• Les Brumes du Caire ; Rosie Thomas

    « Pourquoi aime-t-on une personne plutôt qu'une autre ? Il n'y a pas de recette, seule une certitude qui a sa propre logique. »

    Les Brumes du Caire ; Rosie Thomas

    Publié en 2006 en Angleterre ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Iris and Ruby 

    Editions Pocket

    573 pages

    Résumé : 

    Adolescente anglaise en pleine rébellion, Ruby part chercher refuge au Caire dans la maison d'Iris Black, sa grand-mère de 82 ans qu'elle connaît à peine. Alors que tout les oppose, un lien étonnant s'établit lentement entre elles tandis que Ruby aide Iris à se remémorer ses souvenirs du Caire scintillant et cosmopolite de la Seconde Guerre Mondiale. Et notamment son grand amour - l'énigmatique capitaine Alexander Molyneux - que les ravages du conflit lui ont arraché. 
    Déterminant dans la vie d'Iris, dans celle de sa fille et de sa petite-fille, cet amour perdu les affectera à nouveau, toutes les trois, d'une façon qu'elles n'auraient jamais imaginée...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Les Brumes du Caire fait partie de ces romans à secrets que j'affectionne tout particulièrement. J'ai découvert le genre avec Kate Morton qui le maîtrise très bien.
    Et j'avais beaucoup aimé l'ambiance du Châle en Cachemire, un autre roman de Rosie Thomas que j'avais beaucoup aimé. L'intrigue plus centrée sur l'histoire m'avait plu, j'avais aimé les personnages et le voyage en Inde que nous proposait l'auteure était en plus vraiment dépaysant !
    Je suis donc entrée dans Les Brumes du Caire avec beaucoup d'enthousiasme, me rappelant encore l'agréable surprise ressentie lors de la lecture du précédent roman de Rosie Thomas malheureusement je pense que, cette fois-ci, l'avis sera peut-être moins élogieux. Je n'ai rien à reprocher à ce livre c'est ça, le pire ! Mais je pense que je suis totalement passée à côté de l'intrigue, me contentant de flotter à la surface en quelque sorte, alors que je m'étais totalement immergée dans Le Châle en Cachemire !
    L'histoire démarre en 2001 -le cadre temporel n'est cependant pas posé tout de suite, les informations plus précises n'arrivent que par la suite et, au début, ce sont surtout grâce à certaines indications que l'on peut entrevoir à quelle époque se déroule le récit, comme l'utilisation d'un Walkman par Ruby par exemple, au lieu d'un MP3, ce qui m'avait d'ailleurs fait pencher au départ pour les années 1990-, quand une jeune Anglaise de dix-neuf ans, Ruby, débarque au Caire et vient s'installer chez sa grand-mère qu'elle ne connaît pas. Celle-ci est un médecin à la retraite, qui a beaucoup voyagé et fait de l'humanitaire, avant de revenir définitivement se fixer dans une ville qui a marqué sa jeunesse -on va vite comprendre pourquoi. La grand-mère en question, Iris, est une vieille dame de quatre-vingt-deux ans, encore alerte mais dont l'esprit flanche parfois, ce qui la plonge dans une terreur sans nom. Au début, les relations ne sont pas si faciles entre elle et sa petite-fille mais elle va bientôt comprendre que l'arrivée de Ruby dans sa vie peut aussi avoir bien des avantages ; et si la jeune femme l'aidait à fixer, définitivement, son passé et surtout, les événements de sa jeunesse qu'elle ne veut surtout pas oublier, comme cette fameuse histoire passionnée qui, dans les années 1940, l'unit à un capitaine de l'armée anglaise ? A travers cette confession, la jeune Ruby va donc en apprendre bien plus qu'elle ne pensait sur sa grand-mère mais aussi sur sa propre mère et les relations difficiles qui unissent les deux femmes, cette relation d'Iris et du capitaine Molyneux semblant avoir été déterminante pour la suite et donc, en quelque sorte, déterminante aussi dans la vie de Ruby, qui lui est pourtant complètement étrangère. En parallèle, la jeune femme découvre la société égyptienne, ses codes, ses coutumes, sa religion, qui imprègne fortement le mode de vie même si l'Egypte reste un pays à l'occidentalisation croissante.
    Grâce à des flash-backs, l'auteure nous ramène aussi en 1941-1942, pendant la période des offensives de l'Axe et des forces alliées dans le désert de Libye, quand l'Egypte fut en quelque sorte un quartier général de l'Angleterre, quand chacun cherchait à s'étourdir, dans les fêtes et les bars cairotes pour oublier que le lendemain serait peut-être le dernier jour de toute une vie. Iris est alors une jeune femme de vingt-deux ans et, soixante ans plus tard, elle se remémore cette période de sa vie pour ne plus jamais l'oublier.
    Finalement, la seule chose que je peux reprocher à ce roman, c'est de ne pas m'avoir transportée parce que sinon je n'ai aucune critique à formuler. Il aurait pu être un très bon moment de lecture... si je n'étais pas passée à côté ! Si je me suis sentie un peu plus investie dans la seconde moitié du livre ça n'a pas été le cas précédemment et ça a donc été difficile de m'attacher au personnage de Ruby qui est au centre de l'intrigue.
    J'ai par contre beaucoup aimé Iris, sa grand-mère, qu' elle va donc retrouver au Caire. Iris est une vieille dame de plus de quatre-vingts ans dont la terreur est de perdre à jamais ses souvenirs et ce qui fait donc l'essence même de son être -notre essence à nous tous, finalement et on se rend compte assez facilement, au travers du personnage, que ce doit être une terrible épreuve de commencer à oublier tout en conservant encore assez de lucidité pour s'en rendre compte et voir les souvenirs nous quitter petit à petit, même ceux qu'on voudrait conserver pour toujours. L'auteure retranscrit assez bien le sentiment de vide et d'horreur qui doit nous envahir quand on se rend compte que des pans entiers de notre passé nous échappent. Grâce à Ruby Iris va justement faire un travail sur elle-même et se rappeler sa jeunesse au Caire, pendant la Seconde Guerre Mondiale alors qu'elle travaillait pour un quartier général de l'armée anglaise basée en Égypte. La romance tourne essentiellement autour d'elle et de son amant le troublant Alexander Molyneux, dont l'existence va être déterminante tant pour Iris, qui l'a beaucoup aimé que pour les descendantes d'Iris qui vont peut-être en apprendre un peu plus sur elle grâce à cette confession.
    L'auteur aborde la vieillesse sans pathos ni mièvrerie mais on se sent quand même touché par la dignité d'Iris tandis que Ruby elle, est plutôt exaspérante. Pourtant elle se dévoile au fil des pages et on se rend compte que, malgré sa grande jeunesse, elle en a aussi bavé et n'a pas connu une existence toute rose. Mais non, il n'y a rien eu à faire, elle m'est restée totalement indifférente.
    J'ai aussi préféré la partie historique, qui se passe au moment des offensives de Tobrouk, El Alamein, Bir Hakeim que la partie plus contemporaine somme toute assez plate. On sent que l'auteure maîtrise son sujet et a fait de nombreuses recherches assez fouillées : contexte, forces en présence etc...
    Je me suis vraiment sentie investie dans ces chapitres là et énormément proche de la jeune Iris. J'ai aimé son côté entier, très amoureux et le duo qu'elle forme avec son amant, Alexander Molyneux, est très glamour et agréable à suivre : leur histoire est vraiment belle et bien racontée, j'ai beaucoup aimé retrouver ces deux personnages et j'ai apprécié le charisme d'Alexander.
    Je me suis surprise à attendre avec impatience de retrouver ces chapitres tandis que je m'ennuyais lorsqu'on en revenait à la partie contemporaine. Il faut dire aussi que l'époque choisie par l'auteure -la même que dans Le Châle en Cachemire, en fait, sauf que le cadre n'est pas le même- m'intéresse énormément : j'ai toujours aimé des romans ou des livres plus documentaires sur la Seconde Guerre Mondiale ; c'est une période fascinante de notre Histoire, proche de nous sans l'être, c'est finalement un pan de notre Histoire que l'on aborde délicatement par bien des aspects et j'apprécie la complexité de cette période qui a scellé tout le destin du monde contemporain. Donc je pense que je me suis sentie très à l'aise avec ces chapitres-là parce qu'en plus d'aimer les personnages qui les peuplaient, je retrouvais un contexte historique qui me plaît. 
    J' aurais vraiment voulu aimer ce bouquin, il a énormément de qualités et je suis sûre qu'il saura séduire bien des lectrices ! Mais mon impossibilité à m'attacher à Ruby a fini par conditionner mon avis global et c'est vraiment dommage. Les Brumes du Caire ne m'a pas fait voyager et n'a pas réussi à me toucher complètement.
    Ceci dit je dois reconnaître que le personnage d'Iris m'a énormément impressionnée et j'ai trouvé que toutes les considérations de l'auteure à propos de la vieillesse, du temps qui passe, de la nostalgie, des relations familiales sont très justes et sensées.
    Quant à la fin, elle m'a un peu plus séduite : Ruby perd son côté rebelle et devient un peu plus fragile donc attachante et Iris se confie sur sa vie en Angleterre après la guerre. Dommage que l'empathie et l'attachement n'arrivent qu'avec les dernières pages mais cela rattrape un peu le sentiment mitigé du début.
    Il faut quand même bien reconnaître que Les Brumes du Caire est un bon roman et j'ai quand même passé un bon moment de lecture.

    En Bref :

    Les + : l'histoire d'Iris et Alexander, le contexte historique, les flash-backs, le contexte historique choisi par l'auteure pour situer son intrigue.
    Les - : les chapitres contemporains qui ne m'ont pas séduite ; le personnage de Ruby, au départ un peu trop exaspérant pour être attachant. 


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