• Les Aventures d'Olivier Hauteville, tome 5, Dans les Griffes de la Ligue ; Jean d'Aillon

    « Il arrive qu'on croie connaître les hommes, mais en vérité on ne sait jamais tout sur eux. »

    Les Aventures d'Olivier Hauteville, tome 5, Dans les Griffes de la Ligue ; Jean d'Aillon

     

    Publié en 2014

    Editions J'ai Lu

    632 pages

    Cinquième tome de la saga Les Aventures d'Olivier Hauteville

    Résumé : 

    2 août 1589. Henri III, roi de France, est assassiné. Le meurtrier, atrocement mutilé par les gardes du roi, est méconnaissable. Il s'agirait de Jacques Clément, le moine qui a exigé un entretien en tête à tête avec le roi pour lui remettre d'importantes missives. 

    Mais le chevalier Olivier Hauteville, chargé par Henri de Navarre, beau-frère d'Henri III, d'enquêter sur l'affaire, a déjà rencontré Clément par le passé. Et il est formel : le cadavre n'est pas celui du Jacobin que l'on accuse...Est-ce bien Clément qui a été reçu par le roi ? Ou bien a-t-il été remplacé ? Si oui, dans quel but ? La tâche d'Olivier Hauteville s'annonce périlleuse, d'autant que, dans l'ombre, la redoutable Ligue complote contre Henri de Navarre, nouveau roi de France. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    À l'été 1589, les armées royales et celles du roi de Navarre s'apprêtent à opérer une jonction, afin de se coaliser contre la Ligue. Mais le 1er août, alors qu'il se trouve à Saint-Cloud, Henri III, reçoit un jacobin qui prétend avoir des informations de la plus haute importance à transmettre à Sa Majesté. Jacques Clément, fanatique endoctriné, porte alors un coup de couteau meurtrier au roi. Dans la nuit du 2 août, le dernier des Valois meurt, laissant son royaume entre les mains de son héritier, son plus proche parent, Henri de Navarre qui, comme chacun sait, est huguenot. Commence alors une période extrêmement troublée, pendant laquelle Henri IV, soutenu par ses propres troupes mais aussi par des catholiques fidèles quoi qu'il arrive à la Couronne, va tenter, grâce à des sièges et des pillages en règle, de conquérir son royaume et d'arracher les place-fortes aux mains des catholiques intransigeants, c'est-à-dire, la Ligue. Mais celle-ci, bien que divisée, est coriace et à cela s'ajoute des doutes quant à l'identité de l'assassin du roi. Une jeune fille présente à Saint-Cloud le jour de la mort du roi, Gabrielle d'Estrées, la maîtresse du Grand Écuyer, Roger de Bellegarde, a fait part de ses réserves, réserves qu'elle ne semble pas être la seule à émettre...
    Voilà dans quel contexte démarre le cinquième tome des Aventures d'Olivier Hauteville, le héros Renaissance de Jean d'Aillon et, une fois n'est pas coutume, l'auteur s'appuie sur une assertion totalement fantaisiste pour monter ensuite de toutes pièces une intrigue policière et aventureuse comme il en a le secret. Guère de doutes demeurent quant à l'identité de l'assassin d'Henri III : il s'agit bien de Jacques Clément, moine jacobin de Paris fanatisé par ses supérieurs. L'homme qui a poignardé le roi et le corps, bien que mutilé, retrouvé en bas de la fenêtre royale, sont une seule et même personne. Mais, dès le XVIIème siècle, on va commencer par remettre sa culpabilité en question, notamment les Jacobins, désireux de laver leur ordre de la tâche qu'un régicide y avait imprimée. Ainsi, en 1647, le père Guyard, reprenant les rumeurs qui ont couru dès 1589, démontrait que le véritable Clément avait été assassiné dans la maison où il passait sa dernière nuit avant d'aller rencontrer le roi et avait été remplacé par un soldat protestant.
    Enfin, plus proche de nous, en 1829, l'auteur des Mémoires apocryphes de la belle Gabrielle, la fameuse favorite d'Henri IV, qui faillit devenir reine de France, imagine que la jeune adolescente, présente à Saint-Cloud au moment du meurtre du roi, ne reconnaît pas Clément une fois mort.
    Pour autant, grâce à un contexte toujours bien restitué, des recherches précises et rigoureuses, Jean d'Aillon brode un récit plausible et qui a toutes les apparences de l'authenticité.
    Bien que lente à se mettre en place, l'intrigue est assez prenante et le contexte des Guerres de Religion compliqué mais intéressant. Jean d'Aillon a bien su capter toute la complexité et la subtilité d'une époque et des différents partis qui s'opposent alors : si l'on est tenté parfois de réduire les Guerres de Religion à un simple conflit religieux, ce qu'elles sont, bien sûr, mais pas que, il apparaît vite qu'une multitude de partis, alors, s'opposent, pour leurs propres intérêts et font donc aussi de ces guerres des conflits politiques. Ainsi, la Ligue n'est pas le parti unifié que l'on croit, tandis que le roi de France, sensé être catholique, n'hésite pas à s'allier aux armées protestantes de son cousin Navarre -et par ailleurs hériter-, afin de combattre la Ligue, parti des Guise et mouvement religieux autant que politique.

    Gravure sur bois allemande représentant l'assassinat d'Henri III par Jacques Clément puis la mise à mort de ce dernier par les quarante-cinq (1589)


    On croise aussi dans ce roman un grand nombre de personnages hauts en couleur mais véridiques ! Quand on dit que souvent la réalité dépasse la fiction ! Ainsi se croisent Henri IV, Mayenne, frère de feu le duc de Guise et lieutenant du royaume, sa sœur, la fanatique duchesse de Montpensier, la belle Gabrielle d'Estrées, encore adolescente et promise à l'avenir glorieux mais aussi tragique que l'on connaît. À ces protagonistes authentiques s'ajoutent aussi des personnages issus de la très fertile imagination de l'auteur et c'est avec plaisir que l'on retrouve Olivier Hauteville et sa jeune épouse, Constance de Mornay, fille adoptive d'un des capitaines d'Henri de Navarre.
    Les Aventures d'Olivier Hauteville sont les premières que j'ai lues. J'ai découvert Jean d'Aillon avec La Guerre des Trois Henri, trilogie qui démarre la série mais peut aussi être lue indépendamment. Le côté policier, au départ, m'avait un peu fait peur mais l'aspect historique des livres, lui, avait su me séduire bien au-delà de mes espérances ! Et j'ai retrouvé dans ça dans Récits cruels et sanglants pendant la Guerre des Trois-Henri et dans cet opus là également. La fin du XVIeme siècle français, si elle plonge dans la sauvagerie et le chaos, n'en reste pas moins une époque passionnante !
    J'ai trouvé que l'intrigue de Dans les griffes de la Ligue mettait un moment à se mettre en place mais ceci est compréhensible, quand on voit dans quel contexte elle prend corps. Ce serait stupide d'occulter ce dernier, voire complètement impossible. Sans contexte, impossible de comprendre tous les tenants et aboutissants du roman. Certains lecteurs se sont plaints de cette lenteur, de cette omniprésence de l'Histoire. C'est en même temps un peu la patte de l'auteur, ce qui fait toute la force de l'oeuvre de Jean d'Aillon, qui est l'un des auteurs de romans historiques les plus précis. Ses romans sont tous appuyés par de très solides recherches et assis sur des bases tout aussi solides parce que bien maîtrisées. L'Histoire est très présente, certes, mais on sait à quoi s'attendre avant de lire ses livres. Difficile donc d'aller le lui reprocher par la suite.
    J'ai relevé une petite erreur au début du volume : la veuve d'Henri III, Louise de Lorraine-Vaudémont n'est pas une petite-fille de Catherine de Médicis. Hormis ca, à part quelques coquilles, rien à signaler.
    Dans les griffes de la Ligue est un roman qui a su me convaincre. J'y ai passé du temps parce que cela était nécessaire pour moi, j'ai eu le sentiment au cours de ma lecture qu'il fallait que je prenne bien tout mon temps au risque d'omettre quelque chose et de ne plus comprendre. Très dense, ce cinquième volume des Aventures d'Olivier Hauteville est un roman historique très bien mené, dans lequel je n'ai pas retrouvé les petites inégalités qui me gênent chez Jean d'Aillon. Le style est fluide, incisif et précis, totalement au service de l'histoire qu'il raconte. Les personnages, fictifs comme historiques, sont tous bien décrits, ils prennent vraiment corps sous nos yeux et sont un point fort indéniable.

    La bataille d'Ivry en 1590 : épisode du fameux « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »


    J'ai trouvé ce cinquième tome très abouti. Et passionnant... parce que je suis une amoureuse de l'Histoire et que j'ai eu vraiment eu l'impression, avec ce roman, de saisir toutes les subtilités d'une époque très riche, que l'on réduit parfois au seul affrontement du parti ligueur et du parti protestant alors que c'est beaucoup plus compliqué que ça au final ! Tout un tas de partis se mêlent et s'entremêlent tout en poursuivant des buts différents et profitant des événements pour servir leurs propres intérêts. J'ai trouvé que Jean d'Aillon prenait vraiment bien toute la mesure de l'époque dans laquelle il situe son histoire, ce que, j'avoue, j'attendais de lui. C'est bien le moins qu'il pouvait faire, si je puis dire !
    Tous les événements incontournables sont aussi très bien décrits : la mort d'Henri III, la bataille d'Ivry durant laquelle Henri IV prononça son fameux Ralliez-vous à mon panache blanc, le terrible siège de Paris qui suivit et la famine qu'il entraîna.
    En parallèle, Olivier Hauteville enquête tant sur le mystère qui entoure l'identité du meurtrier d'Henri III que sur une étrange et effrayante confrérie secrète, catholique, mais qui poursuit apparemment des buts qui lui sont personnels et dont les membres, portant des masques, se cachent derrière des noms d'archanges et se sont donnés comme titre : les Gardiens de la Foi.
    Dans les Griffes de la Ligue est une bonne fiction historique qui mêle adroitement faits authentiques et événements fictifs pour donner finalement un propos cohérent et vraisemblable qui a su me séduire. Peut-on dire que Jean d'Aillon est en quelque sorte le Dumas du XXIème siècle ? Il est certainement plus rigoureux que l'auteur des Trois-Mousquetaires mais on peut rapprocher leurs univers, notamment en ce qui concerne le côté aventureux et enlevé de leurs intrigues où les péripéties succèdent aux rebondissements. Mâtinés parfois d'un peu de légendaire -comme c'est le cas dans ce roman avec le surgissement, dans les derniers chapitres du fameux trésor du Temple-, les romans de Jean d'Aillon n'en sont pas moins toujours intéressants et ne manqueront certainement pas de séduire les amoureux d'Histoire, comme moi. Je regrette parfois que l'auteur ne soit pas plus connu. Il est prolixe et son oeuvre est suffisamment vaste, tant en époques qu'en personnages, que chacun, à mon avis, peut y trouver son bonheur. J'ai parfois été moins emballée, mais jamais déçue ! Et je crois qu'à l'issue de la lecture de ce tome, Olivier Hauteville est définitivement mon second héros préféré, après Louis Fronsac

    En Bref :

    Les + : un roman dense, enlevé, foisonnant, riche d'informations et de personnages intéressants. 
    Les - : quelques coquilles et une erreur historique au détour d'un chapitre, qui aurait pu être évitée. 

     


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