• La Vengeance du Roi-Soleil ; Jean Contrucci

    « Dans toute cette histoire, mon cher vicomte, nous n'aurons été finalement que des pantins dont plus malin et plus puissant que nous maniait les fils. »

     

    Couverture La vengeance du Roi-Soleil  

     

     

      Publié en 2013

     Editions JC Lattès 

     441 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    Alors qu'elle était restée sage durant la Fronde, la bouillante Marseille prend feu dix ans plus tard contre le jeune roi Louis XIV. La noblesse, qui tient la cité, suscite une révolte populaire, mettant la ville à feu et à sang. 
    Venu assister au départ de la galère que commande son frère, le jeune Guillaume de Montmirail se trouve pris dans le tourbillon des événements qui bouleversent la ville. Amoureux fou d'une jeune Marseillaise enlevée sous son nez, pourchassé par une bande de malfrats qui a juré sa perte, le chevalier prendra le parti des insurgés, jusqu'à ce que le destin consente à réunir enfin les amants séparés par l'Histoire. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A l’été 1659, après s’être tenue tranquille pendant la Fronde, Marseille prend feu et se soulève contre le pouvoir royal. La ville se rebelle violemment, contestant le pouvoir du duc de Mercœur, gouverneur de Provence et des consuls marseillais. C’est dans ce contexte bien trouble que Guillaume de Montmirail, jeune noble champenois venu dire adieu à son frère s’embarquant dans le port de la cité phocéenne, arrive dans cette cité inconnue mais qu’il va apprendre à connaître et à aimer. Se prenant d’amitié pour un pêcheur du quartier Saint-Jean, lou Rousset, surnommé ainsi du fait de sa flamboyante chevelure rousse, partisan notoire de Gaspard de Glandevès, meneur de la contestation marseillaise, Guillaume va finalement embrasser la rébellion et si c’est en plus pour les beaux yeux verts de l’une de ses habitantes, alors là, il n’hésitera plus.
    Ce roman est un véritable roman de cape et d’épée, comme on les aimait au XIXème siècle ! Face à Dumas ou Paul Féval, Jean Contrucci soutient la comparaison sans rougir et nous livre un roman finement écrit et très bien documenté qui captive dès les premières pages. On retrouve l’ambiance aventureuse des Trois Mousquetaires, les senteurs provençales du Comte de Monte-Cristo, les fines lames du Bossu. On est là dans l'un de ces romans qui font si bien revivre le XVIIème siècle de Louis XIII ou Louis XIV, mêlant habilement fiction et réalité.
    Ici, l’histoire privée de Guillaume de Montmirail, personnage fictif, se mêle à celle, plus grande, de la ville de Marseille. Car cette fronde, que Louis XIV écrasera finalement de toute sa grandeur naissante, faisant plier la ville, a bel et bien existé. Le personnage de Glandevès, déjà cité plus haut, aussi. Né en 1620 et mort en 1714, Glandevès reste pour toujours associé à cette opposition marseillaise, défendant bec et ongles ses privilèges contre la mainmise royale. Elle pliera l’échine devant la volonté du roi et on peut presque considérer que l’assujettissement de Marseille est l’un des premiers coups de force de celui qui deviendra un jour aussi incomparable que le Soleil, comme l’amorce de son règne personnel qui doit prendre son envol un an plus tard (les événements de Marseille ont lieu en 1659 et au début de 1660, un an avant la mort de Mazarin et l’annonce du roi de gouverner par lui-même, sans premier ministre).
    J’ai aimé suivre le déroulé de ce roman qui n’ennuie pas une seule seconde. Le style est riche, alternant gravité et humour. Le duo au centre du récit, Guillaume et son ami lou Rousset, le pêcheur, m’a rappelé celui formé par Louis Fronsac et Gaston de Tilly dans Les Enquêtes de Louis Fronsac et, justement, La Vengeance du Roi-Soleil, transposé, avec une touche d’enquête policière en plus, chez Jean d’Aillon, autre auteur provençal que j’apprécie particulièrement, ne déparerait absolument pas, bien au contraire !
    J’ai passé un excellent moment, d’autant plus, je crois, que je ne m’y attendais pas. Entendons-nous bien, je ne pensais pas en démarrant ce roman que je n’allais pas aimer…mais je ne m’attendais pas à un roman d’un tel potentiel, si intéressant historiquement et vraiment servi par une histoire parallèle qui reprend tous les codes des romans historiques dont on a un peu perdu le goût et la maîtrise : aventures rocambolesques, histoire d’amour passionnée, duels et autres combats entre de fins bretteurs et j’en passe… Oui, clairement, La Vengeance du Roi-Soleil est un très bon roman, qui nous transporte hors des dorures de la Cour du Louvre ou de Saint-Germain : découvrir l’Histoire ailleurs qu’à Paris nous change un peu, je trouve, des parti-pris habituels qui mettent la capitale au centre de tout. Ici, on découvre une cité jalouse de son indépendance, née du fait de sa situation particulière et de son avantage indéniable, lui permettant de tenir la dragée haute au pouvoir royal et ne s'en privant pas, d'ailleurs : sa situation sur la mer, à une époque où la monarchie française cherche à dominer la Méditerranée (comme le dit Jean Contrucci, à en faire un « lac français »), fait de Marseille une place stratégique. Mais rétive et bouillonnante, l’ancienne cité des Phocéens n’est pas prête à se soumettre et il faudra toute l’autorité d’un monarque dont le caractère est en train de s’affirmer et en passe de devenir le grand souverain que l’on connaît, pour l’y contraindre. L’histoire de la province est tout aussi édifiante et éclairante que l’histoire parisienne et c’est un peu réducteur, d’ailleurs, de n’aborder l’Histoire de France qu’au travers le prisme parisien. Certes, c’est la capitale qui fut la première secouée par la Fronde mais celle qui agita Marseille à la fin des années 1650 n’est pas en reste. J’ai apprécié ce voyage provençal qui n’a rien d’un voyage touristique fleurant bon la lavande, au contraire. Vraiment, j’ai été plus qu’agréablement surprise et si vous aimez les romans historiques haletants et bien menés, si vous avez lu Dumas avec intérêt et tremblé avec Paul Féval décrivant les exploits de Lagardère et du duc de Nevers, alors sans nul doute, vous aimerez le roman de Contrucci et ses personnages qui n'ont rien à envier à d'Artagnan et aux Mousquetaires !!

    En Bref :

    Les + : Digne successeur des romans de cape et d'épée, La vengeance du Roi-Soleil m'a agréablement surprise. Je crois qu'on peut dire que Jean Contrucci est sans nul doute l'héritier littéraire des grands auteurs classiques de romans de cape et d'épée... Si vous aimez les romans historiques pleins d'aventures, vous aimerez celui-ci, qui nous transporte en pleine révolte marseillaise, en 1660. 
    Les - :
    Aucun, pour moi !


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