• Charleston ; Alexandra Ripley

    « La confiance aussi est un bien précieux. »

    Charleston ; Alexandra Ripley

    Publié en 1981 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Charleston 

    Editions Archipoche

    694 pages

    Résumé : 

    Avant la Guerre de Sécession, Charleston était la ville la plus élégante du sud des Etats-Unis. La meilleure société s'y retrouvait, on y donnait des bals somptueux. 

    Cette vie étourdissante convenait parfaitement à Elizabeth Tradd, une jeune beauté aussi adorable qu'impertinente. Elle qui séduisait sans jamais s'attacher rencontre Lucas, dont le charme arrogant la subjugue. Ils se marient. Mais un drame vient interrompre leur idylle. 

    Obligée de reprendre la direction de l'entreprise familiale, Elizabeth voit la faillite s'approcher. Dans l'adversité, elle se révèle une femme d'affaires autant que de coeur, entière et exaltée...

    Déchirée, seule, Elizabeth sait qu'elle doit se battre. Pour survivre...et trouver enfin le véritable amour auquel elle n'a jamais cessé de croire. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Bienvenue à Charleston, Caroline du Sud, quelques années avant la guerre de Sécession. La vie y est belle et tranquille mais la guerre civile qui se profile entre l'Union et la Confédération -en gros entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste, pour faire court-, promet de changer à jamais la vie des habitants. On le sait aujourd'hui, c'est les États du Nord, dont les soldats étaient ironiquement surnommés Yankees par les sudistes, qui vont gagner la guerre. L'esclavage va être aboli et toute la société des planteurs remise en question. Charleston ne sera plus jamais comme avant.
    Le roman d'Alexandra Ripley est une grande fresque qui court sur toute la seconde moitié du XIXème siècle. C'est une grande saga historique mais aussi familiale, qui m'a un peu rappelé La Plantation de Leila Meacham et fera sûrement penser à Autant en emporte le vent pour les puristes. Personnellement, je n'ai pas pu faire de parallèles puisque je n'ai pas lu le grand roman de Margaret Mitchell, mais je suppose qu'il a été une source d'inspiration pour Alexandra Ripley.
    Nous faisons donc connaissance avec deux familles, les Tradd et les Anson, unis par des liens de parenté mais aussi par des sentiments plus forts d'amour et d'amitié. Nous allons les suivre sur plusieurs générations, en voir certains mourir et d'autres grandir et devenir adultes. En parallèle, c'est toute la société de l'époque qui est en train de changer, tandis que les stigmates de la guerre civile sont difficiles à estomper. Les États-Unis sont en train de se forger leur physionomie contemporaine et sont en train de devenir une grande puissance qui compte.
    L'aspect plus domestique du roman et les personnages m'ont bien plus plu que le contexte historique en lui-même, qui ne me parle pas. Je ne suis pas suffisamment intéressée par les États-Unis et leur culture pour me documenter sur leur Histoire. Bon, il est difficile de ne pas connaître la Guerre de Sécession, quand même, mais j'avoue quand j'en connais surtout les grandes lignes, sans jamais être entrée dans les détails ! L'auteure a fait l'effort de restituer le contexte et je trouve ça bien : elle ne donne ainsi que plus de teneur à sa romance. Mais comme il ne m'est pas familier, il ne m'a pas interpellée plus que ça.
    Parlons maintenant des personnages. Au départ, j'ai eu l'impression que l'auteure nous les présentait trop rapidement... on est jeté dans l'intrigue sans avoir eu le temps de s'habituer à l'univers du roman, ce qui fait que je me suis souvent sentie perdue au point de confondre les personnages entre eux ce qui m'énerve particulièrement et peut parfois me faire décrocher d'un livre. Le fait que des noms de famille soit parfois donnés comme prénoms aux enfants et notamment à l'aîné des fils m'a un peu perturbée parce qu'on se retrouve ainsi avec des personnages qui portent tous le même nom et le temps de faire le tri eh bien... on décroche ! Je vous rassure, une fois que l'on a réussi à comprendre qui est qui et qui est qui pour qui, ça va mieux. On peut alors se concentrer sur l'intrigue en elle-même.

    Vue de la Charleston historique, depuis la baie (1879)


    Les personnages sont justement un point assez fort du roman. Charleston est un roman d'amour mais l'auteure ne l'en a pas bâclé pour autant. L'aspect bluette du roman est assumé mais on sent tout l'investissement d'Alexandra Ripley et sa volonté d'écrire plus qu'un roman d'amour. Les personnages sont bien travaillés et l'intrigue de même, même si je n'ai pas vraiment été conquise par le style. Comme les personnages sont nombreux, bien sûr, j'ai eu mes préférés... je n'en ai détesté aucun, sauf peut-être le mari d'Elizabeth... ceux qui ont lu le roman comprendront. Pour les autres, chacun a ses défauts et ses qualités, mais présente cependant un intérêt. Non seulement ils traversent une époque troublée, durant laquelle la société qu'ils ont toujours connue est en pleine refonte mais ils connaissent aussi des bouleversements dans la sphère privée : trahisons, déceptions amoureuses, drames... si la vie est belle à Charleston elle peut aussi avoir son revers cruel et les différents protagonistes ne manqueront pas d'en faire l'amère expérience, parfois à leurs dépens.
    J'ai beaucoup aimé Elizabeth qui, à bien des égards, est un peu l'héroïne du roman, même si son âge adulte n'est traité que dans la seconde partie du roman, tandis que les premiers chapitres sont consacrés à son enfance et dans lesquels on retrouve principalement son frère aîné, Pinckney. Au départ, je ne me suis pas vraiment attachée à elle puis je l'ai trouvée attendrissante... touchante et forte à la fois. J'ai aussi aimé le personnage de Lucy Anson, que la vie n'épargne pas et pour qui on ressent beaucoup de commisération. Quant à Julia, la tante de Pinckney et Elizabeth, son caractère et sa détermination forcent le respect.
    Vous l'aurez compris, ce sont surtout les personnages féminins qui ont attiré mon attention. En fait, on ressent toute l'affection de l'auteure pour ses héros, affection qu'on ne peut que partager.
    La ville de Charleston est aussi au centre du récit et un personnage à part entière. Alexandra Ripley y est née. On peut dire que son roman est une déclaration à la ville qui l'a vue naître. Un hommage à son passé aussi et à ses us et coutumes délicieusement surannés au XXème siècle mais qui étaient pris très au sérieux au XIXème et faisaient tout le sel d'une époque définitivement révolue.
    On prend plaisir à découvrir les mille petits rituels qui rythment la vie quotidienne des habitants de Charleston : les bals, les thés dansants, la présentation officielle des débutantes, la seizième valse, réservée à celui que l'on va épouser... la plus jeune mariée qui ouvre le bal de la Sainte-Cécile. Tout revient comme un leitmotiv durant le roman et nous installe dans une sorte de répétition confortable et rassurante, comme si le temps était immuable, malgré ses nombreuses fractures.
    Je ne peux pas dire que Charleston m'ait passionnée de bout en bout. Je m'y suis jetée avec beaucoup d'attentes et je dois dire que les deux premiers tiers du roman m'ont largement échaudée et j'ai vu mon enthousiasme douché de manière assez radicale ! Qu'est-ce que les premiers chapitres sont longs et laborieux ! Il ne s'y passe pas ou peu de choses, le style en lui-même n'est pas spectaculaire et je n'ai pas arrêté de confondre les personnages entre eux !
    Et puis ça s'est amélioré par la suite... quand Elizabeth devient le personnage central, je me suis surprise à me sentir plus captivée. Toute enfant, relativement effacée, Elizabeth, tendrement surnommée Lizzie par les siens, m'était assez indifférente et puis finalement, je suis parvenue à la comprendre et à l'apprécier.
    La seconde partie du roman m'a sans nul doute bien plus interpellée et accrochée que les tous premiers chapitres, pour les raisons exposées déjà plus haut. Si je n'ai pas vraiment été séduite par le style, j'ai tout de même aimé la manière dont Alexandra Ripley nous raconte son histoire : elle parvient à nous faire sentir, nous lecteurs, partie-prenante d'une intrigue qui, à la base, nous est assez étrangère.
    Charleston est une grande fresque, une longue saga familiale et historique mâtinée de romance, qui plaira sans doute à celles qui aiment l'Histoire et les belles histoires, sans qu'elles en soient pour autant trop facile. Et si en plus vous aimez les États-Unis alors là, le roman est fait pour vous.
    Malgré une découverte mitigée, je suis finalement assez contente de ma lecture. Charleston a su me faire m'évader et découvrir des personnages attachants et bien travaillés. C'est tout ce que je demandais

    En Bref : 

    Les + : des personnages attachants, une grande fresque historique, romanesque et romantique qui saura séduire les amateurs du genre. 
    Les - : 
    des longueurs au début, qui m'ont empêchée d'entrer facilement dans l'histoire. 

     

    Thème de juin, Thème « Du Saint-Laurent au Rio Grande », 6/12


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  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Juin 2017 à 16:15
    Zut, le titre est pourtant alléchant ! Moi non plus je ne suis pas calée dans cette période mais j'aime l'ambia'ce qui s'en dégage en général
      • Lundi 26 Juin 2017 à 18:04

        Le début est un peu longuet mais dans l'ensemble, honnêtement c'est un bon roman et je ne regrette pas de l'avoir lu. D'ailleurs, j'ai Retour à Charleston dans ma PAL et je suis bien décidée à le lire rapidement ! happy

        Et c'est vrai que l'ambiance en général de cette époque est assez intéressante et j'aime bien la retrouver dans les romans. Je crois que Charleston m'a donné envie de découvrir le fameux Autant en emporte le vent, un roman que, jusque là, je n'avais absolument pas envisagé ! sarcastic Honnêtement, je ne peux pas te le déconseiller et si tu te lances dans sa lecture, je serai ravie d'en parler avec toi ! 

    2
    Mardi 27 Juin 2017 à 08:08

    J'aime les grandes fresques romanesques et comme toi, ma culture sur l'histoire des Etats-Unis est assez limitée. Au vu de ce que tu en dis, ce n'est pas un livre à lire en dilettante. Je me le réserve pour un temps où je serais à 100%, ce n'est pas le cas en ce moment! Sur le même sujet, j'ai dans ma PAL la trilogie Nord et Sud de John Jakes. L'as tu lu? 

      • Mardi 27 Juin 2017 à 11:40

        Je crois que, surtout, il ne faut pas se laisser décourager par le début si celui-ci ne nous emballe pas. C'est ce qui est arrivé pour moi mais, comme j'abandonne rarement un livre, à moins que, vraiment, ça ne le fasse pas du tout, du tout, j'ai persévéré et j'ai bien fait...disons que les deux cents premières pages ont été laborieuses sans être abominables pour autant. happy J'ai été sans nul doute moins emportée que par La Plantation, de Leila Meacham, qui est aussi une grande fresque familiale et sudiste. Mais le charme opère petit à petit et j'avoue avoir pris plaisir, par la suite, à me plonger dans ce roman. Certains passages ont même su m'émouvoir et les réflexions d'Alexandra Ripley sur la vie, l'amour, la famille, sont très justes. 

        Je crois que tu as raison, Caro, si tu te lances dans cette lecture, sois dispo à 100 %. ^^ Il faut du temps pour s'immerger dans l'ambiance du roman et s'habituer aux personnages mais une fois qu'on y est, on a la sensation de faire partie intégrante d'une histoire. yes  Je te conseille vraiment de te lancer si tu es tentée... honnêtement, malgré un début chaotique pour moi, je ne peux pas dire pour autant que Charleston ait été une déception, bien au contraire. cool

         

        Quant aux romans de John Jakes, je connais de nom mais je n'ai pas lu les livres...ils ont été adaptés au cinéma, non ? Au cinéma ou en série, je ne sais plus...je me souviens d'avoir fait un jour une recherche sur le Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell et être tombée sur un film homonyme avec Patrick Swayze, je crois... Je sais que l'action se passe en pleine Guerre de Sécession mais non, honnêtement, je n'en sais pas plus ! ! J'espère que tu aimeras et peut-être sauras-tu me convaincre ? sarcastic

    3
    Lundi 3 Juillet 2017 à 19:15

    J'aime beaucoup les grandes fresques historiques et familiales se déroulant durant la Guerre de Sécession (Nord et Sud de John Jakes, Louisiane de Denuzière) mais je ne sais pas si je me laisserai tenter par Charleston : ayant déjà lu un roman de Ripley, je n'ai pas été convaincue par sa façon de raconter une histoire, et pourtant, La Contadina se passait à l'âge d'or de Florence, période et lieu que j'adore !

      • Lundi 3 Juillet 2017 à 20:08

        Hum oui, je vois ce que tu veux dire et j'avoue avoir mis du temps avant d'être convaincue ! Au final, j'ai réussi à entrer dans l'intrigue mais le style ne m'a pas transcendée, en effet ! arf

    4
    Lundi 24 Juillet 2017 à 21:12
    Le Salon Des Lettres

    Je pensais que c'était la suite qu'elle a écrit d'Autant en emporte le vent, mais non. D'ailleurs, je te conseille de lire l'oeuvre de Margaret Mitchell, tu vas adorer ! 

    J'ai donc l'impression qu'Alexandra Ripley regrette de ne pas avoir elle-même écrit ce chef-d'oeuvre. Ce qui fait que je m'en méfie encore plus ! Mais je vais quand même aller voir ce qu'il se cache derrière ses livres.

    Si tu dis qu'elle n'a pas un style extraordinaire, j'ai bien peur qu'on ne l'ait édité jusque parce qu'elle osait écrire après l'irremplaçable Margaret Mitchell... Mais promis, je laisserai ces sentiments de doute de côté pour aller me forger mon avis dans ses écrits !

      • Mardi 25 Juillet 2017 à 10:43

        Que l'auteure se soit inspirée de Margaret Mitchell est indéniable, quoique je ne connaisse Autant en emporte le vent que de manière très...succinte ! sarcastic Du coup, je retiens ton conseil et si tu me dis que je vais adorer...alors il y'a des chances pour que ce soit vrai, ou du moins, pour que cette lecture me plaise ! happy J'ai en tous cas prévu de découvrir vite (peut-être cet hiver ? ) ce grand classique de la littérature américaine, qui me rend curieuse depuis que je l'ai lu Charleston...

        Justement, revenons-en à Charleston... je ne pense pas pour autant que ce roman soit une pâle copie d'Autant en emporte le vent. Les lieux sont à peu près les mêmes, l'époque est semblable aussi...je crois surtout que Charleston a été un hommage d'Alexandra Ripley à sa ville natale. Et elle a choisi d'exploiter un contexte intéressant et dans lequel Charleston et le Sud en général occupaient une place prépondérante. 

        Je ne peux pas te déconseiller ce roman. Oui, il a des défauts, oui, il a des inégalités, mais il n'en est pas moins intéressant pour autant. J'ai eu certes du mal à y entrer et le style, parfois, m'a paru un peu lourd... Je crois que tu as raison de vouloir lire ses romans, pour te faire une idée, tout en laissant de côté tes a priori négatifs...peut-être seront-ils confirmés ? Malheureusement, on ne peut aimer toutes nos lectures. Mais j'espère que, au contraire, cette lecture te détrompera et te laissera un bon souvenir. wink2

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