• Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 4, La Conjecture de Fermat ; Jean d'Aillon

    « Il faut cependant disposer de prémisses correctes pour ne pas vous tromper. »

    Les Enquêtes de Louis Fronsac, tome 4, La Conjecture de Fermat ; Jean d'Aillon

    Publié en 2009

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    551 pages

    Quatrième tome de la saga Les Enquêtes de Louis Fronsac

     

    Résumé :

    En ce mois d'octobre 1643, alors que la régence est affaiblie et que se négocie la fin de la Guerre de Trente Ans, le pouvoir est en émoi. Quelqu'un intercepte les dépêches codées expédiées aux ambassadeurs français. Y'a-t-i un traître au bureau du Chiffre ? Pire, les répertoires confidentiels servant à la codification sont-ils entre les mains de l'Espagne ? Le cardinal Mazarin va demander à l'ancien notaire, Louis Fronsac, d'enquêter. Au cœur des réseaux secrets de Paris, il aura bien du mal à distinguer amis et adversaires. Pour qui travaille l'ancienne espionne de Richelieu surnommée la Belle Gueuse ? Quels mystères abritent les sous-sols de l'hôtel de Guise ? Quant à Pierre de Fermat, sera-t-il capable de fournir un code inviolable à Antoine Rossignol, chef du bureau du Chiffre ? 

    Dans cette nouvelle aventure, menée tambour battant, où il paraît n'y avoir que des traîtres et des faux-semblants, Louis Fronsac parviendra-t-il à sauver le congrès de Münster ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A la fin de l'année 1643, la régente, Anne d'Autriche, gouverne la France en binôme avec le cardinal Mazarin. Louis XIII est mort depuis un peu plus de six mois, Richelieu depuis presque un an, mais la situation du royaume ne s'en est pas redressée pour autant : les grands sont de plus en plus agités et contestataires -n'oublions pas que la Fronde éclatera moins de dix ans plus tard-, le peuple ne l'est pas moins. La cour est un vrai nid de serpents où s'affrontent inimitiés et ambitions personnelles.
    C'est dans ce contexte troublé que s'ouvrent alors les pourparlers préliminaires à la paix censée mettre fin, en Europe, à la terrible Guerre de Trente Ans, commencée en 1618 par le célèbre épisode de la Défenestration de Prague -la deuxième-, et qui prendra fin en 1648 avec la ratification des traités de Westphalie. Pour l'heure, deux conférences doivent s'ouvrir, l'une à Münster, entre l'Empire et les puissances catholiques, l'autre à Osnabrück, où l'Empire, toujours lui, rencontrera cette fois les plénipotentiaires protestants. Rien d'étonnant alors, que dans ce contexte, des lettres chiffrées soient dépêchées aux différents ambassadeurs. Le chiffre est une méthode ancienne, connue déjà en Grèce Antique et utilisée, à des niveaux plus élaborés, de nos jours, dans les services secrets ou en temps de guerre. Mais les techniques restent finalement assez semblables bien que nous ayons aujourd'hui l'avantage de la technologie et que des innovations, telles le morse, ont été inventées depuis.
    Au XVIIème siècle, le chiffre se base essentiellement sur une substitution de lettres ou syllabes par des chiffres ou des nombres. Bien que relativement compliqués, les codes ne sont jamais à l'abri d'être subtilisés et percés à jour et il semble que ce soit ce qui est arrivé, en cette fin d'année 1643, alors que les représentants du royaume de France s'apprêtent à gagner Münster : les correspondances secrètes de la France ont été piratées et les dépêches ne sont plus sûres. Est-ce des espions à la solde de l'Espagne, notre ennemie irréductible, qui menacent ainsi la sécurité du royaume au sein même de son administration et de ses services secrets ou bien le réseau travaille-t-il pour une autre puissance ? Le Vatican, par exemple, qui, représenté par le pape Urbain VIII, n'hésite pas à se mêler de politique. De toute façon, que les dépêches du Chiffre partent vers Madrid ou vers Rome, la situation est tout aussi grave et met en émoi le principal ministre, Mazarin, qui décide alors de faire reprendre du service à Louis Fronsac, ancien notaire parisien, qui s'est avéré plutôt doué, les années précédentes, dans la résolution d'enquêtes criminelles.
    Après avoir démantelé la Cabale des Importants, quelques mois plus tôt, Louis est allé s'installer sur ses terres de Mercy, non loin de Paris, en compagnie de sa maison et de son épouse, la jeune Julie de Vivonne, nièce de Catherine de Vivonne-Savelli, la fameuse précieuse et marquise de Rambouillet. Alors qu'il remet en état sa petite seigneurie, il est donc approché par les envoyés de Mazarin et Louis, en cette fin d'année 1643, va devoir, à ses risques et périls, plonger dans un monde souterrain et secret dans lequel tous les coups sont permis. Son enquête le mènera jusqu'à Toulouse, auprès du conseiller au Parlement et célèbre mathématicien Pierre de Fermat, qui mettre sa science au service d'Antoine Rossignol, pour créer un chiffre inviolable et capable de protéger la correspondance secrète de la France au cours des pourparlers de Münster.

    Le magistrat toulousain Pierre de Fermat (1601-1665), poète et mathématicien de talent


    Ce quatrième tome des Enquêtes de Louis Fronsac est légèrement ardu pour nous, pauvres lecteurs issus du commun des mortels et qui ne comprenons pas un traître mot aux conjectures et démonstrations mathématiques ! ! Et il est vrai que les codes font forcément, à un moment ou un autre, appel à des principes logiques et mathématiques pour se protéger d'un éventuel piratage -même si cela ne marche pas à tous les coups : le chiffre d'Antoine Rossignol sera finalement complètement percé à la fin du XIXème siècle. Du coup, comme le roman est essentiellement basé sur les services secrets, forcément, on ne peut pas y échapper ! Pour autant, le roman n'en est pas moins abordable, bien au contraire. Tout n'est pas facile à comprendre, mais Jean d'Aillon a pris soin de nous illustrer certaines techniques, qui les rendent donc un peu moins abstraites. On ne peut cependant s'empêcher d'être soufflé par la qualité des informations et des recherches de l'auteur, qui mêle habilement faits réels et fictifs dans son récit, mais tous assis solidement sur des bases historiques exhaustives et justes. Je suis parfois gênée par des tournures de phrases ou des parties narratives un peu lourdes dans les romans de Jean d'Aillon mais j'avoue ne les avoir que peu ressenties dans ce roman-là : j'ai été très vite accrochée par l'intrigue, qui m'a demandé beaucoup de concentration pour que je ne perde pas le fil, mais, dans l'ensemble, j'ai trouvé ce roman vraiment efficace et agréable à lire. Comme Jean-François Parot qui, dans ses Enquêtes de Nicolas Le Floch nous immerge totalement dans l'ambiance du Paris de la fin du XVIIIème siècle, Jean d'Aillon, avec Louis Fronsac, dresse un portrait vraiment humain et crédible de ce milieu de XVIIème siècle, qui s'extirpe doucement de la Renaissance et des guerres de Religions pour regarder vers le règne flamboyant qui s'annonce : celui de Louis XIV, qui n'est alors qu'un enfant mais deviendra bientôt le monarque le plus puissant d'Europe. On y vit, dans ce Paris agité, où se côtoient nobles, nobliaux, bourgeois, artisans et mendiants et qui rappelle celui de Dumas dans Les Trois Mousquetaires ou les romans de cape et d'épée en général. Mais ce XVIIème siècle, violent à bien des égards, n'en est pas moins aussi celui d'une émulation culturelle et littéraire certaine : c'est l'époque des Précieuses et de leurs fameux salons et des romans fleuve de La Calprenède...c'est une époque riche que Jean d'Aillon sait habilement présenter à travers ses multiples prismes, qui en font un siècle polymorphe et charnière à bien des égards.
    J'ai aimé retrouvé Louis Fronsac et Gaston de Tilly, son ami du collège de Clermont, devenu commissaire de police et auxquels on s'attache de plus en plus, à mesure que l'on suit leurs aventures. Une petite bande de personnages familiers se met en place depuis le second tome, que l'on prend plaisir à retrouver d'aventure en aventure : il s'agit bien sûr de la famille de Louis mais aussi celle de son épouse Julie, que l'on retrouve maintenant plus régulièrement depuis Le Mystère de la Chambre Bleue. J'ai aimé également le doute que l'auteur fait planer autour de son personnage : à l'heure qu'il est, je ne sais toujours pas si Louis Fronsac est bel et bien un personnage de fiction ou une figure historique réelle !!
    Bref, ce quatrième tome des Enquêtes de Louis Fronsac m'a convaincue. J'ai passé un très bon moment et je vous le conseille vraiment ! Pour ma part, je pense qu'il ne faut pas s'arrêter au côté mathématique et très logique du roman, qui peut en rebuter certains, moi la première ! Je dois vous avouer que j'ai été un peu terrifiée quand j'ai abordé les différentes techniques de chiffrement et les démonstrations mathématiques de Blaise Pascal et Pierre de Fermat mais au final, je m'en suis bien tirée ! Je n'ai certainement pas tout compris -c'est tout juste si je me souviens du théorème de Pythagore, alors voyez où en est mon niveau-, mais cela n'a absolument pas gêné ma lecture ! ! Une bonne découverte et j'ai hâte de poursuivre maintenant ma lecture des autres aventures de Louis Fronsac ! !

    En Bref :

     
    Les + : une enquête enlevée et bien documentée.
    Les - : quelques passages parfois un peu confus ; des péripéties un peu lourdes parfois. 


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  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Juin 2016 à 16:34

    Je vois ce que tu veux dire avec la logique mathématicienne...Je me souviens avoir lu une biographie d'Alan TURING et j'avais été complétement perdue par la logique du scientifique ! Du coup, malgré toute la bonne volonté du monde, je préfère passer à côté de cette série ou du moins déjà de ce tome 4 ;)

      • Dimanche 5 Juin 2016 à 20:03

        Ah, là, c'est un peu différent, tout le roman ne traite pas de maths et heureusement parce que vu que je suis complètement nulle dans ce domaine, je crois que ça m'aurait vite saoulée ! ! wink2 Le sujet peut paraître un peu obscur au premier abord mais j'ai finalement été surprise parce que le roman n'en est pas plus laborieux pour autant ! Il est même plutôt pas mal en fait ! sarcastic

        En tous cas, je te conseille cette saga, Aurélie ! Elle est vraiment bien ! Bon, ça ne vaut pas Nicolas Le Floch mais j'aime bien cet enquêteur Grand Siècle qui a beaucoup de flair et le XVIIème siècle est une période riche et intéressante ! 

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