrouve aussi dans Nos Etoiles Contraires, par exemple. Et il est porteur d'un formidable espoir également. Mia et Adam sont terriblement attachants et proches des lecteurs, surtout parce qu'ils ont sensiblement le même âge que ceux qui sont susceptibles de lire le roman mais aussi des questionnements et des réflexions qui peuvent animer chacun d'entre nous. Chacun, au moment où se déroule l'intrigue, se trouve en quelque sorte à une croisée des chemins : Mia est une musicienne virtuose mais elle n'a pas encore réussi à surmonter complètement le drame qui a bouleversé sa vie trois ans plus tôt et on comprend pourquoi. Elle affecte d'être forte et indestructible pour cacher les failles qui la déchirent encore. Adam, rock star adulé, en a assez de la célébrité et des inconvénients qui lui sont inhérents. En se retrouvant tous deux après une rupture inexpliquée, c'est à leur passé commun et à leurs souvenirs qu'ils doivent faire face et j'ai aimé la façon dont Gayle Forman traite son sujet, sans mièvrerie et, au contraire, avec beaucoup de justesse : la souffrance de la rupture, la puissance de l'amour, la frustration, le deuil sont relatés avec un style net, des phrases touchantes sans en être dégoulinantes de bons sentiments pour autant. Là où J'irai, sans me faire pleurer, m'a souvent beaucoup émue. J'ai trouvé que l'auteure mettait dans la bouche de Mia, pour expliquer sont traumatisme, des phrases très justes, très belles et émouvantes dans leur pudeur digne. Quant au personnage d'Adam, il est pour l'auteur le moyen de montrer l'humain que l'on trouve derrière les façades de la célébrité et il se révèle un personnage extrêmement touchant dans ses faiblesses mêmes. Après avoir celui qui soutenait dans Si je Reste, il se trouve à son tour confronté à des revers, difficilement comparables à ceux qui ont touché Mia mais qui restent des bouleversements majeurs pour lui et l'amènent finalement à tout remettre en question. En filigrane, le message de l'auteur c'est aussi que la notoriété, la stabilité financière, font rêver mais n'en sont pas pour autant des éléments indispensables pour être heureux, au contraire. A Adam il manque quelque chose pour être complet et ce quelque chose, c'est Mia.
    J'ai autant aimé Là où J'irai que Si je Reste, je l'ai lu en quelques heures et n'ai pas pu le lâcher une fois que j'y ai fourré le nez ! Je vous conseille cette petite saga, particulièrement intéressante et émouvante. Une lecture très agréable et porteuse d'un formidable élan d'espoir et d'optimisme. On ressort de cette lecture en se disant que tout est possible. Vraiment tout.

    En Bref :

    Les + : une histoire très touchante, des personnages très attachants. Un sujet bien traité par une auteure talentueuse.
    Les - : Aucun bien sûr ! ! 


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  • INTERMEDE LXXIX

     

     

    Portait de Désirée Clary (François Gérard, 1810)

     

    Qui aurait pu imaginer que Désirée Clary, un temps l'amie de Napoléon Bonaparte, deviendrait reine de Norvège et de Suède et que ses descendants régneraient encore, au début du XXIème siècle, sur la Suède ? Retour sur le destin étonnant de cette jeune française devenue reine des neiges.

    I. La jeunesse de Désirée

    Désirée vers 1807 (portrait de Robert Lefèvre)

    Désirée Clary, dont le nom de baptême complet est Bernardine Eugénie Désirée Clary est née le 8 novembre 1777 à Marseille. Elle est la fille de François Clary, riche producteur et marchant de soie et de sa seconde épouse Françoise Rose Somis. Désirée a une sœur, Julie, qui sera l'épouse de Joseph Bonaparte et reine de Naples et d'Espagne. Leur frère, Nicholas Joseph Clary, sera fait premier comte Clary. Elle a aussi un autre frère, prénommé Etienne.
    Comme toutes les jeunes filles issues de la noblesse ou des plus hautes classes de la société, la jeune Désirée va être élevée pendant quelques années au couvent. Lorsque la Révolution éclate -Désirée a douze ans à peine-, les couvents sont fermés, après l'abolition des ordres religieux et la jeune fille doit retourner vivre dans la maison de ses parents. Son éducation est décrite comme peu étoffée et Désirée restera toute sa vie entièrement dévouée à sa famille. En 1794, elle a la douleur de perdre son père. Peu de temps après le décès de François Clary, sa famille découvre qu'il avait fait une demande d’anoblissement avant la Révolution, demande qui n'avait finalement pas abouti avec les événements que l'on connaît. A cause de cela, le frère aîné de Désirée, Etienne est arrêté par les autorités révolutionnaires, dans la maison familiale de Marseille. Selon les anecdotes du temps, la jeune Désirée accompagne sa belle-soeur, Suzanne, auprès du commissaire populaire Albitte afin d'intercéder en faveur de son frère. Dans la salle d'attente, la jeune fille tombe endormie et est oubliée par Suzanne, exaltée d'avoir réussi à mener à bien sa mission !! Découverte par Joseph Bonaparte, Désirée est finalement raccompagnée par lui chez elle. La famille Désirée se retrouve alors liée à la famille Bonaparte, qui n'est pas encore l'influente famille impériale...Joseph Bonaparte se met à fréquenter la maison Clary et amène avec lui son frère, Napoléon. Par la suite, il se pourrait que ce soit Napoléon lui-même qui ait poussé son frère à s'engager auprès de la sœur aînée de Désirée, Julie, tandis que lui-même s'engageait auprès de la jeune fille, dont il va d'ailleurs devenir le fiancé, en 1795. Joseph finira par épouser Julie et fera d'elle une reine d'Espagne et de Naples.
    Entre 1795 et 1797, Désirée va vivre à Gênes avec sa mère, sa sœur et son beau-frère : ce dernier a en effet une mission diplomatique à mener à bien dans cette ville d'Italie. Ils sont bientôt rejoints par la famille Bonaparte. Pourtant, dès 1795, Napoléon, dont le rôle politique en France devient de plus en plus influent, rencontre celle dont il va tomber follement amoureux : la belle créole Joséphine de Beauharnais. Il se délie de son engagement envers Désirée et, de nouveau libre de convoler, il épouse finalement Joséphine en 1796.
    En 1797, Désirée va suivre sa sœur et son beau-frère à Rome : Joseph Bonaparte est devenu ambassadeur de France auprès du pape. Les deux sœurs entretiennent toujours une forte relation. Désirée sera brièvement engagée auprès d'un général français, Mathurin-Léonard Duphot mais ce dernier était certainement bien plus attiré par le fait que Désirée soit la belle-sœur de Napoléon plutôt que par la jeune fille elle-même. Le mariage ne se fera pas, Duphot sera assassiné à Rome avant de pouvoir convoler avec la jolie Désirée.
    Bientôt, la parenthèse italienne de Désirée Clary s'achève. Julie et Joseph Bonaparte rentrent en France et Désirée les suit : elle va désormais vivre avec eux à Paris. Là, elle va évoluer dans le cercle de la famille Bonaparte, à laquelle sa sœur fait désormais partie intégrante. La famille, en butte à Joséphine, l'épouse décriée - les sœurs de Napoléon n'hésitent pas à la traiter de vieille-, comprend bien vite qu'elle peut se faire de Désirée une alliée et c'est ce qui va se passer : les Bonaparte vont rallier Désirée Clary à leur hostilité envers Joséphine. Il faut dire que Désirée avait elle-même une opinion assez négative de Joséphine, la considérant comme une simple courtisane à l'âge certain. Cependant, il ne semble pas qu'elle se soit montrée ouvertement hostile à Joséphine, comme l'ont fait les membres de la famille Bonaparte.
    Désirée reçoit encore une fois une demande en mariage, du général Junot mais la repousse. Quelques temps plus tard, Désirée rencontre Jean Baptiste Jules Bernadotte, général français et homme politique, proche de Napoléon. Fringant et bien fait de sa personne, il fait tourner les têtes sur son passage...

    II. Le mariage avec Bernadotte

    Portrait de Jean-Baptiste-Jules Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, maréchal de France, roi de Suède et de Norvège (portrait par Joseph-Nicolas Jouy, XIXème siècle)

     

    Désirée Clary et Jean Baptiste Bernadotte se marient finalement le 17 août 1798 à Sceaux : Désirée à vingt-et-un ans. La cérémonie du mariage est célébrée de manière laïque et, dans le contrat de mariage, il est stipulé que la jeune épouse gardera son indépendance économique. L'année suivante, Désirée donne un fils à son époux. Ce sera leur seul et unique enfant, qu'ils prénomment Oscar.
    Cette même année voit le coup d'Etat du 18 brumaire, qui va permettre à Napoléon de prendre le pouvoir en France et d'instaurer, en remplacement du Directoire, le Consulat, prémisse à l'Empire. Napoléon, qui souhaitait le soutien de Bernadotte va tenter de manipuler et d'influencer sa belle-sœur afin de connaître les attitudes et les opinions de son époux. Conscient de cette manipulation, Bernadotte se garde bien de se confier à son épouse. Le couple a trouvé refuge, pendant les remous causés par ce coup d'état, dans la maison de campagne du général Sarrazin, à Villeneuve-Saint-Georges. Il semble que Désirée se soit enfuie déguisée en homme. Désirée ne cesse de garder le contact avec sa sœur Julie et il semble que Napoléon ait finalement accepté de s'allier à Bernadotte à cause des liens très forts unissant les deux sœurs.
    L'année suivante, Désirée assiste à la tentative d'assassinat contre Napoléon, lorsqu'une bombe éclate entre le carrosse du Premier Consul et celui dans lequel elle avait elle-même pris place avec Caroline Bonaparte. Désirée n'a que faire de la politique, mais, étant l'épouse de Bonaparte et, par extension, apparentée désormais à la famille Bonaparte par le mariage de sa sœur, elle devient une marionnette entre les mains de Bernadotte et de Bonaparte, qui vont chercher à l'utiliser pour arriver à leurs fins : par exemple, en 1801, Jean Baptiste Bernadotte lui demande d'intercéder en faveur du général Ernouf, ce qu'elle fait. L'année suivante, une nouvelle conspiration est découverte contre Napoléon et celui-ci soupçonne aussitôt Bernadotte. Bonaparte décide d'interroger Désirée qui lui rapporte naïvement que son époux n'est pas impliqué mais qu'il a rencontré Moreau à plusieurs reprises chez lui et qu'il a murmuré dans son sommeil le mot « conspiration » !! Quelques temps après, Napoléon décide de nommer Bernadotte gouverneur de Louisiane. Le couple était prêt à embarquer quand un contre-ordre leur parvient : le Premier Consul s'était rétracté.
    Le 19 mai 1804, Bernadotte est fait maréchal de France : Désirée devient donc Madame la Maréchale. Cependant, comme sa sœur Julie, Désirée est décrite comme indifférence à la position et aux distinctions sociales. Bonaparte alloue à Bernadotte et à son épouse une rente ainsi qu'une maison, situé Rue d'Anjou Saint-Honoré. C'est dans cette demeure que Désirée passera les quelques années qui lui restent à vivre en France.
    Au mois de décembre 1804, le 2, Napoléon est couronnée en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Désirée y assiste dans la suite de Joséphine, la nouvelle impératrice. Tandis que ses belle-sœurs, les sœurs de Napoléon, portent sa traîne, Désirée, elle, porte sur un coussin le voile de Jospéhine. Par la suite, Bernadotte devint général de l'armée française, sous les ordres de Napoléon. Il était souvent absent de Paris mais veilla à ce que sa femme prenne des cours de danse et d'étiquette avec un instructeur, Montel : en effet, il considérait maintenant qu'ils faisaient tout d'eux partie de la haute société et que Désirée se devait de tenir son rang. Désirée avait également de bonnes relations avec la famille impériale. Pour autant, elle ne fut jamais ni dame d'honneur et ne participa pas à la vie de la Cour. Elle vivait dans un cercle familial restreint, essentiellement composé des siens, les Clary et de la belle-famille de sa soeur, sans participer aux cérémonies officielles. Cependant, Désirée aimait les bals, où elle pouvait s'adonner à la danse, une discipline qui lui plaisait et elle aimait écouter de la musique et aller voir du théâtre. Elle passait ses étés dans des villes d'eau, ce qui était très à la mode à l'époque mais aussi dans ses villas de La Grange ou d'Auteuil. On lui prêta une relation avec un jeune Corse, Ange Chaippe, qui faisait partie de son escorte, mais nous n'avons pas plus d'informations que cela à ce propos. Lorsqu'elle était éloignée de son époux, Désirée entretenait avec lui une correspondance assez fournie dans laquelle elle lui relatait tous les événements survenus à Paris.
    Elle eut la possibilité de visiter des villes d'Allemagne, notamment Hambourg, lorsque son mari fut nommé par Napoléon Ier gouverneur de Hanovre. Elle voyage donc en compagnie de son fils Oscar mais ne s'installe pas durablement en Allemagne : elle rentre bientôt à Paris. En effet, elle n'arrivait pas à se sentir heureuse ailleurs qu'à Paris. Par exemple, en 1806, ce fut contrainte et forcée qu'elle accompagna Joséphine jusqu'à Mayence et, cette même année, lorsque son mari est fait prince de Pontecorvo, c'est avec inquiétude qu'elle demande si elle devra quitter Paris pour aller s'installer ailleurs. Elle fut particulièrement soulagée de savoir qu'on ne la forcerait pas à quitter la capitale.
    En 1807, elle visite en compagnie de son époux les villes de Spandau et de Marienburg où elle soignera Bernadotte tombé malade. Désirée ne le sait pas encore, mais elle n'aura plus que trois années à passer dans sa belle ville-lumière...En 1810, un événement va venir bouleverser sa vie à jamais...

    III. Princesse héritière de Suède

     

    La famille Bernadotte vers 1837

    En août 1810, Jean Baptiste Bernadotte est élu comme héritier au trône de Suède. Le roi d'alors était Charles XIII, frère du roi Gustave III. Le roi Charles n'avait pas d'enfant et s'était donc cherché un héritier pour la couronne de Suède...Il avait d'abord adopté le prince Christian-Auguste d'Augustenborg, de nationalité danoise mais le jeune prince était mort cette même année 1810, entraînant une véritable crise dynastique et politique. Des émeutes avaient éclaté dans le pays et c'est au cours de l'une d'elles que le fameux Axel de Fersen avait trouvé la mort, le 20 juin 1810. C'est alors que Charles XIII choisit Jean Baptiste Bernadotte pour devenir prince héritier et donc, après sa mort, roi de Suède.
    Désirée, au début, ne s’alarme pas, pensant que le titre de roi de Suède sera aussi honorifique que celui de Prince de Pontercorvo et qu'elle n'aura pas besoin de faire le déplacement jusqu'en Scandinavie, comme elle l'avait fait pour Pontecorvo, qu'elle n'avait jamais visité. Voici d'ailleurs ce qu'elle dit : « Je pensais que ce serait comme Portecorvo, un lieu dont nous ne porterions que le titre. »
    Ne s'étant jamais intéressée à la vie dans les pays étrangers -elle n'avait vécu que très brièvement en Italie-, ayant établi toute sa vie en France, Désirée fut profondément affligée lorsqu'on la détrompa : non, elle ne pourrait rester en France, il allait lui falloir quitter Paris pour aller vivre en Suède. Désirée va retarder son départ autant qu'elle pourra, laissant dans un premier temps son mari partir sans elle. Il faut dire aussi qu'elle était ravie des nouvelles distinctions dont elle se voyait gratifier par les courtisans français depuis qu'on avait annoncé officiellement l'accession au trône de Suède du couple Bernadotte : elle était notamment invitée chaque semaine par des personnages différents et fêtée par tous. De plus, ses serviteurs l'avait effrayée par des récits inquiétants sur son nouveau pays, essayant de la retenir en France : on lui avait que la Suède était un pays proche du Pôle Nord où vivaient des ours polaires...! Finalement, ours polaires ou non, Désirée se décide enfin à quitter son cher Paris et, par Hambourg puis Kronborg, au Danemark, elle rejoint Helsingborg, en Suède, au mois de décembre 1810, accompagnée de son fils Oscar. Elle y est accueillie par la comtesse Caroline Lewenhaupt, en quelque sorte maîtresse de la maison de la Reine et par la dame d'honneur Mariana Koskull. Le 6 janvier 1811, elle est introduite à la Cour royale de Suède et au palais royal de Stockholm.
    La nouvelle vie de Désirée lui demande énormément d'efforts pour s'acclimater. Il faut dire aussi qu'elle est arrivée en Suède en plein hiver et que le pays, à cette époque de l'année, est complètement recouvert de neige. Et Désirée la déteste si fort qu'elle en a pleuré. Pendant ce temps, Bernadotte se prépare doucement à devenir le roi de Suède -il lui faudra encore attendre sept ans avant d'accéder au trône. Dès qu'il avait appris avoir été désigné par Charles XIII comme héritier du trône suédois, il s'était converti et avait abandonné la religion catholique pour devenir protestant. Dès leur arrivée, il somme son fils Oscar de le faire à son tour. Quant à Désirée, qui ne sera que reine consort, ce n'était pas une obligation qu'elle se convertisse au luthérianisme et elle continua d'ailleurs à pratiquer le catholicisme dans une petite chapelle qu'on lui avait expressément aménagée. Elle célébrera d'ailleurs la naissance de l'Aiglon, le fils de Napoléon et de l'impératrice Marie-Louise, par un solennel Te Deum.
    Désirée s'habitue lentement à sa nouvelle vie suédoise et à son nouveau statut de princesse héritière et future reine. Elle se conforme à toute les exigences de l'étiquette et participe aux différentes représentations officielles auprès de son mari et de son fils, en tant que princesse héritière. L'entourage français de Désirée a cependant une mauvaise influence sur elle et est vu d'un mauvais œil par les Suédois -tout spécialement Elise la Flotte-, car ils encouragent la princesse à se plaindre de tout.
    Désirée se plaint essentiellement d'être traitée avec hauteur par la Cour suédoise et par la reine douairière, Hedwige-Élisabeth-Charlotte de Schleswig-Holstein-Gottorp. Pourtant, celle-ci se montrait le plus aimable possible avec Désirée. La reine Hedwige-Elisabeth-Charlotte la décrit dans son journal comme une femme immature et trop gâtée, qui n'aimait pas qu'on la sollicite et n'appréciait pas non plus le devoir de représentation qu'on attendait d'elle. « Française jusqu'au bout des ongles », la reine douairière dit de Désirée qu'elle dénigrait tout ce qui n'était pas français et que c'est pour cette raison qu'elle n'était finalement pas aimée. Portrait sans concession.
    A l'été 1811, à peine six mois après son arrivée en Suède, Désirée a le bonheur de quitter le pays, sous un nom d'emprunt : elle devient la comtesse de Gotland. Ce départ, officiellement, concerne son état de santé. Désirée s'empresse de revenir à Paris, la ville si chère à son coeur qu'elle avait quittée avec tant de peine. Elle quitte sans peine son mari et son fils, qu'elle laisse en Suède. Elle profite de retrouver ses familiers pour se plaindre de son entourage suédois, gémissant qu'on l'avait traitée comme si elle était faite de glace. Péremptoire, elle assène : «Ne parlez pas avec moi de Stockholm, j'attrape froid dès que j'entends ce mot. » Pendant ce temps en Suède, Bernadotte entretient une relation avec Mariana Koskull...
    Protégée par l'incognito, Désirée reprend une vie mondaine à Paris, évitant ainsi à devoir s'intéresser à la politique européenne, en tant que future souveraine de Suède. Cependant, sa maison de la rue d'Anjou était discrètement surveillée par la police secrète et sa correspondance lue par elle. Elle n'était accompagnée en France que par Elise la Flotte, qui la secondait lors de réceptions. Désirée, à Paris, fréquente uniquement son cercle de familiers, laissé derrière elle lorsqu'elle dut quitter Paris pour la Suède ainsi que la famille. Les réjouissances données par Désirée rue d'Anjou furent fréquentées par Talleyrand ou Fouché, hommes de confiance de Napoléon Ier et ce dernier, en fin politique, essaya de nouveau de manipuler son ancienne fiancée afin d'influencer, à travers elle, le futur roi de Suède. L'empereur avait compris que Désirée pourrait le tenir informé des événements politiques de Suède. En 1812, lors d'une entrevue entre Bernadotte et le tsar de Russie, celui-ci lui proposa l'une de ses soeurs en mariage s'il divorçait de Désirée mais Bernadotte refusa la proposition.
    Lorsque Napoléon Ier déclare la guerre à la Russie, il demande à Désirée de quitter la France. Elle était prête à partir mais s'était débrouillée pour différer son départ. En tant que princesse héritière, elle était rattrapée par la politique, bien qu'elle s'en moque et devenait donc une personne centrale, manipulable à l'envi, surtout lorsque la Suède déclare la guerre à la France lors de la sixième coalition en 1813 -depuis 1811, c'est son époux qui gère effectivement les affaires du royaume, Bernadotte se pose donc en adversaire de Napoléon Ier et la situation de Désirée en France devient délicate. Dans un premier temps, elle trouve refuge à Mortefontaine, la maison de campagne de sa soeur Julie où elle se fait discrète afin de ne pas attirer l'attention sur elle avant son retour à Paris, le 31 mars 1814. Après l'arrivée des armées alliées à Paris et la défaite de Napoléon, sa maison devient le refuge de Julie Bonaparte et Désirée retrouve Bernadotte, qui arrive victorieux à Paris avec les autres généraux coalisés. Bernadotte ne s'attarde pas et repart pour la Suède, sans son épouse ce qui, cette fois, ne manque pas d'attirer l'attention ! Lorsque le comte suédois Jacob de la Garie, à Mortefontaine, lui demande pourquoi elle reste en France, Désirée lui explique qu'elle craint que son époux ne demande le divorce si jamais elle rentre en Suède...
    Le 14 mai 1814, Désirée est officiellement introduite à la Cour du roi Louis XVIII, frère de Louis XVI, restauré sur le trône de France. Par la suite, Désirée fréquentera assez souvent la Cour du roi Bourbon. Après les Cent-Jours, lorsque Napoléon est exilé vers Sainte-Hélène, la famille impériale est elle aussi sommée de quitter la France et de partir en exil. Cet ordre concerne aussi Julie Clary, épouse de Joseph Bonaparte. Désirée décide alors d'intercéder auprès du roi afin que Julie ait la possibilité de rester en France. Désirée fréquente alors assidûment les cercles de Germaine de Staël et de Juliette Récamier.
    En 1816, enfin, Désirée se résout à revenir enfin à Suède et commence les préparatifs de son voyage. Elle souhaitait amener avec elle sa soeur Julie mais Bernadotte estimait que ceci n'était pas sage : ce geste aurait pu faire croire qu'il avait négocié avec l'empereur déchu alors qu'il s'était clairement posé en adversaire de Napoléon en participant à la sixième coalition. Son époux somme le comte de Montrichard d'espionner Désirée dans sa propre maison afin de connaître tous ces faits et gestes.

    IV. Reine de Suède et de Norvège

    La reine de Suède et de Norvège (portrait officiel de 1822)

    En 1818, le roi Charles XIII meurt, suivi de peu par son épouse, la reine douairière Hedwige-Elisabeth-Charlotte. Jean Baptiste et Désirée Bernadotte deviennent officiellement souverains de Suède mais aussi de Norvège. Cela n'empêche pas Désirée de rester en France, où elle invoque des soucis de santé qui l'empêche de rentrer en Suède, ce qui fait couler beaucoup d'encre, notamment dans la presse.
    La reine douairière qui était alors encore envie lui écrivit et lui suggéra d'avoir auprès d'elle une Cour composée de dames d'honneur suédoises mais Désirée refusa, répondant qu'elle résidait incognito en France, bien que ce fameux incognito ne trompa personne. Paradoxalement, elle continua pourtant de fréquenter la Cour du roi Louis XVIII, de se tenir informée de ce qui se passait en Suède et recevait d'ailleurs des ressortissants de la monarchie aux réceptions qu'elle donnait les jeudis et dimanches, tenant en quelque sorte un rôle de reine officieux, tout en continuant de conserver son titre de comtesse de Gotland. Elle tomba amoureuse duc de Richelieu, principal ministre de Louis XVIII, que le roi avait d'ailleurs envoyé auprès d'elle pour lui signifier que ses réguliers appels en faveur de sa soeur Julie n'auraient aucun effet. Mais il semble que le duc n'ait pas répondu aux avances de la reine, qu'il qualifiait aimablement de « reine folle ». Cependant, Désirée ne s'avoue pas vaincue et l'aurait poursuivi de ses assiduités jusqu'à la mort du duc en 1822.
    Cette même année, son fils Oscar, devenu héritier des trônes de Suède et de Norvège -il deviendra roi sous le nom d'Oscar Ier- entreprend un grand voyage en Europe afin de passer en revue toutes les possibilités de mariage qui s'offrent à lui. Il est convenu que le prince héritier doive rencontrer sa mère : Oscar et Désirée vont se retrouver en Suisse.
    Le 22 mai 1823, par procuration, le prince Oscar épouse Joséphine de Leuchtenberg, fille aînée du prince Eugène de Beauharnais, par conséquent, petite-fille de la fameuse impératrice Joséphine dont Désirée avait porté le voile lors du couronnement. Pour la première fois depuis longtemps, la reine Désirée -ou Desideria, selon son nom suédois- choisit d'accompagner sa jeune belle-fille et rentre donc en Suède. La reine avait l'idée de ne faire qu'une fugace visite à son pays d'adoption mais elle devrait finalement y passer le reste de sa vie. Désirée et Joséphine arrivent le 13 juin 1823 et la reine participa aux côtés de son époux et de son fils aux réjouissances données en l'honneur du nouveau couple, marié officiellement le 19 juin.
    En 1829 -cela fait onze ans que son époux règne sur la Suède- le roi, devenu Charles XIV Jean, décide de couronner officiellement son épouse reine de Suède. Jusqu'ici, il avait hésité, craignant que la religion catholique de son épouse n'entrave la procédure et qu'il faille à Désirée se convertir au luthérianisme. Finalement, ça n'est pas le cas et Désirée peut ceindre officiellement la couronne de Suède. Cependant, en Norvège, elle ne peut être couronnée pour cette raison : il faudrait qu'elle se convertisse pour devenir reine couronnée de ce pays. Elle est la première roturière à devenir reine de Suède depuis Karin Månsdotter en 1568.
    Les relations avec le roi Charles XIV restent courtoises mais distantes. Ils faisaient chambre à part bien que Désirée se rende chaque matin, en chemise, dans la chambre du roi ce qui choquait particulièrement l'opinion car le roi recevait les membres de son Conseil dans sa chambre. Ils ont également cessé de prendre leurs repas en commun à cause des retards à répétition de la reine.
    Rien ne permet d'affirmer que Désirée ait eu une quelconque influence politique. Cela aurait été étonnant, de toute façon, vu le peu d'intérêt qu'elle portait aux affaires suédoises. Par contre, elle avait une certaine influence sur le roi, dans le sens où elle parvenait à le calmer lorsqu'il était en colère, ce qui arrivait souvent, Charles XIV étant connu pour son tempérament sanguin.
    Dans les années 1830, elle fit un effort pour assurer son rôle de reine, rôle qu'elle n'avait jamais voulu jouer auparavant. Beaucoup de bals et de fêtes furent données à la Cour de Suède, comme on en n'avait plus vu depuis le règne de Gustave III, pendant cette décennie mais Désirée se lassa vite de toutes ces réjouissances et de son statut royal. La France lui manquait et elle voulait y revenir absolument.
    Désirée reste, pour les Suédois, une reine excentrique, qui vivait en décalage avec son époux, ce qui irritait fort ce dernier, d'ailleurs, car la reine était constamment en retard. Veillant jusqu'à l'aube, la reine se couchait bien souvent vers quatre heures du matin pour ne se lever qu'à deux heures de l'après-midi. Elle se consacra à la mode jusqu'à un âge avancé et se préoccupait beaucoup de danse, des activités considérées comme frivoles. Elle aimait se retirer au palais de Rosenberg, sa résidence d'été où elle élevait des poulets.
    Elle ne visita que deux fois la Norvège, son second pays, dans les années 1825 mais ne s'y rendit jamais régulièrement. Dans ce pays, elle est surtout connue pour avoir été la protectrice de la fondation Eugénia, créée par Maria Schandorff en faveur des jeunes filles pauvres. Désirée visita l'établissement quelques fois entre 1828 et 1847.

    V. Les dernières années

    Caricature de la reine douairière par Fritz von Dardel (milieu du XIXème siècle)

    En 1844, Charles XIV Jean meurt et Oscar Ier devient roi de Suède et de Norvège. Son épouse, Joséphine de Leuchtenberg devient donc reine consort tandis que Désirée, elle, devient reine douairière. Elle a soixante-sept ans. Le roi Oscar lui permet de conserver ses appartements au palais royal de Stockholm ce qui permit à Désirée, devenue une vieille dame, de ne pas avoir à changer ses habitudes.
    Toujours entourée d'une cour nombreuse, la reine douairière refusa vertement de la réduire lorsque sa belle-fille, la reine Joséphine, le lui demanda. Elle aurait répondu : « Il est vrai que je n'ai plus besoin d'eux tous mais eux ont encore besoin de moi. ». Elle était d'ailleurs très attentive pour son personnel et aimé de lui pour cela.
    Désirée consacra sa vieillesse à la charité. Elle soutenait par exemple les pauvres femmes en leur donnant des travaux de couture qui leur permettait de subsister. Il était dit que c'était une femme au bon cœur et l'opinion changea quelque peu...de la reine frivole et hautaine de sa jeunesse, Désirée était devenue désormais une vieille femme qui cherchait à faire le bien autour d'elle, tout d'abord avec son personnel puis en se consacrant également à son peuple.
    Malgré son âge avancé, Désirée n'avait pas oublié la France et conservé sa maison de la rue d'Anjou. Ses biens français avait été gérés par la famille Clary et notamment par l'un de ses neveux. Lorsque Napoléon III restaure l'Empire en France, Désirée fait des préparatifs afin de gagner la France une nouvelle fois. Elle est escortée jusqu'au navire qu'elle devait prendre à Karlskrona par son petit-fils, Oscar, mais n'embarqua finalement pas, ne parvenant pas à surmonter sa peur des voyages en mer. Pourtant, elle avait très peur que les travaux prévus par le préfet Haussmann ne fassent disparaître sa demeure parisienne tant aimée. Napoléon III se montre magnanime et permet que la maison des Bernadotte à Paris ne soit pas rasée dans les grands travaux.
    Les vieux jours de la reine se passent en Suède dans la douceur, parmi les siens. Elle aimait beaucoup ses petit-enfants et s'entendait bien avec Joséphine, sa belle-fille. Elle avait aussi beaucoup de sympathie pour Louise des Pays-Bas, épouse de son petit-fils Charles. Malgré cela, Désirée n'avait pas non plus abandonné son comportement excentrique. Par exemple, elle continuait de se coucher lorsque le soleil se levait et s'éveillait le soir. Elle prenait son petit déjeuner dans la nuit et faisait parfois de longues promenades nocturnes en calèche ou parcourait les couloirs du palais, seulement éclairée d'une lanterne.
    Désirée s'éteignit à Stockholm le 17 décembre 1860 à l'âge de quatre-vingt-trois ans, un âge relativement avancé pour l'époque. Elle est inhumée en l'église de Ridarholm.

    Le tombeau de la reine de Suède et de Norvège en l'église de Ridarholm 

     

    © Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.

    Pour en savoir plus : 

    -Bernadotte et Désirée Clary : le Béarnais et la Marseillaise souverains de Suède, Françoise Kermina. Biographie.
    -Mémoires insolents de Désirée Clary, Colette Piat. Essai historique, mémoires fictifs.
    -Désirée : reine de Suède et de Norvège, Karl Fredrik Lotarius, baron Hochschidl. Biographie.
    -« Familles royales : Désirée Clary, de la Canebière à Stockholm », Gabriel de Penchenade. Article paru le 24 août 2015 dans L'Express Styles
    -Désirée Clary : premier amour de Napoléon, de Marseille au trône de Suède, Claude Camous. Biographie.


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