• Le Temps des Femmes, tome 3, Oublier Marquise ; Emmanuelle de Boysson

    « Qu'est-ce que l'art sinon l'écho de ce qui bruisse dans l'ombre, de ce qui palpite sous la terre ? »

    Le Temps des Femmes, tome 3, Oublier Marquise ; Emmanuelle de Boysson

    Publié en 2013

    Editions Flammarion (collection Romans Historiques)

    393 pages

    Troisième tome de la saga Le Temps des Femmes

     

    Résumé :

    1708. Mariée à Armand de Belle-Isle dont elle a deux enfants, Marquise rêve de devenir un peintre reconnu. Au cours d'une réception, elle tombe amoureuse d'un jeune artiste surdoué, fragile et irrésistible, Antoine Watteau. Ils s'aimeront à la folie. Il l'initiera aux fêtes galantes ; elle l'admirera et l'accompagnera jusqu'à sa mort prématurée, à trente-sept ans.
    Bâtarde secrète de Louis XIV, Marquise charmera le vieux roi : il la légitimera dans son testament. Devenu régent, le duc d'Orléans qui abusa d'elle, trahira les dernières volontés du monarque. Elle n'aura de cesse, dès lors, de se venger, ira jusqu'à conspirer avec la duchesse du Maine et une bande d'aventuriers. Complots, enlèvements, jeux de masques, elle ne reculera devant rien.
    Un roman illuminé par l'amour et le génie de Watteau.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Paris, début XVIIIème siècle. Nous sommes à la fin du règne du Roi-Soleil vieillissant. Marquise, âgée de trente-huit ans, mariée depuis de nombreuses années à Armand de Belle-Isle, dont elle a eu deux enfants, est une artiste qui se cherche encore. Fille illégitime du roi et d'une jeune comédienne, Blanche de La Motte, héroïne du tome précédent et qui dut s'exiler en Nouvelle-France pour échapper aux foudres de la Chambre Ardente à la suite du scandale de l'Affaire des Poisons, Marquise a hérité de la fibre artistique des femmes de sa famille. Sa mère fut comédienne chez Molière et Racine et sa grand-mère, la fameuse Emilie, qui commença sa carrière comme gouvernante chez la comtesse de La Tour, devint une précieuse renommée du Marais. Un jour, lors d'une réception, Marquise rencontre un jeune artiste prometteur qui arrive tout droit de Valenciennes. Il a pour nom Antoine Watteau, ne le sait pas, mais marquera, à l'instar de Chardin, Greuze, Boucher, Fragonard, la peinture française du XVIIIème siècle...Jeune homme torturé et malade, Watteau n'en est pas moins un génie de la peinture et il devient l'amant de la belle Marquise. Mais, bien vite, les anciens démons de la fille de Blanche et du roi vont la rattraper. A la mort de Louis XIV en 1715, sa famille illégitime, représentée par le comte de Toulouse et surtout le duc du Maine et sa femme, Bénédicte, surnommée la Grande Ludovise, va affronter la famille dite légitime et représentée notamment par le neveu du roi, Philippe d'Orléans, qui n'hésite pas à casser le testament du roi défunt pour devenir Régent durant la minorité du jeune Louis XV. Afin d'asseoir son autorité, il refuse aux bâtards du roi la reconnaissance officielle à laquelle ils aspiraient tous. S'alliant à celui qui est son demi-frère, le duc du Maine et sa charismatique épouse, Marquise va faire du combat des enfants de la Montespan le sien propre et décide de partir en croisade contre le duc d'Orléans, qu'elle hait depuis qu'il a abusé d'elle quelques années auparavant.

    Le Temps des Femmes, tome 3, Oublier Marquise ; Emmanuelle de Boysson

    L'Embarquement pour Cythère (Antoine Watteau, 1717)


    Voici pour les grandes lignes et le positionnement du contexte. J'ai commencé ce livre avec beaucoup d'attentes, malgré la déception certaine que j'ai pu ressentir à la lecture des deux premiers tomes, Le Salon d'Emilie et La Revanche de Blanche. J'en étais ressortie franchement pas emballée, c'est le moins qu'on puisse dire. J'attendais un peu plus de ce troisième tome dans le sens où j'adore l'art et Watteau fait partie de mes peintres préférés. J'adore la peinture du XVIIIème et surtout celle dite galante, représentée notamment par Watteau mais aussi Fragonard ou encore Boucher. Découverte à la fac, j'avais eu un vrai coup de coeur pour la peinture de Watteau, touchante, émouvante. Belle, en un mot, et très humaine aussi, peut-être de par le tragique destin de son auteur. Je me disais donc que, peut-être, ce tome-ci résonnerait un peu plus pour moi, dans le sens où est abordé dedans un sujet qui m'intéresse tout particulièrement. Et finalement...non. C'est catégorique mais l'exacte vérité. Non seulement j'ai traîné en longueur pour le terminer mais, en plus, je n'ai franchement pas été emballée : la fâcheuse impression que je traîne depuis Le Salon d'Emilie s'est malheureusement confirmée une troisième fois. Même si le personnage de Marquise m'a bien plus plu qu'Emilie et Blanche qui m'ont parfois franchement agacée. J'ai aimé ce personnage d'amoureuse finalement assez peu conventionnelle. Pour l'époque, une femme de quarante ans -et plus, puisque nous suivons Marquise sur une durée de plus de dix ans-, est déjà une femme mûre, parfois même une grand-mère : en cela, elle tranche radicalement avec ses deux aînées, présentées dans leur prime jeunesse, alors que nous découvrons Marquise comme une femme à la vie déjà bien installée et entrant doucement dans la maturité. Ceci serait d'ailleurs l'un des rares points positifs du roman, j'ai en effet apprécié de découvrir une héroïne murissante, parfois plus complexe qu'une plus jeune. Mais, ici, Marquise est une amoureuse, amoureuse de Watteau, amoureuse de la peinture. Une femme qui n'entre pas dans les normes de son temps et qui, en cela, est plutôt actuelle. J'ai également beaucoup aimé cette plongée dans l'univers torturé mais tellement onirique d'Antoine Watteau. Contexte historique relativement bien amené également et le style beaucoup moins monotone que dans les premiers tomes, c'est à noter.
    Pour le reste, eh bien je soulèverais un peu les mêmes critiques que pour les tomes précédents. Des personnages récurrents ou secondaires trop caricaturaux voire particulièrement détestables. Beaucoup de vulgarité...l'époque ne faisait certes pas dans la dentelle mais ce n'est pas une obligation d'en rajouter et d'exagérer dessus même si, je suis d'accord, il y'a matière. Le personnage de Philippe d'Orléans, le Régent, est particulièrement détestable et même s'il ne fut certainement pas un enfant de chœur, de là à en faire un personnage machiavélique, non.
    Bref, sans avoir été complètement rebutée par ce livre, je dois dire que je n'ai pas spécialement été captivée. Je ne me suis pas ennuyée mais je n'ai pas non plus réussi à entrer complètement dans l'intrigue et c'est dommage.

    Le Temps des Femmes, tome 3, Oublier Marquise ; Emmanuelle de Boysson

    L'Enseigne de Gersaint, dernière grande oeuvre de Watteau (1720)

    En Bref :

    Les + : le personnage de Marquise, attachant et la plongée dans le monde onirique de Watteau et de la peinture en général que nous propose l'auteure.
    Les - : 
    encore trop de caricature dans la description des personnages.


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  • Commentaires

    1
    Anaïs
    Dimanche 11 Octobre 2020 à 11:25

    Ce qui m'a déplu dans ce roman, c'est l'absence de l'héroïne du volume précèdent, comme c'est le cas dans la "revanche de Blanche". Comme pour la disparition d'Emilie, je trouve que l'auteur fait disparaître Blanche de manière trop rapide et surtout trop brutalement : 

    "Après la mort de Blanche, massacrée par des Iroquois en Nouvelle-France, avec Antoine de La Broissière". La Nouvelle-France sert-elle de cimetière à l'auteur, lieu où on envoie les personnages dont on veut se débarrasser ? Emilie s'y rend au début du 2e volume pour aller chercher le père de sa fille... on apprend sa mort d'une maladie quelques pages plus loin. Quant au père de Blanche, il ne reviendra jamais en France. Blanche se réfugie en Nouvelle France après l'Affaire des Poisons... et y est massacrée avec l'homme qu'elle aime et son père. J'aurai aimé une "meilleure" fin pour l'héroïne du 2e volume...

    Enfin, j'ai eu l'impression que les trois héroïnes d'Emmanuelle de Boysson poursuivent un même but : se faire une place dans la société, être reconnue : Emilie en faisant oublier ses origines modestes, Blanche en se issant au sommet à la cour de Louis XIV, Marquise en étant reconnue pour son talent de peintre. Mais elles ont également un besoin de se venger et, ce qui m'attriste, c'est qu'aucune des héroïnes ne va gagner sa bataille : Emilie est rejetée par les Précieuses, Blanche doit fuir la cour pour ne pas être inquiétée dans l'Affaire des Poisons, et Marquise ne sera jamais reconnue officiellement comme la fille de Louis XIV. Cela me laisse un goût amère à la fin de la trilogie

      • Dimanche 11 Octobre 2020 à 20:03

        Je comprends ton ressenti et le partage. Pourtant, j'attendais beaucoup de cette saga, je m'étais dit que j'allais l'aimer, cela correspondait totalement à mes goûts littéraires et puis...non. C'est dommage parce qu'il y'a du potentiel, l'idée de départ est vraiment bonne mais je n'ai pas aimé ce que l'auteure en a fait au final (sans dire pour autant que les romans sont mauvais, loin de là, ce n'est que mon ressenti personnel). L'idylle de Marquise avec Watteau m'a vraiment motivée à lire ce roman et au final, j'ai été autant déçue que par les deux précédents...cela m'arrive peu souvent mais bon, ça arrive ! 

        Merci pour cet avis constructif en tout cas et surtout, je me rends compte que je ne suis pas la seule à ne pas avoir forcément aimé cette saga (jusqu'ici, j'ai surtout lu de bons avis)... smile

         

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