• « La lumière du jour chassa de l'esprit d'Emilie les vapeurs de la superstition, mais non pas celles de la crainte. »

    Les Mystères d'Udolpho ; Ann Radcliffe

    Publié en 2012

    Date de publication originale : 1794

    Titre original : The Mysteries of Udolpho 

    Editions Archipoche 

    617 pages 

    Résumé : 

    A la mort de son père, la jeune et innocente Emilie de Saint-Aubert, désormais orpheline, tombe sous la coupe de sa tante. Le mari de celle-ci, le suspect et brutal Montoni, les envoie toutes deux à Udolpho, une citadelle à demi délabrée, perchée sur un piton des Apennins. Loin de son cher Valancourt, Emilie s'y retrouve emprisonnée...et témoin de phénomènes terrifiants.  

    Dédale de couloirs et d'oubliettes, pièges et salles de torture, apparitions et tableaux maudits : ce château est un théâtre d'horreurs, plein de fantômes et de rumeurs. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1584, la jeune Emilie Saint-Aubert est confiée à sa tante, après la mort de son père. Celle-ci se remarie rapidement avec un Italien du nom de Montoni, qui emmène la tante et la nièce dans son pays, d'abord à Venise puis dans son château d'Udolpho, perdu dans les Appenins. La demeure, inhabitée depuis longtemps, est un grand château plein de courants d'air, de murmures et d'histoires plus effrayantes les unes que les autres. Incertaine de son sort, prisonnière de cette demeure sinistre et à moitié en ruines, Emilie va découvrir à ses dépens les secrets de cette antique demeure et connaître des frayeurs auxquelles elle n'aurait jamais songé.
    Ce roman, publié à la fin du XVIIIème siècle, 1794 si mes souvenirs sont bons, est connu pour être l'un des premiers romans gothiques, un roman qui va hisser Ann Radcliffe au rang de reine de ce genre littéraire. Pour moi, Les Mystères d'Udolpho navigue dans une zone ténue et floue entre gothique anglais et romantisme, même si ce mouvement ne se développera véritablement que quelques décennies plus tard. Quoi qu'il en soit, j'étais très curieuse de découvrir ce roman qui met mal à l'aise dès la couverture, avec ce détail assez effrayant du tableau Le Cauchemar, de Füssli. J'avais envisagé de lire ce roman fin octobre, pour Halloween parce que je me disais qu'il se prêtait bien à cette période de l'année et je redoutais autant que je les attendais ces fameuses scènes qui font peur et qui, pour moi, sont assez consubstantielles au roman gothique.
    Au final, et pourtant je ne fais pas partie des gens qui aiment se faire peur (je ne lirais jamais Stephen King et le simple fait de songer à un film d'horreur me fait partir en courant), je dois bien avouer que ce roman ne m'a absolument pas fait angoisser. Oui, ça l'est parfois et certaines scènes peuvent mettre mal à l'aise, on sent le cœur qui palpite un peu mais je m'attendais assez naïvement à une ambiance à la Dracula, sinistre, sombre et poisseuse, qui file vraiment les pétoches. Pour moi, Les Mystères d'Udolpho est surtout un roman romantique dans sa forme et m'a évoqué les tableaux de Friedrich, les grandes œuvres romantiques du XIXème siècle, lord Byron, Walter Scott : l'héroïne jeune et confrontée aux difficultés de la vie, le grand château quasi ruiné (ce n'est pas pour rien que l'on parle de ruine romantique, par exemple), l'ambiance grandiose, l'histoire d'amour en toile de fond. En ce cas, La Fiancée de Lammermoor pourrait très bien être un roman gothique, parce que j'ai trouvé beaucoup de similitudes entre le roman de Radcliffe et celui de Scott.
    Maintenant, le plus important est de savoir si j'ai aimé ou pas. Eh bien, je suis contente d'avoir lu un roman gothique et d'avoir découvert ce genre littéraire que je connaissais surtout travesti à travers le roman Northanger Abbey, de Jane Austen, qui est un pastiche affiché des Mystères d'Udolpho, justement. Malgré cela, mon ressenti n'est pas évident et je ne suis pas sûre de pouvoir dire que j'ai aimé ce roman. Déjà, c'est extrêmement long et je me suis sentie lassée par pas mal de passages. Alors oui, c'est un classique et souvent, qui dit classique dit longueurs, je le sais et je suis toute prête à l'accepter mais quand c'est Zola, Dumas ou Hugo, je signe tout de suite (et encore, pas toujours). Mais là, j'ai trouvé que c'était parfois superflu, de l'écriture pour de l'écriture et ça n'apporte pas forcément quelque de chose de plus au récit. Le début m'a beaucoup plu même s'il ne s'y passe pas grand chose et j'ai vraiment aimé découvrir la vie d'Emilie dans cette Gascogne où elle est si heureuse, fantasmée par l'esprit d'une auteure originaire des brumes britanniques et qui nous décrit une petite Sicile ou une petite Andalousie perdue entre Méditerranée et Garonne, avec des oliviers, des agrumes et des amandiers dont je doute vraiment de la véracité. Si la vraisemblance n'est pas au rendez-vous, j'ai retrouvé cette fantaisie dans la description, cette imagination prolixe et assumée des livres anciens. Et puis, paradoxalement, les moments où cela devrait devenir intéressant, où l'on devrait frémir en même temps qu'Emilie, derrière les murs inhospitaliers d'Udolpho m'ont, peut-être pas laissée de marbre, parce que j'avoue avoir eu un peu peur de temps en temps, mais je n'ai pas forcément été autant effrayée que je l'attendais. L'ambiance n'est pas aussi sombre que je le croyais au départ et au final, je me suis dit : oui, d'accord... bof.
    Peut-être que je n'ai rien compris au roman et que je suis passée à côté. Peut-être que le roman gothique n'a pas pour seul but d'effrayer le lecteur. Peut-être Ann Radcliffe a-t-elle voulu faire passer un message, dans ce roman, que je n'ai pas vu. En fait, je n'en sais rien et étant novice, je n'ai pas d'éléments de comparaison.
    Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé parce que ce n'est pas vrai mais je n'ai pas été aussi emballée que je l'espérais, que je le croyais en démarrant cette lecture. Ce livre me rendait extrêmement curieuse et je m'en faisais tout un monde. Au final, il n'a pas été à la hauteur de mes attentes et c'est surtout cela qui me déçoit, je crois. A part ça, c'est très bien écrit et j'ai apprécié de retrouver ce style suranné et que j'aime tant des romans classiques : parfois, c'est un peu ardu à lire mais tellement agréable. Il n'y a pas à dire mais autrefois, on savait manier et magnifier les mots, vraiment.
    Si vous n'avez pas lu ce roman, je ne peux pas vous le déconseiller. Soyez curieux comme j'ai pu l'être et lisez-le mais ne le faites pas si vous vous attendez à des sensations fortes. Dans le même genre, un bon thriller contemporain fera toute aussi bien l'affaire. Et surtout, armez vous de courage parce que vous ne manquerez pas, j'imagine, de ressentir aussi les longueurs. Pour autant, il est intéressant de lire le roman dans sa globalité, de le découvrir entièrement notamment parce que le roman gothique, au contraire du roman fantastique, a un petit aspect cartésien qui peut rassurer les plus rationnels d'entre nous et finalement apaiser nos craintes instinctives les plus enfouies.

    En Bref :

    Les + : j'ai beaucoup aimé le style de l'auteure, délicieusement ancien, si maîtrisé comme savaient le faire les auteurs classiques. J'ai aussi apprécié le début du roman...
    Les - : mais beaucoup trop de longueurs et un résumé légèrement racoleur et qui ne reflète en rien le contenu du roman m'ont un peu déçue. Je m'attendais à frissonner avec ce roman et il n'en a rien été. Dommage.


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  • « Plus un détail apparaît outré plus il mérite de retenir l'attention ! Le détail qui semble compliquer un cas devient, pour peu qu'il soit considéré et manié scientifiquement, celui qui permet au contraire de l'élucider le plus complètement. »

    Le Chien des Baskerville suivi de La Vallée de la Peur ; Arthur Conan Doyle

     

    Publié en 2019

    Date de publication originale : 1902 (Le Chien des Baskerville) ; 1915 (La Vallée de la Peur)

    Titre original : The Hound of the Baskervilles ; The Valley of Fear

    Editions Archipoche

    Résumé : 

    Le clan Baskerville est-il hanté par une bête aux yeux flamboyants et aux crocs acérés, qui erre sur les landes du domaine familial et semble en vouloir à son nouveau propriétaire, le jeune Henry ? 
    Invité à résoudre ce sombre mystère, Sherlock Holmes mène ici son enquête la plus fameuse. Treize ans plus tard, dans La Vallée de la Peur (1915), le voilà confronté à un être tout aussi maléfique : son ennemi juré, le professeur Moriarty ! 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Je suis une lectrice assez assidue et toujours curieuse de découvrir des classiques mais j'avoue que, jusqu'ici, si je connaissais comme tout le monde Sherlock Holmes, le fameux détective, je n'avais lu aucune de ses enquêtes. Grâce aux éditions de l'Archipel, j'ai pu recevoir certains volumes de leur intégrale collector, publiée en début d'année et je me suis rendu compte que Sherlock Holmes, en son temps, fut un véritable phénomène, les fans attendant avec fébrilité une nouvelle enquête. Visiblement, Sherlock Holmes fut pour son auteur un personnage dont il fut particulièrement difficile de se défaire, d'où l'écriture, au début du XXème siècle, de plusieurs nouvelles enquêtes, dont Le Chien de Baskerville, raconté par le docteur Watson. Chronologiquement, cette enquête est censée se situer, bien sûr, avant la mort de Holmes mais elle est racontée après, comme si le docteur Watson, se souvenant de son accolyte défunt, fait le récit d'une enquête inédite.
    On connaît tous, au moins dans les grandes lignes, l'histoire du chien des Baskerville : un chien effrayant, les landes sinistres du Dartmoor, la brume, une famille qui semble maudite et poursuivie par un fantôme... J'avais vu l'adaptation, assez réussie et plutôt angoissante. Si l'enquête, en elle-même, n'est pas forcément très compliquée, si certaines conclusions viennent spontanément à l'esprit du lecteur, ce que j'ai aimé dans cette intrigue, c'est son ambiance. Frissons garantis ! L'auteur navigue dans la frontière ténue entre rationnel et irrationnel et se pose en tenant de la vraisemblance contre le paranormal, bien décidé à prouver que ce chien qui terrifie la région et semble poursuivre de sa vindicte la famille Baskerville, dont plusieurs membres sont morts mystérieusement depuis le XVIIème siècle, n'est qu'un être de chair et de sang et donc vulnérable. Certains passages font froid dans le dos, c'est vrai, surtout que cette région assez inhospitalière du Dartmoor, faite de landes et de marécages, relativement isolée et peu habitée se prête à une intrigue comme celle-ci. Et quand la brume s'en mêle, on se surprend à lire, captivé, tout en guettant tous les bruits autour de nous ! Donc, c'est pour moi diablement efficace.
    Pour ce qui est de La Vallée de la Peur, qui fait suite au Chien des Baskerville, finalement une enquête assez courte -peut-être parce que c'est assez captivant-, on revient dans quelque chose de plus traditionnel, une enquête policière certes complexe mais qui n'est pas du tout marquée par le paranormal. Ici, point de chien fantôme ni de vieilles superstitions mais un homme assassiné chez lui et dont le passé semble aussi mystérieux que celui de la personne qui s'en est prise à lui. Que se passe-t-il d'étrange au manoir de Birlstone, où Holmes et Watson se rendent pour seconder la police locale dépassée par la situation ? Qu'a fait le propriétaire, Mr. Douglas, en Amérique, où il vivait avant de revenir en Angleterre ? Quelle est cette vallée de la peur dont il parle souvent mais sans s'expliquer sur le sens de ces mots ? Et lui, qui est-il exactement ?
    J'avoue avoir eu moins d'intérêt pour cette intrigue là mais je l'ai trouvée diablement bien menée et pleine de rebondissements. Holmes a décidément un esprit logique imparable qui, s'il ne cesse d'ébahir Watson, nous scotche nous aussi, les lecteurs. Sa capacité de déduction est hors du commun et j'ai vraiment beaucoup aimé suivre le fil de ses réflexions qui l'emmènent finalement à trouver un dénouement extraordinaire et auquel personne n'avait songé jusqu'ici. Au final bon psychologue et observateur de la nature humaine, Holmes ne se fait aucune illusion sur elle et parvient ainsi à déjouer toutes les intrigues, en convoquant les mécanismes de la pensée qui, somme toute, sont les mêmes pour tout le monde.
    J'ai apprécié cette lecture pour beaucoup de raisons et en premier lieu parce que je n'avais jusqu'ici jamais lu une seule enquête de Sherlock Holmes alors qu'il reste un personnage incontournable et qui a inspiré de nombreux auteurs, notamment Jean d'Aillon que je lis depuis plusieurs années et qui ne se cache pas de l'apport des oeuvres de Dumas et Conan Doyle à son propre univers.
    Au départ, c'est vrai que c'est une lecture qui me faisait un peu peur, j'avais peur que ce ne soit pas pour moi, même si j'aime les romans policiers. Au final, ça n'a pas été le cas et ce, pour mon plus grand plaisir. Maintenant, mon objectif c'est de découvrir petit à petit cet univers qui a eu tant de succès et continue à séduire des millions de lecteurs à travers le monde

    En Bref : 

    Les + : l'univers et l'ambiance ont correspondu exactement à ce que j'attendais. J'ai passé un très bon moment et je me suis passionnée pour ces deux enquêtes ! Sherlock Holmes est décidément un détective hors pair ! 
    Les - :
    peut-être quelques longueurs dans la deuxième enquête, mais rien de grave.

     

    Les Enquêtes de Quentin du Mesnil, Maître d'Hôtel à la Cour de François Ier, tome 1, Le Sang de l'Hermine ; Michèle Barrière 

    Thème de novembre, « Sherlock », 11/12

     


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  • « Ainsi la guerre des rois sera-t-elle un incroyable règlement de comptes familial à l'échelle d'un continent ; elle s'exportera même très loin, au-delà des océans et des mers, dans la logique de la colonisation. »

    Le Sceptre et le Sang : Rois et Reines dans la tourmente des deux Guerres Mondiales ; Jean des Cars

     

    Publié en 2014

    Editions Perrin 

    475 pages 

    Résumé : 

    A l'été 1914, l'Europe est très majoritairement monarchique : sur vingt-deux Etats, dix-neuf sont des royaumes, des empires, des principautés ou des grands-duchés. Aujourd'hui, ils ne sont plus que dix sur vingt-huit. Les deux guerres mondiales provoquent l'écroulement de quatre empires pour la première (Allemagne, Russie, Autriche-Hongrie, Empire ottoman) et de quatre royaumes (Italie, Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie) pour la seconde. 
    Ces souverains, qui étaient-ils ? Et les femmes qui partageaient leur existence, qui étaient-elles ? De l'ambition à l'aveuglement, du courage à la faiblesse, de la jalousie à l'abnégation, quels furent leurs triomphes et leurs échecs ? Comment vécurent-ils leur gloire, leurs épreuves et la montée des extrêmes de l'entre-deux-guerres marquée par l'avènement des totalitarismes ? Étaient-ils conscients des conséquences de leurs actes ? Ou furent-ils incapables d'arrêter l'engrenage des nationalismes ? Quelles furent leurs vies personnelles, leurs amours et leurs passions secrètes ? 
    Circonstance exceptionnelle : ces monarques, qui vont s'unir, se combattre et parfois se trahir, sont presque tous parents, liées par le sang et leurs mariages respectifs. Ainsi la guerre des rois sera-t-elle un incroyable règlement de comptes familial à l'échelle d'un continent puis du monde. 
    Avec le talent qui le caractérise, Jean des Cars raconte un demi-siècle de drames humains (l'errance des Habsbourg), de crimes (l'assassinat des Romanov), de guerres, de défaites, de créations et de disparitions d'Etats. Un demi-siècle où la peur côtoie la grandeur et la barbarie la geste héroïque. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Les deux conflits mondiaux furent de véritables déflagrations pour l'Europe entière et leur traumatisme est encore présent aujourd'hui dans les mémoires : il n'y a qu'à voir les commémorations, les monuments aux morts, la tombe du soldat inconnu, dont la flamme ne s'éteint jamais, les croix qui, en France, jalonnent les routes et nous rappellent qu'ici, des Résistants ont trouvé la mort. À mesure que l'on avance dans le temps, bien sûr les témoins directs disparaissent mais il est important de garder en mémoire ces événements tragiques et de transmettre leur souvenir aux générations suivantes.
    On a beaucoup écrit sur la première comme sur la deuxième guerre mondiale... Mais je n'ai pas souvenir d'avoir trouvé un livre essentiellement orienté sur ces guerres vues par les monarchies européennes... Du coup, cette approche inédite m'a séduite et intéressée immédiatement.
    On l'oublie souvent mais en 1914, à l'aube de la Grande Guerre, les républiques font office d'exception en Europe : il n'y en a que trois, le Portugal, la Suisse et la France. Tous les autres pays sont des royaumes et justement ces conflits rapprochés qui se profilent à l'horizon vont bouleverser l'ordre établi : celui des monarchies.
    Leur particularité est qu'elles sont toutes plus ou moins liées par le sang ou des alliances matrimoniales. La plupart des rois régnant au début du XXème siècle sont cousins et descendent de la reine Victoria (surnommée à juste titre « la grand-mère de l'Europe»), donc des familles allemandes de Hanovre et de Saxe-Cobourg-Gotha. Ainsi, le roi d'Angleterre George V est-il le cousin du tsar comme de son épouse Alexandra, née allemande, mais aussi du Kaiser Guillaume II, premier petit-fils de Victoria, né à Berlin en 1859. Ils sont parents avec la future reine de Roumanie, Mary, fille du duc d’Édimbourg. Le roi Ferdinand de Bulgarie descend des Orléans par sa mère, les princes de Grèce sont d'origine danoise, Charles de Habsbourg est marié à une Bourbon-Parme, descendante de Louis XIV et des rois d'Espagne.
    Un joyeux imbroglio familial qui va pourtant amener à la catastrophe car lorsqu'on pense au fameux jeu des alliances qui entraînera toute l'Europe dans la guerre, en 14, on oublie souvent que ces alliances sont avant tout familiales et vont, au-delà de la politique, impacter aussi l'humain : le roi d'Angleterre ressentira par exemple beaucoup de culpabilité, une fois la guerre terminée, parce qu'il se reproche d'avoir sacrifié Nicolas II et sa famille... Le même roi George V renoncera à son nom pour adopter celui de Windsor, toujours porté par l'actuelle famille royale... Et surtout, beaucoup de trônes seront balayés par cette tempête : l'Allemagne des Hohenzollern, l'Autriche des Habsbourg dont l'empire était vieux de 700 ans, la dynastie des Romanov, au pouvoir en Russie depuis 1613.

     

    Image illustrative de l’article Attentat de Sarajevo

    L'attentat de Sarajevo (28 juin 1814), où l'archiduc François-Ferdinand et son épouse Sophie, duchesse de Hohenberg, trouvèrent la mort. Quatrième couverture du Petit Journal, daté du 12 juillet 1914. 


    Les rois du début du XXème siècle étaient des chefs d'état, pour certains des chefs de guerre même s'il y'en eut peu... C'est leur histoire que se propose de nous raconter Jean des Cars, dans ce livre conséquent qui porte bien son nom...
    Le Sceptre et le Sang est un livre très dense et riche mais absolument passionnant : je l'ai lu comme un roman et je l'ai lâché difficilement. Certes il est parfois un peu technique et j'ai eu besoin de faire quelques pauses parfois, pour faire quelques recherches généalogiques et situer telle ou telle personne par rapport à une autre. Si certaines familles royales sont assez connues, d'autres le sont un peu moins, comme celles des Balkans...
    J'ai aimé découvrir les destins croisés de ces royaux pris dans la même tourmente que leurs sujets et des centaines de citoyens... Les reines deviennent des infirmières, les rois inspectent leurs troupes dans les tranchées. Certains connaîtront l'amertume de l'exil, d'autres ne verront pas la fin de la guerre et paieront de leur vie les velléités d'indépendance de leur peuple. On découvre cette histoire qui se déploie comme une vaste toile, qui se déroule comme un péplum. Souvent on dit que la réalité dépasse la fiction et c'est bien vrai ici : Game Of Thrones n'a qu'à bien se tenir !
    Si vous aimez Jean des Cars et l'Histoire en général, nul doute que vous vous passionnerez pour ce livre. C'est une autre manière de découvrir l'amorce de ces grands conflits qui ont marqué nos pays. C'est intéressant de voir comment ce sont les monarchies qui ont entraîné toute l'Europe dans la Grande Guerre...
    Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la donne a changé... Les royautés sont moins nombreuses mais s'impliquent toujours: la jeune princesse Elizabeth sera ambulancière tandis que ses parents apportent un soutien infaillible aux populations londoniennes pendant le Blitz. Pour des familles qui n'avaient pas été touchées par le cataclysme de 14, comme celle de Norvège, le conflit, son ampleur inédite et les appétits expansionnistes de l'Allemagne nazie les poussent à faire un choix... comme l'exode des peuples, un exode des rois et des familles royales commence. Certains s'illustreront, comme en Angleterre ou encore aux Pays-Bas, dont la reine Wilhelmine, réfugiée à Londres, encourage la Résistance. L'Italie et les royaumes des Balkans, eux, ne sortiront pas grandis de cette seconde guerre, pour eux elle sonne un glas définitif et l'avènement progressif de républiques.

     

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    George VI et la reine Elizabeth posent dans les décombres de Buckingham Palace bombardé, lors du Blitz, en 1940. 


    Les quarante premières années du XXème siècle ont été bouleversantes. Elles ont causé des dommages irréparables à l'Europe mais aussi au Japon et à d'autres pays dans le monde. Des millions de gens sont morts mais ce furent des années déterminantes, qui firent indéniablement basculer le monde d'un XIXème siècle encore traditionaliste à une modernité galopante qui est encore la nôtre. Pour les monarchies, cela passe par une refonte complète de leur statut, voire leur disparition pure et simple. L'Europe sort changée de ces longues années de combat, elle en sort marquée, comme ces souverains qui se sont montrés courageux, timorés, collaborateurs, parfois défaillants, d'autres fois héroïques.
    Avec passion et méthode, Jean des Cars raconte quarante ans d'Histoire mondiale et quarante ans d'histoires familiales. Le livre est dense et particulièrement riche mais, comme je le disais plus haut, il est passionnant. On se prend de passion pour ces grands destins qui ne sont pas épargnés, on suit le déroulement de ce grand récit d'histoire comme un bon film. Jean des Cars a une passion communicative pour l'Histoire et plus particulièrement pour celle des têtes couronnées. Si vous aimez l'Histoire, alors vous ne serez sûrement pas déçus. En alliant rigueur historique à une plume chaleureuse, Jean des Cars ne nous lasse jamais. J'ai trouvé ce livre excellent et j'ai passé un très bon moment de lecture : certes ce qu'il nous raconte n'est pas toujours très drôle, ni forcément très joyeux mais à défaut, c'est édifiant et c'est le plus important. Découvrir les deux grands conflits mondiaux qui, aujourd'hui encore, nous concernent tous encore plus ou moins, parce que nous avons tous un ancêtre, au moins, qui a été impliqué, qui peut-être y a laissé sa vie, à travers ces monarchies qui n'ont pas été épargnées non plus, c'est leur rendre un aspect humain qu'elles perdent parfois un peu... n'oublions pas que les rois et les reines, quoi qu'on en pense, sont avant tout des hommes et des femmes. En l'occurrence des hommes et des femmes confrontés comme tout un chacun à l'horreur de conflits sans précédent mais qui ont dû, bien plus que tout autre, faire leurs preuves. Nul doute que Le Sceptre et le Sang saura trouver son public. Et si vous ne connaissez pas encore Jean des Cars, c'est la bonne occasion pour se lancer ! 

    Les quatre filles de Nicolas II et Alexandra Feodorovna, accompagnées de leur petit frère, le tsarévicth Alexis, assassinés avec leurs parents le 17 juillet 1918 à Iekaterinebourg. 

     

    En Bref :

    Les + : la passion de Jean des Cars pour ces familles royales qui semblent incarne l'immuabilité et se trouvent confrontées au pire, au point de parfois vaciller sur leurs trônes soudain bien fragiles est communicative. On lit ce livre comme un roman, on s'émeut devant des destins tragiques, on s'insurge devant des mauvais choix. Toujours est-il que l'humanité de ces hommes et femmes qui s'avèrent finalement comme les autres malgré les couronnes que le destin a posé sur leurs têtes, est flagrante et, si elle est héroïque, elle peut aussi s'avérer bien décevante. La plume chaleureuse de l'auteur joue beaucoup dans l'intérêt que l'on se découvre très rapidement pour ce récit, certes très dense mais jamais lassant. 
    Les - : Aucun. 

     


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  • « J'éprouvai la sensation aiguë que quelque chose ne tournait pas rond dans ce monde qui tolérait, et même encourageait, que l'on inflige des souffrances sans raison et en toute impunité. »

    Les Portraits de Joséphine ; Tara Conklin

     

    Publié en 2013 aux Etats-Unis ; en 2017 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : The House Girl

    Editions Pocket 

    507 pages 

    Résumé : 

    Virginie, 1848. Joséphine, 17 ans, esclave depuis l'enfance dans une plantation, voit sa maîtresse, l'artiste peintre Lu Anne Bell, dépérir. Ne pouvant plus compter sur sa protection, elle s'enfuit dans l'espoir d'offrir une vie meilleure à l'enfant qu'elle porte. 
    New York, 2004. Lina Sparrow, avocate, défend les droits des descendants d'esclaves. Elle découvre l'histoire de Joséphine, que les experts soupçonnent d'être la véritable artiste à l'origine des tableaux signés Lu Anne Bell. Convaincue d'avoir trouvé le cas parfait pour illustrer la cause qu'elle défend, Lina entreprend de retracer son histoire. 
    Au fil de ses recherches, elle en vient à se questionner sur sa propre famille et sur les mystères entourant la mort de sa mère. En plongeant dans le passé d'une esclave en fuite, Lina pourrait bien se découvrir elle-même...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1852, Joséphine, jeune esclave de dix-sept ans, s'enfuit une seconde fois de la plantation de Bell Creek, en Virginie et disparaît.
    En 2004, Lina Sparrow, avocate new-yorkaise, se voit confier un dossier en réparation qui a trait à l'esclavage : un grand industriel demande à son cabinet de lancer une procédure pour dresser le bilan humain et financier de l'esclavage. C'est un gros dossier et Lina et l'un de ses confrères se voient confier la mission de trouver un demandeur, c'est-à-dire une personne qui pourrait représenter cette cause devant les tribunaux. En faisant des recherches, la jeune femme remonte alors la piste de cette fameuse Joséphine, esclave domestique en Virginie entre la fin des années 1840 et le début des années 1850, date de sa deuxième fuite. Elle ne travaillait pas aux champs, contrairement aux autres esclaves de Bell Creek mais près de la maîtresse de maison, Lu Anne Bell, peintre renommée, considérée a posteriori comme une artiste à l'engagement féministe -j'ai fait quelques recherches et ce personnage est fictif, tout comme Joséphine. Lu Anne est surtout une femme malade, abandonnée par son mari et souffrant d'une sévère mélancolie depuis la mort successive de ses enfants et les nombreuses fausse-couches subies. Joséphine est une adolescente isolée, seule dans la grande maison, soumise au maître qui n'hésite pas à la rejoindre dans sa petite chambre au grenier et elle doit veiller sur sa maîtresse, particulièrement faible, physiquement comme mentalement. Lu Anne a appris à lire et écrire à Joséphine mais surtout, elle lui a appris à peindre et il se pourrait que certaines œuvres présentées depuis cent-cinquante ans comme celles de Lu Anne soient en fait celles de Joséphine, ce qui, bien évidemment, n'arrange personne. C'est un point de départ pour Lina qui va l'emmener jusqu'en Virginie, à Bell Creek devenu une sorte d'atelier communautaire et un musée et sur les traces de Joséphine, qui semble se volatiliser après la mort de sa maîtresse, en 1852.
    Le roman de Tara Conklin ressemble à bien d'autres que j'aie pu lire ces dernières années : j'ai retrouvé les univers de Katherine Webb, de Kate Morton et ce roman m'a aussi fortement évoqué Le Jardin au Clair de Lune que j'ai lu au début de l'été dernier et le roman de Sarah McCoy Un Parfum d'Encre et de Liberté qui traite sensiblement du même sujet : l'esclavage et le chemin de fer clandestin. En soi, il n'est pas révolutionnaire et l'auteure applique un schéma qui est effectivement vu et revu, mais qui, pour moi, est efficace...cette alternance des époques, le personnage contemporain qui part sur les traces du personnage historique et parvient, via cette quête, à exorciser ses propres démons. Ca pourrait être répétitif, j'en conviens mais je trouve que c'est une autre manière d'aborder le roman historique qui peut être intéressante, notamment pour ceux qui n'aiment pas forcément ce genre ou appréhendent de le découvrir. L'alternance des époques permet de ne pas se lasser, on découvre en parallèle les histoires de deux personnages qui finissent par se lier d'une manière ou d'une autre et c'est plutôt sympa.
    J'ai vite été captivée par ce roman. Pourquoi, je n'en sais rien, parce que ce n'est pas le premier que je lis sur le sujet, mais j'ai trouvé que Tara Conklin décrivait avec finesse ce que pouvait être la vie sur une plantation américaine quelques années seulement avant le début de la Guerre de Sécession : la résignation, les mauvais traitements, le travail harassant, les chasseurs d'esclaves, sans pitié et puis, au milieu de tout cela, les abolitionnistes qui se battent pour offrir leur liberté aux esclaves en risquant leurs propres biens et leur vie et ceux qui ne font pas forcément partie du réseau abolitionniste ou du chemin de fer clandestin mais vont les aider, comme le docteur Harper que l'on découvre à la fin du roman. L'esclavage est une tâche sur l'Histoire du monde, pas seulement celle des Etats-Unis, même si l'économie de ce futur pays va se fonder dessus : de 1619 aux débuts de la Guerre de Sécession (et même après), il existe des plantations employant des esclaves, dans le Sud des Etats-Unis... Pour Lina et ses confrères chargés du dossier, il va falloir se dépouiller de l'aspect affectif de cette affaire, la considérer comme n'importe laquelle, même si, évidemment, le sort des esclaves ne peut laisser indifférent. Ils vont se heurter au temps qui a passé, à l'absence de descendants ou au refus de ceux-ci de devenir demandeurs et de remuer le passé peu évident voir horrible de leurs ancêtres. J'ai trouvé intéressant de découvrir pas à pas, dans le sillage de Lina, le travail de ces jeunes avocats qui jouent leur carrière et leur réputation, pour qui la pression et l'attente de résultats sont grandes, qui n'ont finalement pas droit à l'échec, sous peine que celui-ci ne rejaillisse sur leur cabinet. C'est du chacun pour soi, un monde de requins finement décrit par Tara Conklin qui, avant d'être auteure, était justement avocate elle-même. Ce qu'elle raconte est donc sûrement à peine exagéré.
    Ce roman est particulièrement riche et met en évidence, également, que la question de l'esclavage n'est pas encore réglée, malgré les abolitions successives qui eurent lieu au XIXème siècle et après : en France, on apprend tous que le combat de Victor Schoelcher permit, en 1848, l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies. Aux Etats-Unis, c'est la Guerre de Sécession qui permettra aux esclaves du Sud de devenir libres. Et pourtant...aujourd'hui, plus d'un siècle plus tard, le combat des populations afro-américaines n'est pas terminé : ce que raconte Kathryn Stockett dans La Couleur des Sentiments se passe dans les années 1960...la Marche pour les Droits de Martin Luther King date également de cette époque là...cela fait cinquante, soixante ans en arrière et, à l'échelle de l'Histoire, ce n'est rien et surtout, cela montre bien que l'abolition officielle n'a pas tout solutionné. Et on comprend rapidement que ce dossier est explosif, pour le cabinet comme pour les jeunes avocats qui en ont la charge, parce que parler d'esclavage dérange, parce qu'aujourd'hui, c'est un sujet qui suscite encore de la honte, parce que c'est tabou, tout simplement et que cette attitude-là n'est pas inhérente aux Etats-Unis mais à tous les pays qui l'ont pratiqué à un moment ou un autre. Mais je trouve que c'est une belle démarche des auteurs de continuer, via des intrigues certes romancées mais qui décrivent une réalité qui fut celle de centaines de personnes que l'on a maintenant oubliées, à contribuer au devoir de mémoire.
    Les Portraits de Joséphine m'a énormément plu et j'ai lu ce roman avec beaucoup d'intérêt. J'avais un peu peur au départ parce que j'ai lu des avis assez mitigés, qui parlaient notamment de longueurs...personnellement, je ne les ai pas ressenties et j'ai aimé la manière dont l'auteure a construit son roman, émaillé de lettres et de récits à la première personne, qui lui donnent du dynamisme. J'ai voyagé jusqu'en Virginie dans les années 1850, j'ai découvert la plantation de Bell Creek et la vie monotone et triste de cette jeune fille pour laquelle on souhaite le meilleur. Cette Joséphine que l'Histoire a dépouillé de son talent et de son don, pour l'attribuer à sa maîtresse blanche n'est-elle pas un bon porte-flambeau de tous ces hommes et de ces femmes qui ont été considérés froidement comme des marchandises, à qui on a refusé jusqu'à la plus petite considération humaine ? Quoique fictive, Joséphine les représente tous et on se prend à imaginer qu'elle a peut-être existé, cette jeune fille, sous un autre nom, dans un autre endroit, mais que son destin n'est pas si imaginaire que cela. Les personnages de Tara Conklin sont assurément très finement travaillés et servent efficacement son récit.
    Les Portraits de Joséphine est un roman à lire. Émouvant et percutant, il ne laisse pas indifférent.

    En Bref :

    Les + : une belle histoire, malgré un schéma vu et revu...si certains lecteurs n'ont pas été convaincus par la manière dont Tara Conklin aborde l'esclavage, pour ma part, j'ai trouvé que ce roman était un bel hommage à tous ces hommes et femmes que l'Histoire a oubliés...
    Les - : je n'ai pas vraiment de points négatifs à soulever concernant cette lecture, bien au contraire.


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  • In My Mail Box - Novembre 2019

     

    Les Yeux Couleur de Pluie, tome 3, De battre la Chamade ; Sophie Tal Men

    Date de publication : 2019

    Editions Le Livre de Poche

    Sujet : Roman feel-good, Médecine, Romance, Bretagne

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    Couverture Les exploits d'Edward Holmes

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 4, Les Exploits d'Edward Holmes ; Jean d'Aillon

    Date de publication : 2017

    Editions 10/18, Collection Grands Détectives

    Sujet : Histoire, Moyen Âge, Policier, Guerre de Cent Ans, France, Angleterre, Enquêtes

    * * * 

    Couverture Le pont de Montereau

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 5, Le Pont de Montereau ; Jean d'Aillon 

    Date de publication : 2018

    Editions 10/18, Collection Grands Détectives

    Sujet : Histoire, Moyen Âge, Policier, Guerre de Cent Ans, France, Angleterre, Enquêtes

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    Couverture Les chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 6 : La danse macabre

    Les Chroniques d'Edward Holmes et Gower Watson, tome 6, La Danse Macabre ; Jean d'Aillon

    Date de publication : 2019

    Editions 10/18, Collection Grands Détectives : 

    Sujet : Histoire, Moyen Âge, Policier, Guerre de Cent Ans, France, Angleterre, Enquêtes

    * * * 

    Couverture Rien n'est noir

    Rien n'est Noir ; Claire Berest

    Date de publication : 2019

    Editions Stock 

    Sujet : Biographie romancée, Peinture, Histoire de l'Art, Frida Kahlo, Diego Riviera 

    * * *

    Couverture Le Roi fol

    Le Roi Fol ; Laurent Decaux 

    Date de publication : 2019

    Editions Stock

    Sujet : Histoire, Moyen Âge, Guerre de Cent Ans, Charles VI, Isabeau de Bavière

    * * * 

    Couverture Guilhem d'Ussel dans la tourmente

    Guilhem d'Ussel dans la Tourmente : trois nouvelles aventures de Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour ; Jean d'Aillon 

    Date de publication : 2019

    Editions J'ai Lu 

    Sujet : Moyen Âge, Enquêtes, Aventures, XIIème siècle


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