• Les Déracinés, tome 2, L'Américaine ; Catherine Bardon

    « Tu as raison, Ruthie, on ne peut savoir qui est on qu'en connaissant ses racines. »

    Couverture L'américaine

     

     

     

      Publié en 2020

     Editions Pocket

     583 pages 

     Deuxième tome de la saga Les Déracinés

     

     

     

     

    Résumé :

    Septembre 1961. Du pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York. Elle en est sûre, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père, Wilhelm. Très vite, elle devient une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié, des amours et des bouleversements du temps : l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture...
    Mais Ruth se cherche. Qui est-elle vraiment ? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens ? Américaine d'adoption ? Dans cette période de doute, elle est entourée par trois femmes fortes et inspirantes : sa mère Almah en République dominicaine, sa tante Myriam à New York et sa marraine Svenja en Israël symbolisent son déchirement entre ses racines multiples. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec L'Américaine, Catherine Bardon nous offre la suite de saga familiale commencée avec Les Déracinés et qui couvre toute la seconde moitié du XXème siècle et les premières du XXIème siècle.
    Pour vous faire une rapide remise dans le contexte, si vous n'avez pas lu le premier tome, nous suivons la famille Rosenheck, de son exil à la fin des années 1930, jusqu'à son installation en République dominicaine. La saga, qui doit compter quatre tomes, va suivre les différentes générations de la famille, jusque dans les années 2010.
    Au début des années 1930, Almah et Wilhelm, deux jeunes Autrichiens, se rencontrent dans une Vienne florissante et brillante de culture. L'idylle qui les lie rapidement est consacrée par un mariage puis par la naissance d'un premier enfant, Frederick, en 1936. En somme, Almah et Wil ont tout pour eux, tout pour être heureux et l'avenir devant eux...mais les nuages noirs et menacants s'amoncellent déjà à l'horizon : en 1938, l'Autriche est annexée par l'ogre hitlérien et devient un satellite du Reich. Comme en Allemagne, des lois particulièrement dures sont promulguées contre la population juive qui s'élève, en Autriche, à plusieurs millions de personnes parfaitement intégrées. Et Almah et Wilhelm sont juifs. Ils n'auront d'autre choix, pour sauver leur peau et offrir un avenir à leur fils, que de partir, quitter l'Europe, pour échouer sur une petite île des Caraïbes, la République dominicaine : celle-ci est alors sous la coupe d'un dictateur, Trujillo, mais c'est le seul pays à avoir accordé des visas aux Juifs fuyant l'Europe... Almah et Wil, avec leurs fils et d'autres déracinés vont s'installer dans une petite communauté éloignée, Sosùa et tenter d'y reconstruire tant bien que mal leurs vies, loin des horreurs qui se déchaînent alors en Europe.
    C'est là que naît leur fille Ruth, dite Ruthie, en 1940. Contrairement à son frère né en Autriche, Ruth voit le jour à Sosùa. Elle naît donc dominicaine, de parents juifs autrichiens immigrés par la force des choses. Son pays, c'est la République dominicaine, sa terre natale, l'endroit où la rattachent tous ses souvenirs d'enfance. Au début des années 1960, pour marcher dans les pas de son père, journaliste, la jeune femme quitte son île paradisiaque pour New-York, afin de suivre des cours à l'université de Columbia. Ruth n'est plus une adolescente mais tout à fait une adulte et découvre une vie tourbillonnante, effervescente, loin de la tranquillité de la petite communauté de Sosùa, perdue dans la campagne dominicaine et bordée d'une idyllique plage de sable fin face à la mer turquoise. New-York est une ville en constante expansion, une ville grouillante de vie et de nouveautés, là où se font et se défont les modes. Ruth va être aux premières loges d'événements cruciaux de l'époque : la crise des missiles de Cuba, en 1962, en pleine guerre froide, l'assassinat de JFK l'année suivante, l'ascension d'un pasteur charismatique, Martin Luther King, les marches pour les droits civiques, les premières contestations contre la guerre au Vietnam, les débuts du mouvement hippie et de la contre-culture.

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    Le New-York des années 1960, dans lequel évolue Ruthie le temps de ses études de journalisme


    Ruth vit une époque bouleversée, pleine de changements, entre un XXème siècle encore pétri de traditions mais qui a déjà basculé dans la modernité galopante des Trente Glorieuses, leur économie triomphante, le capitalisme érigé quasiment au rang d'une idéologie, en opposition au communisme du bloc de l'Est, les grandes puissances qui se regardent en chiens de faïence et dont on craint le moindre faux-pas, qui serait alors le signe d'un embrasement général. Le milieu du XXème siècle annonce le nôtre : la surconsommation, les innovations, le toujours plus vite, le toujours plus loin...et pourtant, on n'est pas encore guéri des traumatismes des dernières décennies et pour des jeunes gens qui ont une vingtaine d'années alors, la génération directement impactée par la Seconde guerre mondiale, c'est celle des parents. Et on doit se construire avec ça, parfois avec des souvenirs qui ne sont pas les siens mais que l'on se traîne malgré tout ou alors vivre avec des non-dits qui n'en sont pas moins dévastateurs parfois...
    Ruth est un peu le symbole de cette époque contrastée : plus émancipée, plus libre mais se cherchant toujours... qui est-elle vraiment ? Une Européenne parce que ses parents le sont, une Autrichienne même si elle n'a jamais mis les pieds dans ce pays ? Ou une Dominicaine, ce qu'elle est au plus profond d'elle, parce qu'elle a toujours vécu là-bas, parce qu'elle maîtrise autant l'espagnol que l'allemand, parce que tous ses souvenirs la rattachent à cette terre, comme ses parents, par leurs souvenirs, sont rattachés à l'Autriche ? Et puis il y'a aussi cette judéité qui les conditionne malgré eux, parce qu'elle a finalement impliqué des changements et des bouleversements irrémédiables pour chacun... Difficile de se construire avec ces questionnements, quand plusieurs héritages se confondent en une même personne, quand l'un n'est pas simple à porter et quand, au final, on n'en sait pas grand-chose...difficile, dans ces conditions, de savoir qui on est et ce qu'on veut, surtout que l'époque ne s'y prête pas vraiment.
    Un peu moins riche peut-être que Les Déracinés, qui était un gros pavé et posait les bases de l'univers, L'Américaine n'en est pas pour autant décevant. Je l'ai tout autant aimé et je me suis attachée à Ruthie dans laquelle j'ai pu me retrouver : j'ai eu beaucoup d'affection pour cette jeune femme qui se cherche, à l'impression de ne pas faire les bons choix, de ne pas avancer alors que, vu de l'extérieur, elle est forte et déterminée.
    Enfin, je crois que Catherine Bardon a le don de faire vibrer une corde sensible chez moi...laquelle, je ne sais pas exactement mais j'ai refermé Les Déracinés en versant des torrents de larmes et j'ai aussi souvent été émue en lisant L'Américaine...j'ai trouvé que l'auteure excellait encore une fois à décrire et décortiquer la complexité de l'âme humaine, elle le fait vraiment avec brio et ces récits résonnent vraiment en moi et me touchent beaucoup.
    J'avais déjà pressenti avec Les Déracinés que cette saga familiale entre l'Europe des années 1930, l'Amérique des années 1960 et les Caraïbes, jusqu'à nos jours, serait prometteuse. Inutile de dire que L'Américaine me l'a confirmé et de la plus belle des manières. Mon ultime objectif de lectrice est donc d'attendre les deux derniers tomes, même si je ne vais pas les lire tout de suite, histoire de faire durer le plaisir. Je suis en tout cas déjà nostalgique de cet univers dans lequel je me sens si bien

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    Le 28 août 1963, à Washington, le pasteur Martin Luther King s'adresse à la foule : c'est à cette occasion qu'il prononce son fameux « I have a dream. »

     

     

    En Bref :

    Les + : le mélange bien dosé d'histoires individuelles et de grande Histoire, le personnage de Ruth, qui se cherche et se trouve à la croisée des chemins, l'univers sans développé qui fait des Déracinés et de sa suite un univers dense, riche et dans lequel on se sent bien. 
    Les - :
    Aucun.


     

    L'Américaine ; Catherine Bardon 

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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