• Le Duc d'Otrante et les Compagnons du Soleil ; Jean d'Aillon

    « Quel que soit le pays, quel que ce soit le régime en place, on a toujours besoin de police. »

    Le Duc d'Otrante et les Compagnons du Soleil ; Jean d'Aillon

    Publié en 2011

    Editions Du Masque (collection Labyrinthes)

    572 pages

     

    Résumé :

    Choisie par les Jacobins pour incarner la déesse Raison, la jolie Fassy est massacrée dans la prison d’Aix en 1795 lors d’une insurrection contre-révolutionnaire. Quatre ans plus tard, Camille de Clapiers, général des Compagnies du Soleil qui se bat pour le retour de la monarchie, est arrêté et fusillé en dépit des efforts désespérés de son ami de toujours, Gabriel de Montfort, qui aura tout tenté pour le libérer. Ce dernier, recherché par la police impériale, se réfugie à Londres où il se met au service des Premiers ministres William Pitt et Spencer Perceval. De son exil, il n’a de cesse de poursuivre sa lutte contre le Consulat et l’Empire mais son dessein est de rentrer en France pour venger Fassy et son ami Camille. Il se rapproche d’une société secrète qui prépare un complot pour renverser Bonaparte et devient leur espion. De retour à Aix, il croisera la route de Joseph Fouché, duc d’Otrante et ancien ministre de la police, de Vidocq, le bagnard devenu policier, et des Compagnons du Soleil dont il devra déjouer les intrigues au cours d’une lutte à mort.

    Jean d'Aillon a un talent inimitable pour faire revivre les moments forts de l'histoire de France et mêler aux personnages historiques des hommes et des femmes que le destin transforme en héros. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1795, à la suite de la chute de la Terreur, un sursaut royaliste secoue la Provence. Les blancs, tenants du petit Louis XVII, ou de ses oncles le comte de Provence et le comte d'Artois, émigrés depuis les débuts de la Révolution, se vengent alors sur les Jacobins. Parmi ces bandes de jeunes royalistes dont la Révolution a bousculé l'existence, les membres des Compagnons du Soleil, dont l'un va se rendre, à Aix, coupable d'un meurtre affreux, celui de sa maîtresse, la jolie Fassy, qui avait été choisie par les Jacobins pour incarner la déesse Raison, emprisonnée à la suite du 9-Thermidor avec son nourrisson. Ce meurtre va alors entraîner des conséquences funestes pour ses anciens compagnons...entre trahisons, jalousies, violences, les Compagnons du Soleil, tandis que le Directoire touche déjà à sa fin et qu'un obscur général venu d'Ajaccio met en place le Consulat puis l'Empire...on fait aussi la connaissance du redoutable et inquiétant duc d'Otrante, Fouché, ministre de la Police de Napoléon Ier et sénateur d'Aix, l'ancien Oratorien qui s'est rendu coupable de tant d'exactions et de boucheries pendant la Révolution et qui, comme Talleyrand, a réussi à toujours habilement retourner sa veste tout en prenant le vent de l'Histoire afin que celui-ci lui soit toujours le plus favorable possible. Et il va se trouver que le fameux ministre s'intéresse d'un peu trop près aux Compagnons du Soleil et notamment au dernier d'entre eux, Gabriel de Montfort, qui n'hésite pas à défier les nouveaux chefs de file de la politique française.
    On est habitué aux grandes sagas historiques de Jean d'Aillon, à ses enquêtes médiévales ou Grand-Siècle, un peu moins aux romans uniques -quoique celui-ci ne le soit pas vraiment, au fond : il peut se lire indépendamment effectivement mais aussi à la suite de Marius Granet et le Trésor du Palais Comtal et Nostradamus et le Dragon de Raphaël- mais je dois dire que Le Duc d'Otrante et les Compagnons du Soleil est un roman historique efficace et très plaisant à lire ! Très conséquent et foisonnant, il faut prendre son temps pour le découvrir et, de préférence, se prendre un petit moment tranquille sans faire autre chose en même temps...pour ma part, j'ai commencé ce roman un jour où j'étais en boutique, au boulot et...je dois dire que ce fut une très mauvaise idée ! ! Je crois qu'il ne faut pas commencer ce roman et le lire ensuite en dilettante, au contraire ! Il demande quand même pas mal de concentration, notamment parce qu'il y'a beaucoup de personnages et beaucoup d'événements, locaux ou nationaux, qui s'entremêlent. Tous nos personnages apparaissent qui plus est alternativement sous leur nom d'emprunt et leur véritable patronyme : la confusion est cependant totalement voulue par l'auteur et il joue justement entre les pseudonymes et les noms véritables de ses différents protagonistes pour n'avoir à révéler celle du meurtrier de Fassy qu'à la toute fin et c'est plutôt intéressant comme parti-pris, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé cette idée-là, mais il n'en reste pas moins un roman qu'il faut lire à tête reposée.
    Pour ma part, je n'ai pas vraiment eu l'impression de lire un roman policier...Jean d'Aillon en est pourtant un spécialiste mais ici, l'enquête sur la mort de Fassy -qui dure en plus près de quinze années-, est noyée dans le contexte historique plus général. D'habitude, c'est le contraire : l'auteur se sert de son contexte historique comme d'une assise pour ses enquêtes policières. Ici, rien de tout cela ! Il s'est plutôt concentré sur les événements, riches et intéressants, qui interviennent du Directoire jusqu'aux premiers revers qui font chanceler le régime autoritaire et militariste de Napoléon à partir des années 1810. Il s'est aussi beaucoup renseigné sur les événements militaires et politiques de l'époque, les relations diplomatiques entre les puissances européennes, les services secrets, notamment anglais... Et je dois dire que Jean d'Aillon s'en tire avec beaucoup de brio ! La Révolution Française n'est pourtant pas une époque facile à traiter dans une intrigue romancée, encore moins à appréhender d'une façon plus scientifique à moins d'être spécialiste, mais on sent bien que l'auteur a fait de solides recherches avant de se lancer dans la rédaction de ce roman et sa bibliographie est d'ailleurs plutôt étoffée : il s'est par exemple basé sur des ouvrages de Jean Tulard et Maurice Agulhon, qu'on ne présente plus. Il situe en plus son intrigue dans une ville qu'il connaît bien, Aix-en-Provence, puisque c'est là qu'il réside et on sent d'ailleurs toute son affection pour cette ville ressortir dans son roman ! ! Ses recherches tant locales que plus générales sont précises et donnent ainsi un livre une véritable exhaustivité. Et surtout, il nous fait voyager à travers l'Europe de l'époque, à la rencontre des nobles français émigrés, en Suisse ou en Allemagne et jusqu'en Angleterre où l'on se rend compte que, de tout temps, les opposants et résistants français au régime en place ont trouvé un refuge sûr et un tremplin solide d'où ils ont pu s'élancer pour continuer la lutte. Au-dessus de cela, surnage la figure inquiétante de Joseph Fouché, révolutionnaire convaincu et violent, régicide, mais aussi surprenant à bien des égards, n'hésitant pas, par exemple, à s'allier aux royalistes -alors qu'il a voté la mort du roi en 1793-, afin de servir ses desseins et sa propre destinée.
    Le fait que l'auteur fasse planer, tout en donnant parfois quelques indications, le doute sur la figure du meurtrier de Fassy et traître aux Compagnons du Soleil, tient en haleine jusqu'au bout ! La pression monte lentement, jusqu'aux derniers pages, quand enfin son identité est dévoilée ! Je dois d'ailleurs vous dire que je ne m'attendais pas du tout à trouver ce personnage-là derrière notre grand méchant ! Successivement, nos soupçons se portent sur l'un ou l'autre et malgré les indices disséminés au fil des pages, je n'ai pas du tout réussi à percer le mystère avant que le voile ne se lève, dans les derniers chapitres. Il faut dire que je ne fais pas non plus partie des personnes qui ont une logique à toute épreuve mais cela veut dire aussi que l'auteur maîtrise très bien son intrigue ! On n'a de toute façon pas envie de découvrir le fin mot de l'histoire puisque l'intrigue y repose en partie et que le roman est vraiment convaincant. Mais j'ai aimé le fait que l'auteur nous perde volontairement et nous fasse parfois suivre le traître et meurtrier dans ses propres réflexions sans jamais nous en livrer l'identité. On navigue à vue et cela m'a aussi beaucoup plu ! Un roman assurément mystérieux et une vraie bonne découverte !

    En Bref :

    Les + : bon roman historique, intrigue romancée efficace et époque traitée intéressante.
    Les - : Aucun ! 

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 27 Janvier 2017 à 09:23
    lacavernedhaifa

    Je vois que tu es une grande fan, amatrice des romans de Jean D'Aillon ! C'est super ! J'ai eu l'occasion de lire l'un de ses romans lorsque j'étais plus jeune, au temps des Templiers. J'avoue beaucoup apprécié et je me dis qu'il faudrait que je m'y remette :)

      • Vendredi 27 Janvier 2017 à 11:02

        Ah oui, je suis une grande fan ! ! Je l'ai découvert un peu par hasard en achetant les premiers tomes de sa saga Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour. J'avoue que c'est surtout le contexte qui m'avait plu parce que je ne connaissais absolument pas l'auteur. Et de là, j'ai découvert petit à petit ses autres sagas...pas toutes... ! ! Je n'ai pas lu Trois-Sueurs...pas encore ! ! smile Je suis sidérée par la façon dont Jean d'Aillon restitue les contextes historiques, surtout en s'intéressant à des histoires qu'on pourrait considérer comme anecdotiques...cela doit donc lui demander un travail préparatoire énorme, avec beaucoup de recherches ! ! 

        Franchement, je ne peux que te conseiller de t'y remettre ! ! Je ne sais pas trop quoi te conseiller... tout ? sarcastic Personnellement, je trouve qu'elles ont toutes un petit quelque chose de particulier, qui fait leur charme à chacune ! ! 

        Si tu décides de te replonger dans l'univers de Jean d'Aillon, je serais ravie d'en discuter avec toi ! ! 

        Et merci pour ton passage ici ! ! cool

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