• Les Deux Orphelines ; Chiara Perez

    « Que voulez-vous, les temps sont durs, il faut bien s'entraider. »

    Les Deux Orphelines ; Chiara Perez

    Publié en 2017

    Editions Prem'Edit 

    138 pages

    Résumé :

    1793, en pleine Révolution française, les destins de deux orphelines de quinze ans se croisent et se séparent. Constance, élevée par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, s’évade de son nouvel orphelinat, qui dorénavant la recherche. Augustine, fille d’un marquis guillotiné, a échappé de peu à l’arrestation par les sans-culottes le jour où le reste de sa famille est emmené. Les adolescentes fuiront ensemble, dans une France à feu et à sang sous la Terreur…

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Une épopée en pleine France révolutionnaire, dans le sillage de deux jeunes orphelines de quinze ans, aussi téméraires qu’attachantes, ça vous tente ?
    Eh bien c’est ce que vous propose la jeune auteure Chiara Perez, dans son roman, Les Deux Orphelines.
    En 1793, la jeune Constance Rivieux s’échappe de l’orphelinat parisien où elle est pensionnaire et où les enfants sont maltraités. Au même moment, Augustine, quatorze ans et demi, qui a assisté à la mort de son père, le marquis de Vilaroy, accusé d’être un ennemi de la République, voit sa mère et sa jeune sœur arrêtées et doit fuir l’hôtel particulier de sa famille. Devenue fugitive, démunie et sans le sou, Augustine rencontre Constance, dans la même situation qu’elle et les deux jeunes filles décident de fuir Paris où elles sont recherchées. A l’opposé l’une de l’autre, les deux jeunes adolescentes vont pourtant se lier d’une amitié indéfectible : Constance est orpheline, originaire, pour ce qu’elle en sait, d’un milieu relativement modeste , elle a été élevée à l’orphelinat, où elle a reçu une éducation correcte mais elle a toujours vécu simplement tandis qu’Augustine, elle, a toujours connu un train de vie important, à Paris et sur les terres de son père, dans le Berry. Elle a reçu une éducation soignée, elle adore les livres et même si elle estime, comme ses parents et comme ses frères, que certaines avancées de la Révolution sont bénéfiques, elle est effrayée par l’ampleur de la Terreur et de la violence déployée par le gouvernement de la Convention, qui use de la guillotine à tour de bras.
    Les deux jeunes filles vont quitter Paris et s’engager alors dans un long périple, qui va leur faire traverser des provinces hostiles à la Révolution ou alors, particulièrement exaltées. Elles vont devenir tour à tour serveuses dans des auberges ou commerçantes mais, partout où elles vont, on retrouve leurs traces et leur destin est menacé.
    Ce résumé vous tente ? Pas mal, non ? Et si je vous dis que ce roman a été écrit par une jeune fille de dix-huit ans à peine, vous me croyez ? Non ? Et pourtant, c’est vrai et le moins qu’on puisse dire c’est que Chiara Perez, si elle continue à écrire, a un destin tout tracé. Une jeune fille aussi talentueuse ne doit pas passer inaperçue et j’espère bien que son roman aura du succès, qu’elle persistera dans l’écriture –et dans les romans historiques, parce que vraiment, elle s’en sort haut la main.
    Pour moi qui ai fait des études d’Histoire et qui est une passionnée, je déplore que cette discipline ne soit pas plus valorisée : beaucoup de jeunes, au collège et au lycée, trouvent que l’Histoire est barbante et honnêtement, je ne peux pas leur donner tort. C’est l’une des matières dont l’enseignement devrait, à mon avis, être réformé en priorité parce que sans l’Histoire, sans une connaissance au moins minimale de celle de son pays, comment comprendre son présent et son avenir ? Alors quand des jeunes semblent visiblement, comme Chiara, passionnés et l’être suffisamment pour écrire, on ne peut que lui donner une chance et lorsqu’elle m’a contactée, je n’ai pas hésité à lire son roman.
    Et ce que je peux vous dire, c’est que cette jeune fille de dix-huit ans s’en sort bien et mieux même que certains auteurs plus âgés. Le contexte historique est très présent, sans erreur : cette Révolution qui bascule de l’égalité et la fraternité à la violence la plus totale est très bien décrite par l’auteure. La guillotine, la peur, la suspicion, la guerre…c’est sur un fond historique particulièrement trouble et qui touche de plein fouet leur quotidien qu’évoluent Augustine et Constance, obligées de grandir rapidement, de prendre des décisions radicales, de laisser derrière elles leur quotidien, pas forcément réjouissant pour Constance, mais réconfortant pour Augustine, qui doit faire le deuil d’une vie douillette et insouciante jusqu’ici. Pour autant, aucun manichéisme entre ces deux jeunes filles : les personnages sont nuancés, Chiara Perez a bien saisi cette époque troublée dans toute sa complexité : appartenir au peuple ne fait pas forcément de vous un révolutionnaire, être noble n’implique pas forcément d’être royaliste et certains, comme les frères d’Augustine, se sont même engagés dans la guerre contre l’Autriche.
    Le roman est peut-être un peu court et les événements se précipitent un peu, on n’a pas vraiment le temps de se poser : peut-être que cent-trente-huit pages, c’est un peu court pour développer un récit comme celui-ci, avec des qualités vraiment indéniables. Du coup, ce n’est pas vraiment un bémol que je soulève, au contraire : si le récit mérite d’être étoffé, c’est qu’il est plein de qualités et de potentiel et, en effet, c’est le cas.
    Ce que j’ai aimé, dans ce roman, c’est qu’il est dépourvu de tout artifice et on sent que l’auteure y a mis tout son cœur et toute sa sincérité, ce qui peut manquer à des textes écrits par des personnes plus âgées, comme si on perdait un peu cette spontanéité et l’envie, toute simple, de partager, sans se poser de questions. Chiara Perez a eu envie de nous faire partager le périple mouvementée de Constance et Augustine, livrées à elles-mêmes, à travers une France divisée et on s’attache à ces deux gamines de quinze ans obligées de faire face avec le même courage que des adultes.
    Les Deux Orphelines est un roman court mais qui saura plaire à ceux qui aiment les romans historiques. Tout n’y est pas parfait mais au final, ce n’est pas ce qu’on recherche, parce que c’est aussi dans ses imperfections que ce roman est bon et assez épatant, oui, on peut le dire. Parce que, comme je le disais plus haut, il vient d’une jeune fille qui ne joue pas, qui ne calcule pas : ce que j’ai ressenti, c’est vraiment cette authenticité et ce cœur, comme lorsque l'on prépare un plat pour quelqu’un et qu’on y met beaucoup de sa personne – et cela apporte vraiment une saveur inimitable à ce que l’on mange. Et bien ici, c’est pareil : Chiara a écrit pour elle mais surtout, pour nous, ses futurs lecteurs, elle l’a fait sans arrière-pensée et sans calcul, elle a juste voulu partager et toute sa passion transparaît dans ses mots.
    Je pense que je peux m’adresser à toi, justement, Chiara, à la fin de cette chronique, que tu liras je l’espère : j’ai dix ans de plus que toi, j’ai eu vingt-huit ans cette année et si je m’adresse à une jeune fille, j’ai malgré tout eu l’impression de lire la plume de quelqu’un de plus âgé et j’ai été épatée. J’ai surtout aimé que tu aies mis autant de toi dans ce roman, dans tes personnages : on sent l’investissement personnel et j’y ai été très sensible. Continue, et persévère. Dans l’écriture, et dans l’Histoire, parce que ça en vaut la peine et quand on est passionné comme ça, on ne laisse pas tomber, ce n’est pas possible. Comme je l’écris plus haut dans ma chronique, c’est bien de voir des jeunes passionnés, au point d’écrire un roman historique et de se lancer dans la longue démarche d’une édition. Je n’étais pas aussi passionnée à ton âge, je crois. C’est venu après…garde ça, c’est une chance d’avoir un but dans la vie et une passion, quelle qu’elle soit. Je te remercie de m’avoir proposé ce partenariat. C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai lu ton roman et c’est avec joie que je viens te dire ici que je l’ai vraiment apprécié. J’aurais bien lu quelques pages de plus ! !
    En espérant que tu continueras dans cette voix, que tu continueras à écrire et à aimer l’Histoire.
    Et pour les lecteurs en général, si vous voulez donner une chance à une jeune auteure prometteuse, c’est le moment : lisez donc Les Deux Orphelines et donnez à Chiara sa chance, à votre tour. 

    En Bref :

    Les + : une intrigue touchante et cohérente, dans un contexte riche et intéressant, qui semble passionner notre jeune auteure et ça se sent à la lecture du récit. 
    Les - :
    quelques inégalités peut-être mais vraiment rien de grave, au contraire ! Pour un premier roman, Chiara Perez s'en tire vraiment bien.


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