• Hexagone ; Lorànt Deutsch

    « Toutes les routes se terminent quelque part, mais la route, elle, celle qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes n'a pas de fin. »

    Hexagone ; Lorànt Deutsch

    Publié en 2013

    Editions Michel Lafon 

    458 pages 

    Résumé :

    Un voyage de 2600 ans, pour suivre le mouvement des peuples qui ont fait la France.

    Cela commence au VIe siècle avant notre ère par la création idyllique de Marseille, et se termine de nos jours aux portes du tunnel sous la Manche. Entre-temps. on aura vu surgir les richesses d'une ville celte en Bourgogne, les bateaux transportant sur la Seine le précieux étain de Cornouailles, les voies très convoitées de l'ambre, du sel et du fer, et mille autres témoins du passé. L'Histoire s'inscrit au fil des routes - une par siècle -, et Lorànt Deutsch nous raconte la vie, au fil des jours. Celle des grands de ce monde comme celle des plus humbles habitants. Chaque siècle, riche d'événements, nous en livre les traces palpables et son lot d'anecdotes romanesques. Des chemins empierrés gaulois aux chaussées de monsieur McAdam en passant par les fleuves et le rail, savourez les révélations d'un parcours qui, peu à peu, prend la forme de l'Hexagone.
     
    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :
     
    En 2009, Lorànt Deutsch, qui est acteur de formation, sortait Métronome, l'Histoire de France au rythme du métro parisien, un livre innovant qui a tout de suite trouvé ses lecteurs mais aussi...ses détracteurs. Et, depuis, je crois que la polémique ne s'est jamais arrêtée. Beaucoup de bruit pour rien ? Personnellement, je me suis abstenue de juger tant que je n'avais pas lu et, comme à mon avis, rien ne vaut le jugement personnel, j'ai évité au maximum de lire les avis, positifs ou négatifs, qui auraient pu m'influencer.
    Quatre ans après Métronome, c'est Hexagone, une Histoire de France au rythme des routes que Lorànt Deutsch nous proprose et je dis Banco ! Pourquoi pas ? N'étant pas parisienne, le métro m'avait un peu freinée mais là, il semblerait que le livre soit plus général et comme le résumé me plaît bien, je me dis qu'il serait peut-être bien de tenter.
    De part ma formation universitaire -j'ai fait trois ans d'Histoire ainsi qu'une spécialisation Histoire de l'Art-, j'avoue que j'ai un peu peur en me lançant dans cette lecture et c'est aussi pour ça que j'ai retardé longtemps ma lecture -j'avais ce livre depuis plus d'un an dans ma PAL quand je me suis décidée à le sortir dernièrement. L'Histoire, je suis bien placée pour le savoir, n'est pas une discipline que l'on pratique au hasard, c'est une science à part entière qui répond à une méthodologie rigoureuse. Et pour qu'un livre soit considéré comme exhaustif scientifiquement parlant, il faut bien sûr faire autre chose que de parler d'Histoire dans ses pages. Un travail d'Histoire universitaire doit en effet répondre à des critères bien précis. Ainsi, l'Histoire universitaire s'appuie énormément sur les textes, les commentaires de sources étayés ensuite par des auteurs crédibles et réputés : on peut par exemple citer Minois, Duby, Favier, Gauvard, pour le Moyen Âge ; Tulard pour l'Histoire napoléonienne, Bély, Bluche, Cornette, Petitfils pour le Grand Siècle -oh mon Dieu, voilà que l'ancienne étudiante que j'étais refait surface ! Sors de ce corpshappy
    Mais, pour ceux qui aimeraient l'Histoire sans l'avoir forcément étudiée en dehors du collège et du lycée, par chance, des auteurs réputés ont décidé de rédiger des ouvrages qui étaient accessibles à tous et que l'on a qualifié du vilain mot de vulgarisation mais enfin, c'est tout à leur honneur de donner la possibilité à tous de connaître l'Histoire de son pays, à l'heure où, finalement, elle n'a jamais été aussi présente dans notre actualité et reprise -plus ou moins à bon escient, il faut bien le dire- par nos politiques. Personnellement, je suis une fervente partisane de l'Histoire accessible à tous, à condition bien sûr de ne pas faire n'importe quoi non plus. 
    Peut-on considérer Hexagone comme un livre d'Histoire ? Assurément, non. Mais comme un livre historique, oui. Nuance. Jamais, au grand jamais, je ne me risquerai à comparer ce livre-là à ceux de grands historiens ! D'ailleurs, je ne crois pas que Lorànt Deutsch prétende livrer ici un travail scientifique et, d'ailleurs, je pense que c'est de là que sont venues toutes les critiques. Ses livres ont été présentés comme des livres d'Histoire et, tout de suite, les spécialistes sont montés au créneau, ce qu'on peut comprendre ! Si l'Histoire demande tant d'années d'études avant d'être maîtrisée totalement, c'est bien qu'il y'a une raison. Etre historien ne s'improvise pas et on peut comprendre qu'ils l'aient eue mauvaise en voyant les livres de Deutsch cartonner auprès du grand public. Quant à ceux qui ont soulevé le caractère très politique -voire extrême-droite- de ses ouvrages, eh bien, personnellement, je ne l'ai pas du tout senti. A moins que Lorànt Deutsch se soit appris entre Métronome et Hexagone.
    Après cette introduction un peu longue, passons donc au livre en lui-même. J'ai, tout d'abord, été très agréablement surprise par le style, car je ne m'attendais pas du tout à ça, il faut être honnête. Très fluide, il se lit avec plaisir et facilité. Quant au contenu, j'ai trouvé l'idée assez innovante, finalement : nous faire voyager au fil des routes du pays et ce, depuis une époque où la France n'était pas encore la France et jusqu'à nos jours, j'ai trouvé ça finalement assez original et l'auteur a dû fournir pas mal de travail pour parvenir à connecter tous les chapitres entre eux, car on a finalement un sentiment de continuité assez important. Bien sûr, déformation universitaire oblige, avant même de commencer le livre, j'ai feuilleté la bibliographie, indispensable dans un ouvrage comme celui-là -et même dans les romans, maintenant, les auteurs de romans historiques se mettent de plus en plus à fournir une bibliographie- tout comme dans un travail d'étudiant. De bonnes références en général même si certains ouvrages datent un peu et que des auteurs comme ceux cités plus haut n'apparaissent pas dans cette biblio : on retrouve tout de même Duby, Minois et Favier pour le Moyen Âge, ce qui n'est déjà pas si mal. cool
    Ce que je reprocherais au livre, par contre, ce sont parfois les raccourcis ou certains passages résumés en quelques lignes et qui auraient mérité d'être davantage étoffés, en regard d'autres chapitres très détaillés, notamment en ce qui concerne l'Antiquité. J'ai d'ailleurs retrouvé ce sentiment chez certains lecteurs de Métronome, qui déploraient que certains passages ne soient pas davantage explicités. Ici, disons pas davantage explicités par rapport à d'autres car la partie sur l'Antiquité occupe une bonne partie du roman tandis qu'on passe ensuite très rapidement sur le Bas Moyen Âge, la Renaissance, le Grand Siècle etc... Un passage qui m'a gênée également, quand l'auteur en vient à aborder la succession d'Octave -futur Auguste- à César, assassiné aux ides de mars -44. On a le sentiment, en lisant ce chapitre, qu'Octave est devenu empereur sitôt après avoir accédé au pouvoir, or, ce n'est pas le cas, puisque ce qu'on appelle l'Empire ou encore le Principat, ne sera vraiment effectif qu'en -27. Aucune mention, par exemple, du triumvirat mis en place par Octave et qui associait à son pouvoir Marc Antoine et Lépide. Alors, oui, bien sûr nous ne sommes pas ici dans un Précis d'Histoire Ancienne, nous ne sommes pas non plus dans un livre d'Histoire Romaine mais quand même, ce raccourci m'a un peu gênée. Autre petite erreur, moins grave mais quand même...l'oncle d'Aliénor d'Aquitaine, prince d'Antioche, ne s'appelait pas Robert mais Raymond. Bon, à la limite, je serais plutôt encline à fermer les yeux sur cette erreur-là ! ^^ J'ai eu très très peur en arrivant au chapitre concernant Charles Martel et l'invasion arabe au VIIIème siècle mais Deutsch évite relativement bien l'écueil qui voudrait que l'on juge ce fait historique par rapport à notre actualité. Je ne dis pas que je suis d'accord avec tout ce qu'il dit mais dans l'ensemble, on sauve les meubles ce qui n'est déjà pas si malsmile
    Finalement, après avoir refermé Hexagone, que pourrais-je en retenir ? C'est la grande question. Eh bien, je dirais tout simplement qu'il n'y a pas que du mauvais dans ce livre, bien au contraire. Avant la rigueur historique, Deutsch fait passer sa passion pour l'Histoire -et il me semble qu'on n'a pas besoin d'avoir fait des études sur tel ou tel domaine pour en être passionné- et peut-être aussi l'anecdote, ce qui me fait dire qu'on est bien plus dans une Histoire romancée qu'une Histoire rigoureuse mais, peu importe. Deutsch a travaillé pour nous livrer cet ouvrage et même si on n'est pas d'accord avec la démarche, on ne peut pas lui enlever l'effort d'avoir tenté quelque chose. Personnellement, c'est avec des yeux indulgents que j'ai regardé cette démonstration et en essayant au maximum de m'enlever de la tête toutes les critiques et polémiques qui ont été soulevées depuis la sortie de Métronome, il y'a cinq ans. Bien sûr, ses livres ne feront certainement jamais partie des bibliographies des étudiants en Histoire et alors ? Cela en fait-il pour autant un livre qui ne mérite pas d'être lu ? Afin d'en apprendre un peu plus sans s'ennuyer, pourquoi pas ? Et pour ceux qui seraient vite rebutés par les livres scientifiques -ce que je peux comprendre parce que les livres d'Histoire pure et dure sont parfois laborieux-, eh bien ce genre de livres peut être une bonne introduction. Parce que, finalement, malgré quelques petits raccourcis, j'ai été surpris par le nombre relativement peu important d'erreurs. A prendre finalement comme un roman historique ou un historique « de vulgarisation » semi-romancé. Je suis persuadée que, si ces livres avaient été présentés de la sorte, on les aurait finalement mieux acceptés.
    Maintenant, à vous de vous faire votre opinion sur ces livres. Voilà ce que je dirais en guise de mot de fin car rien ne vaut le jugement personnelyes
     
    En Bref : 
     
    Les + : un parti-pris intéressant, de l'Histoire romancée mais intéressante, un style fluide.
    Les - :
     des raccourcis, des passages qui auraient pu être plus explicités, c'est dommage.
     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 8 Janvier 2015 à 12:55

    C'est vrai qu'avec Stéphane Bern ou encore Franck Ferrand, la vulgarisation est en marche. Ils sont connus et ça peut être énervant qu'on parle d'eux qui sont des personnalités publiques et qu'on ne parle pas plus des grands historiens qui ont des bases solides. Cependant j'aime beaucoup Secrets d'Histoire qui va à l'essentiel, et j'aime aller vers des ouvrages d'historiens lorsque je veux m'intéresser à un sujet précis.

    J'ai lu "Métronome" et c'est un peu dérangeant que ce soit un livre écrit par un comédien et non un historien mais celui-ci m'a permis de voyager dans Paris. Je note "Hexagone" dans ma PAL car il n'y était pas encore

    2
    Vendredi 9 Janvier 2015 à 16:25

    Métronome me fait davantage de l'oeil mais il est certain que je lirai celui-ci également.

    3
    Jeudi 15 Janvier 2015 à 21:48
    Je n'aime pas Deutsch en tant qu'acteur mais j'avoue que les peu de fois ou je l'ai entendu parler, je l'ai trouvé assez brillant.
    Je pense que je me laisserai tenter un jour par un de ses livres.
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