• Romances / Romans à Secrets / Romans d'évasion

    Romances / Romans à Secrets / Romans d'évasion

     

     

    SOMMAIRE ROMANCES, ROMANS À SECRETS ET ROMANS D'EVASION

     

    - A - 

    - B - 

    - C - 

    - D - 

    - E - 

    - F - 

    - G - 

    - H - 

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    - K - 

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    - M -

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    - P - 

    - Q - 

    - R - 

    - S - 

    - T - 

    - U - 

    - V - 

    - W - 

    - X - 

    - Y - 

    - Z - 

  • « Elle lui ressemblait tellement. C'en était à pleurer. Le souvenir d'un fantôme : une femme qu'il n'avait jamais pu oublier et qui le hantait désormais depuis quarante-quatre ans. »

     

     

     Publié en 2017 en Angleterre

     En 2019 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Island in the East

     Éditions Milady

     450 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    « Sans la tempête qui s'était abattue sur l'île ce matin-là, il y aurait probablement eu plus de monde au port pour voir l'Empress of India et sa curieuse cargaison. Depuis que l'on avait appris que Harriet et Mae Grafton, des orphelines sans le sou d'une vingtaine d'années en provenance d'Inde, venaient s'installer, on en parlait dans toute la ville. »

    1897. A vingt ans, Harriet et Mae Grafton sont des jumelles nées d'une liaison scandaleuse. Rejetées par la bonne société, elles ne peuvent que compter l'une sur l'autre. Mais lorsque leur riche bienfaiteur les envoie à Singapour, elles font la connaissance du mystérieux Alex Blake, et leur relation se détériore, ce qui aura des conséquences dévastatrices...

    1941. Petite-fille de Mae, Ivy Harcourt travaille à Londres et est affectée à Singapour, alors sous la menace d'une invasion japonaise. Même si Ivy redoute de vivre sur cette île qui lui est totalement étrangère, elle n'est pas du tout préparée à ce qui l'y attend : des inconnus surgissant du passé de sa grand-mère, une histoire d'amour inattendue et un secret qui ne demande qu'à être découvert...

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1941, la jeune Ivy Harcourt a intégré les Wren’s (Women's Royal Naval Service) et participe à l’effort de guerre. Forte de sa bonne connaissance des langues, elle a été affectée aux renseignements et sa mission est d’écouter les échanges des pilotes qui survolent l’Angleterre. Mais après un choc, Ivy demande sa mutation : elle est exaucée au-delà de ses espérances puisque c’est vers Singapour que la jeune femme va être envoyée, pour espionner cette fois, non plus les pilotes allemands mais les Japonais, qui se font de plus en plus menaçants dans cette partie du monde.
    C’est avec appréhension que Mae, sa grand-mère avec laquelle elle vit et qui a élevé Ivy après la mort prématurée de ses parents, voit la jeune femme s’en aller. Mais ses craintes sont-elles seulement liées à la guerre et aux dangers que son unique petite-fille peut courir dans le Pacifique ? Peut-être pas.
    A Singapour en effet, Ivy va découvrir fortuitement des pans de son passé et de celui de sa grand-mère. En 1897, Mae et Harriet Grafton, des sœurs jumelles à la naissance trouble, arrivent à Singapour. Là, elles feront la connaissance de David Keeley et d’Alex Blake, pour le meilleur comme pour le pire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que plus rien par la suite ne sera jamais comme avant. L’affectation d’Ivy sur l’île où sa grand-mère a passé quelques mois de sa jeunesse va forcer Mae à sortir de son silence et à déterrer de vieux secrets qu’elle pensait ne voir jamais ressurgir.
    En parallèle, on découvre le quotidien d’Ivy à Singapour, dans les mois qui précèdent la prise de Pearl Harbor puis l’occupation de la Malaisie et les débuts de la bataille du Pacifique. Dans une atmosphère de touffeur permanente, au cœur de la jungle, les contingents anglais se préparent comme ils peuvent, avec les moyens qu’ils ont – autant dire très peu, quand les fronts d’Europe et d’Afrique les occupent presque tout entiers. Installée dans la maison d’une jeune Américaine engagée elle aussi dans les Wren’s, Ivy se fait des amies, découvre une nouvelle vie et lie connaissance avec un voisin, un certain…Alex Blake, tandis qu’un jeune soldat australien intrépide, Kit Langton, ne la laisse pas indifférente.

    En 1942, les Britanniques cèdent l'île aux Japonais : une occupation de trois années commence


    Vu le pitch, vous vous dites peut-être que Une île en Orient n’est rien de plus qu’une énième romance historique qui se passe en plus – ô surprise – en pleine Seconde guerre mondiale. En soi, vous n’avez ni tout à fait raison ni tout à fait tort : certes, vous lirez une romance historique dépaysante et légèrement prévisible. Mais il n’y a pas que cela non plus dans ce roman et c’est ce qui m’a agréablement surprise, je dois bien le dire. Si beaucoup de lecteurs ont apprécié, dans la double-temporalité, la partie la plus ancienne se passant en 1897, pour ma part – peut-être aussi parce que mon intérêt me pousse plus à m’intéresser à la période de la Seconde guerre mondiale -, c’est vraiment les chapitres consacrés à Ivy que j’ai préférés car dans son sillage, c’est tout l’avant et le pendant de la bataille du Pacifique que l’on découvre : car après avoir déferlé sur Pearl Harbor, les Japonais ne s’arrêtent pas en si bon chemin et Singapour, colonie britannique où vivent de nombreux civils, sera une cible de choix. On découvre l’impréparation des troupes britanniques, l’inquiétude latente de ceux qui sont sur place et comprennent qu’ils sont des laissés-pour-compte quand les fronts d’Afrique et d’Europe nécessitent l’envoi important de contingents…En même temps, les jeunes soldats et les unités féminines s’étourdissent dans de nombreuses fêtes, comme pour conjurer le mauvais sort, dans cette attente de plus en plus étouffante, comme le climat.
    Je n’ai pas détesté la partie consacrée aux sœurs, Mae et Harriet, mais celle-ci est moins historique, on ne découvre finalement pas grand-chose sur la Singapour de 1897 et l’autrice se contente de suivre les quelques mois – assez tragiques d’ailleurs – que les deux sœurs vont passer sur l’île. Je n’ai pas forcément réussi à m’intéresser ni à m’attacher aux personnages, Mae et Harriet m’ont laissée assez indifférente et m’ont même parfois un peu tapé sur le système, même si je ne les ai pas détestées non plus. Je regrette un peu le manque d’éclaircissements sur leur passé, leurs secrets, même si on en apprend de plus en plus à mesure que l’on avance dans sa lecture. J’aurais aimé par exemple connaître les circonstances de leur naissance, alors que là, on ne peut que les imaginer…j’ai eu l’impression que l’autrice en disait trop et pas assez à la fois et que la fin du roman n’apporte peut-être pas suffisamment de clefs comme ce peut être le cas quand on lit un roman de Kate Morton, par exemple, où le secret de départ est complètement décortiqué, jusqu’à devenir limpide pour le lecteur.
    Mais ce n’est qu’un tout petit bémol, qui ne m’a pas empêchée de passer un très bon moment avec cette lecture et de prendre un grand plaisir à suivre Ivy. J’attendais de ce roman une romance historique dépaysante et exotique et je l’ai eue, avec en plus une description du quotidien en Malaisie, notamment au moment de l’occupation japonaise et ce n’était vraiment pas mal du tout.

    Des soldats du régiment Suffolk se rendant à la 25e armée nipponne

    En Bref :

    Les + : une romance historique, certes, mais pas que ! Grâce à ce roman j'ai pu découvrir une part, certes romancée mais sûrement proche de la réalité, de la bataille du Pacifique.
    Les - : une double-temporalité un peu inégale à mon goût.


    Une île en Orient ; Jenny Ashcroft

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

     

     

     


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  • « Le monde est en mutation. Les femmes ne sont pas incapables de mener leur vie toutes seules. C’est la société qui leur met des bâtons dans les roues. Certaines femmes ne connaissent rien d’autre Parce que c’est ainsi qu’elles ont été éduquées. D’autres se voit contraintes par la nécessité de trouver un mari. Et il y en a qui, comme moi, veulent essayer de vivre par elles-mêmes. »

    Couverture Les héritières de Löwenhof, tome 1 : Le choix d'Agneta

     

     

     Publié en 2018 en Allemagne

     En 2023 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Die Frauen vom Löwenhof : Agnetas   Erbe

     Éditions Charleston

     752 pages 

     Premier tome de la saga Les héritières de Löwenhof

     

     

     

     

    Résumé :

    Stockholm, 1913. 
    Après une violente dispute avec ses parents, Agneta Lejongård a quitté le splendide domaine de Löwenhof où elle a grandi et coupé tout lien avec sa famille et son héritage. A un mariage arrangé dans la noble société suédoise, elle a préféré une vie de bohème à Stockholm auprès de ses amies suffragettes. 
    Pourtant, un beau matin, un funeste télégramme la rappelle au manoir : son père et son frère ont été victimes d'un grave accident. Contrainte de reprendre la gestion du haras familial, Agneta se trouve une nouvelle fois prisonnière de la demeure qu'elle avait fuie. Entre attachement aux siens et rêves de liberté, Agneta fait face à des choix déchirants alors qu'autour d'elle l'Europe marche déjà vers la guerre. 

    Une saga fascinante qui dessine le portrait d'une femme prise entre deux siècles, mais résolument tournée vers l'avenir.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1913 à Stockholm, Agneta mène une vie d'artiste, loin de son milieu d'origine : en effet issue de la noblesse, elle a grandi au domaine de Löwenhof, le haras de son père, Thure Lejongård dont son frère Hendrik est l'héritier. Agneta, quant à elle, aspire à mener sa vie comme elle l'entend, ce qui n'est pas forcément ni entendu ni bien perçu dans une société encore pleine de conventions et qui n'accorde pas aux femmes la même indépendance que les hommes et ne tolère pas vraiment l'émancipation féminine. A Stockholm, elle a ainsi noué des amitiés avec de jeunes femmes engagées pour le droit de vote féminin et elle a embrassé leur cause, au grand dam de ses parents, avec lesquels d'ailleurs les relations sont tendues depuis qu'Agneta leur a annoncé sa volonté de s'installer à Stockholm et d’entreprendre des études d'art, loin de Löwenhof.
    Mais voilà qu'un événement funeste rappelle Agneta au domaine : désormais seule à pouvoir en tenir les rênes, elle est contrainte et forcée de laisser derrière elle ses aspirations personnelles pour sauver Löwenhof. C'est donc avec des sentiments contrastés que la nouvelle héritière rentre au domaine qu'elle pensait avoir quitté pour toujours : là, elle va devoir composer avec la figure omnipotente et désapprobatrice de Stella, sa mère, avec laquelle elle ne s'entend pas...
    Mais Agneta, mue par le sens du devoir, s'avère être une remarquable gestionnaire : bientôt, sa vie à la capitale n'est plus qu'un lointain souvenir, tandis qu'elle s'emploie à maintenir le haras familial à flot, dans un contexte international des plus compliqués, car déjà la Première guerre mondiale s'annonce...
    Le choix d'Agneta est le premier tome d'une nouvelle série : Les héritières de Löwenhof, triptyque que l'on peut classer dans les sagas familiales et historiques. Comme son titre l'indique, on comprend aisément que ce seront des héroïnes qui seront mises sur le devant de la scène et nous faisons donc la connaissance de la toute première, Agneta, jeune femme non conventionnelle et pleine d'idéaux mais qui est à l'aube de faire le choix de sa vie. 
    Ce premier tome a été une assez bonne surprise dans l'ensemble : de Corinna Boman j'avais lu un premier roman il y a quelques années, intitulé Le jardin au clair de lune. Si Les héritières de Löwenhof a pu me rappeler l'univers de La villa aux étoffes, ce roman m'avait plutôt évoqué Kate Morton, avec sa double-temporalité, ses secrets...surtout, je l'avais trouvé extrêmement dépaysant car l'autrice nous faisait voyager de l'Allemagne à l'Indonésie du début du XXème siècle et j'avais beaucoup aimé ce périple dans le monde colonial hollandais, sur les traces d'une musicienne virtuose. J'avoue que je m'attendais à retrouver cet enthousiasme qui m'a un peu manqué en lisant ce premier tome des Héritières de Löwenhof, car je l'ai trouvé extrêmement cliché, comme si l'autrice avait utilisé le manuel de la bonne romance historique et en avait studieusement coché toutes les cases. Ainsi, on retrouve l'héroïne en rupture avec son milieu et sa famille, l'immanquable histoire d'amour avec un personnage masculin ténébreux et mystérieux, les éternelles amours ancillaires également...Ce n'est pas véritablement un problème en soi mais pour le coup, si Agneta est non-conventionnelle, on ne peut pas dire que ce soit le cas de ce roman qui s'inscrit totalement dans les pas de beaucoup d'autres romans d'ambiance à la trame historique qui ont été publiés ces dernières années et en soi, ne propose rien de moins mais rien de plus.
    Je parlais d'ailleurs plus haut de La villa aux étoffes : j'avoue que ce premier tome m'a fait fortement penser à la série d'Anne Jacobs, bien que je n'aie pas aimé cette dernière. J'ai trouvé que Le choix d'Agneta était beaucoup plus plaisant, notamment parce que je me suis attachée à Agneta, que j'ai trouvé pleine de détermination, de courage et d'intelligence. L'autre gros point fort de ce premier tome, c'est assurément le lieu où il se déroule : lire un roman historique se passant en Suède est délicieusement dépaysant, je crois que c'est la première fois que j'en lis un, d'ailleurs - à l'exception de L'échiquier de la reine, une biographie romancée de la reine Christine de Suède au XVIIème siècle mais qui ne se situait pas intégralement là-bas. Cela change de l'Allemagne et de l'Angleterre ou même de l'Australie, sur-représentées dans ces romans d'ambiance dits féminins - même si je n'aime pas forcément ce terme. 
    Malgré quelques petits bémols, j'ai donc passé un très bon moment avec ce roman et me suis sentie bien à Löwenhof. J'ai aussi aimé découvrir le contexte de la Première guerre mondiale depuis un pays qui avait choisi la neutralité à l'époque : pour nous, la Grande guerre est un événement traumatisant de notre histoire, encore aujourd'hui. Mais en Scandinavie, ce fut un conflit que l'on regarda de loin car la Suède choisit de s'en tenir éloignée prudemment. 
    Bref, si ce premier tome ne m'a pas pleinement convaincue et que j'ai été un peu déçue de ne pas retrouver ce qui avait pu m'enthousiasmer dans Le jardin au clair de lune, j'ai malgré tout vraiment apprécié cette lecture : elle est idéale en hiver, avec un bon plaid et une boisson chaude. Il y a quelque chose de réconfortant à se plonger dans une saga historique quand il pleut et qu'il fait froid, je trouve. 
    Bref, c'est donc avec plaisir que je lirai la suite et j'ai déjà hâte de découvrir les autres héroïnes de Löwenhof, dans le sillage d'Agneta. 

    En Bref :

    Les + : j'ai aimé le personnage d'Agneta, confrontée à un choix qui n'est pas simple, à l'aube d'une époque nouvelle. Le fait que le roman se passe en Suède est aussi un gros point fort.
    Les - : C'est cliché, c'est même très, très cliché, n'ayons pas peur des mots et la romance est aussi un peu facile.


    Les héritières de Löwenhof, tome 1, Le choix d'Agneta ; Corina Bomann

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 


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  • « Les gens bien font parfois des choses horribles. Et leurs raisons sont parfois bonnes. »

    Couverture La Scène des souvenirs

     

      

          Publié en 2012 en Australie

      Publié en 2023 en France (pour la présente édition)

      Editions J'ai Lu

      Titre original : The Secret Keeper

      704 pages 

     

     

     

     

     

     

    Résumé :

    2011. La célèbre actrice Laurel Nicolson se rend auprès de sa mère mourante, dans le Suffolk. Alors qu'elle replonge dans les souvenirs de sa famille, elle découvre une photographie qu'elle ne reconnaît pas. L'une des deux femmes sur le cliché est sa mère, Dorothy, mais qui est l'autre ? 
    Débute alors une enquête qui va exhumer une montagne de secrets. Ceux de Dorothy, mais aussi ceux de Laurel, hantée par cette terrible journée d'été de son enfance...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 2011, la célèbre comédienne Laurel Nicolson revient dans son Suffolk natal pour accompagner sa mère dans ses derniers moments. Se replongeant dans les souvenirs familiaux, Laurel et l'une de ses sœurs découvrent dans les affaires de leur mère une photo datant du début des années 1940 : leur mère, Dorothy, y est accompagnée par une femme inconnue, visiblement une amie de jeunesse dont Laurel, ses sœurs et son frère n'ont jamais entendu parler. Elles découvrent aussi un livre avec une dédicace signée par une mystérieuse Vivien
    C'est alors le point de départ d'une longue enquête dans le passé de Dorothy qui, dans les limbes du souvenir, semble se remémorer un événement qui la pétrit de remords. Et surtout, pour Laurel, ces investigations sont un moyen de répondre à de nombreuses questions, questions qu'elle se pose depuis une fatale journée d'été 1961 où, à l'age de seize ans, elle a assisté à un événement traumatisant qu'elle n'a plus jamais oublié
    La scène des souvenirs fait partie des premiers romans de Kate Morton, au même titre que Les brumes de Riverton, Le jardin des secrets ou encore, Les heures lointaines. Alors pourquoi, me direz-vous, je n'avais jamais lu celui-ci ? Tout simplement parce que j'avais un a priori assez stupide : alors que les héroïnes de Kate Morton sont généralement des personnes lambda, le fait de suivre une actrice réputée ne me tentait pas spécialement. J'avais peur, je ne sais pas pourquoi, que cela manque un peu d'authenticité. Je pensais aussi que je ne pourrais pas forcément m'attacher à elle. Je suis ravie de pouvoir vous dire que rien de tout cela n'est advenu et que ma lecture de La scène des souvenirs a réduit à néant tous les préjugés que je pouvais encore avoir
    Contre toute attente, je me suis régalée. Pas autant qu'avec L'enfant du lac ou La prisonnière du temps, qui sont plus récents et plus riches : on sent vraiment que l'univers de Kate Morton s'étoffe avec le temps, devenant de plus en plus passionnant. Pour moi, c'est vraiment la reine du roman d'ambiance et de la double-temporalité, qu'elle maîtrise d'une main de maître. 
    Encore une fois, je me suis laissée porter, dans cette véritable enquête qui ressemblerait presque à une enquête policière : on suit Laurel dans ses investigations, on fait nos propres suppositions. Mais j'avoue que je ne m'attendais absolument pas à la révélation finale. Vous voyez le genre de livres qui peut vous tenir éveillé parce que vous voulez en connaître le fin mot ? La scène des souvenirs est de ceux-là. 
    Contre toute attente, alors que le personnage de Laurel était l'objet principal de mes réticences, je dois dire que je l'ai beaucoup aimée car finalement, sa profession devient vite anecdotique : celle que l'on suit, c'est la femme, la fille qui se confronte à la mort imminente de sa mère et à la constatation terrible qu'elle ne sait finalement pas beaucoup de choses sur le passé de celle-ci, notamment sur les années qu'elle a passées à Londres pendant la Seconde Guerre Mondiale, en pleine période du Blitz. Le roman est l'occasion de se questionner : quelle est la place de l'enfant dans le passé de son parent ? Est-on conditionné par lui ? Doit-on le connaître et comment vivre avec ? Le parent a-t-il pour obligation de partager son passé avec ses enfants et quand la révélation a lieu comment ceux-ci doivent-ils vivre avec ? En somme, comment accepter que son parent est faillible ? Bref, c'était vraiment assez intéressant car finalement, la famille Nicolson n'est ni plus ni moins qu'une autre famille et connaît les mêmes traumatismes, non-dits et secrets - même si là, pour le coup, ce sont quand même de lourds secrets. 
    Immanquablement, et là avec moins de surprise, j'ai beaucoup aimé la partie historique du roman, dans les traces de la jeune Dorothy, qui quitte sa ville natale de Coventry pour mener une vie plus indépendante à Londres. Elle y connaîtra autant de joies que de déceptions, notamment une amitié avortée avec la mystérieuse Vivien de la photographie, point de départ de l'enquête de Laurel. 
    J'ai aussi apprécié suivre Laurel dans la résolution du traumatisme qui l'a touchée alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente et qui a, quelque part, conditionné son futur et sa carrière de comédienne, mais ouvert aussi une brèche en elle, car elle a gardé ses questionnements enfouis dans son cœur, sans savoir comment apprendre la vérité sur ce qu'elle a vu en cette chaude journée d'été. 
    Bref, vous l'aurez compris, moi qui avais un peur de me lancer dans ce roman, j'en ressors ravie. Je ne l'ai pas lu trop vite pour bien m'imprégner de son ambiance mais en même temps, ça se lit très bien. Comme je le disais plus haut, Kate Morton maîtrise vraiment habilement les codes de ce genre de littérature et joue avec eux avec brio. Pour moi, une réussite : La scène des souvenirs est d'ailleurs un digne prédécesseur de L'enfant du lac ou La prisonnière du temps

    En Bref :

    Les + : comme à son habitude, l'autrice nous régale d'un roman d'ambiance en plein cœur de l'Angleterre et de l'Histoire.
    Les - : Aucun. 


    La scène des souvenirs ; Kate Morton

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    • Découvrez mes autres chroniques sur les romans de Kate Morton :

    Le jardin des secrets

    L'enfant du lac

    La prisonnière du temps


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  • «  Mais la guerre est la guerre. L'honneur te permet simplement de te regarder plus facilement dans le miroir après coup. »

    Couverture Outlander (J'ai lu, intégrale), tome 12 : L'adieu aux abeilles, partie 2

     

      Publié en 2021 aux Etats-Unis

      En 2023 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Outlander, book 9, Go Tell the        Bees That I Am Gone

      Éditions J'ai Lu

      800 pages

      Deuxième partie du neuvième tome de la                saga Le Chardon et le Tartan (Outlander)

     

     

    Résumé :

    A la fin de la première partie de L'adieu aux abeilles, la guerre d'Indépendance se rapprochait dangereusement de Fraser's Ridge : des tensions et des échauffourées entre ses métayers avaient confirmé à Jamie que le domaine abritait en son sein des royalistes autant que des patriotes. Allaient-ils en venir aux armes, colons écossais contre colons écossais ? 

    Mais à l'écart des combats, la vie suit son cours : alors que Roger est enfin ordonné prêtre, Brianna reçoit des nouvelles inespérées, et les Fraser s'épanouissent en terre d'Amérique en accueillant toutes sortes d'errants et de laissés-pour-compte. Même William Ransom ravale son orgueil en venant au secours d'un de ses parents. Et Claire, qu'on appelle désormais la Sorcière, accède à ses pleins pouvoirs de guérisseuse, dont tous ignorent encore l'étendue...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Trois ans après la déclaration d'Indépendance du 4 juillet 1776, la guerre entre les colonies d'Amérique et l'Angleterre n'est pourtant pas terminée et se rapproche même dangereusement des communautés qui, jusque là, ont été épargnées, comme Fraser's Ridge, perdu dans les montagnes de Caroline. Le temps des choix n'a jamais été si proche et à Fraser's Ridge comme ailleurs, se côtoient loyalistes et patriotes américains, peut-être de futurs rebelles. Les sympathies de Jamie sont connues de tous et commencent même à lui apporter quelques sérieux ennuis tandis que Claire, en tant que guérisseuse et forte des connaissances acquises au XXème siècle, continue de soigner tout le monde sans distinction. La vie continue donc, mais dangereusement...
    Ce second volume vient clôturer le neuvième tome de la série Outlander - aussi connue en français sous le nom Le chardon et le tartan. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous en sommes bien loin désormais, des chardons et des tartans, immergés jusqu'au cou dans le sillage de nos héros, dans la guerre d'Indépendance américaine (ainsi, nous assistons à la bataille de Savannah à l'automne 1779 mais aussi à celle de Kings Moutain, un an plus tard). Fort des connaissances prophétiques de Claire, Brianna et Roger mais aussi grâce au livre de Frank Randall, rapporté au XVIIIème siècle par Brianna, Jamie a une longueur d'avance sur ses ennemis sans pouvoir non plus se prémunir de tous les coups et sa mort n'a jamais semblé aussi proche. Pour autant, il ne perd pas espoir et continue de régner sur sa communauté qui ne cesse de s'accroître, au gré de l'arrivée de nouveaux colons au Ridge ou de la naissance de nouveaux enfants
    Comme d'habitude, j'ai retrouvé avec plaisir l'ambiance de la saga, ses personnages, ses paysages. Je le dis souvent, mais c'est comme retrouver de vieux amis, même quand on les a quittés depuis longtemps : ainsi, quand j'ai lu la première partie de L'adieux aux abeilles au mois de janvier dernier, cela faisait quatre ans et demi que j'avais fermé le huitième tome. Alors oui, il faut toujours un petit temps d'adaptation pour raccrocher les wagons et resituer les lieux ainsi que les personnages mais une fois que tout se remet d'aplomb, c'est toujours des lectures que j'effectue avec plaisir. 
    Pour autant, ce ne serait pas honnête si je disais que je n'ai rien à reprocher à cette série, à commencer par de nombreuses longueurs : les tomes sont toujours conséquents et c'est souvent que je ressens quelques longueurs même si, dans ce neuvième tome, j'ai plutôt eu l'impression qu'il ne se passait pas grand-chose pendant un moment et que la plupart des informations se concentrait dans les ultimes chapitres, jusqu'à la fin ouverte qui, évidemment, donne envie de lire la suite

    Outlander (Netflix) : dans la saison 7, c'est enfin la guerre d'indépendance  ! | myCANAL


    Peut-être parce que ce volume s'attache à suivre le plus de personnages possibles (Ian et Rachel, William et lord John, Roger, Brianna et leurs enfants ainsi que Fergus et Marsali, qui continuent au mépris du danger leurs activités d'imprimeurs favorables aux Américains, sans oublier bien évidemment Jamie et Claire même s'ils se font finalement moins présents ici), j'ai eu l'impression, si je devais comparer le roman à une pièce de tissu, que ses coutures sont de plus en plus lâches et se déroulent, peut-être pas à l'infini mais somme toute assez longuement sans que cela ne fasse pour autant avancer l'intrigue. Et forcément selon l'intérêt que vous aurez pour tel ou tel personnage, vous serez plus ou moins intéressé par les chapitres le concernant
    Je crois, et c'est normal, qu'après neuf tomes, la série s'essouffle un peu d'elle-même : les personnages principaux des premiers tomes sont plus âgés et l'on sent déjà qu'ils commencent à laisser la place aux autres générations et à de nouveaux personnages comme les jeunes Frances (Fanny) et Agnes, qui m'ont par exemple rappelé la jeune Lizzie, qu'on avait croisée dans les tomes précédents. Quant à Jamie, malgré sa qualité de leader incontesté et son charisme, il n'est plus aussi déterminé qu'avant et doute un peu plus tandis que Claire, malgré une fatigue physique qui se fait de plus en plus sentir, continue de jouer la bonne fée consolatrice, accoucheuse, guérisseuse, chirurgienne lorsqu'il le faut, entourant chacun d'attentions et de soins. Oui, je pense qu'on peut dire que la nostalgie s'installe peu à peu, à mesure que la fin s'approche : celle de la saga, plus ou moins annoncée mais peut-être aussi celle de nos héros, toujours envisagée mais qui, pour le moment, n'a pas eu lieu ? 
    Toutefois, j'ai apprécié que les voyages dans le temps reviennent sur le devant de la scène, comme cela avait été le cas dans les cinquième et sixième volumes, il me semble, où l'autrice nous dévoilait les mécanismes de ce que l'on pourrait appeler un don, pour ceux qui peuvent effectivement voyager à travers les pierres. De nouvelles questions se posent ici, notamment par le biais des enfants de Brianna et Roger, dotés comme leurs parents et leur grand-mère de cette particularité. Aurons-nous toutes nos réponses dans le dixième tome ? Voilà en tout cas une motivation supplémentaire pour avoir envie de le lire, c'est certain. 

    En Bref :

    Les + : les voyages dans le temps reviennent un peu sur le devant de la scène, on a envie d'en apprendre un peu plus, en espérant que le prochain tome répondra à nos interrogations. Malgré quelques inégalités, c'est toujours un plaisir de retrouver Outlander.
    Les - :
    des longueurs et peut-être un sentiment confus d'essoufflement...ce tome 9 n'est pas celui et de loin où il se passe le plus de choses mais pour autant, on sent tout doucement que la fin approche, avec toute la nostalgie que cela peut entraîner.


    Le Chardon et le Tartan, tome 9, partie II : L'adieu aux abeilles ; Diana Gabaldon

      Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle 

      

    • Découvrez ici mes billets précédents : 

     

    - Mon avis sur le premier tome, La Porte de Pierre 

    - Mon avis sur le deuxième tome, Le Talisman 

    - Mon avis sur le troisième tome, Le Voyage

    - Mon avis sur le quatrième tome, Les Tambours de l'Automne 

    - Mon avis sur le cinquième tome, La Croix de Feu

    - Mon avis sur le sixième tome, La Neige et la Cendre 

    - Mon avis sur le septième tome L'Echo des cœurs lointains (partie I et partie II)

    - Mon avis sur le huitième tome Ecrit à l'encre de mon cœur (partie I et partie II

    - Mon avis sur la première partie du neuvième tome L'adieu aux abeilles

     

    • Et si vous aimez lord John Grey, découvrez ici mon avis sur : 

     

    Le cercle des sept pierres 

    Le prisonnier écossais


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  • « Le passé est un drôle d'endroit, si lointain et pourtant toujours là, prêt à vous faire trébucher sous le poids des souvenirs et des regrets. »

    La légende de Grace Darling ; Hazel Gaynor

     

     

         Publié en 2018 en Angleterre

      En 2019 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Lighthouse Keeper’s Daughter

      Éditions Milady

      442 pages

     

     

     

     

    Résumé :

    « On dit que je suis une héroïne, mais je ne mérite pas pareil éloge. Je ne suis qu'une jeune femme qui a accompli son devoir. »

    1838, nord de l'Angleterre.
    Fille de gardien de phare, Grace Darling est heureuse et ne veut pour rien au monde quitter le phare de Longstone. Lorsque son père et elle sauvent des victimes d'un naufrage, Grace devient malgré elle une véritable héroïne à travers tout le pays. Un jour, un peintre est mandaté pour faire son portrait et succombe à son charme...Un siècle plus tard, la jeune Matilda Emmerson tombe enceinte. Elle est alors envoyée auprès de Harriet, une gardienne de phare, jusqu'à ce que son bébé naisse. Lorsque la jeune fille tombe par hasard sur un portrait inachevé, elle comprend que sa famille lui cache un lourd secret...Alors qu'elles vivent à cent ans d'écart, ces deux femmes, partageant le même courage que leur inspire l'amour, se retrouvent liées pour toujours.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    Septembre 1838 : au large des îles Farne, au nord de l’Angleterre, une tempête nocturne se déclenche, aussi soudaine qu’inattendue. Témoin du naufrage du Forfarshire, un navire qui rallie l’Ecosse, la fille du gardien du phare de Longstone, Grace Darling, convainc son père d’aller porter secours aux naufragés. Par son courage et sa détermination, la jeune femme de vingt-deux ans parviendra à sauver plusieurs membres d’équipages ainsi que des passagers, s’attirant alors une gloire aussi soudaine qu’inconfortable.
    Cent ans plus tard, la jeune Matilda Emmerson, âgée de dix-neuf ans, quitte son Irlande natale pour Newport, Rhode Island, où elle doit aller cacher sa grossesse chez une lointaine parente gardienne de phare. Là-bas, la jeune femme découvre que sa famille cache un lourd secret qui pourrait bien la concerner.
    Alors que j’attendais à une banale romance historique, je me suis aperçue de mon erreur au fil de ma lecture. Si la forme du roman est somme toute assez simple (un secret de famille et une double-temporalité), j’avoue que je ne m’étais pas attendue à une telle histoire.
    Tout d’abord, le roman d’Hazel Gaynor est basé sur une histoire vraie. Je ne sais pas si le personnage de Grace Darling est spécialement connu hors de l’Angleterre, mais on peut facilement trouver des informations sur elle pour peu que l’on prenne le temps de taper son nom dans un moteur de recherche.
    Née le 24 novembre 1815 à Bamburgh, Grace est le septième enfant de William Darling et son épouse Thomasin Horsley. La famille est composée de quatre frères et quatre sœurs. Elle est âgée de quelques semaines seulement lorsque ses parents deviennent gardiens du phare de Brownsman, dans les îles Farne. Onze ans plus tard, en 1826, les Darling deviennent les gardiens du phare de Longstone. Si la vie y est rude à cause des conditions climatiques et de l’isolement, elle passionne Grace qui prête main-forte à son père et ne voudrait pour rien au monde changer de vie. Sa notoriété soudaine lui vient du sauvetage des rescapés du Forfarshire, qui avait trouvé refuge sur Harker’s Rock, en face de Longstone. Parmi eux, une femme, Sarah Dawson, l’arrière-arrière-grand-mère de Matilda Emmerson…
    Morte en 1842 de la tuberculose, à l’âge de vingt-six ans, Grace Darling est inhumée à Bamburgh, sa ville natale : on peut encore y voir sa pierre tombale ainsi que son effigie, sous forme de gisant, dans l’église de la ville.
    En parallèle, nous suivons donc Matilda, cent ans plus tard. Alors qu’une seconde guerre mondiale se profile à l’horizon, la jeune femme, elle, doit faire face à une grossesse non désirée, résultant d’une aventure sans lendemain. Afin d’éviter le scandale, elle est envoyée au loin pour passer le restant des mois avant l’accouchement, avant de proposer le bébé à l’adoption. C’est une lointaine parente qui l’accueille à Rhode Island, Harriet Flaherty et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est rien moins qu’affable. Pourtant, Matilda va peu à peu apprivoiser cette femme qui semble vivre dans une grande solitude, se dévouant à son phare de Rose Island, aux marins et aux passagers qu’elle guide depuis si longtemps grâce à la lumière salvatrice du phare. Pourquoi Harriet a-t-elle quitté l’Irlande il y a si longtemps, sans jamais y revenir ? Qui est la jeune fille dont Matilda découvre des photos dans la maison de Newport ? Quel est lien entre sa famille et Grace Darling, qui semble finalement bien plus important que ce qu’on a bien voulu le dire et qui ne s’arrête peut-être pas simplement à la correspondance épistolaire entamée entre Grace et Sarah Dawson, après le sauvetage de cette dernière par la première ?

     

     

    La légende de Grace Darling ; Hazel Gaynor

     

    Grace Darling at the Forfarshire, par Thomas Musgrave Joy : ce tableau illustre le sauvetage des rescapés du navire par William Darling et sa fille Grace


    Alors que Matilda s’apprête à donner naissance à un enfant qu’elle n’est plus si sûre de vouloir laisser derrière elle et qu’un énorme cyclone menace les côtes d’Amérique (le 21 septembre 1938, un terrible ouragan touche la côte est des États-Unis, entraînant la mort de près de 700 personnes et des dégâts considérables – si vous avez lu L’été du cyclone, de Beatriz Williams, c’est celui-ci), l’écheveau des secrets familiaux commence à se déliter, laissant entrevoir à la jeune femme une vérité insoupçonnée.
    Comme je le disais donc plus haut, en entamant la lecture de ce roman, je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus léger : erreur. La légende de Grace Darling est bien plus que tout ce à quoi j’aurais pu m’attendre. Déjà, cette fameuse romance historique que j’attendais est quasi absente ou, du moins, le roman ne tourne pas autour d’elle. Enfin, j’ai été surprise, charmée mais aussi profondément peinée d’apprendre que l’histoire de Grace Darling est vraie, ainsi que celle du naufrage du Forfarshire. Même si c’est un drame terrible qui est survenu et a entraîné pour les rescapés des blessures profondes et souvent inguérissables (comme pour Sarah Dawson) et pour Grace une notoriété souvent malsaine dont elle se serait bien passée, j’ai trouvé que le fait que le roman soit basé sur des faits authentiques lui apporte une réelle valeur ajoutée. Vous me direz, une histoire totalement imaginaire, pour peu qu’elle soit bien racontée, peut être aussi très touchante et source d’émotion chez le lecteur. Bien sûr. Mais quand les faits sont vrais, je trouve que cela apporte un supplément d’âme, une vérité, qui donne du poids au livre. J’ai très certainement vu autrement Grace Darling en sachant qu’elle était un personnage réel et que ses « faits d’armes » l’étaient aussi.
    Je dois dire que, si j’ai bien aimé Matilda, j’ai malgré tout préféré les chapitres consacrés à Grace. Certes, le roman s’articule très bien et les deux personnages féminins se complètent mais c’est véritablement Grace qui m’a le plus intéressée : sa simplicité, son irritation devant le bouleversement de son quotidien et quand elle se rend compte que la curiosité humaine s’accompagne aussi de beaucoup de voyeurisme sordide, la blessure sincère qu’elle ressent devant la souffrance et le chagrin des rescapés qui, pour certains, ont tout perdu dans le naufrage. Enfin, son destin aussi fugace que tragique (même si la mort par la tuberculose était relativement répandue à l’époque victorienne) est très touchant aussi.
    Ce roman m’a rappelé, par certains aspects, Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier : il est très dépaysant car nous sommes réellement isolés à Longstone ou à Rose Island, sur deux îles au large du continent, dans des conditions de vie complexes : au quotidien, la vie des gardiens de phare et de leur famille est soumise à bien des écueils, c'est le cas de le dire. Le style de l’autrice est immersif, on s’imagine aisément les phares, l’air iodé et le sel qui s’immiscent partout, le grondement incessant de la mer, les cris des mouettes… comme Mary Anning dans Prodigieuses créatures, Grace se plaît à ramasser pierres et fossiles rejetés sur le rivage par les flots. Hazel Gaynor décrit la vie certes rude des insulaires, entièrement dédiée aux phares, mais aussi quelque part passionnée, car n’est pas gardien de phare qui veut, pour cela il faut du cœur et du dévouement. Pour Grace, c’est une véritable vocation, d’autant plus frustrante qu’en 1838, il est difficile pour une femme, malgré son courage, d’être gardienne en titre. Très souvent, même si elles sont autant dévouées que les hommes, les femmes ne sont que les épouses des gardiens.
    De l’autre côté, on suit donc Matilda, peut-être moins attachante que Grace, mais qui est un peu la clef du récit, puisque c’est par elle que le secret va finir par se révéler. L’aurait-il été, sans cette grossesse et son exil loin de sa ville natale, où le scandale menace la carrière politique de son père ? A Rose Island, Matilda découvre les souvenirs des Flaherty, présentés comme de lointains cousins : par ennui, elle se met à trier ces vieux papiers, qui sont en quelque sorte la mémoire du phare, dont Harriet a la charge. La découverte d’un tableau inachevé, qui pourrait bien être le portrait inachevé de Grace Darling, réalisé quelques mois après le naufrage du Forfarshire, amène Matilda à se questionner sur la relation de sa famille, les Emmerson, avec les Darling, par le biais de Sarah Dawson mais aussi de son frère, George Emmerson, qui fut un artiste peintre de l’époque victorienne.
    Les chapitres sont peut-être un peu courts : je pense que le roman aurait pu mériter d’être plus dense, car son histoire est vraiment passionnante. Au risque de me répéter, vraiment je ne m’étais pas du tout attendue au développement de tels sujets dans un roman somme toute très facile à lire : la maternité sous toute ses formes, celle que l’on vous impose, celle que vous n’aurez jamais par choix ou par fatalité, celle que vous perdez…le secret, qui peut insidieusement grignoter une famille, à force de non-dits, à plus forte raison dans une époque comme celle où évolue Matilda, l’intérêt sordide mais malgré tout terriblement humain pour les catastrophes, le sens du devoir. Le roman m’a bien souvent émue, touchée, peut-être justement par la simplicité du propos.
    J’aurais vraiment, sincèrement, aimé en avoir plus. C’était une si belle lecture. Pas de coup de cœur pour moi – peut-être justement parce que je n’ai pas été vraiment captivée par la double-temporalité – mais une véritable bonne surprise, car le résumé ne me laissait pas forcément entrevoir ce que j’ai finalement eu entre les mains et lu. Un roman empreint d’une profonde beauté et que je recommande chaudement.

    La légende de Grace Darling ; Hazel Gaynor

    Le phare de Longstone sur les îles Farne, au large de l'Angleterre

    En Bref :

    Les + : une belle histoire, profondément touchante et basée sur des faits historiques avérés, qui plus est. Que demander de plus ?
    Les - : la partie consacrée à Matilda m'a moins captivée mais ceci n'est qu'un ressenti subjectif et qui ne m'a pas empêchée d'apprécier réellement ma lecture.


    La légende de Grace Darling ; Hazel Gaynor

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