• « Il ne faudrait jamais laisser partir les gens qu'on aime, mon petit Nicolas, ou bien les accompagner là où ils vont. »

    L'Herbe à la Reine ; Colette Vlérick

     

    Publié en 2014

    Editions Pocket

    320 pages 

    Résumé : 

    En 1740, s'ouvre la nouvelle manufacture royale des tabacs de Morlaix. L'herbe à la reine, surnom du tabac inspiré par Catherine de Médicis, assure aux ouvriers un salaire régulier et des avantages sociaux uniques. Dans le port arrivent des navires chargés de marchandises du monde entier, source de richesse pour l'ensemble de la ville. La prospérité bénéficie à tous : à Anna, la jolie domestique ; à l'opulente famille Le Dantec, négociants en gros, qui l'emploie ; à Loïc Madec, le cousin corsaire... Jusqu'aux années difficiles de la Révolution et à la fermeture de la manufacture, les destins heureux ou chahutés des trois familles s'entrecroisent sur les pavés de Morlaix.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    L'« herbe à la reine », c'est le nom que l'on donne au tabac, depuis Catherine de Médicis. Une denrée venue du Nouveau Monde, exotique donc et très...prisée -oui, le jeu de mots est pourri, je sais. Au XVIIIème siècle, comme le sucre ou les épices, le tabac est un produit venu des colonies mais que les Français se sont approprié et qui fait partie de la vie quotidienne. Il est à Morlaix ce que la porcelaine est à Sèvres. La ville bretonne vit au rythme de son commerce, de ses entrepôts et de ses manufactures, notamment de celle qui conditionne le tabac, envoyé ensuite dans tout le royaume. Des ouvriers les plus modestes aux riches familles commerçantes, comme les Le Dantec, que l'on suit, beaucoup à Morlaix vivent du tabac, un produit auquel on prête même des vertus à l'époque. Qu'on le fume, qu'on le prise ou qu'on le chique, le tabac est consommé partout et par tous. Qu'il soit français -le tabac au XVIIIème siècle a déjà été acclimaté en France- ou d'importation, notamment des colonies d'Amérique du Nord, le tabac est apprécié et surtout fait vivre les ouvriers des manufactures où il est préparé avant d'être consommé. Car cela ne se fait pas à la légère, comme on s'en rend compte à la lecture du roman de Colette Vlérick : plusieurs étapes sont nécessaires avant que les feuilles de tabac soient propres à la consommation et les manufactures sont très hiérarchisées, chaque ouvrier ayant un domaine de compétences et son importance à un moment donné de l'élaboration du produit. Rien ne se fait au hasard. 
    Je salue d'ailleurs toutes les recherches effectuées par l'auteure car son propos est très précis et très clair... On comprend rapidement les différentes étapes qui séparent la feuille de tabac juste récoltée de la poudre qui est ensuite consommée selon les préférences de chacun. On comprend aussi très bien l'organisation des manufactures en cette période pré industrielle grâce aux descriptions de l'auteure. 
    L'Herbe à la Reine est un roman historique bien documenté. En cela, c'est un gros point positif et a participé sans aucun doute à mon intérêt pour le livre. J'ai apprécié aussi l'aspect un peu plus régional du livre, le fait que Morlaix et la Bretagne soient des personnages à part entière
    Au départ, j'ai pourtant eu un peu peur... Il ne s'y passait pas grand chose, dans ce roman, même s'il était bien écrit. J'avais l'impression que l'auteure ne s'attardait pas, qu'elle allait trop vite parfois et les chapitres s'arrêtaient de façon un peu brusque. J'ai eu peur que cette impression ne persiste car raconter près de cinquante ans en 320 pages implique forcément d'aller vite ! Seulement, j'aime bien que les auteurs prennent un peu le temps, quand même... Pas trop non plus, mais un peu n'a jamais fait de mal...

    Résultat de recherche d'images pour "manufacture tabac morlaix"La manufacture des Tabacs de Morlaix au XVIIIème siècle

    Au final, la deuxième partie m'a plus convaincue. Au départ, j'ai cru que ce serait la famille Le Dantec que l'on suivrait tout au long de ce roman. Les Le Dantec sont de riches commerçants, des bourgeois, qui vivent de l'activité portuaire de Morlaix. En fait, c'est surtout aux pas de la famille Dirou, issue de leur domestique, Anna, que nous allons nous attacher et ce sont des personnages assez attachants que nous allons suivre à une période troublée de notre Histoire. Même avant la Révolution, le XVIIIeme siècle est une période de grand chambardement et pas qu'à Paris ! L'émulation culturelle, intellectuelle, la grande richesse de cette ère charnière entre époques moderne et contemporaine avaient aussi gagné les villes de province, comme, plus tard, la Révolution... j'aime d'ailleurs les romans qui nous décrivent les événements révolutionnaires ailleurs qu'à Paris : cela nous permet de nous rendre compte de la manière dont le reste du pays a pris ce bouleversement et, en cela, la Bretagne est un cas intéressant. 
    Finalement, j'ai apprécié cette lecture et son sujet... Par certains aspects, ce roman m'a fait penser à la magistrale saga de Jean-Paul Desprat Les Couleurs du Feu, qui retrace la formidable aventure des manufactures de Sèvres (porcelaine). J'ai retrouvé pas mal de points communs d'ailleurs entre les deux manufactures, de leur ascension jusqu'à la fermeture au moment de la Révolution. J'ai été surprise de constater aussi que les ouvriers morlaisiens bénéficiaient d'avantages que l'on pourrait qualifier de sociaux, qui nous paraissent aujourd'hui logiques et naturels mais étaient plutôt avant-gardistes il y'a 350 ans ! 
    Alors, qu'ai-je pensé de cette lecture ? Eh bien je l'ai appréciée, finalement ! Au départ je n'y ai pas cru mais finalement les personnages ont su me séduire, ils sont tous simples mais très attachants... 
    J'ai passé un bon moment et j'ai aimé tant le fond que la forme. Colette Vlérick a choisi un sujet peu évident, original, mais qu'elle traité bien, avec efficacité et conviction. Bon point, j'insiste, pour la restitution du contexte... Vous savez que j'y suis sensible et je n'ai rien à reprocher à ce roman. Rien ne me hérisse plus qu'un roman qui se veut historique mais qui est finalement bourré de fautes ou approximations. J'ai été contente de trouver là un roman assis sur des bases solides et des documents variés, dont les références sont réunies en une petite bibliographie bien élaborée en fin de livre.
    Je me suis glissée avec volupté dans ce roman qui m'a ramenée à une époque que j'aime d'amour ! J'en ai tourné les pages sans lassitude, avec beaucoup de plaisir et sans ennui. 
    Je recommande. 

    En Bref :

    Les + : un sujet original et bien traité, une jolie saga familiale, un roman historique assis sur de solides bases. Un bon point pour l'auteure qui s'est beaucoup renseignée et restitue le contexte à merveille. 
    Les - : des chapitres peut-être un peu trop rapides sur la première partie du roman...


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  • « Ma vraie nature sera dissimulée ; l'histoire ne se souviendra de moi que comme l'épouse d'un roi et la mère d'un autre. »

    La Princesse Blanche ; Philippa Gregory

    Publié en 2013 en Angleterre ; en 2016 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Cousin's War, book 5, The White Princess

    Editions Archipoche

    542 pages

    Cinquième tome de la saga The Cousin's War

    Résumé :

    Angleterre, 1485. Richard III mort au combat, Henri Tudor a été proclamé roi. Mais c'est un pays exsangue à l'issue de la guerre des Deux-Roses que trouve le nouveau souverain. 

    Pour tenter de pacifier et d'unifier le royaume, Henri décide de prendre pour épouse une princesse de la maison ennemie, Elisabeth d'York, dont le cœur battait pour Richard. 

    Elisabeth - la Princesse blanche - découvre alors la cour, où complots et intrigues s'ourdissent. Sa propre mère, qui rêve de voir la maison York à nouveau à la tête du pays, semble prête à tout pour restaurer l'hégémonie familiale. 

    Entre les inclinations du cœur et les obligations de la couronne, entre les York et les Lancastre, Elisabeth, hantée par le souvenir du roi qu'elle aimait, devra choisir. Quitte à se mettre à danger, et le royaume avec elle. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1485, la famille d'York est vaincue et la Guerre des Deux-Roses prend fin avec leur humiliation et la mort du roi Richard III sur le champ de bataille de Bosworth. Le nouveau roi, Henri Tudor, premier de sa lignée, cherche à asseoir son pouvoir grâce à une alliance avec la famille de la rose blanche. Son choix se porte sur Elizabeth, la fille d'Édouard IV et Elizabeth Woodville. Il va en faire sa reine et unir ainsi les sangs des Tudor et des York pour installer sur le trône d'Angleterre une toute nouvelle dynastie. Si pour le nouveau souverain, cette union est nécessaire et mûrement réfléchie, la solution la plus pragmatique en somme, avec tout ce que cela peut comporter de froideur et de calcul, pour la jeune Bessie d'York, fille d'un roi détrôné, sœur de deux petits princes disparus dont on ne sait plus rien mais qui sont probablement morts et amoureuse d'un oncle trahi sur le champ de bataille, c'est au supplice qu'elle va, en épousant le vainqueur de Bosworth et celui qu'elle considère comme l'assassin de Richard III.
    S'il y'a bien une famille royale qui personnifie à elle seule le renversement inéluctable de la roue de la fortune, c'est bien la famille d'York : d'abord montée aux plus hauts sommets, elle retombe tout aussi brutalement, après avoir connu gloire, popularité et prospérité. La Guerre des Deux-Roses est finalement un conflit extrêmement violent, parce qu'il fit beaucoup de morts sur les champs de bataille mais il recèle aussi une énorme violence psychologique, que l'on ressent surtout dans ce roman : quelle brutalité pour la famille royale déchue de se voir contrainte et forcée de faire alliance avec ceux qu'elle considère comme des usurpateurs, les Tudors. Quel terrible sacrifice doit faire la jeune Bessie d'York pour épouser un homme qu'elle considère comme l'assassin de celui dont elle était follement amoureuse. Si on devait trouver un qualificatif pour le destin de la première reine Tudor, il serait tout trouvé : chemin de croix. C'est un vrai sacerdoce pour la princesse à la rose blanche que de devenir la première reine d'un roi qu'elle ne reconnaît pas en tant que tel.
    La Princesse Blanche est peut-être le seul roman de Philippa Gregory où la force de l'héroïne n'apparaît pas tout de suite. De prime abord, il est difficile de comparer Bessie avec sa mère, Elizabeth Woodville ou encore avec les autres héroïnes de Deux Sœurs pour un Roi par exemple. A la réflexion, si, il y'en a un autre : L’Héritage Boleyn. Dans celui-ci, la reine Anne de Clèves, épouse malheureuse d'Henri VIII, ne se révèle pas tout de suite et pourtant, il lui a certainement fallu beaucoup de courage, de détermination et sûrement de foi pour endurer des années incertaines et une vie de claustration.
    C'est un peu pareil pour Elizabeth d'York, cette fameuse Bessie dont on se rappelle surtout qu'elle a été une fille de roi, une nièce de roi, une épouse de roi et une mère de roi. C'est toujours pareil pour les femmes, dont on ne se souvient pas beaucoup des qualités en dehors de leur rôle de mère et d'épouse. Comme le dit très justement un lecteur Goodreads, dont l'avis a été cité sur la quatrième de couverture, Philippa Gregory est connue pour rendre leur voix aux femmes dans l'Histoire, parce qu'elles sont souvent oubliées et c'est bien vrai. Que sait-on de Bessie d'York, morte en couches en 1503, hormis qu'elle fut l'épouse du premier des rois Tudor et la mère de celui qui est considéré comme le Louis XIV anglais, Henri VIII ? A-t-elle été influente politiquement, comme sa mère avant elle ou sa belle-mère, la fameuse Margaret Beaufort ?
    Grâce à la fiction, les romanciers peuvent rendre une consistance à ces personnages tombés dans les limbes de l'Histoire et, même si la Bessie de Philippa Gregory n'est pas fidèle à la Bessie historique, authentique, aujourd'hui personne ne peut en témoigner et du moins l'auteure essaie-t-elle de lui rendre vie en conservant un maximum de vraisemblance. Comme Elizabeth Woodville que l'on suivait dans La Reine Clandestine, on referme le roman en se disant que, finalement, le portrait brossé dedans fonctionne très bien.

    Description de cette image, également commentée ci-après

    La reine Elizabeth d'York (1466-1503), portrait du XVIème siècle


    Moins ambitieuse que sa mère, moins calculatrice aussi mais tout aussi exaltée, Bessie se voit à moins de vingt ans, sacrifiée à un homme qu'elle ne connaît pas et, le plus terrible, qu'elle ne reconnaît pas dans sa prétention à la couronne d'Angleterre. Elle va pourtant devoir lui être fidèle, renier sa famille, les York et voir parfois sans sourciller des partisans de la rose blanche exécutés pour trahison. Elle va porter les enfants d'un homme obsédé par son pouvoir et qui en est de plus en plus jaloux, sombrant dans la paranoïa, violent parfois et soupçonneux envers une épouse qui se bat pourtant pour lui être fidèle alors que cela ne va pas de soi... Certains lecteurs ont déploré que Bessie était moins intéressante que les autres héroïnes de Philippa Gregory eh bien, je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas parce que son courage est moins évident qu'il en est absent, bien au contraire : certes, la première reine Tudor ne fut pas une reine guerrière et elle n’exerça pas non plus réellement le pouvoir. Mais elle a dû supporter une union vraiment pas évidente, avec un homme qu'elle a fini, pourtant, par aimer, peut-être pas d'un amour fusionnel mais totalement loyal. Elle a aimé ses enfants sans bornes. Et elle a vu plusieurs prétendants au trône, affirmant être son propre frère Richard, se succéder, de rébellion en rébellion, qui mettent à mal le pouvoir de son mari et la font soupçonner de déloyauté tandis que son mari oscille sans celle au bord d'une folie obsessionnelle...
    Pas vraiment rose comme destin, non ? En tous cas, on a connu mieux. Les York déchus, à commencer par Bessie, personnifient à eux seuls ces retournements de l'Histoire, où des familles, des hommes et des femmes se sont élevés très haut avant de retomber très bas.
    On ressent vraiment très bien cela dans le roman. Il est en plus servi par un style toujours aussi bien maîtrisé : Philippa Gregory écrit bien, le débit est fluide. Souvent, le texte est à la première personne et cela permet de s'identifier plus encore au personnage principal.
    S'il y'a bien une chose qui ne m'a jamais déçue dans un de ses romans, c'est le style, parce qu'elle est très bonne conteuse et a le don de rendre, non seulement ses personnages très vivants comme je le disais plus haut mais aussi de nous faire toucher l'Histoire du doigt. Et pour l'amoureuse des romans historiques que je suis, évidemment ça n'a pas de prix.
    Enfin, elle écrit sur l'époque qui, en dehors du Moyen Âge central, me plaît énormément en Angleterre : la Guerre des Deux-Roses puis le règne des Tudor.
    Pas de notes discordantes dans cette lecture, alors ? Si, mais cela ne m'a pas empêchée d'aimer le roman et de le dévorer ! Je m'y suis vite plongée et n'en suis pas sortie. Mon intérêt a commencé à s'émousser seulement vers le milieu du roman quand j'ai eu le sentiment que le roman devenait répétitif et j'ai eu très peur qu'il ne se morde la queue et que cela ne s'arrête plus, jusqu'à la fin. Heureusement, les ultime chapitres sont plus nuancés et l'auteure a réussi à me surprendre. Mais ces chapitres concernant le prétendant m'ont semblé trop similaire les uns par rapport aux autres : un prétendant se présente, peu importe qui il est. Stupeur de la Cour, paranoïa du roi qui se réveille, suspicion envers sa femme, obligée de se justifier sans cesse... campagne militaire, prières de Margaret Beaufort, le roi revient victorieux. Et rebelote vingt pages plus loin ! J'avoue que ce milieu de roman, un peu faiblard, m'a légèrement gênée parce que j'avais l'impression qu'il n'y avait pas de surprise et que tous les chapitres étaient conçus de la même manière, sans que l'intrigue évolue pour autant.
    Pour autant, j'ai vraiment apprécié cette lecture. J'ai autant aimé que La Reine Clandestine dont certains aspects m'avaient gênée aussi, sans que je me sente déçue. C'est une fiction historique de qualité, mêlant éléments authentiques, hypothèses et imaginaire. Philippa Gregory est la reine du roman historique anglais et on comprend pourquoi. Je crois que ses romans sont à lire. On en apprend beaucoup sur l'époque, même s'il ne faut pas perdre de vue que tout n'y est pas vrai. Mais, dans l'ensemble, c'est avec un maximum de véracité que l'auteure travaille. La Princesse Blanche a le mérite de faire découvrir le personnage touchant mais ô combien courageux d'Elizabeth d'York, princesse oubliée de la fin du Moyen Âge anglais.

    Attention, chronologiquement, ce roman fait suite à La Reine Clandestine, mais il est cinquième dans l'ordre de la saga : d'autres tomes ne sont pas encore traduits en France. 

     

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     Henri VII Tudor et Elizabeth d'York, incarnés par Jacob Collins-Levy et Jodie Comer dans la série The White Princess

    En Bref : 

    Les + : un roman historique toujours bien documenté, une époque passionnante, des personnages bien traités, une héroïne courageuse et un style soignée et efficace. 
    Les - : l'impression, heureusement fugace, en milieu de roman, que l'intrigue se mettait à tourner un peu en rond...

     

    Brooklyn ; Colm Tóibín

     Thème de mars, « La fille de la bande », 3/12


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  • Colis reçu le : 15 mars 2018

    Aujourd'hui, je vous présente un colis un peu atypique qui n'est pas vraiment un swap mais qui, dans le principe, peut s'en rapprocher un peu. La seule différence, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'échange...mais on reçoit un colis chaque mois et c'est toujours la surprise à chaque fois, un peu comme pour les swaps ! ! Donc j'ai décidé que je vous présenterai mes Thé Box dans la catégorie des Swaps puisqu'il faut bien les classer quelque part !

    En mars, c'est à la rencontre des maisons de thé françaises que nous emmène La Thé Box avec cette box qui célèbre la France et ses produits...Allez, c'est parti sur les routes de notre beau pays ! Cocorico ! 

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française

    Et voici notre jolie Thé Box de mars. C'est parti pour la découverte...

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française

    Les gourmandises du mois, typiquement françaises : du chocolat et des sablés de la marque Michel et Augustin, accompagnés de jolis dessous de tasse aux couleurs de la France, de la Bretagne jusqu'à Saint-Tropez, en passant par Paris. 

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française 

    Callysthé, maison de thé corse nous propose un thé au nom évocateur : Maquis, qui nous emmène au coeur de l'Île de Beauté. Un rooibos sur lequel viennent s'ajouter des saveurs de myrte, plante typique du maquis, de romarin et de thym. La maison Hauts de France, basée dans le nord de la France (sans blague ? :D ) nous propose un thé...à l'alsacienne. Ben oui. Pourquoi pas ? C'est donc un thé à la douce et régressive saveur de pain d'épices qui nous est proposé et je crois que c'est celui-là que je vais goûter en premier ! Enfin, La Petite Lorraine est un produit de la marque Sainthé : il s'agit d'un thé vert aux fleurs de bleuet et de souci, avec une touche de mangue et surtout, de mirabelle, le fruit emblématique de la région. 

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française

    La marque Provence d'antan, que je vais découvrir grâce à La Thé Box, nous propose trois sachets aux saveurs surprenantes...ou pas ! Fruits du Soleil est une infusion aux pommes, raisins, figues, pêches et abricots, des fruits qui sentent bon le Sud ; Fruits des bois allie myrtilles, cassis, framboises et pommes. Enfin, Cola est une infusion à boire en journée car contenant de la caféine : elle sent bon un certain soda que l'on connaît bien. 

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française

    La marque Compagnie Coloniale, connue des fidèles de La Thé Box, nous propose trois sachets ce mois-ci : Sencha Calida est un mélange de thé voir et d'Oolong sur lequel viennent se poser des saveurs fruitées de groseilles, fruits rouges et vanille. Ceylan Vanille est, comme son nom l'indique, un thé noir de Ceylan et de vanille. Enfin, Thé vert jasmin est un incontournable, un thé aux suaves arômes que j'ai hâte de découvrir même si, à la base, je ne suis pas fan des thés au jasmin. 

    La Thé Box, Mars 2018 : La Petite Française 

    Dans le Gard à la fin des années 1980 est créée la marque Marie de Mazet. Ce sont cette fois trois infusions que sont proposées : une à la menthe poivrée, une autre au cassis et enfin une autre à la méilisse apaisante. Quant à la marque 1336, c'est une valeur sûre qu'elle nous propose : un thé caramel que je suis curieuse de goûter. 


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  • « La connaissance est préférable à l'ignorance. »

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 1, Une Etude en Écarlate ; Jean d'Aillon

     

    Publié en 2015

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    504 pages

    Premier tome de la saga Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson

    Résumé : 

    Le 21 mai 1420, la reine de France signait un traité par lequel le roi Charles VI reconnaissait son gendre Henri V d'Angleterre héritier de la couronne de France. Un an plus tard, l'eau d'une fontaine voisine de la porte Saint-Honoré devint rouge et le peuple resta convaincu qu'il s'agissait du signe précurseur de quelque désastre. Au même moment, Edward Holmes, clerc et demi-frère du baron de Roos tué à la bataille de Baugé, est chassé de l'hôtel parisien de son seigneur. Ne pouvant rentrer en Angleterre, Holmes trouve logis chez maître Bonacieux, greffier au Châtelet et zélé partisan bourguignon, où il partage la chambre de Gower Watson, un archer blessé à la bataille d'Azincourt. 

    Dans un Paris où règnent la faim, le froid et la misère, Edward Holmes devra mettre au jour un terrible complot dans lequel les conjurés veulent entraîner son ami Watson. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Si, comme moi, vous avez eu l'occasion de lire plusieurs romans de Jean d'Aillon, vous saurez que ses deux principales inspirations sont Alexandre Dumas, et Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes. Dumas pour l'Histoire et Conan Doyle pour le policier, bien évidemment. D'ailleurs, pour cette saga, l'auteur se serait inspiré d'un texte médiéval qui aurait même servi de modèle à Conan Doyle... : bon, personnellement, je n'y crois pas vraiment mais Jean d'Aillon parvient à faire habilement planer le doute ! 
    Quand le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson est sorti, beaucoup de lecteurs se sont insurgés contre ce qu'ils considéraient comme un vulgaire pastiche de leur héros préféré, ou même pire, comme un plagiat. Personnellement, n'ayant pas lu les enquêtes de Sherlock Holmes, je ne peux pas comparer mais, connaissant l'oeuvre de Jean d'Aillon, je ne crois pas qu'il ait voulu uniquement copier Conan Doyle, au contraire. Il faut plus voir Edward Holmes comme un hommage qu'une copie, à mon avis. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire pour autant que le roman en vaut la peine.
    Alors, justement, est-ce que Une Etude en Ecarlate vaut la peine d'être lu ? Ma réponse est oui, malgré quelques petits défauts sur lesquels je reviendrai.
    Parlons d'abord des aspects positifs du roman. Il est clair que le premier tome des Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson a beaucoup de potentiel ! C'est un roman historique efficace et qui plaira aux amateurs du genre, ainsi qu'à ceux qui aiment les romans policiers. Pour moi, le gros point positif de ce roman et par là même, de la saga, c'est son contexte : la Guerre de Cent ans et surtout la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons sont peu traitées dans les romans. Et pourtant, s'il y'a bien une époque du Moyen Âge qui, après le Moyen Âge central, Aliénor d'Aquitaine, les troubadours etc etc me plaît, c'est celle-ci : le règne trouble de Charles VI, accablé très jeune par une forme de folie particulièrement invalidante, dominé par des figures masculines importantes -Louis d'Orléans, Jean sans Peur et j'en passe-, mais surtout par celle d'une femme, encore très controversée : la reine Isabeau de Bavière. Je crois que, au-dela de la curiosité que cette saga un peu particulière a fait naître chez moi, c'est aussi ce contexte historique intéressant qui a fini par emporter tous mes suffrages. Et je ne regrette effectivement pas parce que, même si le contexte est particulièrement compliqué, on sent le travail de recherche de l'auteur. Jean d'Aillon est un auteur rigoureux, qui force parfois un peu le trait, quitte à ne pas être forcément objectif, mais en ce qui concerne les informations historiques, en général, elles sont vérifiées et assises sur des bases solides : ensuite, évidemment, qu'une touche de romanesque vienne se mêler à ça, c'est normal et je n'y trouve rien à redire même si je ne suis pas toujours en accord avec la vision de tel ou tel personnage par l'auteur : c'est le cas ici avec Isabeau de Bavière, dont j'ai une image plus nuancée et peut-être plus indulgente que celle de Jean d'Aillon mais peu importe. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier le roman, au contraire.
    J'ai aimé l'intrigue policière, parfaitement bien intégrée dans le contexte avec lequel elle interagit tout le temps. J'ai aussi apprécié découvrir les nouveaux héros de Jean d'Aillon : jusque là, je ne découvrais plus, je ne faisais que continuer des sagas. Avec Edward Holmes, je fais la découverte d'une ambiance, d'une saga qui, connaissant Jean d'Aillon va être conséquente et...d'un nouveau héros et cela n'est pas pour me déplaire !
    Plus qu'aux héros victoriens de Conan Doyle que je ne connais de toute façon pas, c'est à Louis Fronsac et Gaston de Tilly, deux autres personnages de Jean d'Aillon que j'ai comparé Edward et Gower qui, au premier abord, n'ont rien du héros au sens où on l'entend : le premier est un simple clerc anglais, bâtard de naissance, demi - frère du baron de Roos dont il a été intendant avant d'être limogé par le nouveau baron, après la mort de Roos à la bataille de Baugé. Quant à Gower Watson, c'est un archer anglais, installé à Paris, blessé à Azincourt et qui a trouvé à se loger chez un couple de bourgeois répondant au nom de Bonacieux : tiens tiens, cela ne vous dit-il rien ? Si vous avez lu Dumas, certainement.
    Bref, rien que du très banal, si on omet la capacité de réflexion assez importante de Holmes qui, encore une fois, m'a rappelé Louis Fronsac et ses déductions épatantes !
    Edward Holmes et Gower Watson ont quelque chose d'assez attachant et j'ai apprécié les découvrir. Cela aura été une belle rencontre ! Et j'ai aimé retrouver des personnages historiques déjà rencontrés et d'autres, totalement inconnus !
    L'intrigue policière, sur fond de complot anglais et guerre civile française, est bien ficelée et nous promène, nous balade dans un Paris particulièrement éprouvé et dans lequel le printemps semble avoir disparu au profit d'un hiver interminable !
    Mais, si j'ai globalement aimé le roman certaines petites choses m'ont gênée et je crois que des erreurs décelées ici ou là auraient pu être évitées... Je crois que ce sont surtout des erreurs d'étourderie mais qui, malheureusement, enlèvent un peu de crédibilité à un roman qui, par ailleurs, se veut extrêmement fiable historiquement. Je déplore donc quelques approximations sur la généalogie de la royauté anglaise et le nom d'un personnage changeant systématiquement, passant de Guillaume à Simon sans aucune raison.
    Le roman a heureusement suffisamment de points positifs pour tempérer ces quelques petits problèmes qui le rendent un peu inégal. C'est dommage mais pas catastrophique non plus.
    Bref, pour conclure, Une Etude en Ecarlate est un roman historique et policier plutôt sympa, pas parfait et un peu longuet au départ mais qui pose bien la saga et donne envie de découvrir la suite des aventures de notre perspicace clerc anglais et de son acolyte archer. 

    En Bref : 

    Les + : sans aucun doute, le contexte historique sur lequel s'appuie une enquête policière plutôt efficace et bien menée. 
    Les - :
    quelques longueurs au début et des approximations qui rendent le récit un peu inégal, c'est dommage. 


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  • « Une existence constituée d'une succession de plaisirs éphémères ne satisfait personne. Il faut avoir un but, une raison d'exister. »

    Belgravia ; Julian Fellowes

     

    Publié en 2016 en Angleterre ; en 2017 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Belgravia

    Editions 10/18 (collection Domaine Etranger)

    528 pages

    Résumé :

    15 juin 1815. Tandis que les troupes de Napoléon sont en marche, la jeune Sophia Trenchard ne peut cacher sa joie.  Issue d'une famille d'intendants, la voilà invitée au bal de la duchesse de Richmond, l'événement qui réunit la plus brillante société de Grande-Bretagne à Bruxelles. Elle espère surtout y croiser le beau Edmund Bellasis, le meilleur parti du moment. Mais la soirée est interrompue par l'annonce d'une bataille imminente : Waterloo. Vingt-cinq ans plus tard, les Trenchard se sont installés à Belgravia, bastion londonien de l'aristocratie. Mais un scandale passé menace leur insolente réussite...

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1815 à Bruxelles se prépare le grand bal de la saison, organisé par la duchesse de Richmond. Alors que les canons français tonnent au loin et que Napoléon, revenu d'exil, marche dangereusement vers la ville, les Anglaise installés en Belgique cherchent à s'etourdir une dernière fois, avant l'assaut final, qui désignera un vainqueur. A ce bal se retrouvent, peut-être pour la dernière fois, Sophia Trenchard et Edmund Bellasis. Très jolie et déterminée, Sophia n'est pourtant que la fille d'un intendant de l'armée de Wellington tandis que Bellasis est l'héritier d'un comte, lord Brockenhurst, à la fortune certaine. En un mot, ils ne sont pas du même milieu, même si le père de Sophia aimerait croire le contraire, mais ils sont amoureux ou du moins croient-ils l'être. A l'aube de Waterloo, les cartes s'apprêtent à être rebattues et redistribuées...
    Vingt-cinq ans plus tard, nous retrouvons les Trenchard et les Brockenhurst à Londres. Si lord et lady Brockenhurst restent égaux à eux mêmes, toujours aussi puissants et fortunés, installés dans une sublime maison de Belgrave Square, les Trenchard ont monté en grade si on peut dire et s'efforcent de vivre dans un milieu qui n'est pas le leur et dans lequel, malgré tous leurs efforts, ils n'ont pas leur place. Pourtant, il se pourrait bien que ces deux familles, totalement à l'opposé l'une de l'autre aient un secret et des intérêts en commun qui pourraient bien, malgré tout, les rapprocher...
    Belgravia, c'est un peu le roman devant lequel on ne peut passer, si on aimé Downton Abbey et c'est mon cas. Moi qui ne suis absolument pas cinéphile ni sériphile pour trois sous, je suis forcée d'avouer que j'ai énormément aimé cette série ! L'histoire, les personnages, le contexte historique, la grande histoire comme la petite, tout est réuni pour créer un ensemble cohérent, plausible et vraiment intéressant, avec en plus la touche british qui va bien !
    Alors, même si ce n'est pas vraiment la même époque et que Belgravia se déroule un peu moins de cent ans auparavant, j'espérais en le commençant, retrouver ce que j'avais tant aimé dans Downton Abbey et effectivement, Julian Fellowes ne m'a pas déçue. On retrouve comme dans DA un panel de personnages varié et bien travaillé et j'ai aussi aimé l'époque : j'adore les romans qui se passent au XIXème siècle !
    Certains lecteurs ont été déçus à la lecture de Belgravia parce qu'ils ont trouvé qu'il ne s'y passait pas grand chose et que l'intrigue était prévisible... effectivement, je ne peux pas vraiment leur donner tort mais, au lieu de me gêner, cela m'a plu, finalement !
    Que l'intrigue soit prévisible ne m'a pas dérangée outre mesure, quant au fait que l'intrigue soit relativement plate... En fait, elle ne l'est qu'en apparence et est finalement bien plus complexe qu'elle n'y paraît au premier abord. En tous cas, en ce qui me concerne, elle m'a totalement convaincue et j'ai pris un grand plaisir à la découvrir et à la lire d'autant plus que j'ai trouvé le style de l'auteur vraiment efficace. J'y ai retrouvé cette petite touche très anglaise et inimitable, entre flegme tout britannique et humour mordant, presque ironique, à la Lady Susan.
    Les relations entre les personnages m'ont aussi beaucoup plu ainsi que la manière dont ils interagissent. Chacun a une personnalité propre, une vraie psychologie très poussée et j'ai vraiment apprécié cet aspect là du roman. Que ce soient les hommes ou les femmes, les plus fortunés ou ceux qui le sont moins, les nobles ou les serviteurs, ils sont ciselés, vraiment aboutis et on sent chez l'auteur tout l'investissement qu'il a pu y mettre, exactement comme dans Downton Abbey. Même si ce n'est pas la même époque, j'ai ressenti pas mal d'analogies entre les deux œuvres, notamment au niveau de l'ambiance et de l'atmosphère. Peut-être pas cela dit au niveau des relations humaines, beaucoup plus bienveillantes dans Downton Abbey... Dans Belgravia, elles sont complexes et les plus méprisés ne sont pas ceux que l'on croit : ainsi, même les domestiques ne sont pas exempts de certaines idées reçues et préjugés, tandis que les maîtres se comportent parfois comme les derniers des derniers ! Mépris et condescendance motivent les grands tandis que les autres, du moins ceux qui le peuvent, tentent de s'élever à leur niveau en suscitant un apitoiement feint et des sourires un peu dédaigneux. La société du XIXème siècle est finalement bien plus complexe qu'il n'y paraît : l'époque victorienne est faite de beaucoup de nuances, elle n'est ni toute noire ni toute blanche et Belgravia illustre assez bien ceci.
    J'ai trouvé que Julian Fellowes parvenait très bien à restituer le contexte et à brosser un portrait vraisemblable de cette société bourgeoise et aristocrate, encore régie par énormément de codes tacites, ou pas, ou le moindre secret peut entraîner une chute irrévocable et empoisonner une vie comme une réputation, à une époque où elle est si importante.
    Belgravia est un bon roman historique. Quoi qu'on en dise, l'auteur s'en sort très bien et malgré, peut-être, quelques petites longueurs, on ne peut pas dire que Belgravia soit un mauvais livre. Je ne crois pas qu'il ne s'y passe rien, c'est bien plus complexe que ça, au final. Pour moi, l'intrigue n'est pas fade du tout bien au contraire ! Si vous aimez les scones et le tea time, les dialogues ciselés et la verdure anglaise avec, là dessus des relations et interactions humaines intéressantes, alors lancez-vous et nul doute que vous aimerez Belgravia... Je crois que je préfère toujours Downton Abbey mais n'empêche, Belgravia, c'était un chouette moment de lecture ! 

    En Bref : 

    Les + : Julian Fellowes se fait le portraitiste précis et investi d'une société complexe et très codifiée, remarquablement bien décrite et dans laquelle évoluent des personnages ciselés, de la même qualité que ceux de Downton Abbey
    Les - : une intrigue peut-être un peu prévisible, en effet et cela peut déranger certains lecteurs, même si ça n'a pas été le cas pour moi. Deux, trois longueurs. 


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