• Colette ; Madeleine Lazard

    « La mort ne m'intéresse pas. La mienne non plus. »

    Couverture Colette

     

     

     

     

         Publié en 2008

      Éditions Folio (Biographies)

      397 pages

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    « Non, meussieur Vili, non, Claudine ce n'est pas Unetelle, ni Mme Chose, ni Mlle Truc ou Machin-Chouette...Non, meussieur Vili, Claudine, c'est moi. »

    Colette (1873-1954) qui signa d'abord « Gabrielle Colette », puis Colette Willy puis Colette Jouvenel, puis Colette, qui aurait pu signer Colette Goudeket et ne le fit jamais, a été l'un des écrivains les plus célèbre et les plus admirés de son temps. Elle a séduit les publics les plus simples comme les plus raffinés. Auteur de nombreux romans et nouvelles, elle fut aussi mime, danseuse nue, actrice, journaliste, rédactrice de journaux à scandale, conférencière, esthéticienne. Sa vie privée, une fois débarrassée de ses légendes, de ses maris, de ses amants et des amantes, vaut bien un roman : celui d'une écrivaine éprise avant tout de liberté.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    De Colette, on connaît l’image de la vieille dame aux yeux fardés, au début des années 1950 ou celle de la jeune meneuse de revue à la plastique irréprochable et peu vêtue des années 1910 (notamment dans « Rêve d’Egypte » qui fit scandale). Le nom de Colette encore aujourd’hui rappelle les grandes heures de la littérature du début du XXème siècle comme un certain parfum de scandale. Témoin d’un temps riche (la Belle Epoque puis les Années Folles) et définitivement révolu à la veille de sa mort, Colette a laissé une œuvre personnelle et unique et le souvenir d’un destin foisonnant.
    Née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (où l’on peut aujourd’hui visiter la maison d’enfance de Colette, qui habitera à jamais ses souvenirs et donnera  naissance à certaines de ses plus belles pages, entre souvenirs d'enfance, journal intime et nostalgie), fille de Sido (Sidonie Landoy) et du capitaine Colette, Sidonie-Gabrielle, dite « Gabri » et considérée par sa mère comme « un joyau tout en or », grandit dans une nature sauvage et exubérante, au milieu d’une fratrie recomposée (sa mère avait eu des enfants d’un premier mariage) et en harmonie avec un environnement campagnard et rural qu’elle chérira toute sa vie et qu’elle mettra souvent en scène dans ses œuvres.
    Mariée trois fois au cours de sa vie, c’est sa première union avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy, qui l’amène jusqu’à Paris. Paris qu’elle ne quittera jamais plus, sans pour autant se départir de son origine provinciale et de son fort accent bourguignon qu’elle gardera toute sa vie. Willy, c’est le mari, l’amant, le meilleur ami et le mentor, le mauvais ange aussi, ou du moins est-il présenté comme cela dans les œuvres de Colette qui suivent leur brutale séparation. Il est celui qui encouragera Colette à écrire, le seul signataire de ses premières œuvres certes (les Claudine, avant d’être signées Colette et Willy, ne seront signées que de son nom à lui) mais malgré tout celui par qui l’écriture arrive dans la vie de Colette et durablement – puisqu’elle sera auteure mais aussi journaliste, collaborant avec de nombreuses revues tout au long de sa carrière.

    Colette, dans la pantomime Rêve d’Égypte, qui fit scandale en 1907


    Touche à tout, curieuse de tout et croquant la vie à pleine dents, Colette est l’archétype de la femme libre et émancipée de ce début de XXème siècle, couchant avec autant d’hommes que de femmes, menant sa vie sans entraves et sans jamais se mettre de limites. Meneuse de revue, chanteuse, danseuse, se produisant parfois très peu vêtue dans des pièces scandaleuses, voyageant partout en province, entretenant une liaison suivie avec Missy, nièce naturelle de Napoléon III qui mène une vie d’homme, évoluant avec aisance dans le tout-Paris, Colette donne l’impression d’avoir mené une existence tourbillonnante au milieu de laquelle, parfois, s’intercalent des périodes d’écritures qui donneront lieu à des œuvres incontournables et intemporelles : les Claudine, Le Blé en Herbe, La Chatte, Chéri
    Si vous étiez par exemple tentés par le film biographique (biopic) sorti il y a quelques années, avec Keira Knightley, j’ai trouvé pour ma part qu’il était bien trop moderne et trop féministe au sens contemporain du terme pour vraiment présenter la Colette historique avec objectivité. Certes, c’est très visuel et agréable à suivre mais pas forcément un bon reflet de la réalité.
    La biographie de Madeleine Lazard, agréable à lire et fluide, embrasse la destinée de Colette dans sa globalité et sans contresens ou vision trop contemporaine : de la jeunesse sauvageonne en Puisaye jusqu’aux rues de Paris, de ses trois unions (avec Willy puis avec Henry de Jouvenel dont elle aura une fille, Colette, dite « Bel-Gazou » puis avec Maurice Goudeket) en passant par sa relation à la maternité, à l’écriture et au féminisme (contrairement à ce que l’on pourrait penser et malgré l’éducation de sa mère, qui l’était, Colette n’a jamais revendiqué un quelconque féminisme et manifestait même un mépris avoué envers les suffragettes), tout y est. Il n’y a pas que la Colette écrivaine décrite ici, mais la femme dans son ensemble. Si je connaissais son histoire dans les grandes lignes, j’ai apprécié de la redécouvrir ici. La biographie de Madeleine Lazard est considérée comme une référence et on comprend pourquoi.
    Si vous aimez Colette ou bien que vous la découvrez tout juste, cette biographie peut être un bon moyen d’en apprendre plus sur elle et sur la vie éclectique qu’elle a menée, sans jamais se préoccuper des autres ni de leur jugement. On prend la mesure de l’intensité de sa vie, de l’amour qu’elle vouait au fait d’exister, de profiter, de jouir tout simplement des plaisirs qui lui étaient offerts : plaisirs amoureux ou plaisirs de la table, plaisir aussi de faire ce que l’on veut quand ses semblables n’en ont pas le droit ou, tout simplement, ne songent même pas à s'en donner le droit. On a le sentiment qu’à une époque où cela n’allait pas de soi, Colette a pris sa vie à bras le corps, elle s’est « prise en charge » elle-même et malgré ses trois mariages, n’a jamais forcément « appartenu » à ses époux, bien qu’elle ait su se montrer très éprise, notamment du séduisant Jouvenel, surnommé « Sidi » et qui sera le père de son unique enfant ou encore du fils de ce dernier, Bertrand (de trente ans son cadet), avec lequel elle entretiendra une relation brève mais passionnée et qui lui inspirera Le Blé en Herbe, où le jeune héros, Phil, s’éprend de la dame en blanc, la mystérieuse Mme Dalleray.
    Passionnant, voilà le mot qui peut nous venir spontanément à la lecture de ce destin que l’on peut dire exceptionnel par bien des aspects. Si je n’y ai rien découvert de forcément inédit (hormis la vision nuancée et objective de Willy, dont l’image est aujourd’hui noircie par les propos tenus par Colette après leur divorce), j’ai malgré tout pris plaisir à m’évader dans cette lecture à la rencontre de cette écrivaine dont je chéris l’œuvre depuis de nombreuses années et qui m’a toujours donné l’impression d’avoir été comme l’un des derniers témoins de cette France ancestrale et encore rurale de la fin du XIXème siècle (la description de l’école dans les Claudine par exemple, y est pour nous, lecteurs du XXIème siècle, délicieusement rétro), qui est vouée à disparaître dans le sang de la Grande Guerre, la France de Millet et de Courbet qui deviendra bientôt celle des cabarets et du tourbillon étourdissant de l’entre-deux-guerres.

    Colette en 1932 dans son appartement parisien des Champs-Élysées

     

    En Bref :

    Les + : cette biographie se lit comme un roman ! Fluide, bien écrite, on ne s'ennuie pas une seconde ! D'ailleurs, la vie de Colette, écrivaine, meneuse de revue, journaliste, grande amoureuse, n'est-elle pas un roman ?
    Les - : aucun point négatif à soulever !


    Colette ; Madeleine Lazard

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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