• « Le destin se joue de nos sentiments et de nos rêves.  »

    Angélina, tome 2, Le Temps des Délivrances ; Marie-Bernadette Dupuy

     

    Publié en 2016

    Editions Le Livre de Poche

    976 pages 

    Deuxième tome de la saga Angélina

    Résumé :

    Après des études à Toulouse, Angélina, fille de cordonnier, s'est installée en tant que sage-femme dans la maison familiale au coeur de l'Ariège. La vie est rude dans les campagnes en cette fin de XIXe siècle. Accaparée par son travail, elle peut compter sur sa protectrice, Gersande de Besnac, pour s'occuper de son fils Henri, qu'elle élève seule. Grâce à ses compétences et à sa disponibilité, sa réputation ne cesse de grandir. Son bonheur serait complet si elle ne désespérait de revoir un jour Luigi, un Gitan dont elle s'est éprise et qui s'est réfugié en Espagne pour fuir de fausses accusations de meurtre. Mais c'est Guilhem, le premier amour d'Angélina et le père d'Henri, qui revient au pays. Accompagné de son épouse légitime, il semble pourtant n'avoir rien oublié de ses sentiments pour la jeune femme... 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Dans ce deuxième tome, on retrouve Angélina en Ariège, après ses études qui l’ont menée à Toulouse. Elle a pris la relève de sa mère et est devenue une « costosida », c’est-à-dire, une sage-femme, en occitan. Revenue à Saint-Lizier, sa ville natale et celle où vit également son jeune fils, Henri, elle exerce auprès de toutes les femmes de la région, des plus modestes aux plus aisées. Malgré tout et même si grossesse et accouchement étaient alors, comme depuis longtemps, des affaires de femmes, on n’accepte pas toujours celle qui, forte de ses années d’étude, dispense un discours qui, parfois, déplaît. Mais passionnée par son métier, très investie, Angélina n’en a cure, sa seule priorité étant le bien-être des mères et de leurs enfants.
    Dans sa vie privée, tout n’est pas évident pour elle, en ce début des années 1880. Elle n’a plus de nouvelles de Luigi, le jeune baladin rencontré quelques mois plus tôt et qui ne la laisse pas indifférente ; son secret autour du petit Henri n’a jamais été aussi fragile et surtout…surtout, revenu des îles avec femme et enfant, voilà que son ancien amant Guilhem Lesage est de retour au pays !
    Bref, tout n’est pas évident dans le quotidien pour Angélina mais, tenue par la passion de son métier, par l’amour de son fils et le soutien de sa bienfaitrice, Gersande de Besnac, elle fera front pour traverser toutes les épreuves.
    Il m’aura fallu près de trois ans pour lire le deuxième tome de cette trilogie de Marie-Bernadette Dupuy. J’ai en effet lu le premier tome, Les Mains de la Vie, fin février 2016. Un petit bout de temps, donc ! Pourquoi laisser passer autant de temps, au risque d'oublier certains aspects de l'intrigue ? Tout simplement parce que le premier tome avait peiné à me convaincre et je n’en étais pas ressortie séduite. Le style de l’auteure ne m’avait pas vraiment plu et le personnage d’Angélina m’avait un peu agacée, malgré tout le courage et la détermination dont elle fait montre. Je ne m'étais pas sentie proche d'elle et cela avait pesé sur ma lecture.
    Malgré tout, j'ai eu envie de lire le reste de la saga. Il est rare que je m'arrête au bout d'un premier tome, même si celui-ci m'a un peu déçue...Bon, si j'avais carrément détesté, peut-être me serais-je arrêtée là mais il ne faut rien exagérer : dans Les Mains de la Vie, tout ne m'a pas plu mais j'ai terminé ce roman avec l'envie, malgré tout, de retrouver Angélina et de savoir ce qui lui arrive par la suite. Deviendra-t-elle sage-femme pour prendre la relève de sa mère, Adrienne Loubet ? Retrouvera-t-elle Luigi, le mystérieux baladin ? Et surtout, j'avais envie de savoir ce qui allait se passer entre elle et son fils, Henri. A une époque où mettre au monde un enfant sans père, être une fille-mère est une honte, un déshonneur, comment Angélina va-t-elle pouvoir concilier son métier, très prenant et qui la jette sur les routes de jour comme de nuit, et son enfant, qu'elle n'a pas voulu abandonner ?
    Contre toute attente, Le Temps des Délivrances m'a beaucoup plus plu que le précédent. J'ai retrouvé le style de l'auteure qui, je dois bien l'avouer, ne me séduit toujours pas. Mais surtout, dans ce deuxième tome, Angélina a grandi et beaucoup changé : je l'ai trouvée beaucoup plus agréable, moins agaçante. Au contraire, elle est même touchante et admirable dans son travail de costosida, très professionnelle et toujours investie, malgré les embûches qu'une sage-femme, à cette époque, ne manque pas de rencontrer : la méfiance de certains, la colère impuissante des parents qui perdent un nouveau-né ou d'un mari qui perd son épouse en couches et qui retournent leur hargne contre la sage-femme, la pauvreté de certaines familles qui les contraint à abandonner un bébé, les avortements, à une époque où cela est un crime et où les femmes qui y ont recours risquent les travaux forcés, le bagne ou même pire, la mort.
    Dans un pays encore pétri de superstitions et de religiosité, il est parfois difficile, pour les sage-femmes comme pour les médecins, de faire entendre un discours scientifique et pragmatique, à des populations qui ne sont pas prêtes à les écouter et à les comprendre. Si aujourd'hui, il va de soi que grossesses et accouchements soient encadrés médicalement, à la fin du XIXème siècle, surtout dans les campagnes, ce n'était pas le cas. Affaires de femmes, les naissances se passaient loin des hommes et les parturientes étaient entourées de leur mère, de leur grand-mère, éventuellement d'une matrone, qui n'avait aucune formation médicale, seulement une expérience de plusieurs années en la matière, mais qui ne respectait pas toujours les principes élémentaires d'hygiène et qui pouvait commettre des erreurs, fatales pour la mère ou l'enfant. Malgré tout, il faudra attendre encore quelques décennies pour que la prise en charge systématique par du personnel compétent des futures mères puis de leurs enfants entre dans les mœurs. Il faudra attendre plusieurs décennies aussi pour que le corps médical, majoritairement masculin, cesse de considérer les sage-femmes comme des concurrentes et des subalternes.
    Je pense que l'auteure a fait beaucoup de recherches pour que son roman soit crédible et c'est tout à son honneur. Elle nous donne en tous cas une image globale et relativement juste de ce qu'était la gynécologie et l'obstétrique il y'a 240 ans.
    Au-delà de ça, ce que j'ai apprécié dans ce livre, c'est son aspect roman de terroir. Il y'a longtemps que je n'en ai pas lu mais j'aime beaucoup la littérature dite « régionaliste ». Bien que n'étant pas originaire de la région, Marie-Bernadette Dupuy intègre complètement à son récit ce petit bout de Pyrénées, ce département de l'Ariège aux paysages grandioses, qui est un personnage à part entière de son roman et à qui Marie-Bernadette Dupuy, convoquant de bons souvenirs de vacances dans son enfance, crie son amour.
    Bref, si dans ce deuxième opus, encore, le style de l'auteure a peiné à me convaincre, je me suis plus facilement laissée prendre au jeu que dans le premier. Les personnages m'ont semblé plus humains, plus accessibles et plus attachants. L'intrigue m'a également un peu plus convaincue, je l'ai trouvée plus authentique que dans Les Mains de la Vie. J'ai trouvé que l'auteure nous livrait une vision presque naturaliste de cette fin du XIXème siècle (inégalités sociales criantes, misère, croyances, superstitions, société paternaliste et bien-pensante assise sur des principes rigoureux) et elle cite à plusieurs reprises Emile Zola ce qui, évidemment, n'est pas pour me déplaire (si vous me suivez depuis longtemps, vous savez l'amour inconditionnel que je voue à l'oeuvre de Zola depuis plus de dix ans). Surtout, j'ai enfin réussi à m'attacher à Angélina, plus juste et plus vraie.
    Je ne ressors pas totalement conquise de cette lecture. Malgré tout, elle ne m'a pas déplu et je l'ai appréciée et c'est tout ce qui compte. Ce deuxième tome m'a donné envie de lire le troisième et de découvrir la suite des aventures d'Angélina Loubet et m'a réconciliée avec l'univers de Marie-Bernadette Dupuy qui, jusque là, avait vraiment peiné à me convaincre et me séduire. 

    En Bref :

    Les + : une histoire authentique, entre roman historique, romance et roman de terroir, des personnages attachants...
    Les - :
    le style de l'auteure, qui peine toujours à me séduire, malheureusement.

     

    Thème de février, « Pics, sommets, cols et glaciers », 2/12


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    [SPECIAL SAINT-VALENTIN] Les 10 romans dont les couples m'ont le plus marquée

     

     

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    Entendons-nous bien : la saint Valentin, pour moi, c'est un jour comme un autre et, en ce qui me concerne, j'ai passé ma soirée en tête en tête avec mes chats. Malgré tout, j'ai des fois des accès midinette et, oui, comme tout le monde, j'ai (un peu) bavé et pleuré devant Love Actually ou Le Journal de Bridget Jones et, oui, je suis convaincue que Colin Firth dans le rôle de Mr. Darcy dans le Orgueil et Préjugés de 1995 reste, à ce jour, ce qui se rapproche le plus du prince charmant. Bah oui, je suis une fille ! Alors vu que le monde, ces dernières heures dégoulinait de cœurs et de guimauve rose fuchsia, moi, j'ai eu envie de vous parler littérature et, entre autres, de ces dix romans dont les histoires d'amour m'ont marquée. Pourquoi ? C'est justement ce qu'on va voir maintenant. Vous êtes prêts à fondre pour eux ? Moi, ça fait déjà un moment que c'est fait. 

     

     

     

     

    Jane Eyre, de Charlotte Brontë : Jane & Rochester

     

     

     

     

     

    C'est Jane Eyre qui m'est venu à l'esprit dès que j'ai songé à écrire cet article. Pourquoi ? Parce que c'est un roman grandiose : le talent de l'auteure, l'intrigue, les personnages, tout est porté à son maximum et l'histoire entre Jane et Mr. Rochester est magnifique. Je me souviens d'avoir été happée par cette lecture comme rarement je l'ai été. Encore aujourd'hui, je ne sais pas si je peux parler de coup de coeur concernant Jane Eyre, parce que les premiers chapitres m'ont plongée dans des sentiments vraiment contradictoires : j'avais envie de continuer et, en même temps, de poser le livre pour fuir loin. C'est la suite qui m'a emportée comme jamais et je crois que les liens qui se tissent petit à petit entre notre héroïne et le maître de Thornfield m'a marquée pour toujours. C'est l'une des plus belles histoires qui m'ait été donné de lire, très certainement. 

     

     

     

    La Faute de l'Abbé Mouret, d'Emile Zola : Serge Mouret & Albine

     

     

     

     

     

    Si j'ai pensé aussitôt à Jane Eyre parce que c'est le genre d'histoires qui vous étreint et vous emporte, je ne pouvais pas exclure ce roman de mon top 10 et je crois même que, dans l'histoire de la littérature française, c'est l'idylle que je préfère. C'est même plus qu'une idylle, c'est une passion. L'avis est totalement subjectif et je sais que beaucoup de lecteurs ne se retrouvent pas dans les œuvres de Zola. Pour ma part, elles ont toutes une certaine résonance en moi, littéraire ou personnelle. J'ai relu plusieurs fois La Faute de l'Abbé Mouret et, chaque fois, je suis tombée sous le charme sauvage de la jeune Albine, comme sous celui de Serge, jeune abbé en pleine crise de conscience, à fleur de peau et à la sensualité à vif. C'est un roman extrêmement sensuel et voluptueux, même si les mots ne sont jamais directs. C'est une réécriture des mythes antiques et même bibliques : ce roman, c'est Pyrame et Thisbé, c'est Roméo et Juliette, mais c'est aussi Adam et Ève dans le jardin d'Eden. La Faute de l'Abbé Mouret fait partie de ces romans que je pourrais relire dix fois et que j'aurais toujours l'impression de découvrir. 

    Couverture Les Misérables (2 tomes), tome 1 

     

     

    Les Misérables, de Victor Hugo : Marius & Cosette

     

     

     

     

     

    Hugo est grandiose. Dans tout ce qu'il écrit, il est grandiose. Les revendications sociales, la guerre, le patrimoine, tout, sous sa plume, devient intéressant et sujet à questionnements. Et dans les histoires d'amour, il excelle aussi. Qui n'a pas pleuré devant Jean Valjean qui voit partir la jeune Cosette, qu'il a élevée comme sa fille ? Moi, je l'avoue tout de suite, j'ai pleuré comme une madeleine pendant tout ce chapitre ! Qui ne sent pas son coeur se serrer devant le dévouement fou d'Eponine, amoureuse folle de Marius et qui risque sa propre vie pour le sauver, en pleine insurrection populaire ? Enfin, qui n'a pas fondu devant les premiers émois de Marius et de Cosette, les premiers bonheurs de cette jeune fille qui n'en a pas eu beaucoup jusque là ? Et puis Marius... Je crois qu'il est mon premier amour littéraire, cette figure d'homme tellement bien ciselée et décrite qu'on peut la toucher du doigt et presque ressentir quelque chose pour elle. J'ai aimé Marius et je l'aime encore, je crois. Une des plus belles histoires, sensible, belle et délicate, de la littérature française. Définitivement, Hugo est un génie. 

    Couverture Brokeback mountain 

     

     

    Brokeback Mountain, Annie Proulx : Ennis & Jack

     

     

     

     

     

    Cette histoire, pour moi, c'est avant tout un film (et le fait que ce soient Jake Gyllenhaal et Heath Ledger qui tiennent les rôles principaux ne gâche rien, soit dit en passant ; en plus de ça, on peut saluer leur performance d'acteurs). Un film que j'ai vu plusieurs fois, moi, la fille qui n'est pourtant pas du tout cinéphile. Un film qui m'a fait pleurer plusieurs fois derrière mon écran. Il y'a quatre ans, c'est ensuite devenu une expérience littéraire. Brokeback Mountain, c'est avant une nouvelle de l'auteure américaine, Annie Proulx, publiée dans The New Yorker. C'est une histoire sur fond d'années 60 conservatrices et puritaines, dans un Etat américain très rural, le Wyoming. Dans les montagnes, deux jeunes bergers, mariés et pères de famille, Ennis et Jack tombent amoureux l'un de l'autre et se jettent dans les bras l'un de l'autre. Ils apprivoisent une nouvelle forme d'amour et une nouvelle forme de sexualité. Peu importe que dans cette histoire, ce soit deux hommes, ce n'est pas ça qui est important, la beauté se situe seulement dans la pureté et la sincérité des sentiments échangés entre deux individus. Qu'ils soient deux hommes, deux femmes ou un homme et une femme est superflu. Ce que j'ai aimé dans cette histoire, c'est vraiment cette beauté un peu brutale et novice d'un amour qui se cherche et se découvre petit à petit. 

    Couverture Sur la route de Madison 

     

     

    Sur la route de Madison, Robert James Waller : Francesca et Robert

     

     

     

     

    Si vous voulez me faire pleurer et ne plus m'entendre de la journée, collez-moi devant Sur la route de Madison et je vous foutrai la paix, c'est sûr. Ce film est tellement beau et cette scène, à la fin, cette main qui se pose une fraction de seconde sur la poignée d'une portière, qui hésite puis qui renonce. On a tellement envie de lui crier : Fais-le, mais fais-le ! et en même temps on comprend cette femme, qui renonce à la passion et qui se sacrifie à sa vie de famille, à son mari et ses deux enfants. Finalement, il n'est pas là, l'héroïsme ? N'est-il pas dans la grandeur du renoncement plutôt que dans la satisfaction immédiate ? C'est à ce questionnement que m'a amenée le film, comme le livre et c'est finalement parce qu'elle renonce que je trouve Francesca infiniment courageuse. Peut-être ne serez-vous pas d'accord avec cette analyse, peut-être considérez-vous qu'elle aurait été, au contraire, courageuse de s'en aller, de tout plaquer et de partir avec Robert. Certes, c'est une autre forme de courage. Mais la Francesca du roman comme du film est, pour moi, absolument admirable. Après avoir découvert l'interprétation impeccable de Meryl Streep et Clint Eastwood, il y'a six ans, j'ai voulu lire les mots de Robert James Waller, qui ont inspiré le film. Quelle beauté. J'ai retrouvé ce que j'avais tant aimé à l'écran : l'ambiance, les personnages, simples mais brûlant d'une passion aussi soudaine qu'intense et passionnée. Sur la route de Madison est une magnifique histoire, d'une beauté rare et juste. 

     

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    Correspondance ; Héloïse d'Argenteuil et Pierre Abélard

     

     

    Correspondance ; Pierre Abélard et Héloïse d'Argenteuil

     

     

     

     

     

     

    Héloïse et Abélard forment un couple mythique qui ne cessera jamais, je pense, de me fasciner. Ils sont passionnants et, neuf siècles après, on peut toujours s'identifier à eux, ce qui absolument incroyable. Cette histoire qui les consume jusqu'à la fin, alors qu'ils sont cloîtrés, alors qu'ils ont renoncé l'un à l'autre, est tellement superbe ! De leur couple naîtra un fils, Pierre Astrolabe, mais aussi cette correspondance, que j'ai lue il y'a deux ans et qui m'a sidérée par sa qualité et son actualité, malgré la forte religiosité qui imprègne ses pages. L'amour est universel et intemporal et Héloïse et Abélard en sont un bon exemple. J'ai tellement aimé la manière, juste et tendre, qu'a Héloïse de se dévoiler et d'avouer son amour à cet homme qui n'est plus, à cette époque-là, qu'un maître spirituel, un maître de conscience, finalement, mais qu'elle a aimé charnellement, étant jeune fille. Héloïse et Abélard forment un couple polymorphe : ils partagent une intimité ultra moderne pour l'époque, ils partagent une même vision du monde, une même façon de voir. Pour moi, ce couple dépasse tous les autres : Roméo et Juliette, Tristan et Yseut, Guenièvre et Lancelot, c'est bien joli, mais c'est du mythe...Et parfois, la réalité dépasse la fiction : c'est le cas avec Pierre Abélard et Héloïse d'Argenteuil. 

     

     

     

    Orgueil et Préjugés, de Jane Austen : Lizzie & Darcy...et puis les autres aussi...

     

     

     

     

    Comment ne pas parler de ce roman de Jane Austen dans un top 10 consacré aux plus belles histoires d'amour ? Elizabeth Bennett et Mr. Darcy forment aujourd'hui un couple mythique. Jane Austen a le don pour écrire des histoires sans mièvrerie aucune, mais au contraire avec une ironie mordante et subtile et ses histoires d'amour s'en ressentent. Je n'aime pas la guimauve et j'aime beaucoup la manière dont Jane Austen écrit des romans d'amour sans en avoir l'air, finalement. Les multiples romances qui sont au centre d'Orgueil et Préjugés sont toutes différentes mais intéressantes, pour ce qu'elles révèlent et symbolisent. Evidemment, ma préférée (même si j'aime bien la discrète Jane, qui ravit le coeur de Mr. Bingley tout doucement) c'est celle qui unit petit à petit Lizzie, très impulsive et au caractère fort et Mr. Darcy qui, considéré par des générations de lectrices comme l'incarnation du prince charmant, peut aussi s'avérer être particulièrement mystérieux et même désagréable. Pourtant, la conclusion positive de la joute qui oppose Lizzie et le fringant gentleman nous remplit de joie. Jane Austen associe à une vision dénuée de bons sentiments un peu trop faciles, une plume fine et féminine ce qui fait d'elle, à mon sens, l'une des meilleures analystes du cœur humain et de ses méandres. 

     

     

     

    Le Blé en Herbe, de Colette : Phil & Vinca

     

     

     

     

     

    Aucun roman ne décrit mieux, à mon sens, la sensibilité et la sincérité des amours adolescentes. Colette est une très bonne conteuse à la plume sensuelle et parfois subversive (il n'y a qu'à lire Chéri, qui raconte l'histoire entre un jeune homme et une femme mûre, pour s'en rendre compte). Entre amitié et désir naissant, l'histoire de Phil et  Vinca, qui se connaissent pourtant depuis toujours, prend forme le temps d'un été. On est au début du XXème siècle et, à l'époque, on ne s'aime pas comme aujourd'hui. Et pourtant, dans leur amour qui s'émancipe des codes de la société, Phil et Vinca, sont étonnamment modernes et intemporels. J'ai relu plusieurs fois ce roman avec la même émotion que la première fois.  

    Couverture Derrière la porte 

     

     

    Derrière la Porte, de Sarah Waters : Lilian & Frances

     

     

     

     

     

    J'ai lu ce roman en juillet dernier et, très sincèrement, je ne m'attendais pas à ça. Premier roman que je lis avec une histoire d'amour lesbienne centrale, j'ai été très agréablement surprise. Est-ce la propre orientation sexuelle de l'auteure qui lui permet de poser des mots aussi justes sur cette histoire, entre amitié, carences affectives et franche sensualité ? En tous cas, j'ai trouvé admirable l'histoire, amoureuse et sexuelle, qui unit Frances et Lilian, deux jeunes femmes totalement différentes, venant de milieux sociaux différents mais unies par un même désir d'être aimées, mues par des carences qu'elles portent depuis longtemps. Un très bon roman, qui ne manque pas parfois de piquant, car les scènes de scène y sont assez crues. Malgré cela, c'est une intrigue d'une grande justesse et d'une grande beauté qu'a écrit ici Sarah Waters, en l'inscrivant dans une époque où l'homosexualité en général et l'homosexualité féminine plus particulièrement ne sont pas ou peu tolérées. 

    Couverture Outlander (10 tomes), tome 01 : Le chardon et le tartan  

     

     

    La saga Le Chardon et le Tartan (Outlander), de Diana Gabaldon : Claire & Jamie et puis Brianna & Roger, aussi !

     

     

     

     

     

    Je ne pouvais décemment pas exclure de ce top 10 la saga Outlander qui me suit maintenant depuis de nombreuses années. Diana Gabaldon écrit de la romance historique et l'assume totalement. Au-delà de l'aspect un peu fantastique de Claire, qui voyage dans le temps, le roman dégouline d'amour ! Beaucoup de couples se forment au cours de cette saga qui se déroule sur plusieurs décennies mais j'avoue que le couple-phare, formé par Claire et Jamie, est difficile à détrôner même si leur fille, Brianna et son conjoint Roger prennent de plus en plus de place. Le couple formé par l'infirmière du XXème siècle et le Highlander du XVIIIème siècle est extrêmement intéressant, au-delà de l'amour qu'ils se portent et des scènes de sexe évocatrices, pour ce qu'il représente : la tolérance. On imagine aisément que Claire, qui a un métier, qui a traversé une époque pas évidente, ne va pas penser comme les femmes que Jamie connaît, au XVIIIème. Pourtant, ils s'aiment d'un amour sincère et particulier. Je crois que Diana Gabaldon, dans Outlander, a réellement donné naissance à un couple qui deviendra un classique de la littérature. Claire et Jamie sont des personnages attachants et que, pour ma part, je suis toujours heureuse et impatiente de retrouver quand je reprends ma lecture de la saga. 

     

    ♣ Jokers :

      

     

     

    L'Amant de Lady Chatterley, de D.H Lawrence : lady Chatterley & Mellors

     

     

     

     

    J'ai hésité à placer ce roman dans le top 10 et finalement je l'ai remplacé par Derrière la Porte, qui m'a quand même un peu plus marquée. C'est le côté un peu interdit, confidentiel, de ce roman, censuré à sa sortie, qui m'a donné envie de le lire. Il fleure bon le scandale, en fait, alors que ce décrit D.H Lawrence est avant tout une très belle histoire d'amour, celle d'une femme qui ne trouve pas auprès de son mari l'étincelle dont elle a besoin et un homme qui ne triche pas. Mellors est garde-chasse sur le domaine des Chatterley, un homme solitaire qui vit dans une cabane reculée, un homme un peu fruste, mais qui aimera lady Chatterley avant tout pour ce qu'elle est, une femme qui s'étiole et qui a besoin de se sentir belle et désirable dans le regard d'un homme. Les scènes de sexe ne sont pas censurées, effectivement et l'auteur appelle un chat un chat. On comprend que ce roman n'est pas été publié dans son intégrité au moment de sa sortie et qu'il ait pu choquer même si, pour ma part, je l'ai trouvé relativement peu scandaleux. Non, avant tout, c'est une jolie histoire d'amour et qu'il y'ait des scènes de sexe m'apparaît comme normal. Il n'y a rien de sale ni de dégoûtant dans une histoire comme celle-là, au contraire : elle est tendre et touchante. 

    [SPECIAL SAINT-VALENTIN] Les 10 romans dont les couples m'ont le plus marquée  

     

     

    Le Ciel de Darjeeling, de Nicole Vosseler : Ian et Helena

     

     

     

     

     

    Au moment où j'écris cet article, je n'ai pas encore terminé ce roman et pourtant, j'ai eu envie de l'inclure parce que je trouve que l'histoire au centre du récit est particulièrement belle. Il me reste encore un peu plus de cents pages pour arriver au bout et pourtant, je le trouve déjà épatant ! Et l'histoire entre Helena, la jeune héroïne et Ian, le mystérieux planteur de thé, est tellement mystérieuse et en même temps tellement tendre. Entre éclats et affection, les deux personnages se retrouvent avant de se déchirer. Il y'a du mystère et beaucoup de sentiments dans cette belle histoire dépaysante et une attirance assez irrésistible envers Ian. Bref, j'ai hâte de terminer ce roman et, en même temps, j'aimerais qu'il dure toujours tant je le trouve, pour le moment, assez extraordinaire. Et je crois vraiment que l'histoire d'amour entre Helena et Ian n'est pas pour rien dans le grand intérêt que je porte à ce récit. 

     

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    Et vous ? Quels sont les histoires d'amours qui vous ont marqué ? Quels sont vos couples préférés ? 

     


    2 commentaires
  • «  La vengeance n'est-elle pas une rébellion contre le destin ?  »

    Le Ciel de Darjeeling ; Nicole Vosseler

     

    Publié en 2014 en Allemagne ; en 2018 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Der Himmel über Darjeeling

    Editions de l'Archipel 

    426 pages

    Résumé : 

    Cornouailles, 1876. Après la mort de son père, Helena, 16 ans, se retrouve dans la misère. Un jour, un inconnu lui fait une offre. Aussi riche que séduisant, Ian Neville lui propose de l'épouser et d'assurer l'éducation de son jeune frère. Mais il y met une condition : qu'elle accepte de le suivre en Inde, où il gère une vaste plantation de thé au pied de l'Himalaya. 

    En se donnant à son mystérieux bienfaiteur, la jeune femme a conscience de faire un saut dans l'inconnu. Mais l'espoir de ne manquer de rien, le cadre de vie somptueux de Darjeeling et le charme de son époux ont raison de ses réticences. 

    Jusqu'au jour où, Ian étant en voyage, Helena reçoit la visite d'un homme qu'elle avait rencontré lors d'un bal en Angleterre. Leurs retrouvailles éveillent en elle des questions sur le passé de Ian, dont celui-ci n'a jamais rien voulu lui dire. Pourquoi ignore-t-elle tout de son ascendance ? Cessera-t-il un jour d'être un étranger à ses yeux ? 

    Un voyage initiatique et sensuel aux confins de l'Inde millénaire. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1876, la jeune Helena, seize ans, se retrouve orpheline. Son père vient de mourir et elle se retrouve seule et démunie, avec son petit frère en charge et des dettes à régler. Réduite à devoir vendre le domaine familial des Cornouailles pour éponger les dettes laissées par son père avant sa mort, le destin d'Helena est particulièrement sombre.
    Et puis se présente Ian. Ian Neville, jeune homme mystérieux et qui en Angleterre vit comme un nabab. Ian qui, connaissant à peine Helena, lui propose malgré tout un marché incongru et sidérant : en échange du paiement de toutes ses dettes, il lui demande de l'épouser.
    N'ayant pas d'autre choix, Helena ne peut reculer. Va alors commencer pour elle une vie à laquelle elle n'avait absolument pas songé ! Car ce n'est pas en Angleterre que Ian va installer sa jeune épouse mais bien en Inde, à des milliers de kilomètres de là, aux confins de l'Himalaya, dans les plantations de thé de Darjeeling, où le jeune homme vit depuis plusieurs années et cultive un thé d'une qualité absolument incomparable et exceptionnelle (dans le roman, le thé produit dans la plantation de Ian est comparé à du champagne et notamment à un des meilleurs, le Moët et Chandon, c'est tout dire). Helena va découvrir une nouvelle vie, au milieu d'un paysage grandiose, dans une vallée magnifique et presque pas peuplée, où des théiers ondulent sur toutes les collines. Une nouvelle vie dans un pays aux traditions immémoriales, aux croyances différentes... Bref pour la jeune fille c'est une vie particulièrement dépaysante qui s'offre à elle, une vie qui n'est pas pour lui déplaire, d'autant plus que Ian s'avère un mari un peu taiseux mais attentionné. Pourtant, très vite, la jeune femme se pose des questions : qui est réellement cet homme qu'elle a épousé ? Pourquoi est-il si mystérieux et que lui cache-t-il ? Pourquoi suscite - t-il l'hostilité à Darjeeling ? Pourquoi vit-il plus comme un Indien que comme un colon, ce qu'il est pourtant ?
    Et que vient faire en Inde Richard Carter, un financier et entrepreneur américain rencontré en Angleterre au tout début de son mariage et que Helena retrouve par hasard à Darjeeling ?
    La grande fresque romantique et romanesque de Nicole Vosseler, auteure allemande que je découvre à l'occasion de cette lecture, nous emmène en plein cœur d'une Inde fantasmatique, pleine de couleurs, de senteurs et d'épices, dans le sillage d'une jeune héroïne fragile et forte à la fois, touchante en tous cas et que j'ai aimée tout de suite, ou presque.
    Ce roman est certainement l'une des meilleures évocations de l'Inde que j'aie pu lire, avec le roman Pondichéry de Marina Dédéyan. Au départ, il m'a fait un peu penser au roman Les Lumières d'Assam, de Janet McLeod Trotter sauf que chez celle-ci, les héroïnes amorcent un voyage contraire à celui d'Helena : nées en Inde, sur la plantation d'Assam de leur famille, elles doivent quitter l'Inde à la mort de leur père pour revenir en Angleterre. Et surtout, le récit de Nicole Vosseler est bien meilleur, mais nous reviendrons sur les qualités du roman un peu plus bas.
    J'ai lu d'autres romans se passant en Inde, sensiblement à la même époque et aux mêmes endroits que ceux du Ciel de Darjeeling mais jamais je n'ai perçu une telle précision, une telle finesse dans les descriptions des villes, paysages, palais, qui sont ciselées et très bien écrites. Le texte est émaillé de mots en hindou, l'immersion est totale et on découvre l'Inde en même temps qu'Helena et avec les mêmes yeux occidentaux : la profondeur des couleurs, le charivari des villes, aux rues enchevêtrées dans lesquelles se mêlent gens, véhicules et animaux (les fameuses vaches par exemple), les vastes étendues de jungle ou encore de déserts, la verdure du Nord de l'Inde, sur les contreforts de l'Himalaya, splendide et spectaculaire chaîne de montagnes asiatique que découvre Helena avec un étonnement bien normal. Rien n'est caricatural dans ce roman, même si évidemment, l'auteure convoque les clichés que l'on peut avoir quand on songe à l'Inde. Au fond, c'est une vision assez nuancée que nous livre ici Nicole Vosseler et j'ai vraiment beaucoup apprécié sa manière de nous décrire une région aussi dépaysante et exotique que l'Inde.

    Darjeeling-tee.jpg

    Plantation de thé darjeeling 


    Bien sûr, j'ai aussi aimé l'histoire humaine qui vient ensuite se poser là dessus et l'authenticité des différents personnages. Ils ont tous leur propre personnalité mais on s'attache à eux immédiatement. Même Ian, un peu impulsif au départ et sujet parfois à des sautes d'humeur un peu violentes attire, de part cette fragilité que l'on sent derrière une carapace légèrement fausse de confiance en soi et de fierté.
    Petit à petit, les secrets se dévoilent les uns après les autres, permettant à Helena d'assembler les pièces du puzzle et ainsi de mieux comprendre celui qu'elle a pris pour époux.
    Enfin, en asseyant son roman sur des bases historiques solides, elle inscrit son récit dans l'Histoire nationale de l'Inde, entre insurrections populaires et mainmise du Royaume-Uni sur le sous-continent indien, mainmise qui, à l'époque, n'a jamais été aussi fragile.
    Ce roman est un tourbillon ! Entre petites et grande Histoire (notamment la révolte des cipayes, en 1857), il nous emporte, littéralement. Je ne l'ai pas senti arriver, mais le coup de cœur m'est tombé dessus, à tel point que je n'ai jamais été aussi partagée au moment de refermer le livre : j'avais hâte d'en connaître la fin et de savoir enfin ce que serait le destin d'Ian et Helena, s'il serait heureux ou pas et, en même temps, j'aurais tellement aimé que le roman continue encore et encore. Je n'ai quitté les personnages et les paysages sublimes qu'à regret. J'ai touché du doigt, en même temps qu'Helena, les splendeurs, les saveurs et les odeurs d'un pays magnifique, marqué de traditions séculaires et d'un mode de vie à l'opposé de celui des Occidentaux. Un pays cosmopolite, la patrie de divers peuples aux coutumes, aux dialectes, aux religions différentes.
    Enfin, je me suis attachée comme jamais aux personnages et surtout à Ian et Helena, les personnages principaux, tout en nuances mais j'ai aussi aimé rencontrer les personnages secondaires, qui ont tous leur importance dans l'articulation du récit : sans eux, on n'y comprendrait rien.
    Ce roman est une ode à l'amour, à l'amitié, au chez-soi et l'idée qu'on a tous une place quelque part n'a jamais été aussi juste que dans ce beau récit, plein d'émotion. 

    Enfin, le roman est très bien écrit, ce qui ne gâche rien. D'où vient le coup de cœur ? D'un peu tout ça, je pense. Il y'avait longtemps que je ne m'étais pas attachée comme ça à des personnages, il y'avait longtemps que je n'avais pas mis autant de ferveur à reprendre une lecture, à tel point d'être même impatiente d'y retourner quand j'étais obligée de poser le roman (je ne vous raconte pas les heures de boulot) ! C'est un roman que je ne peux que chaudement recommander à tous les amateurs du genre : si vous aimez les romans historiques avec une pointe de romance et des personnages consistants, sur un fond légèrement dépaysant, alors la grande saga hindoue de Nicole Vosseler est faite pour vous ! 

    En Bref :

    Les + : un superbe roman, évocation touchante de l'Inde et une grande histoire d'amour, qui évite habilement l'écueil de la mièvrerie et de la guimauve. 
    Les - : une chronologie peut-être un peu confuse par moments mais franchement rien de grave.  

     

     

    Coup de cœur 


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  •  « La vie ne nous apporte jamais exactement ce que nous espérons, vous ne croyez pas ? »

    Swan River, tome 1, Le Destin de Cassandra ; Anna Jacobs

    Publié en 2010 en Angleterre ; en 2019 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Farewell to Lancashire 

    Editions Archipoche (collection Romans Étrangers) 

    431 pages

    Premier tome de la saga Swan River

     

    Résumé : 

    1861. Le Lancashire subit la crise. Privées de coton, les filatures ferment une à une en Angleterre, plongeant la population dans la misère. 

    Cassandra Blake, ses trois soeurs cadettes et leur père Edwin tentent malgré tout de faire face à l'adversité. Mais la mort du patriarche vient tout bouleverser. 

    Leur oncle Joseph décide de prendre ses nièces sous son aile, malgré l'opposition  de son acariâtre épouse, qui commandite en secret l’enlèvement de Cassandra. Elle menace alors ses sœurs de faire subir à la jeune femme les pires sévices si elles ne quittent pas le pays…

    Contraintes de dire adieu à leur Lancashire natal, elles embarquent pour l’Australie. Les quatre sœurs parviendront- elles à se retrouver à l’autre bout du monde, et à construire une vie nouvelle ?

    Une saga au souffle puissant, qui nous entraîne dans une Australie encore sauvage, où tous les rêves sont permis.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Je vais commencer cette chronique en remerciant encore une fois très chaleureusement les éditions de l'Archipel et Mylène pour l'envoi de ce premier tome de la saga Swan River, d'Anna Jacobs. Je ne le redirai jamais assez, la confiance des maisons d'édition envers les blogueurs est inestimable... Nous ne sommes pas des professionnels mais nous montrer que notre voix compte est vraiment motivant.
    Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons parler du livre en lui-même. Comme je le souligne un peu plus haut, Le Destin de Cassandra est le premier tome d'une saga, je me suis donc préparée dès le départ, sans savoir d'ailleurs si j'allais aimer ou pas ce livre, à retrouver encore les sœurs Blake, les héroïnes de ce roman, pour d'autres aventures.
    Celui-ci s'ouvre en 1861, dans le Lancashire. Le Lancashire, c'est une région du nord-ouest de l'Angleterre, autour de Manchester, pour vous situer. C'est une région extrêmement industrialisée et où la plupart des habitants est employée dans les manufactures de coton et autres usines. Seulement, le coton dont les usines anglaises ont besoin pour tourner, est produit aux Etats-Unis. Et, en ce début des années 1860, la guerre de Sécession fait rage outre-Atlantique, entre le Nord des Yankees et le Sud cotonnier et esclavagiste. Par ricochet, l'Angleterre n'étant plus approvisionnée en coton, les manufactures textiles se mettent à tourner au ralenti voire à fermer, plongeant les habitants dans une misère noire, le chômage entraînant une pauvreté grandissante. Anna Jacobs se base sur un épisode malheureusement bien réel : c'est ce que l'on a appelé la Cotton Panic ou encore la Lancashire Cotton Famine, littéralement « La famine du coton ».
    La famille Blake fait partie de ces habitants de la ville d'Outham, près de Manchester, qui vit justement de cette industrie textile très active. Le père, Edwin Blake, est employé d'usine et vit avec ses quatre filles non mariées, Cassandra, Pandora, Xanthe et Maia. Passionné par la Grèce et sa culture, il a donné des noms antiques à ses enfants. Intelligentes, vives et très dévouées à leur père, les quatre sœurs Blake vont vivre, impuissantes, le basculement de leur famille d'un train de vie relativement modeste mais encore agréable, à la pauvreté la plus noire. Comme beaucoup d'autres habitants d'Outham, elles vont connaître la faim, l'obligation de vendre des biens de famille, de mettre en location certaines pièces de la maison. Et quand le patriarche, suite à un accident, se trouve incapable de travailler, les quatre sœurs vont être obligées de se débrouiller comme elles le peuvent pour s'en occuper, trouver de la nourriture, essayer de lui garantir un confort relatif. Obligées de mendier ou de s'adresser aux bienfaiteurs des soupes populaires qui n'en ont d'ailleurs que le nom, car ils sont condescendants et vexants, les soeurs Blake vont devoir affronter une réalité bien difficile...Quand s'ajoute en plus à cela la haine inextinguible que leur voue leur tante Isabel, on peut considérer que les pauvres jeunes femmes n'ont vraiment pas de chance. Et lorsqu'elles doivent quitter l'Angleterre, forcées par leur tante, pour gagner les terres encore vierges de l'Australie, alors on se dit que le désastre est complet pour elles... Que vont-elles trouver là-bas, dans un pays inconnu et aussi lointain, aux saisons inversées, où il peut faire extrêmement chaud et où aucune infrastructure n'existe encore réellement ? C'est ce que l'on découvre progressivement au travers des yeux des quatre sœurs, différentes et qui abordent cette nouvelle vie qu'elles n'ont pas choisie, chacune à sa manière.
    Ce premier tome n'est pas encore la grande fresque exotique et dépaysante que j'attendais... J'imagine que la vie australienne des quatre sœurs Blake sera plus développée dans le tome suivant que j'ai hâte de découvrir, malgré quelques petits bémols sur lesquels je reviendrais -qui ne m'ont, cela dit, pas empêchée d'apprécier cette lecture à sa juste valeur, bien au contraire.

    Swan River, tome 1, Le Destin de Cassandra ; Anna Jacobs

     

    Des colons en Australie au XIXème siècle 


    Le Destin de Cassandra se passe, aux deux tiers, en Angleterre, à Outham plus précisément, la ville natale des quatre sœurs. Dans cette région industrielle, tout le monde est dépendant des usines et notamment de celles qui transforment le coton arrivant des Etats-Unis. J'ai trouvé qu'Anna Jacobs raconte subtilement le lent basculement qui s'opère, l'arrivée progressive d'une pauvreté de plus en plus difficile à enrayer jusqu'à ce qu'elle vous emporte complètement. Les Blake ne sont qu'une famille parmi d'autres, parce que ce sont des centaines de foyers qui connaissent cette misère qui ne semble pas vouloir se terminer : les jeunes accouchées qui meurent et leurs bébés avec elles, faute de soins, les vieillards enfermés dans les hospices où ils meurent dans des conditions affreuses, les plus pauvres engagés à des tâchés aussi vaines que fatigantes comme casser des cailloux, les femmes humiliées par les plus riches qui les regardent avec condescendance, à commencer par le pasteur, qui est pourtant un homme de Dieu mais n'a aucune empathie ni commisération mais nourrit au contraire beaucoup de préjugés et d'idées préconçues. On lit les premiers chapitres la gorge un peu serrée devant le dénuement qui s'installe peu à peu sous le toit des Blake, on admire le courage des quatre sœurs et notamment de Cassandra, une jeune femme de vingt-huit ans que la vie n'épargne pas mais qui garde la tête haute, on se sent touché par le dévouement des sœurs envers leur père, qu'elles aiment tendrement et qu'elles traitent de manière presque maternelle...Peut-être me suis-je sentie proche de Cassandra parce que j'ai son âge et que j'ai pu m'identifier assez facilement à elle. J'ai moins apprécié les autres soeurs, même si Pandora est particulièrement intelligente... Xanthe et Maia, les cadettes, m'ont laissée relativement indifférente même si je ne les ai pas détestées, bien au contraire. Au final, les soeurs Blake forme une sorte d'entité hyper soudée et on les apprécie toutes ensemble ou pas du tout. Du moins est-ce le sentiment que j'ai eu.
    Et puis tout se précipite et les soeurs se retrouvent sur un bateau, en direction de l'Australie, avec de nombreux autres émigrants, la plupart venant du Lancashire et fuyant la misère grandissante. Promesse d'une vie meilleure, le continent australien est encore, en ce milieu de XIXème siècle, la terre de tous les possibles. J'ai retrouvé un peu l'ambiance du roman Le Temps de l'Amour, de Colleen McCullough, qui se passe à peu près à la même époque et qui nous place dans le sillage d'une jeune britannique qui va épouser un de ces cousins en Australie. Si, dans ce roman, Alexander Kinross est déjà à la tête d'affaires florissantes et projette de fonder carrément une ville, dans Le Destin de Cassandra, c'est un pays désertique et quasiment vide de toute présence humaine que les émigrants trouvent ; à part les prisonniers, envoyés là-bas en guise de punition, les seuls habitants de l'Australie sont les autochtones, les fameux Maoris, considérés comme des barbares par beaucoup d'Anglais et qui seront petit à petit dépossédés de leurs terres au profit des colons. Il ne serait pas juste de dire que l'on découvre l'Australie à cette époque puisque cela fait près de cents ans que James Cook a pris possession du continent au nom de la couronne anglaise et les premières explorations européennes ont eu lieu dès le XVIIème siècle, mais sans installation pérenne. Mais, comme aux Etats-Unis, de vastes étendues restent encore à découvrir, loin des premières villes de la côte est.
    Il ne serait pas juste de dire que les sœurs Blake sont les seules héroïnes du roman ou, du moins, elles ne sont pas les seuls personnages importants. Avant qu'elles ne débarquent en Australie, on découvre le pays en compagnie de Reece, le bon ami de Cassandra, qui a choisi de quitter l'Angleterre où aucune perspective ne s'offrait à lui, dans les pas de Francis Southerham, un doux rêveur et de l'épouse de celui-ci, Livia. Et dans ce coin de l'Australie occidentale presque complètement désertique, tout reste à faire : pour des Occidentaux, le contraste est rude mais ce pays dépaysant les fascine aussi, d'une certaine manière, comme il nous fascine aussi, nous lecteurs, parce que ce n'est pas l'Australie d'aujourd'hui que l'on découvre mais un pays encore à demi-sauvage, inexploité mais aux possibilités immenses. C'est un peu la conquête de l'Ouest, en fait !
    J'ai vraiment apprécié ce roman même si, je l'avoue, le résumé m'avait fait un peu peur... Je me suis demandé si cette histoire n'allait pas être trop dure, trop difficile à lire. Alors c'est vrai que, malgré quelques passages pas évidents, dans l'ensemble, Le Destin de Cassandra est une belle fresque comme je les aime. J'ai retrouvé Colleen McCullough, Tamara McKinley, Sarah Lark, dans l'univers d'Anna Jacobs. Certaines lectrices ont d'ailleurs souligné dans leurs avis qu'il valait mieux lire ce roman avant la fameuse saga de Sarah Lark, Le Pays du Nuage Blanc, au risque d'être déçue. Pas de bol, j'avais déjà dévoré cette saga ! Ceci dit, je n'ai aucunement été déçue par cette lecture et à aucun moment je n'ai été tentée de comparer les deux univers parce que, malgré leurs points communs, ils sont quand même largement différents. Alors c'est vrai que Sarah Lark a placé la barre très haut avec sa saga néo-zélandaise mais moi, je trouve qu'Anna Jacobs se défend vraiment bien !
    Malgré tout, il y'a eu quelques petites notes discordantes au cours de ma lecture, des petites, petites notes, toutes légères mais qui m'ont cependant empêchée de ressentir un coup de cœur, par exemple. Si j'ai beaucoup aimé le début du roman, malgré les descriptions assez cruelles -mais malheureusement réalistes- de la pauvreté terrible qui s'abat sur le Lancashire et sur les habitants de Outham ainsi que les derniers tiers du roman, quand les sœurs, réunies, découvrent leur nouvelle patrie, j'avoue que j'ai parfois eu un sentiment difficilement répressible d'invraisemblance. Je crois que l'auteure a parfois un peu trop forci le trait alors que ce n'était pas nécessaire : les sœurs Blake et notamment Cassandra connaissent, en peu de temps, un marasme sans nom. C'est vrai que ça peut arriver mais quand même, à ce niveau-là, c'est difficilement crédible. Si l'auteure était restée plus soft, son intrigue, je pense, n'en aurait pas été moins bonne au contraire et aurait même gagné en vraisemblance. Cela dit, ce n'est qu'un avis personnel et cela ne m'a pas empêchée pour autant de profiter pleinement de ma lecture, tout comme les petites facilités scénaristiques à la fin : au final, elles permettent aux sœurs Blake de connaître un bonheur relatif, donc on ne va pas le reprocher à l'auteure !
    Finalement, ce premier tome m'a beaucoup plu et je n'ai désormais qu'une hâte : découvrir les deux autres tomes de la saga Swan River

    En Bref :

    Les + : une grande fresque pleine de souffle, dépaysante et exotique à souhait ; un univers intéressant qui ne demande qu'à être découvert. 
    Les - : quelques passages peut-être un peu cousus de fil blanc et difficilement crédibles. 

     


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  • «  C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours. »

    Le Chagrin des Vivants ; Anna Hope

     

    Publié en 2014 en Angleterre ; en 2017 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Wake 

    Editions Folio 

    432 pages 

    Résumé :

    Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d'hommage. 
    A Londres, trois femmes vivent ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l'armée ; Ada, qui ne cesse d'apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d'hommes mutiques, rongés par les horreurs vécues, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s'apaisent.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En novembre 1920, à quelques jours de la cérémonie officielle des funérailles du Soldat Inconnu, nous suivons trois femmes, trois Londoniennes aux parcours, aux âges et aux statuts différents. Evelyn a trente ans, elle vient d'un milieu relativement aisé et guindé, qui ne tolère pas vraiment la vie simple et presque bohème qu'elle s'est choisie à Londres. Elle a perdu un fiancé à la guerre et après cette perte, elle est devenue « munitionnette ». En 1920, Evelyn, comme son frère Edward, se bat contre ses propres démons et son amertume.
    Hettie, de son vrai nom Henrietta, est une jeune femme de dix-neuf ans, originaire de Hammersmith. Parce que son frère est revenu profondément marqué des combats et que leur père est mort prématurément c'est elle qui fait bouillir la marmite et ramène l'argent pour faire vivre sa mère et son frère. Avec son amie Di, elle est danseuse de courtoisie, accordant une danse à six pence à tous ceux qui le demandent.
    Ada est une femme mûre d'une cinquantaine d'années. Elle est une mère qui a perdu son fils unique, comme des millions d'autres femmes, seulement elle n'arrive pas à faire son deuil, ce qui gangrène son couple et la ronge intérieurement.
    Ces femmes sont le reflet de millions d'autres, en Angleterre comme ailleurs : elles sont le symbole de cet arrière qui n'a pas participé aux combats ou du moins pas directement mais qui a malgré tout payé un lourd tribut. Ces femmes, ce sont les épouses, les amantes, les mères, les filles, les cousines, les sœurs, qui se sont dévouées et on attendu, bien souvent à vain et ne sont plus jamais défaites du noir qui marquait leur deuil.
    En parallèle, on suit, quelque part dans la Somme, au début d'un automne sale et froid, les pérégrinations de soldats ordinaires, choisis pour désigner, à leur tour, quel sera celui qui sera enterré dans la tombe du Soldat Inconnu, à Londres et qui cristallisera le deuil de millions de famille et l'hommage national lors des commémorations du 11 novembre. On les suit dans cette campagne française éventrée par les combats, rongée par les munitions qui polluent son sous-sol gorgé de sang et d'ossements. Dans les tranchées en ruine, deux ans après la fin des combats, au milieu des barbelés rouillés, dans une ambiance chaotique de fin du monde, de jeunes soldats anglais ont pour mission de déterrer des corps, de les identifier si possible grâce à leur immatriculation militaire ou leurs insignes. Plusieurs corps sont exhumés puis un seul est choisi, pauvres restes anonymes, dans lesquels la nation pourra trouver un réconfort en s'imaginant que le soldat qui dort à Westminster est le frère, le fils, le fiancé, le mari disparu et qui n'a jamais été retrouvé.
    Ce roman est mon premier d'Anna Hope et je dois dire que, pour une découverte, elle est absolument magistrale ! J'ai dévoré les quatre cent et quelques pages sans les voir passer, sans éprouver aucune lassitude ni ressentir aucune longueur. Ce roman est extraordinaire, d'abord par ce qu'il véhicule mais aussi par la manière dont il le véhicule. Il y'a énormément de romans sur la Grande Guerre, tous écrits différemment, selon l'auteur, selon la sensibilité de ce dernier. Chez Anna Hope c'est puissant et violent, attirant et repoussant tout à la fois. Son style peut se faire doux et compréhensif comme aussi des plus triviaux. C'est la guerre toute nue qu'elle nous expose là, avec son cortège d'horreurs, d'injustices, d'erreurs et de faiblesses humaines. C'est l'horreur d'un conflit qui dépasse tout et n'a pas de précédent, un conflit qui, en Europe et notamment en France, en Allemagne, en Russie et en Angleterre, ne laissera aucune famille indemne.

    Le Chagrin des Vivants ; Anna Hope

     

    Cérémonie officielle de l'inhumation du Soldat Inconnu à Londres, le 11 novembre 1920


    Le roman se déroule sur une courte période de cinq journées : les quatre qui précèdent la cérémonie d'inhumation du Soldat Inconnu et cette fameuse journée du 11 novembre 1920, quand, à onze heures, les Londoniens, vêtus de noir, suivront le cercueil jusqu'à sa dernière demeure sous les vôutes de l'abbaye de Westminster. Cinq journées décisives pour les trois héroïnes, des journées pénibles mais nécessaires, qui vont leur permettre, sinon de surmonter les blessures et les drames, du moins de mieux vivre avec, car ce que Le Chagrin des Vivants illustre bien, c'est qu'une guerre, surtout une guerre comme celle-ci, ne se termine jamais. Pour ceux qui l'ont connue, elle a duré toute une vie et son traumatisme s'est transmis de génération en génération. Qui, aujourd'hui encore, lorsqu'il évoque la Première Guerre Mondiale, ne convoque pas le souvenir d'un disparu ? Un disparu que l'on n'a pas connu, certes, mais qui fait partie de nos origines et de nos racines, un grand-père ou un arrière-grand-père, un lointain cousin, un ancêtre qui parfois n'a pas regagné sa région d'origine et dort dans la terre retournée du nord ou de l'est de la France ou même ailleurs, sur un autre front ?
    La guerre est comme une maladie qui les ronge, ces héros du Chagrin des Vivants. Peut-on dire qu'ils sont attachants ? Je ne sais pas... Je ne sais même pas si cela faisait partie des préoccupations de l'auteure...Qu'on les aime ou pas, peu importe, après tout, ce n'est pas ça qui compte. Ce qui compte c'est ce qu'ils disent, ce qu'ils symbolisent, ce qu'ils portent à bout de bras et qui est infiniment plus grand qu'eux : la responsabilité, la culpabilité, les blessures irrémédiables et les faiblesses de toute une génération qui, en cette fin de l'année 1920, ne cherche pas encore à s'étourdir comme elle le fera les années suivantes mais commence à nouveau à s'enivrer désespérément, comme pour oublier.
    Ce roman est un bel hommage... A ceux qui se sont battus et qui ne sont pas revenus, à ceux qui se sont battus et sont revenus, avec parfois une culpabilité chevillée au corps et une question lancinante qui revient : « Pourquoi moi ? » Un hommage à tous ces soldats qui souffriront toute leur vie d'un stress post-traumatique, que l'on comprend et que l'on soigne aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y'a cents ans.
    C'est un bel hommage aussi au courage de celles qui restent en arrière et se retrouvent pourtant tout autant détruites que ceux qui sont partis. Ces femmes qui, dans leur cuisine, ont attendu le retour des hommes, celles qui, dans les usines ou les dispensaires proches des zones de combat ont donné leur vie pour ceux qui se battaient et pour la grandeur de la nation.
    Ce roman est d'une puissance rare. Il vous percute comme un coup de poing, comme une gifle magistralement assénée. Il vous secoue tout entier et vous fait entrer à l'intérieur du crâne une abomination dont vous vous seriez volontiers passé mais qui est malgré tout salutaire. N'oublions pas notre Histoire. A une époque où les pires raccourcis sont faits et souvent de manière malheureuse, où l'Histoire est instrumentalisée à gogo, n'oublions pas le passé, souvenons-nous car sans passé, point d'avenir. Et surtout, n'oublions pas d'honorer les héros ordinaires qui ont combattu et souvent sont morts pour la paix. 

    En Bref :

    Les + :  Le Chagrin des Vivants est un véritable travail de mémoire, servi par le style impeccable de l'auteure. Que reste-t-il après un conflit d'une telle ampleur ? Qu'est-ce qui se cache derrière le chagrin de ceux qui restent. Un beau roman qui analyse finement les rouages de l'âme humaine. 
    Les - :
    je n'en ai pas trouvé.


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