• Madame de Pompadour, l'amie nécessaire ; Hortense Dufour

    « Vous êtes mon amour, le seul qui me console de toutes mes misères. Je vous aime de tout mon cœur ; vous savez tout cela. »

    Madame de Pompadour, l'amie nécessaire ; Hortense Dufour

     

    Publié en 2015

    Editions Flammarion (collection Biographies Historiques)

    496 pages

    Résumé : 

    Jeanne-Antoinette a le plus beau des costumes de ce bal, camouflée sous un domino rose. Elle a longuement étudié celui-ci : une nymphe. Dénudée avec adresse, drapée à l'antique, voilée et dévoilée, soie couleur chair, chair contre chair, la nymphe est la bienvenue surtout quand elle a les formes, l'allure, la peau, la fraîcheur de Jeanne-Antoinette, au comble de ses beaux vingt-trois ans. Elle va, légère, pas dansé, calculé – elle a tout calculé, autant que le maréchal de Saxe sait y faire pour mener à bien les opérations guerrières. Il s'agit bien, là aussi, d'une guerre. Une lutte féroce pour obtenir le plus somptueux des prisonniers : le roi. C'est à la dame d'Etiolles d'entrer en scène. Et d'y demeurer. Le roi est fatigué de ces ambitieuses, peut-être une grande bourgeoise saurait, elle, l'aimer ? La vie de Madame de Pompadour, née Jeanne-Antoinette Poisson, tient une place singulière dans l'histoire des grandes favorites. Sa beauté, son intelligence, sa culture ainsi que ses talents ont su captiver et distraire pendant vingt années Louis XV, ce souverain mélancolique. Amie de Voltaire, elle se retrouvera à protéger les plus grands artistes de son temps.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Jeanne-Antoinette Poisson, marquise de Pompadour. Qui, mieux que cette femme, incarne la faveur royale, intimement liée à l'Ancien Régime français ? Il y'en eut, à ce poste, bien avant elle, qui firent parler d'elles : la première d'entre toutes, Agnès Sorel, la sulfureuse Gabrielle d'Estrées, la superbe Montespan. Mais aucune ne sut s'attacher le roi dont elle fut la maîtresse comme Madame de Pompadour, elle, sut le faire avec Louis XV. Elle fut une maîtresse, une favorite au sens premier du terme avant de devenir, pendant plus de quinze ans, l'amie nécessaire, celle avec qui le roi ne couchait plus mais qui lui était devenue aussi vitale que l'air qu'il respirait. Madame de Pompadour a indéniablement marqué le XVIIIème siècle et si on osait, on pourrait presque le qualifier de siècle Pompadour, comme le XVIIème siècle fut celui du Roi-Soleil. Par ses demeures, toutes superbes, elle reste une ambassadrice du bon goût français, elle fut un promoteur de la manufacture de Sèvres, protectrice des peintres Boucher, Van Loo et bien d'autres, amies des Lettres, embellissant avec un goût sûr ses fabuleuses demeures de Bellevue, Ménars, de l'Elysée etc... -la plupart ont aujourd'hui toutes disparu malheureusement. 
    Née en 1721 à Paris Jeanne-Antoinette est issue de la bourgeoisie financière. Son père fut munitionnaire aux armées et sa mère, bien que portant un nom ronflant, a la cuisse très légère. Aujourd'hui encore des doutes persistent quant à la filiation de la favorite, qui aurait pu être aussi fille naturelle de Lenormant de Tournehem un proche de la famille qui mariera d'ailleurs celle que ses proches surnomment Reinette, à son neveu Monsieur Lenormant d'Etiolles.
    Une légende veut que la jolie Jeanne-Antoinette ait fait l'objet, enfant, d'une prédiction d'une devineresse parisienne : la voyante lui affirma qu'elle serait un jour une maîtresse royale. Et sa mère l'ambitieuse Madame Poisson qui ne cessait de répéter à sa fille qu'elle était un « morceau de roi » mettra tout en oeuvre pour que la prédiction se réalise. Elle réussira à merveille car qui, aujourd'hui, mieux que sa fille, incarne cette tradition française de la faveur royale ? Qui, mieux qu'elle, sut asseoir aussi solidement son pouvoir sur un homme, devenant progressivement, d'une maîtresse très aimée, une amie avec qui on ne couche plus mais dont les avis sont nécessaires ? Le référent féminin, en quelque sorte, d'un homme orphelin trop jeune et qui chercha ensuite dans toutes les femmes qu'il aima la mère qu'il n'avait pas connue ? Qui mieux que la marquise sut être pour Louis XV une mère, une femme, une fille et une maîtresse ? 

    Hélène de Fougerolles et Vincent Perez dans les rôles de la marquise et de Louis XV dans le téléfilm Madame de Pompadour (2006)


    On a beaucoup écrit sur Madame de Pompadour, l'amie de vingt ans l'amie nécessaire d'un roi mélancolique qu'elle distrayait. Femme intelligente mais qui n'en commit pas moins parfois des erreurs de jugement la marquise méprisée de la cour à cause de ses origines reste un personnage complexe quoique relativement bien connu. Mais il est intéressant de lire les diverses productions concernant un personnage historique dans la mesure où chaque historien ou écrivain va l'aborder selon un prisme un angle de vue différent.
    J'avais lu il y'a quelques années une biographie de Sissi par Hortense Dufour et j'avais aimé son analyse psychologique du personnage. J'ai retrouvé cela dans cette biographie ainsi que le style chaleureux de l'auteur malheureusement cela n'aura pas suffi à me la faire aimer et c'est vraiment dommage. Je m'en veux presque d'être déçue parce que j'en attendais tellement de ce bouquin... mais voilà... si on peut aisément occulter une erreur et deux trois coquilles il devient difficile de les ignorer quand elles sont récurrentes.
    Je ne sais pas si ces erreurs sont dues à des coquilles donc à des erreurs d'impression ou de correction mais certaines sont des approximations malheureuses qui finissent par décrédibiliser le livre qui aurait pu, pourtant, tenir la route. Les approximations commencent dès le début du livre. Après un début prometteur avec une description crue et sans concession des dernières années de règne de Louis XIV voici le vent qui tourne...tous les descendants mâles du roi sont appelés dauphins alors que ce titre-là n'est porté que par le futur souverain direct. Le duc de Bourgogne, père de Louis XV, est appelé Grand-Dauphin, alors que ce titre, qui n'a jamais réellement existé, ne fut porté que par le fils unique du Roi-Soleil. La bulle Unigenitus, fulminée en 1713 par le pape contre les jansénistes est associé plusieurs fois aux protestants. La fille aînée de Louis XV ne fut pas surnommée Madame Infante parce qu'elle était l'aînée de la fratrie mais parce qu'elle épousa un de ses cousins espagnols, qui portait donc le titre d'infant. Et sa sœur, madame Victoire devient, on ne sait par quel miracle, abbesse de Fontrevault, tandis que la Dauphine de Saxe meurt en 1769 -elle est en fait décédée en 1767-, Madame du Barry en 1794 -elle fut guillotinée en décembre 1793-, le traité que signa, avant la Guerre de Sept Ans, Frédéric II de Prusse avec la Russie, ne fut pas ratifié par la tsarine Catherine mais par la tsarine Elisabeth, le roi d'Espagne est successivement appelé Philippe V ou Charles V et j'en passe ! Bref, ce sont toutes de petites erreurs qui, isolées, ne prêtent pas vraiment à conséquence. Bien sûr, il est agréable de lire une biographie sans erreur mais, comme je le disais plus haut, certaines ne sont dues qu'à des erreurs d'impression et ne doivent en aucun cas être imputées à un quelconque manque de sérieux de la part de l'auteur...seulement quand elles reviennent...bien trop souvent...force est de constater qu'on ne peut plus, justement, invoquer seulement les limites de l'impression mais aussi avouer que l'auteur, sur ce coup-là, n'a pas été assez minutieux ou induit en erreur par des sources erronées...bref, je ne sais vraiment pas ce qui s'est passé mais cette biographie en tous cas est loin d'être à la hauteur.
    J'avoue que j'ai vraiment été gênée et un peu agacée à force de voir ces erreurs devenir récurrentes. Quand on peut pardonner une ou deux coquilles d'impression ou de correction, parce que nul n'est parfait et à l'abri d'une erreur, il est difficile de passer l'éponge sur des faux-pas comme ceux-ci. Et j'ai été d'autant plus déçue que j'attendais beaucoup de ce livre. J'avais beaucoup aimé Sissi ou les Forces du Destin et je m'attendais vraiment à un livre dans ce genre-là. D'autant plus que le style de l'auteure est toujours agréable à lire, mais voilà, il y'a ces trop grosses erreurs historiques pour une biographie...ce qu'on peut éventuellement pardonner à un roman, on ne le pardonnera pas à une biographie, qui, même de vulgarisation, appelle quand même une certaine rigueur. Et malheureusement, on ne peut pas dire que ce livre réponde à cette dernière exigence. Je l'ai terminé, à grand peine...ce fut en effet particulièrement laborieux...et pourtant, certains passages sont intéressants, agréables à lire : on ressent l'empathie de l'auteure pour l'objet de son étude, la proximité et la compréhension d'une femme pour une autre femme. Tout le courage de madame de Pompadour, malade mais enfermée pendant vingt ans, comme une reine parallèle, dans le carcan de la vie de la Cour, transparaît dans ce livre. Si elle n'est pas élevée au rang de sainte, il ne faut pas exagérer non plus, on ressort de cette lecture avec le sentiment que Jeanne-Antoinette fut une femme admirable et elle le fut, assurément. Mais voilà...ce n'est pas là tout ce que l'on demandait à l'auteure et j'avoue que c'est avec un immense sentiment de frustration que j'ai refermé cette biographie. Elle promettait tellement...malheureusement, elle n'a pas été à la hauteur de ces promesses. C'est dommage. Vraiment dommage.

    Madame de Pompadour en Diane chasseresse par Jean-Marc Nattier (1746)

     

     

    En Bref : 

    Les + : le style de l'auteure.
    Les - : trop de coquilles, trop d'erreurs qui finissent par décrédibiliser le livre. 

     

     

     


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