• « Fidèle, chevaleresque, amoureux et favori d'une reine au destin tragique qu'il échoua à sauver, il échauffa bien des imaginations, suscita bien des rêveries et finit par s'inscrire au panthéon des amants légendaires aux côtés de Tristan, de Roméo ou du duc de Nemours. Sans le même relief, sans non plus une complète vraisemblance, disons-le. »

    L’Énigme Fersen ; Françoise Wagener

     

    Publié en 2016

    Editions Albin Michel 

    320 pages

    Résumé :

    Marie-Antoinette n'a eu qu'un grand sentiment et peut-être une faiblesse, note la comtesse de Boigne, élevée quasiment sur les genoux de la reine. L'objet de ce sentiment était l'énigmatique et très séduisant comte suédois Axel de Fersen. Alors que Versailles et Stockholm confortaient leur alliance séculaire, cet héritier de la première famille de son pays choisit très tôt, avec l'aval du brillant Gustave III, de servir la France. Cette allégeance ne se démentit jamais. Dès les premières heures de la Révolution, il épousa la cause des souverains français, ses bienfaiteurs, mais échoua à les sauver, ce qui le brisa. 
    Mais qui fut véritablement Fersen, dont le nom suscite encore tant de fantasmes et une éternelle question restée à ce jour sans réponse ? Françoise Wagener, à qui l'ont doit quelques biographies très remarquées sur cette époque,  a choisi de redonner à Fersen sa voix : grâce aux nombreux écrits intimes de son personnage, elle trace de l'intérieur un portrait en pied de celui qu'on disait froid et d'une réserve irritante, mais dont la nature profonde se révèle, au contraire, complexe autant que chaleureuse. Démarche inédite et originale qui permet de mieux évaluer la qualité de la relation, énigmatique elle aussi, de Fersen à la reine de France. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Le nom d'Axel de Fersen restera sans doute à jamais associé, dans l'Histoire, à celui, plus illustre et infortuné, de Marie-Antoinette. S'il fut certes un commensal de la reine et, très certainement, l'unique amour de sa vie, il n'est pas que cela non plus. On s'aperçoit, à la lecture de cette biographie que Fersen est aussi un reflet de son époque, puisqu'il fait partie de ces gentilshommes de l'Ancien Régime dont il est témoin des derniers feux et du déclin.
    Fersen naît au moins de septembre 1755 en Suède. D'ascendances multiples, principalement allemandes par son père et françaises par sa mère, issue de la prestigieuse famille des La Gardie, d'origine languedocienne, Fersen grandit dans une monarchie du Nord, fortement imprégnée par la culture et la langue françaises. Sa famille est depuis longtemps très associée au service de la couronne suédoise mais c'est en France que Fersen va s'accomplir, notamment grâce à l'entremise de la reine, qui ne lui cachera pas longtemps l'inclination qu'elle nourrit pour lui.
    Mais avant d'être le favori de la reine, le colonel du Royal-Suédois et le soutien indéfectible du couple royal pendant les épreuves de la Révolution, Axel fut bien plus que cela. Sans occulter les nombreuses années qu'il passa en France, tant dans l'armée que dans les entours de la reine, car ce serait un contresens, l'auteure s'attache à montrer Fersen au-delà de ça, ce qu'il fut avant et ce qu'il fut après, jusqu'à sa mort tragique qui survient, ironie du sort, un 20 juin.
    Élevé comme n'importe quel enfant noble de l'époque, recevant une bonne éducation et évoluant, de part sa haute naissance, dans les sphères du pouvoir, découvrant l'Europe et se faisant connaître au cours de son fameux Grand Tour, puis militaire de talent, Fersen va s'illustrer durant la Guerre d'Indépendance américaine et se faire remarquer d'une jeune femme bien seule, Marie-Antoinette, reine de France dont la position, si elle est bien plus assurée qu'à son arrivée en France n'en est pas facile pour autant et l'isole. En Fersen, elle trouve une communion des cœurs et expérimente, pour la première fois, la délicieuse sensation que procurent les sentiments partagés.
    Cette liaison de la reine et de Fersen ne cessera sûrement jamais de faire couler de l'encre et certainement que nous n'en saurons jamais le fin mot. L'auteure, habilement, la décrit sans essayer de la prouver. Marie-Antoinette et Fersen furent-ils amants, dans le sens où on l'entend aujourd'hui, c'est-à-dire, leurs relations ont-elles dépassé le stade purement platonique ? Le doute persiste, rien ne peut être ni infirmé ni confirmé. Personnellement, à force de lire et de me documenter sur Marie-Antoinette, j'ai fini par me convaincre que si de réels sentiments ont existé entre eux, sentiments qu'ils se sont avoués, d'ailleurs, ils avaient tous deux trop conscience du rang occupé par la reine et de la fragilité de son influence pour la mettre en danger. Peut-être ont-ils sauté le pas alors qu'il n'y avait plus rien à perdre, au plus fort de la Révolution, après l'échec de Varennes ? Si c'est le cas, peut-on considérer cela comme un faux pas ou comme une dernière preuve d' amour ? Mon côté romantique -eh oui, on ne se refait pas- m'incite à penser que, si tel est le cas, la relation entre la reine et Fersen n'en est que magnifiée... Mon côté pragmatique lui, s'il ne m'a pas empêchée de fantasmer sur Jamie Dornan campant un très sexy comte de Fersen dans le film de Sofia Coppola, en 2006, se refuse à croire que la reine, comme cela est plus ou moins présenté dans le film, se paye un gigolo pour son bon plaisir ! ! 
    L'histoire d'amour entre Marie-Antoinette et Fersen est, à mon sens, l'une des plus belles de l'Histoire. Et n'allez pas me dire que je ne suis pas objective ! Bon, peut-être que je ne le suis pas, c'est vrai. Mais cette relation, pleine de sentiments sincères et partagés, d'entraide et d'abnégation, a quelque chose de romanesque et d'infiniment beau. Fersen n'en entretiendra pas moins des relations plus physiques et plus sensuelles avec d'autres femmes à qui, parfois, il restera d'ailleurs attaché de nombreuses années, mais il ne se départira jamais de sa fidélité envers la reine et en cela, je trouve cette relation amoureuse bien plus belle que beaucoup de romances imaginées de toutes pièces. La fidélité que Fersen conservera envers la reine jusqu'à la fin, l'expression de leurs sentiments mutuels et passionnés, loin de les salir tous deux, au contraire, est admirable et ne nous les fait apparaître que grandis.

    Le jeune et séduisant comte de Fersen, tel que Marie-Antoinette a pu le connaître...


    La manière dont Françoise Wagener décrit la proximité entre Fersen et la reine m'a beaucoup plu, m'a émue aussi, parce que ce sont des sentiments purs et grands que l'auteure nous décrit. Mais j'ai aimé aussi, paradoxalement, qu'elle ne se focalise pas que là-dessus, au contraire. J'ai aimé qu'elle appréhende le personnage de Fersen au sein même d'une époque, qu'elle le replace dans son contexte, qu'au-delà du portrait d'un homme, ce soit aussi le portrait de tout un siècle.
    Après un début qui ne m'a permis de savoir si j'allais aimer ou pas et qui m'a donné un sentiment de rapidité, j'ai eu l'impression de lire un roman et les pages se sont enchaînées sans que je m'en rende compte ! La passionnée, l'amoureuse inconditionnelle du XVIIIeme siècle que je suis, n'a pu que se sentir comblée à la lecture de cette biographie qui est la première que je lis du personnage. Certes, Fersen n'est pas un inconnu mais, comme je le déplore plus haut, il passe souvent en seconde position, sans qu'une réelle place lui soit faite. Lire cette biographie m'a permis de nuancer mes connaissances, de les enrichir, d'appréhender Fersen dans son existence suedoise comme française. J'ai lu cette biographie comme un roman, vraiment. La politique de l'époque y est présente, c'est difficile de faire autrement mais elle ne prend pas le pas sur le portrait plus intime du personnage et c'est vraiment ce que j'ai apprécié. Je ne connaissais pas Françoise Wagener avant de lire ce livre mais il est certain que j'ai aimé son approche franche et chaleureuse, qui n'hésite pas, parfois, à utiliser des références contemporaines, ce qui m'a surprise, fait sourire parfois, mais sans me gêner pour autant.
    Vous l'aurez compris, cette biographie est un incontournable, je pense, pour tous les amoureux du XVIIIème siècle : à mon sens, elle est tout à fait propice pour la découverte du personnage, avant d'aller plus loin. Ma copinaute de lecture, Natacha, passionnée elle aussi par cette époque, m'a souvent parlé d'une autre biographie de qualité, écrite par un auteur suédois et difficile à trouver qui est, paraît-il, un must. Je n'ai pas eu la chance de lire celle-ci mais je trouve que l'ouvrage de Françoise Wagener est déjà une bonne introduction, un bon moyen de connaître Fersen autrement que comme favori de la reine de France. C'est effectivement à ce pan de sa vie qu'on pense en premier quand on évoque Fersen et certes, ce n'est pas le moindre, mais il n'est pas que ça. J'ai aimé que l'auteure s'attarde sur les années d'apprentissage, très importantes à l'époque pour les garçons de la noblesse. J'ai aimé découvrir aussi les années d'après la Révolution, quand Fersen, vieilli et usé par les épreuves et les deuils des premières années de la décennie 1790, revient en Suède se mettre au service de Gustave IV Adolphe, le fils de son ami, l'extravagant toi Gustave III. Je connaissais déjà sa fin tragique survenue ironiquement un 20 juin, date anniversaire de l'échec de la fuite à Varennes dont Fersen, en tant qu'instigateur, portera le poids toute sa vie. Il fut un héros jusqu'au bout et l'auteure parvient vraiment à nous le rendre palpable, à nous le faire comprendre. Un peu de son mystère s'est envolé, sans que le voile ne se lève totalement : la question de ses relations avec Marie-Antoinette perdurera toujours, par exemple et l'absence de sources sûres nous empêche de nous prononcer réellement. Chacun peut penser ce qu'il veut. Fersen reste un personnage complexe et fascinant, qui ne cessera sûrement jamais d'intéresser. Et quand des auteurs lui rendent sa vraie place, on ne peut alors que louer leur travail

    Jamie Dornan et Kristen Dunst dans le film de Sofia Coppola (2006)

    En Bref :

    Les + : une biographie intéressante, pas trop longue, une bonne introduction avant d'aller vers quelque chose de plus important, peut-être...
    Les - : un style que je n'ai pas réussi à apprécier au départ puis qui a su me séduire par sa chaleur, donc rien de grave ! 

     

     


    8 commentaires
  • INTERMEDE XXII

     

    La mort de Charles IV le Bel, en 1238, sans héritier mâle, mit fin à plusieurs siècles de succession sans anicroches : tous les rois Capétiens, jusqu'aux trois fils de Philippe le Bel, eurent un fils pour leur succéder. Retour sur les trois derniers règnes de la dynastie, dans lesquels Maurice Druon trouvera matière à sa formidable saga historique, Les Rois Maudits

     

    I. Louis X (1289-1316)

    Louis est le fils aîné du roi Philippe IV et de son épouse, Jeanne de Champagne, par ailleurs reine de Navarre. Il voit le jour le 4 octobre 1289 à Paris. Par son père, il est arrière-petit-fils de saint Louis et, par sa mère, il devint héritier du trône de Navarre et hérita de cette couronne en 1305, à la mort de la reine. A sa naissance, ses parents sont unis depuis cinq ans et, même si le couple ne se manifeste pas d'amour conjugal passionné, il s'estime. Philippe et sa reine forment un couple solide. Par la suite, ils auront plusieurs autres enfants, dont deux fils, qui régneront à la suite de Louis et une fille, la célèbre -et très belle- Isabelle, qui deviendra reine d'Angleterre.
    Mais revenons-en à Louis. Il devint donc roi de Navarre avant même d'hériter de la couronne de France, puisque sa mère mourut bien avant son père. Le royaume était alors administré par un gouverneur nommé directement par la couronne de France et Philippe le Bel, qui maintenant ses fils sous sa férule, n'autorisa Louis à se rendre dans son royaume qu'en 1307, deux ans après la mort de la reine, pour se faire reconnaître et couronner par les Cortes, l'assemblée des nobles navarrais. Il s'y rendit avec sa jeune épouse, la séduisante Marguerite de Bourgogne, d'un an sa cadette, fille de Robert II, duc de Bourgogne et petite-fille de saint Louis par sa mère, Agnès de France. Il l'avait épousée l'année même de la mort de sa mère, Jeanne de Navarre, en 1305, le 23 septembre précisément. L'union fut couronnée par une seule naissance, celle d'une fille, Marguerite, née en 1311.
    A partir de 1307, le règne de son père Philippe le Bel fut terni par le procès inique mené contre les Templiers. En 1314, après être revenus sur leurs aveux, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, respectivement Grand Maître et précepteur de l'Ordre du Temple, furent déclarés relaps. Le 18 mars 1318, sur l'île aux Juifs, non loin de la Cité, les deux hommes sont brûlés vifs en présence du roi et de ses fils ainsi que de nombreux courtisans. C'est à cette occasion que Jacques de Molay aurait lancé sa célèbre malédiction envers le pape et les Capétiens. Légende ou pas, il s'avère que Clément V mourut un mois seulement après le bûcher de l'île aux Juifs et, en novembre de cette même année, le roi Philippe le Bel, connu pour sa bonne santé, fut emporté par une congestion cérébrale, survenue après une partie de chasse. Il meurt le 29 novembre 1314 au château de Fontainebleu, lieu de sa naissance. Il avait quarante-six ans et c'est son fils, Louis, déjà roi de Navarre, qui monte sur le trône. Il a alors vingt-cinq ans et ne présente absolument pas les mêmes capacités que son père, roi inflexible mais infiniment doué pour la politique. Louis sera surnommé le Hutin, ce qui signifie querelleur et souligne bien son caractère emporté.
    Lorsqu'il monte sur le trône, il y monte seul, sans reine à ses côtés. Pourtant, neuf ans plus tôt, il avait épousé la sensuelle Marguerite de Bourgogne. Que s'est-il passé ? Entre temps, a eu lieu ce qui est resté dans l'Histoire sous le nom d'affaire des brus du roi ou encore, affaire de la Tour de Nesle. Les trois fils du roi avaient épousé des princesses de Bourgogne : Louis avait donc reçu comme épouse l'une des filles du duc Robert II, tandis que ses frères, Philippe et Charles épousaient deux sœurs, Jeanne et Blanche, filles d'Othon IV de Bourgogne et de la célèbre Mahaut d'Artois. Tout d'abord, les brus du roi, par leur jeunesse et leur gaieté, firent les bonheurs du roi Philippe IV le Bel, qui leur vouait à toutes trois une véritable tendresse. Mal aimées de leurs époux, Marguerite et Blanche prirent des amants : il s'agissait de deux frères, Philippe et Gautier d'Aunay.
    Il semble que leur aventure ait peu duré avant qu'elle ne soit éventée, début 1314. La belle et froide Isabelle, fille de Philippe le Bel -au demeurant celle de ses enfants qui lui ressemblait le plus-, vint en visite en France accompagnée de son époux, le roi d'Angleterre Edouard II. Très observatrice, la reine d'Angleterre se rend bien vite compte, lors des réjouissances données par son père, que deux chevaliers portent ostensiblement à leur ceinture des aumônières en tous points semblables à celles qu'elle-même, Isabelle, avait offert à ses belles-sœurs quelques temps plus tôt. Elle s'en ouvre aussitôt à son père, qui décide de sévir, sans aucune pitié. Après avoir été torturés, les deux frères avouent avoir eu des relations adultères avec Marguerite et Blanche. Les deux princesses, jugées, sont tondues, vêtues de bure et jetées dans un cachot froid et humide de Château-Gaillard. La dernière bru, Jeanne de Bourgogne, épouse du fils cadet Philippe, comte de Poitiers, reçoit un traitement plus clément car elle n'a pas été convaincue d'adultère : elle a seulement aidé sa sœur et sa cousine à rencontrer leurs amants. Elle sera enfermée au château de Dourdan, non loin de Paris et, quelques temps plus tard, Philippe la reprendra auprès de lui. Malgré un exercice de la justice sans pitié, les fils du roi se trouvèrent humiliés et exposés à la honte d'avoir été cocus.
    Lorsque Louis devient roi, quelques mois plus tard, Marguerite est toujours vivante au fond de sa prison normande et elle devient en quelque sorte la nouvelle reine de France. Son unique fille, Jeanne, ayant été décrété bâtarde après la découverte de l'infidélité de sa mère, le roi se trouve dans une position précaire, sans héritier mâle direct. S'il venait à mourir, la couronne passerait à son frère et ce serait la première fois depuis bien longtemps que la couronne des Capétiens ne serait pas transmise en ligne directe, d'un père à un fils. Mais la présence de Marguerite, bien vivante, empêche Louis X de convoler, sous peine de devenir bigame et, de plus, le pape Clément V étant mort en avril, les cardinaux n'avaient pas encore trouvé de terrain d'attente et la vacance du trône de Saint-Pierre empêchait une annulation du mariage de Louis et Marguerite. De plus, cette dernière, malgré son emprisonnement, ne semblait pas vouloir céder et s'accrochait à son titre bien dérisoire de reine de France.
    Finalement, on n'eut pas besoin d'attendre l'avènement d'un nouveau pontife -Jean XXII ne serait élu qu'en 1316-, car Marguerite de Bourgogne eut la bonne idée de mourir dans sa cellule de Château-Gaillard. Il semble qu'elle soit morte de mort naturelle malgré son âge relativement jeune -25 ans- mais on parla bien vite d'assassinat, thèse reprise par Maurice Druon dans sa magistrale saga Les Rois Maudits : ainsi, on aurait assassiné Marguerite afin que Louis X puisse convoler de nouveau.
    Le 19 août 1315, Louis X se remarie avec la douce Clémence de Hongrie, reine éphémère qui laissa peu de souvenirs. La jeune femme était âgée, cette année-là, de vingt-deux ans, elle avait quatre ans de moins que le roi. C'est Hugues de Bouville, grand chambellan de Philippe IV et resté au service de Louis X, qui se chargea d'aller à Naples, où vivait la princesse, auprès de sa grand-mère Marie de Hongrie, pour négocier le mariage. Par son père, Charles-Martel de Hongrie, né d'Anjou, Clémence était une cousine de Louis X, puisque son arrière-grand-père était le fils du roi Louis VIII et un frère du roi saint Louis, propre arrière-grand-père de Louis. Ce mariage aussi sera peu fécond puisque Clémence ne tombera enceinte qu'une fois, en 1316 et donnera naissance à un fils posthume en novembre de cette même année, le célèbre Jean Ier qui ne vécut que cinq jours. On ne connaît qu'un bâtard à Louis X, une fille, Eudeline, née d'une relation du roi avec une lingère du palais. L'enfant devint religieuse à Paris.
    En ce qui concerne le règne de Louis X, il fut relativement court, ne durant que deux ans à peine. Il dut faire face à des révoltes, provoquées par la politique inflexible de Philippe IV et dut affronter les grands barons du royaume, à commencer par son propre oncle, Charles de Valois, qu'il réussit finalement à calmer en faisant des concessions et en tergiversant. Le roi était isolé au milieu de son conseil, ce qui le poussa à rechercher l'appui de ses deux frères, Philippe de Poitiers et Charles de la Marche. Fin politique, Philippe de Poitiers ne s'allia pas pour rien avec son frère et lui arracha la possession de la Franche-Comté, région dont Philippe IV avait racheté les droits à Othon IV de Bourgogne, père de Jeanne et Blanche. Philippe de Poitiers monnaya son appui à son frère en exigeant que son épouse Jeanne puisse transmettre la Franche-Comté à leur fille aînée, en plus de l'Artois, qu'elle hériterait de sa propre mère, Mahaut. Ainsi, cette région-charnière sortait du giron de la France.
    Louis X passa son règne à négocier et à calmer le jeu avec les grands barons et les nobles mécontents, qui étaient, une fois n'est pas coutume, soutenus par le peuple révolté contre les impôts trop lourds à supporter. Plusieurs anciens conseillers du roi Philippe IV furent les malheureuses victimes de cette ligue menée contre le pouvoir : Enguerrand de Marigny fut pendu au gibet de Monfaucon tandis que Raoul de Presles et Pierre de Latilly furent mis à la torture. Pendant ses deux années de règne, la monarchie connut un net recul, le roi se montra totalement incapable de faire preuve de fermeté et d'autorité. Il n'avait absolument rien de commun avec son père et se laissa submerger par les revendications de sa noblesse mécontente, qui alla jusqu'à revendiquer de battre sa propre monnaie. Les quelques offensives militaires qu'il mena se terminèrent en fiasco : il perdit contre les Flamands et l'expédition se termina piteusement en s'enlisant dans la Lys en crue.
    A l'été 1316, Louis X se trouvait à Vincennes, où il disputa une partie de paume, alors qu'il faisait très chaud. Le jeu terminé, il but du vin glacé alors qu'il était en sueur. Se sentant mal peu après, pris de fièvre, il mourut quelques temps plus tard, laissant un pays sans descendance et une reine enceinte. Il meurt le 5 juin 1316 et son corps sera enterré à Saint-Denis, la nécropole royale. Sa femme accoucha d'un fils posthume, le 14 novembre 1316 et il fut prénommé Jean. Dans la foulée, il devint le roi Jean Ier de France mais mourut cinq jours plus tard. Philippe, frère cadet de Louis X, devint roi sous le nom de Philippe V le Long.

    II. Philippe V (1293-1322)

    Né en 1292 ou 1293 -la date n'est pas sûre-, Philippe est le second fils né de l'union du roi de France Philippe IV et de son épouse, Jeanne de Navarre. A priori, il n'était pas destiné à régner, ayant un frère aîné héritier du trône, en la personne de Louis, né trois ou quatre ans avant de lui. C'est pourquoi Philippe reçut de son père, en apanage, le comté de Poitiers.
    On ne connaît que peu de choses sur l'enfance du futur roi. Il fut marié très jeune, à l'âge de quatorze ans, à la jeune Jeanne de Bourgogne, qui avait, elle, en avait seize. Jeanne était la fille de la célèbre comtesse d'Artois Mathilde, plus connue sous le nom de Mahaut et de son époux, Othon IV. En 1315, elle devint comtesse de Bourgogne, sous le nom de Jeanne II et, après la mort de sa mère, Mahaut, comtesse d'Artois, de 1329 à sa propre mort, en 1330. Grâce à ce mariage, politique, elle apportait au fils cadet du roi de France, un contrôle non négligeable sur les terres dont elle était l'héritière. Leur mariage fut fécond, malheureusement, il ne leur naquit que quatre filles qui vécurent, tandis que leur unique fils, Philippe, qui vit le jour en 1316, mourut un an plus tard. Après le scandale de la Tour de Nesle, Marguerite et Blanche, les épouses de ses frères, furent convaincues d'adultère et enfermées toutes deux, après avoir été jugées et tondues, au Château-Gaillard, ancienne forteresse normande édifiée au XIIème siècle par Richard Cœur-de-Lion. Il s'avéra que l'épouse de Philippe, complice car elle avait fermé les yeux sur les relations de ses sœur et cousine, n'avait pas elle-même commis l'adultère, elle fut seulement enfermée dans le château de Dourdan, non loin de Paris. Tandis que Marguerite mourait et que Blanche était répudiée, Philippe, lui, choisit de reprendre son épouse auprès de lui.
    Relativement rusé et possédant une intelligence politique certaine, à la différence de son aîné, Philippe va tout mettre en oeuvre, après la mort de son père et l'accession de son frère Louis au trône, pour assurer l'avenir de ses enfants. Alors que les grands du royaume, menés notamment par leur oncle, Charles de Valois, se sont révoltés contre Louis X, le comte de Poitiers lui promet son soutien contre eux en échange de la révocation du testament de leur père, le roi Philippe, qui stipulait le rattachement de la Franche-Comté au domaine royal. Or, cette région des marches de l'est avait pour usufruitière...Jeanne de Bourgogne, la propre épouse de Philippe. Dans son testament, le roi de fer avait bien affirmé que, en l'absence d'héritiers mâles dans le couple formé par le comte de Poitiers et son épouse, la Franche-Comté reviendrait au royaume, comme c'était l'usage depuis Philippe-Auguste. Et Philippe et Jeanne n'avaient pas de fils. Mais le comte considérait comme une urgence de doter correctement ses quatre filles, s'il voulait les marier avantageusement. Finalement, le Parlement contourna les dernières volontés de Philippe le Bel et le rusé comte de Poitiers obtint que son épouse recouvre l'héritage de la Franche-Comté.
    En juin 1316, Louis X meurt subitement, à Vincennes, à la suite d'une partie de paume. Il n'a pas de fils. De son premier mariage, avec la scandaleuse Marguerite de Bourgogne, il ne lui est né qu'une fille, Jeanne, sur laquelle pèsent des soupçons de bâtardise depuis sa mère a été convaincue d'adultère. Mais la seconde épouse du roi défunt, Clémence de Hongrie, est enceinte de quelques mois, lorsqu'elle se retrouve veuve et la naissance est prévue pour le mois de novembre. Si la reine accouche d'un fils, alors il sera proclamé roi. En conséquence de quoi, l'ambitieux comte de Poitiers n'accède pas à la couronne, mais seulement à la régence, en attendant que la reine veuve ne soit délivrée. Finalement, la naissance se passe bien et c'est un petit garçon bien vivant qui vient au monde. Baptisé aussitôt, l'enfant est nommé Jean et accède immédiatement à la royauté sous le nom de Jean Ier. Mais ne pouvant, on s'en doute bien, assurer le pouvoir, l'enfant va avoir besoin d'un régent pour exercer le pouvoir durant sa majorité. Mais, coup de théâtre, après seulement cinq jours de vie, le petit garçon meurt. Philippe, qui se préparait à devenir régent, se retrouve soudainement le plus proche candidat au trône, le feu roi n'ayant plus de descendant. C'est donc son frère cadet qui va ceindre la couronne, sous le nom de Philippe V. Désormais, il est le nouveau roi de France et il est sacré et couronné comme tel au début de l'année suivante, au mois de janvier 1317, à Reims, par l'archevêque Robert de Courtenay. Peu après, les Etats Généraux sont convoqués, destinés à affirmer et à approuver fermement son avènement, en dépit de l'opposition affichée de Charles de la Marche, son propre frère, appuyé en cela par les grands barons du royaume mais aussi par la duchesse Agnès de Bourgogne, petite-fille de saint Louis mais surtout, grand-mère de la petite Jeanne, fille de Louis X et de Marguerite et qui protège les droits de l'enfant. Par une prouesse juridique assez exceptionnelle, le roi Philippe réussit à détourner en sa faveur une ancienne coutume remontant à l'époque des Francs et dont il isole un seul article, l'extirpant complètement de son contexte, pour écarter sa nièce du trône et, par voie de conséquence, toutes les filles. Il estimait que sa nièce, dont la filiation n'était pas assurée, ne pouvait accéder au trône -les historiens se sont rendus compte, par la suite, que la future reine de Navarre était finalement bien la fille de Louis X, la liaison de sa mère avec le chevalier d'Aunay n'ayant commencé qu'après sa naissance- il argua également que, au vu des générations, il était plus proche qu'elle de saint Louis et il en profita également pour écarter tous les prétendants au trône descendant des femmes. Philippe ne sait alors pas qu'il se condamne lui-même, en quelque sorte, car l'unique fils né de son union avec la reine Jeanne, ne vivra qu'un an et, à sa mort, après six ans de règne, il n'avait, lui non plus, aucun héritier mâle pour lui succéder.
    Dès son avènement, le roi Philippe sait qu'il va devoir défendre sa couronne et s'opposer, pour cela, aux grands féodaux révoltés, dont son oncle, Charles de Valois, frère du feu roi Philippe IV, est l'un des plus virulents. Par un habile jeu politique, le roi Philippe parvient à se rallier Eudes IV de Bourgogne, frère mécontent de feue la reine Marguerite, par conséquent, oncle de la petite Jeanne, écartée du trône, en lui promettant la main de sa fille aînée, Jeanne, né en 1308, qui serait dotée de l'héritage de la Franche-Comté mais aussi de l'Artois.
    Philippe V ne savait pas alors que, l'application méthodique qu'il avait mise à amputer le domaine royal de régions importantes, dans le seul souci de doter convenablement ses filles, allait amener, faute de descendants mâles, la Bourgogne, mais aussi l'Artois et la Franche-Comté à sortir complètement du royaume de France pour intégrer, par le jeu des mariages, un empire qui n'en était alors qu'au stade embryonnaire mais connaîtrait une expansion fulgurante dans les siècles suivante : l'Empire des Habsbourgs, qui donnerait bien du fil à retordre aux successeurs de Philippe, notamment à François Ier, au XVIème siècle.
    En 1318, Philippe V réaffirme l'alliance avec le royaume d'Ecosse et, en 1320, il mène une campagne en Flandre, contre le comte Robert III, qui s'était révolté. Défait, celui-ci lui rendra finalement hommage en mai 1320. Bon stratège et fin politique, le roi Philippe, que l'on surnomma bien vite le Long, en raison de sa grande taille, parvint à vaincre les oppositions qui ne manquaient pas de naître et de faire vaciller sa position. Il parvint aussi, ce que ses deux précédesseurs n'avaient pas réussi, à résoudre les problèmes posés par la Flandre par la diplomatie : c'est la paix du 2 juin 1320, signée avec le comte Robert III.
    En ce qui concerne la politique intérieure, Philippe V s'attache à confirmer les chartes provinciales et centralise les différentes institutions du royaume afin de les rendre plus efficaces. Il va également imposer l'utilisation d'une monnaie unique, sur l'ensemble du territoire royal et ce, malgré l'opposition des seigneurs du Sud, indépendants par nature. Il va également tenter de normaliser les poids et les mesures car, à l'époque, toutes les villes avaient leur propre système de mesures. En 1320, la ville flamande de Tournai est rattachée à la couronne de France. Perdue en 1713 par Louis XIV, la ville sera ensuite de nouveau rattachée à la France sous Napoléon Ier.
    Le Trésor est réorganisé sous son règne et le roi Philippe en confie la direction à Henri de Sully, par ailleurs grand bouteiller de France. En janvier 1320, par l'ordonnance de Vivier-en-Brie, il crée la Chambre des Comptes, qui sera appelée par la suite Cour des Comptes et les deux administrations sont placées, durant toute la durée de son règne, sous l'égide d'Henri de Sully. L'un des trésoriers, particulièrement impopulaire, Giraud Gayte, sera une victime privilégiée dans les purges qui éclatèrent après la mort du roi, en 1322. En 1320, toujours, il reçoit à Amiens, l'hommage de son beau-frère, le roi Edouard II d'Angleterre, époux de sa soeur cadette Isabelle, pour le duché de Guyenne, plus importante possession anglaise sur le continent, mais aussi pour le comté de Ponthieu et la ville de Montreuil.
    Philippe V dut également faire face aux révolte des Pastoureaux, des jeunes gens, qui après un pèlerinage au Mont-Saint-Michel furent convaincus, par un bénédictin apostat et un prêtre interdit, de prendre les armes et de se rendre en Terre Sainte, pour aller combattre les Infidèles. Ils entrent dans Paris en mai 1320 et sont excommuniés dans la foulée par le pape Jean XXII. Bandes de plus en plus incontrôlables, les Pastoureaux se mettent à piller et à saccager les régions qu'ils traversent. L'armée royale, qui les attend à Carcassonne, dans le Languedoc, les défait au mois de juin.
    Philippe V se rendit également coupable, peut-être par ignorance et superstition, d'une répression particulièrement cruelle envers les lépreux, dans le but, pensait-il, d'éradiquer cette maladie qui était un véritable fléau en son temps. En 1321, le roi tombe malade. Il vivra encore cinq mois avant de mourir, dans la nuit du 2 au 3 janvier 1322. Il rend son âme à Dieu à l'abbaye de Longchamp, à Paris, dans sa vingt-neuvième année. N'ayant pas d'hériter mâle et, ayant lui-même -certainement sans y penser- écarté ses propres filles de la succession, en promulguant la loi salique, Philippe V abandonne, en mourant, sa couronne à son frère puîné, le jeune Charles de la Marche, devenu Charles IV. Il est inhumé à Saint-Denis, comme tous ses prédécesseurs.

    III. Charles IV le Bel (1294-1328)

    Charles, souvent surnommé le Bel, à l'instar de son père, Philippe IV, voit le jour le 15 juin1294 au château de Creil, dans le département actuel de l'Oise. Il est le troisième fils de Philippe le Bel et de son épouse, Jeanne Ière de Navarre. Il voit le jour après deux frères, Louis, né en 1289, destiné au trône, Philippe, né en 1293. Une soeur, Isabelle, la future reine d'Angleterre, viendra au monde un an plus tard, en 1295.
    On ne sait que peu de choses de l'enfance du puîné des fils de Philippe le Bel, hormis le fait, bien sûr, qu'il n'était pas destiné à monter sur le trône. Il semble qu'il ait passé la majorité de ses jeunes années au palais royal de la Cité, à Paris. Bel enfant mais peu intelligent, il aurait été surnommé ironiquement « l'oison » par sa mère, Jeanne de Navarre.
    En 1307 -il est âgé de treize ans- Charles reçoit en apanage le comté de Bigorre, racheté peu avant par son père. Cette même année ou l'année suivante, le jeune adolescent est marié à la petite Blanche de Bourgogne, soeur de Jeanne, épouse de Philippe, son frère aîné et fille d'Othon IV de Bourgogne et de la fameuse Mathilde, comtesse d'Artois, plus connue sous le nom de Mahaut. Blanche a à peine douze ans au moment de son mariage avec le jeune Charles. Le mariage ne sera pas consommé tout de suite. Déclarés nubiles en 1310, Blanche et Charles sont autorisés à vivre conjointement dans un appartement de la Tour de Nesle.
    Sept ans plus tard, la jeune Blanche est reconnue, ainsi que sa cousine, la flamboyante Marguerite de Bourgogne, coupable d'adultère. Les deux jeunes femmes, vraisemblablement peu heureuses en mariage -c'était le lot de bien des épouses à l'époque- se sont distraites avec des écuyers normands de la suite du comte de Poitiers, les frères d'Aunay, Philippe et Gautier et leur ont offert leurs faveurs. Démasquées par leur belle-soeur, Isabelle de France, mariée au roi Edouard II et qui avait offert aux jeunes femmes des aumônières qui se retrouvèrent subitement suspendues à la ceinture des deux écuyers, les brus du rois sont sommées de s'expliquer tandis que les deux frères sont soumis à la question avant d'être exécutés. Cette affaire scandaleuse restera dans les annales sous le nom d'« affaire de la tour de Nesle ». Si la femme de Philippe de Poitiers n'est reconnue que complice, Marguerite et Blanche, elles, sont convaincues d'adultère. Jeanne ne sera qu'enfermée à Dourdan, non loin de Paris, tandis que les deux cousines, tondues et vêtues de grossières hardes après avoir été jugées comme il se doit, sont enfermées en Normandie, dans la sinistre forteresse de Château-Gaillard, construite au XIIème siècle par Richard Coeur-de-Lion. Cependant, les deux frères, Louis et Charles, ne sont pas déliés de leurs engagements envers leurs épouses captives et ne peuvent, en conséquences, pas se remarier.
    Pendant le règne de son père, Charles ne suit que de loin la conduite des affaires du royaume, étant donné qu'il n'est pas destiné à monter sur le trône. Ce ne sera que dans les dernières années du règne paternel qu'il apparaîtra finalement au Conseil royal avec ses deux autres frères. En août 1314, le jeune homme, âgé de vingt ans, connaît son baptême du feu en participant à la campagne de Flandre et, le 20 de ce même mois il parvient, avec ses troupes, à libérer la cité de Tournai, assiégée par les troupe du comte de Flandre.
    Au mois de novembre 1314, coup de théâtre. Le roi Philippe le Bel, jusqu'ici bien portant, fait une chute lors d'une partie de chasse et décède, au château de Fontainebleau, où il était né, quarante-six ans plus tôt. Dans ses derniers jours, il accorde à son puîné le comté de La Marche, bien plus prestigieux que le médiocre apanage de Bigorre qui, sans doute, n'a pas laissé de décevoir son destinataire. Pour autant, Charles ne reçoit pas, avec La Marche, le comté d'Angoulême, qui faisait partie, également de l'héritage d'Hugues XIII de Lusignan, récupéré au profit de la couronne en 1308.
    Pendant l'éphémère règne de son frère Louis -deux ans-, Charles ne joue pas un rôle important. Mais, après la mort du roi, le 5 juin 1316, une crise de succession, jamais connue depuis l'avènement des Capétiens, s'annonce. Le roi n'a en effet pas d'héritier en âge de lui succéder et l'espoir de la France se fonde sur une reine veuve et enceinte de quelques mois, Clémence de Hongrie. Dans le cas où la seconde épouse de Louis X donnerait naissance à une fille, de nombreux grands barons du royaume aimeraient voir monter sur le trône l'enfant née de l'union de Louis avec Marguerite de Bourgogne : la petite Jeanne, sur laquelle pèse un soupçon de bâtardise après la découverte de l'adultère de sa mère.
    Mais, à l'été 1316, après la mort de Louis X, la question la plus urgente concerne la régence qu'il va falloir mettre en place afin que le royaume ne connaisse aucune vacance de pouvoir. Philippe, le comte de Poitiers, frère de Charles et Charles de Valois, leur oncle, s'affrontent, s'estimant chacun le plus légitime pour assurer la régence du royaume pendant la grossesse de la reine et la minorité du petit roi si toutefois la reine Clémence donne naissance à un enfant mâle. Charles de Valois, en plus d'être l'aîné de la famille royale, revendique son exercice réel du pouvoir sous le règne de Louis X. Il semble que Charles de La Marche penche nettement pour lui et non pour son frère aîné. Selon une chronique, les deux Charles se seraient alliés pour bloquer l'accès au palais de la Cité à Philippe de Poitiers. Le connétable, Gaucher de Châtillon, aurait dû employer la manière forte afin de lui permettre d'y entrer et de prendre le pouvoir. Finalement, Charles, fils de France mais sans véritables titre ou responsabilités, se rallie, de très mauvaise grâce, au gouvernement de son frère.
    Le 15 novembre 1316, la reine Clémence met au monde un fils, prénommé Jean et qui devient tout de suite le petit roi Jean Ier de France. Baptisé aussitôt, l'enfant, malheureusement, meurt au bout de cinq jours de vie, ce qui lui vaudra le surnom de « roi des cinq jours ». Rejetant les prétentions de sa nièce Jeanne, notamment soutenue par Eudes IV de Bourgogne, son oncle, le comte de Poitiers se proclame roi de France sous le nom de Philippe V. Charles de La Marche s'oppose à son frère et se pose en soutien de sa nièce. Avec sa belle-mère, Mahaut, le prince n'hésite d'ailleurs pas à faire courir des bruits médisants sur son frère, l'accusant notamment d'avoir donné la mort au fils posthume de Louis X afin de lui ravir la couronne. En 1317, Charles fait même un scandale à Reims, où son frère va être couronné roi et quitte la ville pour ne pas avoir à assister au sacre. Allié à Eudes de Bourgogne, oncle maternel de la petite Jeanne, il est désormais de toutes les oppositions envers Philippe V et soutient plus que jamais les prétentions de la malheureuse petite Jeanne. Afin de se rallier son frère, sur les conseils du pape Jean XXII, le roi Philippe V décide de le confirmer dans ses droits sur La Marche, devenu un duché-pairie en 1317. La Marche est un comté relativement étendu du centre-ouest de la France, englobant une partie de la région Limousin -Haute-Vienne et Creuse- et une partie de la région Centre -Indre- ainsi qu'une petite partie de la Charente actuelles. A partir de ce moment-là, Charles de La Marche se montre bien plus conciliant et il abandonne alors sa nièce, affirmant son soutien au fils de son frère Philipe V. Finalement, après une dernière brouille en juin 1317, Charles de La Marche cesse de mettre des bâtons dans les roues de son frère. Cependant, avec son oncle Charles de Valois, dont il est resté proche malgré tout, il est tenu relativement écarté des affaires, sans pour autant être disgracié. Cette même année 1317, le petit prince héritier, fils de Philippe V et de la reine Jeanne de Bourgogne meurt, après seulement un an à peine de vie -il était né en 1316. La mort de son jeune neveu propulse Charles à la place d'héritier présomptif de la couronne de France, en tant que plus proche parent du roi. Ce nouveau rôle le pousse donc encore plus à la modération. Fin 1321, Philippe V est malade, il semble que la maladie qui le ronge va l'emporter et fait donc espérer à Charles un avènement proche.
    Le 3 janvier 1322, à Longchamp, le roi Philippe V expire, sans avoir donné de fils à la France. Cette fois, Charles de La Marche se moque bien des hypothétiques droits de ses nièces, la petite Jeanne mais aussi les filles vivantes de son frère défunt, nées de Jeanne de Bourgogne. Charles devient Charles IV de France et, contrairement à la prise pouvoir mouvementée de son frère, en 1316, son accession au trône ne soulève aucune contestation. Le 21 février 1322, Charles est couronné roi à Reims par l'archevêque Robert de Courtenay. En tant qu'héritier de sa mère, Jeanne de Navarre, il accole à son titre de roi de France celui de roi de Navarre.
    Dès sa prise de fonction, le roi Charles s'attelle à remettre de l'ordre dans les finances royales, mises à mal par le règne précédent et punit d'ailleurs sévèrement les banquiers lombards qui s'étaient rendus coupables de toutes sortes d'exactions. Il traite avec la même rigueur les juges et seigneurs peu honnêtes qui avait accaparé les biens des particuliers. Le surintendant des finances du roi Philippe, Girard de la Guette est disgrâcié et arrêté. Accusé d'avoir détourné plus d'un million de livres, il est remplacé par Pierre Rémi, trésorier, qui sera lui-même pendu sous le règne suivant. A la chancellerie, le roi Charles nomme son ancien chancelier pour le comté de La Marche, Pierre Rodier.
    Son accession au trône permet également à son oncle et parrain, Charles de Valois, de retrouver une place importante ainsi qu'un pouvoir certain, alors qu'il avait dû s'effacer sous le règne de Philippe, avec qui il était en opposition ouverte. Le comte de Valois fait ainsi entrer dans le gouvernement des hommes à lui, comme le trésorier Jean Billouart, par exemple ou bien encore, Jean de Cherchemont, qui remplacera Pierre Rodier en 1323. Parmi les autres conseillers du roi Charles, on peut citer Guillaume de la Brosse ou encore, Raoul de Presles qui avaient également servi, en son temps, le père du roi, Philippe IV le Bel.
    En 1324, le roi effectue un long voyage en Languedoc ce qui lui permet d'acquérir une certaine popularité dans le peuple. Cependant, les pratiques financières douteuses finiront par éroder cette popularité importante..
    Au début de son règne, Charles n'est plus marié à Blanche de Bourgogne. En effet, sur les instances de Philippe V, le pape Jean XXII annule son union, pour cause de consanguinité : en effet, Mahaut d'Artois, mère de son épouse, était aussi sa propre marraine. Le 21 septembre 1322, le roi Charles, fraîchement couronné prend pour épouse, à Provins, la jeune Marie de Luxembourg, qui lui donnera une fille, qui ne vivra pas. En 1324, le 21 mars, lors d'un voyage en Berry, la voiture de la reine verse provoquant sa mort et celle de l'enfant qu'elle attendait. La situation devient critique pour Charles, qui n'a pas d'héritier. Le 13 juillet 1325, il se remarie donc, pour la troisième fois et épouse cette fois sa cousine, Jeanne d'Evreux. Jeanne était la fille de Louis d'Evreux, frère de Philippe IV. En 1326, la reine donne naissance à une fille, Jeanne puis à une autre fille, Marie, en 1327. Elle est de nouveau enceinte lorsque le roi Charles décède, en février 1328. A nouveau, comme au moment de la mort de Louis X, on attend avec angoisse la délivrance de la reine pour savoir si la lignée des Capétiens directs conservera ou non la couronne de France. Le 1er avril 1328, c'est une fille, Blanche, qui naît. Elle vivra et épousera notamment, en 1345, le duc d'Orléans, Philippe, fils du roi Philippe VI.
    En 1327, le roi tombe malade et, à la Noël de cette même année, il doit s'aliter. Selon le chroniqueur Jean Lebel, le roi mourant aurait souhaité que son cousin, Philippe de Valois devienne le régent de France, si la reine donnait naissance à un garçon. Toutefois, il est le seul à rapporter ce fait. Si c'est une fille qui naît, alors son cousin germain, fils de Charles de Valois, accéderait au trône -c'est ce qui va se passer. Mais il semble cependant que la question de la succession du roi Charles ne sera véritablement tranchée qu'après sa mort. Le roi s'éteint finalement le 1er février 1328, alors que la reine est enceinte de sept mois, laissant le pays dans l'expectative, raccroché à la perspective de la naissance d'un futur roi. En Angleterre, le jeune roi Edouard III, fils d'Isabelle, soeur de Charles, revendique la couronne de France. Peu de temps après, éclatera le conflit le plus sanglant en cette fin de Moyen Âge, conflit franco-anglais qui durera 116 ans et restera dans les annales sous le nom de Guerre de Cent Ans.

    Les trois fils de Philippe le Bel (de gauche à droite, Charles, Philippe et Louis) dans le téléfilm Les Rois Maudits, de Josée Dayan (2005)

    © Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.

    Pour en savoir plus : 

    - Louis X, fils de Philippe IV le Bel, Ivan Gobry. Biographie. 
    - Philippe V, frère de Louis X, Ivan Gobry. Biographie. 
    - Les Capétiens, 987-1328, François Menant. Essai. 
    - Les Rois Maudits, Maurice Druon. Saga romanesque. 


    votre commentaire
  • « Il n'avait pas payé le prix du sang, de son sang, et n'attendait plus ni repos ni pardon. »

    La Couleur de l'Archange ; Viviane Moore

    Publié en 2002

    Editions du Masque (collection Labyrinthes)

    286 pages

    Premier tome de la saga Galeran de Lesneven

    Résumé :

    « Ils étaient quatre compagnons. Ils n'éprouvaient aucune appréhension, nul mauvais pressentiment et ils auraient sans doute beaucoup ri, si on leur avait annoncé que trois d'entre eux allaient mourir ! »
    Ainsi commence, en cette année 1133, une sanglante chasse à l'homme qui mènera Galeran de Lesneven de l'Aber Wrac'h, en pays d'Armor, jusqu'à la Normandie. Et c'est au coeur de l'abbaye fameuse du Mont-Saint-Michel, dans les sables de la baie, que se poursuivra son parcours initiatique et que, devenu chevalier, sa quête lui apparaîtra dans le sang et la passion des hommes. 

    Premier volet des aventures du chevalier Galeran de Lesneven, un des héros les plus attachants de Viviane Moore qui mêle ici évocation du monde médiéval et thriller avec un talent incontesté. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Avec ce premier tome d'une longue série, Viviane Moore -qui est une auteure française, comme son nom ne l'indique pas- nous entraîne sur les traces d'un héros pas comme les autres, Galeran de Lesneven, cadet d'une famille noble bretonne et enquêteur à ses heures.
    Nous sommes donc en 1133, quelque part en Bretagne, en pays de Léon, très exactement, une contrée sauvage, encore peuplée par des légendes immémoriales et des coutumes ancestrales. Galeran est un jeune garçon de seize ou dix-sept ans, à peine... toujours est-il que, s'il a fait ses classes, il n'a pas encore été adoubé.
    Le point de départ de l'intrigue est une lutte qui dégénère entre les Lesneven et les Lochrist, un clan voisin et ennemi. Plusieurs jeunes hommes appartenant à la mesnie des Lesneven vont subitement mourir et ces morts brutales réveiller la haine latente entre les deux familles. Commence alors pour Galeran une véritable quête identitaire, comme un rite d'initiation, qui va l'emmener jusqu'entre les murs de l'imposante abbaye du Mont-Saint-Michel, perché dans la mer, entre Bretagne et Normandie. Entraîné là-bas par un mystérieux chevalier après qu'il ait cru avoir tout perdu, Galeran, avant de devenir chevalier, va enquêter aux côtés de son mystérieux tuteur, sur des morts répétées, qui surviennent en l'abbaye sans que personne ne puisse les expliquer.
    Ça ne vous rappelle rien ? Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au Nom de la Rose, bien sûr ! Une enquête en plein cœur d'une abbaye médiévale, un érudit flanqué de son aide : le chevalier, mystérieux bienfaiteur de Galeran et dont le nom ne sera révélé qu'à la fin, m'a aussitôt fait penser, par son érudition et sa logique, à Guillaume de Baskerville tandis que Galeran lui, est en quelque sorte son Adso de Melk, le jeune homme qui, à ses côtés, apprend à démêler une enquête mais aussi grandit en apprenant sur la vie. Près de cet homme bienveillant mais qui ne se révèle pas, Galeran va plus apprendre sur lui, les hommes et leurs travers, en quelques mois qu'en plusieurs années de formation.
    Le début du roman est un peu long, j'avoue ne pas avoir compris d'emblée où l'auteure voulait nous emmener.
    Dès le résumé, qui, à l'aide d'une citation tirée du roman, nous apprend la mort des compagnons de Galeran -cela aurait pu être sympa de garder le suspense soit dit en passant- on comprend que l'intrigue ne va pas être de tout repos, sans savoir réellement où elle va nous emmener.
    J'ai eu du mal à comprendre le lien entre les morts successives des compagnons de Galeran et l'enquête menée au Mont-Saint-Michel, avant de saisir que... eh bien il n'y en a pas vraiment, en fait ! Disons que c'est l'élément déclencheur, uniquement, ce que je n'avais pas vraiment compris à la lecture du résumé ! Parce que Galeran se trouve confronté à ces deuils, parce qu'il doit quitter un temps les terres des Lesneven, le voilà donc tout disponible pour aller mener une enquête, flanqué d'un maître aussi mystérieux qu'érudit. Mais, au final, cela se tient : qui y'a-t-il bien à chercher autour d'une mort accidentelle et de deux autres, perpétrées par un clan ennemi ? Rien là que de très banal. Mais parce qu'avec la mort de ses compagnons, Galeran devient en quelque sorte un homme, parce qu'avec eux disparaissent les souvenirs de l'enfance, elles sont un moment fondamental dans la vie du jeune homme. 
    Peut-être que cette enquête, justement, aurait pu être plus étoffée, peut-être l'auteure aurait-elle pu la développer plus... toujours est-il que j'ai aimé ce roman, je suis vite entrée dans l'intrigue et j'ai vraiment eu envie d'en savoir le fin mot ! Ces intrigues policières qui naviguent dans le mystère me plaisent beaucoup en général. La Couleur de l'Archange est un huis-clos étouffant, entre les murs d'une abbaye perdue dans une baie, cernée par les eaux qui, pour les hommes du Moyen Âge, devait sembler au bout du monde.
    Le roman est court, le dénouement vient vite mais on a tout de même le temps d'apprécier le climat de peur et de suspicion qui s'installe progressivement, entre terreur bien réelle et superstitions ancestrales et bien ancrées dans la croyance populaire.
    J'ai vraiment découvert l'univers de Viviane Moore avec ce roman. C'est une auteure que je ne connaissais vraiment pas mais qui a su me convaincre. La courte notice biographique en début d'ouvrage dit qu'elle nourrit une vraie fascination pour le Moyen Âge et cela se sent : je pense que l'auteure s'est aussi beaucoup inspirée des textes d'époques, peut-être des récits des exploits des Chevaliers de la Table Ronde... la quête initiatique de Galeran m'a un peu rappelé celle de Perceval par exemple, tandis que le chevalier, lui, évoque ces personnages mystérieux, ces chevaliers errants qui prennent un temps une place considérable dans la vie du héros, l'aident, avant de disparaître, comme ils sont arrivés. Quant à l'éveil à l'amour de Galeran, difficile de ne pas évoquer l'amour courtois, qui se développe justement au XIIème siècle...
    Quant à la présence d'un glossaire en fin de volume, elle est la très bienvenue et nous aide à comprendre certains termes de vocabulaire typiquement médiéval.
    J'ai commencé cette lecture sans attentes particulières mais j'ai finalement réussi à me prendre au jeu. Certes, il ne se passe pas grand chose au départ mais La Couleur de l'Archange est le première tome d'une saga importante, il est donc bien aussi de poser les bases d'un univers. Le personnage de Galeran est attachant et j'ai envie de lire ses autres aventures maintenant. Découvrir cette Bretagne médiévale à l'identité si fortement marquée au travers d'une enquête policière qui mêle meurtres de religieux et hérésies anciennes m'a plu !
    La Couleur de l'Archange est un bon roman historique qui ne plaira peut-être pas à tous mais saura, clairement, trouver son public.

    En Bref :

    Les + : une intrigue très intégrée dans son contexte, qui fait aussi la part belle à la littérature médiévale par certains de ses aspects et un héros attachant. 
    Les - : un début difficile parce qu'un peu longuet, durant lequel je me suis demandé où l'auteure voulait nous emmener. 

     

    Thème d'août, « Empreintes », 8/12

     


    2 commentaires
  • « Le présent ouvrage est consacré à l'Histoire que l'on est pas censé connaître, aux grains de sable que l'on a soigneusement ôté des rouages de notre passé pour que son récit tourne sans heurts. »

    Les Testicules de Jeanne d'Arc...et Autres Surprises de l'Histoire ; Phil Mason

     

    Publié en 2010 en Angleterre ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : What Needled Cleopatra...and Other Little Secrets Airbrushed from History

    Editions Pocket

    336 pages 

    Résumé :

    Loin d'être peuplée de parfaits héros, l'Histoire est surtout faite de simples mortels. Avec leurs défauts et leurs failles, que la chronique officielle a bien pris soin de dissimuler. Secrets, mensonges et manigances sont ici révélés, descendant de leur piédestal l'Histoire et ses grands hommes. Pas de quartier, les idées reçues sont balayées ! 
    George Washington, le père de la nation américaine, loin d'être un grand altruiste ; Jules César n'a peut-être pas été assassiné ; les Jeux Olympiques n'ont pas été créés pour les raisons avancées ; et Jeanne d'Arc...était sûrement un homme !
    Écorchant avec esprit et dérision les images d’Épinal de nos manuels, ce livre montre la face cachée de ces illustres personnages et nous offre quelques surprises croustillantes. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Voilà une vraie lecture d'été, fraîche et légère mais qui n'en néglige pas pour autant la connaissance !
    Encore une fois, Phil Mason nous gratifie de sa vision humoristique et décalée de l'Histoire. Après Les Hémorroïdes de Napoléon c'est donc aux Testicules de Jeanne d'Arc et à toutes les autres surprises de l'Histoire qu'il s'attaque ! ! 
    Ces dernières années et même parfois, il y'a plusieurs années voire plusieurs décennies, des chercheurs ou universitaires, ont, grâce à des hypothèses nouvelles, remis en cause ce que l'on savait... et si l'Histoire n'était pas, au final, une mystification, quelque part ? Et si, parfois, on lui faisait dire ce qui nous apparaît comme plus confortable ?
    On en pense ce qu'on en veut, toujours est-il que c'est avec ce postulat que l'auteur démarre, pour nous présenter ces diverses surprises de l'Histoire, certaines qui, d'ailleurs, une fois révélées, nous font voir sous un autre jour les personnages qu'elles concernent.
    Au départ, j'ai eu un peu peur que l'auteur ne fasse qu'asséner des informations farfelues et pas forcément très crédibles, tout en les faisant passer pour la vérité vraie. C'est un peu ce que laissait paraître le résumé des éditions Pocket, du moins est-ce mon sentiment.
    Et au final, ce livre s'est avéré bien plus subtil que je ne le soupçonnais. Phil Mason ne fait pas que reprendre des inventions un peu tirées par le cheveux, non, au contraire. Alors oui, certaines sont un peu inédites et surprenantes mais elles nous permettent d'en apprendre un peu plus sur des personnages un peu figés et sur lesquels on apprend plus vraiment et surtout, dont l'image est si positive pour nous qu'il est parfois difficile de nuancer.
    Et j'ai aimé le fait que chaque chapitre soit appuyé par les recherches d'universitaires et historiens qui, sans apporter une hypothèse révolutionnaire et irréfutable, nous permettent d'élargir un peu le champ...
    Ainsi, passent sur le billard des personnages aussi connus que George Washington, Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, Winston Churchill, Gandhi...jusqu'à Richard Cœur-de-Lion et Jeanne d'Arc, soupçonnés d'être respectivement homosexuel et un homme - à cause, pour celle-ci, d'un problème physiologique appelé féminisation testiculaire. 
    Quant aux artistes et aux grands scientifiques, de Mozart à Einstein, en passant par Beethoven, des travaux récents ont permis de formuler une supposition : leur génie pourrait venir d'une forme d'autisme, le fameux syndrome d'Asperger.
    En ce qui concerne deux grandes figures du cinéma du XXème siècle, Chaplin et Disney, un aspect un peu plus noir de leurs personnalités permet de nuancer un peu l'image un peu cliché que l'on a deux.
    Mégalomanie, mal-être dû à des blessures d'enfance, addictions, manipulation, les grands de ce monde ne sont pas exempts de défauts ! Ainsi Kennedy était accro aux médicaments et Gandhi, dont on l'image d'un chantre de la paix, excellait tout autant dans la manipulation. J'ai découvert aussi une image de Churchill que je ne soupçonnais pas mais qui me permet d'appréhender le personnage dans sa globalité et non pas seulement à travers l'attitude qu'il eut durant la Seconde Guerre Mondiale et à travers laquelle on le connaît toujours.
    Écorner l'image de personnages comme ceux présentés par Phil Mason est forcément un peu dérangeant... si certaines hypothèses sont peu crédibles la plupart le sont et j'ai été agréablement surprise par ce livre qui mêle histoire et humour ! Je me suis surprise à sourire quelques fois et à réfléchir souvent en me disant : « Ah oui, je n'y aurais pas pensé, je n'aurais jamais soupçonné cela, mais au final ça se tient » !
    J'ai remarqué deux petites erreurs, toutes petites, vraiment infimes, qui ne m'ont pas vraiment gênée mais que j'aurais préféré ne pas voir.
    L'autre petit bémol, le même que j'avais relevé pour Les Hémorroïdes de Napoléon, c'est que l'auteur se concentre trop sur le monde anglo-saxon et l'Histoire contemporaine. C'est dommage... J'ai été parfois lassée de lire les frasques et les faiblesses des présidents des États-Unis alors qu'il y'a tellement d'époques et de personnages qui mériteraient d'être mis sur le devant de la scène !
    À part ca, j'ai trouvé que cette lecture satisfaisait tout à fait mes attentes du moment. Dans tous les cas, le challenge est relevé et c'est tout ce qui compte ! Les Testicules de Jeanne d'Arc n'est pas un livre d'Histoire, c'est un divertissement intéressan 

    En Bref :

    Les + : des anecdotes qui font sourire et d'autres qui font réfléchir, nous faisant entrevoir des personnages très connus sous un jour nouveau mais pas totalement farfelu ; le style de l'auteur. 
    Les - : un livre peu varié, trop centré sur l'époque contemporaine et le monde anglo-saxon, c'est dommage. 

     


    6 commentaires
  • Colis reçu le : 12 août 2017

    Aujourd'hui, je vous présente un colis un peu atypique qui n'est pas vraiment un swap mais qui, dans le principe, peut s'en rapprocher un peu. La seule différence, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'échange...mais on reçoit un colis chaque mois et c'est toujours la surprise à chaque fois, un peu comme pour les swaps ! ! Donc j'ai décidé que je vous présenterai mes Thé Box dans la catégorie des Swaps puisqu'il faut bien les classer quelque part !

    La Box d'août évoque logiquement l'été, le soleil et le sable avec son joli nom : Dunes. Je n'ai bien sûr pas été surprise d'y trouver des thés glacés (je ne suis pas fan mais je vais les tester) mais j'ai hâte d'en découvrir toute la gamme ! 

    C'est parti pour, déjà, une découverte en images ! 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    Une Box très colorée, avec un joli design...j'aime beaucoup les couleurs. 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    On commence par la présentation de deux thés de marques différentes. Le premier, dans le petit paquet transparent, est une création de la maison Compagnie Coloniale, qui porte le nom Melon Mango...on comprend donc qu'il s'agit d'un thé très fruité et estival, aux senteurs de mangue et melon. C'est un thé glacé. Je ne suis pas fan des thés glacés à faire soi-même, je ne les réussis jamais vraiment mais j'ai bien envie de tester celui-ci. La maison française Quai Sud nous propose elle un thé au nom évocateur : Pina Colada. Sur un thé noir de Chine viennent s'ajouter des senteurs fruitées (noix de coco, ananas) et florales (pétales de souci), à boire chaud ou froid. 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    Une Thé Box ne serait rien sans quelques petites gourmandises. Ce mois-ci, nous sont proposés des petits sablés dont j'aime beaucoup la boîte ainsi qu'une barre aux fruits et céréales, histoire de faire le plein d'énergie. 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    L'Autre Thé, maison française créée en 2007 nous propose un thé au nom purement estival : Rêve d'été. Sur un thé vert sencha de Chine, s'ajoutent des saveurs de fraise et de pêche (des fruits que j'aime beaucoup) ainsi que des pétales de tournesol. Eh oui ! Franchement, ce thé me rend très très curieuse. Quant aux Jardins de l'hermitage, c'est un thé vert à la groseille, à déguster glacé, qu'ils nous proposent. 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    Cape and Cape explore les saveurs d'Afrique ce mois-ci, avec trois thés aux saveurs qui me rendent déjà très curieuse parce que je suis sûre d'aimer : After Mint est, comme son nom l'indique, un rooibos vert aromatisé à la menthe et à la gingembre ; Jambo Paris est une création florale et fruitée, une rencontre entre un thé de Tanzanie et des senteurs qui rendent hommage à Paris ; Citrus Kiss est encore une fois une rooibos, mais cette fois aux senteurs citronnées que j'ai vraiment hâte de découvrir.

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes

    La marque Dr. Stuart's nous propose une composition qui me laisse perplexe...je n'aime pas l'hibiscus donc j'ai peur de ne pas être séduite par cette infusion mais je vais bien évidemment la goûter pour me rendre compte. L'association baies de goji et gingembre me surprend, cela sera peut-être bien meilleur que je ne le crois. 

    La Thé Box, Août 2017 ; Dunes  

    Enfin, j'ai retrouvé avec plaisir une marque je connais bien et que j'aime beaucoup : Clipper. Je connais bien leur gamme mais, ô surprise, pas les thés proposés dans la Box d'août donc c'est parfait. La maison Clipper nous propose un thé vert Détox, aux saveurs de citron, d'orange et de pissenlit, plante connue pour ses vertus drainantes. A voir. Quant à Thé Vert Citron, eh bien...je suis déjà carrément conquise parce qu'avec les thés à la menthe, ce sont ceux que je préfère. Je pense que je l'essaierai glacé pour voir ce que ça donne ! 

     


    4 commentaires