• Cavendon, tome 3, L'Héritage des Cavendon ; Barbara Taylor Bradford

    « Rien ne nous arrêtera. Du moment que nous sommes ensemble. »

    Cavendon Hall, tome 3, L'Héritage de Cavendon ; Barbara Taylor Bradford

    Publié en 2016 en Angleterre ; en 2018 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Cavendon Luck 

    Editions Le Livre de Poche 

    456 pages 

    Troisième tome de la saga Cavendon 

     

    Résumé : 

    Eté 1938. Cecily et Miles Ingham s'apprêtent à reporter leurs vacances familiales à Zurich, la situation sur le continent étant devenue très préoccupante. Cecily décide cependant de s'y rendre, accompagnée de sa belle-sœur Diedre, qui travaille dans les renseignements, afin de sauver les proches de son assistante, Greta, d'origine juive allemande. De là, elles parcourent le pays pour exécuter leur plan, sous couvert d'assister à une soirée donnée à Berlin par l'ambassade britannique. 
    Une fois la guerre déclarée, frères, fils et pères sont appelés à servir. Restées seules au château, victimes des bombardements et des privations, les femmes Ingham et Swann - leurs domestiques - abolissent les barrières sociales pour s'entraider et se protéger. Des deux côtés de la Manche, chacun se bat pour ses idéaux, espérant entendre bientôt résonner de nouveau les rires à Cavendon. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Voilà, je viens de terminer le troisième tome de Cavendon, la saga de Barbara Taylor Bradford et avec un ressenti beaucoup moins mitigé que lors de ma lecture des deux premiers tomes, l'année dernière.
    Je ne vous dirai pas que l'auteure m'a convaincue pleinement cette fois et je reste encore assez hermétique à sa manière d'écrire et à ses dialogues qui sonnent un peu faux -disons qu'ils passent relativement bien à l'écrit mais qu'on a du mal à imaginer quelqu'un les prononcer et cela fait perdre en crédibilité au récit, je trouve.
    Pour autant, l'aspect historique a su me captiver et j'ai finalement oublié les petits désagréments qui m'ont effectivement agacée parfois, au cours de ma lecture, mais qui sont des défauts mineurs : la Seconde Guerre Mondiale est une période qui m'a toujours intéressée...je ne suis pas une passionnée mais j'aime les romans qui s'y passent.
    Et ce troisième tome démarre justement en 1938, neuf ans après la fin du deuxième tome Les Femmes de Cavendon Hall -et à l'aube de la guerre- et on y retrouve tous les anciens personnages mais aussi des enfants qui ont grandi ou sont nés dans ce laps de temps. Des événements tragiques ou heureux ont jalonné la vie des Ingham et des Swann pendant ces neuf années qui les ont amenés du krach boursier de 1929 à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale mais auxquels le lecteur n'a, évidemment, pas assisté, ce qui peut perturber un peu, mais sans plus.
    Nous retrouvons, au cours de ce bel été de 1938, la famille Ingham au complet : Miles, Cecily et leurs enfants vivent sur le domaine familial en compagnie du père de Miles, le sixième comte de Mowbray Charles Ingham et sa seconde épouse, Charlotte Swann. Ils partagent les lieux avec Daphné, la sœur de Miles, son époux Hugo et leurs enfants, notamment Charlie, qui aspire à devenir religieux et Alicia, qui, elle, rêve de devenir actrice. La soeur aînée Diedre, qui a débuté pendant la guerre de 1914-1918 une carrière au War Office, continue d'y travailler et elle est l'un de leurs meilleurs agents. Quant aux deux autres sœurs, DeLacy vit à Londres, où elle papillonne sans jamais vraiment se fixer. Et la petite dernière, Dulcie, trente ans maintenant et découverte toute petite dans le premier tome, elle est mariée à James Bretenwood, un acteur en vogue et vit avec lui de l'autre côté de l'Atlantique, à Los Angeles, où son mari est accaparé par plusieurs projets et notamment le tournage du film Autant en emporte le vent, où joue l'un de ses amis, le célèbre Clark Gable.
    Malgré tout, nos personnages sont loin d'être sereins, car, en ce milieu de l'année 1938, la guerre avec l'Allemagne nazie n'a jamais été si proche ni si inéluctable. Pour Diedre et ses collègues du War Office commence une course contre la montre et leur combat pour faire sortir Juifs et dissidents d'Allemagne devient haletant, tandis qu'à Cavendon, l'on s'inquiète des possibles répercussions sur le domaine d'une guerre sur le continent, qui, certainement, n'épargnera pas l'Angleterre...
    C'est finalement plus sur cette période-là, quand tout le monde oscille entre espoir et expectative, quand la guerre est proche tout en restant encore suffisamment lointaine, que l'auteure se focalise et l'on passe rapidement du début de l'année 1939 aux mois de mai-juin 1940, au moment de l'offensive de l'Allemagne sur la Belgique, les Pays-Bas et la France : l'auteure nous y raconte les fameux embarquements sur les bateaux britanniques depuis les plages de Dunkerque bondées de soldats qui ont reflué en désordre, puis le Blitz à Londres, qui n'épargnera ni les Ingham ni les Swann mais finalement, j'ai eu l'impression qu'elle s'attardait plus sur l'avant, ce qui n'est pas plus mal : on perçoit la tension qui s'installe petit à petit, notamment chez Diedre, aux premières loges, l'espoir qui le dispute à l'idée résignée qu'une guerre est inévitable de toute manière et que la question maintenant n'est pas si mais quand elle éclatera.
    Quant à Cavendon, au milieu de cette tourmente, le domaine entre petit à petit dans une ère moderne et si la Première Guerre Mondiale avait commencé à sonner le glas du mode de vie des aristocrates anglais, la Seconde finit de bouleverser complètement leurs existences et leurs habitudes et les grands domaines sont obligés de revoir complètement leur manière de fonctionner pour espérer subsister : les Ingham d'ailleurs incarnent bien toutes ces familles qui à l'aube d'une époque nouvelle, changent des coutumes immuables, comme Dulcie, mariée à un acteur de renom et qui vit au cœur d'une ville qui, dans les années à venir, deviendra la nouvelle cité royale, celle des stars du cinéma, qui sont considérés aujourd'hui et adulés comme pouvaient l'être les têtes couronnées d'autrefois. Les enfants d'Hugo et Daphné eux aussi, aspirent à une vie professionnelle qui leur correspond et sont prêts à se battre pour ça. Les femmes sont plus libres et indépendantes et n'ont pas peur de le revendiquer et de choisir une autre vie que celle d'épouse ou de mère au foyer ou alors, seulement quand elles le décident et avec qui elles veulent.
    Dans L'Héritage des Cavendon, nos personnages ont évidemment tous vieilli et les jeunes gens que l'on avait rencontrés dans les années 1910 ont bien changé et s'acheminent doucement vers la maturité... On sent bien qu'une page s'est tournée, que quelque chose s'est passée mais ce n'est pas vraiment mélancolique ni nostalgique : c'est juste le chemin naturel et immuable de l'existence et les nouvelles générations bousculent les anciennes pour prendre leur place. Parfois, j'ai été un peu perdue parce que ces nouvelles têtes sont un peu moins connues et je ne savais plus qui était l'enfant de qui, hormis Charlie et Alicia, bien identifiés dès le départ. Au-delà de ces petits détails, j'ai apprécié de découvrir Diedre dans son quotidien d'agent du War Office, en contact direct avec l'espionnage et le contre-espionnage de l'Allemagne nazie et donc la mieux à-même de prendre la mesure de la dangerosité du régime de Hitler. J'ai apprécié de découvrir les femmes de Cavendon et des villages alentour, tous dévoués au domaine qui les a faits fructifier depuis plusieurs décennies, déterminées à le porter à bout de bras et s'affirmant comme les dignes héritières de leurs aînées qui, déjà en Quatorze, l'avaient fait quand les hommes étaient partis au combat.
    L'Héritage de Cavendon est un roman historique agréable et plutôt bien documenté : mon avis sur le style de l'auteure est subjectif et peut-être serez-vous plus captivé que moi. C'est d'ailleurs ce que je vous souhaite et je dois bien dire que j'ai passé plutôt un moment agréable avec cette lecture. J'ai retrouvé cette ambiance anglaise inimitable et bien des fois, j'ai eu l'impression de voir évoluer devant moi les personnages de la série Downton Abbey, tant les ambiances sont proches : même époque, un domaine dans le Yorkshire...je me demande même si l'auteure n'a pas été grandement inspirée par cette très fameuse série et, si c'est le cas, on ne peut que lui donner raison parce que c'est une belle reconstitution historique.
    Encore une fois, je déplore ce style un peu artificiel ou ces longueurs : quel intérêt de savoir que tel personnage se lève, prend son sac, ouvre la porte de la main droite puis s'avance dans la rue, file son collant et marche dans une flaque ? Ce n'est qu'un exemple mais j'ai vraiment eu l'impression que l'auteure développait trop et nous donnait des détails qui ne servaient pas à grand chose. Quant aux dialogues, non, toujours rien à faire, je n'arrive pas à les trouver convaincants mais j'ai réussi à me sentir plus proche au cours de cette lecture des personnages, plus fins et plus nuancés, et je les retrouvais tous avec plaisir. Même Diedre, plutôt brusque et pas très aimable dans les premiers tomes, s'est révélée et si elle reste parfois un peu froide, elle a de la présence, du charisme et elle force l'admiration. J'ai apprécié de la retrouver plus présente dans ce roman et à l'aube de vivre une nouvelle histoire, après un veuvage brutal qui l'a beaucoup meurtrie. On voit peu Dulcie mais lorsqu'elle revient, elle emplit le roman de son pétillement et de ses sautillements : elle m'a énormément fait penser au personnage d'Anne-Sophie dans Les Héritiers de Kervalon.
    Bref, si vous aimez les ambiances anglaises, les scones et le tea time, les intrigues qui se déroulent dans les landes et au milieu des bruyères, vous aimerez sûrement cette saga et si, comme moi, elle ne parvient pas à vous convaincre pleinement, vous y trouverez certainement des points positifs.
    Ce troisième tome n'est pas le dernier comme je le pensais et le quatrième se passe plusieurs années après la fin de la guerre, en 1949. Je pense le lire... quand, je ne sais pas, mais son titre intrigant, Le Dernier Secret de Cavendon, évidemment, pique ma curiosité. 

    En Bref :

    Les + : l'ambiance, le contexte, les personnages qui donnent à ce troisième tome une véritable consistance. Une vraie fresque historique dans une Angleterre délicieusement surannée... c'est le genre de livres que je verrais bien adaptés par la BBC ! ;) 
    Les - : un style qui peine toujours à me convaincre et ces dialogues que je trouve vraiment artificiels...  

     

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