• Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 7, Béziers 1209 ; Jean d'Aillon

    « Simon de Montfort s'interrogeait sur Guilhem d'Ussel, et la façon dont il pourrait l'éloigner du roi. Les révélations de son cousin lui avaient apporté des informations confirmant combien cet individu était dangereux, bien plus qu'il ne l'avait imaginé. »

    Couverture Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour : Béziers, 1209

     

     

       Publié en 2017

       Editions J'ai Lu

       608 pages

       Septième tome de la saga Les Aventures de Guilhem     d'Ussel, chevalier troubadour

     

     

     

     

     

    Résumé :

    1208 : Guilhem d'Ussel a laissé son fief de Lamaguère sous tutelle pour venir s'installer à Paris. Devenu prévôt de l'Hôtel de Philippe Auguste, il est chargé de découvrir les meurtriers d'une prostituée égorgée dans l'église Saint-Gervais. 

    Mais qui tente de l'éloigner du roi alors que le pape Innocent III exerce une pression de plus en plus forte sur le royaume afin que ses barons se rassemblent dans une croisade contre les hérétiques albigeois ? Guilhem parviendra-t-il à identifier ses ennemis et à préserver Lamaguère ? 

    Entre fidèles amitiés et trahisons, pièges et coups du sort, il traversera la France pour élucider un mystère plus obscur qu'il n'y paraît. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

     Hier soir, avant de rédiger cette chronique, je me demandais depuis quand je n'avais pas lu un Guilhem d'Ussel et je ne m'en souvenais pas ! Vraiment pas. Ensuite, j'ai réfléchi que je n'en avais jamais parlé sur mon compte Instagram que j'ai commencé en février 2016...ma dernière lecture de l'une de ses aventures remontait donc à avant février 2016 et effectivement : j'ai lu Rouen, 1203, en janvier 2016 et rien depuis. Entre temps, j'ai continué la saga Louis Fronsac, que j'ai aussi mise en pause depuis quelques temps maintenant et surtout, découvert les nouveaux héros médiévaux de Jean d'Aillon, Gower Watson et Edward Holmes. Guilhem d'Ussel est donc un peu passé à la trappe et c'est avec d'abord, je dois bien l'avouer, un sentiment d'obligation que j'ai sorti ce livre de ma PAL (parce que quand même, plus de cinq ans à dormir dans la PAL, c'est un peu exagéré) puis avec un grand plaisir quand j'ai eu lu les premiers chapitres. 
    Oui, j'ai été très heureuse retrouver Guilhem en 1208, soit cinq ans après la fin de la précédente aventure. Des tomes hors-série viennent parfois s'intercaler, chronologiquement, entre les tomes de la saga proprement dite mais je ne les ai pas lus. Cela dit, cela ne m'a pas gênée, même s'il est fait référence ici au roman (la nouvelle ?) Le Grand Arcane des Rois de France.
    Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, nous ne retrouvons pas Guilhem dans le Midi mais bien à Paris, en 1208. Alors titulaire d'une charge royale relativement importante, proche du roi Philippe II Auguste et du fils de celui-ci, le prince Louis, Guilhem est chargé de résoudre une enquête particulièrement délicate : le corps sans vie d'une prostituée a été retrouvé dans une église de Paris et le roi lui demande de faire la lumière sur cette affaire, surtout quand il s'avère que la victime fréquentait un cercle qui ressemble fortement à une secte religieuse et semble réunir de nombreux adeptes dans la capitale autour d'un prédicateur appelé Guillaume d'Aire ou Guillaume l'Orfèvre. 
    Mais si ce meurtre faisait partie d'une machination plus vaste visant en fait Ussel, le trop écouté prévôt de l'Hôtel du roi ? Car en ce début de XIIIème siècle, certains barons français, appuyant les supplications du pape Innocent III, poussent le roi à participer à une grande croisade destinée à aller châtier les hérétiques du Midi, les cathares mais aussi les seigneurs occitans et languedociens un peu trop laxistes envers l'hérésie, à commencer par le plus puissant d'entre eux, le comte Raymond de Toulouse.
    Envoyé sur de fausses pistes, retenu séquestré de longs mois puis échouant dans une ville de Béziers en alerte, après être passé par son fief de Lamaguère cible des croisés et d'une bande de ribauds dont les intentions sont plus vengeresses que véritablement religieuses, Guilhem d'Ussel va connaître, entre le mois d'avril 1208 et la fin du mois de juillet 1209, tout un tas d'aventures dont il ne va pas sortir indemne. Mais cela va lui permettre de faire la lumière sur une vaste machination bien plus motivée par l'appât du gain et l'ambition que par une quelconque ferveur religieuse et qui dépasse même le roi de France ou le pape. Et tandis que la France sombre dans une guerre civile déguisée en guerre sainte, Guilhem d'Ussel, qui n'a pas été épargné par la vie et a même connu de douloureuses épreuves privées, se remet en question ainsi que ses choix...
    Si seule la fin du roman se situe à Béziers en 1209, tout le roman ne tourne finalement qu'autour de cela : la fameuse croisade contre les Albigeois, prêchée par le pape pour éliminer l'hérésie cathare, particulièrement puissante dans le Midi depuis le XIIème siècle. Surtout, le catharisme s'est développé à l'ombre bienveillante et protectrice des seigneurs méridionaux, à commencer par le comte de Toulouse ou le vicomte Raymond-Roger Trencavel. Lointains parents des vaudois, des bogomiles ou des manichéens, les cathares défendent la thèse que le monde matériel est le fruit de Satan donc, par essence, mauvais, tandis que le royaume du Bien se trouve auprès de Dieu. Les hauts dignitaires du catharisme sont appelés Parfais, Bonshommes ou Bonnes Femmes et reçoivent le sacrement du consolamentum. Vivant dans une relative austérité et même pauvreté, réfutant l'Ancien Testament mais révérant les Evangiles, les cathares sont donc des chrétiens contre lesquels la papauté enverra d'autres chrétiens. La reddition des hérétiques du Sud aura lieu réellement en 1244, sous le règne de Louis IX, quand tombe la forteresse de Montségur, où les derniers cathares du Midi s'étaient réfugiés. Refusant la conversion, ils se jettèrent dans un immense bûcher dressé dans une prairie au pied du château, qui porte encore aujourd'hui le nom occitan de Prat del Cramats.

    22 juillet 1209 : siège et massacre de Béziers - France Focus

    Les croisés devant Béziers, juillet 1209

    En 1208, alors qu'il sillonne les terres du Toulousain et du Languedoc, le légat du pape Pierre de Castelnau est assassiné, ce qui provoque l'ire d'Innocent III et le pousse à harceler le roi de France afin de lever l'ost. Des barons du royaume orientent alors Philippe Auguste en ce sens car derrière l'écran de la croisade, c'est surtout des terres riches et fertiles qui s'offrent à eux et peut-être le moyen de se tailler un fief à l'épée sous couvert d'aller extirper une horrible hérésie. A cette époque-là, la France n'existe pas encore comme aujourd'hui et le Nord et le Sud du royaume sont radiclalement différents l'un de l'autre : les barons d'Île-de-France, de Bourgogne et de Picardie se bercent alors d'illusions sur les richesses dignes du royaume de Saba qu'ils trouveront en allant piller les terres des seigneurs occitans.
    La Croisade contre les Albigeois se signale par des épisodes particulièrement sanglants et notamment le sac de la ville de Béziers, en juillet 1209 : le 22, jour de la sainte Madeleine, les croisés penètrent dans la ville pourtant réputée imprenable, bien protégée derrière ses immenses murailles. De nombreux habitants furent passés au fil de l'épée tandis que femmes, enfants et vieillards, enfermés en l'église Sainte-Madeleine, y furent brûlés vifs. Encore aujourd'hui, les chiffres précis des victimes n'est pas connu : le pape lui-même parle d'environ 20 000 victimes, d'autres contemporains de 60 000 personnes exterminées ce jour-là par les armées croisées menées par Simon de Montfort, l'archevêque de Bordeaux, les ducs de Bourgogne et de Nevers et le légat et abbé de Cîteaux, Arnaud Amaury. C'est lors de cette prise de la ville de Béziers, qui s'achève en une véritable boucherie que le légat aurait prononcé cette terrible sentence : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les Siens ! » condamnant ainsi toute la population bitteroise, qu'elle soit catholique ou cathare.
    Dans ce tome-ci des Aventures de Guilhem d'Ussel, la grande Histoire et la petite se rencontrent et s'entremêlent étroitement. Même si Guilhem n'arrive à Béziers que quelques jours avant le siège fatal, on le vit de l'intérieur et on asiste avec horreur aux exactions dont vont se rendre coupables les croisés et on ne peut s'empêcher de se demander si la croisade ne fut pas finalement plus motivée par l'appât du gain, l'or et les terres que par une véritable ferveur religieuse ? Mais celle-ci est bien commode quand elle permet de couvrir les pires agissements commis au nom de Dieu.
    Guilhem d'Ussel est un personnage assez intemporel et appartenant à toutes les époques à la fois : incroyant à une époque où la religiosité confine à la superstition et au fanatisme, il a aussi une incroyable capacité de jugement et un cynisme qui lui permettent de survivre dans un monde gangréné et corrompu, jusqu'à l'Eglise qui n'hésite pas à se montrer d'une froideur, d'un calcul et d'un machiavélisme absolument assumé.
    Ce tome est relativement conséquent (un peu plus de 600 pages) mais j'ai pris plaisir à retrouver les personnages, à les suivre dans leurs pérégrinations qui finissent par nous emmener vers le dénouement fatal et ce fameux siège de Béziers, événement historique avéré et qui marque l'Histoire du Midi.
    Une bonne lecture pour l'amoureuse des romans historiques que je suis, notamment pour la qualité des recherches de Jean d'Aillon. Il n'est pas historien de formation et il y'a d'ailleurs quelques petites erreurs ou approximations mais, dans l'ensemble, on ne peut que louer le travail solide réalisé en amont et qui donne lieu à des romans efficaces, divertissants mais riches également de nombreuses informations historiques et sur la vie quotidienne. Il m'aura fallu du temps mais je ne suis pas mécontente d'avoir renoué avec Guilhem d'Ussel ! 

    En Bref :

    Les + : un roman historique contemporain qui s'inspire autant de Walter Scott que des romans de chevalerie et mêle habilement aventures, enquête policière et événements historiques authentiques. 
    Les - :
    quelques petites erreurs et des approximations historiques. 


    Les Aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, tome 7, Béziers 1209 ; Jean d'Aillon

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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