• « La vie. C'est comme si on ajoutait une touche jour après jour. Tu poses les couleurs les unes après les autres, en t'efforçant de faire quelque chose de joli avant qu'il n'y ait plus de place. »

     

    Couverture Les Suprêmes, tome 1

     

         Publié en 2013 aux Etats-Unis 

      En 2015 en France 

      Titre original : The supremes at Earl's all-you-      can-eat

      Editions Babel 

      414 pages 

      Premier tome de la saga Les Suprêmes

     

     

     

     

    Résumé :

    Elles se sont rencontrées à la fin des années 1960 et ne se sont plus quittées : tout le monde les appelle les Suprêmes, en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies. L'intrépide Odette converse avec les fantômes et soigne son cancer à la marijuana sur les conseils avisés de sa défunte mère, tandis que la saga Clarice endure les frasques de son volage époux pour gagner sa part de ciel. Toutes deux ont pris sous leur aile Barbara Jean, éternelle bombe sexuelle que l'existence n'a cessé de meurtrir. Complices dans le bonheur comme dans l'adversité, ces trois irrésistibles quinquas afro-américaines se retrouvent tous les dimanches dans l'un des restaurants de leur petite ville de l'Indiana : entre commérages et confidences, rire et larmes, elles se gavent de poulet de frit en élaborant leurs stratégies de survie. 
    Invitation à une lecture aussi décalée que féconde de la problématique raciale aux Etats-Unis, ce formidable roman de l'amitié et de la résilience s'affirme comme une exemplaire défense et illustration de l'humanisme conçu comme la plus réjouissante des insurrections. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Les Suprêmes est un magnifique roman d'amitié, dans l'Amérique des années 2000. Odette, Clarice et Barbara Jean se connaissent depuis leurs années lycée, à la fin des années 1960 : inspérables, on a fini par les surnommer les Suprêmes, en référence au fameux groupe de Diana Ross. Très différentes les unes des autres mais unies par un lien indéfectible, les trois amies ont traversé les années, connu des joies, des peines, des drames, des désillusions. Mais chacune a toujours trouvé le réconfort ou le soutien dont elle avait besoin dans l'écoute des deux autres. Dévouées les unes aux autres, les trois Suprêmes traversent la vie main dans la main.
    Odette, la narratrice, est décalée et possède un franc-parler qui effraie parfois : parlant avec les fantômes, elle découvre fin 2004 qu'elle est atteinte d'un cancer qu'elle va combattre à force de ténacité et grâce au soutien de son époux James et de ses deux amies (et d'un peu de cannabis, il est vrai).
    Clarice mène une vie lambda : mère de trois grands enfants qui ont fait leur vie aux quatre coins du pays, elle partage sa vie avec son grand amour de jeunesse, le beau Richmond et s'efforce de faire comme si elle ne voyait pas ses multiples incartades et infidélités.
    Enfin, Barbara Jean, qui a grandi dans un environnement malsain auprès d'une mère instable qui meurt trop jeune, épouse à la fin du lycée un homme plus âgé qu'elle mais qui lui assure le confort matériel dont elle a toujours manqué. Très belle et très attirante, toujours vêtue de manière extravagante et colorée, Barbara Jean n'en cache pas moins une tristesse terrible et une blessure qui ne cicatrisera jamais, conséquence d'un drame affreux survenu dans les années 1970 et qui l'a amputée d'une partie d'elle-même.
    Le roman démarre au milieu des années 2000, à Plainview, petite ville tranquille et sans histoire de l'Indiana. Odette, Clarice et Barbara Jean ont une cinquantaine d'années, une vie bien remplie derrière elles mais encore plein d'énergie et de bonne humeur à revendre. Le ton est décalé, plein d'humour, Odette, la narratrice principale ne se prend pas au sérieux et son phrasé percutant m'a rappelé celui des héroïnes de Kathryn Stockett dans La Couleur des Sentiments, notamment Minnie. J'ai souvent souri, j'ai même ri parfois devant ses uppercuts verbaux qui font toujours mouche ! J'ai aimé Clarice aussi, plus conventionnelle mais intéressante et Barbara Jean m'a attirée par sa fragilité, sa sensibilité à fleur de peau que l'on comprend petit à petit, à mesure que l'histoire se dévoile, attirant immanquablement la compassion et l'empathie du lecteur.
    En faisant de fréquents retours en arrière, l'auteur nous amène à comprendre comment le trio s'est formé en 1967, comment Clarice et Odette, qui se connaissaient déjà, ont fini par prendre la fragile Barbara Jean sous leur aile, après la mort de sa mère, nous amène aussi à comprendre comment leurs choix de jeunesse impactent encore leur vie actuelle (par exemple, Clarice, très amoureuse de Richmond, n'a pas voulu entendre les avertissements bienveillants de ses proches et doit, quarante ans plus tard, supporter en faisant comme si elle ne voyait rien, les nombreuses aventures d'un mari trop beau et trop volage mais qu'elle aime encore). Comédie légère et décalée, unique en son genre, Les Suprêmes, comme toute bonne comédie qui se respecte, n'en possède pas moins sa part de gravité et de drames. Les Suprêmes, comme le groupe de musique éponyme, sont trois Afro-américaines. Elles sont nées en 1950, elles étaient enfants quand Rosa Parks refuse de laisser sa place à un Blanc dans un bus de Montgomery, elles étaient adolescentes dans les années 1960 quand se développe la lutte pour les droits civiques, quand Martin Luther King est assassiné...
    Etat du Midwest, l'Indiana est, dans les années 1960, relativement conservateur. Les Blancs et les Noirs vivent dans les mêmes villes mais pas dans les mêmes quartiers et pas forcément en harmonie. Autrement dit, dans les années 1960/1970, être Noir à Plainview est dangereux : on s'expose au racisme verbal voire à la violence. Les couples mixtes sont mal vus et le mariage d'un Blanc et d'un Noir n'est pas toléré...
    On comprend rapidement que, derrière le discours en apparence relativement léger et plein d'humour il y'a en fait un message beaucoup plus sérieux et, malheureusement toujours d'actualité et qui n'est d'ailleurs pas propre aux Etats-Unis : le racisme est un fléau mondial et qui ne cesse de prendre de l'ampleur, il n'y a qu'à voir les actualités de ces dernières semaines. J'avais prévu de lire Les Suprêmes depuis longtemps, bien avant l'affaire George Floyd qui a enflammé le monde entier, mais j'ai trouvé ce roman particulièrement juste et actuel et du coup, assez salutaire. S'il y'a eu des avancées depuis les années 1960 elles ne sont pas, cependant, assez nombreuses, pour combattre les inégalités, les injustices et l'intolérance.
    Mais en même temps, Les Suprêmes est porteur d'espoir, c'est un roman positif qui donne le sourire. Une lecture pétillante mais pas trop, qui n'est jamais superficielle et cache, sous ses airs sautillants, un vrai message. Voilà pourquoi j'ai tant aimé ce roman, après avoir été extrêmement surprise par les premiers chapitres. Pour cette raison, ce ne sera pas un coup de cœur mais c'est une merveilleuse lecture, d'autant meilleure que je ne m'attendais pas à ça en la commençant. Vous savez quoi ? Je n'ai maintenant plus qu'une hâte : lire la suite

    En Bref :

    Les + : belle histoire bien construite, pleine d'humour et de légèreté avec malgré tout un propos plus grave en arrière-plan, un propos encore d'actualité aujourd'hui. Les Suprêmes peut nous permettre de prendre conscience de beaucoup de choses, c'est certain. 
    Les - :
    des premiers chapitres un peu déroutant, qui m'ont donné le sentiment que je ne savais pas où j'allais...et puis la sensation se dissipe vite, pour notre plus grand plaisir !

     


    votre commentaire
  • « Alors retentissaient ces "Vive le roué"  qui avaient sonné aux oreilles de Louis XVI lors de son propre voyage à Cherbourg et c'était une autre France, une France oubliée, une France ancienne, une France perdue, fidèle à son Dieu et à son roi, qui surgissait de derrière les haies pour y disparaître tout aussi soudainement lorsque l'ordre de marche résonnait de nouveau. »

     

    Couverture L'Été des Quatre Rois

     

     

     

       Publié en 2019

      Editions Pocket

      752 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Juillet 1830. Le peuple est dans la rue et l'Histoire se répète. Les Parisiens veulent du pain et la Révolution. Depuis Saint-Cloud, Charles X s'accroche à une couronne qu'il croit tenir de Dieu. On muselle la presse ? Cele-ci se déchaîne. On envoie l'armée ? Les émeutiers redoublent d'ardeur. Abdiquer ? Mais pour qui ? Talleyrand louvoie, Chateaubriand déçoit, Stendhal court le guilledou. Personne n'y comprend rien. En quelques jours d'un été caniculaire -l'hiver des Bourbons- quatre rois vont se succéder, jusqu'au prochain printemps... 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En juillet 1830, dans la touffeur caniculaire d'un été qui n'en finit pas, Paris s'embrase, à la suite de la publication des ordonnances de Saint-Cloud par le roi Charles X. La ville se couvre de barricades (celles-là même qu'immortaliseront Victor Hugo dans Les Misérables ou encore Eugène Delacroix sur son monumental tableau La liberté guidant le peuple) et fait vaciller sur ses bases le trône des Bourbons.
    Charles X ne le sait pas encore mais ces trois journées de juillet qui resteront dans l'Histoire sous le nom de Trois Glorieuses vont lui coûter sa couronne et enterrer définitivement le règne des Bourbons en France. En prenant la décision d'abdiquer, en son nom mais aussi en celui de ses héritiers, le dernier frère de Louis XVI cède le trône à la branche cadette des Orléans (qui restera au pouvoir dix-huit ans durant avant d'être elle-même détrônée par une révolution en 1848).
    Ce sont ces journées décisives que l'historien Camille Pascal se propose de nous raconter dans ce livre où le souffle romanesque n'empêche pas la rigueur historique. Récit presque jour par jour et heure par heure de ce milieu d'été 1830 qui change à jamais la face du royaume, L'été des quatre rois nous fait pénétrer l'intimité du dernier Bourbon, des ministres, des révolutionnaires et des grandes figures de ce début du XIXème siècle (on croise ainsi la comtesse de Boigne, Chateaubriand et Mme Récamier, Odilon Barrot, Thiers, Victor Hugo, Stendhal, Alfred de Vigny ou encore Alexandre Dumas), que l'on croise au détour des chapitres et qui, on le verra, auront tous un rôle à jouer. Entre les tenants irréductibles de la légitimité, les républicains acharnés ou les modérés, le Paris de 1830 prend des airs de 1789 et réveille les fantômes de la grande Révolution. Dans les miroirs de Saint-Cloud apparaissent aux côtés de Charles X et des siens les spectres de Louis XVI et Marie-Antoinette et leur fille, seule survivante du Temple et qui a épousé le duc d'Angoulême, fils aîné du roi, revit avec horreur les journées d'octobre, la prise des Tuileries, la fuite à Varennes, l'exécution de ses parents et de sa tante et la longue détention dans le froid du Temple où mourra son jeune frère tandis que sa belle-sœur, la bouillante petite duchesse de Berry est prête à se battre pour conserver le trône de son fils de dix ans, le duc de Bordeaux.
    Rien ne nous est épargné dans ce roman à l'exactitude d'horloge qui déroule l'Histoire comme un écheveau : l'hébétude d'un roi âgé et qui se raccroche au peu de pouvoir qui lui reste encore, les louvoiements du duc d'Orléans faisant mine d'affermir le trône de son cousin d'une main tout en lui prenant la couronne de l'autre, l'indifférence du petit duc de Bordeaux pour qui devenir roi compte autant que gagner ou perdre à un jeu de billes, le délire des combats et des pillages parisiens, à l'évêché ou au Louvre et aux Tuileries où les pièces sont mises à sac et les vitres des fenêtres trouées de balles.

     

    Combat devant l'Hôtel de Ville, le 28 juillet 1830 par Jean-Victor Schnetz 


    Un tel événement révèle les personnalités : ceux pour qui fidélité et loyauté restent des maîtres mots quelles que soient les circonstances ou ceux qui, au contraire, vont profiter des soubresauts et des convulsions de l'Histoire pour s'emparer d'une petite poignée de gloire.
    Et tandis que Paris s'embrase et se hérisse de fusils, de barricades et macule ses pavés de sang, la Cour des derniers Bourbons s'enivre une dernière fois de jeux, de bals, de réceptions comme si de rien n'était. La révolution de 1830 rappelle à bien des égards celle de 1789, notamment de part l'aveuglement de ceux qui en seront les principales victimes. Dans les derniers jours de juillet 1830, Charles X, sa famille et ses courtisans vivent encore sous les ors de Saint-Cloud comme si tout allait bien et que rien ne se délitait autour d'eux, comme Louis XVI et Marie-Antoinette avant 1789. Et puis la Révolution est évidemment présente à l'esprit de tous ceux qui l'ont connue, à commencer par la Dauphine, l'ancienne orpheline du Temple. On ressent aussi beaucoup de nostalgie, comme si 1830 sonnait réellement le glas de ce XVIIIème siècle qui n'était pas vraiment terminé : on dit adieu aux lieux dans lesquels les fantômes des anciens souverains semblent encore flotter, on s'arrête un moment à Trianon, dans les jardins de Versailles, lieux où se sont déroulées la jeunesse et l'enfance de Charles X et de sa nièce la Dauphine. On tourne définitivement le dos aux souvenirs et même si on ne le sait pas encore, cette fois, l'exil a un goût d'éternité.
    L'Été des Quatre Rois est un excellent roman historique. Ambitieux et riche, je pense cependant qu'il s'adresse à tous les publics...si vous n'êtes pas totalement réfractaires à l'Histoire et que vous aimez les livres qui ne privilégient pas l'intrigue romanesque au profit de la rigueur historique alors ce roman est fait pour vous. Il se lit lentement, parfois vous serez peut-être obligé de vous arrêter de lire et de faire deux, trois recherches mais dans l'ensemble c'est suffisamment bien écrit et bien expliqué pour que le propos se suffise à lui-même. Étayé par une bibliographie conséquente, L'Été des Quatre Rois est à classer dans la catégorie des très bons romans historiques et à mettre entre toutes les mains ! Si vous avez un minimum d'intérêt pour l'Histoire certainement vous vous délecterez sans nul doute de cette lecture. 

    En Bref :

    Les + : Un grand roman historique, je m'en suis délectée. Oui, il faut de la concentration, oui, il ne faut pas avoir peur de passer du temps et d'avoir l'impression parfois, de ne pas avancer. Au final, vous lirez un roman d'une qualité certaine, qui ne délaisse pas la rigueur et la précision historiques au profit du style narratif. Pour moi, Camille Pascal a tout bon. 
    Les - :
    Aucun ! Même si le roman était ardu par moments et qu'il fallait s'accrocher, je l'ai aimé de bout en bout !


    votre commentaire
  • « Demain était un autre jour. Et, avec Isabella à son côté, partageant sa vie, l'aimant autant que lui l'aimait, qui savait ce que l'avenir lui réservait ? Ce qu'il avait à présent dépassait ses rêves les plus fous, mais il continuerait de travailler dur : pour elle, pour ses futurs enfants, pour sa famille là-bas en Irlande, aussi. Mais, par-dessus tout, pour elle. »

    Couverture Swan Hill, tome 1 : Les pionniers

     

      Publié en 2011 en Angleterre 

      En 2020 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Trader's Wife

      Editions de l'Archipel

      374 pages 

      Premier tome de la saga Swan Hill

     

     

     

     

    Résumé :

    Si, dans les années 1860, Singapour a tout d'une destination exotique, elle n'en reste pas moins une ville impressionnante pour Isabella, jeune Anglaise sans le sou, orpheline depuis la mort de sa mère.
    Ne trouvant pas de place de gouvernante, elle accepte l'offre de M. Lee, un riche marchand chinois. Elle s'installera chez lui et lui enseignera l'anglais. Deux ans plus tard, ce dernier lui présente Bram Deagan, un Irlandais ambitieux souhaitant s'installer en Australie et y ouvrir un négoce. M. Lee pousse Isabella à épouser Bram et à le suivre dans l'aventure...
    Début d'une fresque qui verra Isabella et Bram tenter de s'inventer une vie nouvelle dans la colonie de Swan Hill, au cœur de l'Australie sauvage. Mais la vie réserve des dangers, parfois des infortunes. Le bonheur sera-t-il au bout du voyage ?

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Au milieu du XIXème siècle, la jeune Isabella Saunders se retrouve dans une situation périlleuse : orpheline, qui plus expatriée à Singapour où elle n'a aucun soutien et aucune famille, elle doit rapidement trouver un emploi au risque de finir sans toit et peut-être obligée de se prostituer pour survivre. Mais c'est sans compter sur monsieur Lee, un riche négociant chinois qui décide de la prendre sous son aile : en échange de cours d'anglais qu'Isabella lui donnera, il lui offre le gîte et le couvert et s'engage à la former à tenir un magasin et à lui enseigner quelques rudiments de vente. Deux ans plus tard, quand Isabella fait fortuitement la connaissance de Bram Deagan, jeune Irlandais fraîchement installé en Australie et souhaitant faire des affaires à Singapour, monsieur Lee encourage sa protégée à l'épouser, même s'ils ne se connaissent pas.
    Avec Swan Hill et ce premier tome, Anna Jacobs nous entraîne une nouvelle fois dans une saga d'évasion australienne, en plein coeur du XIXème siècle. Après sa première trilogie, Swan River, mettant en scène les sœurs Blake voyageant de leur Lancashire natal jusqu'en Australie, Anna Jacobs remet ça avec de nouveaux personnages. Une lectrice sur le site Goodreads a écrit que cette saga dépeignait bien la condition périlleuse des premières femmes à s'installer dans les colonies australiennes et c'est vrai. On s'aperçoit que la vie n'y est pas simple même si Isabella débarque dans une petite bourgade déjà existante, déjà habitée, on l'on y trouve des commerces etc...Il faut s'habituer à un nouvel environnement, faire avec ce que l'on a parce que la colonie, toute neuve, ne bénéficie pas encore de tout le confort moderne...surtout, les îles britanniques envoient surtout en Australie des prisonniers ou y déportent des femmes pauvres cherchant une vie meilleure...c'est donc un monde assez particulier, corseté entre la morale rigoriste de certains (Mrs McBride, par exemple, qui gère la pension de famille de la petite ville) et la vie parfois plus malmenée des autres, qui ont connu la prison, la faim, parfois se sont rendus coupables de vols ou menus délits qui leur ont valu la « transportation ».
    Ce roman aurait pu me transporter mais malheureusement ce ne fut pas le cas et je crois même pouvoir dire que, après avoir lu les deux premiers tomes de la saga Swan River (il faut encore que je lise le troisième tome cet été), Les Pionniers a été une déception. Je n'ai pas détesté cette lecture, loin de là, mais je n'ai pas été emballée, je n'ai pas été transportée, au contraire. J'ai aimé les premiers chapitres qui se passent à Singapour, dans une ambiance vraiment exotique et dépaysante. Mais au fil de ma lecture, je me suis détachée des personnages que je n'ai pas trouvés si attachants que ça et surtout, l'intrigue est cousue de fil blanc ! Le hasard existe, bien sûr, mais franchement, trop de coïncidences tuent la coïncidence ! J'ai vraiment trouvé que c'était parfois trop gros pour être crédible et mon intérêt en a forcément pris un coup. Je n'ai pas non plus réussi à m'attacher vraiment aux personnages, même si Isabella est intéressante. La plupart sont assez caricaturaux et empêchent malheureusement de s'attacher aux autres : Isabella et Flora sortent cependant du lot et m'ont bien plu. C'est dommage que j'aie décelé autant de faiblesses dans ce roman, parce que j'attendais beaucoup de cette lecture et, au final, je n'ai fait que me concentrer sur les petits défauts : la saga des sœurs Blake, malgré quelques faiblesses, avait su me transporter et j'attendais la même chose de ce premier tome d'une saga qui, si je ne me trompe pas, en compte cinq. Bref, je suis déçue de ne pas avoir ressenti la même chose que la plupart des autres lectrices, qui en sont ressorties avec des avis globalement bons. Mais comme on dit, tous les goûts sont dans la nature et il arrive parfois qu'une lecture dont on espérait beaucoup soit un flop. On fera mieux la prochaine fois ! Je suis malgré tout bien décidée à laisser une seconde chance à cette saga. 
    Ce roman plaira certainement à d'autres et si vous aimez les grandes sagas qui se passent au XIXème siècle dans des contrées encore sauvages, si vous lisez avec plaisir les productions de Leila Meacham ou encore, Sarah Lark, alors peut-être que Les Pionniers vous plaira. C'est ce que je vous souhaite en tout cas.

    En Bref :

    Les + : une bonne idée de départ et une nouvelle héroïne sympathique que j'ai malgré tout envie de suivre et de découvrir dans sa nouvelle vie australienne, même si j'aurais aimé en apprendre un peu plus sur Isabella.
    Les - :
    une intrigue un peu trop cousue de fil blanc, où le hasard, à force, devient trop téléphoné pour être crédible. Et certains personnages sont caricaturaux, c'est dommage : on ne finit par ne voir qu'eux et ils éclipsent les personnages plus intéressants. 


    votre commentaire
  • « Nous allons triompher ! J'ai vu Hispaniola en flammes, Caesar. Et c'est nous qui allons l'incendier ! »

    Couverture L'île de la mangrove rouge

     

     

      Publié en 2012 en Allemagne

      En 2020 en France 

      Titre original : Der Insel den roten Mangroven 

      Editions de l'Archipel

      484 pages 

      Deuxième tome de La Saga des Îles

     

     

     

    Résumé :

    Jamaïque, 1753. Deirdre, la fille de Nora et de l'ancien esclave Akwasi, vit dans la plantation de sa mère et de son beau-père. 

    Les garçons de l'île, fascinés par la jeune métisse, ne cessent de lui tourner autour. Mais Deirdre n'a d'yeux que pour un seul homme : le Dr Victor Dufresne...

    Après L'Île aux mille sources, Sarah Lark entraîne de nouveau ses héroïnes dans les décors enchanteurs des îles caribéennes. Mais, sous les tropiques, le temps comme le destin se montrent parfois capricieux...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Quel plaisir de retrouver Sarah Lark avec le deuxième tome de sa saga des îles ! Imaginez un plongeon dans les Caraïbes au XVIIIème siècle et, dans les grandes lignes, vous aurez la trame de cette saga que j'ai découverte l'an dernier et aimée tout de suite. Dans le premier tome, nous découvrions Nora, la fille d'un entrepreneur londonien qui, dans les années 1730, quitte l'Angleterre pour épouser un planteur jamaïcain, Elias Fortnam. Là-bas, elle se heurte à l'esclavage et à la traite négrière qui la révulsent et contre lesquels elle va choisir de lutter.
    Dans L'île de la Mangrove Rouge, nous découvrons Deirdre la fille de Nora. C'est une magnifique jeune fille de dix-huit ans qui fait tourner les têtes. Mais un secret entache sa naissance et lorsqu'elle tombe amoureuse d'un jeune médecin venu de Saint-Domingue, Victor Dufresne et que celui-ci se montre tout disposé à l'épouser, Doug et Nora, ses parents, n'hésitent pas et autorisent leur unique fille à se marier. Direction Cap-Français où Victor possède un cabinet. fils de planteurs aisés installés dans une plantation au nom évocateur : Nouveau-Brissac, en référence au fameux château de Brissac, en Anjou. Digne fille de Nora, Deirdre se place immédiatement du coté des esclaves, demandant à son époux d'affranchir leurs serviteurs, entretenant des relations amicales avec sa femme de chambre, Amali, et ne prêtant aucune attention à ce que peuvent penser ses beaux-parents et les amis de ces derniers de son comportement. Et puis un jour la jeune femme, qui s'ennuie un peu dans sa nouvelle vie, rencontre un homme débarqué d'un bateau pirate, venu avec l'un de ses camarades blessé pour demander à Victor de le soigner...et Deirdre, sans comprendre pourquoi, se sent irrémédiablement attirée par lui. En suivant les destinées de plusieurs personnages, souvent rencontrés plus jeunes dans le premier tome, on comprend petit à petit l'intrigue qui est en train de se mettre en place...on frémit et on vibre avec Deirdre. Peut-être ne vous apparaîtra-t-elle pas tout de suite aussi attachante que Nora, plus mature au même âge mais tout aussi exaltée et prête à défendre ce en quoi elle croit. C'est vrai que j'ai mis plus de temps à m'attacher à Deirdre mais en même temps j'ai aimé la suivre et la découvrir dans sa nouvelle vie sur l'île de la mangrove rouge : Saint-Domingue, la future Haïti.
    Si vous avez aimé le premier tome, nul doute que vous aimerez celui-ci. Personnellement, j'ai commencé ce roman avec beaucoup d'attentes qui n'ont pas été déçues. Je voulais de l'exotisme, de l'évasion, des plages de sable fin et en même temps, derrière cette façade un peu légère, un propos plus grave, un vrai message. En somme, je voulais Le Pays du Nuage Blanc mais aux Caraïbes et c'est effectivement ce que j'ai eu. Dans sa saga néo-zélandaise, l'auteure ne se privait pas de dénoncer les travers de la colonisation britannique en Océanie, notamment les dépossessions dont furent victimes les populations maories. Dans sa saga des îles, évidemment, elle ne pouvait manquer parler de l'esclavage, les Caraïbes à l'époque étant majoritairement peuplées de colons européens et...de leurs esclaves, travaillant dans les plantations de coton ou de canne à sucre. L'auteure situe son intrigue à Saint-Domingue, alors que François Macandal se soulève contre les planteurs blanc et entraîne avec lui des centaines de marrons. Né probablement en Afrique, Macandal est ce que l'on appelle un bossale (un esclave originaire du continent africain). Pour certains historiens c'est un prêtre vaudou mais, ce qui est sûr, c'est qu'il fut le meneur de plusieurs rébellions plutôt violentes, qui finiront par lui coûter la vie (il est exécuté le 20 janvier 1758 à Cap-Français). Si, dans le premier tome, l'auteure nous faisait découvrir la cité clandestine de Nanny, une esclave ashantie, dans les montagnes bleues de Jamaïque, elle dresse ici le portrait d'un autre leader des révoltes d'esclaves au XVIIIème siècle. C'est ça que j'aime chez Sarah Lark : la romance et l'évasion ne prennent pas le pas sur des sujets plus graves, au contraire et l'auteure les aborde sans manichéisme ni pathos ni jugement. Jusqu'ici elle ne m'a jamais déçue et ce fut encore le cas avec ce roman.
    J'ai pris un grand plaisir à suivre Deirdre dans sa nouvelle vie. Je ne me souvenais pas d'elle dans le premier tome, étrangement, peut-être parce qu'elle n'y apparaissait que bébé et petite fille. Toujours est-il qu'elle est une héroïne à la hauteur de sa mère, Nora, et que j'ai aimé la suivre même si je ne me suis pas spécialement identifiée à elle.
    J'ai toujours beaucoup aimé les romans qui se passent dans les îles au XVIIIème siècle. En début d'année par exemple, j'ai découvert avec intérêt la saga La Bougainvillée de Fanny Deschamps et j'ai retrouvé un peu la même ambiance dans le roman de Sarah Lark. Si, comme moi, vous la connaissez déjà et que vous avez aimé ses conséquentes sagas se passant en Nouvelle-Zélande, Le Pays du Nuage Blanc mais aussi Les Rives de la Terre Lointaine, vous ne serez pas déçus, nul doute là-dessus. En revanche, si vous ne connaissez pas encore cette auteure allemande qui s'est imposée, ces dernières années, comme l'une des reines du roman d'évasion et de la romance historique, je pense que sa saga des îles est toute recommandée pour démarrer. Ces deux romans qui, j'espère, auront une suite, nous montrent bien que parfois les tropiques peuvent être amers et que ces paysages de carte postale devant lesquels on soupire quand on a besoin de vacances ont eu une histoire bien difficile et parfois même, sanglante.

    ENCORE UNE FOIS UN GRAND MERCI A MYLÈNE ET AUX EDITIONS DE L'ARCHIPEL POUR CET ENVOI ET LEUR CONFIANCE. 

    En Bref :

    Les + : Ce fut plaisir de retrouver Sarah Lark dans cette nouvelle saga caribéenne qui nous fait voyager ! Après L'île aux mille sources, qui m'avait beaucoup plu, j'ai retrouvé avec vraiment beaucoup d'intérêt Nora et sa fille Deirdre. Une chouette lecture, que j'ai savourée comme il se doit.
    Les - :
    Même si certains événements me sont apparus comme un peu...invraisemblables, la qualité de l'intrigue a pallié ce petit inconvénient.

     


    votre commentaire
  • « Elle avait remporté le combat qu'elle s'était assigné en secret ; elle avait vaincu les idées reçues, bousculé un peu l'ordre établi et surtout défendu Rosette en même temps qu'elle se défendait elle aussi. »

    Couverture Angélina, tome 3 : Le souffle de l'aurore / La force de l'aurore

     

     

       Publié en 2017

       Editions Le Livre de Poche

       666 pages 

       Troisième tome de la saga Angélina, les Mains de       la Vie

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Ariège, 1882. Angélina et son mari Luigi reviennent à Saint-Lizier après un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. La jeune femme, enceinte de quatre mois, a hâte de retrouver son dispensaire et d'exercer à nouveau son métier de sage-femme. Elle ne mesure pas la haine aveugle que lui voue l'épouse de son ancien amant, Guilhem Lesage, qui ne s'est jamais véritablement dépris d'elle. Découvrant par hasard qu'Angélina a pratiqué un avortement sur sa servante Rosette, elle dénonce les deux femmes à un juge dont elle est la maîtresse. Angélina et Rosette sont arrêtées et emprisonnées sous la menace de la pire des sanctions : l'envoi au bagne...
    Le destin passionnant d'Angélina, une héroïne aussi belle qu'audacieuse, qui trouvera dans l'amour pour son mari la force de résister à la plus inique des machinations, à une époque encore très imprégnée de préjugés et de superstitions. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Avec La Force de l'Aurore, Marie-Bernadette Dupuy clôture sa saga de la costosida Angélina Loubet, dans l'Ariège du XIXème siècle. Dire que je quitte les personnages sans un petit pincement au coeur serait mentir... cette saga ne m'a jamais pleinement convaincue mais ça reste un beau portrait de cette France de la fin du XIXème siècle, qui est plus est dans les très beaux et sauvages décors des Pyrénées.
    Nous sommes au printemps 1882 : Angélina et Luigi, son mari, rentrent à Saint-Lizier après un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Le couple est plus amoureux que jamais et Angélina porte depuis quelques mois leur premier enfant. Ou du moins, le premier enfant de Luigi... et concernant le secret entourant la naissance du petit Henri, près de quatre ans plus tôt, il n'a jamais été aussi près d'être révélé au grand jour.
    Angélina ne le sait pas encore mais ce retour au pays qu'elle attendait tant ne va pas se faire sans mal... d'abord il y'a Guilhem, son premier amour, qui n'a de cesse de vouloir la revoir... et il y'a aussi la femme de Guilhem, Léonore qui, depuis son arrivée en Ariège l'année précédente, voue une jalousie haineuse à Angélina.
    Alors que les Lesage apprennent qu'Henri est en fait le fils illégitime de Guilhem et Angélina, celle-ci se retrouve alors accusée d'avoir pratiqué un avortement sur la personne de sa servante, la jeune Rosette : celle-ci se retrouve menacée d'être envoyée au bagne à Cayenne tandis qu'Angélina encourt une peine de prison et l'interdiction d'exercer sa profession de sage-femme.
    Vous l'aurez compris, ce dernier tome ne sera pas de tout repos. Inscrit dans la continuité du précédent, il est essentiellement centré autour du secret d'Angélina et Rosette, brutalement révélé au grand jour avec les conséquences qu'on peut attendre. À l'époque, l'avortement est un crime sévèrement puni et condamné par l'Église. Être fille-mère, c'est le déshonneur et des jeunes femmes prennent le risque de s'en remettre à celles que l'on appelle des faiseuses d'anges et qui sont passibles de la prison si jamais leurs pratiques sont découvertes. Les jeunes femmes qui se résolvent à recourir à un avortement risquent elles aussi des poursuites d'où, parfois, des drames quand elles se retrouvent piégées dans une situation inextricable, certaines mettant fin à leur jour. D'autres meurent dans les mains des femmes qui les font avorter parce que, pratiqué
    secrètement et souvent dans de mauvaises conditions d'hygiène, c'est un acte qui n'est pas sans risques. Comme la naissance, d'ailleurs qui, il y'a cent-quarante ans et même moins, coûtait la vie de nombreuses femmes et de beaucoup de bébés.
    À nouveau, Angélina se retrouve prise dans la tourmente et ne va pouvoir compter que sur elle-même, ses idéaux et le soutien des siens pour s'en sortir.
    Ce troisième tome, le dernier, c'est aussi l'occasion de se mettre en paix avec ses vieux démons... c'est le moment de dire adieu, aussi... et c'est le temps des révélations... La force de l'aurore clôture bien cette saga historique et régionaliste qui nous fait revivre un moment cette France d'autrefois.
    Quand j'ai lu Les mains de la vie, le premier tome, il y'a plus de quatre ans, j'avais aimé l'intrigue, mais j'avais été nettement moins séduite par la forme... entendons-nous bien, j'ai trop de respect pour les auteurs pour me permettre de dire que l'un écrirait mal. Non. Marie-Bernadette Dupuy n'écrit pas mal, mais j'avoue que je ne suis pas séduite par son style et notamment par les dialogues parfois un peu ampoulés et qui en deviennent, de fait, légèrement artificiels. Malheureusement cela n'a pas changé avec les deuxième et troisième tomes mais la force du sujet et les personnages attachants m'ont donné envie de continuer et je ne le regrette pas.
    Paradoxalement, même si le style de l'auteure m'agace par moment, il y'aurait pu y'avoir un quatrième tome de cette saga, voire un cinquième, je crois que je les aurais lus sans hésiter parce que malgré les petits défauts et faiblesses de cette saga, on sent toute la sincérité et l'investissement de l'auteure dans cette trilogie...Angélina est une héroïne attachante, forte de ses convictions, qu'elle défend avec beaucoup de cœur. Au-delà de ça, Marie-Bernadette Dupuy dépeint aussi très bien la vie rurale française à la fin du XIXème siècle, une vie encore simple et emplie de superstitions et de religion. En lisant ce roman et les précédents, on s'imagine volontiers nos ancêtres vivant de cette manière, simplement, travaillant leurs terres ou tenant leurs commerces et allant à l'Eglise le dimanche parce que, malgré tout, on craint Dieu et on en appelle encore à lui pour beaucoup de choses. Mais, en même temps, la fin du XIXème siècle, c'est l'entrée timide de la modernité dans la vie de chacun, à commencer par la médicalisation de certains métiers de santé pratiqués depuis la nuit des temps, comme celui de la sage-femme,
    indispensable mais souvent exercé par une femme plus âgée et ayant elle-même eu un ou plusieurs enfants, sans forcément posséder les compétences médicales d'une sage-femme diplômée comme Angélina, à commencer par des mesures d'hygiène qui, si elles nous paraissent comment allant absolument de soi aujourd'hui, ne sont pas forcément un réflexe à l'époque. Or, ce manque d'hygiène, notamment chez les sage-femmes qui ne se lavent pas systématiquement les mains avant de pratiquer un accouchement, peut entraîner la mort de la mère par infection...le manque de connaissances médicales et obstétriques peut entraîner la mort d'un bébé : ainsi, une matrone ne saura pas forcément accoucher une femme dont le bébé se présente par le siège, alors qu'Angélina, grâce à sa formation, saura pratiquer telle ou telle manœuvre pour faire naître le bébé en l'épargnant tout comme sa mère. Malgré tout, le métier de sage-femme reste encore une profession traditionnellement féminine, où l'on se passe, parfois de mère à fille, ou de praticienne à praticienne, des gestes ou des astuces qui échappent au cadre normé de la médecine mais peuvent sauver tout autant.
    C'est vraiment ce que j'ai apprécié dans cette saga : découvrir l'évolution d'une profession qui a toujours fait partie du quotidien des femmes, depuis bien longtemps et qui, à l'aube du XXème siècle, tend à se transformer radicalement. Moins d'un siècle plus tard, on n'accouchera plus à la maison, mais dans le cadre sécurisant de l'hôpital, les sage-femmes seront peu à peu supplantées par les obstétriciens, la médecine restant pendant longtemps un privilège masculin et les femmes devant se battre pour s'y faire une place. Puis ce métier reviendra sur le devant de la scène, comme c'est le cas aujourd'hui. Angélina fait partie de ces femmes passionnées qui donnent de leur temps pour leurs sœurs dans les douleurs de l'enfantement, se dévouant corps et âme et sans réfléchir à une mère et son bébé pour que ce moment de la naissance, à plus forte raison à l'époque, ne soit pas un événement dramatique mais un événement joyeux.
    Comme je le disais plus haut également, que l'auteure aborde l'avortement dans ce troisième tome est intéressant tout en étant révoltant quand on se rend compte de la manière dont réagissait une société fortement patriarcale et empreinte de religion, devant un acte souvent dicté par les raisons les plus terribles. On se rend compte aussi que ce droit, acquis aujourd'hui assez chèrement, reste toujours fragile et qu'il faut se battre pour ce droit. Dans cet ultime tome, les convictions d'Angélina prennent un tour franchement moderne et féministe, même si l'on n'emploie pas encore le mot. On sent toute la volonté de la jeune costosida de sauver les femmes, que ce soit en les aidant à donner la vie ou alors en se sauvant de l'horreur que peut induire la naissance d'un enfant né d'un viol. Tout le paradoxe du métier de sage-femme à l'époque, qui peut être aussi sollicitée comme faiseuse d'anges, apparaît ici. Ce troisième tome clôt vraiment bien cette saga aux accents historiques et de littérature de terroir. Oui, des fois c'est cliché, oui, des fois les dialogues font un peu toc. Mais les personnages authentiques, diversifiés, représentatifs et la sincérité de l'auteure et son attachement pour ses héros font le reste.

    En Bref :

    Les + : Cette saga qui m'a transportée à une autre époque et dans cette France d'antan que j'aime beaucoup retrouver dans les romans historiques ou de terroir. Marie-Bernadette Dupuy met beaucoup de coeur et de sincérité dans ses histoires et c'est tout ce qui compte.  
    Les - :
    le style de l'auteure ne m'a toujours pas convaincue mais ce n'est pas grand grave. J'ai pris plaisir à lire ce roman et je l'ai refermé avec un peu de regret...donc c'est l'essentiel, non ?

    Les soeurs Brontë : la Force d'Exister ; Laura El Makki

    Thème de juillet, « On dirait le Sud », 7/12


    votre commentaire