• Petites recettes de Bonheur pour les Temps Difficiles ; Suzanne Hayes et Loretta Nyhan

    « J'aimerais tant être là, avec vous. Ou que vous soyez là, à mes côtés. Cette guerre est si injuste de nous séparer des êtres que nous aimons, à la fois sur le sol américain et au-delà des mers. Puis j'ai pensé à nos braves petites lettres qui voyagent, les miennes vers vous et les vôtres vers moi, en rythme, comme pour entretenir le fil d'une conversation pressante et nécessaire. »

    Couverture Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles

     

     

         Publié en 2013 aux Etats-Unis 

      En 2015 en France (pour la présente édition) 

      Titre original : I'll Be Seeing You

      Editions Pocket 

      416 pages 

     

     

     

     

    Résumé :

    Etats-Unis, années 1940. Glory, enceinte et déjà mère d'un petit garçon, souffre de l'absence de son mari, parti au front, de l'autre côté de l'Atlantique. A des centaines de kilomètres d'elle, Rita, femme et mère de soldat également, n'a pour compagnie que la fiancée de son fils. 
    Une lettre, envoyée comme une bouteille à la mer, va les réunir. Entre inconnues, on peut tout se dire. Les angoisses, l'attente des êtres aimés, mais aussi les histoires de voisinage, les secrets plus intimes et les recettes de cuisine. Les petites joies qui font que, dans les temps les plus difficiles, le bonheur trouve son chemin. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1943, Glory et Rita deviennent correspondantes. Elles ne se connaissent pas et vivent à des kilomètres l'une de l'autre. Gloria Whitehall, surnommée Glory, est une jeune mère et épouse du Massachusetts, enceinte de son deuxième enfant. Elle a vu partir son mari Robert à la guerre.
    Marguerite Vincenzo (dite Rita, comme Rita Hayworth) vit à Iowa City. Elle a une quarantaine d'années et se retrouve seule après le départ de son mari, Sal, en Europe et celui de son fils Toby, engagé dans l'US Navy et qui se trouve quelque part dans le Pacifique sud.
    Une correspondance régulière s'établit alors entre elles et petit à petit, les lettres se font plus confiantes, plus intimes, Glory et Rita apprennent à se connaître et à s'apprécier sans s'être jamais vues. Elles se réconfortent mutuellement, se soutiennent, partagent leurs craintes et leurs angoisses mais aussi ces petites recettes de bonheur quotidiennes qui émaillent leurs correspondances : conseils, astuces en tous genres et de vraies recettes de cuisine que l'on retrouve au fil des lettres, ces recettes en temps de rationnement qui ont rendu les cuisinières très inventives !
    Le lecteur est aussitôt immergé dans cette correspondance, j'ai vraiment eu l'impression de faire partie intégrante de cette histoire qui évolue et s'étoffe au fil des mois. On voit les changements de ton à mesure que les liens se tissent entre Gloria et Rita, les confidences de plus en plus intimes, le partage de souvenirs et de conseils de plus en plus fort.
    J'ai remarqué qu'on parlait beaucoup de l'arrière pendant la Première guerre mondiale nettement moins pour la seconde alors que bien des femmes, épouses, mères, sœurs, fiancées ont vécu ces années dans la même angoisse, la même inquiétude, la même terreur de recevoir l'affreux télégramme de l'armée, comme leurs aînées... En cela, Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles est un roman très universel et qui peut parler à tout le monde : Suzanne Hayes et Loretta Nyhan sont américaines et ont choisi de mettre en scène leurs héroïnes dans le Massachusetts et l'Iowa mais Glory et Rita pourraient tout aussi bien être canadiennes, italiennes, françaises, britanniques, allemandes... ce que partagent ces deux femmes fut le lot commun des millions de personnes restées à l'arrière, partout dans le monde.
    Ce roman est extraordinaire, vraiment. Il est chaleureux, réconfortant comme un sourire échangé avec un inconnu dans la rue mais ne nous épargne rien pour autant. Le deuil n'en est pas absent, l'angoisse non plus... Rita et Glory ont appris à vivre avec, avec la peur permanente de recevoir le message qui leur annoncera la mort d'un mari, d'un fils... étrange époque où la vie quotidienne continue, en apparence inchangée mais tellement différente... Glory doit affronter la tentation, se poser les bonnes questions concernant les relations qu'elle entretient avec un ami d'enfance, Rita doit accepter que son fils Toby n'est plus un enfant et peut tomber amoureux, peut-être pas de celle qu'elle aurait souhaitée pour lui mais qu'il a choisie et c'est tout ce qui compte. Et puis il y'a la solitude, l'immense et terrible solitude qui s'ajoute à tout cela, la lassitude aussi...
    J'ai vraiment apprécié cette lecture, pour tout un tas de raisons : j'ai souvent souri, parfois je me suis attendrie aussi et j'ai ressenti beaucoup d'émotion en lisant les mots de Rita ou de Glory. Rien n'est jamais simple, la vie est infiniment complexe, mais elle nous surprend toujours, voilà ce qui ressort de ce roman : au milieu de l'horreur d'une guerre sans précédent, il y'a malgré tout la vie, qui vaut d'être vécue.
    Les auteures ont probablement mis beaucoup d'elles dans ce roman et c'est peut-être ce qui le rend si sincère et authentique : Suzanne Hayes et Loretta Nyhan ont écrit un roman à quatre mains sans jamais se rencontrer dans la vraie vie ! Elles se sont connues par le biais du blog de Loretta Nyhan mais il faut savoir qu'au moment de la sortie du livre, elles ne s'étaient encore jamais rencontrées. Peut-être cette propre expérience leur a permis d'écrire si facilement celle de Rita et Glory !
    Ces dernières années, un roman épistolaire qui se passe d'ailleurs un peu à la même époque a rencontré un franc succès, c'est même devenu un best-seller mondial : il s'agit du fameux Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Ce roman avait été un coup de cœur pour moi, d'ailleurs. En commençant Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles cela dit, je n'ai pas voulu tomber dans l'écueil de la comparaison : certes il y'a des points communs (l'écriture à quatre mains, l'époque choisie, sensiblement identique) mais ça reste deux œuvres, deux livres totalement différents et qui méritent tous deux d'être lus pour ce qu'ils sont. Le roman de Suzanne Hayes et Loretta Nyhan n'est pas un pendant américain ni une copie du roman de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows. Il y'a des ressemblances mais ce n'est pas du tout la même chose : un peu comme quand vous goûtez une recette préparée par deux personnes différentes. Chacune mettra sa patte, sa touche...eh bien là c'est pareil.
    C'est avec de la nostalgie que je quitte les personnages de ce roman, Glory et Rita en premier lieu mais pas seulement elles...il y'a aussi tous les personnages qui gravitent autour d'elles et qu'on apprend à connaître au fil de cette correspondance qui s'étire sur plus de deux ans.
    Vraiment une belle découverte, une bonne surprise pour ce roman qui peut nous parler à tous et évoquer des souvenirs finalement pas si lointains, ceux de nos grand-mères ou arrières-grand-mère !
    À lire si vous aimez les romans historiques qui se passent pendant la Seconde guerre mondiale et les romans feel-good car oui, je crois qu'on peut dire que ce livre a un petit côté feel-good plutôt bienvenu en cette période très morose. 

    En Bref :

    Les + : sans nous épargner l'angoisse, la tristesse, le deuil, les deux auteures sont parvenues à créer, avec cette correspondance fictive, une atmosphère réconfortante et chaleureuse. On s'attache vraiment beaucoup à Rita comme à Glory et on fait corps avec elles pendant toute notre lecture.
    Les- :
    aucun point négatif, vraiment. C'est juste extra, à savourer sans modération.

     

    Les soeurs Brontë : la Force d'Exister ; Laura El Makki

    Thème de novembre, « Je prends la plume », 11/12


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