• « Le plus grand bonheur isole, comme esseule la plus grande tristesse. »

    Publié en 2018

    Editions City

    476 pages

    Résumé : 

    Dévastée par une récente rupture, Alma quitte Londres pour passer l'été chez sa grand-mère Mina, dans un petit village au bord de la mer. C'est là, dans la bibliothèque familiale, qu'elle découvre entre les pages d'un livre, une ancienne lettre.


    Le courrier est adressé à son arrière-grand-mère, autrefois employée chez les Wilson, une famille habitant une grande maison du coin, battue par les embruns.
    Qui est cette femme noyée dont la lettre parle avec tant de douleur ? Quel rôle a été joué par sa propre famille dans ce drame ?

    Alma se lance sur les traces de Selina Wilson, une jeune femme qui a vécu dans les années 1910. Une femme éprise de liberté, refusant de se plier à un mariage arrangé. Dans les méandres d'une histoire familiale tourmentée, Alma va découvrir un secret bouleversant...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    La lecture dont je vais vous parler aujourd'hui est une lecture particulière. Une lecture particulière et qui me tient à cœur parce que je chronique aujourd'hui le premier roman d'une autre lectrice, d'une autre blogueuse, en un mot, d'une autre passionnée.
    J'avoue que, en général, lorsque je chronique un livre, j'occulte le fait que l'auteur peut avoir vent de ma chronique et venir la lire. Je ne me mets pas de filtre et j'essaie de livrer mon ressenti, le plus sincèrement possible, qu'il soit positif ou négatif, d'ailleurs. Mais, la plupart du temps, je n'ai finalement partagé quelque chose avec ces auteurs que le temps d'une lecture. Ils ne sont rien pour moi et je ne suis rien pour eux, malgré toute l'affection que je peux avoir pour leur plume ou leur univers.
    Ici, c'est nettement différent : je n'ai pas non plus lu le livre d'une amie mais j'ai lu le livre de quelqu'un que je connais un tant soit peu. Certes, les échanges avec Audrey sont, depuis un an et demi, des échanges virtuels. Mais ils sont réguliers et constructifs et je pense que nous avons fini par apprendre un peu l'une de l'autre via nos commentaires et nos messages. En gros, avant d'être une auteure, Audrey Perri est une autre blogueuse et une blogueuse avec qui un lien assez important s'est tissé au fil des mois alors évidemment, je n'ai pas abordé ce roman comme je le fais d'habitude et je ne l'ai pas lu non plus comme je le fais d'habitude, c'est certain. J'ai découvert que c'était grisant mais aussi stressant de lire le roman de quelqu'un qui ne nous est pas inconnu.
    Déjà, avant de rentrer dans le vif du sujet, de quoi il parle, ce roman ?
    La Maison de la Falaise fait partie de ces romans que j'appelle des « romans à secrets ». La maîtresse du genre c'est Kate Morton, avec ses romans se passant à deux époques différentes mais liées par un secret ou un événement dramatique. Ensuite d'autres auteurs se sont engouffrés dans la brèche, de façon plus ou moins heureuse, mais force est de constater que ce genre de romans a le vent en poupe.
    Dans son roman, Audrey Perri reprend tous les codes du roman à secrets : les deux époques, le secret, l'héroïne un peu perdue et en pleine introspection, qui finit par lever le voile sur ce secret enfoui depuis des années voire des décennies.
    Ici nous faisons la connaissance d'Alma. Nous sommes en juin 2011 et la jeune femme qui s'apprête à fêter ses trente ans, rejoint la maison de sa grand-mère au bord de la mer, le temps d'un été. Fragilisée à la suite d'une rupture douloureuse, la jeune femme quitte Londres pour se remettre, sous les yeux attentifs de Mina, sa grand-mère, quatre-vingt-dix-huit ans mais toujours alerte et pleine d'énergie.
    En découvrant un jour une mystérieuse lettre dans un livre de sa grand-mère, Alma exhume un secret, devenu une légende de la région : celle de la jeune femme noyée, retrouvée sur la plage, en 1913.
    C'est alors que, à la veille de la Première guerre mondiale, nous faisons la connaissance des Wilson et des Clark. Les deux familles se côtoient et vivent dans les maisons de la falaise, surplombant la mer. Si les parents ne se fréquentent pas, Selina, la cadette des Wilson, est la meilleure amie de Laura Clark. Âgées d'une quinzaine d'années toutes deux, elles sont très différentes mais liées par un lien très fort remontant à l'enfance. Malgré leurs différences, elles sont les meilleures amies du monde. Mais un drame couve, un drame qui les changera à jamais : une passion amoureuse destructrice, un geste irrémédiable, des familles rongées par les non-dits, le poison des secrets et plein d'autres choses qui font la complexité de toutes les familles. Mais pour les Wilson et les Clark, le drame va être si violent que personne n'en sortira indemne.
    Et cent ans plus tard, partant de cette lettre trouvée par hasard, Alma va remonter le temps et tenter de comprendre ce qu'il s'est passé dans cette fameuse maison de la falaise, en 1913. Est-elle elle-même liée à cette histoire ? Qu'est-ce que sa grand-mère lui cache ? Que s'est-il passé pour que cette jeune femme se noie ? Était-ce un accident ou un suicide ? Alma va devenir enquêtrice et ce qu'elle va trouver ne manquera pas de la surprendre, tout comme nous.
    A l'issue de cette lecture, je ne peux dire qu'une chose : ce premier roman est vraiment une réussite. Et je ne dis pas ça pour faire plaisir à l'auteure, loin de là ! J'aurais été très embêtée de devoir lui dire que je n'avais pas aimé son livre et je suis donc soulagée que ce ne soit pas le cas. Oui, j'ai aimé ce roman et ce que j'écris n'est pas une fausse critique élogieuse, au contraire. Sans être sans défaut, La Maison de la Falaise est un roman abouti et maîtrisé. J'ai aimé la pléthore de personnages, tous plus ciselés les uns que les autres et bien plus complexes qu'ils ne le paraissent de prime abord. Même Alma a su me séduire : parfois, dans ce genre de romans, je suis plus captivée par la partie historique que la partie contemporaine mais là j'ai tout de suite aimé le personnage, dans lequel je me suis retrouvée. Je n'ai pas ressenti la légère déception que j'ai parfois éprouvé dans certaines lectures, quand j'arrivais à la fin d'un chapitre historique et que je devais revenir avec l'héroïne contemporaine : c'est ce qui m'est arrivé avec Un goût de Cannelle et d'Espoir par exemple. La partie historique m'avait captivée mais le personnage de Reba ne m'avait pas spécialement plu et je la retrouvais vraiment sans plaisir. Ici, j'ai trouvé qu'Audrey Perri parvenait à nous intéresser tout autant aux destins de Selina et Laura qu'à Alma, que j'ai trouvée touchante et surtout, Alma joue à la perfection son rôle de trait d'union entre les années 2010 et les années 1910. Elle n'a pas cherché non plus à rendre tous ses personnages aimables mais ils sont tous intéressants même ceux pour lesquels l'attachement est peu évident voire impossible. Elle leur a créé un passé, un vécu et aucun n'est lisse, ils ont tous une vraie consistance. J'ai aussi aimé cette ambiance très anglaise à la Downton Abbey que l'auteure parvient à faire revivre avec beaucoup de naturel. On s'y croirait ! Et enfin, mention spéciale à ces romans qui émaillent le texte et m'ont rappelé pour la plupart de bons souvenirs de lecture : on sent tout l'amour de l'auteure pour la littérature et faire de ses personnages des lecteurs est un vrai bel hommage à la littérature en général et à sa propre expérience de lectrice. 
    Vous l'aurez compris, certainement, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Je ne l'ai pas dévoré, par manque de temps, mais si j'avais pu, je l'aurais fait ! J'avais tellement envie de savoir enfin ce qui allait se passer, quel drame allait se jouer et pourquoi. L'histoire au cœur de La Maison de la Falaise n'a rien d'une promenade de santé : les épreuves que vont traverser les personnages sont éprouvantes et ils y laisseront des plumes et parfois leurs illusions. Le roman est parfois dur et sans concession mais c'est aussi un bel hommage à l'espoir et à l'envie de vivre, malgré tout.
    Et tout ça est bien évidemment servi par un style vraiment sympa, dont j'ai plus pris la mesure ici que dans Une Bonne Âme qui était une nouvelle et c'est difficile avec un texte court de se faire une idée précise d'un style, d'un univers.
    La Maison de la Falaise m'a fait sourire, m'a aussi fait pleurer (oui oui) et m'a fait passer par toute une gamme d'émotions et de sentiments divers. Cette lecture m'a plu au-delà même de ce que je pouvais espérer, au-delà même de ce que je croyais. Retrouver le livre était toujours synonyme de bon moment, que je lise à chaque fois quelques pages ou plusieurs chapitres.
    Ce premier roman est abouti, maîtrisé et n'a rien à envier aux meilleurs Kate Morton ou Katherine Webb.
    Le seul bémol que je pourrais soulever c'est qu'il y'a des coquilles, quelques mots absents parfois ou un mot donné pour un autre mais c'est une première édition et je serai donc indulgente.
    Un seul conseil avant de reposer ma plume : lisez La Maison de la Falaise. Si vous aimez ce genre de romans nul doute que celui-ci saura vous plaire j'en suis sûre

    En Bref :

    Les + : une histoire très bien menée, émaillée de personnages tous intéressants et aux personnalités multiples et complexes. Pour un premier roman, c'est vraiment une réussite. 
    Les - : quelques coquilles d'impression. 

     

     


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  • « Le destin trouve toujours son chemin. »

    Cavendon, tome 2, Les Femmes de Cavendon ; Barbara Taylor Bradford 

    Publié en 2014 en Angleterre ; en 2016 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Cavendon Hall Women 

    Editions Le Livre de Poche

    480 pages

    Deuxième tome de la saga Cavendon

    Résumé :

    En ce jour de juillet 1926, Miles Ingham, héritier du titre de Mowbray, a convoqué sa famille au château de Cavendon. Une révolution familiale se prépare : son père Charles, 6ème comte de la lignée, va annoncer son remariage avec Charlotte Swann. Depuis des générations, le destin de leurs deux familles est étroitement lié, les Swann étant au service des Ingham, de père en fils et de mère en fille. Jamais on n'aurait imaginé une telle alliance.
    D'ailleurs, c'est au nom de cette sacro-sainte transmission du titre que, six ans auparavant, Miles s'était résigné à un mariage de convenances, délaissant Cecily Swann, son amie d'enfance. La jeune femme a fait du chemin depuis : brillante créatrice de mode, ses collections sont très en vogue à Londres.
    Une fois de plus, les deux familles devront s'unir pour sauver le château, véritable gouffre financier, et il faudra toute la détermination et la combativité des femmes de Cavendon pour venir à bout de ces nouvelles épreuves. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1926, Charles Ingham se remarie après un divorce houleux, avec la femme qu'il aime. Il est entouré de ses enfants. Ils ont tous grandi et ont changé. Les aînés sont des adultes, la benjamine, Dulcie, une toute jeune femme de dix-huit ans. Daphné, que nous avions découverte à cet âge-là dans le premier tome a aujourd'hui trente ans, elle est mariée, mère de famille, elle est amoureuse. Son aînée Diedre a voué sa vie à son travail au War Office. Leur cadette DeLacy se remet d'un divorce douloureux et la benjamine Dulcie, devenue une jeune femme déterminée, rencontre le grand amour en la personne d'un acteur londonien en vue.
    Autour d'eux, tout est en train de changer et la Première guerre mondiale a opéré de profonds bouleversements sur le mode de vie de l'aristocratie britannique : de grands domaines font faillite, on opère des coupes budgétaires, on se sépare du personnel superflu, l'association National Trust créée en 1895 se développe, les propriétaires ouvrent leurs maisons au public, les enfants des grandes familles n'hésitent plus à travailler, à se marier selon leur bon plaisir, à divorcer... Le monde change, les Années folles vont à cent à l'heure et on est déterminé à profiter de la vie. Les enfants Ingham et Swann, rencontrés adolescents ou même encore plus jeunes dans le premier tome sont désormais des adultes ou en passe de le devenir. Ils sont de purs produits de cette génération marquée par la guerre, qui y a participé ou vu mourir ses proches et veut alors coûte que coûte profiter de la vie...Avant qu'un nouveau bouleversement, le krach boursier de 1929, ne vienne mettre un terme brutal à la fête, annonçant une nouvelle guerre, qui sera aussi terrible que la première.
    L'intrigue des Femmes de Cavendon se déroule sur trois ans, entre 1926 et, justement, l'annonce de la crise financière de vingt-neuf. Et pourtant, j'ai eu l'impression, parce que le roman était riche, que l'intrigue était plus longue, alors que non.
    Ce deuxième tome est meilleur que le premier même si, décidément, l'auteure m'horripile avec ses dialogues qui sonnent toujours terriblement faux ! J'ai eu l'impression que le contexte était plus finement restitué que dans La Splendeur de Cavendon Hall et que les personnages avaient aussi plus de consistance. Dommage que nous nous éloignions de Cavendon, le domaine des Ingham, que l'on a appris à apprécier comme un personnage à part entière mais, à part ça, je dois dire que j'ai senti cette fois le sujet mieux maîtrisé, comme s'il avait fallu à l'auteure un tome complet pour asseoir son histoire et c'est regrettable parce que, de fait, La Splendeur de Cavendon Hall du coup n'est pas totalement convaincant. J'aurais aimé pouvoir me plonger dans cette intrigue dès les premières pages, me sentir partie prenante d'une histoire. Encore une fois, comme je le disais dans ma chronique du premier tome de la saga, il y'a énormément de potentiel, le moyen de faire tellement mieux ! Je ne remets pas en cause les capacités de romancière de Barbara Taylor Bradford : elle a été publiée à plusieurs reprises, ses œuvres sont traduites dans plusieurs langues... En tant que simple lectrice, ce serait présomptueux que d'aller dire qu'un auteur n'a pas de talent, l'appréciation d'une oeuvre, quelle qu'elle soit, est tellement subjective. Bref ! Disons que la saga Cavendon me laisse un sentiment d'inachevé : elle vend du rêve pourtant pour qui, comme moi, aime les ambiances britanniques du début du XXème, pour qui, comme moi, est tombé sous le charme de la délicieuse ambiance surannée de la série Downton Abbey, avec ses décors grandioses et ses superbes costumes. Mais je crois que l'auteure s'est arrêtée trop tôt, n'a pas approfondi et c'est vraiment dommage que cela arrive si tard. Enfin, je regrette de n'avoir pas su me laisser séduire par le style de l'auteure mais je ne désespère pas et je pense lire d'autres de ses romans, histoire de me faire un avis peut-être plus nuancé.
    Après ça, il va m'être difficile de défendre Les Femmes de Cavendon, vous ne trouvez pas ? Je ne voudrais cependant pas finir sur une note négative car, malgré tout, j'ai trouvé de l'intérêt à ce roman, même s'il manque d'approfondissement peut-être et qu'il finit un peu trop bien... Comme je le disais plus haut, j'ai eu le sentiment que l'intrigue était bien plus solide, plus complète, le contexte y est très présent, l'effervescence des années 20 très bien décrite et perceptible. J'ai apprécié que l'auteure donne un peu de temps à chacun de ses personnages et les rendent tous attachants par certains aspects de leur personnalité et sans minorer pour autant leurs défauts.
    Disons que Cavendon est une saga inégale mais qui n'en est pas moins intéressante : oui elle a des aspects négatifs. Beaucoup, même. Mais il ne faudrait pas en oublier pour autant le positif et je crois que le deuxième tome de la saga rattrape quelque peu le premier.
    Je ne regrette pas cette lecture, même si je n'ai peut-être pas eu tout ce que j'en attendais. Il est clair que j'aurais aimé en avoir plus, que j'aurais peut-être aimé une intrigue tournée autrement. Mais j'essaie de rester sur une note positive en refermant Les Femmes de Cavendon qui, toutes autant qu'elles sont, forcent le respect. Heureusement un troisième tome est prévu et peut-être le faut-il effectivement pour que la saga des Ingham et des Swann, ces deux familles unies par un lien indestructible et indescriptible soit complète et aboutie... ? En attendant sa sortie en format poche, je tourne maintenant mon regard de lectrice insatiable vers les autres romans de Barbara Taylor Bradford en espérant être séduite les prochaines fois. 

    En Bref : 

    Les + : des personnages plus attachants et ciselés, une intrigue bien plus ancrée dans son contexte, très bien décrit. La touche so british inimitable est aussi un gros plus et un point fort de la saga, indéniablement. 
    Les - :
    des dialogues qui sonnent toujours très faux, un style qui, en général, n'a pas su me séduire. 


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  • « Il s'agissait désormais d'affronter la réalité. »

    Cavendon, tome 1, La Splendeur de Cavendon Hall

    Publié en 2013 en Angleterre ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Cavendon Hall

    Editions Le Livre de Poche

    456 pages

    Premier tome de la saga Cavendon Hall

    Résumé :

    Depuis des générations, la magnifique propriété de Cavendon Hall abrite la famille de Charles Ingham, comte de Mowbray. Non loin, dans le village de Little Skell, vivent leurs serviteurs, les Swann. Les deux clans se sont juré fidélité et protection mutuelle. 
    Le comte et la comtesse sont les parents de six enfants : deux garçons et quatre filles, surnommées les Quatre D. La cadette, Daphné, 17 ans, se distingue par son exceptionnelle beauté, sa délicatesse et son bon coeur. Promise à un beau mariage, elle devrait bientôt être présentée à la cour. Mais un événement tragique va briser sa vie et menace de salir à jamais le nom des Ingham. Plus grave encore, en cet été 1913, le spectre de la Première Guerre mondiale se profile. 
    Avec son talent habituel, Barbara Taylor Bradford nous plonge dans l'univers d'une grande demeure du Yorkshire, et nous fait partager les destins bouleversants de deux familles anglaises. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 1913, à la veille de la Grande Guerre, Charles et Felicity Ingham, autrement dits lord et lady Mowbray vivent dans leur propriété familiale du Yorkshire, Cavendon Hall. C'est une grande maison comme il y'en a encore des centaines à l'époque en Angleterre. Nous sommes au début du XXème siècle, sous le règne de George V et le mode de vie de l'aristocratie britannique n'a pas encore changé... Cependant, elle est à son apogée et jette ses derniers feux : la Première guerre mondiale va changer son mode de vie du tout au tout. En attendant, les Ingham comme toutes les autres grandes familles, continuent de mener leur existence comme leurs ancêtres avant eux.
    Au sous-sol, les domestiques de la famille vivent une existence en parallèle de leurs maîtres tandis qu'au village, évolue la famille Swann, liée aux Ingham depuis le XVIIIème siècle par des liens extrêmement forts : ils ne sont ni vraiment des amis ni vraiment des domestiques mais une vraie relation de confiance s'est établie entre les membres des deux familles. Leur devise commune est d'ailleurs : « Loyaulté me lie », ce qui veut tout dire.
    Au début de l'année 1913, les habitants de Cavendon Hall ne savent pas encore qu'ils sont en train de vivre leurs derniers mois de tranquillité... Entre événements historiques irrémédiables et qu'en tant que lecteur, on connaît déjà et drames personnels que la famille va être obligée d'affronter, l'avenir des Ingham s'annonce des plus incertains et toutes leurs convictions risquent alors d'être fortement ébranlées.
    Lorsque j'ai découvert Cavendon, une saga en deux tomes, j'ai été immédiatement séduite par le résumé et par l'époque dans laquelle Barbara Taylor Bradford situe son intrigue, entre les années 1910 et 1920. J'ai aussitôt pensé à Downton Abbey : le contexte, le domaine, les personnages, le lieu même où se situe l'intrigue... Un peu trop de similitudes pour que cela ne soit que du hasard et, effectivement, au cours de ma lecture de La Splendeur de Cavendon Hall, j'ai lu la chronique d'une autre lectrice dans laquelle elle explique que l'auteure s'est défendue de s'être inspirée de la célèbre série, preuve que je ne suis pas la seule à avoir remarqué ces coïncidences troublantes. Bref, qu'elle s'en soit inspirée ou pas n'est pas un critère de qualité à mon sens. J'étais très curieuse de découvrir cette saga parce qu'elle avait du potentiel, parce que ce que m'évoquait le seul résumé me semblait prometteur et de bon augure.
    Et pourtant, les avis divergent et j'ai l'impression que cette saga suscite des avis extrêmement tranchés et notamment négatifs.
    Pour ma part, où est-ce que je me situe ? Plutôt dans un prudent entre-deux. Je n'ai pas détesté cette lecture, loin s'en faut, mais je n'ai pas été complètement séduite non plus, notamment par le style, que j'ai trouvé artificiel, surtout au niveau des dialogues, qui souvent sonnaient très faux.
    Je pense que ce premier tome de la saga Cavendon a énormément de potentiel, mais un potentiel qui n'a été que peu exploité par l'auteure. Certes, on peut être gêné par les nombreuses analogies entre ce roman et la série Downton Abbey : pour ma part, j'ai aimé me replonger dans cette ambiance délicieusement surannée et so british ! Le tea time, les bals, l'ouverture de la chasse en août, les festivités d'été, la société encore extrêmement codifiée mais en passe de changer radicalement... J'ai toujours beaucoup aimé cette ambiance-là et cette époque. J'ai d'ailleurs aimé l'atmosphère du roman, je m'y suis plongée avec plaisir. Mais je n'ai pas été séduite par le style ni même par l'utilisation que l'auteure fait de son contexte, au demeurant particulièrement intéressant mais qu'on retrouve de façon assez anecdotique tout au long du roman : on sent cependant que Barbara Taylor Bradford a fait des recherches, les informations sont précises, ou du moins, relativement précises mais peut-être pas assez exploitées et c'est dommage car l'Histoire britannique, en ce début XXème, est très riche.
    J'ai apprécié la présence de nombreux personnages, tous différents les uns des autres : les Ingham, les Swann mais aussi le nombreux personnel au service de la famille. J'ai aimé la relation entre les Ingham et les Swann, faite d'une vraie confiance mutuelle et d'une égalité parfaite bien qu'ils ne soient, en théorie, pas issus du même monde. Les Ingham ne sont pas les maîtres des Swann et ces derniers ne sont pas non plus de simples valets. Difficile de ne pas comparer Charles Ingham, lord Mowbray, avec lord Crawley de Downton Abbey, effectivement. Mais pour les autres personnages, j'ai trouvé que l'auteure avait fait un vrai travail pour les ciseler et leur donner beaucoup de teneur et de profondeur. On les aime ou pas mais on ne peut s'empêcher de les trouver aboutis. Parfois, leurs réactions m'ont peut-être parues peu crédibles mais pour ce qui est des caractères de chaque personnage, j'ai trouvé que c'était un gros point fort du roman. Que le roman soit aussi orienté sur l'une des filles, Daphné, qui en plus n'est pas l'aînée mais la cadette, m'a bien plu : la jeune femme de dix-sept ans est douce et charmante et je l'ai beaucoup appréciée. 
    Quoi qu'il en soit, cette lecture me laisse un goût d'inachevé. Je referme le roman avec l'envie de lire le deuxième tome mais aussi avec un léger regret : ce roman aurait pu être cent fois meilleur, si le style avait été à la hauteur de l'intrigue. Comme celle-ci aurait pu être magnifiée par une jolie plume ou, disons, une plus jolie plume, car Barbara Taylor Bradford n'est pas non plus dénuée de talent. Je ne sais pas ce que valent ses autres romans, que je ne connais pas. Il ne m'appartient donc pas de les juger. Mais je pense que Cavendon ne font pas partie de ceux qui ont plu et c'est dommage car il n'aurait pas fallu beaucoup plus pour que la saga soit vraiment très bonne. Dommage. Espérons que le deuxième volume sera meilleur

    En Bref : 

    Les + : une ambiance anglaise très plaisante, une intrigue assez intéressante même si tous les événements qui s'y déroulent sont loin de m'avoir convaincue. 
    Les - :
    un potentiel mal exploité et notamment desservi par un style un peu artificiel, surtout au niveau des dialogues. 


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  • « Car de grandes violences se préparaient qui changeraient le monde pour toujours. L'amour n'avait pas sa place dans cette époque de terribles tourments.  »

    The Rose Saga, tome 3, L'Indomptable ; Jennifer Donnelly

    Publié en 2011 en Angleterre ; en 2013 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Wild Rose

    Editions Pocket

    701 pages

    Troisième tome de la saga The Rose Saga

    Résumé :

    Au début du XXe siècle, le monde découvre de nouveaux aventuriers : les alpinistes, qui s'attaquent aux cimes les plus inaccessibles. Un univers d'hommes dans lequel Willa Alden a pourtant su se faire un nom. Jusqu'à ce terrible accident qui la laisse infirme et met fin à son histoire d'amour naissante avec Seamus Finnegan. 
    Le décès de son père va tirer Willa de sa retraite himalayenne. A Londres, l'attendent Max von Brandt, un amant au double visage, le fougueux Seamus, marié à une autre, ainsi que les préparatifs d'une guerre mondiale avec ses cohortes de mensonges et de trahisons... 

    Ma Note : ★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    C'est avec un brin de nostalgie que je referme ce roman. En effet, L'Indomptable est l'ultime tome d'une trilogie, The Rose Saga, qui nous a emmené de la fin du XIXème siècle au début du XXème, en compagnie de personnages attachants.
    Cette saga, je l'ai découverte un peu par hasard. J'ai acheté le premier tome, sans savoir que c'était une saga d'ailleurs, bien avant d'être blogueuse. Et je ne l'ai pas lu. Il est resté sagement rangé dans un placard puis j'ai de nouveau eu envie de le lire. Ce fut chose faite en février 2015 et... J'ai fait une très bonne découverte, qui m'a très agréablement surprise, malgré quelques points -mais vraiment mineurs- qui m'ont un peu gênée.
    Par la suite, en décembre 2016, j'ai lu L'Ange de Whitechapel et j'ai énormément aimé ! Un roman qui se dévore, vraiment.
    Alors évidemment, si parfois je commence une lecture sans attentes particulières, vous vous doutez que, cette fois, ce n'était pas le cas. J'attendais beaucoup de ce dernier tome. Est-ce que la saga allait se bonifier jusqu'au bout ? Est-ce que je serais encore plus séduite qu'à l'issue de ma lecture de L'Ange de Whitechapel ? Est-ce que c'était possible ? Voilà toutes les questions qui me sont passées par la tête avant que je ne retrouve, une dernière fois, tous les protagonistes de cette grande saga historique.
    Sa particularité est qu'elle est essentiellement féminine. Dans chaque tome, nous suivons un nouveau personnage principal, mais il s'agit toujours d'une femme. Dans L'Insoumise c'est Fiona Finnegan, jeune fille des quartiers modestes de Londres qui parviendra à se hisser au rang des plus grands exploitants de thés du royaume ; dans le deuxième tome, c'est India Selwyn Jones, jeune médecin, tombée amoureuse d'un chef de la pègre et qui se bat pour le sortir de cet enfer ; enfin, dans le dernier tome, la place est faite à Willa, déjà découverte dans le deuxième volume. Après l'insoumise et l'ange, voici donc venue l'indomptable ! Tout un programme.
    Amie d'enfance de Seamie, le jeune frère de Fiona, Willa Alden est une jeune femme de bonne famille. Mais elle nourrit une passion dévorante : celle des grands sommets. Alpiniste pleine de ferveur elle doit cependant renoncer à son rêve après un terrible accident lors de l'ascension du Kilimandjaro. Obligée de rester au sol, reconvertie en guide et géographe, Willa fuit sa vie d'avant et même Seamie, qu'elle aime pourtant, pour une vie vagabonde et solitaire, minée par les regrets, car elle ne peut supporter de vivre son rêve par procuration. Mais à l'aube de la Grande Guerre, un deuil brutal rappelle Willa en Angleterre. Et là-bas, elle va recroiser la route de celui qu'elle avait pourtant laissé derrière elle, huit ans plus tôt et ces retrouvailles vont assurément bouleverser sa vie, ainsi que celle de Seamie, qui avait essayé de se reconstruire loin d'elle. 
    Après un premier tome plein de qualités mais un peu bancal par bien des aspects, un deuxième franchement pas mal et vraiment abouti, l'ultime tome de The Rose Saga est assurément LE coup de maître ! Je n'y ai pas tout aimé et la fin m'a empêchée de ressentir le coup de cœur que je pressentais pourtant. Mais dans l'ensemble, j'ai été totalement emballée et convaincue par cette grande fresque historique pleine de souffle, qui s'achève avec la Grande Guerre, sur une note d'espoir et de renouveau. La saga des Finnegan et des Bristow s'achève au début des Années Folles, alors que la Première guerre mondiale se termine, laissant une Europe meurtrie et exsangue mais bien décidée à revivre. Jennifer Donnelly n'a pas choisi un point de vue traditionnel puisque, loin de nous emmener dans l'enfer des tranchées ou sur les plages de Gallipoli, c'est en plein désert qu'elle nous fait voyager, aux côtés de Willa et Lawrence d'Arabie. On oublie souvent que des combats eurent lieu en Afrique et dans la péninsule arabique et pourtant c'est bien le cas.
    L'Indomptable est un roman exotique et dépaysant... Des dunes de l'Arabie en passant par les sommets de l'Himalaya pour revenir en Angleterre, on ne s'arrête pas une seconde.
    Le roman est servi, qui plus est, par des recherches précises sur l'époque, le contexte, la politique -par exemple la lutte des suffragettes mais aussi l'espionnage et le contre-espionnage en temps de guerre.
    Ce que j'aime chez Jennifer Donnelly, c'est qu'elle laisse aussi une grande part aux petites histoires. Je ne vous surprends pas si je vous dis que, depuis le début, les histoires d'amour sont au centre des intrigues de The Rose Saga. Mais elles ne sont jamais évidentes et jamais trop faciles ; ainsi on ne tombe pas dans une mièvrerie pleine de guimauve, qui m'énerve vite. Je n'ai rien contre l'eau de rose mais il faut juste savoir la doser. Chaque personnage est finalement un représentant, un symbole de l'époque dans laquelle il vit, mais il est aussi un humain comme les autres. J'ai aimé toutes les nuances apportés aux personnages, qui en font des héros ciselés, aboutis, avec une psychologie très précise et une complexité qui empêche de tomber dans le cliché : le meilleur exemple est certainement Max von Brandt. Jennifer Donnelly a réussi à me balader jusqu'au bout et je ne m'attendais pas à la révélation de la fin.
    La fin, justement, parlons-en. Comme dans le premier tome, L'Insoumise, la fin de L'Indomptable ne m'a pas convaincue. Ou disons qu'elle ne m'a pas totalement convaincue, cela est plus juste. Après des péripéties relativement nombreuses mais vraisemblables j'ai trouvé que les rebondissements à la fin étaient peut-être un peu superflus et téléphonés : trop de hasard tue le hasard.
    A part ça, rien à signaler. J'ai passé un très bon moment et j'étais un peu triste de tourner l'ultime page du roman. Je me suis énormément attachée à tous les personnages rencontrés depuis L'Insoumise et qu'on retrouvait tous, de loin en loin, d'un tome à l'autre. Mais je garde à l'esprit une saga historique vraiment pas mal fichue, très bien écrite et qui, malgré quelques petits bémols, aura su me séduire totalement et j'ai trouvé que L'Indomptable la clôturait admirablement, avec la plus intrépides des trois héroïnes, cette jeune Willa déjà rencontrée et qui s'avère être une femme exceptionnelle. Un personnage de roman, peut-être, mais il y'eut certainement des femmes comme elle à cette époque, qui se battirent pour leurs passions et pour leur pays. 

    En Bref : 

    Les + : une belle intrigue, pleine de souffle et servie par un contexte historique intéressant et bien rendu, grâce à des recherches importantes et assez précises. 
    Les - : une fin un peu moins à la hauteur du reste du roman. 

     

     


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  • « Personne n'est mauvais ou bon par naissance, nationalité ou religion. Au fond de nous, nous sommes tous maîtres et esclaves, riches et pauvres, parfaits et imparfaits. »

    Un Goût de Cannelle et d'Espoir ; Sarah McCoy

     

    Publié en 2012 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : The Baker's Daughter

    Autre titre français : La Bonne Etoile d'Elsie

    Editions Pocket

    491 pages 

    Résumé :

    Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa soeur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l'armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d'insouciance. Jusqu'à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps...
    Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d'une pâtisserie allemande, celle d'Elsie...Et le reportage qu'elle prépare n'est rien en comparaison de la leçon de vie qu'elle s'apprête à recevoir. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    En 2007, Reba Adams, une jeune journaliste du Texas, doit préparer un papier sur les traditions de Noël dans le monde. Elle a alors l'idée d'aller interviewer Elsie Merriwether, la propriétaire d'une boulangerie allemande à El Paso. Reba ne la connaît pas et ne sait pas encore qui elle va rencontrer. Elle ne sait pas que Elsie, soixante-dix-neuf ans, originaire de Garmisch, en Bavière, était adolescente pendant la Seconde guerre mondiale. Ses parents, les Schmidt, étaient boulangers durant cette période. Convaincus par l'idéologie nazie, ils étaient des citoyens comme les autres, travailleurs et ne faisant pas de vagues, s'enorgueillissant de voir leur fille aînée, Hazel, intégrer le Lebensborn de Steinhöring et leur cadette, Elsie, courtisée par un officier du Reich.
    Le soir de Noël 1944, la jeune Elsie, seize ans, se retrouve confrontée au choix d'une vie : sur la pas de la porte de la boulangerie familiale, elle trouve un jeune garçon, juif et échappé des camps, qui lui demande de l'aide...
    D'un interview anodin, sur les traditions d'un pays, petit à petit, l'échange entre Elsie et Reba change... parce que la vieille femme se confie progressivement, la jeune Américaine un peu paumée va profiter alors d'une formidable leçon de vie.
    Sarah McCoy a repris dans son roman tous les codes qui font le succès de ces romans très en vogue depuis quelques années et que Kate Morton a popularisé : deux époques, des secrets, un pont qui se crée entre les deux, grâce à l'un des personnages -en général, féminin et un peu paumé ou en quête de réponses quelconques.
    Reba ne déroge pas à la règle, même si le roman, dans son ensemble, diffère quand même pas mal des œuvres de Morton et consorts. On sent vite que cette jeune femme est un peu perdue dans sa vie... originaire de Virginie, elle a posé ses valises un peu au hasard et a élu domicile à El Paso, sans qu'elle ait l'air pour autant de s'y sentir bien.
    J'ai eu du mal à m'attacher à elle au départ, notamment à cause de son indécision que je ne comprenais pas... Puis petit à petit l'auteure distille quelques informations et on comprend nettement mieux pourquoi Reba est si instable. Si je ne me suis pas sentie plus proche d'elle pour autant, j'ai cependant ressenti de l'empathie et de la compassion.
    A vrai dire, comme beaucoup d'autres lectrices, j'ai largement préféré les chapitres consacrés à Elsie dans les années 1940 que les chapitres plus contemporains, dans lesquels Reba occupe une place centrale. Certes, on y retrouve Elsie, mais de manière plus effacée et ce n'est pas pareil.
    Indéniablement, pour moi, le point fort du roman est le fait que l'auteure ait eu l'idée de situer une partie de son intrigue en plein cœur de l'Allemagne nazie. Quand on parle de la Seconde guerre mondiale, en général, on pense aux victimes étrangères, aux populations qui ont eu à souffrir de l'occupation du Reich. On oublie trop souvent que le peuple allemand fut certainement la première victime du régime de Hitler. Sarah McCoy évite l'écueil qui menace toujours lorsqu'on choisit d'aborder une période comme celle-ci : celui de tomber dans un manichéisme trop facile sans aucune nuance. L'auteure au contraire, nous présente une société totalement écrasée sous le joug d'un régime tout puissant, qu'elle a voulu certes, à un moment donné, mais qui s'est retourné contre elle. Comme tous les autres habitants de l'Europe, en cette fin d'année 1944, les Allemands souffrent, du froid, de la fin, des exactions de la Gestapo et des soldats de plus en plus nerveux parce qu'ils sentent le vent tourner. Et certains, comme Elsie, commencent à douter du bien fondé du régime et naissent alors en eux l'envie de lutter. Nous avons eu la Résistance en France mais il y'en eut aussi en Allemagne.

    Des Lebkuchen (pains d'épices) en forme de cœur, pâtisserie emblématique de la boulangerie des parents d'Elsie, dans le roman


    J'ai aimé aussi que l'auteure fasse endosser des actes héroïques et courageux à des personnes totalement normales, voire considérées comme faibles, juste parce qu'elles ont été mues par leur conscience. Lorsque Elsie rencontre Tobias et prend sur elle de le cacher, elle entre certes en résistance mais surtout, elle écoute son cœur et sa conscience. Elle se retrouve alors confrontée à un dilemme terrible : la loyauté à un régime qu'elle ne cautionne plus ou bien suivre un sentiment plus fort que tout.
    Sarah McCoy démontre aussi avec justesse que tous les partisans du régime n'ont pas été des monstres. On pouvait être honnête et soutenir le régime nazi, parce que cela allait de soi : c'est le cas du père de Elsie, boulanger sans histoires, honnête et travailleur, qu'on pourrait considérer sans nul doute comme un homme bien mais qui supporta le parti nazi jusqu'au bout, par respect et amour de son pays.
    Quand Elsie explique à Reba que certains nazis étaient des hommes bien, la jeune femme réagit comme nous le ferions tous aujourd'hui : avec perplexité. Et pourtant, l'Histoire est toujours bien plus complexe que ce qu'on veut bien croire ou en retenir. Personne n'est jamais totalement coupable ou innocent.
    Un goût de cannelle et d'espoir est un roman vraiment captivant même si je sentais mon intérêt retomber dès qu'on revenait en 2007... Je n'ai pas détesté Reba mais, comme je le dis plus haut, je n'ai pas vraiment ressenti grand chose pour elle alors que je me suis beaucoup attachée à Elsie. Dans sa globalité, le roman est cohérent et tient la route. Je crois que j'aurais encore plus aimé s'il s'était passé intégralement dans les années 1940 avec, pourquoi pas, un petit saut dans le temps qui aurait permis de savoir ce que Elsie est devenue. J'aurais peut-être alors pu ressentir un coup de cœur, que je n'ai pas eu, même si je l'ai frôlé.
    Ce roman a beaucoup de qualités malgré quelques petits points plus faibles qui m'ont gênée. J'ai aimé aussi la forme que l'auteure lui a donné, alternant partie narratives et parties épistolaires -lettres, courriels-, notamment parce que certaines lettres sont particulièrement émouvantes. J'ai beaucoup aimé celles de Hazel, la soeur d'Elsie, qui n'apparaît d'ailleurs que comme cela.
    J'ai vraiment dévoré ce roman ! Il m'a fallu un peu plus de 48 heures pour le lire mais, dès le début, j'ai senti que ce roman allait être vite lu. Le style est fluide, plutôt agréable à lire. On se laisse vite prendre par l'intrigue non seulement parce que le personnage d'Elsie est intéressant mais aussi parce qu'un suspense s'installe rapidement et on a envie de savoir le fin mot de l'histoire.
    Contrairement à d'autres lectrices, je n'ai cependant pas été spécialement émue... Elle est très belle, certes, mais pas si émouvante que ça. Je l'ai aimée néanmoins : le roman est porteur d'espoir et la fin ne l'est pas moins.
    Petit plus aussi pour les recettes allemandes -Lebkuchen, Brötchen etc- qui figurent en fin de roman pour celles et ceux qui voudraient s'essayer à la pâtisserie allemande !
    Je conseille Un goût de cannelle et d'espoir en espérant que vous serez conquis comme moi.

    En Bref : 

    Les + : l'intrigue historique, touchante et très bien menée ; le style fluide et efficace de l'auteure. 
    Les - : les chapitres contemporains centrés sur Reba, qui ne m'ont pas intéressée. 

     


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