• La Promo 49 ; Don Carpenter

    «  L'homme était maudit. Il fallait jouir de l'instant présent, c'était ça le truc. »

    La Promo 49 ; Don Carpenter

     

    Publié en 1985 en France ; en 2014 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : The Class of 49

    Editions 10/18 (collection Domaine Etranger) 

    144 pages 

    Résumé :

    Portland, 1949, portrait de groupe : Clyde, Sissy, Blaze et leurs camarades terminent le lycée. La vie s'égrène - une cuite, un bal, un examen raté, une virée à la mer. On rêve d'une fille, de popularité, d'avenir. Pus le réel, les accidents, les désirs contrariés, et rien ne sera plus pareil...Troquant l'insouciance contre la nécessité, il leur faut basculer vers l'âge adulte. Dans cet album doux-amer, Don Carpenter, l'auteur de Sale temps pour les braves, porte sur sa génération un regard empathique et lucide, et restitue, avec un remarquable sens de l'épure, la grâce précaire de la jeunesse. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La Promo 49 est un tout petit roman, un peu étrange sur la forme, idéal pour l'été. Le genre de livres qu'on peut apprécier de lire sous un grand chapeau en paille avec le bruit des vagues pas très loin.
    Il fait moins de deux cents pages et, plus qu'un roman, c'est finalement un recueil de nouvelles, des instantanés de vie, comme si on ouvrait un album photos et qu'on parcourrait celles-ci. A chaque chapitre, qui est en lui-même une petite nouvelle, on découvre un nouveau visage -ou des nouveaux visages-, d'autres, déjà connus, viennent et repartent, petit à petit on comprends quels liens unissent telle ou telle personne.
    Comme son titre l'indique, dans La Promo 49, on suit les jeunes de Terminale d'un lycée de Portland, en 1949. Don Carpenter, l'auteur, qui est né au début des années 1930, à dix-sept, dix-huit ans en 1949, c'est sa propre expérience de lycéen, sa propre génération, sa propre dernière année qu'il raconte au travers de ses jeunes héros. Entre les derniers mois de la Terminale et les premiers pas à l'université, c'est tout un bouleversement qui s'opère pour ces jeunes, un passage rituel et tacite entre l'enfance et l'âge adulte. On commence à travailler, on connaît les premiers émois amoureux, on devient grand même si on continue à faire des bêtises et à être terrorisé par l'avenir.
    Le lycée et l'université sont particulièrement importants aux Etats-Unis, il n'y a qu'à voir tous les films et les séries qui s'y passent. On a l'impression que c'est un monde particulier, bien plus qu'en France, avec les fraternités, les sororités, la remise des diplômes, les bals de promo... Et ce que décrit Don Carpenter a beau avoir soixante-dix ans, finalement, c'est très actuel et sa jeunesse de la fin des années 40 pourrait être celle de 2019 -à quelques différences près, bien sûr. La façon de voir les choses change évidemment, mais, dans l'esprit de ces jeunes, les mécanismes sont sensiblement les mêmes que ceux des adolescents d'aujourd'hui, les apprentissages, les espoirs et les désillusions sont les mêmes, et si on ne s'attache pas vraiment à eux -les chapitres sont courts et on n'a pas vraiment le temps de faire réellement connaissance avec chacun d'eux-, on s'identifie rapidement. Le manque de confiance ou alors, au contraire, la trop grande assurance, la popularité, si importante surtout pour ceux qui n'ont pas la chance d'en jouir, la compétition que l'envie de sortir avec telle ou telle fille fait naître, l'envie de pousser loin ses limites, les fêtes qui dérapent, l'affrontement avec les parents... Dans l'effervescence et l'étourdissement de l'été qui suit l'obtention du diplôme, pendant ces quelques semaines qui précèdent le grand saut dans l'inconnu, tous ces jeunes, anciens lycéens mais pas encore étudiants, se découvrent mutuellement, s'émancipent, s'amusent, parfois se perdent, font l'expérience du bonheur et puis aussi du malheur, parce que finalement l'un ne va pas sans l'autre.
    Ces fameuses années lycée, c'est celles sur lesquelles on se retourne, dix, quinze, vingt ans plus tard, en se disant : « Tu te souviens ? » et en souriant parce qu'on se souvient de ceci ou de cela, parce que ce sont des souvenirs indélébiles qui se gravent dans un esprit. On se souvient de ceux qu'on a perdus de vue en se demandant ce qu'ils deviennent, on se souvient d'une ambiance particulière, un cours, un professeur, qu'on a aimé ou pas mais qui nous a marqué...Tout ça, finalement, est commun à tous les lycéens du monde entier mais peut-être encore plus présent et tangible chez les jeunes Américains, pour lesquels le lycée, la remise des diplômes, plus tard, la fac, sont des rites de passage, une étape importante dans une vie et qui marque un basculement irrémédiable.
    Je ne sais pas vraiment si j'ai aimé La Promo 49 - je crois que les romans courts ne sont pas vraiment pour moi, de toute façon, parce que j'aime pouvoir m'attacher aux personnages, m'habituer à une ambiance, ce qui n'est pas le cas avec un livre de cent-cinquante pages, on comprend aisément pourquoi.
    Je n'ai pas été déçue mais je ne m'attendais pas à des chapitres aussi concis, qui ne font parfois que quelques lignes et ne nous permettent pas forcément de bien cerner tous ces jeunes que l'on découvre au fil des pages. J'ai parfois confondu les personnages entre eux, je n'ai pas réussi à en distinguer un parmi les autres, l'auteur les met tous au même niveau, s'attachant à leur accorder à tous la même importance, le même nombre de pages, scrupuleusement. Pour autant, ce roman a fait écho en moi, comme il pourra faire écho en bien des lecteurs : il m'a fait me souvenir de mes propres années de lycée, de mes années à la fac et si la manière d'aborder ce moment important d'une vie est différent d'un pays à l'autre, les sentiments et émotions qui font battre les cœurs sont les mêmes et c'est ce que j'aime, finalement, me dire que l'universalité des sentiments existe et qu'un adolescent reste un adolescent, à quelque époque que ce soit : peu importe la manière de faire, peu importe la vie que l'on mène, les expériences et la prise de liberté, les différentes étapes qui mènent à elles sont les mêmes.
    Ce livre très court se lit rapidement. C'est bien écrit et, comme je le disais en début de chronique, on a l'impression de faire défiler des photos entre ses mains, ou bien d'immortaliser avec un Polaroid ces jeunes, à leur insu et de garder une tranche de vie figé sur une pellicule. Et on aura beau les ressortir à n'importe quelle époque, il y'aura toujours une part d'actualité et ce sentiment confus que l'adolescence fait partie de ces grandes étapes de vie qui marquent durablement une vie et parfois, oriente celle-ci, en induisant des choix et des prises de décision. Nostalgique, parce qu'il nous parle d'une époque révolue mais nous met aussi face à nos propres souvenirs, La Promo 49 ne manquera pas, certainement, de faire écho en vous d'une façon ou d'une autre. 

    En Bref :

    Les + : avec tendresse mais lucidité, Don Carpenter nous livre une vingtaine de petits instantanés d'une génération, la sienne, qui s'étourdit le temps d'un été et expérimente la vraie vie, après le Bac et avant l'entrée en fac. 
    Les - :
     c'est peut-être un peu court pour s'imprégner vraiment de l'ambiance du livre. En effet, on le termine en quelques heures à peine.

     

    Les Enquêtes de Quentin du Mesnil, Maître d'Hôtel à la Cour de François Ier, tome 1, Le Sang de l'Hermine ; Michèle Barrière 

    Thème d'août, « Petit, tout petit bikini », 8/12


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 8 Septembre 2019 à 21:19

    Je suis totalement fan des années lycéennes et universitaires américaines ! Le bal de promo, la remise des diplômes (que j'ai pu vivre en France...)... j'en raffole ! Alors, forcément, ce livre me tente ! Je ferai tant bien que mal avec la brièveté des pages...

      • Dimanche 8 Septembre 2019 à 23:15

        Ah, le lycée aux Etats-Unis....C'est vrai que ça a quelque chose d'assez ritualisé, on sent que c'est très important pour eux, un peu comme l'université, d'ailleurs (je me souviens avoir vu il y'a quelques années une émission sur des jeunes qui entraient en fac, avec les soirées d'intégration, les fraternités, les sororités...). Certaines  " coutumes " se sont transposées en France mais c'est vrai qu'aux Etats-Unis, c'est vraiment très très important et ce que décrit Don Carpenter nous plonge totalement dans ce monde scolaire américain qui plaît ou pas, mais ne laisse pas indifférent. Et puis les expériences de ces jeunes sont celles de tous les jeunes, à toutes les époques...malgré tout, on se retrouve un peu en eux. C'était une lecture sympa pour clore l'été... happy Je pense qu'il pourrait te plaire, sans aucun doute... 

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