• Marco Polo, tome 3, Le Tigre des Mers ; Muriel Romana

    «  La vérité dessille les yeux et ouvre les cœurs. Un homme sans mémoire avance comme un aveugle et chaque obstacle qu'il rencontre le blesse davantage. »

    Couverture Marco Polo, tome 3 : Le Tigre des mers

     

     

     

         Publié en 2003

      Editions N°1/Stock

      368 pages 

      Troisième tome de la saga Marco Polo

     

     

     

     

    Résumé :

    Dans la Chine du XIIIe siècle, Marco Polo est au faîte de sa gloire. Le Grand Khan lui confie une mission secrète, la rédaction de l'Histoire de l'empire. 

    Alors que la secte du Lotus Blanc fomente complots et assassinats, un mystérieux incendie ravage tous les exemplaires du livre du Grand Khan et la mort inexpliquée de l'héritier du trône ensanglante la cour. 

    Le fils de Marco Polo se retrouve alors impliqué dans un complot contre l'empereur. Perdant ses illusions, le voyageur comprend qu'il sera toujours un étranger indésirable dans ce pays qu'il a tant aimé. La mort dans l'âme, il quitte la Chine avec toute sa famille. 

    Enfin de retour à Venise, nul ne croit aux récits de Marco. C'est en prison à la suite d'une guerre contre Gênes qu'il honorera enfin la promesse faite au Grand Khan. Le Livre des Merveilles restera l'ultime témoignage de son aventure fabuleuse. 

    De 1282 à 1324, le dernier épisode de la vie d'un homme devenu mythe, qui inspira les Grands Voyageurs, de Christophe Colomb à Magellan. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En cette fin du XIIIème siècle, cela fait près de vingt ans que Marco Polo vit en Chine. Mais son étoile pâlit, en même temps que le règne de son protecteur, l’empereur Khoubilaï Khan, s’achemine vers sa fin. Le Vénitien ne le sait pas encore mais son temps en Asie est compté ; bientôt, il va devoir envisager un retour vers Venise et vers l’Europe, quittées alors qu’il n’était encore qu’un adolescent. Mais avant cela, il va se voir confier une mission d’importance par le grand Khan, descendant du célèbre Gengis Khan : consigner son règne dans un manuscrit, qui sera ensuite diffusé dans tout l’Empire. Ce manuscrit, qui connaîtra bien des péripéties, poursuivi par la mystérieuse secte chinoise du Lotus Blanc, est à l’origine du fameux Livre des Merveilles ou devisement du monde, écrit par Polo à la fin de sa vie et qui raconte son voyage et sa vie en Asie.
    Marco Polo est probablement aujourd’hui l’un des Occidentaux les plus connus. Il n’est pourtant ni roi, ni prince, ni religieux, ni véritablement homme de lettres…rien ne le prédestinait à devenir aussi célèbre et pourtant : demandez à n’importe qui ce que le nom de Marco Polo et il évoquera Venise, la Route de la Soie, la Chine, la « légende » des nouilles rapportées par lui en Europe et popularisées par la suite.
    Né en 1254 à Venise, il est le fils de Niccolo Polo, marchand qui commerce régulièrement avec l’Asie. Le jeune Marco, élevé dans la cité lacustre avec sa mère, grandit dans le fantasme de ce père absent qui revient un beau jour, de manière inattendue et débarque non sans mal dans la vie du jeune Marco, alors adolescent. Celui-ci n’a pas vingt ans lorsqu’il est entraîné par Niccolo dans un périlleux voyage à travers le Moyen-Orient jusqu’en Chine, alors aux mains des empereurs mongols descendants de Gengis Khan. Marco ne sait pas encore qu’il passera presque vingt ans de sa vie là-bas, devenant un proche de Khoubilaï, ce qui, évidemment, ne se fera pas sans mal, l’Européen suscitant bien des jalousies. Louvoyant dans un monde inconnu mais avec lequel il va se familiariser, mettant à l’épreuve ses talents de diplomate, Marco Polo va se fondre dans l’Empire, sans jamais pourtant en faire partie intégrante. Et alors que Khoubilaï amorce doucement sa chute, dans l’ombre, on œuvre pour écarter le « favori » européen. La situation de Marco n’a jamais été aussi périlleuse.
    Dans une Chine secouée par les revendications de la population chinoise soumise avec difficulté à l’emprise des Khans (la dynastie mongole des Yuan a succédé à celle des Song, d’origine chinoise, qui a régné sur l’Empire du Milieu de 960 à 1279), Marco Polo va devoir la jouer fine pour conserver sa vie et sauvegarder celle de ceux qui lui sont chers, à commencer par son fils, l’imprévisible Dao Zhiyou, né de sa liaison avec la belle Noor Zade. Il va aussi devoir faire le deuil de la très belle et magnétique mais non moins ambitieuse Xiu Lan, qui ne veut pas se contenter uniquement d’être la maîtresse d’un conseiller européen, fut-il privilégié, mais vise l’empire, rien de moins.
    Ce troisième tome est le tome de la maturité, après un premier volume qui ressemblait à un roman d’apprentissage (La Caravane de Venise) et un tome intermédiaire (Au-delà de la Grande Muraille) racontant la force de l’âge. Ce tome est marqué du sceau des souvenirs et de la nostalgie. Pour la première fois depuis presque vingt ans, Marco doit envisager bien malgré lui de quitter la Chine où, tant bien que mal, il a fait sa vie. Le voyage de retour sera aussi éprouvant que le voyage de l’aller : alors que son premier périple suit le fameux tracé de la Route de la Soie, c’est par mer que Marco, son père, son oncle et son fils rentrent vers l’Europe, traversant la mer de Chine, longeant les côtes sauvages de Sumatra puis de Ceylan avant de remonter vers la Perse, porte d’une Europe qui a bien changé depuis que les Polo ont quitté Venise, vers 1271. Nous sommes alors dans les années 1290, à l’aube du XIVème siècle. Marco apprend avec stupeur que la Terre Sainte est tombée aux mains des musulmans, avec la chute d’Acre en 1291, il découvre la nouvelle monnaie frappée par Venise, le ducat, il retrouve une ville différente de ce qu’il connaissait et en même temps, qui éveille bien des souvenirs en lui…Marco, à la fin de sa vie, est un « déraciné », ni vraiment d’ici, ni de là-bas. Il est de nulle part. Considéré par les Asiatiques comme un étranger, un barbare venu de la lointaine Europe, il se rend compte que ses anciens compatriotes ne sont pas loin de penser la même chose de lui ! Et les Vénitiens de la fin du XIIIème siècle, fortement imprégnés de culture judéo-chrétienne et de religiosité ne peuvent admettre les récits de l’aventurier, qu’ils prennent pour des affabulations, ni plus ni moins. Personne ne sait encore et surtout pas le principal intéressé que quelques décennies plus tard, son Livre des Merveilles inspirera les grands navigateurs de la fin du Moyen Âge, de Magellan à Christophe Colomb.

    Image dans Infobox.

     

    Khoubilaï Khan, empereur de Chine d'origine mongole qui règne sur l'Empire du Milieu de 1271 à 1284


    Aujourd’hui, la communauté historique remet plus volontiers en question les récits de Polo, certains historiens vont même jusqu’à considérer que son voyage n’a peut-être jamais eu lieu. Preuve aussi que l’historiographie est peut-être plus nuancée qu’il y’a quelques années où les chercheurs osant remettre en cause le voyage vers la Chine de Marco Polo se voyaient systématiquement mis au ban de la communauté historique, on accepte aujourd’hui cette thèse et on peut même dire qu’elle est particulièrement répandue. Le Livre de Merveilles est-il effectivement un récit quelque peu romancé mais basé sur des événements avérés ou bien une totale invention ? Marco Polo a-t-il vécu en Chine, proche de l’empereur Khoubilaï ? Rien ne nous permet de le confirmer ni de l’infirmer. C’est cela aussi, parfois, le charme de l’histoire : on reste dans un prudent entre-deux qui permet d’imaginer bien des choses et aux romanciers de s’engouffrer dans la brèche. C’est ce que fait Muriel Romana, encore une fois avec beaucoup de brio. Je déplore vraiment que cette saga soit si peu connue et si difficilement trouvable ! Elle est pourtant bien écrite et richement documentée…entre parenthèses, quand on voit parfois ce qui est republié en poche, on se dit que cette trilogie l’aurait amplement mérité par rapport à d’autres histoires. Loin de moi l’idée de juger tel ou tel univers mais on ne peut s’empêcher d’en arriver à cette conclusion : peut-être que l’édition, parfois, n’est pas motivée que par la qualité. Auquel cas, cette saga aurait sûrement reçu bien plus de visibilité.
    Ce que raconte Muriel Romana dans cette trilogie est, dans la mesure du possible, avéré. Toutes ses descriptions sont le fruit de recherches finement menées. Des personnages fictifs se mêlent à des personnages ayant réellement existé, les jeux politiques et les ambitions de chacun sont très bien amenés. On vit en totale immersion à la Cour du Grand Khan, dans une Chine dépaysante , aux paysages sauvages spectaculaires et aux coutumes si différentes de celles de l’Europe de la même époque ! On voyage, on visualise les lieux, on en sent les odeurs, on en goûte les épices. Et, tandis que le deuxième tome nous avait emmenés jusqu’en Birmanie et en Annam, dans cet ultime tome, on voyage jusqu’aux forêts humides et luxuriantes de l’île de Ceylan.
    Bref, ce roman m’a beaucoup plu et ne m’a pas déçue, comme les deux précédents. J’ai encore une fois passé un bon moment, dans cette Asie médiévale que je connais peu mais bien mieux, je dois l’avouer, qu’avant de commencer cette saga.
    Une saga à lire et à relire si vous aimez les romans historiques teintés d’une pointe d’originalité. Vous ne serez probablement pas déçus !

    Image dans Infobox.

     

    Représentation de Marco Polo au XIXème siècle : il tient dans les mains son Livre des Merveilles

    En Bref :

    Les + : une fin de trilogie efficace et enthousiasmante ! 
    Les - :
    Aucun...le livre aurait été même un peu plus long que ça ne m'aurait pas dérangée !


     

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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