• La Guerre des Duchesses, tome 2, Princesse des Vandales ; Juliette Benzoni

    « Aimer tout le monde et en être aimé ? Ne serait-ce pas un brin lassant ? »

    La Guerre des Duchesses, tome 2, Princesse des Vandales ; Juliette Benzoni

     

    Publié en 2014

    Editions Pocket (collection Romans Féminins)

    420 pages

    Second tome de la saga La Guerre des Duchesses 

    Résumé : 

    Après avoir découvert son château pillé et dévasté par les troupes du Grand Condé, qu'elle aime depuis toujours, Isabelle, duchesse de Châtillon, est déterminée à obtenir réparation. Mais elle ne résistera pas longtemps aux sentiments qu'il lui avoue. Ce pourrait être le bonheur. Ce sera la fin d'une paix relative pour Isabelle.                                                                                                                     La Fronde du Parlement et des Parisiens se termine, celle des Princes commence. Moins pour chasser Mazarin que pour s'emparer du pouvoir avant que le jeune Louis XIV ne l'assume. Un incessant et épuisant combat débute alors pour Isabelle qui n'aura de cesse de soutenir et défendre l'amour de son enfance.  

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au dos du livre est écrit l'avis de Versailles Magazine : « Attention, lire un roman de Juliette Benzoni, c'est comme plonger la main dans un paquet de bonbons, on commence et on ne peut plus s'arrêter ! »
    Et ce n'est que trop vrai ! Malgré leurs inégalités, les romans de Juliette Benzoni sont toujours très plaisants à lire et La Guerre des Duchesses ne déroge pas à la règle. Après La Fille du Condamné, qui nous raconte l'enfance et la jeunesse d'Isabelle de Montmorency-Bouteville, orpheline de père à l'âge de trois mois, future duchesse de Châtillon et surtout, maîtresse tendrement aimée du Grand-Condé, Princesse des Vandales se concentre sur la Fronde des Princes et l'âge mûr de l'héroïne. Isabelle avance tout doucement en âge, avec ce que tout cela comporte de joies, peines mais aussi désillusions. Toujours belle, l'égérie de Chantilly, qui se fait ambassadrice des princes dissidents, par amour pour leur chef charismatique et par fidélité filiale envers son petit frère -le futur maréchal de Luxembourg, que l'on surnommera un jour le Tapissier de Notre-Dame-, le paiera d'une disgrâce. Rentrée en grâce par la suite, mais toujours attachée par des liens indéfectibles aux anciens Frondeurs, Isabelle de Châtillon, qui ne meurt qu'en 1695, sera un témoin formidable de l'ascension fulgurante du Roi-Soleil. Devenue Princesse des Vandales -oui oui, c'est un vrai titre, dont elle hérita après son mariage assez tardif d'ailleurs avec Christian de Mecklembourg-Schwerin-, l'ancienne épouse du fougueux Gaspard de Coligny, descendant du célèbre Amiral du même nom, verra le petit enfant malmené par la Fronde grandir, devenir un homme...les anciennes générations -Mazarin, Anne d'Autriche- cèdent doucement la place à une jeunesse insouciante et avide de plaisirs qui gravite autour de Sa Majesté : les jolies nièces de Mazarin, tout droit venues d'Italie et qui seront les premières amours du jeune roi, la vive et gaie Henriette d'Angleterre, mariée au très homosexuel duc d'Orléans mais secrètement éprise du roi, la douce Louise de la Vallière, première maîtresse officielle d'une longue liste.
    C'est dans un roman plein d'aventures, digne d'un film de cape et d'épée, que se croisent tous ces personnages dans un tourbillon incessant. On vole, littéralement, d'un endroit à un autre, dans le sillage de la duchesse de Châtillon, qui a la bougeotte. Bals de cours, emprisonnements, séquestrations, enlèvements -tout est là pour faire de ce roman un vrai livre d'aventures-, mais aussi grandes histoires d'amour jalonnent une intrigue vraiment très captivante et assez juste historiquement, bien que Juliette Benzoni cède parfois aux sirènes du romanesque : par exemple, dans ce roman, la jeune Madame, Henriette-Anne d'Angleterre, qui est décédée à l'âge de vingt-six ans, probablement d'une péritonite aiguë, meurt après l'ingestion d'une tasse d'eau de chicorée empoisonnée...si l'épisode de l'eau de chicorée est juste, le poison, lui, l'est nettement moins, même si l'on a cru pendant longtemps que la jeune princesse, dont la mort a été très soudaine, n'étais pas décédée de mort naturelle, ce qui a été infirmé il y'a quelques temps. Mais qu'importe ? Nous sommes ici dans un roman et, comme se plaisait à le dire Alexandre Dumas de façon imagée : « On peut violer l'Histoire à condition de lui faire de beaux enfants. » Et en matière de viols de l'Histoire, on peut dire qu'il s'y connaissait et s'y est essayé à plusieurs reprises, toujours avec succès puisqu'en effet, il lui a toujours fait de beaux enfants. Et c'est le cas aussi de Juliette Benzoni qui, si elle prend parfois quelques petites libertés avec l'Histoire établie ou la chronologie, pour les besoins de ses intrigues, les ménage en général bien plus souvent.
    Quant au destin d'Isabelle...il nous est aujourd'hui peu connu -on ne trouve en effet que peu d'informations sur elle et ses rares notices biographiques disponibles sur internet se concentrent essentiellement sur sa liaison assez longue avec Condé- et je soupçonne l'auteure d'avoir mêlé informations vraies, ou du moins tirées de mémoires et ouvrages d'époque à des informations peut-être un peu plus...imaginaires, si je puis dire, quoique j'en doute. A mon avis, Juliette Benzoni s'est tout de même beaucoup documentée et a dû en fréquenter, des archives départementales, pour en arriver à ce résultat, car il faut bien être honnête, elle n'a sûrement pas tissé de toutes pièces un destin purement fictif à son héroïne ! Si je ne me suis pas totalement attachée à elle -j'ai préféré la petite à la grande Isabelle, je dois bien avouer-, j'ai quand même apprécié son courage et sa détermination et vibré avec elle à la lecture de ses aventures avec le Grand-Condé, dont Benzoni a réussi à capter, au-delà des siècles, le charisme et l'aura. Il est le second personnage principal de cette intrigue, celui qui lui donne du piquant et on comprend d'ailleurs assez aisément comment et pourquoi Isabelle lui succombe.
    Quelques incohérences se sont glissées dans le roman, mais même les meilleurs n'y sont pas à l'abri : dans le premier tome, deux personnages répondent aux prénoms d'Antoine et Robert deviennent Charles et Jacques dans Princesse des Vandales. Quelques inégalités, aussi, notamment au niveau des dialogues, qui sont parfois suffisamment directs pour apparaître très spontanés et d'autres fois, apparaissent un peu ampoulés voire artificiels à cause d'une ponctuation un peu étrange.
    Mais dans l'ensemble, c'est un roman historique efficace et qui clôt bien la saga. Juliette Benzoni maîtrise bien le genre et la limite subtile entre réalité et imagination, en conciliant savamment les deux. Une bonne lecture et une vraie immersion dans le Grand-Siècle français.

    En Bref : 

    Les + : un roman d'aventures historiques, comme je les aime, rythmé et captivant.
    Les - : quelques incohérences et inégalités mais rien de grave. 


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