• Les grands duels qui ont fait la France ; Alexis Brézet et Jean-Christophe Buisson (dir.)

    « Le duel est parfois inutile, imbécile, futile, inepte, désastreux mais, n'en déplaise au grand Cardinal, les mousquetaires avaient raison : le duel dans l'Histoire et la politique, est le dernier refuge de la liberté. »

    Couverture Les grands duels qui ont fait la France

     

     

     

         Publié en 2014

      Editions Perrin (en partenariat avec Le Figaro        Magazine)

      380 pages 

     

     

     

     

    Résumé :

    La France s'est construite par le conflit, qu'il soit extérieur (la guerre) ou intérieur. Notre histoire regorge de rivalités, célèbres ou oubliées, opposant jusqu'à la haine des individualités d'envergure souvent proches par leurs idées, mais antinomiques par leurs ambitions et leurs caractères. Ces grands duels sont non seulement passionnants - ils conjuguent complots, crises, affaires, coups bas et même assassinats -, mais aussi décisifs par leurs conséquences politiques. 
    Aucun ouvrage collectif ne leur a jamais été consacré. Cette lacune est enfin comblée grâce à ce livre-chapitres ambitieux qui réunit les meilleurs historiens actuels et les plus belles plumes du Figaro. 
    De Louis XI contre Charles le Téméraire au combat entre Nicolas Sarkozy et François Fillon, en passant par les affrontements d'anthologie - Louis XIV-Fouquet, Danton-Robespierre, Talleyrand-Fouché, Clemenceau-Poincaré, Pétain-de Gaulle -, voici le récit des vingt plus célèbres d'entre eux ; vingt histoires qui ont fait et font la France. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La politique est vieille comme le monde, ou presque. Et les duels qui l'accompagnent fatalement ont fini par lui devenir consubstantiels. 
    Parce que la politique induit le pouvoir et que ce dernier fascine irrémédiablement et attire de même, forcément des rivalités naissent, entraînant le choc de titans d'envergure égale ou bien de personnalités à l'opposé l'une de l'autre. Que ces duels soient ceux d'ennemis de même force et combattant pour les mêmes idéaux ou d'adversaires d'influences et de caractères différents, ils sont pourtant amenés à marquer durablement l'Histoire et, d'une certaine manière, à la faire : que ce serait-il passé si Charles le Téméraire, au XVème siècle, n'était pas mort sous les murs de Nancy en janvier 1477 et était parvenu à imposer sa loi à l'« Universelle Araigne », le roi de France Louis XI ? La Bourgogne serait-elle un royaume indépendant aujourd'hui et un pays à part entière ? Que serait-il arrivé si Fouquet avait été victorieux de Colbert ? La société française du XVIIème siècle aurait-elle pris le tour amorcé par celui que l'on associe à l'expansion du commerce et du mercantilisme ? La Révolution aurait-elle vu sa face changée si Robespierre avait été le perdant contre le tribun Danton ? Probablement pas. Parce que ces événements, à l'instar d'une guerre extérieure, peuvent modifier l'Histoire d'un pays et la marquer durablement, il est important d'en parler et de les étudier.
    Ce livre, produit à l'instigation de deux auteurs, Jean-Christophe Buisson (1917 : l'année qui a changé le monde) et Alexis Brézet, historien spécialiste des Balkans et du monde slave pour le premier et directeur des rédactions du Figaro pour le second, réunit les meilleurs historiens actuels, de George Minois à Thierry Lentz en passant par Simone Bertière, Jean-Christian Petitfils ou encore, Patrice Gueniffey.
    Livre-catalogue ou livre-chapitres, comme cela est dit dans le résumé, ce livre est chronologique et thématique à la fois : déroulant l'histoire de ces duels majeurs du XVème siècle à nos jours, chacun des chapitres est écrit par un historien de référence pour la période. Ainsi, le duel de Louis XI et du duc de Bourgogne est-il traité par George Minois, médiéviste de référence, tandis que l'on retrouve Simone Bertière aux commandes de l'article traitant du duel entre Marie Médicis et Richelieu (ce qui paraît assez logique quand on sait qu'on lui doit l'essai Louis XIII et Richelieu : la malentente, mettant en avant une relation bien plus nuancée et conflictuelle qu'on n'a bien voulu le dire entre le père de Louis XIV et son grand ministre). 
    C'est passionnant mais exigeant et ce livre nécessite d'avoir une bonne connaissance des contextes traités, ou bien de faire des recherches en parallèle - si cela ne vous fait pas peur, alors vous pouvez vous lancer. Si vous aimez avoir toutes les clés en main sans avoir forcément à quitter votre lecture pour la compléter, mieux vaut passer votre chemin. Si vous aimez l'Histoire mais sans plus, assurément ce livre risquera de vous ennuyer. Il nécessite aussi une bonne concentration tout au long de sa lecture et j'avoue être parfois revenue en arrière parce qu'un événement ou le déroulement d'un événement m'avaient échappé et je ne comprenais plus tout. Mais dans l'ensemble, j'ai beaucoup aimé cette lecture qui m'aura accompagnée près de quinze jours : je ne regrette pas de lui avoir consacré ce temps, car la lire moins vite aurait été la bâcler ou du moins, prendre le risque de ne pas tout comprendre et de passer à côté. 

    Image illustrative de l’article Assassinat d'Henri de Guise

    L'assassinat du duc Henri de Guise par les gardes du corps d'Henri III, les célèbres Quarante-Cinq (tableau de Paul Delaroche, XIXème siècle)


    Un peu déçue au départ que le Moyen Âge soit sous représenté au profit de l'Histoire contemporaine voire de l'Histoire immédiate, j'ai finalement, contre toute attente, été captivée par les chapitres consacrés aux duels Giscard-Chirac ou encore, Sarkozy-Villepin, car ils font écho à des événements bien plus proches de nous dans le temps et qui nous parlent forcément, qu'on soit amateur d'Histoire ou pas. L'avènement de la télévision et son immixtion dans le monde politique ont ainsi permis à chaque Français, grâce à des images fortes ou diffusées et rediffusées, de se créer une propre galerie d'images et de moments forts gravés sur pellicule, alors que des époques plus anciennes peuvent paraître, de fait, plus nébuleuses et floues
    Pour autant, chacun de ces chapitres est intéressant et démontre que dans tout duel souvent, survient le deuil d'une possible entente ou d'attentes déçues : alors que la Seconde guerre mondiale et l'image que nous en avons renvoient dos à dos Pétain et de Gaulle, synonymes respectivement de la collaboration et de la Résistance, on oublie que les deux hommes furent proches avant de s'éloigner, le plus âgé (Pétain) concernant le plus jeune (de Gaulle), militaire intelligent et prometteur, comme un fils spirituel. On pourra s'étonner de la rivalité de Giscard d'Estaing et de Chirac, pourtant du même bord politique et défendant donc, théoriquement, les mêmes idéaux et les mêmes valeurs. 
    En revanche, on comprendra mieux le désir d'un jeune roi qui n'est pas encore l'incarnation du Soleil (Louis XIV) de se débarrasser d'un ministre trop ambitieux et qui pourrait concurrencer celui qui, à l'instar de l'astre diurne, ne tolérera jamais que l'on s'élève à sa hauteur. Dans le contexte de centralisation et d'unification du royaume de France, fragilisé par cent-seize ans de guerre avec son ennemie héréditaire, l'Angleterre, à la fin du XVème siècle, on ne pourra s'étonner du duel à mort entamé par Louis XI, souverain souffrant d'une légende noire tenace mais pourtant gouvernant sans pareil, contre le dangereux duc de Bourgogne, réunissant sous sa bannière trop de territoires et une ambition concurrente qu'il doit faire taire car dans ce contexte de la course au pouvoir, le sien et celui du duc Charles, par ailleurs, son parent, ne pouvaient cohabiter. Parfois, certains duels auraient pu être évités...d'autres sont inévitables et font s'entrechoquer les boucliers de titans qui font trembler et vaciller la France. Quant à Clemenceau et Poincaré, si on peut déplorer que les qualités de ce dernier aient été largement éclipsées par l'aura du Tigre, on ne sera pas surpris que le grand Georges, figure tutélaire de la politique française de la IIIème République, sorte vainqueur du combat subtil, fait de discours, de petites phrases et d'articles de journaux, remporte le bataille haut à la main, laissant son rival KO sur le ring sans concessions de la politique nationale : pouvait-on en attendre moins de celui qui osa, à la mort du président Félix Faure, en 1899, une oraison funèbre aussi savoureuse et truculente qu'osée voire carrément vulgaire ? 
    Duels guerriers, duels d'intelligence, duels de tribuns : l'Histoire de France regorge de ces affrontements parfois sanglants et qui, pour certains, allèrent effectivement jusqu'à la mort de l'un des adversaires (Robespierre fera condamner Danton à être guillotiné, Henri III fera assassiner traîtreusement le trop puissant et populaire duc de Guise). Si certains sont savoureux, d'autres sont tragiques mais marquèrent leur époque et, quelque part, en furent le reflet

    10 novembre 1630 : Richelieu et la Journée des Dupes - Revue Des Deux Mondes

     

    La « Journée des Dupes » met, en 1630, un terme au violent affrontement opposant Marie de Médicis, ancienne régente et le cardinal de Richelieu : on oublie que ce dernier fut d'abord un protégé de la reine-mère avant de devenir principal ministre de Louis XIII 

    En Bref :

    Les + : technique mais passionnant, ce livre nécessite pas mal de concentration mais c'est une lecture qui saura séduire tous les amateurs d'histoire.
    Les -:
    pas forcément de points négatifs à soulever. Certains chapitres sont plus captivants que d'autres mais ceci est totalement subjectif évidemment. 


     Les grands duels qui ont fait la France ; Alexis Brézet et Jean-Christophe Buisson (dir.)

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     


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