• La Bougainvillée, tome 2, Quatre-Épices ; Fanny Deschamps

    « Un proverbe espagnol dit aussi : Ne t'inquiète pas de savoir si le paradis existe ou non ; va sur le chemin qui y mène, car c'est lui-même le paradis. »

    La Bougainvillée, tome 2, Quatre-Épices ; Fanny Deschamps

     

     

      Publié en 2017

     Editions Le Livre de Poche

     960 pages

     Deuxième tome de la saga La Bougainvillée

     

     

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    29 septembre 1766. Jeanne embarque à Lorient sur une flûte de la Royale, l'Etoile des Mers, pour un long périple en direction de l'Isle de France. Déguisée en valet du botaniste du Roi -le docteur Philibert Aubriot, qu'elle aime depuis son enfance-, Jeanne devenue Jeannot n'a qu'un seul but : retrouver le chevalier Vincent de Cotignac, un corsaire dont elle s'est également éprise. Fanny Deschamps déploie toute la richesse et la sensualité de son écriture et poursuit, après Le Jardin du Roi, son récit des aventures de Jeanne et de ses mille plaisirs. Quatre-Epices est une découverte des éblouissements des nuits et des jours dans les mers du Sud et un XVIIIe siècle inoubliable, où l'Isle de France est encore l'oasis romantique de Paul et Virginie. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au début de ce deuxième tome, on retrouve Jeanne là où on l'a laissée, c'est-à-dire à bord du navire L'Etoile des Mers, en partance pour les Mascareignes. Se faisant passer pour le valet du docteur Aubriot, elle a pu l'accompagner dans son formidable voyage destiné à herboriser et répertorier les beautés de mondes inconnus pour le compte du Jardin du Roi, à Paris.
    De Rio, aux plaines sauvages de la Plata jusqu'aux douceurs sucrées de l'Isle de France (la future île Maurice), Jeanne grandit et découvre avec émerveillement tout ce que le monde a de beau à offrir. Et elle retrouve aussi un fantôme de son passé, cet homme qu'elle n'a jamais réussi à oublier vraiment, le mystérieux Vincent de Cotignac, corsaire et chevalier de Malte.
    Si vous avez lu ma chronique du premier tome, vous avez pu voir que je l'ai beaucoup aimé et que la si jolie langue utilisée par l'auteure m'a fait forte impression : il est vrai que la langue est le meilleur moyen de se plonger entièrement dans une époque, il n'y a qu'à voir L'Allée du Roi, de Chandernagor. Eh bien là, c'est pareil : en choisissant méticuleusement les mots et les assemblant, Fanny Deschamps recrée entièrement le XVIIIème siècle. C'est parfois leste, on appelle un chat un chat, on parle d'amour et même de sexe avec parfois un langage assez châtié. Mais c'est toujours bien écrit et plaisant à lire. La plume de l'auteure sait s'adapter à toutes les situations et peut se faire tendre ou incisive au besoin.
    Mais ce que j'ai peut-être encore plus aimé dans ce tome-là et ce que j'attendais d'ailleurs avec impatience depuis la fin du premier, c'est cet exotisme qui se dégage dès la lecture du titre : Quatre-Épices...Je m'imaginais un voyage plein de senteurs et de couleurs et je les ai eues : les forêts d'aloès, les montagnes noyées dans une brume de chaleur, les odeurs des fruits et des fleurs, leurs couleurs exubérantes. On suit Jeanne dans toutes ses découvertes, en Amérique du sud comme ensuite sur sa petite île humide perdue en plein océan Indien, qui n'est encore qu'une colonie mineure mais que pour laquelle son gouverneur a beaucoup d'ambition et qui va savoir séduire Jeanne, suffisamment en tout cas pour lui donner envie de s'établir dans une petite plantation qu'elle va faire fructifier et transformer. En même temps, c'est elle qui se métamorphose, qui change et qui grandit, tout en étant toujours écartelée entre deux sentiments très forts : celui qu'elle porte, depuis ses dix ans, au docteur Aubriot et qui s'est au fil des ans mué en une affection forte mais dénuée de passion et celui, plein de désir, de fougue et de chaleur qui la pousse vers Vincent. Il est vrai que le personnage est plein de mystères et on comprend aisément qu'il puisse autant intriguer et intéresser Jeanne.
    D'ailleurs, est-ce qu'on en parle, des personnages ? Eh bien oui, parce qu'ils le méritent. En démarrant la lecture du premier tome, Le Jardin du Roi, j'avais un peu peur : qui serait Jeanne ? Comment s'identifier à une jeune fille de quinze ans quand on en a presque le double ? Et puis j'ai été surprise par la profondeur que lui donne l'auteure. Jeanne n'est pas vaine, au contraire et elle est habitée par une passion pour la botanique qui a parlé à la mienne pour l'Histoire. Du coup, j'ai aimé Jeanne dès le départ et j'ai été ravie de la retrouver dans Quatre-Épices. En grandissant, elle ne perd pas sa fraîcheur et sa spontanéité et, en gagnant en maturité, elle devient encore plus attachante. J'avoue avoir éprouvé beaucoup de tendresse pour cette jeune femme qui en veut, qui croit en sa bonne étoile et se bat pour avoir ce qu'elle veut et s'épanouir, à une époque où cela n'allait pas forcément de soi. Si j'ai eu peur au départ de me trouver face à un personnage un peu superficiel avec lequel je peinerai à tisser des liens, je dois dire que Fanny Deschamps m'a très heureusement détrompée.
    Mais surtout, c'est de Vincent que j'aimerais vous parler... Je ne sais pas si cela vous arrive à vous aussi, de tomber amoureux de personnages de roman, de ressentir comme une véritable attirance pour eux ? Cela m'est arrivé plusieurs fois et c'est un sentiment vraiment plaisant, je dois dire et le signe que le livre a réussi à m'accrocher...Et là...ce chevalier Vincent m'a d'abord intriguée avant de me faire fondre littéralement, malgré sa brusquerie et ses paroles parfois assez directes. C'est un personnage masculin qui contrebalance efficacement le personnage de Jeanne, qui forme avec elle un duo qui fonctionne vraiment et apporte beaucoup au roman. J'ai aimé le duo qu'elle formait avec Aubriot, unis tous deux par une même passion : il est extraordinaire de partager celle-ci avec quelqu'un qu'on aime. Mais avec Vincent, Jeanne découvre l'amour adulte, toute la joie qu'il peut apporter mais aussi la peine et les cruelles désillusions. Toujours est-il que je suis absolument tombée sous son charme et que j'ai aimé le retrouver plus présent dans ce deuxième tome.
    Quatre-Épices est un roman historique réussi de bout en bout, pour moi ce fut un pur régal et même si j'ai mis du temps à le lire, je ne regrette pas d'y avoir passé presque deux semaines et c'est même avec une certaine nostalgie que j'ai tourné la dernière page. J'avais aimé Le Jardin du Roi mais j'ai aimé plus encore Quatre-Épices et j'ai encore l'impression de sentir la caresse du vent de l'Isle de France, sa douceur chargée d'odeur d'épices, de bougainvillées et de l'iode de la mer omniprésente. Entre roman historique et récit de voyages, ce roman nous transporte, nous fait voyager et nous fait entrevoir les beautés du monde telles que devaient les voir les hommes du XVIIIème siècle.
    Pour conclure, je dirais que j'ai passé un excellent moment et que je recommande cette saga à tous ceux qui aiment les romans historiques. Vous serez sûrement conquis comme je l'ai été et comme l'ont été aussi beaucoup d'autres lecteurs. 

    En Bref :

    Les + : un roman historique passionnant et bien écrit, un univers qui se met en place au fil des pages et dans lequel on se sent bien et intégré à part entière. 
    Les - :
    Aucun. J'ai passé un excellent moment avec cette lecture.


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  • Commentaires

    1
    Samedi 18 Janvier 2020 à 17:15
    Mypianocanta

    Pffff ce n'est pas prévu du tout mais qu'est-ce que tu me donnes envie de m'y replonger et de le relire encore une fois ! (en plus c'est un vrai livre doudou pour moi <3 )

    Et je suis contente de voir que toi l'historienne tu t'y es retrouvée aussi bien.

      • Samedi 18 Janvier 2020 à 18:12

        Je comprends... wink2 C'est une saga que je viens à peine de quitter mais que je me verrais bien relire un jour, ne serait-ce que pour retrouver les personnages, qui m'ont davantage plu dans ce deuxième tome que dans le premier...Jeanne est encore plus attachante et en prenant un peu d'âge, en devenant adulte, elle porte un regard étonnamment lucide mais en même temps encore mâtiné d'espérance et de foi sur le monde qui l'entoure et je l'ai trouvée courageuse et déterminée. 

        EEt je m'y suis effectivement retrouvée complètement... Ces romans m'ont évoqué ceux de Nicolas Grondin, qui nous emmènent aussi dans les colonies en plein XVIIIème siècle, ils m'ont aussi évoqué le Sans Dieu de Virginie Caillé-Bastide et la saga De Tempête et d'Espoir de Marina Dédéyan...Avec ces romans j'avais déjà voyagé et j'avais encore plus aimé le XVIIIème siècle en en terminant la lecture. Et j'ai trouvé la restitution de l'époque très fine, très précise. Tous les romans historiques devraient être comme celui-ci et comme Le Jardin du Roi. 

        J'ai passé un excellent moment avec cette saga, d'autant plus meilleur qu'il était inattendu. happy

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