• Alchemia, tome 3, Le Souffleur de Cendres ; Viviane Moore

    « L'argent, tout est dans l'argent. »

    Alchemia, tome 3, Le Souffleur de Cendres ; Viviane Moore

     

    Publié en 2017

    Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

    312 pages

    Troisième tome de la saga Alchemia 

    Résumé :

    Paris, hiver 1587. La glace a figé les eaux de la Seine, les miséreux envahissent les rues. Au Louvre, le premier valet du roi trouve sur la table de chevet d’Henri III une figurine de cire percée d’aiguilles et une bougie d’envoûtement. Le jeune commissaire Jean du Moncel devra mener l’enquête au plus près du pouvoir mais surtout découvrira une nouvelle facette de cet art étrange qu’est l’alchimie. Une fois de plus, sorcellerie et médecine se côtoient, le passé et le présent se mêlent, séparant Jean de son amante, la mystérieuse Sybille, disparue sans laisser de traces dans le dédale de la Cour des Miracles.

    Mon Avis :

     En 1587, le règne d'Henri III touche à sa fin, l'omnipotence de la reine mère, Catherine de Médicis, aussi. Même s'ils ne le savent pas, la dynastie des Valois n'en a plus que pour deux ans et, au Louvre, ça sent la fin de règne. Par une politique de balance maladroite, Henri III mécontente les huguenots comme les catholiques et, en chaire, les prêtres n'hésitent pas à dénoncer ce roi incapable, entouré de mignons poudrés et, dit-on, favorable à l'hérésie.
    Sur la table de chevet du roi, d'ailleurs, ont été retrouvés une bougie d'envoûtement et une effigie en cire, piquée d'épingles.
    Au même moment au Châtelet, un commissaire enquêteur, collègue de Jean du Moncel, qui travaillait sur une affaire brûlante, disparaît. Que s'est-il passé ? Sa disparition a-t-elle un rapport avec les cadavres d'un couple de marchands, retrouvé dans la cave d'une maison abandonné et dans la Seine ? Et tandis que Jean enquête sur cette étrange affaire, il doit faire face aussi à la disparition de celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer, dans le dédale de la Cour des Miracles...
    Une chose est sûre, ce début d'année 1587 n'est pas de tout repos ! Le contexte est troublé et les meurtres s'enchaînent. On retrouve Jean du Moncel qui, comme Sybille Le Noir, sert de trame au récit depuis le premier roman, peut-être même plus que la jeune femme, d'ailleurs. A force de travail et d'expérience, Jean est devenu un très bon enquêteur, en qui le lieutenant criminel a toute confiance et il se voit même chargé d'un office important, dépendant directement de la couronne. Sybille, elle, continue de poursuivre son rêve, mais secrètement puisque la médecine est alors interdite aux femmes. Courageuse, elle s'aventure dans les quartiers les plus malfamés mais aussi les plus nécessiteux de la capitale et où un grand besoin de soins se fait sentir.
    Dans cet ultime tome d'Alchemia, si l'alchimie est, étrangement, un peu plus effacée que dans les deux premiers livres, on la retrouve malgré tout, dès le titre. Un souffleur de cendres, pour les vrais alchimistes, est un charlatan, un faux alchimiste qui utilise leur science à des fins qu'ils ne cautionnent pas. On peut se servir de l'alchimie, comme Theophraste Le Noir dans le premier tome, pour tenter de mettre au point un remède universel. Mais on peut aussi, comme l'alchimie se fonde surtout sur la transmutation des métaux, en user pour des trafics de toute sorte...
    Et c'est justement ce qui se passe en ce début d'année 1587. De la fausse monnaie circule dans Paris et Jean du Moncel est sur la piste de l'inquiétant commanditaire, qui semble hors de portée mais voit tout et entend tout, agissant parfois plus vite que la police ! Le Souffleur de Cendres est peut-être le meilleur des trois romans !
    Attention, les deux premiers tomes ont su totalement me convaincre et j'ai vraiment aimé cette saga mêlant Histoire, enquêtes policières et sciences occultes. Mais j'ai trouvé que l'enquête ici était peut-être plus complexe, un peu moins linéaire, peut-être aussi plus difficile à dénouer que les premières.
    Et surtout, j'ai aimé que l'auteure ici se base sur un fait divers authentique et elle l'intègre parfaitement dans sa fiction... Comme l'a fait Jean d'Aillon dans le quatrième tome de sa saga Les Aventures d'Olivier Hauteville ! J'ai eu un énorme doute tout au long de ma lecture... Cette histoire me disait quelque chose et oui en effet, c'est le cas puisque Jean d'Aillon, auteur de romans historiques, à la plume prolixe et qu'on ne présente plus d'ailleurs, s'est inspiré lui aussi de cet événement pour sa nouvelle Le Faux Monnayeur Bouilli Tout Vif.
    A part ça, j'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans La Femme sans Tête et L'Homme au Masque de Verre : descriptions précises du Paris de la fin du XVIème siècle, de sa violence, de sa saleté, de sa beauté aussi. Viviane Moore s'est documentée sur beaucoup d'aspects de la société de l'époque : sa police, sa justice, l'aspect de la capitale sous le règne des derniers Valois. Le contexte historique est peut-être, toujours à mon sens, un peu trop absent, passant trop en arrière-plan mais le récit a suffisamment de qualités pour ce que cette petite remarque ne reste qu'un bémol sans trop de conséquences. L'important est qu'on s'y croie et effectivement, on voyage dans le temps et on y est, dans ces rues de Paris où se côtoient toutes les couches de la société, des plus pauvres aux plus riches et où huguenots et catholiques se déchirent sans répit.
    Le Souffleur de Cendres clôture bien cette trilogie. Elle s'est bonifiée dans le temps et se termine sur une note positive, peut-être un peu convenue, certes, mais qui fait refermer le roman avec un sourire. Même les intrigues les plus tourmentées peuvent bien se terminer et le dernier tome d'Alchemia en est la preuve.
    On arrive maintenant au moment fatidique : est-ce que je vous conseille ce roman et la saga en général ? La réponse est oui et je suis contente de ne pas m'être arrêtée aux avis vraiment mitigés que j'avais pu lire jusqu'ici. Evidemment, chacun juge sa lecture comme il l'entend mais je dois bien avouer que je ne me suis absolument pas retrouvée dans les réserves des autres lecteurs. Pour moi, Alchemia est une bonne saga historique et policière, située dans un contexte intéressant, souvent traité en littérature, il est vrai, mais Viviane Moore n'a rien à envier à d'autres romanciers car elle a réussi à créer un véritable univers dans lequel naviguent des personnages intéressants et tous bien travaillés : Theophraste Le Noir, médecin et alchimiste, se battant pour un idéal tellement étranger à l'époque mais qu'on ne peut, nous lecteurs contemporains, que comprendre et louer, Sybille, sa fille, passionnée, courageuse et déterminée, Jean du Moncel, commissaire enquêteur au Châtelet, perspicace, logique et professionnel...et il y'a aussi tous les autres, ces personnages historiques authentiques, qui se mêlent aux personnages fictifs, pour donner lieu à une bonne fiction historique et légèrement mystérieuse, suffisamment en tous cas pour éveiller curiosité et fascination chez son lecteur. Alchemia est une saga efficace et qui saura certainement séduire les amoureux du genre.

    En Bref : 

    Les + : encore une fois, le style de l'auteure, l'intrigue, entre sciences occultes, enquêtes policières et Histoire...
    Les - : que le contexte historique soit peu présent mais cela ne reste qu'une petite remarque bénigne...


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