• Le pur et l'impur ; Colette

    « Qu'y a-t-il donc de changé entre l'amour et moi ? Rien, sinon moi, sinon lui. Tout ce qui procède de lui porte encore sa couleur et la répand sur moi. Mais cette jalousie, par exemple, qui lui fleurissait au flanc comme un œillet noir, ne la lui ai-je pas trop tôt arrachée ? La jalousie, les bas espionnages, les inquisitions réservées aux heures de nuit et de nudité, les férocités rituelles, n'ai-je pas trop tôt dit adieu à tous ces toniques quotidiens ? On n'a pas le temps de s'ennuyer avec la jalousie, a-t-on seulement celui de vieillir ? »

     

     

     

     Publié en 2004

     Éditions Le Livre de Poche

     Date de parution originale : 1941

     159 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Colette a cinquante-neuf ans quand elle publie, en 1932, ces pages où elle s'interroge sur l'opium, l'alcool et les autres plaisirs qu'on dit charnels, à travers le souvenir de quarante années de vie parisienne. «On s'apercevra peut-être un jour que c'est là mon meilleur livre », disait-elle.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Colette a presque soixante ans lorsqu’elle entame la rédaction du Pur et l’impur et déjà derrière elle une vie plus que remplie. Si elle vivra encore presque vingt ans, la plénitude de la jeunesse est loin et pour Colette, c’est le temps de se retourner dessus. Dans ce petit livre, mi-essai mi-roman, qu’elle voulait intituler au départ Ces plaisirs, le ton est vite donné.
    A travers plusieurs portraits, Colette nous livre une analyse fine de la sensualité et de la sexualité. Si le livre peut, comme certains lecteurs l’ont souligné, paraître assez conformiste aujourd’hui, on se doute qu’il n’en est rien lorsqu’il est publié dans la revue Gringoire au début des années 1930 puis en livre en 1941
    Dans Le pur et l’impur, on croise Charlotte, mystérieuse quarantenaire qui fréquente les fumeries d’opium et les amants plus jeunes, les amis masculins de Colette, dont un certain Damien, cœur artichaut souffrant pourtant de voir les femmes le laisser derrière elles. On y croise aussi l’une des personnes qui eut le plus d’importance dans la vie de Colette : son amie et amante, Mathilde de Morny, surnommée ici la Chevalière (que l’on connaît aussi sous le nom de Max ou de Missy) ou encore, l’intéressante et mystérieuse poétesse Renée Vivien…L’autrice y raconte aussi l’histoire exclusive de deux femmes de l’Angleterre géorgienne, les Dames de Llangollen, Lady Eleanor Butler et son amie Sarah Ponsonby qui vivront plusieurs décennies recluses dans une petite maison du Pays de Galles. L’histoire de ces deux femmes est, pour certains, l’incarnation d’une amitié qui peut être aussi passionnée et fidèle qu’une véritable histoire d’amour. Pour d’autres, il ne s’agit de rien de moins que l’illustration d’un amour saphique entre ces deux femmes qui avaient fait le choix de vivre ensemble et se battant contre vents et marées pour arriver à leurs fins.
    Le pur et l’impur, comme ses autres livres (on peut penser à Chéri, par exemple), est un miroir d’une époque et d’une façon de penser, sans être pour autant figé dans le temps car ce que l’autrice raconte peut encore nous parler aujourd’hui, quatre-vingt-dix ans plus tard. Elle y offre en effet une réflexion universelle sur la nature humaine, tant masculine que féminine. Interrogations sur le genre, la sexualité librement choisie et consentie, que ce soit pour les hommes comme pour les femmes (à travers notamment les figures féminines de Missy et de Renée Vivien), mais aussi questionnements existentialistes jalonnent le livre…
    Si vous connaissez Colette et que vous aimez sa plume, vous retrouverez ici son style sensuel, intimiste, riche. Personnellement, c’est ce que j’aime chez elle, cette richesse du style, sa puissance aussi et sa dimension visuelle car lire Colette, c’est naviguer véritablement dans un monde qu’elle fait naître du bout de sa plume, tant elle excelle à décrire les émotions, les sensations psychiques comme physiques. Mais ici, le propos s’accompagne de questionnements plus existentiels sur la sexualité, ses différentes formes (amours hétérosexuelles ou homosexuelles ou amitiés), sur le désir, sujet universel et intemporel s’il en est.
    C’est avec la liberté d’une autrice assurée et l’aplomb d’une femme d’expérience que Colette s’exprime ici, non pas dans un roman mais dans un livre dont elle est le narrateur direct.
    Malheureusement, si comme d’habitude j’ai beaucoup aimé la plume de l’autrice, elle m’auravb cette fois donné du fil à retordre et j’avoue avoir eu du mal à me plonger dans ce récit, certes court, mais que je n’ai pas trouvé aussi facile d’accès que les autres œuvres de Colette. Il y a une dimension philosophique dans ce livre qui m’a vite perdue car j’ai trouvé le propos peu clair, voire confus. Par chance, le récit est aussi émaillé de moments de grâce où, de nouveau, la lecture redevient facile mais malheureusement, sur un si petit ouvrage, on souffre vite d’une inégalité difficilement rattrapable.
    Je ne pense pas non plus que Le pur et l’impur soit un bon moyen de découvrir Colette car ce n’est certes pas son livre le plus accessible. Bien la connaître n’est peut-être pas indispensable mais recommandé pour arriver à comprendre l’ouvrage, car Colette ne détaille pas, elle raconte. Et tant pis pour le lecteur qui reste sur le bas-côté.
    Je regrette, car Colette est vraiment mon autrice favorite, mais ici je suis restée hermétique et relativement à distance, sinon indifférente. Encore une fois, je ne peux que louer son style : Colette était véritablement une autrice talentueuse et cela se confirme aussi. La Colette de presque soixante ans maîtrise à merveille une plume qu’elle exerce alors depuis presque trente ans. Mais si Le pur et l’impur était considéré par elle comme son meilleur livre, ce qui est peut-être vrai,  il n’aura pas su me toucher comme je l’aurais espéré, c’est dommage.

    En Bref :

    Les + : amoureuse de Colette et de sa plume, j'ai retrouvé ce style extrêmement riche qui me plaît tant.
    Les - : un thème certes intéressant mais malheureusement traité de manière trop confuse pour être vraiment captivante. Le livre m'aura vraiment donné du fil à retordre, d'où cette légère déception.


    Le pur et l'impur ; Colette

     

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     


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