« Parfois, dans la vie, il y a des moments si beaux, si poignants, qu'on ne peut les partager, et d'autres trop douloureux pour qu'on les raconte. »

     Publié en 2013 en Angleterre 

  En 2016 en France (pour la présente édition)

  Titre original : The Girl Under the Olive Tree

  Éditions Pocket

  597 pages 

Résumé :

1938. Invitée à rejoindre sa sœur à Athènes, la jeune et fougueuse Penny voit dans ce voyage l'occasion de rompre le carcan de la bonne société anglaise et de prendre enfin son indépendance. C'est là, dans la riche cité antique, que son chemin croise celui de Bruce, un séduisant archéologue néo-zélandais. Et déjà la guerre gronde...
Penny se porte alors volontaire pour aider la Croix-Rouge en Crète et s'improvise infirmière. Mais comment tenir sans nouvelles de Bruce ? Comment protéger son ami Yolanda, jeune infirmière juive ? Et, surtout, comment ne pas céder à cette fascination pour Rainer, haut gradé allemand que le hasard ne cesse de mettre sur sa route ? 

Ma Note : ★★★★★★★★★★

Mon Avis :

La jeune Penny George est une jeune femme pleine de détermination et passionnée, qui ne souhaiterait rien tant que d’étudier sa passion : l’archéologie. Mais voilà, dans son milieu, les filles n’étudient pas et ne peuvent prétendre à l’autonomie et à l’indépendance dont rêve Penny. Pour elles, la seule mission est de bien se marier, pour faire honneur à la famille. Alors que la sœur de Penny, Evadné, se dirige vers ce schéma immuable qui semble lui convenir, Penny, elle, se jure de ne jamais accepter un mariage qui ne lui conviendrait pas.
Alors que la saison des débutantes approche (à son grand dam), Penny est soudain invitée par Evadné, qui vit en Grèce avec son mari, qui occupe là-bas un poste de diplomate. La jeune femme saute sur l’occasion pour quitter l’atmosphère étouffante de la maison familiale en Angleterre et pour découvrir Athènes et la Grèce, qui est le pays d’origine de son père. Là-bas, Penny découvre les vestiges d’une culture qui la fascine et s’inscrit à l’École britannique d’Athènes, où elle peut se familiariser un peu avec l’archéologie et la méthode scientifique. Mais voilà : en cette fin des années 1930, le contexte est de plus en plus menaçant en Europe et Penny va voir son destin changé du tout au tout. Alors que la Seconde guerre mondiale éclate, la jeune femme décide d’entrer à la Croix-Rouge en tant qu’infirmière. Cette activité l’amènera des sommets glacés de l’Albanie jusqu’en Crète, où elle entrera en Résistance auprès des locaux, qui résistèrent vaillamment à l’occupant allemand tout au long de la guerre (la bataille de Crète a lieu en 1941 : l’île tombe mais ne se rend pas pour autant et beaucoup de locaux, aidés par des Britanniques fugitifs, prendront le maquis, menant la vie dure aux occupants).
En 2001, Penny a bien vieilli et ils sont loin, les temps où elle soignait les blessés dans les grottes crétoises et où elle faisait passer des messages clandestins. Il est loin aussi le temps où elle était amoureuse de Bruce, un bel archéologue néo-zélandais devenu résistant en Crète et dont elle perd la trace avant la fin du conflit… A quatre-vingts ans passés, l’heure du recueillement et de la nostalgie est venu pour Penny. Alors, quand sa nièce Loïs lui propose des vacances en Crète à l’occasion de la commémoration de la Bataille de Crète, la vieille dame hésite : est-il judicieux de revenir sur cette île soixante après, où elle a connu le meilleur comme le pire ? Que va-t-elle trouver là-bas ? Des souvenirs ou des fantômes ? Finalement, la vieille dame décide d’affronter les démons de son passé et nous entraîne sur les traces de Penny la jeune, résistante, amoureuse et infirmière, dans le contexte troublé de la Seconde guerre mondiale.
La jeune fille sous l’olivier est un roman historique à double temporalité, qui nous fait alterner d’une époque à l’autre, à soixante ans de différence : nous suivons Penny à vingt ans puis à quatre-vingt, mais au même endroit, comme un pèlerinage qui serait fait à la recherche du passé et de ce qui est resté inachevé. J’ai trouvé ça très agréable parce que cela donne un certain rythme au roman et même si ce n’est pas une double temporalité comme chez Kate Morton, où on a l’impression de lire deux histoires parallèles qui finissent par se rejoindre à la fin, passer des années 1940 à 2001 permet aussi de garder une certaine attention tout au long du roman, qui est assez dense.

L'opération Merkur, le 20 mai 1941 : les parachutistes allemands sautent au-dessus de l'île de Crète

Je ne vous mentirai pas, j’ai parfois eu l’impression de longueurs et me suis demandé si ça allait décoller…mais j’ai quand même passé un excellent moment de lecture. J’ai beaucoup aimé suivre Penny (même si ce n’était pas gagné au départ, je me suis finalement attachée à elle), à vingt ans comme à quatre-vingt et je l’ai trouvée assez touchante. Très courageuse aussi, dans un contexte qui n’était évident pour personne mais surtout pas pour les femmes.
L’autre gros point fort du roman pour moi, c’est le lieu choisi par l’auteure pour situer son intrigue : personnellement, j’ai lu peu de romans historiques se passant en Grèce à cette époque-là et encore moins, en Crète. Et pourtant, cette île de la Méditerranée, très rurale, où la vie est encore très rude en ce XXème siècle, basée essentiellement sur l’agriculture et le pastoralisme, s’avère être en plein conflit un point stratégique que vont se disputer les Alliés et les troupes du Reich : située à un carrefour, la Crète est une tête de pont vers le Moyen-Orient tout proche et une porte d’entrée de l’Europe méridionale. Prise par les Allemands en 1941, la Crète va résister et payera, comme tous les autres pays occupés, un lourd tribut. J’ai donc découvert l’histoire de cette île et j’ai bien aimé changer un peu de point de vue, sortir des cadres habituels : les grands domaines anglais pendant la guerre, la Résistance française, l’histoire d’amour un peu éculée avec le bel Allemand, les camps de concentration… La jeune fille sous l’olivier apporte un vent nouveau et bienvenu au roman historique de guerre, je trouve.
Je sais que certains lecteurs ont été un peu déçus, trouvant que c’était long, que les personnages n’étaient pas attachants. Personnellement, j’ai trouvé que c’était un roman cohérent, où les personnages ne sont ni des héros, ni des monstres, il y a de la nuance, l’auteure n’est pas tombée dans l’écueil du gentil et du méchant, bien au contraire. Elle a réussi à montrer avec astuce comment la guerre peut rebattre les cartes, forger ou au contraire faire tomber des convictions…j’ai été aussi assez touchée par la nostalgie qui sert un peu de toile de fond à ce récit et émue parfois, par les réflexions de Penny.
Si vous aimez les romans historiques se passant pendant la Seconde guerre mondiale mais qui ne sont pas trop sombres (alors oui, il y a forcément des moments assez tendus et stressants, mais aussi des moments de grâce), si vous aimez découvrir des lieux différents, changer un peu de cadre spatio-temporel, alors vous aimez certainement La jeune fille sous l’olivier, qui utilise habilement tous les codes du roman historique mais en les détournant aussi d’une certaine manière.  

En Bref :

Les + : un roman qui a le mérite de nous faire sortir de nos sentiers battus et d'apporter un peu de nouveauté au roman historique de guerre, qui est finalement un genre à part entière. 
Les - : quelques longueurs en milieu de roman qui cassent un peu le rythme, mais rien de grave.

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