• Les Tsarines : Les femmes qui ont fait la Russie ; Vladimir Fédorovski

    « En Russie, l'influence féminine sur la politique a pris racine dans une étonnante tradition historique pour devenir un véritable phénomène de civilisation. »

    Les Tsarines : Les femmes qui ont fait la Russie ; Vladimir Fédorovski

    Publié en 2006

    Editions Le Livre de Poche

    252 pages

     

    Résumé :

    En Russie, l'influence des femmes en politique a pris racine dans une étonnante tradition historique devenue un véritable phénomène de civilisation. Celles que l'on a coutume d'appeler les  « Tsarines » , même lorsqu'elles n'ont aucun lien avec la famille impériale, voient leur pouvoir prendre corps au XVIIIe siècle, où les femmes régnèrent sans interruption. Le XIXe siècle est celui des Tsarines de l'ombre. Des palais de Saint-Pétersbourg aux souterrains du Kremlin, les égéries occultes d'Alexandre Ier et Alexandre II, Mme de Krüdener et la célèbre Katia Dolgorouki, eurent une influence politique notable. Sans oublier la femme de Nicolas II et son redoutable directeur de conscience, Raspoutine. L'époque contemporaine a perpétué cette tradition, de l'égérie secrète de Brejnev, dont très peu connaissent l'histoire, à Raïssa Gorbatchev, qui joua lors de la perestroïka un rôle de premier plan. Tatiana, la fille de Boris Eltsine, releva le défi de ces Tsarines qui, encore aujourd'hui, règnent dans l'ombre.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Le mot « tsarine » évoque pour nous les grandes heures de la Russie éternelle. Dans ce pays, elles furent nombreuses à influencer la politique des tsars, qu'ils soient leurs maris, frères ou pères. Elles furent aussi des souveraines à part entière, comme Catherine II, la plus célèbre de toutes les tsarines régnantes.
    Dans son livre, Vladimir Fédorovski, diplomate, se propose de retracer les destins de ces femmes, de la toute première, Anastasia Romanova, épouse d'Ivan le Terrible -elle est la première à porter ce titre puisque c'est son époux qui change sa titulature pour devenir tsar, mot slave tiré du caesar latin-, jusqu'à Tatiana Eltsine, la fille de Boris Eltsine. En effet, s'il aurait pu choisir d'achever son livre avec le destin tragique et sanglant d'Alix de Hesse-Darmstadt (Alexandra Féodorovna), l'épouse de Nicolas II et dernière vraie tsarine, Fédorovski a choisi de pousser plus loin ses investigations, jusqu'à l'accession au pouvoir de Poutine. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce que les Russes ont pris l'habitude de surnommer tsarines ces femmes qui, sous l'Union soviétique, telles Tatiana Eltsine ou encore Raïssa Gorbatchev, ont soutenu et parfois orienté la politique du chef de l'Etat. L'auteur accorde également un chapitre important à l'égérie secrète de Brejnev dans les années 1970, l'infirmière Nina Kourovikova, dont le destin est aujourd'hui plutôt méconnu. Ainsi, au milieu des existences ô combien célèbres d'une Catherine II ou d'une Alexandra Fédorovna, ce sont aussi celles de femmes retombées dans l'oubli, qui sont traitées ici, à l'instar de ces princesses slaves des premiers temps du tsarisme, par exemple. Il est vrai que, si les grandes figures des époques moderne et contemporaine, comme Pierre le Grand, Catherine II, Nicolas II et sa famille, sont très connues pour nous, ce n'est pas forcément le cas des personnages antérieurs -hormis Ivan IV le Terrible, peut-être. J'ai par exemple été très intéressée par le chapitre consacrée à la fausse tsarine Marina, née Marina Mniszek, aventurière d'origine polonaise et épouse successive des « deux faux Dimitri », imposteurs qui se firent passer pour le fils miraculeusement ressuscité d'Ivan IV, durant le Temps des Troubles.Ce petit livre d'à peine 250 pages est un condensé d'Histoire russe. On peut déplorer que l'auteur passe parfois un peu vite sur tel ou tel personnage mais, dans l'ensemble, il reste une bonne introduction pour ceux qui voudraient en apprendre un peu plus sur l'Histoire de la Russie et une lecture tout à fait intéressante pour ceux qui ont déjà quelques connaissances. Personnellement, j'ai aimé non seulement le style de l'auteur, simple, sans fioritures mais qui va droit au but mais aussi que le livre ne s'achève pas en 1918 avec la disparition de la famille Romanov. Si j'ai quelques connaissances sur la Russie des tsars, je dois dire que je ne m'étais pas forcément intéressée à la Russie post-stalinienne et, même si les noms de Brejnev, Gorbatchev, Eltsine, me sont familiers, je ne savais pas grand-chose sur leur mandat à la tête de l'Union soviétique. 

    Le fait que ce livre, écrit par un homme mais adoptant un point de vue féminin est aussi intéressant. Fédovorski, dans sa démonstration, nous révèle en effet comment la figure de la femme, malgré la misogynie de la société russe -elle n'est pas la seule, cela dit-, a pu s'imposer et cela, depuis des siècles. Les femmes, en Russie, ne furent pas que des régentes ni que des conseillères, elles prirent parfois et, au XVIIIème siècle, plusieurs femmes se succédèrent d'ailleurs sur le trône, une part très importante dans l'administration du pays et furent aussi impitoyables que certains de leurs homologues masculins. Mais il y'eut aussi des destins plus effacés, des destins plus malheureux. Si Catherine Ière, l'épouse de Pierre le Grand, ancienne fille de ferme et prostituée toute jeune par des hommes peu scrupuleux, eut un destin exceptionnel, d'autres, comme l'épouse d'Alexandre Ier ou encore la malheureuse Alexandra Fédorovna, confrontée à la maladie de son unique fils, n'eurent pas cette chance. Et pourtant, c'est aussi grâce à elles que la Russie s'est peu à peu forgée, c'est autant grâce à elles qu'à leurs époux qu'elle a acquis son identité propre. Et, même dans l'ombre, comme la discrète épouse d'Alexandre III, elles furent de vrais soutiens pour les tsars. Il y'eut aussi, bien sûr, les mères ou les sœurs, à qui Vladimir Fédorovski cède une place importante dans son livre, au milieu de la valse des épouses et des égéries -car, comme tous les autres souverains, il arrivait aux tsars d'avoir des maîtresses. 
    Bref, ce petit livre se lit relativement bien et rapidement et c'est avec beaucoup d'intérêt que je l'ai découvert et que je le conseille à ceux qui seraient curieux d'en savoir plus et aux amateurs d'Histoire en général. Parce que l'Histoire russe reste pour nous, en quelque sorte, exotique, c'est toujours un plaisir de découvrir un livre qui en traite. 

     

    En Bref :

    Les + : un livre au parti-pris intéressant, entre biographies et essai historique, bien écrit au demeurant.
    Les - :
     quelques passages survolés.


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 26 Février 2016 à 13:41
    Chess

    Un livre qui me tente énormément ! Je note :)

      • Vendredi 26 Février 2016 à 16:48

        Je te le conseille ! ! En l'achetant, je m'attendais à un livre sur les tsarines seulement (comme son titre l'indique cool) et, dans la préface, Vladimir Fedorovski explique que, en Russie, le terme de tsarine est appliqué aussi aux femmes marquantes de l'époque communiste ou même après, comme c'est le cas par exemple de l'épouse de Gorbatchev...j'ai été vraiment surprise mais j'avoue que j'ai trouvé ce parti-pris intéressant...on connaît au moins quelques lignes de l'histoire des tsarines comme Catherine II ou Elisabeth Ière parce que ce sont des personnages universaux...mais j'ai trouvé ça super intéressant d'avoir des informations sur Raïssa Gorbatchev ou encore la maîtresse de Brejnev ! ! 

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