• Belgravia ; Julian Fellowes

    « Une existence constituée d'une succession de plaisirs éphémères ne satisfait personne. Il faut avoir un but, une raison d'exister. »

    Belgravia ; Julian Fellowes

     

    Publié en 2016 en Angleterre ; en 2017 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Belgravia

    Editions 10/18 (collection Domaine Etranger)

    528 pages

    Résumé :

    15 juin 1815. Tandis que les troupes de Napoléon sont en marche, la jeune Sophia Trenchard ne peut cacher sa joie.  Issue d'une famille d'intendants, la voilà invitée au bal de la duchesse de Richmond, l'événement qui réunit la plus brillante société de Grande-Bretagne à Bruxelles. Elle espère surtout y croiser le beau Edmund Bellasis, le meilleur parti du moment. Mais la soirée est interrompue par l'annonce d'une bataille imminente : Waterloo. Vingt-cinq ans plus tard, les Trenchard se sont installés à Belgravia, bastion londonien de l'aristocratie. Mais un scandale passé menace leur insolente réussite...

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1815 à Bruxelles se prépare le grand bal de la saison, organisé par la duchesse de Richmond. Alors que les canons français tonnent au loin et que Napoléon, revenu d'exil, marche dangereusement vers la ville, les Anglaise installés en Belgique cherchent à s'etourdir une dernière fois, avant l'assaut final, qui désignera un vainqueur. A ce bal se retrouvent, peut-être pour la dernière fois, Sophia Trenchard et Edmund Bellasis. Très jolie et déterminée, Sophia n'est pourtant que la fille d'un intendant de l'armée de Wellington tandis que Bellasis est l'héritier d'un comte, lord Brockenhurst, à la fortune certaine. En un mot, ils ne sont pas du même milieu, même si le père de Sophia aimerait croire le contraire, mais ils sont amoureux ou du moins croient-ils l'être. A l'aube de Waterloo, les cartes s'apprêtent à être rebattues et redistribuées...
    Vingt-cinq ans plus tard, nous retrouvons les Trenchard et les Brockenhurst à Londres. Si lord et lady Brockenhurst restent égaux à eux mêmes, toujours aussi puissants et fortunés, installés dans une sublime maison de Belgrave Square, les Trenchard ont monté en grade si on peut dire et s'efforcent de vivre dans un milieu qui n'est pas le leur et dans lequel, malgré tous leurs efforts, ils n'ont pas leur place. Pourtant, il se pourrait bien que ces deux familles, totalement à l'opposé l'une de l'autre aient un secret et des intérêts en commun qui pourraient bien, malgré tout, les rapprocher...
    Belgravia, c'est un peu le roman devant lequel on ne peut passer, si on aimé Downton Abbey et c'est mon cas. Moi qui ne suis absolument pas cinéphile ni sériphile pour trois sous, je suis forcée d'avouer que j'ai énormément aimé cette série ! L'histoire, les personnages, le contexte historique, la grande histoire comme la petite, tout est réuni pour créer un ensemble cohérent, plausible et vraiment intéressant, avec en plus la touche british qui va bien !
    Alors, même si ce n'est pas vraiment la même époque et que Belgravia se déroule un peu moins de cent ans auparavant, j'espérais en le commençant, retrouver ce que j'avais tant aimé dans Downton Abbey et effectivement, Julian Fellowes ne m'a pas déçue. On retrouve comme dans DA un panel de personnages varié et bien travaillé et j'ai aussi aimé l'époque : j'adore les romans qui se passent au XIXème siècle !
    Certains lecteurs ont été déçus à la lecture de Belgravia parce qu'ils ont trouvé qu'il ne s'y passait pas grand chose et que l'intrigue était prévisible... effectivement, je ne peux pas vraiment leur donner tort mais, au lieu de me gêner, cela m'a plu, finalement !
    Que l'intrigue soit prévisible ne m'a pas dérangée outre mesure, quant au fait que l'intrigue soit relativement plate... En fait, elle ne l'est qu'en apparence et est finalement bien plus complexe qu'elle n'y paraît au premier abord. En tous cas, en ce qui me concerne, elle m'a totalement convaincue et j'ai pris un grand plaisir à la découvrir et à la lire d'autant plus que j'ai trouvé le style de l'auteur vraiment efficace. J'y ai retrouvé cette petite touche très anglaise et inimitable, entre flegme tout britannique et humour mordant, presque ironique, à la Lady Susan.
    Les relations entre les personnages m'ont aussi beaucoup plu ainsi que la manière dont ils interagissent. Chacun a une personnalité propre, une vraie psychologie très poussée et j'ai vraiment apprécié cet aspect là du roman. Que ce soient les hommes ou les femmes, les plus fortunés ou ceux qui le sont moins, les nobles ou les serviteurs, ils sont ciselés, vraiment aboutis et on sent chez l'auteur tout l'investissement qu'il a pu y mettre, exactement comme dans Downton Abbey. Même si ce n'est pas la même époque, j'ai ressenti pas mal d'analogies entre les deux œuvres, notamment au niveau de l'ambiance et de l'atmosphère. Peut-être pas cela dit au niveau des relations humaines, beaucoup plus bienveillantes dans Downton Abbey... Dans Belgravia, elles sont complexes et les plus méprisés ne sont pas ceux que l'on croit : ainsi, même les domestiques ne sont pas exempts de certaines idées reçues et préjugés, tandis que les maîtres se comportent parfois comme les derniers des derniers ! Mépris et condescendance motivent les grands tandis que les autres, du moins ceux qui le peuvent, tentent de s'élever à leur niveau en suscitant un apitoiement feint et des sourires un peu dédaigneux. La société du XIXème siècle est finalement bien plus complexe qu'il n'y paraît : l'époque victorienne est faite de beaucoup de nuances, elle n'est ni toute noire ni toute blanche et Belgravia illustre assez bien ceci.
    J'ai trouvé que Julian Fellowes parvenait très bien à restituer le contexte et à brosser un portrait vraisemblable de cette société bourgeoise et aristocrate, encore régie par énormément de codes tacites, ou pas, ou le moindre secret peut entraîner une chute irrévocable et empoisonner une vie comme une réputation, à une époque où elle est si importante.
    Belgravia est un bon roman historique. Quoi qu'on en dise, l'auteur s'en sort très bien et malgré, peut-être, quelques petites longueurs, on ne peut pas dire que Belgravia soit un mauvais livre. Je ne crois pas qu'il ne s'y passe rien, c'est bien plus complexe que ça, au final. Pour moi, l'intrigue n'est pas fade du tout bien au contraire ! Si vous aimez les scones et le tea time, les dialogues ciselés et la verdure anglaise avec, là dessus des relations et interactions humaines intéressantes, alors lancez-vous et nul doute que vous aimerez Belgravia... Je crois que je préfère toujours Downton Abbey mais n'empêche, Belgravia, c'était un chouette moment de lecture ! 

    En Bref : 

    Les + : Julian Fellowes se fait le portraitiste précis et investi d'une société complexe et très codifiée, remarquablement bien décrite et dans laquelle évoluent des personnages ciselés, de la même qualité que ceux de Downton Abbey
    Les - : une intrigue peut-être un peu prévisible, en effet et cela peut déranger certains lecteurs, même si ça n'a pas été le cas pour moi. Deux, trois longueurs. 


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  • Commentaires

    1
    Mélissa
    Samedi 31 Mars 2018 à 17:24

    Jolie critique sur un livre qui me fait de l'oeil depuis un petit moment mais pas pour les même raisons que toi. Je ne connais pas la série " Downtown Abbey " ( oui je sais, shame on me tongue ) et n'étant guère cinéphile et sériphile non plus... C'est plus parce que ce roman me fait penser un peu à ce jeu de Jane Austen que j'apprécie beaucoup. Et ce livre semble dans le même " ton " que ses écrits, enfin c'est ce que j'en déduis d"après ta critique. Donc je pense me lancer à mon tour. cool

    Encore une jolie critique qui va faire augmenter ma PAL, lol. ^^

    Mélissa.

      • Samedi 31 Mars 2018 à 18:32

        Oui, effectivement, plus qu'à Downton Abbey (il y'a des similitudes bien évidemment, étant donné que l'auteur est le même) c'est aussi à Jane Austen et aux relations très codifiées qui unissent les gens à l'époque que Belgravia m'a fait penser. ^^ J'ai aussi, comme je le dis dans mon article, retrouvé un peu de cette ironie très piquante qui m'avait beaucoup plu dans Lady Susan, par exemple. happy

        Belgravia est un roman très anglais qui saura séduire les amoureux de la Grande-Bretagne et de son ambiance bien particulière. 

        J'espère que tu aimeras. ^^

    2
    Dimanche 1er Avril 2018 à 02:51
    Cellardoor

    C'est un joli livre qui sait en effet séduire les amatrices de littérature britannique. Je l'ai lu durant ma pause bloguesque de l'été dernier et j'ai passé un excellent moment avec ce livre. J'ai moi aussi aimé son ironie, notamment dans les dialogues et même si l'histoire n'est pas ultra palpitante, c'est plutôt bien écrit ! On ne peut pas le déconseiller :)

      • Dimanche 1er Avril 2018 à 14:18

        Oui, je te rejoins complètement. L'histoire n'est peut-être pas palpitante mais elle est quand même très intéressante : c'est un beau portrait de la société de l'époque, particulièrement cruelle et sans scrupules. J'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans Downton Abbey : cette ambiance un peu surannée mais pas ringarde pour autant, ces relations tellement codifiées, ces carcans dans lesquels bourgeois et aristocrates s'enferment...^^ Une très bonne surprise, assurément. cool

    3
    Mercredi 11 Juillet 2018 à 07:57

    Dès que j'entends parler de ce livre, j'ai très envie de le lire. S'il ne passe rien dans ce roman comme dirait certains, c'est aussi le cas dans la série "Downton Abbey". Il faut peut-être davantage prendre conscience du contexte que de l'histoire elle-même...

      • Mercredi 11 Juillet 2018 à 12:52

        Oui tout à fait : on ne regarde pas Downton Abbey dans l'espoir qu'il se passe quelque chose ! smile Mais c'est tout ce qu'il y'a autour qui est intéressant et dans Belgravia c'est un peu la même chose ! Je pense vraiment que ce roman pourrait te plaire ! wink2

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