• « Certains tenaient à tout prix à préserver le passé, d'autres ne cherchaient qu'à le fuir. »

    Le Chardon et le Tartan, tome 4, Les Tambours de l'Automne ; Diana Gabaldon

    Publié en 1996 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Outlander, book 4, Drums of autumn

    Editions J'ai Lu

    1140 pages 

    Quatrième tome de la saga Le Chardon et le Tartan

     

    Résumé :

    Pour fuir l'oppression anglaise, Claire et Jamie embarquent pour le Nouveau Monde, où ils espèrent enfin trouver la paix. Toutefois, lorsqu'ils échouent sur les rivages de Caroline du Nord, en 1767, l'Amérique est à l'aube de son Indépendance : tandis que la révolution se prépare, les deux amants vont une fois de plus être emportés par le tourbillon de l'Histoire. 

    Restée en sécurité dans le XXe siècle, leur fille Brianna cherche à percer le secret de sa naissance. Quand elle découvre qu'un sort tragique guette ses parents, elle met tout en oeuvre pour les rejoindre dans le passé...avant que les portes du temps ne se referment sur eux. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Ce quatrième tome, nous emmène en 1767, en Amérique, où Claire et Jamie Fraser tentent de refaire leur vie, loin de l'Ecosse et des mauvais souvenirs qui y sont rattachés. Revenue vingt ans après les sanglants soulèvements des années 1745-1746, qui ont vu l'anéantissement des clans highlanders, Claire a retrouvé Jamie, qui est l'un des rares à avoir survécu au carnage de Culloden. Alors que l'Ecosse peine à se remettre d'années entières de répression et de famine, pendant lesquelles de nombreuses familles ont péri -ou, pour les plus chanceuses, émigré de l'autre côté de l'Atlantique-, voilà les Fraser embarqués vers les colonies des Antilles, secouées par des révoltes sporadiques d'esclaves mais de plus en plus violentes et rapprochées. Arrivés en Amérique, c'est finalement là que Jamie décide de repartir de zéro, sur les terres sauvages de la Caroline du Nord. Les Etats-Unis n'existent pas encore et les colonies britanniques connaissent leurs dernières années de leur vie, avant la révolution et la proclamation de l'Indépendance. Pays alors bien différent de ce qu'il est aujourd'hui, les Amériques sont alors des terres très sauvages voire hostiles et qui n'ont été que partiellement explorées, l'ouest restant encore aux mains des Indiens. Les villes les plus importantes, souvent des ports, forment un cordon le long de la côte est et permettent les échanges avec les Antilles toutes proches mais aussi avec l'Europe.
    Installés sur des terres plus que sauvages, où ils seront amenés à croiser des colons comme des Indiens, les Fraser tentent peu à peu de reconstruire leur cocon protecteur qui avait volé en éclats vingt ans plus tôt. Mais, au XXème siècle, où l'a laissée sa mère, leur fille, Brianna, apprend bientôt qu'une menace latente pèse sur ses parents et choisit de venir les aider pour tenter de renverser le cours du destin.

    Le Chardon et le Tartan, tome 4, Les Tambours de l'Automne ; Diana Gabaldon


    Ce quatrième tome est bien différent des premiers ! Après les rituels vaudous dans le troisième tome et la découverte de ces Antilles des planteurs, nous voici donc en Amérique, ce Nouveau Monde qui faisait alors tant fantasmer. L'ambiance n'est bien sûr pas du tout la même qu'au début de l'histoire. Non seulement les héros ont pris de l'âge, Claire ayant plus de cinquante ans et Jamie, quarante-cinq ans. Il est loin, le jeune premier et elle est loin aussi, la jeune infirmière de vingt-sept ans, propulsée de son XXème siècle d'origine à l'aube des soulèvements jacobites en faveur des derniers descendants de Jacques II...et pourtant, Claire et Jamie n'ont pas changé. Ils ont pris de l'âge, ils ont gagné en maturité et en expériences de vie. Ils ont chacun tenté de se reconstruire, loin l'un de l'autre, à deux cents ans de distance, sans y parvenir réellement. Ils n'ont finalement pas vieilli tant que ça parce que leur amour, même palpable pour nous, lecteurs, les porte.
    De nouveaux personnages font aussi leur apparition dans l'histoire ou, du moins, y prennent de plus en plus de place. Le jeune Ian Murray, neveu de Claire et Jamie, fils de l'attachante Jenny, rencontrée au début de l'histoire, devient un personnage pivot, important, et qui gagne surtout, avec les années, en profondeur.
    Brianna, la fille de Claire et Jamie, née après le retour de sa mère au XXème siècle, prend elle aussi une place de plus en plus importante dans le récit. Moins attachante que sa mère parce que peut-être plus impulsive, elle n'en reste pas moins un personnage qu'on prend plaisir à découvrir, à voir grandir et à évoluer. Quant à Roger Wakefield, le jeune historien qui a notamment permis à Claire de remonter la piste de Jamie Fraser et donc de le retrouver et qui se trouve finalement bien plus mêlé qu'il ne le croit aux mystères de Craigh na Dun, c'est également un plaisir de le retrouver et de voir que son personnage gagne de l'importance au fil des pages.
    L'ambiance, bien que radicalement différente, ne déroute finalement pas autant que j'aurais pu le croire. J'avoue que, en lisant les résumés des divers tomes avant d'en commencer la lecture, j'avais un peu peur de voir les personnages et les intrigues se transporter dans un autre monde, très différent de cette Ecosse séculaire, pleine de légendes et de mystères et regorgeant de paysages oniriques. Bien sûr que cette identité highlander, très forte et qui marque énormément les premiers tomes, nous manque un peu car c'est finalement par elle que nous avons fait connaissance avec tous ces personnages auxquels nous nous sommes attachés au fil des intrigues. Bien sûr qu'on aimerait que Jamie et Claire retrouve les leurs, quelque part vers Inverness...mais, en même temps, nous voyageons avec eux vers des terres et des contrées alors pleines de promesses.

    Le Chardon et le Tartan, tome 4, Les Tambours de l'Automne ; Diana Gabaldon


    Les péripéties de ce tome-là restent plus vraisemblables que celles du troisième tome, donc plus agréables à suivre. Mais il est clair, que, malgré ses défauts, Outlander reste une saga addictive et toujours aussi agréable à lire. Après avoir été déçue par le style relativement quelconque du premier tome, je dois dire que le récit a gagné en qualité narrative et en fluidité. Bien qu'en présence de plusieurs narrateurs -Claire, qui alterne aussi avec un narrateur omniscient suivant Jamie, ou Brianna ou Roger-, le récit reste clair et facile à appréhender. Moins de répétitions et de lourdeurs de style aident à entrer bien plus sûrement dans l'intrigue, à se concentrer sur le fond et non pas sur la forme. Diana Gabaldon sait aussi doser des petites doses d'humour, caustiques, ironiques ou plus tendres et qui sont les bienvenues.
    Ce quatrième tome confirme mon élan premier et ne me donne qu'une envie : poursuivre cette saga ! Il n'y a plus moyen de faire autrement !

    En Bref :

    Les + : des personnages de plus en plus attachants, de nouveaux arrivants, une intrigue qui gagne en profondeur et en relief.
    Les - : le roman est trop court, malgré ses mille pages ! ! 


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  • « Finalement, il est plus facile de risquer sa vie que de s'inquiéter pour quelqu'un qu'on aime. »

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon

    Publié en 1993 aux Etats-Unis ; en 2015 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : Outlander, book 3, Voyager

    Editions J'ai Lu

    1013 pages

    Troisième tome de la saga Le Chardon et le Tartan

    Résumé :

    Vingt années se sont écoulées depuis le périple de Claire Beauchamp-Randall dans l'Ecosse du XVIIIe siècle.

    Si l'infirmière britannique a refait sa vie depuis, le souvenir de Jamie Fraser et des années tumultueuses vécues ensemble reste intact. Aussi, lorsqu'elle apprend qu'il a survécu à la sanglante bataille de Culloden ayant marqué la défaite de l'armée écossaise, elle se retrouve confrontée à un terrible dilemme. En remontant une nouvelle fois le temps, retrouvera-t-elle celui qu'elle a quitté deux décennies auparavant ? 

    Fuite, tempêtes, intrigues politiques et prophéties étranges : la suite d'une série incontournable !

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Après la défaite de Culloden, en avril 1746, les clans écossais ont été décimés et une violente répression, menée par les armées anglaises, s'est abattue sur les Highlands, pillant les villages et affamant les familles...des familles entières périssent et d'autres, pendant les années qui suivront la défaite des jacobites, quitteront l'Ecosse pour le Nouveau Monde...hormis cela, beaucoup de Highlanders ont péri sur le champ de bataille de Culloden, marquant la fin des clans.
    Claire Beauchamp, revenue au XXème siècle après avoir traversé une deuxième fois la faille spatio-temporelle de Craigh na Dun, a tant bien que mal refait sa vie à son époque, donnant naissance à une petite fille à la fin des années 1940, Brianna et tentant de reprendre une relation conjugale avec Frank Randall, qu'elle a retrouvé, au terme d'une mystérieuse disparition de trois années dont, bien sûr, elle ne peut pas parler. Médecin de talent, elle a cinquante ans à la fin de ces années 1960 mais n'a pas oublié celui qu'elle a épousé, dans les années 1740, ce jeune hors-la-loi highlander, Jamie Fraser et qu'elle a quitté à l'aube de la sanglante et tragique bataille de Culloden...qu'est-il devenu ? Comme beaucoup d'autres, est-il tombé sous les armes anglaises ? Ou bien a-t-il survécu ? C'est ce que Claire recherche désespérément en Ecosse, où elle s'est rendue accompagnée de sa fille, Brianna, âgée de vingt ans.
    Et quand elle apprend que Jamie aurait survécu à Culloden mais aussi aux années de famine et de répression qui ont suivi, Claire décide alors, à ses risques et périls, de tenter une nouvelle remontée du temps pour le retrouver.

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon


    Ce troisième tome, judicieusement intitulé Le Voyage -ou Voyager, pour ce qui est du titre original-, nous emmène en effet très loin de ce qui fut l'ambiance des deux premiers tomes. Nos protagonistes, auxquels nous nous attachons pages après pages vont en effet quitter l'Ecosse et les terres peuplées de légendes et de brume des Highlands pour se diriger vers le continent américain, ce fameux Nouveau Monde qui n'a pas encore connu les soubresauts de la guerre d'Indépendance et qui apparaît comme un Eden pour beaucoup et notamment, les Ecossais victimes des exactions anglaises. Entre les Antilles, la Jamaïque puis les colonies de l'est de ce qui sera un jour les Etats-Unis, nous suivons donc Jamie et Claire, mais aussi d'autres personnages, déjà connus ou que nous découvrons dans ce troisième tome, dans leurs pérégrinations et les aventures qui, bien évidemment, ne manqueront pas de leur arriver et de mouvementer -à défaut de pimenter- leur existence.
    Si ce troisième tome permet au lecteur de connaître un nouveau pan de l'histoire d'amour passionnée entre Claire Beauchamp et Jamie Fraser, il nous fait aussi découvrir ce que fut la vie de Jamie durant les vingt années entre Culloden puis ses retrouvailles inattendues avec Claire : Diana Gabaldon en profite donc pour tisser un portrait plus vrai que nature de ces Highlands exsangues, vidées de leur substance par l'échec du soulèvement jacobite, la faim, la mort, l'impossibilité des petits lairds à nourrir leur famille mais aussi celles de leur métayer, l'émigration vers les villes voire vers un monde meilleur, les conditions de vie des prisonniers jacobites, sous la coupe de leurs geôliers anglais...
    En parallèle, nous en apprenons un peu plus également sur la vie quotidienne à cette époque-là dans les Antilles et les colonies en général, dont la base était, aussi contestable que cela puisse paraître aujourd'hui, l'esclavage et le commerce triangulaire. Et, enfin, sur le côté un peu plus surnaturel du livre, Diana Gabaldon nous fournit quelques informations précieuses sur le parallélisme des deux époques de Claire, à savoir le XXème et le XVIIIème siècle mais aussi sur la dangerosité du passage entre différentes époques. Au travers d'un personnage déjà rencontré et qui s'avère bien plus maléfique encore que ce que l'on aurait pu croire, Claire, pourvue du don de naviguer entre les époques, en apprend donc beaucoup, en même temps que nous, sur cette particularité qui a si brutalement et radicalement bouleversé sa vie un jour de 1945...

    Le Chardon et le Tartan, tome 3, Le Voyage ; Diana Gabaldon


    Rien à dire quant aux personnages, que l'on retrouve avec plaisir. Claire, bien qu'ayant pris vingt ans, reste un personnage dynamique et enlevé, très bien travaillé...C'est aussi avec plaisir que l'on retrouve Jamie, le sensuel jeune Highlander, devenu le second époux de Claire. Et, enfin, nous nous habituons toujours un peu plus au personnage de Brianna, fille de Claire et de Jamie, née au XXème siècle et qui se trouve, bien malgré elle, mêlée à l'histoire complexe de ses parents. Bien que moins attachante que sa mère pour le moment, la jeune femme devient un personnage-clé de l'intrigue de Outlander.
    La seule chose que je reprocherais à ce troisième tome, ce sont les péripéties parfois trop nombreuses et donc un peu téléphonées, qui émaillent le récit. Certes, Outlander reste avant tout une saga de romance et d'aventures mais trop d'aventures tue l'aventure, à mon sens. Et certaines m'ont donc paru un peu superflues. Quelques longueurs également mais il difficile de faire sans dans des romans d'une telle ampleur.
    En bref, malgré petits bémols, j'ai lu ce troisième tome avec une aisance folle et ce fut encore une fois un plaisir que de me replonger dans l'univers si particulier de Outlander, aux côtés de Jamie et Claire ! !

    En Bref :

    Les + : une intrigue dynamique et enlevée, des personnages attachants et un univers que l'on prend plaisir à retrouver à chaque nouveau tome.
    Les - :
    quelques longueurs et des péripéties invraisemblables parce qu'un peu cliché.

     


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  • « Je me demandais si le fait de prendre des décisions qui impliquaient le destin d'autres personnes deviendrait plus facile avec le temps. »

    Le Chardon et le Tartan, tome 2, Le Talisman ; Diana Gabaldon

    Publié en 1991 aux Etats-Unis ; en 2014 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Outlander, book 2, Dragonfly in Amber

    Editions J'ai Lu

    947 pages

    Deuxième tome de la saga Le Chardon et le Tartan

     

    Résumé :

    1968. A la mort de son mari, Claire Beauchamp emmène sa fille en Ecosse, sur les lieux mêmes où, vingt ans plus tôt, elle a vécu d'extraordinaires aventures...

    Des aventures qui, dans ce second tome, vont conduire Claire et Jamie dans le Paris du siècle des Lumières. Leur but ? Empêcher Charles-Edouard Stuart d'accéder au trône, un événement qui marquerait le début d'une répression sanglante dans les Highlands. Mais dans leur course effrénée, le couple découvrira à ses dépens qu'on ne peut modifier le cours de l'histoire impunément...

    La suite d'une série incontournable ! 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1968, vingt ans après son inexplicable réapparition, Claire Beauchamp décide de revenir en Ecosse, sur les lieux mêmes où elle avait disparu mystérieusement, en 1945, aux alentours du cromlech de Craigh na Dun -la Colline aux Fées. Âgée d'une quarantaine d'années, elle est devenue une brillante chirurgienne installée à Boston avec sa fille unique, Brianna. C'est d'ailleurs accompagnée de la jeune femme, âgée de vingt ans, qu'elle revient dans les Highlands. A Inverness, où tout a commencé, elle retrouve Roger Wakefield, le fils adoptif du pasteur qui, dans les années 1940, avait donné de nombreuses informations sur les jacobites et leurs révoltes en faveur de Charles Edouard Stuart, dans les années 1740...
    Les années 1740...c'est justement à cette époque que Claire s'était réveillée après être passée dans un menhir fendu de Craigh na Dun. Echouée au beau milieu du XVIIIème siècle, dans les terres du clan McKenzie, elle y avait assisté, impuissante, à la montée de la ferveur jacobite avant de tomber amoureuse du jeune Jamie Fraser...Revenue en Ecosse pour en apprendre un peu plus sur la sanglante défaite de Culloden en 1746 puis la répression anglaise sur les Highlands, Claire veut en profiter également pour avouer sa véritable identité à sa fille Brianna, persuadée d'être la fille de Frank Randall. Contre toute attente, sa mère lui annonce alors qu'elle n'est autre que le fruit de ses amours avec le jeune Highlander Jamie Fraser, qui aurait inexplicablement survécu au carnage de Culloden...

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Charles-Edouard Stuart, par Antonio David (1729)


    C'est alors sous forme de flash-back que Claire raconte à Brianna et à Roger Wakefield -qui ne serait peut-être pas, lui non plus, si étranger que cela aux mystères de Craigh na Dun-, la mission désespérée qu'elle mena, en compagnie de Jamie, entre la France et l'Ecosse, pour tenter de tuer dans l'oeuf le soulèvement jacobite qui, elle le savait, se finirait irrémédiablement dans un bain de sang pour les clans Highlanders et une famine terrible qui décimerait la région....Mais peut-on, bien qu'en ayant la prescience des événements, réécrire l'Histoire et faire basculer le destin dans le bon sens ? C'est à cette épineuse question que Claire, venue du futur et porteuse donc d'un savoir prémonitoire, va se heurter, confrontée bientôt à l'impuissance humaine face à une force immanente contre laquelle elle ne peut rien.
    Entre Versailles, Paris, Inverness et, enfin, Culloden, aux côtés de Louis XV ou Charles-Edouard Stuart, les époux Fraser vont alors tenter la périlleuse tâche de saper les soutiens jacobites tout en se faisant passer pour de fervents partisans des Stuarts. Traîtres à la couronne d'Angleterre et aux Hanovre puisque soutenant officiellement les Stuarts mais aussi traîtres à ces derniers puisque menant une mission parallèle visant à les empêcher de recouvrer leurs droits ancestraux sur la couronne britannique, Claire et Jamie vont traverser bien des aventures et des péripéties avant que le jeune homme ne se décide à prendre une décision irrévocable...
    Entre XXème siècle et XVIIIème siècle, Diana Gabaldon prend toujours un malin plaisir à nous balader dans le temps et...ça marche ! ! Plus enlevé, plus dynamique, que le tome un, où la situation, l'univers, se posaient lentement et où les différents protagonistes se présentaient progressivement, ce second volume des aventures et mésaventures de Claire Beauchamp, jeune infirmière propulsée dans un monde inhospitalier et violent aux côtés d'un homme que, contre toute attente, elle va aimer de toutes ses forces, se lit avec aisance mais surtout, avec plaisir. Si la partie se passant à Paris n'est parfois pas des plus passionnantes, le récit reste relativement bien maîtrisé, et avec une dose parfaite de suspens pour rendre l'intrigue addictive. Au-delà de cela, on réfléchit également en même tant que Claire à la question qui sert de trame au récit : un seul homme peut-il modifier le destin et, de fait, l'Histoire ou est-il condamné à rester impuissant ? Telle une Cassandre moderne, qui sait mais reste dans l'impossibilité de mettre en garde parce que sachant qu'on ne la croira pas, Claire va pourtant essayer de sauver l'homme qu'elle aime mais aussi tous ses compagnons qu'elle sait promis à une mort sordide ou à un destin terrible.


    Le contexte historique est bien restitué et si, à cause de ce flux et de ce reflux constant dans le temps, avec des personnages qui chevauchent les époques, comme Claire ou encore Geilis Duncan, la mystérieuse sorcière de Cranesmuir, rencontrée dans le premier tome, on se perd parfois dans la chronologie ou dans les dates, le récit reste clair et facile à suivre. On suit avec une angoisse constante la montée en puissance des événements, l'accélération des offensives des Stuarts et on ressent avec Claire son impuissance et sa frustration à ne rien pouvoir y faire. On vibre aussi à l'unisson de cette femme sensuelle, libérée et très amoureuse. Le Chardon et le Tartan qui peut passer, au premier abord, pour une romance historique un peu gentillette s'en écarte de plus en plus, avec des aventures, certes très romanesques, mais parfois si violentes voire si sombres, qu'on ne peut décemment pas taxer la saga de Diana Gabaldon d'être une bluette romantique, bien au contraire. L'histoire entre Jamie et Claire est bien sûr une trame certaine de l'histoire, comme son squelette, en quelques sortes, mais l'auteure évite de tomber dans l'écueil très facile de la romance un peu niaise...
    Mené tambour battant, ce deuxième tome, qui permet au lecteur de s'immerger encore un peu plus dans l'univers de cette saga volumineuse -plus de dix tomes, qui sont en train d'être réédités, en France comme aux Etats-Unis, à l'occasion de la diffusion de la série Outlander-, est un piège ! ! On y tombe tête baissée et on ne peut plus en sortir une fois pris dans les mailles du filet ! L'intrigue, mais aussi les personnages, très travaillés et dotés d'une psychologie complexes, y sont bien sûr pour beaucoup...
    Vivement le troisième tome. 

    En Bref :

    Les + : un récit rythmé et enlevé, un univers toujours aussi captivant et des personnages de plus en plus attachants.
    Les - :
    une partie dans les premiers chapitres peut-être un peu longuette.


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  • « La lutte pour choisir son propre destin était-elle moins importante que la nécessité d'arrêter un grand fléau de l'humanité ? »

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon

    Publié en 1991 aux Etats-Unis ; 2014 en France (pour la présente édition)

    Titre original : Outlander, Book 1

    Autre titre français : Outlander, tome 1, Le Chardon et le Tartan

    Editions J'ai Lu 

    852 pages 

    Premier tome de la saga Le Chardon et le Tartan

    Résumé :

    1945. Claire passe ses vacances en Ecosse, où elle s'efforce d'oublier la Seconde Guerre Mondiale auprès de son mari, tout juste rentré du front. Au cours d'une balade, la jeune femme est attirée par un mégalithe, auquel la population locale voue un culte étrange. Claire aura tôt fait d'en découvrir la raison : en s'approchant de la pierre, elle se volatilise pour atterrir au beau milieu d'un champ d'un bataille.

    Le menhir l'a menée tout droit en l'an de grâce 1743, au coeur de la lutte opposant Highlanders et Anglais. Happée par ce monde inconnu et une nouvelle vie palpitante, saura-t-elle revenir à son existence d'autrefois ?

    Le début d'une saga incontournable !

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1945, Claire Beauchamp, ancienne infirmière militaire et démobilisée, revient dans les Highlands avec son époux, Frank Randall. C'était là qu'ils s'étaient mariés plusieurs années auparavant et Frank a décidé d'y ramener sa femme en guise de lune de miel, mais aussi pour poursuivre ses recherches sur le soulèvement jacobite qui secoua l'Ecosse au milieu du XVIIIème siècle...
    Alors qu'elle se trouve un jour près de la colline de Craigh Na Dun, siège d'un ancien culte païen, Claire disparaît brutalement, happée par les pierres, qui la ramènent deux cents ans plus tôt, en 1743, alors que les Highlands préparent le soulèvement visant à remettre sur le trône britannique l'ancienne dynastie des Stuarts. Connaissant déjà l'Histoire et sachant que les Highlanders seront défaits, trois ans plus tard et que les Stuarts ne remonteront jamais sur le trône, Claire va alors tenter de réécrire le destin afin de sauver les Jacobites. Bravant les embûches que cette époque inhospitalière sème sous ses pas -car il n'y a bien sûr pas besoin d'être grand clerc pour comprendre combien peut être dépaysante la vie rustique des Highlands du XVIIIème siècle pour une femme du XXème-, Claire va pourtant tenter de changer le destin de ceux qui l'ont recueillie et surtout, l'avenir de l'un deux, le jeune Jamie, hors-la-loi et pourchassé par les Anglais et qui ne semble pas la laisser indifférente.

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon


    Le premier tome de la foisonnante saga Le Chardon et le Tartan -Outlander en anglais- écrite par Diana Gabaldon commence donc par la disparition inexpliquée d'une jeune femme, propulsée du XXème au XVIIIème siècle après être passée dans un cercle de pierre magique sur la Colline aux Fées -Craigh na Dun en gaélique. Des disparations inexpliquées, il y'en a tous les jours, comme l'explique elle-même l'auteure dans l'avant-propos de son roman. Des personnes qui quittent tout du jour au lendemain pour refaire leur vie ailleurs, des mères qui quittent leur famille, des grands patrons qui abandonnent leur entreprise...et si, comme dans les légendes écossaises, des jeunes femmes disparaissaient mystérieusement pour devenir des voyageuses du temps ? Et, si justement, l'inexplicable et le merveilleux pouvaient justifier ces disparitions qui restent souvent entourées de mystères et non élucidées ? Et puis il y'a aussi la grande question que l'on se pose tout au long de la lecture : peut-on réellement changer le monde, l'Histoire, son avenir et surtout, à quel prix ? 
    Fortement teinté de fantastique -ceci est un doux euphémisme-, cette saga littéraire m'a fait hésiter longuement avant que je ne me décide finalement à m'y lancer. L'intrigue historique me plaisait bien, je dois l'avouer : le contexte historique est intéressant quoique plutôt méconnu en France...peu de gens savent aujourd'hui que les Stuarts, entre les XVIIème et XVIIIème siècles ont trouvé refuge auprès de leurs cousins, les souverains français, notamment Louis XIV et son arrière-petit-fils, Louis XV. Qui connaît encore, par chez nous, celui que l'on appelait Le Prétendant ou encore Bonnie Prince Charlie, Charles-Edouard Stuart, petit-fils de Jacques II, dont les partisans furent écrasés lors de la sanglante bataille de Culloden, au printemps 1746 ? Si le souvenir reste vivace en Ecosse, ce n'est plus vraiment le cas pour nous, même si le mouvement jacobite nous parle vaguement...
    Finalement, l'intérêt que je portais au contexte historique a fini par vaincre mes préventions et je dois dire que j'ai été très agréablement surprise. Ma connaissance de la série télévisée adaptée du roman m'a peut-être aidée à me plonger plus facilement dans l'ambiance de cette saga particulière...car, oui, une fois n'est pas coutume, moi qui ne suis ni cinéphile ni fan de séries télévisées, j'ai d'abord commencé par l'adaptation qui m'a vraiment beaucoup plu et qui, il faut bien le dire, est tournée de façon à accrocher son public dès les premiers épisodes -la plastique de Sam Heughan n'y est peut-être pas pour rien, il faut bien le dire.
    J'ai par contre été un peu déçue par le style : je ne sais pas s'il s'agit de la traduction ou non mais j'ai effectivement trouvé certains passages un peu lourds. Un peu moins dense que ses successeurs, le premier tome reste néanmoins un bon pavé et le roman a donc les défauts de ses qualités : il est difficile de tenir le rythme sur près de mille pages sans s'essouffler et, en effet, La Porte de Pierre contient quand même pas mal de longueurs. Longueurs qui peuvent aussi s'expliquer par la volonté de l'auteure de bien asseoir les bases de son récit qui est tout de même dense, riche et foisonnant, on ne peut le nier.

    Le Chardon et le Tartan, tome 1, La Porte de Pierre ; Diana Gabaldon

    Quant au côté invraisemblable que certains lecteurs ont soulevé, concernant le peu de volonté de Claire a retrouver son époque, il ne m'a pas gênée plus que cela même si, effectivement, il semblerait que le premier mouvement sensé soit d'essayer de revenir chez soi, par n'importe quel moyen. Mais, finalement, comme n'importe quelle personne se trouvant brutalement privée de ce qui faisait jusque là son existence, Claire va tenter, à deux cent ans de distance, de reconstruire sa vie comme elle peut et l'amour qu'elle va alors peu à peu développer pour Jamie, ce jeune Highlander au passé plutôt troublé, n'y est peut-être pas pour rien. Et même si, contrairement à d'autres, sa disparition n'est pas volontaire à l'origine, Claire, qui ne sait pas si la porte fonctionne dans l'autre sens et pourra la ramener dans les années 1940, va commencer par récréer autour d'elle un cercle réconfortant et sécurisant qui lui permet d'envisager de nouveau son avenir. Autrement, certes, mais avec sérénité, malgré les événements qui se préparent et dont elle a, bien sûr, tragiquement, la prescience. Après, je comprends tout à fait le sentiment des lecteurs qui ont soulevé ce point parce qu'il est vrai, si l'on tente de se mettre à la place de Claire, que notre premier mouvement serait justement de mourir de peur à l'idée de ne pas pouvoir revenir en arrière...mais Claire, plutôt que de paniquer, va opter pour la tâche, ardue, de changer l'Histoire, ce qui, bien sûr, ne se fait pas sans mal.
    Malgré, donc, quelques petits bémols, je dois dire que j'ai été plutôt surprise et en bien. Une série plutôt prometteuse, en espérant que la suite soit à la hauteur.

    En Bref :


    Les + :
    un récit original et plutôt enlevé, des personnages assez attachants.
    Les - :
    des longueurs et des lourdeurs de style.


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  • « L'espoir est la force rédemptrice la plus puissante. »

    Le Châle en Cachemire ; Rosie Thomas

    Publié en 2011 en Angleterre ; en 2014 en France (pour la présente édition) 

    Titre original : The Kashmir Chawl 

    Editions Pocket

    635 pages

    Résumé :

     Inde, 1940. Jeune mariée, Nerys a quitté la campagne galloise pour accompagner son mari missionnaire. Alors que la guerre du Cachemire éclate, elle découvre Srinagar, la ville au bord du lac, où les Britanniques dansent et flirtent de manière insouciante.
    Angleterre, de nos jours. En faisant du tri dans la maison de son père, Mair découvre un éblouissant châle ancien et une boucle de cheveux d'enfant. Intriguée par leur provenance, elle se lance dans une quête qui changera à jamais sa vie. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    De nos jours, quelque part au Pays de Galles, Mair fait du tri dans les affaires de son père récemment disparu. C'est donc par hasard, au fond d'une commode, qu'elle trouve une vieille enveloppe avec, à l'intérieur, un châle en cachemire et une mèche de cheveux bruns. Elle en vient rapidement à la conclusion que ces objets ont appartenu, il y'a longtemps, à sa grand-mère maternelle, Nerys Watkins, épouse de pasteur missionnaire qu'elle avait suivi, alors jeune mariée, en Inde. Intriguée, Mair va alors décider de partir sur les traces de ces grand-parents méconnus, parents de sa propre mère, qu'elle a peu connue et à laquelle elle n'a pas eu l'occasion de poser de questions sur ses ancêtres et le passé familial. Sur les traces d'Evan et Nerys Watkins en Inde, entre Leh, Lamayuru, Srinagar, le Cachemire, Mair va alors découvrir une histoire dont elle ne se doutait absolument pas.
    En forme d'alternance entre des flash-back nous ramenant dans les années 1940, au moment de la mission d'Evan Watkins en Inde et des chapitres plus modernes, dirons-nous, dans lesquels Mair se trouve au centre, le récit du Châle en Cachemire est plutôt efficace mais pèche, malheureusement, par quelques longueurs au début qui empêchent d'entrer complètement dans le récit. La distance entre Mair et son lecteur ne s'atténue pas non plus au cours des pages et il s'avère finalement assez difficile à s'attacher à elle, même si j'ai éprouvé un peu de sympathie pour elle -vers la fin, je dois bien l'avouer. Au contraire, j'ai trouvé le personnage de Nerys plutôt intéressant, fragile par moments mais aussi très fort et déterminé. Moderne et émancipée par certains côtés, tout en respectant les codes importants de la société dans laquelle elle a été élevée, même à des centaines de milliers de kilomètres de chez elle, Nerys m'a parfois fait penser au personnage féminin du Chardon et du Tartan de Diana Gabaldon, Claire Beauchamp. Hormis cela, j'avoue avoir trouvé le déroulement de son destin indien sous nos yeux, particulièrement captivant. A part ça, c'est aussi le contexte historique restitué dans le roman qui s'avère très intéressant. Nous sommes à une époque relativement proche de la nôtre : soixante-dix ans, ce n'est pas si loin que ça mais pourtant, on a l'impression d'être propulsé dans un pays où le temps s'est arrêté, empreint de ses mœurs, de ses us et coutumes bien particuliers. Le travail des missionnaires presbytériens, dont fait partie Evan Watkins, le mari de Nerys, nous semble aussi joliment désuet et pourtant, le travail des religieux européens était encore, pendant la Seconde Guerre Mondiale, très important en Inde, surtout dans les régions les plus isolées du pays, dans le nord, aux confins de l'Himalaya. Rosie Thomas a fait beaucoup de recherches, cela se sent, non seulement sur les missions que l'on confiait aux pasteurs et autres prêtres à leur départ d'Europe mais aussi sur la façon dont ils distribuaient ensuite la bonne parole dans les populations, avec plus ou moins de succès il faut bien le dire. Beaucoup de recherches sur place et notamment à Srinagar, ville au centre du récit, a aussi permis à l'auteure de nous restituer l'ambiance de cette ville du nord de l'Inde, ses rues encombrées, ses house-boats, les sublimes jardins de Shalimar...

    Image illustrative de l'article Jardins de Shalimar (Cachemire)

     Les Jardins de Shalimar (XVIIème siècle), à Srinagar 


    Le Châle en Cachemire est résolument de ces romans exotiques qui font voyager sans forcément bouger de chez soi. Il fait partie de ces livres qui parviennent à merveille à faire revivre dans ses pages une époque mais aussi un pays, une atmosphère. Au cœur de ce roman, c'est l'Inde immémoriale et séculaire, avec ses traditions, ses senteurs et ses paysages exceptionnels qui se matérialise entre les mains du lecteur. Et, à mesure que nous nous approchons de la conclusion et donc, de la révélation finale, de la résolution de toutes les questions que l'on a pu se poser sur le châle, sa provenance et les secrets qui l'entouraient ainsi que cette mèche de cheveux d'enfant, le récit se charge en tension mais aussi en émotion bienvenu.
    Roman abouti, Le Châle en Cachemire se lit plutôt bien même si je pense qu'il est préférable de prendre son temps pour découvrir un récit avec une telle teneur. Vraiment profond, bien écrit et rythmé, ce roman de Rosie Thomas s'inscrit dans la veine de ces romans à secrets qui ont fait le succès de Kate Morton ou Katherine Webb. Malgré les quelques longueurs du début, qui peuvent un peu décourager et faire décrocher, on rattrape rapidement les wagons et finalement, c'est très agréablement surpris que l'on ressort d'une telle lecture.
    Une belle découverte, que je conseille.

    En Bref :

    Les + : un récit rythmé, abouti, dense et émouvant.
    Les - :
     quelques longueurs au début qui peuvent faire paraître le début de lecture un peu laborieux.


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