• Deux soeurs : Yvonne et Christine Rouart muses de l'impressionnisme ; Dominique Bona

    « C'est un tableau que tout le monde connaît. Une de ces œuvres phares de l'histoire de la peinture, tellement vues, revues et reproduites qu'elles font partie du paysage et ont l'air d'avoir toujours été là. … Renoir l'a baptisé « Yvonne et Christine Lerolle au piano ». …. Leur nom ne parle qu'aux amateurs et aux érudits. Elles semblent immobilisées pou l'éternité dans la douceur d'un ancien temps. Qui sont-elles, ces sœurs Lerolle ? Qu'ont-elles fait ? Ont-elles été heureuses ou malheureuses ? Que sont-elles devenues ? »

    Couverture Deux soeurs : Yvonne et Christine Rouart les muses de l'impressionnisme

     

     

     

        Publié en 2013

      Éditions Le Livre de Poche

      456 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Tout le monde connaît Yvonne et Christine Lerolle. Elles ont été immortalisées par Renoir dans son tableau : Yvonne et Christine Lerolle au piano (1897). Leur père Henri était peintre et collectionneur. Il comptait parmi ses familiers des artistes, des écrivains, des musiciens : Renoir, Degas, Debussy, Chausson, Mallarmé, Gide, Claudel. Elles avaient tout pour être heureuses, quand Degas, qui aimait jouer les entremetteurs, eut l'idée de les marier à deux des fils d'un autre collectionneur de ses amis, Henri Rouart. Les sœurs Lerolle, devenues les sœurs Rouart, en avaient fini avec le bonheur et l'insouciance.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Il y a deux ans, j’ai acheté ce livre en ne sachant absolument rien de ces deux sœurs, Yvonne et Christine Rouart donc, mais j’avoue que j’étais intriguée. Découvrir le destin de deux sœurs, muses de l’impressionnisme, c’était vraiment tentant, d’autant plus que j’avais lu peu de temps auparavant Colette et les siennes, de Dominique Bona, qui m’avait bien plu. Vraiment, je partais très confiante et...c’est là que le drame survient !
    Bon, d’accord, le drame, c’est peut-être un peu fort, mais pour le dire plus simplement, je n’ai pas vraiment accroché à cette lecture, qui a été longue et laborieuse. Pourquoi ? Eh bien, en premier lieu, parce que le résumé ne m’a pas vendu ce que j’ai réellement trouvé dans le livre et je trouve que c’est toujours un peu décevant pour un lecteur. Certes, on peut se faire soi-même une fausse idée, mais là j’ai plus eu l’impression d’avoir été induite en erreur...moi qui m’attendais à une biographie d’Yvonne et Christine – que je me faisais une joie de rencontrer d’ailleurs - j’ai plutôt eu droit à une chronique de la Belle Époque et de son émulation artistique qui, en soi, n’est pas inintéressante, bien au contraire, mais voilà, pour ma part, ce n’est pas ce que j’attendais. Au final, alors que je pensais que ce serait justement l’époque qui se mettre “ au service “ si je puis dire, du récit des destinées des deux sœurs, c’est finalement le contraire qui s’est produit et il m’a semblé que Yvonne et Christine devenaient finalement des faire-valoir, alors que je m’attendais à quelque chose de radicalement différent.
    Alors certes, l’autrice prend comme point de départ de son récit - assez chaleureux, on ne peut lui enlever ça - un tableau de Renoir représentant justement Yvonne et Christine, alors qu’elles sont encore adolescentes. Nous sommes en 1897, les deux sœurs, qui ne s’appellent pas encore Rouart mais Lerolle, n’ont pas vingt ans. Musiciennes confirmées, baignant dans l’art sous toutes ces formes, Yvonne et Christine sont représentées chez elle, dans l’appartement parisien de leurs parents, devant le piano familial : l’aînée, Yvonne, s’exerce, tandis que sa cadette Christine, en robe rouge, est penchée sur les partitions, dont elle semble tourner les pages. Derrière elles, on aperçoit deux tableaux accrochés aux murs. Leur père, Henry Lerolle, non content d’être un peintre reconnu, est aussi un collectionneur et un mécène averti : dans le salon où jouent ses filles, sont donc exposés deux tableaux de Degas, dont on aperçoit des détails. Avant la course, sur la gauche et un Groupe de danseuses, sur la droite. Ce tableau est donc tout à fait symbolique et représentatif du monde dans lequel vivent les deux sœurs, un monde bourgeois aisé qui a érigé l’art (peinture, littérature, musique) en véritable religion. Les amis de la famille sont des artistes de génie, tels Degas, Renoir ou encore, le compositeur Debussy. Leur père est peintre, elles-mêmes maîtrisent le piano à la perfection quand l’un de leurs oncles écrit et l’autre compose. Leurs amies d’enfance sont Geneviève Mallarmé, la fille du poète ou encore, Julie Manet, la fille de Berthe Morisot et nièce du « père » d’Olympia...

    Fichier:Pierre-Auguste Renoir - Yvonne et Christine Lerolle au piano.jpg —  Wikipédia

    Yvonne et Christine Lerolle au piano, tableau de Renoir daté de 1897 est le point de départ de l'enquête de Dominique Bona pour écrire Deux soeurs


    Issues de la bourgeoisie parisienne, catholique mais aux idées libérales, Yvonne et sa cadette Christine – elles sont nées respectivement en 1877 et 1879 – grandissent dans un cocon de douceur familiale où les filles et leurs aptitudes ne sont pas brimées. Les livres ne sont pas interdits et les deux sœurs peuvent pratiquer comme elles le souhaitent les arts dont leurs parents sont de fins connaisseurs : pour elles, ce sera le piano. Yvonne et Christine sont de très bonnes musiciennes.  Dans cette France de la Belle Époque, déchirée toutefois par la haine antisémite que suscite l’affaire Dreyfus, deux sœurs issues de la bonne bourgeoisie parisienne ne peuvent faire que de beaux mariages avec des pairs, des jeunes hommes issus eux aussi des meilleures familles de la capitale. Pour Yvonne, l’heureux élu sera Eugène Rouart, né en 1872. Il sera ingénieur agronome de formation mais se rêvera toute sa vie écrivain. Il entretient une relation amicale assez tumultueuse avec André Gide. Quittant Paris peu après son mariage avec Yvonne, il s’installe à la campagne, où il devient propriétaire terrien dans la région de Toulouse puis s’engagera en politique. 
    Le futur époux de Christine est le frère d’Eugène. Le sort veut donc que les deux sœurs Lerolle, très unies, se marient avec deux frères qui eux, sont très dissemblables. Ce double mariage, qui aurait d’ailleurs pu resserrer les liens va en fait les distendre, puisque Christine continuera sa vie parisienne, culturelle et mondaine, presque comme lorsqu’elle était encore jeune fille, tandis qu’Yvonne suit la mort dans l’âme son mari en Haute-Garonne et s’occupe de son foyer tandis qu’Eugène est toujours par monts et par vaux.
    Né en 1875, Louis est le benjamin d’Henri Rouart et de son épouse Hélène Jacob-Desmalter, issue d’une « dynastie » d’ébénistes réputés qui ont notamment travaillé pour les derniers rois de France. Christine et Louis sont les grands-parents de l’auteur, chroniqueur, essayiste et académicien Jean-Marie Rouart. Se faisant notamment remarquer pour son caractère de polémiste assez violent, il fonde les éditions de L’Art catholique au début du XXème siècle, où il publie des auteurs dont il est proche, comme Claudel ou Maritain. Fermement anti-dreyfusard, il est un adversaire farouche de Zola. 
    Les deux mariages d’Yvonne et Christine ne seront pas heureux, pour des raisons différentes mais le résultat sera le même : les deux sœurs vivront dans l’amertume d’un mariage raté, après avoir connu la douceur d’un foyer uni. Yvonne souffre de son éloignement de Paris et de sa famille, avec laquelle elle garde surtout un contact épistolaire. Surtout, Eugène Rouart est écartelé entre son désir de vie bourgeoise et sans histoire et une homosexualité qui le torture mais qu’il n’acceptera jamais, au contraire d’André Gide qui parviendra toute sa vie à faire la part des choses entre sa sexualité et son mariage avec son épouse. 
    Quant à Christine, les relations seront très vite houleuses avec son époux au caractère volcanique, à tel point qu’ils finiront par se séparer de corps, après la naissance de sept enfants. 
    Finalement, alors que j’attendais beaucoup de cette lecture, j’avoue avoir été un peu déçue. Comme je le disais un peu plus haut, finalement, Yvonne et Christine sont plutôt des faire-valoir, des prétextes pour un propos plus vaste qui aborde le monde de l’art, de la littérature et de la musique entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle. C’est bien sûr toujours enrichissant de découvrir cet univers mais j’avoue que je m’attendais à autre chose et, dans les premiers chapitres, le nombre de personnages et les œuvres d’art pléthoriques m’a perdue, à tel point que le livre m’est souvent tombé des mains. Et si ça s’est un peu arrangé par la suite, malheureusement je ne me suis pas sentie plus captivée. Sans avoir eu du mal à finir le livre, malgré tout je me suis parfois surprise à lire mécaniquement et sans forcément beaucoup de passion. 
    Je ne regrette toutefois pas cette lecture, notamment parce qu’avec Dominique Bona, on a toujours l’assurance de lire un livre riche, bien détaillé et bien documenté. Je reste juste un peu sur ma faim, dommage.  

    Yvonne et Christine Lerolle au piano, avec leur frère Jacques et leur mère,  Madeleine - Anonyme | Musée d'Orsay

     

    Photographie des deux soeurs au piano : près d'elle, leur frère Jacques, derrière, leur mère Madeleine Lerolle (le cliché est conservé au musée d'Orsay depuis 2008)

    En Bref :

    Les + : un livre intéressant, bien documenté, chaleureux.
    Les - :
     malheureusement le résumé m'a laissé entrevoir que je lirai une biographie d'Yvonne et Christine Rouart. Au final, les deux sœurs servent plutôt de faire-valoir pour un propos beaucoup plus dense et vaste.


    Deux soeurs : Yvonne et Christine Rouart muses de l'impressionnisme ; Dominique Bona

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

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    Colette et les siennes

     

     


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