• « Rien ne prédestinait ce Romain à faire carrière hors d'Italie. Il avait tous les dons, mais peu d'espace où les mettre en oeuvre. »

    Mazarin, le Maître du Jeu ; Simone Bertière

     

    Publié en 2009

    Editions Le Livre de Poche

    950 pages

    Résumé :

    Bien qu'il fût à l'origine un étranger sans naissance ni fortune, Mazarin se trouvait, à sa mort, maître de la France et arbitre de l'Europe, plus puissant que ne le fut jamais aucun ministre. Triomphant de tous les obstacles, il dut à son intelligence et à sa ténacité une victoire sans appel. Cette victoire fut aussi celle de la France, à l'issue de la longue lutte qui l'opposait à la maison d'Autriche, et elle apporta à l'ensemble de l'Europe une paix ardemment désirée. Autour de lui, les papes Urbain VIII et Innocent X, Anne d'Autriche et le jeune Louis XIV, Condé, Turenne, le cardinal de Retz et tant d'autres, que le style alerte de Simone Bertière convoque pour dresser un panorama vivant et vrai de cette période charnière, qui fut la matrice du « Grand Siècle ». Fondée sur l'information la plus rigoureuse, cette biographie passionnante ouvre, au détour du chemin, quelques réflexions salutaires sur notre époque.

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    On connaît tous Mazarin. Il fait partie de notre Histoire et son image reste assez consubstantielle de celle de l'un de nos plus grand roi, Louis XIV, dont il fut d'ailleurs le parrain et le ministre.
    Et pourtant, il est assez mal connu. Pas méconnu, mal connu. Nuance. On a dit tout et n'importe quoi sur lui et notamment, ont été portés sur sa personne des jugements très négatifs alors qu'il convient de nuancer son action et surtout, on commet trop souvent l'erreur de ne pas l'appréhender dans sa globalité mais de ne l'évoquer qu'à partir du moment où il se distingue, au service de la France. Pour exemple, c'est effectivement la première biographie du personnage que je croise, du moins en ce qui concerne les livres d'Histoire dit de vulgarisation. Des universitaires et des chercheurs se sont inévitablement penchés sur la figure de Mazarin mais jusqu'ici, je n'avais pas eu la chance de lire une vraie biographie du personnage. Peut-être aussi parce que je n'en ressentais pas la nécessité, influencée par la vision à demi tronquée que l'on a souvent du personnage : comme si on ne voyait finalement qu'une moitié de lui, en occultant allègrement la première, que je connaissais bien sûr, mais pas en détails.
    Avant de me passionner pour le XVIIIème siècle, j'ai été très attirée par le Grand Siècle et le règne du Roi-Soleil. La figure de Louis XIV est contestable, certes, mais son règne et sa personne sont excessivement fascinants et passionnants à découvrir... Un peu comme pour Marie-Antoinette, je ne me lasse pas de lire des ouvrages sur lui !
    Il était donc clair que cette biographie allait m'apporter un autre éclairage du début du règne de Louis XIV, permettant ainsi de mieux comprendre aussi comment et pourquoi Louis XIV est devenu le Roi-Soleil. Si on part du postulat que on ne naît pas roi mais on le devient (merci, Simone de Beauvoir ! ), Mazarin a été, avec Anne d'Autriche, l'une des pierres angulaires et le tuteur d'un jeune homme en devenir, propulsé bien jeune à la tête de l'un des plus grands royaumes d'Europe.
    Simone Bertière a fait le choix de nous raconter Mazarin du début jusqu'à la fin, sans passer sous silence les jeunes années et celles de formation qui nous permettent de mieux assimiler pourquoi, à un âge encore relativement jeune, ce diplomate hispanophile et sous les ordres du pape, a pu trouver grâce aux yeux du tout-puissant ministre de Louis XIII, Richelieu. On pourrait songer que c'est grâce à son seul mérite mais il apparaît très vite que cela ne fait pas tout et que tout est bien plus compliqué.
    Mazarin, donc. Qui est-il ? Il naît dans les Abruzzes en juillet 1602, d'un père originaire de Sicile, mais vivant à Rome, étant au service du pape et d'une mère qui lui apporte un peu de sang noble et qui se nomme Hortensia Buffalini. Il aura un frère, qui rentrera dans les ordres et sera même, plus tard, évêque d'Aix-en-Provence et des soeurs, dont les enfants et notamment les filles, feront parler d'elle, à commencer par la célèbre Marie, vraie héroïne de roman.
    A une époque où le clientélisme est extrêmement fort, notamment dans les entours du pape, les Mazarin se retrouvent donc très liés à la toute-puissante famille des Barberini, dont le pape Urbain VIII est un représentant. C'est d'ailleurs grâce au pontife lui - mêle que Mazarin va pouvoir amorcer une carrière de diplomate dans laquelle il se distingue. Le jeune homme sera aussi au service du cardinal Antoine, propre neveu du pape. C'est dans un contexte extrêmement troublé, celui de la Guerre de Trente Ans, que Mazarin, encore jeune, va fourbir ses armes, apprendre, se distinguer, échouer parfois mais réussissant toujours des coups de force qui laissent pantois !
    Son allégeance à la couronne de France ne va donc pas de soi comme on se plaît à le penser parfois et n'est finalement le fruit que de circonstances - elles lui permettront cependant d'accéder à un rang auquel il n'aurait jamais pu aspirer s'il était resté au service de la papauté, d'autant plus que les réseaux de clientèle étaient relativement fragiles.
    Protégé de Richelieu, il entre au Conseil après la mort de celui-ci en décembre 1642 puis se voit, l'année suivante, confier le Dauphin par Louis XIII moribond. Gouvernant de fait avec la régente, Mazarin est indissociable des premières années du règne de Louis XIV. Il essuiera certes la Fronde, il sera le témoin de la naissance d'une idylle entre son pupille et sa jeune nièce Marie, enfin, il verra la France et l'Espagne réconciliées -même si cela ne durera pas- grâce au mariage du roi et de sa cousine Marie-Thérèse. Mazarin meurt en mars 1661 : après lui, Louis XIV n'aura plus de premier ministre. Il représente, avec Richelieu, l'omnipotence d'un pouvoir secondaire soutenant le roi et le guidant dans l'exercice de son règne. Leurs actions n'ont pas forcément fédéré, ils durent faire face à de violentes oppositions. Ils n'en restent pas moins des personnages centraux de notre Histoire sur lesquels on ne peut se permettre de faire l'impasse.

    Le cardinal Mazarin à l'entrée de la galerie Mazarine (gravure de Robert de Nanteuil et Pierre van Schuppen, 1669)

    L'accession au pouvoir et l'action de Mazarin et Anne d'Autriche ont ceci de fascinant que ce sont finalement deux personnes nées à l'étranger qui ont préparé le grand règne de Louis XIV, nées à l'étranger et qui sont restées, pendant longtemps, partisanes d'un pays antagoniste, l'Espagne, pour des raisons viscérales pour Anne d'Autriche et par la force des choses pour Mazarin. Ils parviendront cependant à devenir tous deux d'ardents défenseurs d'une couronne qui, à la base, ne leur est rien. On pense ce qu'on veut de leur bilan : toujours est-il qu'ils se sont investis, ne sont pas restés inactifs et ont sûrement, malgré la Fronde, permis à Louis XIV de devenir un grand roi.
    Simone Bertière n'apporte pas de jugement sur l'action de Mazarin, que ce soit pendant sa carrière en France ou avant. Elle ne passe pas non plus sous silence ses échecs : Mazarin était un bon diplomate, il fut, pour le Saint-Siège, un bon plénipotentiaire, mais il lui est arrivé parfois de se tromper, de faire fausse route, comme tout le monde.
    L'auteure nous montre le personnage dans toute sa globalité et sa complexité. Au travers de lui, ce sont aussi toutes les relations diplomatiques et la géopolitique de l'époque, pas forcément très accessibles, mais qu'on ne peut pas ne pas aborder qui sont commentées et analysées. Mazarin y eut pendant longtemps un rôle central mais dans l'ombre malgré tout, parce qu'il était un représentant sur le terrain. Ne pas en parler serait donc tout à fait impossible. Même si c'est la partie la moins captivante, en soi, parce qu'elle reste assez complexe à suivre et nécessite beaucoup de concentration, elle n'est pas superflue car c'est grâce justement à la relation des jeunes années qu'on comprend comment s'est fait Mazarin et avec quelles armes.
    L'approche de Simone Bertière m'a plu. C'est une bonne historienne et elle a une plume chaleureuse, qui donne envie de se plonger dans le texte. Une biographie reste certes un document scientifique mais cela n'empêche pas qu'elle peut être bien racontée. C'est ce que l'auteure fait ici et tant mieux, d'ailleurs au vu du volume : un peu plus de 800 pages et une centaine pour les notes, annexes et bibliographies, au final, on se retrouve avec un bon gros livre entre les mains !
    J'y ai passé du temps mais ne le regrette pas. Ce n'est pas le genre de lectures avec lequel on peut se permettre de lire en dilettante et sans beaucoup de concentration.
    Cette biographie est bien moins accessible que la fameuse saga sur les reines de France qui a fait connaître Simone Bertière au grand public. Pour autant, elle est très intéressante parce qu'elle aborde le personnage dans sa globalité, certes, mais aussi de manière détaillée... Portrait d'un personnage mais aussi d'une époque, Mazarin, le maître du jeu est une bonne biographie, conséquente et qui nécessite beaucoup d'attentions mais on en ressort avec des connaissances approfondies et, pour ma part, une meilleure compréhension de certains événements, comme la Fronde.
    Si, aujourd'hui, le pouvoir des cardinaux ministres nous apparaît comme un parallèle de l'absolutisme royal, on se rend compte, à la lecture d'une telle biographie, qu'il n'allait pas de soi... Tout puissant certes, mais aussi extrêmement seul, Mazarin eut toute sa vie à lutter, pour sa sauvegarde et pour celle du royaume que Louis XIII lui avait remis. Simone Bertière apporte aussi un éclairage nouveau sur les relations qui unirent Anne d'Autriche et Louis XIV à leur ministre. Si la reine ne fut pas sa maîtresse, comme certains l'ont insinué, il y'eut bien cependant une véritable tendresse entre eux et une confiance authentique de la part du jeune roi, privé jeune de son père.
    Je ne sais pas si on peut dire que le personnage de Mazarin est attachant... Peut-être l'est - il, par certains côtés... Il est de toute manière assez fascinant, dans toute sa complexité et il est évident que le charme du personnage, transparaissant à travers les mots de l'auteure, opère. 
    La biographie de Simone Bertière est parfaite. Très technique et peut-être pas à mettre entre toutes les mains ou disons plutôt -parce que si, un livre de Simone Bertière devrait être mis entre toutes les mains-, que ce n'est pas ce livre-là à choisir en guise d'introduction. Très dense, elle dispense énormément d'informations et nécessite d'avoir quelques connaissances de l'époque pour s'y retrouver. Personnellement, c'est une époque qui me plaît beaucoup et je n'étais donc pas dépaysée. Découvrir le règne de Louis XIV et la régence d'Anne d'Autriche au travers du charismatique cardinal m'a pris du temps, mais au final j'en ressors avec des connaissances enrichies, alors, que demander de plus

    Portrait de Mazarin par Philippe de Champaigne (XVIIème siècle)

    En Bref :

    Les + : une bonne biographie, fine, bien écrite et qui embrasse le personnage dans sa globalité sans laisser pour autant de côté le détail. Mazarin nous apparaît aussi proche et vivant qu'il peut l'être. 
    Les - : quelques points peut-être un peu trop techniques ? Mais...est-ce réellement un bémol ? 

     


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  • « Ne promettrons-nous pas tous, alors, d'aller jusqu'au bout de notre amère voie ? »

    Dracula ; Bram Stoker

     

     Publié en 1897 en Angleterre ; en 2009 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Dracula

    Editions Le Livre de Poche

    604 pages 

    Résumé :

    Jonathan Harker, jeune notaire, est envoyé en Transylvanie pour rencontrer un client, le comte Dracula, nouveau propriétaire d'un domaine à Londres. A son arrivée, il découvre un pays mystérieux et menaçant, dont les habitants se signent au nom de Dracula. 
    Malgré la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Très vite, il se rend à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...Grand classique de la littérature de vampires, best-seller de tous les temps après la Bible, Dracula est une source d'inspiration inépuisable. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Au lycée, j'ai lu une version abrégée de Dracula. Une lecture qui me suffisait amplement à cette date-là, je dois bien l'avouer. J'avais aimé cette lecture et, au départ, je n'ai ressenti aucun sentiment de frustration. Celle-ci est venue bien après, quand je me suis dit que c'était dommage, quand même, de n'avoir jamais eu la version intégrale entre les mains.
    Eh bien, voilà ! C'est chose faite ! J'ai ENFIN lu Dracula, le texte intégral et, bien sûr -ce dont je me doutais de toute façon avant même d'ouvrir le livre-, j'ai beaucoup aimé ! Ce roman est culte, c'est un classique de la littérature anglaise et de la littérature fantastique en général !
    Ai-je réellement besoin de vous présenter ce roman ? Je ne pense pas : sans l'avoir lu, je suis sûre que vous le connaissez, ne serait-ce qu'un petit peu, peut-être au travers du cinéma ou des diverses adaptations.
    Mais on va quand même en dire quelques mots. Au XIXème siècle, donc, un jeune notaire anglais, Jonathan Harker, est mandaté pour se rendre en Transylvanie, au beau milieu des Carpates, à la rencontre d'un mystérieux client ayant acheté une demeure à Londres. Là, il se heurte à un pays extrêmement différent du sien, encore très marqué par les superstitions et les croyances ancestrales, que le jeune homme n'est pas loin de prendre, au départ, pour de l'idolâtrie (« J'ai lu quelque part que toutes les superstitions du monde sont rassemblées dans le fer à cheval des Carpates, comme si elles formaient les limites d'un tourbillon où se concentrent les imaginations populaires. » ). Puis il arrive enfin au château du comte Dracula ou tout se complique. Prisonnier de cette vieille forteresse, Jonathan va assister à des choses qui dépassent son entendement... Et si les croyances ancestrales étaient finalement bien plus fondées qu'elles n'en ont l'air ?
    Bram Stoker, comme beaucoup d'auteurs du XIXème siècle surfe en quelque sorte sur une vague qui marche très bien à l'époque : le fantastique. Edgar Allan Poe en est un bon représentant, Mary Shelley également... En France, ce sont des auteurs comme Maupassant, Gautier ou encore Barbey d'Aurevilly qui s'essaient aux romans ou nouvelles fantastiques. Même Dumas commettra une fameuse Dame des Carpates, preuve que le genre, alors, est florissant ! Fantômes, revenants, vampires, loup-garous et autres événements inexpliqués y ont la part belle et font vendre. Comme aujourd'hui. Personnellement, je ne suis pas fan de bit lit et ne l'ai jamais été. Le fantastique n'est pas mon genre de prédilection et, disons le tout de suite, si jamais je dois m'y frotter, je préfère encore la version de Stoker que celle de Meyer : je n'ai rien contre Twilight, ne l'ayant pas lu, mais cette version un peu trop contemporaine ne me tente pas. Quitte à lire une histoire de vampires, autant se tourner vers les classiques.
    Stoker s'inspire là d'un mythe bien connu et qui terrifie l'humanité depuis des siècles : celui du vampire, monstre à apparence humaine qui ne vit qu'une fois la nuit tombée et se nourrit du sang de victimes qu'il contamine peu à peu. Si les romans modernes ont participé à rendre le personnage presque glamour, je vous garantis qu'il n'en est absolument rien dans ce roman ! Dracula est terrifiant à souhait et correspond bien à l'archétype du vampire et à l'image qu'on se fait du personnage, même si, paradoxalement, c'est justement le Dracula de Bram Stoker qui a fixé l'image courante.
    L'auteur s'inspire là de légendes et croyances intemporelles parce que le vampire se retrouve, sous diverses formes, dans toutes les civilisations et régions du monde : il est très lié, notamment, au mystère du sang et à l'inquiétude de la mort et de l'après. Connu dès l'Antiquité, avec les personnages de Lilith ou Lamia, sensuels quand ils s'incarnent en figures féminines, le vampire se retrouve dans les civilisations pré colombiennes, comme en Afrique, en Amérique comme en Asie. En Europe, c'est surtout à partir du XVIIIème siècle que le mythe se popularise même si le vampire est présent dans les légendes slaves dès le Moyen Âge.
    Quant au fameux voïvode de Valachie, Vlad III, qui fit régner la terreur en Transylvanie sous son règne, empalant systématiquement ses ennemis, il reste très associé au mythe du vampire de part surtout la proximité de son surnom, dracul -qui signifie dragon en roumain-, et parce que Bram Stoker en a fait le modèle de son propre personnage. Le Dracula du roman est en effet censé avoir vécu au temps de la domination turque sur les Carpates et les avoir combattus, ce qui présente une certaine analogie avec le personnage historique et authentique. Le voïvode reste donc associé au mythe de part cet amalgame, sans l'avoir été de son vivant.
    Au XXème siècle, c'est ensuite le cinéma qui s'empare du mythe : en 1922, Murnau réalise le fameux Nosferatu ; Bela Lugosi interprétera un inquiétant suceur de sang dans le film de Tod Browning en 1931 ; Roman Polanski, dans les années 1960, met en scène sa jeune épouse Sharon Tate, dans Le Bal des Vampires tandis que le roman de Stoker est adapté à merveille par Coppola. Quant aux romans de Anne Rice, ils connaîtront un succès qui ne se dément pas, notamment grâce aux adaptations cinématographiques. Aujourd'hui, romans, films et séries télévisées, notamment destinés aux adolescents et qui donnent une vision plus positive des vampires ou à tout le moins, moins effrayante, se popularisent sans cesse.

    Bela Lugosi dans le film de Tod Browning (1931) : son costume évoque celui des nobles austro-hongrois du XIXème siècle 


    Le vampire est donc un personnage très connu mais qui ne cesse de susciter chez nous une certaine angoisse et Bram Stoker sait distiller celle-ci à merveille. Il joue sur nos peurs les plus enfouies, tout cela dans une ambiance noire et tendue qui participe bien sûr à créer un certain malaise chez le lecteur, malaise qui ne nous quitte plus. Et pourtant, l'histoire de Dracula est archi-connue : même sans avoir lu le roman on connaît l'histoire. Et pourtant, on ne peut s'empêcher de se faire happer par l'ambiance et tout le brouillard qu'elle véhicule... On ressent la même angoisse que les personnages, notre esprit rationnel est mis à aussi rude épreuve que la leur !
    C'est là justement l'un des tours de force de l'auteur : son intrigue est, en elle-même, tellement vraisemblable au départ qu'on finit par se dire : est-ce que ça pourrait exister ? Est-ce qu'une telle chose pourrait réellement, rationnellement exister ? L'auteur arriverait presque à nous faire douter !
    Les personnages, justement, luttent justement tout au long du roman, entre leur esprit pragmatique et leur rationalité fondamentalement humaine -qui est aussi une manière de protection-, et l'idée irrépressible que tout ce à quoi ils sont confrontés est vrai, complètement réel. Ils sont tiraillés entre ce que leur dicte leur esprit et ce qu'ils ressentent au fond d'eux mais qu'ils rejettent, comme un relent d’idolâtrie ou de superstitions. La phrase de Van Helsing, prononcée alors qu'il se bat pour sauver Lucy, est éloquente : « Ne craignez même pas de  considérer l'impossible ! »
    On suit donc tout au long du roman leur prise de conscience, qui se fait progressivement et les terrifie ( « Parfois, vous ne permettez pas à vos yeux de voir ni à vos oreilles d'entendre et vous ne vous encombrez pas de tout ce qui transcende votre vie quotidienne. Ne croyez-vous pas qu'il existe des forces que vous ne pouvez comprendre - ce qui n'exclut pas leur existence ? » ). Nous, en temps que lecteurs, nous sommes vite happés par l'ambiance et la tension : tout y est pour nous faire froid dans le dos... Le château en ruines perdu au fin fond de la forêt des Carpates, les loups, le brouillard, des vaisseaux fantômes, d'immenses chauve-souris, des fous à lier... Bram Stoker maîtrise son intrigue à merveille, ainsi que ses personnages. Ils sont tous attachants pour diverses raisons et, au - dessus d'eux, domine le comte, qu'on ne peut assurément pas qualifier d'attachant mais qui est fascinant de charisme. Dracula est sans nul doute terrifiant mais il a aussi quelque chose de très attirant et on finit par rechercher sa présence, tout en la redoutant.
    En même temps, au sein même du marasme, on sent vite l'espoir poindre, notamment grâce à la science, qui se développe beaucoup à l'époque et notamment la médecine, représentée par le professeur Van Helsing et le docteur Seward. Le vampirisme qui atteint successivement Lucy Westenra puis Mina Harker, la femme de Jonathan est abordée comme une maladie, sérieuse, certes, mais pas incurable. A travers la figure des deux médecins, c'est finalement le triomphe de la modernité sur les croyances anciennes et sur les peurs les plus enfouies et surtout sur l'idée que tout est fatalité : rien n'est impossible, pas même le fait de lutter contre un vampire, à partir du moment où la science se met au service d'un tel combat.
    Seward et Van Helsing ne sont pas des super héros et ils ne sont pas exempts de périodes de doutes, d'impuissance et de terreurs, mais ils ont aussi la conviction inébranlable qu'ils peuvent faire quelque chose, qu'ils en ont les moyens, ce qui est une arme puissante.
    J'ai aussi aimé le personnage de Mina, peut-être parce qu'elle est le seul personnage féminin que l'on suit jusqu'au bout et qui est partie prenante de la lutte contre Dracula. Elle est forte et a beaucoup de courage : en cela, elle est admirable. J'ai aussi apprécié la relation qui l'unit à son mari, Jonathan.
    Dracula est un roman très abouti, certainement l'un des meilleurs romans fantastiques du XIXème siècle. Bram Stoker a effectué là un excellent travail et son roman est servi par un style unique où dominent tour à tour la gravité et l'humour, la terreur la plus noire puis l'espoir. Il maîtrise aussi très bien l'art de la description : les paysages grandioses et sauvages de Transylvanie se déploient sous nos yeux. Puis c'est le Londres victorien qui s'offre à nous.
    Cette lecture ne laisse assurément pas indifférent. On aime ou pas... C'est vrai que certains passages sont peut-être un peu longs parfois, bien que, personnellement, je n'ai ressenti aucune lassitude au cours de ma lecture.
    J'ai vraiment eu l'impression de redécouvrir le texte et j'ai beaucoup aimé l'alternance des points de vue grâce à la présentation en forme de journaux intimes ! Je le connaissais déjà un peu, ce texte, mais je me suis aperçue que les versions abrégées suppriment aussi des passages extrêmement importants et pour lesquels un résumé de quelques lignes ne suffit pas. Dracula est un tout,on ne peut réellement dissocier ce qui est important de ce qui ne l'est pas. Au final, tout, dans l'intrigue, présente un intérêt pour nous, lecteurs, pour notre compréhension.
    Je me suis vraiment laissée allée dans cette intrigue, non sans délices. J'ai tellement aimé frissonner et avoir peur ! J'ai tourné la dernière page ravie d'avoir enfin lu une version intégrale de ce roman. Je déplore quelques coquilles d'impression. A part ça, rien à dire. 

    Keanu Reeves (Jonathan Harker) et Gary Oldman (Dracula) dans le film de Francis Ford Coppola (1993)

    En Bref :

    Les + : un roman bien mené, effrayant à souhait. Bram Stoker sait assurément parfaitement jouer avec nos peurs les plus enfouies. 
    Les - :
    quelques coquilles d'impression. 

     

     

     


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  • « Elle voudrait savoir ce qu'on dira d'elle plus tard. Quelle image laissera-t-elle dans la mémoire du siècle ? Elle n'a jamais blessé personne. Elle n'a jamais haussé la voix. Elle a été à la hauteur. Elle s'est battue. Elle a menti. Elle a collé au personnage qu'on avait voulu faire d'elle. Digne de son rôle. »

    Ces Rêves qu'On Piétine ; Sébastien Spitzer

    Publié en 2017

    Editions de l'Observatoire 

    308 pages 

    Résumé :

    Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l'Allemagne nazie. L'ambitieuse s'est hissée jusqu'aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu'elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s'enfonce dans l'abîme, avec ses secrets. 

    Au même moment, des centaines de femmes et d'hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s'accrochant à ce qu'il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l'enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d'une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d'un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d'un homme et le silence d'une femme : sa fille. 

    Elle aurait pu le sauver. 

    Elle s'appelle Magda Goebbels. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1945, tout se délite en Allemagne. Le IIIème Reich, promis pour durer mille ans, est sur la fin. Partout, les Allemands battent en retraite et, à Berlin, bombardée par les Alliés, les derniers grands dignitaires nazis se terrent dans le Führerbunker. Parmi eux, Joseph Goebbels, sa femme Magda et leurs six enfants, âgés de treize ans à quatre ans et dont tous les prénoms commencent par un H, en hommage au Guide.
    Dans les camps de la mort, l'avancée des troupes russes et américaines sèment la terreur et les gardiens désertent, entraînant dans leur sillage quelques rares survivants qui tentent le tout pour le tout pour sauver leur peau. Parmi eux, une jeune femme et sa fille, Ava, fillette de trois ans, née à Auschwitz et qui n'a jamais rien connu d'autre que les camps -après Auschwitz, le camp de femmes de Ravensbrück- , la peur, la haine et l'oppression des kapos. La petite ne parle pas mais elle conserve un bien précieux : des lettres d'un père à sa fille, d'un homme à Magda Goebbels.
    Si Ava est un personnage fictif mais qui personnifie à elle seule toutes les horreurs et les souffrances des camps, Magda, elle, a bel et bien existé et, aujourd'hui, elle est surtout connue pour le meurtre de ses enfants avant de se suicider en compagnie de son mari, pour ne pas tomber aux mains des Alliés.
    Fille naturelle, élevée dans une pension religieuse pour jeunes filles en Belgique, avant de devenir la Première dame du régime, Magda Goebbels eut une relation avec un Juif, Haïm Victor Arlozoroff , dont elle embrassa les idées, avant de se tourner vers le national-socialisme et le militantisme. A cette occasion elle rencontre Joseph Goebbels, gauleiter de Berlin -c'est-à-dire responsable régional du parti nazi-, qu'elle épouse en 1931. Elle devient alors une nazie convaincue et va tout donner au Reich, jusqu'à sa vie et ses enfants. Elle meurt le 1er mai 1945 : après avoir avalé une capsule de cyanure, elle demande à son époux de lui tirer une balle dans la tête. L'égérie du Reich est morte sans regrets.
    En parallèle, tandis que les derniers proches de Hitler se donnent la mort, les rescapés des camps se raccrochent aux lambeaux d'une existence piétinée, dans une Europe à feu et à sang.
    Le point commun entre la petite fille du KZ-Bordell et la grande dame nazie est un peu difficile à comprendre au départ, au - delà des lettres que conserve l'une et qui la lie à l'autre -ce qu'aucune des deux ne sait. Et puis on se rend compte qu'un lien encore plus subtil existe entre elles. Elles sont des sacrifiées. Elles sont des femmes à une époque où il ne fait pas bon l'être, où, dans cette époque où les humains en sont réduits à leurs instincts les plus bas, les plus vulnérables ont besoin d'un courage sans bornes pour se sauver.
    Ava naît des rêves brisées d'une mère trop coupable d'avoir cru en l'amour à une époque où on ne croit plus en rien.
    Magda est une femme trop ambitieuse, sacrifiée à un régime qui se dévore et se consume lui-même, qui a fait les mauvais choix, qui s'est grisée du semblant de pouvoir qu'elle tenait entre ses mains, revanche sur sa vie d'avant, sur sa naissance illégitime. Elle s'est donnée toute entière à un régime qui a prétendu faire d'elle quelqu'un. La chute sera brutale et amère. Surtout, elle sera irrémédiable. Pour elle. Pour son époux. Et surtout pour leurs enfants, qui n'avaient rien demandé.
    Dans ce roman, gravitent deux destins forts de femmes. Ils sont à l'opposé l'un de l'autre. L'une est une femme en devenir, une toute petite fille encore, dont on ne peut s'empêcher de se demander quelle sera la vie, après être née dans un camp de la mort, d'une mère prostituée pour les bas besoins de gradés en manque et d'un père inconnu. L'autre est en bout de course, jeune encore, mais condamnée. Diamétralement opposées, Magda et Ava se rejoignent cependant grâce aux lettres d'un homme, un Juif de Berlin, Richard Friedländer, déporté à Büchenwald, où il mourra. Ces lettres sont fausses. Pour autant qu'on le sache, il n'y en eut pas. Richard n'écrivit pas à celle qu'il avait élevée, qu'il considérait comme son enfant et qui avait trahi en s’accoquinant avec les exterminateurs. Ces lettres sont pourtant d'une beauté touchante et soulignent encore mieux la froideur de cette Médée moderne, qui assassine ses enfants avec préméditation et ne flanche pas. On pourrait lui chercher des circonstances atténuantes, convoquer l'amour maternel plus fort que tout, le désespoir qui pousse à choisir la mort parce que tout est tellement perdu qu'elle apparaît comme le sort le plus enviable. On sait que Magda Goebbels a choisi le destin de ses enfants en toute connaissance de cause : elle les a elle-même condamnés alors qu'elle reçut plusieurs propositions d'exfiltration, toutes refusées.

    Photographie de la famille Goebbels : Magda est entourée de son époux, de leur six enfants et de son fils aîné, Harald, né de son union avec Günther Quandt. 


    On ne peut s'empêcher de penser cependant qu'elle a vécu à une époque difficile, où l'Europe se bat dans un marasme sans nom. La guerre est horrible mais sa fin est effroyable... Les bombardements, le froid, la faim, la misère, les viols et les pillages en règle. Les femmes et les enfants furent les premiers sacrifiés, les premières victimes, peut-être aussi les premiers manipulés. Les femmes qui ont vécu auprès des grands dignitaires nazis ou fascistes l'ont payé de leur vie. Peut-être ont-elles été les victimes d'espoirs fous, du désir flou d'être quelqu'un. Elles ont été grisées et se sont fourvoyées. Il est cependant difficile de s'apitoyer sur le sort de ces femmes quand on côtoie en parallèle dans le roman le sort de toutes ces déportées : elles sont l'incarnation de l'horreur la plus totale et du désarroi le plus plein. Et si elles incitent à la compassion -comme Fela, la mère de la petite Ava-, on ne peut, en comparaison, que trouver mérité le sort des autres.
    Ces rêves qu'on piétine est un très bon roman. Fort et percutant, servi par un style qui ne l'est pas moins. Sébastien Spitzer a un vrai talent d'écriture et se montre très bon conteur. Le récit est construit en alternance, autour de Ava et Magda, dont les points de vue se succèdent d'un chapitre à l'autre. Parfois, il est émaillé de lettres, les fameuses lettres imaginaires, les lettres d'un vieil homme à celle qu'il considère encore comme sa fille mais qui l'a renié pour des aspirations plus hautes. Propos touchants et dans lesquels l'auteur glisse une description de la vie quotidienne dans un camp de concentration. On sent d'ailleurs très fort les recherches historiques sur lesquelles le récit s'appuie, même si le propos tend à être plus universel et centré sur l'humain. L'auteur a travaillé sur le connu et le plus méconnu, pour livrer finalement un récit très solide et qui tient la route. Au départ, j'avoue que le roman m'a mise à l'aise. Après quelques pages, j'ai eu envie de poser le livre, j'ai cru qu'il ne serait pas pour moi. Au final, c'est tout le contraire. Quelle force ! Le roman m'a totalement happée ! Il est assez court pour ne pas faire naître de lassitude et il est assez dense pour capter son lectorat.
    Ce premier coup d'essai est un coup de maître. Sébastien Spitzer est journaliste de formation et cela se sent, on voit qu'il a l'habitude de manier les mots. Il a aussi un vrai talent pour raconter, ce qui ne gâche rien. J'ai été séduite par le style, par les mots, parfois sans concession.
    Comme le dit l'auteur lui - même, son roman est un énième livre sur cette difficile période. Oui, certes, mais c'est avec ce genre de pépites que le devoir de mémoire continue à être vivace et à nous rappeler ces événements qui ne sont pas si lointains.
    Assurément une de mes meilleures lectures de l'année. Pas un coup de cœur mais presque !

    En Bref :

    Les + : un texte d'une force rare, un récit qui prend aux tripes et ne peut laisser indifférent et, surtout, l'auteur raconte à merveille.
    Les - : le début peut-être un peu abrupt qui m'a fait douter. 


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  • Le Salon des Précieuses, le blogging et moi

    Le Salon des Précieuses, le blogging et moi

    Ces dernières semaines, je me suis aperçue que le blog était déjà dans sa quatrième année. Il fêtera ses quatre ans le six juin 2018 et je me dis que le temps passe vite, quand même... Et j'avais envie d'en parler avec vous, de faire, peut-être pas un bilan, parce que ce mot a une connotation de fin pour moi. Mais j'avais envie de faire un point, disons. Oui, un point, pas un bilan, parce qu'il n'est pas question d'arrêter le blog de sitôt. 

    Ce qui m'a poussée à écrire cet article, c'est aussi parce que, pour la première fois, mes deux vies viennent de se télescoper. Alors que je prenais soin, jusqu'ici, de ne pas du tout les mélanger et surtout, de ne pas parler autour de moi de mon activité de blogueuse, hormis à quelques amis, cette année, je l'ai fait, je ne sais pas pourquoi et les retombées ont été inattendues pour moi. 

    Je travaille dans le tourisme. Quel rapport entre un blog littéraire et le tourisme, me direz-vous ? Eh bien, c'est tout simple. A l'heure où tout le monde se retrouve sur les réseaux sociaux, les sites touristiques le font eux aussi. Développer sa visibilité passe aujourd'hui par internet, c'est indispensable pour la communication. Et quand il se trouve qu'on est la seule personne de son équipe à bien maîtriser Instagram et les réseaux sociaux, évidemment, on se retrouve sollicitée à un moment donné. Le tourisme n'est pas une branche facile, décrocher un contrat pérenne est difficile, les sites travaillent beaucoup en emplois saisonniers. C'est le jeu. On espère toujours des contrats plus intéressants mais parfois, ceux-ci mettent du temps à venir. Pour le moment, je n'ai pas à crier victoire, mais grâce à mon expérience de blogueuse, active aussi sur le réseau social Instagram (Bookstagram) que j'aime beaucoup, mon contrat en 2018 est prolongé de deux mois, sur un site que j'aime et sur lequel je m'épanouis. Je me suis aperçue que gérer des pages pro, que ce soit sur Facebook ou Instagram, me plaisait. C'est un challenge, mais j'ai envie de relever le défi ! 

    Et depuis que j'ai reçu cette proposition, eh bien...comment vous dire que je connais un regain d'intérêt pour mon blog parce que je me dis que, peut-être, tout ça, c'est un petit grâce à lui ! 

     

    Le Salon des Précieuses, le blogging et moi

    • Mes débuts de blogueuse

    J'ai démarré un peu par hasard, en fait. Contrairement à d'autres blogueuses, pour qui se lancer a été une décision mûrement réfléchie, moi, je n'ai pesé ni le pour, ni le contre, je n'ai pas vraiment eu de réflexion. Je me suis lancée un peu par hasard, peut-être par ennui. C'était en janvier 2010, j'étais en vacances, je venais d'entrer à la fac. Pas forcément une période de ma vie que je garde en tête comme un bon souvenir. Entre le collège et le lycée, la mode des blogs a été lancée...on a tous connu la plateforme Skyblog, non ? C'est là que j'ai commencé moi aussi...j'ai créé beaucoup de pages, que j'ai fini par supprimer ou par ne plus alimenter. Ce n'était pas tant alimenter une page que la créer qui me plaisait, en fait. J'aimais bien la phase création du blog et je finissais ensuite par me lasser. Alors, en 2010, j'ai recyclé une vieille page. J'ai commencé par y noter toutes mes lectures, comme un répertoire. Petit à petit, je me suis mise à rédiger de petits avis, de quelques lignes. Et depuis, je n'ai pas arrêté. 

    • Le Salon : un blog très personnel 

    En 2014, j'ai eu envie de changer de plateforme. Si je m'étais lancée dans l'aventure bloguesque sans trop réfléchir, là, par contre, j'ai plus hésité... J'ai mis plusieurs semaines avant de concrétiser mon idée. Un changement de plateforme, ça ne se fait pas comme ça. Au final, j'ai délaissé toutes celles qui me paraissaient difficiles, à moi qui ne suis pas très calée en informatique ou langage CCS (voire pas du tout). J'avais envie de quelque chose de simple à utiliser et d'efficace. J'ai opté pour Eklablog et j'aime beaucoup cette plateforme. Cela va bientôt faire quatre ans que je l'utilise et j'ai créé une page sur laquelle je me sens bien. Le Salon ne ressemble pas aux autres blogs... je ne dis pas ça dans un sens positif ou prétentieux. Je veux dire que j'ai laissé de côté ces design très épurés qui se font maintenant, notamment chez Wordpress. Cela donne effectivement de très belles interfaces mais je crois que je ne serai pas à l'aise sur une page comme ça. J'ai essayé de rendre mon blog chaleureux et, c'est vrai, avant de penser aux autres, là-dessus, j'ai pensé à moi-même. J'ai envie de me sentir bien sur ma page, j'ai envie qu'elle me donne envie de l'alimenter. Vous voyez ce que je veux dire ? Pour le moment, ça marche. A mesure que les mois passent, j'aime ma page de plus en plus. La ferveur est de plus en plus grande et surtout, je me surprends à la voir toujours présente, toujours présente de jour en jour alors que je me lasse tellement vite en général. En janvier prochain, cela fera huit ans que je blogue, même si je me considère réellement comme blogueuse littéraire depuis l'ouverture du Salon en 2014. Petit à petit, j'ai pris de l'assurance, j'ai eu envie que le blog soit visible, je l'ai partagé sur les réseaux sociaux et surtout, j'ai écrit mes chroniques le plus spontanément possible, j'y ai mis beaucoup de moi et je ne me suis pas arrêtée. Je ne considère pas mon blog comme un travail...certes, quand on alimente une page comme un blog littéraire, ça demande un minimum d'investissement. Mais il faut que ça reste du plaisir avant tout, que la notion de travail disparaisse derrière celle du partage et de l'envie. Il faut avoir envie d'alimenter sa page, il faut avoir envie de lire, il faut avoir envie d'écrire aussi. Certaines blogueuses font des pauses, moi, je n'en ai pour le moment pas ressenti le besoin. Peut-être un jour, mais pour le moment, non. La ferveur est toujours aussi grande et je me surprends moi-même à avoir envie toujours plus, alors que d'habitude, je suis plutôt du genre à avoir envie, toujours moins. Le Salon est un compagnon de route, que j'ai créé certes, mais qui s'est émancipé, qui est lu et ne m'appartient plus complètement. Maintenant, il m'accompagne, il est toujours là, puisque je rédige toutes mes chroniques directement sur Smartphone via une appli de traitement de texte et je suis bêtement attachée à cette page Internet, c'est dingue à dire, mais oui, j'aime mon blog et j'ai envie pour lui d'une longue et belle vie. Mon blog me permet aussi d'écrire et de partager mes écrits. J'aime ça, mais je crois que je ne sauterais jamais le pas de l'édition, cela me paraît être tout un monde et j'écris pour moi. J'ai un peu abandonné l'idée d'être auteure un jour, du moins, auteure éditée. Mon blog compense un peu ça, j'écris et je suis lue et cela me suffit amplement pour le moment. Il est l'endroit où je publie mes ressentis, où je publie mes mots et c'est pour cela qu'il n'a pas de prix, à mes yeux. 

    • Être blogueuse, ça m'apporte quoi ? 

    Ca m'apporte beaucoup. Que ce soit le blog ou l'aventure Bookstagram, d'ailleurs. Ce blog m'a fait changer mes habitudes. Alors oui, j'ai une PAL énorme mais, grâce à lui, je lis plus, j'ai découvert que j'étais une bonne lectrice et que j'avais besoin de lire. Au départ, peut-être inconsciemment ai-je lu dans le but d'alimenter le blog. Petit à petit, mes goûts se sont affinés, je ne suis plus la même lectrice qu'à mes débuts de blogueuse. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai eu une affinité particulière pour les livres, je les ai aimés dès toute petite. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j'ai ensuite découvert Harry Potter, je me suis ouverte à une autre littérature avec ces livres. J'ai toujours aimé lire mais je lisais moins avant, je ne lisais pas de la même manière non plus. Maintenant, j'ai découvert beaucoup de livres, d'auteurs, grâce à vous, grâce à des photos ou des billets qui m'ont tapé dans l'oeil. Au-delà de l'échange de commentaires, de la lecture mutuelle de nos blogs, les relations que l'on a entre lecteurs de la blogosphère nous permet d'affiner nos goûts, de nous conseiller... ! Ces échanges-là m'apportent beaucoup, personnellement. Je ne suis pas une geek toujours vissée à son ordi...j'y suis souvent mais j'ai aussi une vie en dehors... mais j'avoue que je n'échangerais pour rien au monde certains liens, à distance certes, mais importants, qui se sont créés ici ou via les divers réseaux sociaux ou sites dédiés, Livraddict en tête. 
    Au-delà de ça aussi, comme je vous le disais en intro, mes deux vies viennent de se télescoper, j'en suis très heureuse et je ne redescends pas vraiment depuis que j'ai eu cette proposition. En soi, ce n'est rien mais c'est fou comme ça booste la confiance ! Un petit rien qui donne envie, voilà. Devenir la responsable des réseaux sociaux sur le site où je bosse, c'est un peu comme une consécration et surtout, la preuve que tout ce que je fais ici, je ne le fais pas pour rien. Peut-être certains ne comprennent-ils pas, peut-être pensent-ils qu'après tout, un blog, ça ne sert à rien. J'ai eu la preuve que non dernièrement et cela me donne encore plus envie de continuer par ici. 

     

    Et vous, alors ? J'ai beaucoup parlé de moi, mais votre vie de blogueur m'intéresse aussi...comment y êtes-vous venus ? Êtes-vous aussi enthousiastes que moi, nourrissez-vous des doutes ? L'échange continue en commentaires...

     

    Le Salon des Précieuses, le blogging et moi


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  • Colis reçu le : 19 octobre 2017

    Aujourd'hui, je vous présente un colis un peu atypique qui n'est pas vraiment un swap mais qui, dans le principe, peut s'en rapprocher un peu. La seule différence, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'échange...mais on reçoit un colis chaque mois et c'est toujours la surprise à chaque fois, un peu comme pour les swaps ! ! Donc j'ai décidé que je vous présenterai mes Thé Box dans la catégorie des Swaps puisqu'il faut bien les classer quelque part !

    Une très belle box pour l'automne, vitaminée, avec de jolies couleurs. Elle promet d'être...absolument fabuleuse ! Mais si on l'ouvrait ? Ça vous tente ? Alors, c'est parti ! 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    Un joli visuel pour cette box toute douce du mois d'octobre, j'aime beaucoup ! 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    En plus du thé, ce mois-ci, la Thé Box nous offre une jolie cuillère à thé et une base pour préparer de délicieuses madeleines à la fleur de sel. 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    Compagnie Coloniale nous offre ce mois-ci un thé au joli petit nom : Mon cherry, un thé noir aux saveurs de cerise et de chocolat noir. Miam ! Quant à MonthéCristo, c'est mon coup de coeur de cette box : un thé aux accents d'amande, qui restent en bouche et une saveur d'orange tout à fait agréable. Un super thé pour cette période de l'année. 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    Je connaissais déjà la maison Nina avant de recevoir cette box et j'ai été ravie de la retrouver ici, avec deux senteurs qui me plaisent beaucoup. Le thé de Marie-Antoinette ne pouvait que me plaire étant donné que j'ai une affection particulière pour cette reine et son siècle (je suis une amoureuse du XVIIIème siècle, une amoureuse maladive qui ne se soigne pas) ; quant au thé des Muses, c'est un thé de Ceylan qui se marie à des pétales de rose et des arômes fruités de citron, fraise et pamplemousse...un vrai thé royal ! J'ai hâte d'y goûter ! 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous  

    Tamia&Julia, que l'on retrouve souvent dans la Thé Box nous proposent ce mois-ci le Birthday Tea, un Oolong chinois, faible en théine et sur lequel viennent se déposer des copeaux de noix de coco et des brins de citronnelle. J'ai hâte d'y goûter parce que j'adore la saveur fruitée de la noix de coco. Un thé parfait pour un après-midi d'automne un peu froid, je trouve ! 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    Les sachets Or Tea ? m'ont plu tout de suite, j'aime beaucoup leur visuel ! Et ils sont aussi beaux que bons ! Tiffany's Breakfast rappelle évidemment le film culte avec Audrey Hepburn. C'est un thé noir anglais, parfait pour...le petit-déjeuner ! Monkey Pinch est un thé chinois aux saveurs subtiles de pêche : c'est un fruit que j'aime beaucoup et je pense que ce thé-là va beaucoup me plaire. Quant à Ginseng Beauty, c'est un thé vert qui rebooste grâce à ses vertus antioxydantes et ses saveurs de ginseng et de citronnelle. 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous

    English Tea Shop est une marque qu'on ne présente plus et que, personnellement, j'aime beaucoup. Le premier, qui est un thé blanc aux myrtilles et fleur de sureau a déjà su me séduire, ce ne sera donc pas une découverte pour moi. Le deuxième, Cranberry Vanilla Delight est un thé riche en vitamine C,  aux arômes de cacao et de vanille : je ne le connais pas et j'ai hâte d'y goûter ! Quant à Organic Acai Berry Punch, c'est un rooibos associé à un honeybush aux notes fruitées que, je crois bien, je connais déjà. 

    La Thé Box, Octobre 2017 : Absolutely Fabulous  

    Quant à la marque Tetley, elle fait aujourd'hui partie du paysage si je puis dire mais je ne l'avais encore jamais retrouvée dans la Thé Box et j'étais donc très contente de découvrir ces trois sachets colorés, offerts par la fameuse maison dont la réputation n'est plus à faire. Flowery Earl Grey est un grand classique, un thé très british, cliché du tea time à l'anglaise.  Je ne suis pas fan de la bergamote en général mais ce thé aux notes de lavande me rend curieuse. Oriental Delicacy est un thé vert à la rose et au jasmin qui évoque forcément des saveurs orientales. Quant à Blooming Garden, c'est un thé Sencha fleuri et fruité, aux arômes de cerise et de rose. Pourquoi pas ? Hâte de découvrir ce que le maître mélangeur de la marque Tetley nous a concocté...


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