• Ce que Vivent les Hommes, tome 2, Les Printemps de ce Monde ; Christian Signol

    « Cependant, la vie quotidienne demeurait difficile et il fallait prendre sur soi, ne pas se laisser aller, trouver dans les beaux jours un peu de joie et la force de croire en des temps meilleurs. »

    Ce que Vivent les Hommes, tome 2, Les Printemps de ce Monde ; Christian Signol

    Publié en 2002 

    Editions Le Livre de Poche (collection Littérature & Documents)

    381 pages

    Second tome de la saga Ce que Vivent les Hommes

    Résumé :

    Été 1939. Au Pradel, François et Aloïse Barthélémy, aidés de leur fils aîné, Edmond, continuent de travailler la terre familiale.
    Depuis longtemps, les cadets de François se sont dispersés : Mathieu en Algérie et Lucie en Suisse. Charles, le frère d'Edmond, et sa fiancée Mathilde, tous deux instituteurs, ont été nommés à quelques centaines de kilomètres. Louise, la benjamine, rêve de devenir missionnaire en Afrique. Il est bien loin le temps heureux de leur enfance où ils accueillaient des cherche-pains et partageaient avec eux le peu qu'ils avaient. La guerre arrive. Elle va infléchir le cours de leur vie comme celle de tous ces Français qui ont traversé le XXe siècle, ont vu évoluer la société qui a glissé inexorablement des campagnes vers les villes, jetant bas le vieux monde...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A l'été 1939, François et Aloïse, paysans corréziens du haut pays, ont réussi à faire fructifier leurs terres. Propriétaires de la maison familiale dans laquelle a été élevée Aloïse puis ses deux fils, Edmond et Charles et sa fille, Louise, ils ont petit à petit tiré des revenus confortables des terres déjà possédées et en ont acheté d'autres, qui leur permettent, sinon de vivre sans souci du lendemain, du moins sans se préoccuper pour nourrir leurs enfants. François a pris sa revanche sur sa propre enfance, quand ses propres parents, paysans sans terre n'avaient pas de quoi nourrir leur famille et avaient dû le placer, lui, l'aîné qui rêvait de devenir instituteur, comme garçon de ferme, chez des maîtres pas toujours très tolérants. Il a pu, avec l'argent gagné par son travail de la terre, financer les études de son cadet, Charles et vivre à travers lui son propre rêve frustré, puisque le jeune homme est devenu à son tour professeur et s'apprête à occuper son premier poste en école primaire, quelque part en Corrèze.
    Mais la guerre approche...après l'humiliation du traité de Versailles et la chute de la République de Weimar, l'Allemagne est dirigée, depuis 1933 par Hitler, élu chancelier cette année-là et qui, petit à petit, a transformé le pays en une dictature totalitaire basée sur le racisme, l'antisémitisme et la suprématie de la race arienne. Et, alors que les autres nations n'ont pas su prendre la mesure de son désir de vengeance et du péril qui les menaçait toutes, voilà que la guerre, au début de septembre 1939, est déclarée. Et, tandis que François et Aloïse, qui ont connu la Grande-Guerre, sont replongés dans les affres qu'ils avaient connus bien des années auparavant et auxquels avaient espéré ne plus jamais se voir confrontés, leurs fils, Edmond et Charles, en âge d'être mobilisés se retrouvent à devoir assumer leurs responsabilités. Alors que l'aîné, Edmond, doit prendre les armes dès la déclaration de guerre, Charles, lui, se voit, dans les années 1940, par les hasards de son année de naissance, placé dans la catégorie des candidats au Service du Travail Obligatoire (S.T.O) en Allemagne. Alors que son frère a été fait prisonnier en 1940, comme bien d'autres, Charles, lui, va finalement choisir la clandestinité et adhérer à l'un de ses réseaux de maquis qui essaiment dans la région au cour des dernières années de guerre. En parallèle, on suit aussi les destins croisés de Lucie et Mathieu, sœur et frère de François, l'une étant mariée à un Allemand et ayant vu la montée croissante et fanatique du nazisme et l'autre préférant s'aveugler sur les prémices de la décolonisation que la Seconde Guerre Mondiale amorce doucement...car après cette atrocité, ce sont les guerres coloniales que l'Europe va devoir essuyer et supporter : ainsi, l'Indochine et l'Algérie prennent leur indépendance dans le sang et Mathieu, colon qui a fait fructifier ses terres de l'Atlas, qui s'est marié et a élevé ses enfants en Algérie, se voit soudain considéré par les populations locales comme un oppresseur et un homme à abattre.
    Si la Première Guerre avait commencé le déclin de l'ancien monde, celui des paysans et de la ruralité, il est certain que la Seconde le plonge irrémédiablement dans l'oubli, les ruraux quittant en masse leurs campagnes pour aller peupler les villes qui deviennent, bien plus encore qu'avant, les centres névralgiques du pouvoir, les relais du pouvoir centralisé à Paris. La capitale devient également, pour ces jeunes nés en province, le Saint-Graal, le sésame qui fera d'eux quelqu'un : ainsi de Pierre, le fils de Charles et Mathilde, qui part étudier les mathématiques à Centrale au milieu des années 60 et y connaîtra d'ailleurs les soulèvements ouvriers et étudiants de mai 68.
    Dans ce second tome de la saga, Christian Signol nous dépeint les destins des nouvelles générations Barthélémy. Après François, Mathieu et Lucie, derniers représentants de ce monde immémorial, basé sur des valeurs et des croyances venues de bien loin, c'est au tour de leurs enfants de grandir de devenir des adultes et de changer leur société. Le monde va vite, trop vite peut-être pour les anciennes générations qui ne comprennent pas les plus jeunes mais pas pour eux, justement, qui sont avides d'émancipation, de progrès et d'un peu plus de justice. C'est pourquoi la cause des femmes, par exemple, est au centre du récit, avec le combat de Mathilde, l'institutrice éclairée, qui revendique le droit à l'interruption volontaire de grossesse et à l'accès à la pilule contraceptive, qui sera d'ailleurs commercialisée pour la première fois dans les années 60 et légalisée par la loi Neuwirth (avant que l'I.V.G ne le soit, dans les années 70, par la loi de Simone Veil). Ce roman nous montre aussi le déracinement et la souffrance des pieds-noirs, ces colons de l'Algérie qui aimaient cette terre comme la leur mais en furent chassés par la volonté, bien naturelle au demeurant mais ô combien douloureuse pour eux, d'indépendance des populations ancestrales.
    Émouvant par instants, mais bien mené, nostalgique sans jamais tomber dans le pathos, ce second tome est très agréable à lire et clôt avec beaucoup de talent cette saga rurale et paysanne et surtout, extrêmement bien documentée.

     

    En Bref :

    Les + : une saga rurale et paysanne bien tournée, un bel hommage à un pays et aux hommes qui l'ont fait.
    Les - :
    des passages un peu répétitifs, comme dans le premier tome finalement.

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 29 Août 2015 à 14:30

    Le tome 1 me tente alors je note celui-ci. Je n'aime pas beaucoup les répétitions alors j'espère que le reste me les fera oublier

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