• Ce que Vivent les Hommes, tome 1, Les Noëls Blancs ; Christian Signol

    « Ils partirent après un dernier regard vers les sommets blancs, que la limpidité de l'air rendait proches et précieux comme des rêves réalisés. »

    Ce que Vivent les Hommes, tome 1, Les Noëls Blancs ; Christian Signol

    Publié en 2002

    Editions Le Livre de Poche

    473 pages

    Premier tome de la saga Ce que Vivent les Hommes 

    Résumé :

    Les Noëls blancs, ce sont ceux dont se souviendront François, Mathieu et Lucie Barthélémy, en repensant à leur enfance, là-bas, aux confins de la Corrèze et du Puy-du-Dôme, dans ce haut pays aux hivers rudes. Ils y ont grandi avec le siècle. Auguste, le père, et Elise, la mère, travaillent une terre qui ne leur appartient pas. A douze ans, François doit abandonner l'école pour devenir garçon de ferme. Un peu plus tard, la mort brutale du père contraint Lucie à se placer comme domestique, tandis que Mathieu tente sa chance en Algérie. Ainsi sont-ils jetés au cœur de toutes les tourmentes de leur époque.                                                                                                                           Christian Signol inaugure ici une série intitulée Ce que vivent les hommes : l'histoire des Barthélémy, de 1900 à 2000. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au début du XXème siècle, la famille Barthélémy, paysans pauvres sans terre, survivent tant bien que mal sur une petite exploitation qui ne leur appartient pas, sur les hautes terres limousines, aux confins de la Corrèze et de l'Auvergne. Parce qu'ils n'ont pas les moyens, leur fils aîné, François, qui caressait le rêve de devenir instituteur, doit abandonner l'école à douze ans pour se louer comme garçon de ferme. C'est finalement en tant que paysan qu'il s'épanouira et rencontrera l'amour, sans pour autant oublier ses ambitions chimériques d'enfance. Le cadet, Mathieu, ne rêve que d'aventures et d'horizons nouveau et c'est finalement avec ferveur qu'il embrasse la condition de colon, en Algérie. Quant à Lucie, leur jeune sœur, la dernière de la famille, elle choisit, bien malgré elle, cependant, une voie bien peu conventionnelle pour une femme en ce début de siècle.
    Les Noëls Blancs inaugure une saga familiale en deux tomes, celle des Barthélémy, que l'on suit donc de génération en génération jusqu'au aux années 2000...Les différents membres de la famille vont connaître les grands événements de leur temps : Mathieu et François seront pris bien malgré eux, comme des millions de jeunes Français, dans la tourmente d'une boucherie déclenchée par l'assassinat d'un archiduc, héritier d'un empire bien lointain pour ces paysans des hautes terres ; leur sœur Lucie connaîtra la montée en puissance du nazisme en Allemagne tandis que la génération de leurs enfants devra faire face, elle, à la capitulation de la France face à l'Allemagne d'Hitler et au développement des réseaux de Résistance. Et la génération d'après, elle, devra affronter la guerre d'Algérie et se jettera à corps perdu dans le mouvement amorçé par mai-68, tandis que le communisme connaît un essor sans précédent et que l'Europe se trouve coupée en deux par le rideau-de-fer.

    Ce que Vivent les Hommes, tome 1, Les Noëls Blancs ; Christian Signol

    L'Angélus, par Jean-François Millet (XIXème siècle)


    Ce roman fait partie de ce que l'on peut appeler la littérature du terroir, car c'est en effet un bel hommage à ces terres sauvages de la Haute-Corrèze, où les contreforts du Massif Central se transforment progressivement en vallée opulente pour la Dordogne. Mais c'est aussi un roman historique à part entière, bien documenté, mené bien évidemment de façon chronologique et qui nous permet à nous, lecteurs, finalement pas si éloignés que ça des héros, de revivre ces grands événements qui ont fait la France et qui ont fait l'Europe.
    Dans ce premier tome, nous suivons les destinées, plus ou moins heureuses, des premières générations, à savoir, les parents, Auguste et Elise, à l'orée du nouveau siècle, qui peinent sur des terres qui ne leur appartiennent pas et voient, avec autant de peine que lui, le rêve de leur fils François s'envoler définitivement ; et puis il y'a justement la génération des enfants, François, Mathieu et Lucie, qui connaîtront l'horreur de la Grande-Guerre puis l'insouciance des Années Folle et surtout, la refonte complète d'un monde qu'ils ont toujours connu, du fait des mutations importantes et irrévocables engendrées par la guerre de Quatorze.
    Les Noëls Blancs, comme Les Printemps de ce Monde, d'ailleurs, est un hommage à ce monde en déclin qui a pourtant résisté à bien des changements mais pas à ceux, bouleversants, qui marquent ce XXème siècle, plein d'évolutions, de mutations et surtout, d'expansion de la modernité. Ce que nous décrit Christian Signol dans son roman, c'est cette lente agonie du monde paysan traditionnel, qui disparaît peu à peu au profit d'une agriculture plus extensive, la fin des petites exploitations et la victoire des plus grosses ; enfin c'est aussi l'avènement de la ville, en tant qu'entité incontournable et qui prend peu à peu le pas sur la ruralité que nous décrit l'auteur et dont nous sommes témoins, à travers les yeux des héros. Il y'a ceux, comme François, qui continuent malgré tout de s'accrocher aux coutumes, par respect pour les parents mais aussi par conviction personnelle ; il y'a ceux, comme Mathieu, qui abandonnent leur terre natale pour aller construire ailleurs ce qu'ils n'ont pas eu la possibilité de se voir offrir par leur pays de naissance. Chacun fait face à la modernité et aux bouleversements qu'elle implique comme il peut.
    Hommage à la paysannerie mais aussi au monde rural en général et à ces grandes étendues desquelles Christian Signol est originaire, ce roman reste un livre agréable à découvrir, beau et nostalgique mais aussi porteur de l'avenir, le nôtre, celui que l'on découvre en construction dans le second tome de cette jolie saga familiale.

    En Bref :

    Les + : une belle saga familiale et un hommage touchant à un monde disparu.
    Les - : peut-être quelques redondances.


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 26 Août 2015 à 18:22

    J'adore les sagas familiales et un peu le terroir alors pourquoi pas ? Je le note !

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    2
    frieda31
    Mercredi 21 Décembre 2016 à 15:08

    Superbe terroir bien récité!

      • Mercredi 21 Décembre 2016 à 16:59

        Oui, je suis d'accord...la littérature du terroir est agréable à lire pour ça : en général, les auteurs rendent un bel hommage à une région qu'ils aiment, on sent qu'ils y mettent tout leur coeur ! J'ai beaucoup aimé mes premiers Christian Signol... ^^

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