• Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 3, La Ville de la Peur ; Jean d'Aillon

    « Un froid qu'on n'avait jamais connu, une peste virulente et une famine qui depuis des semaines fauchaient les Parisiens, tant d'infortunes ne pouvaient être le fruit du hasard. »

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 3, La Ville de la Peur ; Jean d'Aillon

     

     

     Publié en 2017

     Editions 10/18 (collection Grands Détectives)

     467 pages

     Troisième tome des Chroniques d'Edward Holmes et   Gower Watson

     

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    En janvier de l'an de grâce 1423, la capitale du royaume de France est vouée au démon. Les Armagnacs ont pris le pont de Meulan, la famine règne, les loups sont entrés dans la ville en utilisant la Seine prise par les glaces. Pire, la Mort en personne rôde dans la ville, revêtue d'une pèlerine à chaperon, sous la forme d'une créature au visage effroyable, sans nez ni yeux...Après plusieurs crimes inexplicables, Edward Holmes est convaincu de l'existence d'une puissance occulte régnant sur Paris comme une araignée au centre de sa toile. Mais, accusé d'avoir assassiné une proche du duc de Bourgogne, il est emprisonné au Grand Châtelet. Et l'heure du châtiment approche...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En ce mois de janvier 1423, particulièrement glacial, rien ne va plus. Les loups sont aux portes de la ville, terrorisant les habitants et dévorant autant les vivants égarés que les morts dans les cimetières. Pour ne rien arranger un froid terrible s'est abattu sur la ville, figée par la neige et le gel.
    C'est alors que surviennent des meurtres étranges et violents qui ne semblent avoir aucun lien les uns avec les autres et les Parisiens se mettent à murmurer qu'un être terrifiant et défiguré rôde dans la ville et on a tôt fait de l'identifier : il s'agit de la Mort elle-même.
    Sollicité pour faire la lumière sur ces mystérieuses affaires qui ont endeuillé Paris (la mort d'un serviteur du duc de Bedford et de toute sa maisonnée et celle d'un notaire), Edward Holmes, clerc anglais à la prodigieuse capacité de déduction qui lui permet de démêler l'écheveau de la plus inextricable des affaires, ne se doute pas qu'il lance ainsi à ses trousses un ennemi implacable et déterminé qui n'aura de cesse de le faire tomber.
    Cette troisième enquête d'Edward et Gower m'a bien plu et si je la compare aux deux précédentes, pour moi c'est la meilleure et la plus complexe. J'espère que celles qui la suivent seront à la hauteur !
    Vous le savez peut-être ou alors pas, mais si vous ne le savez pas vous aurez sûrement deviné à la lecture des noms des protagonistes et peut-être même à la lecture du titre, de quel univers Jean d'Aillon s'est inspiré pour créer celui d'Edward Holmes : il s'agit de celui de sir Arthur Conan Doyle et de son fameux enquêteur victorien, Sherlock Holmes. Si certains y ont vu une pâle copie et taxant même Jean d'Aillon de plagiat, personnellement je vois plutôt cette saga comme un bel hommage d'un auteur à un autre.
    Bien loin des brumes anglaises du Londres industriel et de Baker Street, c'est Paris en pleine guerre de Cent ans que Jean d'Aillon situe ses enquêtes, juste avant la mort de Charles VI et un peu après. La France, éprouvée par des années de guerre avec l'Angleterre, ponctuées de trêves plus ou moins longues, l'est surtout par une guerre civile et familiale qui oppose les partisans du duc d'Orléans, appelés les Armagnacs, à la puissante famille de Bourgogne, qui tient le pouvoir et est favorable aux Anglais. En ce début des années 1420, le pouvoir anglais a affirmé sa suprématie sur la couronne française, anéantie par Azincourt en 1415 et affaiblie depuis longtemps par la folie du roi et la régence fragile de la reine Isabeau de Bavière, écartelée entre les factions et incapable de ramener la paix. Le roi Henri V de Lancastre est parvenu à ses fins en ratifiant en 1420 le traité de Troyes, qui stipule que c'est lui qui ceindra la couronne française à la mort de Charles VI. Mais Henry V n'a pas le temps de jouir de sa victoire puisqu'il meurt en août 1422, deux mois avant le roi de France. Institué régent de France et tuteur de son jeune neveu Henry VI, le duc Jean de Bedford gouverne à Paris même si son pouvoir est fragilisé par son frère Gloucester qui s'occupe des affaires d'Angleterre avec leurs oncles.
    Toujours vivante, la reine Isabeau, qui a été écartée du pouvoir vit dans un relatif isolement au palais de Saint-Pol mais Edward sait pouvoir compter sur elle au besoin. Il se lance alors dans une enquête compliquée dans une ville figée par la glace et exsangue à force de guerres : les habitants ont fui et règne dans Paris livrée aux loups et aux assassins une ambiance de fin du monde.
    Cette enquête très embrouillée nous promène comme dans un labyrinthe et on ne comprend pas d'emblée où l'auteur veut en venir ni où il veut nous emmener. Quelles sont les liens entre les différentes affaires qui se présentent et que Edward doit élucider ? Quel est le point commun entre un serviteur du régent, Bedford, et un notaire parisien que rien n'unit en apparence ? Et surtout quel est cet ennemi déterminé qui semble prêt à tout pour faire tomber Edward et lui mettre des bâtons dans les roues ? Toutes ces questions on se les pose évidemment au cours de notre lecture et on a envie de connaître le fin mot de cette histoire. La Ville de la Peur -si vous avez lu Sherlock Holmes ce titre vous aura sûrement évoqué son enquête intitulée La Vallée de la Peur-, est une très bonne enquête policière, comme je les aime : compliquée et embrouillée à souhait.
    De plus, en mêlant habilement une vérité historique à la précision presque chirurgicale à une histoire beaucoup plus fantaisiste et romanesque, l'aureur parvient à recréer un Moyen Âge haut en couleurs, peut-être pas exactement fidèle à la vérité mais efficace et captivant. Dans les romans de Jean d'Aillon il y'a du Sherlock Holmes, du Conan Doyle mais aussi du Dumas qui aimait tant jouer avec l'Histoire et récrire les faits.
    J'ai pris grand plaisir à lire ce troisième tome des aventures parisiennes d'Edward et Gower, même si j'ai parfois eu l'impression que l'auteur prenait un malin plaisir à nous laisser au bord de la route, juste pour le plaisir de nous voir ramer !
    Certes si vous cherchez du spectaculaire ou du gore, si vous aimez les thrillers psychologiques ou vous faire peur et si vous êtes allergiques à l'Histoire mieux vaut passer votre chemin. Mais si ce n'est pas le cas, et si vous êtes curieux, n'hésitez pas à découvrir la plume de Jean d'Aillon dont l'univers foisonnant, inspiré par diverses époques, de l'Antiquité au XIXème siècle, saura sûrement vous convaincre !

    En Bref :

    Les + : le langage travaillé qui nous ramène tout droit au Moyen Âge et l'enquête en elle-même, qui est de qualité, inspirée certes des aventures de Sherlock Holmes mais qui s'en écarte aussi par deux ou trois subtilités et surtout, par la patte de l'auteur. 
    Les - : deux ou trois coquilles notamment dans les notes de bas de page mais rien de grave. 

     

    Les soeurs Brontë : la Force d'Exister ; Laura El Makki 

    Thème de février « Chouchou », 2/12


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  • Commentaires

    1
    Mélissa
    Dimanche 23 Février 2020 à 15:22

    Tes articles dithyrambiques sur les romans de Jean d'Aillon me donnent envie de découvrir ses livres. Et j'aime bien la période de la guerre de cent ans donc je pense que je vais commencer avec Holmes et son " étude écarlate ". Et puis des romans avec Isabeau de Bavière, très décriée , c'est rare et ça m'intrigue. 

    Hâte de débuter cette saga policière et historique. cool

      • Dimanche 23 Février 2020 à 22:18

        Jean d'Aillon est peu connu mais c'est un auteur prolixe : si tu prends le temps d'aller voir sur internet ou sur son site, tu verras qu'il a beaucoup écrit. Surtout des sagas, d'ailleurs mais aussi des romans uniques comme Le Duc d'Otrante et les Compagnons du Soleil ou encore Marius Granet et le Trésor du Palais Comtal, qui sont de très bons romans. 

        Ce qui me plaît avec Jean d'Aillon, c'est qu'il écrit sur toute les époques, de l'Antiquité au XIXème siècle donc si on aime les romans historiques, on peut trouver son bonheur à coup sûr, qu'on aime le Moyen Âge, l'Empire romain, l'époque de Louis XIV ou encore, le XVIIIème siècle et la Révolution. smile

        Ses Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson m'ont plu tout de suite : je ne pense pas que ces romans soient uniquement de pâles copies de ceux de Conan Doyle, bien au contraire. Pour moi, c'est un bel hommage que Jean d'Aillon fait à un auteur qu'il aime beaucoup et qui l'inspire. 

        Et si tu aimes Dumas, nul doute que tu retrouveras un peu de lui aussi chez d'Aillon, notamment dans la manière de raconter l'Histoire : ce n'est pas toujours très fidèle à la vérité mais c'est épique et plein de souffle !

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