• La Princesse d'Aragon ; Philippa Gregory

    « Je suis née infante d'Espagne et je mourrai reine d'Angleterre. Ce n'est pas une question de choix, c'est mon destin. »

    Couverture La Princesse d'Aragon

     

     

      Publié en 2005 en Angleterre

      En 2020 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Constant Princess

      Éditions Hauteville

      608 pages

     

     

     

     

    Résumé :

    Je suis Catalina, princesse d'Espagne, fille des deux plus grands monarques que cette Terre ait portés : Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. Je suis leur plus jeune fille, la princesse de Galles, et je deviendrai reine d'Angleterre.

    D'abord épouse d'Arthur Tudor, le frère aîné de Henri VIII, Catherine d'Aragon, l'infante d'Espagne, a su transformer un mariage d'intérêt en passion amoureuse. Mais lorsque Arthur meurt subitement, il fait promettre à la jeune femme d'accomplir son destin en devenant reine d'Angleterre pour bâtir le pays tel qu'ils l'avaient rêvé tous les deux. Dotée d'une détermination hors du commun, la princesse d'Aragon survit à la trahison, à la pauvreté et au désespoir avant de devenir l'épouse de Henri VIII et de la seconder dans ce qui deviendra l'une des plus grandes victoires de l'Angleterre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Elle n’a pas dix ans quand ses parents s’emparent de la dernière enclave maure d’Espagne, la somptueuse Grenade. Elle n’a pas cinq ans quand elle est fiancée au fils aîné du roi d’Angleterre, Henri Tudor, élevée toute son enfance dans l’idée qu’un jour elle sera princesse de Galles puis reine d’Angleterre. La vie de la petite Catalina d’Aragon, fille des Rois Catholiques Isabelle et Ferdinand, fers de lance de la chrétienté en Espagne en cette fin du XVème siècle, est toute tracée. Elle sera une grande princesse. Bon sang ne saurait mentir.
    Et pourtant…de Catherine d’Aragon, dont on a oublié le nom espagnol, on retient surtout les dernières années, l’adversité, le divorce…on retient d’elle l’image de la reine pieuse, emmurée dans la dignité parce qu’il ne lui reste plus que cela, fasse à un mari plus jeune et inconstant qui, pour les beaux yeux d’une ambitieuse, n’hésitera pas à divorcer et de sa femme, qui n’a pas su lui donner de fils et de Rome, créant ainsi l’Église anglicane. La première épouse d’Henri VIII a laissé dans le souvenir commun celui d’une reine bafouée, morte en exil loin de la Cour et de sa fille Marie, la future reine Marie Ière, mais une reine qui n’a pas hésité à se défendre devant le tribunal constitué par son époux qui ne souhaitait qu’une chose : se débarrasser d’elle.
    Philippa Gregory, dans La Princesse d’Aragon, se propose de raconter les jeunes années de Catalina, devenue Catherine. Des splendeurs de l’Espagne jusqu’aux froidures du pays du Galles, on découvre la jeunesse de cette reine : les jeunes années passées dans les splendeurs languides des palais maures d’Andalousie où les Rois Catholiques adoptent le mode de vie des anciens occupants, leur façon de se vêtir et de manger, puis le départ en Angleterre, le choc rude à la découverte de ce royaume du nord qui n’a aucune commune mesure avec ce que Catalina a connu auparavant. Mais, toujours en filigrane, on retrouve l’obsédante ambition, celle d’être un jour reine, quoi qu’il en coûte.
    La jeunesse de Catherine d’Aragon, si elle est peu connue, est pourtant éminemment intéressante. On découvre une jeune femme bien différente de l’épouse hiératique et figée, connue pour sa piété, sa constance et sa charité, une femme plus âgée que son époux, un roi sensuel et aimant les femmes, dont la fatalité semble d’être un jour supplantée par une femme plus jeune, plus hardie, plus ambitieuse.
    Et pourtant, de beauté, d’ambition, d’enjouement, de courage, Catalina, devenue Catherine, n’en manque pas. D’abord épouse éphémère d’Arthur Tudor, le fils aîné d’Henri VII et de son épouse Elizabeth d’York, elle perd ce jeune époux tendrement aimé à la fleur de l’âge. Il n’a même pas dix-huit ans quand il disparaît, emportant dans la tombe leurs projets pour le royaume. Arthur ne portera jamais la couronne d’Angleterre et ne fondera jamais un deuxième Camelot. Mais Catalina elle, est bien là, encore bien vivante et elle vivra pour deux. Poursuivant son but d’être princesse de Galles et un jour reine, elle subit avec force tous les affronts, l’indigence, l’indifférence, jusqu’à ce qu’elle épouse Henri VIII, en 1509. C’est son premier mariage que lui reprochera son mari à la fin des années 1520, quand il s’agira de se débarrasser d’elle. Arguant que le mariage avec Arthur a conditionné leur propre union, la rendant stérile (malgré la naissance de la petite Marie en 1516, Henri VIII n’a pas eu le fils qu’il espérait tant), le roi choisit de faire purement et simplement annuler leur mariage. Tout au long du procès, la reine campera sur ses positions, affirmant haut et fort que son mariage avec Arthur, qui n’a duré que quelques mois, n’a jamais été consommé. Ici, Philippa Gregory, s’appuyant sur des sources peu usitées et sur son propre sentiment, livre une image bien différente : Catherine et Arthur auraient consommé leur union, la jeune femme maintenant par la suite jusqu’au bout une version (sa virginité et le fait que le mariage avec Arthur n'ait jamais été consommé) qui n’était qu’un mensonge. Qu’en est-il réellement ? Il semble bien difficile aujourd’hui de le dire.

    Portrait de Catherine d'Aragon au moment de son premier mariage, par Michel Sittow : elle est souvent présentée comme une jeune femme aux cheveux auburn, au visage rond et aux yeux bleus.


    La Princesse d’Aragon est un bon roman historique. Il ne se passe pas mille choses par chapitres mais c’est intéressant : c’est très visuel, les personnages sont toujours bien décrits chez Philippa Gregory, très ciselés. Et l’idée de se concentrer sur la jeunesse de Catherine, de l’Espagne jusqu’à l’Angleterre des Tudors, est assez inédite et innovante. On a tellement l’habitude de la voir plus âgée et surtout, beaucoup plus en retrait que c’était plutôt sympathique de la découvrir au centre du récit. Parfois très imbue d’elle-même et orgueilleuse, la princesse d’Aragon n’est pas toujours très attachante, mais sa détermination et son courage forcent l’admiration. Elle ne déviera jamais des objectifs qu’elle s’est elle-même fixés, malgré les embûches.
    Depuis quelques temps, je renoue avec plaisir avec les romans de Philippa Gregory. Après avoir été un peu moins emballée par La Reine Clandestine et La Princesse Blanche (centrés respectivement sur les destins d’Elizabeth Woodville et de sa fille Elizabeth d’York, la propre mère d’Henri VIII), j’ai lu La Dernière Reine, puis La fille du faiseur de rois et enfin Reines de sang qui m’ont beaucoup plus plu. La Princesse d’Aragon s’intègre parfaitement dans cette saga féminine qui nous montre l’Histoire de l’Angleterre sous un jour nouveau. C’est certes romancé (et il y a beaucoup de romance dans les premiers chapitres) mais pas fantaisiste pour autant et Philippa Gregory s’acquitte parfaitement de la mission du romancier : combler du mieux possible les lacunes laissées par l’Histoire établie, sans pour autant affirmer apporter la vérité vraie.

    The Spanish Princess" The New World (TV Episode 2019) - IMDb

    L'actrice britannique Charlotte Hope interprète Catherine d'Aragon dans la série The Spanish Princess, produite par Starz

    En Bref :

    Les + : sans être forcément très rythmé, ce roman est dense et très riche, ses six-cents pages nous font voyager et partir à la découverte d'un destin relativement méconnu.
    Les - :
    pas vraiment de points négatifs à soulever, La Princesse d'Aragon est un roman historique efficace.
       


    La Princesse d'Aragon ; Philippa Gregory

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    Retrouvez ici mon billet sur La Reine Clandestine, biographie romancée de la reine Elizabeth Woodville, épouse d’Édouard IV.

    Envie d'en savoir plus sur la jeunesse de Bessie d'York, la mère d'Henri VIII ? Retrouvez mon avis sur La Princesse Blanche juste là.

    Dans la lignée de Deux sœurs pour un roi et L'héritage Boleyn, découvrez le déclin du règne de Henri VIII au travers du regard de sa dernière épouse, Catherine Parr. Mon billet sur La Dernière Reine est juste ici.

    Les années sombres et troublées de la Guerre des Deux-Roses sont racontées dans La fille du faiseur de rois, qui met en avant Anne Neville, la fille du duc de Warwick et future épouse de Richard III. Mon avis est à retrouver ici.

    Reines de sang raconte les destins tragiques des soeurs Grey et l'accession au pouvoir d'une reine redoutable, Elizabeth Ière. Retrouvez mon avis ici.


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