• Les Chevaliers, Intégrale ; Juliette Benzoni

    « N'était-il pas étrange que Dieu nous ait chargés de garder l'un des plus grands trésors de l'humanité et le plus grand à coup sûr du peuple juif, nous qui portons en nous le sang des rois de Jérusalem, des empereurs de Byzance et du grand Saladin ? »

     Couverture Les chevaliers, intégrale : Le roi lépreux, La malédiction, Les trésors templiers

     Publié en 2018

     Editions Plon 

     960 pages 

     Comprend : Le Roi Lépreux ; La Malédiction ; Les   Trésors Templiers

     

     

     

     

     

     

    Résumé : 

    La trilogie des Chevaliers compte parmi les séries à succès de la reine du roman historique français.
    A travers les trois héros templiers que sont Thibaut -ami et écuyer du prince Baudoin IV avec qui il partage le pouvoir en secret alors que la lèpre ronge ce dernier-, Renaud -accusé de parricide et en chemin pour la septième croisade - et Olivier - qui, voulant devenir à son tour templier, fait la désolation de ses parents, le Temple ayant été chassé de Terre Sainte-, Juliette Benzoni s'attaque ici à l'histoire des croisades, de 1176 à 1320, et met en scène trois générations à la recherche des trésors perdus des religions monothéistes : la Vraie Croix, l'Arche d'Alliance et le Sceau de Mahomet.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En cette période un peu particulière de confinement, je me suis dit que c'était le moment ou jamais de sortir de ma PAL ce gros bouquin de presque mille pages qui est en fait une intégrale d'une vieille saga de Juliette Benzoni, Les Chevaliers.
    Si vous la connaissez, si vous la lisez, vous savez que Benzoni écrit plus volontiers sur l'époque moderne et notamment le XVIIème siècle, époque où elle a situé la plupart de ses intrigues.
    Ses romans se passant au Moyen Âge sont rares mais je m'étais aperçue qu'ils étaient très bons, à la lecture de Un si Long Chemin, il y'a quelques années. Par rapport à d'autres sagas un peu plus inégales, j'avais trouvé ce roman vraiment très agréable à lire même s'il faut être honnête, je n'ai jamais vraiment déçue par un roman de Benzoni.
    Ici, l'auteure se propose de nous raconter, en à peu près 150 ans, le destin d'une lignée de chevaliers, de la Terre Sainte du XIIème siècle jusqu'à la France des derniers Capétiens directs, au début du XIVème siècle.
    À Jérusalem dans les années 1160, Thibaut de Courtenay est le fils bâtard de Jocelin de Courtenay, oncle du jeune roi Baudouin dont Thibaut est le compagnon dévoué. Mais ce garçon si beau et qui incarne les espérances des États latins d'Orient porte en lui un mal terrible, terrifiant et incurable : la lèpre. Dans un pays gangrené par les luttes de pouvoir, les ambitions personnelles et la soif de conquête musulmane, portée par Saladin, Baudoin IV le roi lépreux conduira son royaume jusqu'au bout, malgré la maladie qui le ronge vivant et lui interdit le mariage et même d'être touché pour ne pas transmettre son mal. Après sa mort, dans un pays à l'avenir instable où les seigneurs chrétiens d'Orient comme d'Occident se disputent les mânes du roi lépreux en autour de ses deux sœurs, héritières du royaume, Thibaut restera fidèle au souvenir de celui qui a été son compagnon d'enfance et à la dame qui occupe ses pensées, la jolie Isabelle.
    À l'époque de Louis IX alors que les cathares de Montségur brûlent sur le grand bûcher érigé en bas du pog, le jeune Renaud des Courtils échappe à un bailli malhonnête qui lui veut du mal. Seul au monde, il trouve refuge au fond de la forêt, chez un ermite, ancien Templier et qui lui apprend ses origines et sa naissance en Terre Sainte. Devenu homme d'armes de Robert d'Artois, puis de son frère le roi de France, Renaud les accompagne en croisade et notamment en Egypte où il assistera à la terrible défaite de La Mansourah. Amoureux de la douce reine Marguerite de Provence, Renaud va apprendre à louvoyer dans le monde des grands nobles qui est tout sauf tendre et à vivre dans l'ombre d'un roi guerrier mais déjà en odeur de sainteté.
    Au début du XIVème siècle, c'est le petit-fils de saint Louis qui règne : celui que Maurice Druon a surnommé « le roi de fer », Philippe le Bel. Olivier, le fils de Renaud, est devenu Templier malgré l'opposition de ses parents. En 1307, il échappe à l'arrestation massive des chevaliers du Temple par le roi et se cache mais n'aura de cesse de contrer le pouvoir royal.

    Description de cette image, également commentée ci-après

    La bataille de Montgisard, en 1177 qui oppose le royaume de Jérusalem et Saladin (Charles-Philippe de La Rivière, 1844, collection du château de Versailles)


    Ce roman est une intégrale : vous trouverez rassemblé en un seul gros volume les trois livres qui composent à l'origine cette saga. Pour moi, ce type de livres a les défauts de ses qualités : l'avantage indéniable, c'est de pouvoir lire des romans plus forcément réédités et difficiles à trouver. Mais en ce qui me concerne, j'ai du mal à me dire que je lis trois livres bien définis et à faire une pause entre chaque. Du coup c'est vrai que ce fut une lecture longue et laborieuse par moments sans que j'aie, toutefois, envie de laisser tomber. J'ai peut-être été plus captivée par le premier tome mais dans l'ensemble ce fut une lecture très sympathique.
    Juliette Benzoni est une bonne conteuse. Et même si parfois le style s'affaiblit un peu, l'auteure arrive toujours a capter l'attention de son lecteur. Ici, j'ai préféré le premier tome, Le Roi Lépreux, parce c'est un pan de l'Histoire que je connais moins bien : le règne presque saint d'un jeune roi très beau et plein d'abnégation, qui met de côté sa souffrance personnelle et la perspective d'être condamné à plus ou moins brève échéance pour faire corps avec la souffrance de son royaume de Jérusalem mis à mal par les ambitions de conquête du charismatique Saladin. Sa mort et les successions qui s'ensuivent, mettant ses deux sœurs Sybille et Isabelle au cœur de véritables crises dynastiques voire matrimoniales qui vont conduire petit à petit à la disparition des États latins d'Orient. On y découvre aussi la vie là-bas, curieux mélange de culture chrétienne d'autant plus forte qu'elle est menacée mais mâtinée malgré tout de cet art de vivre à l'orientale que les croisés arrivés d'Occident découvrent avec émerveillement : on ne partage pas la religion des musulmans mais on vit comme eux à bien des égards et cela fond insidieusement les peuples entre eux.
    Je ne m'attarderai pas sur le tome deux qui est intéressant à sa manière mais m'est surtout apparu comme un tome de transition entre Le Roi Lépreux et Les Trésors Templiers.
    Ce dernier a peut-être davantage capté mon intérêt parce qu'il démarre à une époque que j'apprécie énormément depuis que j'ai lu Les Rois Maudits de Druon en 2008 : c'est le début du XIVème siècle, le règne de Philippe IV le Bel et ceux de ses trois fils, qui marquent la fin des Capétiens directs et annoncent déjà la Guerre de Cent ans. Dans son roman, Druon dit que la fin de la lignée née avec Hugues Capet découle de cette malédiction qu'aurait proférée Jacques de Molay, Grand Maître du Temple mort sur le bûcher en mars 1314 : il aurait maudit ceux qui l'ont condamné, autrement dit le pape Clément V, le roi Philippe et le garde des sceaux, Guillaume de Nogaret. En reprenant à son compte cette légende forgée de toutes pièces par l'esprit génial d'un auteur incomparable, Juliette Benzoni nous propose donc une plongée dans un Moyen Âge puissant et mystique, entre légendes et réalités historiques (légendes parce qu'on sait bien aujourd'hui que les trésors templiers n'existent pas et qu'aucune malédiction n'a été lancée par Jacques de Molay au moment de sa mort). En prenant comme héros une lignée imaginaire mais rattachée aux puissants seigneurs de Courtenay qui donnèrent notamment un empereur de Constantinople, l'auteure évoque cette chevalerie si puissante au Moyen Âge centrale, consubstantielle du mode de vie féodal et qui est en train de connaître son apogée avant de décliner doucement jusqu'à la Renaissance.
    Si vous aimez le Moyen Âge, ses intrigues, ses mystères, ses personnages haut en couleurs, alors n'hésitez plus ce livre est fait pour vous mais armez-vous de patience : c'est un gros bouquin où il se passe plein de choses et il se lit lentement. Mais il en vaut la peine : clairement dans une saga comme celle-ci, Juliette Benzoni nous fait une belle démonstration de la maîtrise qu'elle a de son art d'écrivain, qui est bien plus évident que dans certains autres de ses livres, notamment ces livres que j'appelle catalogues qui sont des compilations de plusieurs époques et de plusieurs destins et qui ne permettent pas à son talent de s'exprimer pleinement.
    On passera sur deux ou trois petites approximations qui sont à mon avis des erreurs d'étourderie ou de frappe et qui, au regard de la densité du livre ne sont vraiment que mineures. 

     

    Exécution des dignitaires du Temple, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay en mars 1314 (miniature, vers 1380)

    En Bref :

    Les + : Juliette Benzoni nous emmène dans une chevauchée fantastique, une véritable épopée médiévale, des déserts arides de la Terre Sainte jusqu'au Paris de Philippe le Bel. C'est assez passionnant même si ma lecture a été très longue du fait du nombre de pages. 
    Les - :
    deux ou trois approximations et une erreur dans le résumé, mais au regard de la teneur du volume, ce n'est pas très grave.

     

     


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :