• [POUR ATTENDRE NOËL] #1 Traditions du monde entier : le festival des lanternes géantes aux Philippines

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #1 Traditions du monde entier : le festival des lanternes géantes aux Philippines

     

     

    Penser à Noël, c'est imaginer une cabane perdue dans les neiges de Scandinavie, éventuellement dans les forêts du Canada... la maison du Père Noël, les rennes, les elfes, les longues nuits...on se réchauffe avec du vin chaud aux épices, on se déplace en traîneau, les lacs sont gelés...c'est vrai que c'est féerique, non ? 

    Mais il ne faut pas oublier que l'on fête Noël partout et que, dans certaines régions du monde, les images que cette fête convoque ne sont évidemment pas les mêmes que pour nous, en Occident. 

    Aujourd'hui, je vous propose de découvrir une tradition des Philippines, que vous connaissez peut-être déjà mais que je découvre, pour ma part. Il s'agit du Festival des Lanternes Géantes, Ligligan Parul Sampernandu en philippin. Ancienne colonie espagnole, l'archipel des Philippines a conservé une tradition catholique très forte et met un point d'honneur à célébrer l'une des fêtes les plus importantes de l'année : Noël. Elle est attendue depuis septembre, c'est dire ! 

    Les Lanternes Géantes, donc. Oui, oui, vous avez bien lu : les lanternes géantes. Alors de quoi s'agit-il exactement ? C'est un festival qui a lieu le samedi précédent Noël, dans la ville de San Fernando, considérée comme la capitale de Noël des Philippines. C'est une véritable compétition durant laquelle onze villages (barangays) s'affrontent en tentant de construire la plus grande lanterne. 

    Cette manifestation festive puise sa source dans une tradition bien plus ancienne mais encore observée aujourd'hui : pendant les neuf jours qui précèdent Noël, a lieu chaque matin une messe que l'on dit du coq car elle est célébrée à 4 heures du matin. Et, chaque soir, on allume devant les maisons une lanterne que l'on appelle là-bas la parol et qui est faite à la main avec du papier et du bois (de l'espagnol farol, qui signifie lanterne ou lumière). Celle-ci est en forme d'étoile et renvoie directement à la Bible et aux traditions chrétiennes puisqu'elle évoque l'étoile de David qui guida les Rois Mages. Aux Philippines et dans d'autres pays chrétiens d'Asie, l'étoile est aussi symbole d'espoir. Si, au départ, les créations étaient modestes, réalisées avec du papel de hapon (le papier utilisé pour les origamis japonais) et une armature de bambou, mesuraient une cinquantaine de centimètres et étaient éclairées par de petites bougies, aujourd'hui, pour le festival, elles se sont complexifiées et sont devenues spectaculaires : certaines atteignent 5 mètres de diamètre et sont éclairées grâce à des ampoules électriques clignotantes donnant l'impression d'observer un kaléidoscope ! 

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  • « C'est une ruse de la mémoire que de garder exclusivement les bons souvenirs, comme cela, on peut vieillir en se disant qu'on n'a pas trop raté sa vie. »

    La Casati ; Camille de Peretti

    Publié en 2012

    Editions Le Livre de Poche 

    288 pages 

    Résumé :

    La marquise Casati avait eu des chaussures en diamant, teint ses cheveux en vert, fréquenté les plus grands artistes, pris toutes les drogues possibles, organisé des bals spectaculaires, aimé un boa constrictor, défrayé la chroniqué et habité au Ritz...
    Elle offrait désormais le spectacle terrifiant d'une reine déchue, d'une femme qui a connu toutes les splendeurs de ce monde et fini dans la misère. S vie ressemble à un conte de fées qui vire au drame : née héritière de l'une des plus grosses fortunes d'Italie, elle mourut clocharde. C'est peut-être cela qui m'a le plus attirée, le vertige de la perte. Moi qui suis si raisonnable. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Un jour de 2004, la romancière Camille de Peretti découvre le personnage de la Casati, une marquise italienne du début du XXème siècle. Elle ne le sait pas encore, mais ce personnage fera l'objet d'un roman et deviendra pour elle une muse, une icône.
    La Casati, c'est Luisa Adele Rosa Maria von Amann de son vrai nom, née à Milan en 1881. Elle est la seconde fille d'un riche industriel italien d'origine autrichienne, Alberto von Amann. Orpheline jeune de ses deux parents, elle grandit en compagnie de sa sœur aînée, Francesca, dans un relatif isolement. Petite fille choyée puis adolescente négligée, Luisa se marie à dix-neuf ans avec Camillo Casati Stampa di Soncino. Ils auront ensemble une fille, qui naît en 1901 et sera rapidement délaissée par sa mère. Mondaine et excentrique, celle qui deviendra bientôt la Casati, ce qui personnifie en soi tout le phénomène, anime cette première moitié du XXème siècle, entre horreur de la guerre de Quatorze et ferveur des Années Folles. La Casati est un personnage à part : ce n'est pas une jolie femme, elle a des yeux trop grands, des traits trop marqués et pourtant, elle fait tourner toutes les têtes. Elle sera la maîtresse du poète et écrivain italien Gabriele D'Annunzio, par exemple. A Paris, à l'instar de Colette, sa contemporaine, elle aura des relations lesbiennes avec une artiste peintre qui finira par la quitter. Luisa, dans une fuite en avant éperdue, s’enivre de la vie et joue avec...tout ce qu'elle veut, c'est la croquer à pleines dents, elle aime l'originalité et tant pis si elle passe pour une illuminée : ainsi, jeune mariée, elle fait accrocher le squelette d'un dinosaure au plafond du salon de la villa qu'elle partage avec Camillo...elle possède des serpents et notamment un boa constrictor qu'elle promène enroulé autour de son cou et de ses bras. Droguée et opiomane, adepte des sciences occultes, on a l'impression que Luisa Casati navigue dans une dimension étrangère à la nôtre, bien au-dessus d'un monde trop fade et collet-monté à son goût. Et on ressent alors pour elle un mélange d'admiration incrédule et de répulsion.
    La Casati va connaître des années fastes : elle fera la pluie et le beau temps à Paris, à Londres, en Italie...elle semble entièrement déconnectée de la réalité, diva qui veut exaucer ses moindres désirs, jette l'argent par les fenêtres et exige des autres qu'ils s'exécutent immédiatement. Plus dure sera la chute...et effectivement, pour la Casati, qui meurt en 1957, réduite à la mendicité, la fin est amère. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, un personnage caricatural, une vieille femme diminuée aux yeux cerclés de charbon parce qu'elle n'a plus les moyens de se payer du khôl, qui a fui dettes et créanciers et vit dans un logement miteux de Londres. On dit que, pour survivre, elle sera obligée de fouiller les poubelles des grands magasins à la recherche d'objets ou chutes de tissu à vendre pour assurer son quotidien.
    Quand Camille de Peretti découvre Luisa Casati, c'est une jeune femme, elle a une vingtaine d'années. Enlisée dans un mariage raté mais malgré tout toujours très amoureuse de son mari, elle est encore fragilisée par l'anorexie mentale dont elle a souffert plusieurs années plus tôt et dont elle s'est remise tant bien que mal (elle a raconté cet épisode de sa vie dans le livre Thornytorinx). Ayant des désirs de jouer la comédie, rêvant de devenir actrice, elle s'est laissée convaincre par Henry, un réalisateur new-yorkais raté, de venir tourner pour lui un film à petit budget, dans un appartement glauque de la Grosse Pomme. C'est cet Henry, soit-disant plus ou moins amoureux d'elle et qui veut absolument faire d'elle son actrice principale, qui lui parle de la Casati. Rentrée en France, Camille se lance sur ses traces pour écrire ce livre, qui est...qui est quoi, d'ailleurs ? On a tendance à tout ranger dans des cases, on est bien d'accord et on le fait aussi pour les livres : roman historique, roman policier, romance, biographie, essai...des genres littéraires, il y'en a à la pelle...Et ce livre-là est assez inclassable...je me demande d'ailleurs si ce n'est pas pour cette raison qu'il a suscité parfois des avis particulièrement secs et péremptoires, comme celui d'une lectrice, lu sur internet, qui n'a pas du tout aimé le livre et conclut son avis par « un on m'a vendu la biographie de La Casati et non de Camille de Peretti !! » qui a au moins le mérite d'être clair. C'est vrai que le résumé est assez trompeur et je n'aurais pas lu l'avis de cette lectrice avant de me lancer, pour sûr, j'aurais été aussi très surprise parce ce qui semble être, de prime abord, la biographie -à la limite, la biographie romancée- de Luisa Casati, et qui est en fait un livre assez étrange, où tout se mélange...car Camille de Peretti, loin de se contenter de raconter le destin extraordinaire de cette femme, parle d'elle. Beaucoup. Et notamment de ce mariage raté avec un peintre raté qui se prend pour un grand artiste et tyrannise ses proches et notamment sa jeune femme soumise et silencieuse qui n'arrive pas à s'imposer et supporte jusqu'à finalement tout envoyer balader. J'étais prévenue, donc je n'ai pas été surprise par cette approche pour le moins étrange : cela dit, si je n'ai pas été forcément étonnée et que, au fond, je n'ai pas détesté ce parti-pris, je dois avouer que je ne l'ai pas spécialement compris. Que l'auteure, éventuellement, nous parle dans une préface de son intérêt pour le personnage, de ce qui l'a emmenée à s'intéresser à la Casati, pourquoi pas ? Mais qu'elle insère des passages entiers dans le livre, des blocs devrais-je dire, où elle raconte sa vie...n'étant pas du tout à l'aise avec ces grands déballages dont notre société est coutumière et friande, des plateaux de télés jusqu'aux bouquins où l'on étale et décortique notre vie privée, j'avoue que j'ai parfois eu la désagréable impression d'être une voyeuse, de lire quelque chose qui ne m'appartient pas et qui ne devrait pas m'appartenir, jamais. Ce qui s'est passé dans la vie de Camille de Peretti ne me concerne pas et en soi, je n'avais pas spécialement envie de l'être, concernée, justement...

    Portrait photographique de Luisa Casati, intitulé « Pearls », par Adolf de Meyer 


    Cela dit, une fois habituée, je dois dire que je n'ai pas passé un mauvais moment et j'ai trouvé qu'elle écrivait très bien, cette auteure que je ne connaissais pas...c'est peut-être parfois un peu affecté, oui...mais dans l'ensemble, c'est d'une plume fluide et bien dosée que Camille de Peretti construit son récit. Cette Luisa, qui devient sa muse, une idole, reste entourée de bien parts d'ombres. On ne sait pas exactement qui est la Casati, elle qui s'est plu à brouiller les pistes, à tel point que si vous lisez sa biographie sur Wikipédia, vous verrez qu'on lui attribue deux dates de mort, l'une en 1957 et l'autre en 1983 ! L'auteure émet des hypothèses, avec des si et des peut-être...elle ne prétend pas raconter la vérité vraie d'une femme qui, elle-même très certainement, ne la connaissait pas. Nous sommes plus dans une biographie romancée que dans une véritable biographie rigoureuse, basée sur des sources, des recherches... Camille de Peretti a suivi la trace de la Casati, notamment en Italie, visitant la villa Amalia, où elle a vécu enfant puis adolescente. Ayant résidé un temps à Londres, elle s'est rendue sur sa tombe, dans le cimetière de Brompton...mais ce qu'elle a voulu restituer avant tout, du moins je le vois comme ça, c'est une Luisa Casati de chair et de sang. Un peu comme l'ont fait les deux sœurs Anne et Claire Berest dans le roman Gabriële, où elles partent à la rencontre de cette femme mystérieuse (leur arrière-grand-mère) et qu'elles racontent, en acceptant que des parts de mystère ne soient jamais élucidées et disparues à jamais dans les brumes du passé. Alors, le travail du romancier, c'est de se dire : et si ? Et Camille de Peretti le fait très bien. Cette Casati dont elle brosse le portrait devient très vraisemblable. Peut-être la vraie marquise n'était-elle pas, de son vivant, exactement telle que la décrit ici Camille de Peretti...peut-être celle-ci a-t-elle mis d'elle-même dans son personnage, de ses propres expériences...et alors ? Au final, la marquise de Casati a été un personnage tellement hors normes qu'on croit volontiers tout ce que l'on peut lire sur elle dans ce livre ! Après tout, on ne prête qu'aux riches, comme on dit...
    Ce livre a été un roman extrêmement surprenant et s'il m'a laissée perplexe parfois, dans l'ensemble, j'ai aimé découvrir cette femme que je ne connaissais absolument pas auparavant...je n'avais jamais entendu parler de la Casati, je n'ai jamais même lu son nom mentionné dans un livre, un roman, comme si on l'avait complètement oubliée. Cette mondaine qui est la contemporaine de tout un monde -Sarah Bernhardt, Liane de Pougy, Man Ray, De Meyer, les surréalistes- semble avoir été engloutie par l'Histoire. Et Camille de Peretti, dans ce roman, lui rend sa voix et lui redonne un peu de visibilité. Rien que pour cela, en tant que lectrice, je ne peux que me féliciter qu'elle l'ait fait et peu importe, au final, comment elle l'a fait. Bien sûr, le livre aurait été absolument horrible à lire, je ne vous dirais pas ça...mais même si on ne comprend pas vraiment pourquoi l'auteure a tenu absolument à se raconter en même temps qu'elle raconte Luisa, si parfois ce déballage intime met un peu mal à l'aise, pour ma part, j'ai surtout envie de me souvenir des chapitres concentrés sur la Casati et je me dis que son travail d'auteure a été bien mené par Camille de Peretti. Elle trouve les mots justes et son style est agréable. La Casati sera peut-être pour moi la lecture la plus surprenante de l'année mais sûrement pas une déception. J'ai voyagé au début de ce XXème siècle plein de fougue et de fièvre, dans un monde révolu et qui nous fait ouvrir de grands yeux ronds. Nos aïeux étaient bien plus extravagants et vivants que toutes les photos sépia que l'on conserve d'eux peuvent nous le laisser croire ! Si vous aimez les livres qui sortent du lot, les livres inclassables mais qui vous font vous interroger, alors lisez La Casati, en n'oubliant pas que ce n'est pas un récit entièrement centré sur elle et que, peut-être, le résumé induit légèrement en erreur et alors, j'espère que comme moi, vous saurez vous laisser convaincre. 

    En Bref :

    Les + : une approche intéressante, un personnage central intéressant parce que tellement hors normes et excentrique et une plume fluide et agréable à lire. 
    Les - :
    le résumé un peu trompeur qui nous laisse penser qu'on va lire une biographie alors que ce livre est assez inclassable. 


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  • [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

     

    La semaine dernière, je vous ai proposé de voyager aux Philippines, à la découverte d'une tradition très suivie là-bas et qui célèbre la lumière, durant la période de l'Avent. Cette semaine, on revient en France et en Europe pour découvrir les légendes ancestrales attachées à cette période de l'année...Animaux soudain doués de la parole, pierres qui bougent...Noël est une période féerique et propice aux légendes, certaines d'origine chrétienne et d'autres, bien plus oniriques...

     

    Les Êtres Inanimés, dans l'Est et le Nord

    En Franche-Comté, on raconte qu'une roche pyramidale, qui domine la crête d'une montagne, se met à tourner trois fois sur elle-même au moment de la Messe de Minuit, quand le prêtre, durant la cérémonie, lit la généalogie de Jésus-Christ.
    La nuit de Noël également, le sable des grèves, les rochers des collines, les vallées, s'entrouvrent pour laisser apparaître tous les trésors enfouis dans le centre de la terre.
    Dans cette région, on raconte aussi l'étrange histoire de la Pierre qui Vire. Il s'agit d'une haute pierre pointue, qui se trouve en équilibre sur un rocher, entre deux villages : Scey-en-Varais et Cler. Elle fait un tour complet sur elle-même lorsqu'elle arrive l'heure de la Messe de Minuit. Dans les Vosges, un peu plus au Nord, c'est la légende la Pierre Tournerose que l'on raconte à la veillée. Cette pierre se trouve près de la ville de Remiremont et elle se mettait subitement en mouvement lorsque les cloches de Remiremont, Saint-Etienne et Saint-Nabord se mettaient à sonner pour appeler les fidèles à la Messe célébrant la Nativité.
    Ces légendes des Êtres inanimés se retrouvent jusqu'en Normandie, à l'opposé de la Franche-Comté. En pays de Caux, par exemple, il existe des légendes de pierres qui se mettent à tourner (pierres tournantes). Ces pierres se mettaient soudain en mouvement lorsque était célébrée la Messe de Minuit et exécutaient trois tours sur elles-mêmes. Les monstres qui étaient censés habiter les profondeurs de ses rochers sortaient à ce moment-là aussi et exécutaient des danses folles atour d'elles. On peut citer pour exemple la Chaise de Gargantua à Duclair, la Pierre Gante à Tancarville ou encore, la Pierre du Diable à Griquetot-sur-Ouville. En pays de Caux, en plus de ces légendes des Êtres Inanimés, on pense que les cloches perdues se mettent à sonner le soir de Noël : par exemple celles de l'église d'Ouville-l'Abbaye, qui serait enfouie dans le Bosc-aux-Moines, à Boudeville.
    Dans le Contentin, à Minières, se trouve un énorme bloc de pierre qui pèserait une tonne mais parvient tout de même à sauter par trois fois le jour de Noël, à minuit pile.

    Les Légendes Bretonnes sur les Pierres Tournantes

    On le sait, la Bretagne est une terre fertile en ce qui concerne les légendes...
    A Carnac, on retrouve la légendes des Pierres Tournantes. En effet, à Carnac, les menhirs se mettent à tourner sur eux-mêmes par trois fois avant d'aller se baigner dans l'océan. Un jour, un malin bien renseigné sa cacha aux abords de Carnac, la nuit de Noël et attendit que les pierres se déplacent vers l'océan pour mettre la main sur les trésors que l'on dit enfouis sous elles. Il se glissa dans un trou mais, étourdi par le scintillement de l'or qu'il trouve là, il ne pense pas à remonter et, le menhir, rafraîchi par son bain de mer, reprend sa place et écrase l'homme trop hardi. Comme en Normandie, de nombreuses pierres (mégalithes, menhirs) se mettent en mouvement en cette nuit particulière...c'est le cas à Jugon (Côtes-du-Nord) ou un mégalithe se rend à la rivière de l'Arguenon. Dans le bois de Couardes, c'est, cette fois, un bloc de granit qui descend pour vers un ruisseau tout proche pour aller étancher sa soif. Il regagne ensuite sa place de lui-même. Au mont Beleux, tout au sommet, se trouve un menhir qui, la nuit de Noël se laisse emporter par un merle et laisse ainsi à découvert un fabuleux trésor...Les pierres de Plouhinec vont elles aussi boire à la rivière Intel toute proche tandis que la pierre de Saint-Mirel, elle, est liée à la légende rabelaisienne de Gargantua, qui s'en serait servi pour aiguiser sa faux. Après les moissons, il l'aurait plantée comme on la voit encore aujourd'hui. Elle passe pour cacher un trésor qui appâta, un jour, un paysan des alentours. Ce dernier était très avare et lorsqu'il sut que les roches, à la Noël, laissait à découvert de fabuleux trésors pendant qu'elles descendaient vers les ruisseaux pour se désaltérer, songea à s'en emparer.
    Pour pouvoir récupérer le trésor caché sous la pierre de Saint-Mirel, il fallait au paysan s'emparer d'un rameau d'or qu'il trouverait dans les bois de coudriers. Ce rameau avait autant de puissance que la baguette des fées. Muni de ce rameau magique, le paysan se précipita vers le plateau où se trouvait la pierre. A minuit, il la vit bouger et s'élever au dessus de la terre. Il s'approcha alors du trou béant laissé dans la terre par la pierre mobile et l'éclaira de son rameau d'or. Il fut émerveillé par tout l'or qu'il vit au fond du trou et se mit à l'entasser dans ses poches, dans un sac, dans ses vêtements...mais, aveuglé par cette richesse, il oublia que la pierre allait à un moment où un autre reprendre sa place...lorsque celle-ci s'élanca pour se remettre dans le trou comme si elle n'en avait pas bougé, l'avare s'y trouvait toujours. Il fut broyé par la masse de la pierre et son sang arrosa le fabuleux trésor de Saint-Mirel.

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     

    Les légendes animalières

    La croyance la plus populaire est que les animaux, la nuit de Noël sont soudainement doués de la parole, comme les humains et se mettent donc à conserver pendant la Messe de Minuit, notamment pendant la lecture ou le chant de la Généalogie du Christ. C'est sans doute les restes des mystères médiévaux de Noël où l'on faisait parler les animaux présents dans la crèche de la Nativité. 
    Dans les Vosges, on veille bien à donner beaucoup à manger aux animaux avant de se rendre à la Messe. Dans le Val-d'Ajol on croit en effet que les animaux se mettent à parler entre eux. Un habitant de Cornimont se jura d'en avoir le cœur net. Il alla donc se coucher, discrètement, dans un coin de son écurie et attendit. Lorsque minuit sonna, il vit l'un de ses bœufs se réveiller, s'approcher de l'un de ses compagnons et lui demander ce qu'ils feraient le lendemain. Son compagnon lui répondit qu'ils mettraient leur maître en terre. Le pauvre homme fut saisi d'une telle frayeur qu'il tomba raide mort et les bœufs menèrent ainsi leur maître au cimetière comme ils l'avaient prédit ! Une semblable mésaventure arriva à une habitante d'un petit village proche de Remiremont, qui, allant visiter ses étables pendant la Messe de minuit entendit ses boeufs dire qu'ils ne tarderaient pas à la porter en terre.
    Dans les Landes, on assure aussi que les animaux de la crèche se mirent à parler le soir de Noël, évoquant la naissance du Christ : le bébé n'avait alors que leur haleine pour se réchauffer. Ce don miraculeux est envoyé chaque année aux animaux de la crèche en souvenir de la Nativité. Cependant, entendre les animaux parler le soir de Noël causera un grand malheur au curieux qui tendra l'oreille : il tombe mort à l'instant même !

    Les légendes liées au Diable

    La nuit de Noël est une nuit de fête, certes, mais c'est aussi une nuit...particulièrement mystérieuse ! A l'approche de Noël, Satan se met à détester encore plus que d'habitude les humains. En effet, la naissance de Jésus lui remet en mémoire son propre et cuisant échec (n'oublions pas que Satan est un ange déchu qui tomba du Paradis). Il jette sur les chemins des pistoles, qui ne manqueront pas d'attirer, par leurs reflets, les fidèles en route pour la Messe de Minuit. Au pied des croix et des oratoires champêtres, il ouvre des gouffres où des millions de monnaies d'or ruissellent. Malheur à celui qui voudra remplir ses poches de cette manne inespérée ! Les pistoles lui échapperont mais laisseront sur ses doigts une trace noire indélébile et une sensation de brûlure terrible rappelant les Feux de l'Enfer !
    Le Malin est partout et on le rencontre, surtout dans la campagne, sous des formes souvent inattendues !
    Il y'a longtemps, au collège Saint-Anand, un vieux domestique racontait l'aventure qui lui était arrivée, le 25 décembre de l'an 1783. Il était jeune alors et avait tendu ses collets dans un ancien cimetière, malgré les mises en garde de son père. Pendant la Messe de Minuit, il courut à son collet et trouva un lièvre pris au piège. Ce dernier, le voyant arriver, se coupa alors la patte avec les dents et détala. Le jeune homme se met à poursuivre sa proie, qui file, malgré sa blessure. Ils arrivent alors au bord du Cher et l'animal saute, alors que le jeune chasseur allait mettre la main sur lui. Le Diable -car c'était bien lui, métamorphosé en lièvre-, reprit sa forme initiale et lança au jeune homme, plus qu'effrayé, on peut s'en douter : « Eh bien ! L'ami, est-ce bien sauté pour un boiteux ?»
    Dans la campagne limousine on pense au contraire que tous les maléfices et autres sortilèges perdent toute leur puissance lors de la nuit de Noël. Il est ainsi possible d'accéder à tous les trésors possibles, les monstres ou êtres surnaturels les gardant en temps normal n'ayant plus aucun pouvoir en cette nuit bénie et magique.

    Croyances et superstitions populaires

    Noël est souvent associé à la chance : ainsi, un enfant né le jour de Noël est, selon la croyance, voué à un avenir très prometteur. Par exemple, on pense que l'enfant né un 25 décembre est automatiquement sauvé de la pendaison et de la noyade et que toute sa vie, il connaîtra la chance et le bonheur.
    La personne qui parvient à trouver un noisetier, à minuit, verra qu'il y pousse un rameau d'or. Si elle parvient à le couper entre les douze coups de minuit, elle sera riche pour toujours. Par contre, si minuit achève de sonner et que le rameau n'est pas coupé, l'imprudent va rejoindre le royaume des morts.
    Il se passe de nombreuses choses en cette nuit de Noël : démons et sorcières sillonnent le ciel (le Père Noël et ses rennes ne sont donc pas les seuls de sortie cette nuit-là), les animaux sont soudainement doués d'un langage aussi humain que possible, les abeilles s'agitent dans les ruches et les arbres fruitiers se couvrent de fleurs qui disparaissent au douzième coup de minuit. A Marienstein, par exemple, un sanctuaire particulièrement aimé de la Suisse septentrionale et de l'Alsace, une magnifique rose particulièrement odorante, fermée toute l'année, s'ouvrait chaque soir de Noël : c'est la rose de Noël ou Rose des Neiges.

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #2 Légendes de Noël

     


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  • « Nous avons encore le reste de la vie devant nous, non ? »

    L'Ange de Marchmont Hall ; Lucinda Riley

     

    Publié en 2015 en Angleterre ; en 2018 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Angel Tree

    Editions Charleston (collection Poche) 

    710 pages 

    Résumé :

    Trente ans ont passé depuis que Greta a quitté Marchmont Hall, une magnifique demeure nichée dans les collines du Monmouthshire. Lorsqu'elle y retourne pour Noël, sur l'invitation de son vieil ami David Marchmont, elle n'a aucun souvenir de la maison – le résultat de l'accident tragique qui a effacé de sa mémoire plus de vingt ans de sa vie.
    Mais durant une promenade dans le parc enneigé, elle trébuche sur une tombe. L'inscription érodée lui indique qu'un petit garçon est enterré là. Cette découverte bouleversante allume une lumière dans les souvenirs de Greta, et va entraîner des réminiscences.
    Avec l'aide de David, elle commence à reconstruire non seulement sa propre histoire, mais aussi celle de sa fille, Cheska…

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Pour Noël en 1985, Greta revient à Marchmont Hall, un domaine du Pays du Galles, qu'elle avait quitté plusieurs années auparavant. Depuis, un accident lui a fait perdre la mémoire et elle cherche à retrouver ses souvenirs. Une découverte dans les bois de Marchmont, lors d'une promenade, va la faire partir sur les traces de son passé, sa vie à Londres pendant la guerre et après, la naissance de sa fille Cheska, la célébrité précoce de celle-ci...Auprès des siens, Greta rassemble un puzzle qui avait volé en éclats.
    A la lecture du résumé, on s'attend à un roman à la Kate Morton : une famille, des secrets, un grand domaine perdu dans la campagne britannique...tout y est ! Et vous savez comme j'aime Kate Morton, qui ne m'a jamais déçue jusqu'ici...Et puis surtout, Lucinda Riley n'est pas une inconnue pour moi. Si je n'ai pas lu sa fameuse saga des Sept Sœurs, qui lui a fait connaître le succès, j'ai beaucoup aimé La Jeune Fille sur la Falaise, lu l'année dernière. Alors, j'attendais beaucoup de L'Ange de Marchmont Hall.
    Malheureusement, ça n'a pas pris avec moi. Oh, je n'ai pas détesté, loin de là et ce livre a beaucoup de qualités mais...il n'aura pas réussi à me convaincre. Déjà, j'ai trouvé le début confus ; l'auteure nous plonge tête la première dans une intrigue dont on ne sait rien et j'ai peiné à comprendre les liens entre les personnages...il m'a fallu un petit peu de temps avant de tout comprendre. Une fois ce petit inconvénient surmonté, je me suis dit que ça allait le faire et que j'allais pouvoir apprécier cette lecture, d'autant plus que c'est un bon pavé...Et puis non, l'impression mitigée du départ a fini par s'installer pour ne plus repartir. Je l'ai lu jusqu'au bout et si certains chapitres, notamment en milieu de roman, ont réussi à m'intéresser, dans l'ensemble, j'ai trouvé que L'Ange de Marchmont Hall était too much...trop romanesque, trop caricatural, trop...tout. Ce n'était pas une lecture désagréable, mais je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que cette intrigue n'était pas du tout à la hauteur de celle de La Jeune Fille sur la Falaise qui, pour moi, révèle un talent de conteuse certain chez Lucinda Riley. Ici, je n'ai pas réussi à croire ce qu'il arrivait aux personnages, cela me paraissait bien trop téléphoné. Et surtout, les personnages n'ont pas réussi à me toucher. J'imagine que je ne suis pas la seule mais, au-delà de l'intrigue, ce qui est le plus important, ce sont les personnages...parfois, ils peuvent même sauver un récit un peu bancal. Des personnages touchants et bien travaillés font la moitié du boulot, pour moi. Ici, à l'exception d'Ava, toute simple, ayant vécu toute sa vie au contact de la nature sauvage du Pays de Galles et des animaux, au point d'en faire son métier et peut-être un peu de David plein d'abnégation et d'empathie, je n'ai pas réussi à me sentir spécialement proche des personnages. Greta m'a laissée relativement indifférente et j'ai franchement détesté Cheska, même si, petite fille, elle est touchante. Ce qu'elle devient par la suite ne m'a pas donné envie de m'intéresser à elle.
    Dernière chose, alors que j'avais aimé l'écriture de Lucinda Riley dans La Jeune Fille sur la Falaise, là, j'ai trouvé le style bien moins fluide et les dialogues qui commencent sans arrêt par « Bon » m'ont horripilée, clairement.
    Mais parce qu'un livre ne peut pas avoir que des défauts -comme il ne peut pas avoir que des qualités-, parlons maintenant de ses points positifs. J'ai trouvé que l'auteure abordait parfaitement bien la célébrité précoce et ce qu'elle peut engendrer comme troubles sur une personne déjà un peu fragile psychiquement. Cheska devient par hasard actrice à l'âge de quatre ans, en faisant de la figuration dans un film. Mais, de fil en aiguille, son talent se révèle et, poussée par sa mère, qui joue auprès d'elle un véritable rôle d'agent, elle devient actrice à plein temps, soumise à une pression constante et à une obligation de résultat bien trop lourdes pour ses fragiles épaules d'adolescente puis de jeune femme isolée dans un monde factice. Evidemment, on ne peut s'empêcher de se dire qu'elle n'est pas responsable de ses actes, même si le personnage peut apparaître monstrueux parfois. J'ai espéré très fort que cela me permettrait de m'attacher un petit peu à elle, mais malheureusement, ça n'a pas fonctionné. Quoi qu'il en soit, Cheska est le symbole de tous ces jeunes enfants brisés par une célébrité trop soudaine et trop brutale qu'ils ne savent pas gérer, au point, parfois, de détruire toute leur vie. Enfin, j'ai admiré le dévouement et l'abnégation de David, l'un des rares personnages masculins de ce récit, qui se dévoue corps et âme, d'abord à Greta, dont il est un ami, puis à Cheska et enfin à Ava, la seule qui semble d'ailleurs avoir un peu de reconnaissance pour lui.
    Ce sont les seuls points positifs que je peux soulever dans L'Ange de Marchmont Hall. J'ai été déçue de ne pas aimer ce roman, de ne pas m'attacher et de me sentir indifférente devant ce récit qui avait pourtant tout pour me plaire. Pour moi, il est inconcevable de comparer ce roman à ceux de Kate Morton, toujours menés d'une main de maître. Ici, ça s'essouffle trop vite pour être crédible, c'est trop long et les personnages ne se bonifient franchement pas avec le temps et c'est dommage. Ce roman avait du potentiel, c'est une belle histoire qu'avait forgée au départ Lucinda Riley. Dommage que sa restitution par écrit ne marche pas. Pour moi, c'est un gros flop

    En Bref :

    Les + : une bonne idée de départ ; le cadre et l'ambiance sont sympathiques...
    Les - : des personnages caricaturaux et pas du tout attachants, un style lourd, des longueurs...ce roman a vraiment peiné à trouver grâce à mes yeux, je suis totalement restée indifférente.


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  • [POUR ATTENDRE NOËL] #3 Traditions du monde entier : La fête de la sainte-Lucie en Suède

     

    [POUR ATTENDRE NOËL] #3 Traditions du monde entier : La fête de la sainte-Lucie en Suède

      

    Le 13 décembre est jour de la sainte Lucie et donne lieu à une première réjouissance de Noël en Suède. Cette tradition est aussi observée en Italie, mais, étrangement, elle est bien plus respectée en Suède qu'en Italie, d'où la sainte est originaire.
    D'ailleurs, peut-être vous demandez-vous qui est-elle ? Sainte née vers 283 à Syracuse en Sicile, elle est célébrée par toutes les églises chrétiennes, des catholiques aux Anglicans, en passant par les orthodoxes, les luthériens et les Eglises orientales. Patronne des malvoyants, opticiens, ophtalmologues, écrivains, commerçants, entre autres, elle est aussi la protectrice des ville de Pérouse, Syracuse et Mtarfa. L'iconographie religieuse la représente souvent portant ses yeux sur un plateau qu'elle tient entre ses mains : des sources écrites mentionnent qu'on lui aurait, lors de son martyr, arraché les yeux ou bien qu'elle-même les ait arrachés pour les envoyer à son fiancé menaçant de dénoncer son appartenance à la religion chrétienne et son reniement des dieux romains. Après cela, la Sainte Vierge lui en aurait apporté de plus beaux encore. Son nom, Lucie ou Luce, dérivé du mot latin « lux » qui signifie lumière l'associe donc aux nombreuses fêtes de la lumière, notamment en Scandinavie et plus particulièrement en Suède, qui ont lieu au mois de décembre, peu avant Noël.

     

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    La nuit du 13 décembre est, selon la tradition, la plus longue de l'hiver. C'est donc une nuit propice à l'apparition d'être maléfiques et terrifiants. Alors, quoi de mieux pour les chasser que de la lumière ? Ainsi, pour illuminer cette longue nuit et se protéger des esprits malins, on désigne en Suède une jeune fille vêtue de blanc et portant un bandeau sur lequel sont allumées des bougies : elle devient ainsi la sainte Lucie, qui avait pour mission d'aller d'une ferme à l'autre, accompagnée de son cortège.
    Aujourd'hui, le déroulement de la fête n'a quasiment pas changé : on continue d'élire sainte Lucie et dans beaucoup de villes et villages de Suède, des cortèges d'enfants et adolescents, filles et garçons confondus (ceux-ci sont parfois déguisés en « Pepparkaksgubb », littéralement « bonhomme de pain d'épices »), défilent dans les rues, portant une bougie blanche entre les mains. Le 13 décembre n'est pas un jour férié mais la fête est malgré tout très observée, encore aujourd'hui. On confectionne de petites brioches parfumées au safran, les « Lussekatter », que l'on mange à l'école pour le goûter, ou bien au petit-déjeuner. Dans les familles, c'est la fille aînée qui revêt le costume de sainte Lucie puis, accompagnée de ses frères et sœurs plus jeunes, elle apporte le petit-déjeuner à ses parents. La fête de sainte Lucie donne lieu à des réjouissances ou de grands repas, comme dans les universités où les étudiants se rassemblent avant de retourner dans leurs familles pour les fêtes.

     Image associée

    Sainte Lucie de Syracuse, sainte chrétienne du IVème siècle. 


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