• Lady Elizabeth ; Alison Weir

    « Son moment était venu, elle en était certaine, et il lui sembla soudain, alors qu'elle endurait ces ultimes instants d'attente qui s'éternisaient, que le Destin et la Providence l'avaient toute sa vie préparée à cela, veillant sur elle et sur sa sécurité. Elle repensa à tous les dangers, les obstacles et les horreurs qu'elle avait dû subir : son statut de bâtarde, l'exécution de sa mère, la précarité de son enfance, le scandale avec l'amiral, les périls de la religion et de sa trop grande proximité avec le trône, son emprisonnement à la Tour et la vie en résidence surveillée qu'elle avait connue ensuite, la méfiance de Marie et les manigances malvenues pour la marier contre son gré. Elle avait survécu à tout cela, dans ce but bien précis. De quoi pouvait-il s'agir d'autre que de la volonté de Dieu ? »

    Couverture Lady Elizabeth

     

     

         Publié en 2008 en Angleterre

      En 2022 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Lady Elizabeth

      Éditions Hauteville

      681 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    _Ma petite, il n'existe pas de douce manière de t'annoncer cela...mais ta mère a commis un crime de lèse-majesté contre le roi notre père, et elle en a subi les conséquences. Elle a été exécutée.

     Elizabeth Tudor est la fille de Henri VIII, le roi le plus puissant que l'Angleterre ait connu. Elle est destinée à monter sur le trône en tant qu'héritière de la Couronne, mais son avenir est menacé quand sa mère, Anne Boleyn -celle qui a déchaîné la passion du roi-, est exécutée pour haute trahison.
    Dès lors, le destin d'Elizabeth bascule. Déclarée illégitime et écartée de la succession, elle ne peut plus compter que sur sa grande intelligence pour survivre. Néanmoins, elle ne perd pas espoir et déjoue les plans de ses ennemis, qui voudraient la voir périr ou qui espèrent se servir d'elle pour assouvir leur propre ambition et réclamer ce qui lui revient de droit.  

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

     

    La petite Elizabeth Tudor, fille cadette d’Henri VIII, n’a pas trois ans en 1536 lorsqu’on lui apprend que sa mère, Anne Boleyn, a été disgraciée et exécutée sur l’échafaud de la Tour de Londres. De petite princesse choyée, Elizabeth devient simplement lady Elizabeth, comme sa sœur aînée. Soupçonnées toutes deux de bâtardise, Elizabeth et Mary ne sont plus que les filles du roi, soumises à ses bonnes volontés comme à ses sautes d’humeur.
    Pour la petite, intelligente, vive et précoce (sa grande intelligence et sa maîtrise de la langue alors qu’elle est très jeune sont souvent mentionnée dans les textes d’époque) , cette disgrâce qui rejaillit sur elle est difficile à supporter et à comprendre. Écartelée entre son désir de satisfaire un père qu’elle aime, mais aux comportements imprévisibles et sa loyauté instinctive envers la mémoire de sa mère, Elizabeth peine à trouver sa place. Ses relations en demi-teinte avec sa sœur Mary, de dix-sept ans son aînée et qui n’a jamais pu pardonner à Anne Boleyn d’avoir supplanté sa mère, la très populaire reine Catherine d’Aragon, dans le cœur du roi, n’arrangent rien et c’est donc dans un contexte trouble et complexe que la petite fille grandit, parfois à la Cour de son père mais souvent dans de grands domaines, éloignés de Londres, où l’enfant se languit des fastes de la cour de l’un des plus puissants monarques que l’Angleterre ait connus.
    Mais c’est aussi dans l’adversité que le destin d’Elizabeth (qui a laissé son nom à une époque synonyme de faste et d’émulation culturelle, l’ère élisabéthaine) se forge : avec courage, elle ne reniera jamais sa conversion au protestantisme, même quand cela menace sa vie, sous le règne de la très catholique et intransigeante Mary Ière. Avec aplomb, elle affronte le scandale que génère le comportement équivoque de l’amiral Edward Seymour envers elle, lorsqu’elle n’est qu’une adolescente, vivant sous le toit de sa dernière belle-mère, la reine Catherine Parr.
    Quelle grandiose destinée que celle de cette enfant, idolâtrée par son père avant de connaître la plus amère des humiliations, lorsque la disgrâce d’Ann Boleyn entraîne à son tour sa propre déchéance. Quelle grandiose destinée que celle de cette adolescente déjà persuadée que le rôle qu’elle aura à tenir dans le monde ne sera pas celui d’un simple pion politique, mariée par enjeu et mère d’une vaste famille. Enfin, quelle grandiose destinée que celle de cette jeune femme protestante dans une Angleterre redevenue catholique et qui ne faiblira jamais, ne reniant jamais sa foi et ses convictions. Et lorsqu’elle deviendra finalement reine, en 1558, après avoir esquivé habilement tous les obstacles qui se sont dressés sur sa route, on a l’impression qu’elle est enfin arrivée au bout du chemin : devant elle s’ouvre la voie sacrée. Cette dernière ne s’interrompra qu’en 1603. Elizabeth emportera dans la mort sa dynastie, puisqu’elle ne s’est jamais mariée (s’attirant ainsi le surnom de « Reine Vierge », « The Virgin Queen » en anglais) mais laissera à la postérité un véritable siècle d’or, associé par exemple à des auteurs comme Shakespeare, Marlowe ou encore Ben Jonson.

    Illustration.

    La reine Elizabeth en 1585 par Segar : le tableau est aussi parfois appelé le Portrait à l'Hermine, symbole de pureté qui peut se rapporter à la réputation de virginité de la reine


    Lady Elizabeth, roman de l’historienne Alison Weir (dont l’intérêt pour les Tudors n’est plus à faire puisqu’elle est l’autrice du célèbre The Six Wives of Henry VIII entre autres), raconte toute la jeunesse de la reine, qui est finalement assez méconnue. On connaît surtout la reine de la fin du XVIème siècle, au visage figé sous les fards blancs, ses cheveux roux frisés au fer, sanglée dans des robes serties de pierres précieuses. Mais qui est donc l’enfant, la jeune fille puis la femme qui se cache derrière cette vision hiératique ? J’avoue que j’étais très curieuse de découvrir ce roman.
    Je ressors de cette lecture ni follement enthousiaste, mais pas déçue pour autant. Disons que Lady Elizabeth a des points positifs comme des points négatifs. Un point négatif pour être précise : des longueurs. Et comme le roman est un assez bon pavé, quand même, j’avoue que je me suis parfois demandé si ça allait durer longtemps. Quelques termes un peu trop modernes m’ont aussi un peu gênée par moments, mais je pense que ce sont plutôt des choix de traduction un peu maladroits, qui peuvent interpeller mais n’enlèvent rien pour autant à l’intrigue (par exemple, j’ai été un peu surprise de trouvé le terme « stress » au détour d’une page mais j’ai déjà oublié les autres mots qui m’avaient un peu chagrinée donc c’est que ça ne m’a pas franchement choquée). Le parti-pris de franciser certains noms alors que d'autres ne le sont pas, m'a aussi surprise (pourquoi parler de la reine Jeanne Seymour et de lady Jane Grey, par exemple ?).
    Maintenant, passons aux points positifs et je peux vous dire qu’il y en a. Déjà, le roman est bien écrit : c’est fluide et agréable à lire, malgré les quelques longueurs dont je vous ai parlé plus haut. Il est aussi extrêmement bien documenté, mais cela n’est pas surprenant quand on connaît la formation initiale d’Alison Weir, qui se sert de ses connaissances historiques solides pour écrire ses romans. On sent vraiment transparaître dans ce roman la passion de l’autrice et la rigueur de l’historienne qui se glisse avec plaisir dans le rôle de la romancière, jouant des lacunes des sources historiques, des incohérences des textes ou des témoignages pour livrer sa propre version, en respectant toujours l’Histoire. La lady Elizabeth d’Alison Weir est-elle proche de la vraie Elizabeth ? Nous ne le saurons jamais mais ce que j’ai vu ici m’a plu et je me plais à penser que la jeune Elizabeth Ière était probablement comme la jeune fille que j’ai suivie tout au long des six-cents et quelques pages du roman.
    Si je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce roman à ceux de Philippa Gregory, considérée un peu comme la papesse du roman historique anglais et que j’aime beaucoup, je dois dire que je n’ai pas été déçue pour autant et Alison Weir soutient haut la main la comparaison. Sa Lady Elizabeth, malgré quelques inégalités, a su me séduire. J’ai tremblé pour elle dans les moments de doutes et d’incertitude, je me suis réjouie pour elle quand son ciel s’est éclairci. Oui, je dois dire que j’ai vraiment beaucoup aimé cette jeune princesse que je ne connaissais pas très bien ou alors, au travers le destin d’autres personnages, comme Mary Stuart, par exemple, dans la destinée de laquelle Elizabeth ne joue pas le beau rôle, loin s’en faut. Une première incursion dans l’ère élisabéthaine qui ne s’arrêtera probablement pas là.

    En Bref :

    Les + : une belle évocation de l'époque Tudor, grandiose et sombre à la fois, appuyée par les connaissances solides d'une romancière historienne de formation.
    Les - :
    beaucoup de longueurs qui m'ont parfois un peu lassée, dommage.

     


    Lady Elizabeth ; Alison Weir

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


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