• Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette ; Madame Campan

    « S'il ne se trouve pas habituellement auprès des souverains des gens disposés à transmettre à la postérité leurs habitudes privées, le moindre valet raconte ce qu'il a vu ou entendu, ses propos circulent avec rapidité et forment cette redoutable opinion publique qui s'élève, s'agrandit, et empreint, sur les plus augustes têtes, des caractères souvent faux, mais presque toujours ineffaçables. »

    Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette ; Madame Campan

    Publié en 2007

    Titre original : Les Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, suivis de souvenirs et anecdotes historiques sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI

    Editions Folio (collection Femmes de Lettres)

    132 pages

    Résumé :

    « Louis XV fut enchanté de la jeune dauphine [Marie-Antoinette] ; il n'était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses reparties. Elle obtint encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu'on la vit dépouillée de tout l'éclat des diamants dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d'une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l'Atalante des jardins de Marly. »

    Née Jeanne-Louise-Henriette Genet, Mme Campan (1752-1822) entre comme lectrice à la cour de Louis XV avant de devenir femme de chambre de Marie-Antoinette en 1770. En 1794, elle fonde un pensionnat pour jeunes filles, puis accepte la direction de la maison d'éducation de la Légion d'honneur. Elle laisse plusieurs ouvrages parmi lesquels une correspondance avec Hortense de Beauharnais qui fut son élève. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Née en 1752, Jeanne Genet, la future madame Campan, est la fille d'un premier commis au ministère des Affaires Etrangères. Elle reçoit une bonne éducation, est musicienne et parle couramment l'anglais et l'italien. A l'âge de quinze ans, elle entre dans la maison des Filles du Roi, Mesdames Adélaïde, Victoire, Sophie et Louise, qui ne se sont pas mariées, en tant que lectrice. Elle quitte leur service en 1770, au moment du mariage du Dauphin, Louis, avec la jeune archiduchesse Marie-Antoinette, dont elle devient alors la femme de chambre. Elle-même se marie en 1775 avec Pierre-Dominique-François Bertholet-Campan, maître de la garde-robe de Madame Adélaïde. Jeanne Genet ne sera plus connue désormais que sous son nom de mariage : madame Campan.
    Survivant à la Révolution, madame Campan fondera en 1794 l'Institut national de Saint-Germain où sera notamment éduquée Hortense de Beauharnais, la fille de Joséphine, et future reine de Hollande. Disgrâciée à la Restauration, les anciens nobles d'Ancien Régime ne lui pardonnant pas son allégeance à l'Empire, madame Campan meurt en 1822, relativement éloignée du monde mais non sans avoir laissé une somme importante de papiers, qui formeront ses Mémoires et sont essentiellement une relation de souvenirs des moments passés au service de la famille royale, et notamment de la Dauphine puis de la reine Marie-Antoinette, à laquelle madame Campan était d'ailleurs très attachée.
    Ses mémoires, initialement intitulés Les Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, suivis de souvenirs et anecdotes historiques sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, sont publiés par les frères Baudoin, l'année même de sa mort, en 1822. Tout leur contenu -publié en deux volumes in-8°- n'est donc pas consacré à la vie et au règne de Marie-Antoinette : ici ce sont les chapitres II à VIII qui sont reproduits, avec une graphie contemporaine et une harmonisation de la ponctuation, mais ils ne concernent en fait qu'une portion relativement limitée de l'existence de la reine. Madame Campan commence d'abord par relater, rapidement, l'éducation que Marie-Antoinette a reçue à Vienne et la vie qu'elle a menée là-bas lorsqu'elle était enfant. Elle s'étend ensuite un peu plus longuement sur ses premières années en France, son apprentissage de Dauphine, puis l'arrivée brutale sur le trône, en 1774, alors que la santé jusque là plutôt bonne de Louis XV, annonçait encore quelques années de tranquillité à ses héritiers. Et le livre s'arrête à la naissance du premier enfant de Marie-Antoinette et Louis XVI, en 1778. Madame Campan nous livre donc sa version des choses, nous fait un portrait plutôt détaillé de la reine mais aussi de son époux et de son entourage, à commencer par Madame de Lamballe ou la comtesse de Polignac, sur lesquelles on a dit beaucoup de choses, vraies ou fausses. Objective, la première femme de chambre de la reine ? Peut-être pas. Et si madame Campan est à la fin de l'Ancien Régime ce que Saint-Simon était au règne de Louis XIV, on ne peut malheureusement pas dire qu'elle soit parfaitement objective, bien qu'elle écrive elle-même, noir sur blanc dans ses mémoires qu'il faut être le plus objectif possible quand on décide d'écrire sur sa propre époque sans jamais laisser les sentiments personnels prendre le pas sur l'objectivité et l'impartialité. Malgré tout, il est difficile d'avoir le recul nécessaire quand on parle d'une époque ou de personnages qui nous ont été proches. Madame Campan a depuis longtemps laissé derrière elle ce rôle qu'elle jouait auprès de la souveraine quand elle écrit ses Mémoires, elle a même, entre-temps, rallié l'Empire. Oui, mais...les souvenirs qu'elle a de la reine sont encore là, bien présents et, comme son mari et son beau-père, elle fut une servante zélée, affligée de voir sa maîtresse vilipendée par pamphlets et libelles, qui fleurissent dès les premières années du règne.
    Madame Campan nourrissait une affection sincère pour la reine qui ne lui permit pas, parfois, de se rendre compte des erreurs que celle-ci a commis, souvent involontairement il est vrai, mais qui lui causèrent bien des soucis par la suite. Il est clair que les souvenirs d'une servante dévouée corps et âme à une maîtresse qui nourrissait de l'intérêt pour elle et les siens -les Campan étaient bien installés dans l'entourage de la famille royale et bénéficiaient de sa confiance-, seront radicalement différent de ceux d'une personne ayant eu à se plaindre de la reine, par exemple
    Les Mémoires de Madame Campan restent cependant une source non négligeable en ce qui concerne le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette. Aucune source historique ne peut de toute façon se targuer d'être complètement impartiale, mais n'en est pas moins nécessaire pour une bonne et globale compréhension d'une époque. Ces personnes-là, à l'instar de Saint-Simon, Dangeau, Jeanne Campan, ont eu l'avantage, même sur le meilleur des historiens, d'avoir côtoyé les personnages dont il est question dans leurs propos, d'avoir vécu une époque qui, pour nous, n'est plus qu'un sujet d'études. Ces écrits peuvent donc nous apporter des pistes de réflexion importantes et qu'il ne faut pas négliger. Dommage d'ailleurs que le livre s'arrête, assez abruptement d'ailleurs, au moment de la naissance de Madame Royale, parce qu'il aurait pu être intéressant de connaître l'opinion de madame Campan, somme toute témoin privilégié de l'existence de la reine, sur les premières années de la Révolution...elle vit la reine pour la dernière fois un an avant sa mort, en 1792. Il aurait pu être intéressant de connaître les sentiments de cette femme sur les années 1789-1791, dans la tourmente desquelles elle fut emportée malgré elle. Mais son portrait des premières années de Marie-Antoinette en France, en tant que Dauphine puis jeune reine, reste cependant suffisamment intéressant pour animer le propos et la relation est claire et fluide.
    A conseiller à tous les amoureux du XVIIIème siècle.

    Portrait de Jeanne Louise Henriette Genet, épouse Campan par Joseph Boze (1786)

     

    En Bref :

    Les + : intéressant car écrit par une personne proche de la reine, un style clair et harmonisé pour une meilleure compréhension.
    Les - :
     un peu court.
     

     


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  • Commentaires

    1
    Lundi 20 Juin 2016 à 11:08

    quand cela concerne le XVIIIe siècle, je peux faire ma difficile ! :))

      • Lundi 20 Juin 2016 à 11:50

        Je suis pareille, j'aime trop le XVIIIème siècle ! ! sarcastic

        Je crois que ce livre est en fait un condensé d'un autre que j'ai lu il y'a un moment, publié par Le Mercure de France dans la collection Le Temps Retrouvé...ce sont eux qui ont publié les lettres de Madame Palatine également...

        Celui-ci est très bien mais un peu court malheureusement... yes Après, il est très bien en guise d'introduction par exemple, quand on ne connaît pas Marie-Antoinette et que les grosses biographies d'Evelyne Lever ou Simone Bertière font peur... 

        Je ne regrette pas du tout cette lecture, bien sûr, en fan de Marie-Antoinette que je suis ! !

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    2
    Samedi 9 Juillet 2016 à 12:02

    Il est sûrement fait pour moi alors vu que je suis amoureuse du XVIIIe siècle. Ils 'agit d'un extrait de ses mémoires parues dans le Mercure de France non ? Je ne sais plus si j'ai acheté celui-ci en tout cas 

      • Samedi 9 Juillet 2016 à 13:00

        Oui, c'est ça, Le Salon des Lettres ! ^^ Tu peux retrouver une édition un peu plus complète (quoique pas totalement non plus, me semble-t-il) aux éditions Le Mercure de France ! Du coup, pour moi, c'était en quelque sorte une relecture, mais c'est toujours passionnant que de se plonger dans un livre traitant de Marie-Antoinette ! ! wink2

    3
    Dimanche 17 Juillet 2016 à 17:49

    Ce livre a l'air très, très intéressant! Etant très intéressée par le personnage de Marie-Antoinette, je le note. J'espère le trouver très vite!

      • Lundi 18 Juillet 2016 à 19:38

        Je l'avais reçu lors d'un swap (merci Tachas cool ) mais je ne crois pas qu'il soit difficile à trouver...en tous cas, si tu t'intéresses au personnage de Marie-Antoinette cette lecture est faite pour toi. 

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