• « Je ne suis pas jolie, je suis pire », Souvenirs 1859-1871 ; Princesse Pauline de Metternich

    « L'Empire était renversé et tout, jusqu'au palais où si souvent nous avions assisté aux fêtes les plus brillantes et aux réunions les plus choisies et les plus joyeuses avait disparu ! »

    « Je ne suis pas jolie, je suis pire », Souvenirs 1859-1871 ; Princesse Pauline de Metternich

    Publié en 2010

    Année de publication originale : 1922

    Editions Le Livre de Poche (collection La Lettre et la Plume)

    285 pages

    Résumé :

    La princesse Pauline de Metternich, femme de l'ambassadeur d'Autriche auprès de Napoléon III, sut faire oublier sa laideur (« un nez en trompette et des lèvres en rebord de pot de chambre » ) grâce à son esprit acéré et ses extravagances.                                                                                               Elle qui anima la cour impériale et la vie mondaine du Paris du second Empire, conte par le menu les fêtes, dîners et scandales et dresse dans ses souvenirs un portrait savoureux de ses contemporains. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1859, un nouvel ambassadeur d'Autriche en France arrive dans le Paris en pleine effervescence du Second Empire : il s'agit de Richard de Metternich, plus jeune fils du fameux chancelier, grand adversaire devant l'éternel de Napoléon Ier. Il est l'époux de sa propre nièce -oui oui, vous avez bien lu, Richard de Metternich a tout simplement épousé la fille de sa soeur !-, Pauline de Metternich-Sándor, fille de Léontine de Metternich et du comte Moric Sándor de Szlavnicza.
    La nouvelle ambassadrice a vingt-trois ans, elle est dans la fleur de son âge mais elle n'est pas jolie. Aucune comparaison possible avec la beauté éthérée d'une Elisabeth d'Autriche, le charme puissant de l'Andalouse Eugénie ou encore, la beauté flamboyante -quoique figée- de la fameuse Castiglione. Non, la femme de l'ambassadeur d'Autriche n'est pas ce que l'on peut appeler une jolie femme, mais elle saura faire oublier ce défaut physique, un peu comme Germaine de Staël avant elle, par son esprit piquant, sa spontanéité, sa générosité et son sens de la répartie -le titre du livre, un brin provocateur, en est un bon exemple, d'ailleurs !  La jeune femme débarque dans une Cour de parvenus, certes, bien éloignée de la noblesse séculaire de l'empire d'Autriche, mais qui vit à une allure ahurissante, s'étourdissant de bals, de fêtes et de séries, essayant vainement de faire revivre le faste de l'Ancien Régime. Comme conscient de sa propre fin, l'Empire de Napoléon III s'abrutit en réjouissance comme pour ne pas voir l'inéluctable qui approche à grands pas. C'est dans ce contexte que Richard et Pauline vont découvrir Paris et la France. Contre toute attente, la jeune femme sait se faire apprécier tant d'Eugénie que de Napoléon III. Elle sera de tous les bals costumés, de toutes les séries de Fontainebleau et Compiègne. Elle sera aussi le témoin d'une époque beaucoup moins drôle, quand l'Empire se délite et que l'empereur se trouve prisonnier des Prussiens en septembre 1870.

    « Je ne suis pas jolie, je suis pire », Souvenirs 1859-1871 ; Princesse Pauline de Metternich

    La princesse de Metternich par Franz Xaver Winterhalter (XIXème siècle)


    C'est une déjà vieille femme qui écrit : Pauline a près de soixante ans lorsqu'elle décide de coucher sur papier sa jeunesse dans un premier ouvrage -ce volume sera en allemand et aura pour titre Geschenes, Gesehenes, Erlebeter, autrement dit, « Ce qui m'est arrivé, ce que j'ai vu, ce que j'ai vécu »-, puis, dans un second, la parenthèse française qu'elle vécut au côté de son époux pendant son ambassade. Ce récit sera écrit en français et publié pour la première fois en 1922 aux éditions Plon, un an après la mort de Pauline. Comme l'impératrice Eugénie qui meurt nonagénaire au début du XXème siècle, c'est à un âge fort avancé pour l'époque que l'ancienne ambassadrice rend son âme à Dieu...
    C'est avec l'humour et la spontanéité qui lui sont caractéristiques que Pauline de Metternich raconte ces douze ans passés en France. De toute jeune fille, elle aura le temps de devenir femme. Ses enfants, deux de ses trois filles tout au moins, viendront au monde en France. Elle y fréquentera le gratin de l'époque, elle y vivra somme toute heureuse. Elle connaîtra l'exil, comme Eugénie, partant pour l'Angleterre avant de regagner son pays, l'Autriche, où elle passera le reste de sa vie, une vie heureuse auprès des siens.
    Mais c'est finalement avec beaucoup de nostalgie qu'elle conte ses années françaises. Nostalgie d'une jeunesse éteinte, peut-être, mais nostalgie aussi d'un temps révolu à jamais. Peut-être que Pauline, vieille dame respectable de soixante ans, pressent les terribles événements qui vont venir bouleverser et ensanglanter le début du XXème siècle...peut-être, en décrivant les fastes mais aussi les décadences du régime français, entrevoit-elle qu'il sera finalement le destin de bien des royaumes, à commencer par l'Autriche, après la Grande Guerre...ou, peut-être, tout simplement, alors qu'elle entre dans un âge où on se remémore avec joie mais aussi avec tristesse un passé qui commence déjà à dater et où l'on commence à pleurer les disparus, Pauline a-t-elle eu besoin de coucher sur papier et donc, d'immortaliser en quelque sorte, un pan de sa vie qu'elle juge important et digne d'être connu des générations futures.
    En effet, c'est un tableau pas forcément objectif, certes, mais intéressant que l'ambassadrice nous livre du Second Empire...sous sa plume, Napoléon III devient un souverain un peu bonhomme, sans façons, un peu bourgeois comme avait pu l'être Louis-Philippe avant lui, Eugénie est une souveraine aimant la mode, certes, mais peu fière et charitable. Les courtisanes sont des têtes folles, les messieurs sont peut-être un peu vaniteux, mais quel courtisan n'est ni frivole ni vaniteux ? Pauline, avec son naturel, détonne il est vrai au milieu d'une Cour relativement compassée, crispée sur des principes anciens pour faire oublier son origine tandis que les souverains, qui ne peuvent assurément pas rivaliser avec les Capétiens, restent des gens plutôt simples dans leur particulier et accessibles. C'est en tous avec de l'estime et de l'amitié que Pauline décrit Napoléon et Eugénie mais ce sont -et c'est d'importance-, les personnages de l'envers qu'elle nous conte, oubliant, délibérément ou pas, de faire une chronique mondaine ou politique de son temps. Ce n'est pas ici son objectif et, sous sa plume, l'empereur et l'impératrice redeviennent très humains. Certains chapitres sont un peu anecdotiques, d'autres le sont moins. Ce petit livre permet en tous cas d'apercevoir ce Second Empire sur lequel on a beaucoup parlé et beaucoup écrit, en bien ou en mal, sous un éclairage neuf. Une lecture rapide mais sympathique.

    « Je ne suis pas jolie, je suis pire », Souvenirs 1859-1871 ; Princesse Pauline de Metternich

     

    Une photographie de Pauline : son visage atypique a parfois fait dire d'elle qu'elle était « une jolie laide »

     

    En Bref :

    Les + : un style fluide et spontané qui donne du relief au récit.
    Les - :
    une lecture rapide, trop rapide peut-être.


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Mars 2015 à 20:24

    Je le note même s'il ne fera pas partie de mes priorités de lectures. J'aime bien la couverture, qui fait à la fois enfantine et fille. Je connais cette collection que de nom mais j'aimerai m'y intéresser plus !

    2
    Samedi 7 Mars 2015 à 15:42

    Moi aussi je trouve la couverture très belle...Je ne l'avais pas forcément trouvée enfantine au premier coup d'oeil mais maintenant que tu me le dis, oui, en effet, il y'a quelque chose de l'enfance dans sa conception ! wink2 Et elle est très fille, c'est vrai, mais du coup, elle colle complètement au personnage de Pauline de Metternich pas forcément très jolie mais certainement très femme ! cool La collection La Lettre et la Plume a le don pour faire des couvertures qui attirent vraiment l'oeil ! 

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