• « On est jamais entièrement maître de son destin, reprit-il. Une partie de toi se trouve toujours dans les mains d’un autre. Tu ne peux qu’espérer que cet autre soit Dieu. »

    Couverture Outlander (J'ai lu, intégrale), tome 11 : L'adieu aux abeilles, partie 1

     

     Publié en 2021 aux Etats-Unis

     En 2022 en France (pour la présente édition)

     Titre original : Outlander, book 9, Go Tell the Bees   That I Am Gone

     Éditions J'ai Lu

     800 pages

     Première partie du neuvième tome de la saga Le   Chardon et le Tartan (Outlander)

     

     

    Résumé :

     En l'an 1779, Claire et Jamie savourent leurs retrouvailles avec leur fille Brianna, Roger, le mari de celle-ci et leurs enfants, à Fraser's Ridge. Il y a peu, ce rêve leur paraissait encore inaccessible. 

    Mais même dans ce coin isolé de Caroline du Nord, les effets de la guerre se font sentir. La tension dans les Colonies ne cesse de croître et la colère des habitants monte chaque jour d'un cran. Jamie a conscience que ses fermiers connaissent des conflits de loyauté et que le danger est à leur porte. 

    Lorsque les Colonies du Sud se soulèvent, la Révolution se rapproche encore davantage de Fraser's Ridge. En sa qualité de soignante, Claire se demande combien de ceux qu'elle aime vont encore devoir verser leur sang...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★ 

    Mon Avis :

    J’ai commencé cette lecture avec un fort sentiment d’émotion. Vraiment. Il faut dire que j’avais refermé le tome 8 sur une fin ouverte en novembre 2018. Ça remonte ! Entre-temps, j’ai pourtant lu certains des volumes de la série dérivée consacrée à lord John Grey mais ce n’est pas pareil. Certes, cela m’a permis de ne pas complètement délaisser cet univers que j’aime tant mais ce n’est pas comme reprendre le fil d’une intrigue que l’on avait quittée il y a quatre ans.
    Bienvenue au Ridge, donc ! Nous revoilà en Amérique, sur les terres où Claire et Jamie Fraser se sont installés, après leur exil au Nouveau Monde. Mais en cette année 1779, alors que la guerre d’Indépendance leur a laissé un moment de tranquillité, des nuages commencent à s’amonceler de nouveau à l’horizon. Nous ne sommes qu’à deux ans de la bataille décisive de Yorktown, qui marquera la victoire des Insurgés américains et de leurs alliés français sur les armées britanniques. Les treize colonies britanniques en Amérique, indépendantes depuis 1776, sont en passe de se délivrer enfin complètement de la tutelle de Londres. Mais les fractures sont de plus en plus visibles et se font de plus en plus sentir, entre loyalistes et rebelles et, bientôt, il faudra choisir son camp. Pour Jamie, qui avait choisi une prudente neutralité après la bataille de Montmouth, neutralité pas dénuée pour autant d’une certaine sympathie pour la cause américaine, l’heure des choix approche, d’autant plus que des familles fidèles au roi se sont installée sur le Ridge et se voient directement menacées par ceux qui soutiennent les Insurgés.
    Mais cette année 1779 est aussi marquée pour Claire et Jamie par une très grande joie : leur fille Brianna, repartie dans le futur à travers les pierres, en compagnie de son mari Roger MacKenzie et de leurs deux enfants, Jem et Mandy, sont revenus s’installer au Ridge après avoir connu bien des aventures (et mésaventures) dans les années 1980. Les Fraser vont pouvoir savourer ses retrouvailles familiales tandis que l’avenir est de plus en plus incertain pour chacun.
    Ne nous ne mentons pas, ce neuvième tome est plutôt une transition qu’autre chose : si vous vous attendez à mille aventures, à des rebondissements innombrables, vous risquez d’être déçus. Mais si, comme moi, vous aimez simplement retrouver l’univers d’Outlander, devenu si familier avec le temps et les personnages, que l’on a toujours l’impression de retrouver comme de vieux amis, vous aimerez probablement ce tome-ci. Il ne faut pas oublier également qu’il s’agit là d’une première partie et qu’il se passera peut-être plus de choses dans le second volume. C’est du moins ce que je pense car plusieurs bouleversements semblent en préparation et si la vie sur le Ridge n’a jamais été plus paisible, on a le sentiment que ses habitants dansent sur un volcan qui pourrait éclater et les emporter à tous moments. Mais, fort de la particularité de son épouse Claire, de sa fille Brianna et de son gendre Roger et de leur connaissance infaillible de l’avenir, Jamie sait déjà de façon certaine ce qu’il va se passer dans les mois et les années qui les séparent de la bataille de Yorktown et peut ainsi prendre ses décisions en conséquence.

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    Cette première partie du neuvième volume d’Outlander (ou Le Chardon et le Tartan) nous permet de renouer en douceur avec la saga, surtout après les épisodes assez violents qui ont pu marquer les tomes précédents. On y retrouve les personnages dans leur quotidien, parfois assez tranquille, ce qui est agréable aussi. Personnellement, quand j’aime un univers, je n’ai pas besoin qu’il se passe beaucoup de choses même si je peux comprendre que le rythme assez lent ait donné un sentiment de longueurs à certains lecteurs, d’autant plus que Diana Gabaldon nous a habitués à quelque chose de, effectivement, plus dynamique.
    Finalement, à mesure qu’une saga s’étoffe et gagne en volume, en densité, elle peut aussi paradoxalement perdre un peu de teneur, de relief. C’est le risque, un univers peut finir par s’essouffler… maintenant, est-ce que l’autrice va parvenir à faire prendre un virage à 180 degrés à sa saga et lui redonner un souffle de jeunesse ? Je pense que oui. J’avais aussi eu ce sentiment avec La Croix de Feu, qui est en plus une belle briquasse de plus de 1500 pages : il y avait souvent de longs passages, de longs chapitres où il ne se passe pas grand-chose et puis les volumes qui ont suivi nous ont surpris, avec même parfois des événements assez violents.
    Je n’ai donc pas du tout été déçue par ce premier volume du tome 9 de l’une de mes sagas chouchoutes. Non, vraiment c’était chouette de retrouver cet univers, que je n’avais jamais vraiment quitté, grâce à la série dérivée consacrée à lord John mais dans laquelle on croisait aussi Jamie (par exemple dans Le prisonnier écossais) mais aussi plein d'autres personnages mais aussi à la série télévisée. Alors oui, peut-être à cause de ça, j’ai parfois été un peu perdue avec la chronologie et certaines références à des événements passés ne me parlaient pas trop…j’avais aussi parfois tendance à me baser sur la chronologie de la série, alors que nous sommes bien après. Mais à part ça, je me suis quand même régalée de cette lecture : c’était comme retrouver un vieil ami et passer un long après-midi avec un thé chaud à la main, près d’une cheminée qui flambe, à discuter à bâtons rompus de tout et de rien.
    Même si ce n’est pas (pour l’instant) le tome le plus marquant, c’était malgré tout vraiment chouette de renouer, enfin, avec Outlander, une saga qui a pour elle son originalité et son univers qui a su séduire tant de lecteurs.

    En Bref :

    Les + : quel plaisir de retrouver les personnages et Fraser's Ridge, alors que la guerre d'Indépendance connaît une période de latence et accorde un second souffle...avant la suite, décisive. J'ai passé un très agréable moment.
    Les - :
    effectivement, des longueurs qui pourront peut-être décevoir certains lecteurs.
     


    Le Chardon et le Tartan, tome , partie I : L'adieu aux abeilles ; Diana Gabaldon

     

        Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Découvrez ici mes billets précédents : 

     

    - Mon avis sur le premier tome, La Porte de Pierre 

    - Mon avis sur le deuxième tome, Le Talisman 

    - Mon avis sur le troisième tome, Le Voyage

    - Mon avis sur le quatrième tome, Les Tambours de l'Automne 

    - Mon avis sur le cinquième tome, La Croix de Feu

    - Mon avis sur le sixième tome, La Neige et la Cendre 

    - Mon avis sur le septième tome L'Echo des cœurs lointains (partie I et partie II)

    - Mon avis sur le huitième tome Ecrit à l'encre de mon cœur (partie I et partie II

     

    • Et si vous aimez lord John Grey, découvrez ici mon avis sur : 

     

    Le cercle des sept pierres 

    Le prisonnier écossais 

     


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  • « C'est drôle, les choses ne se passent jamais comme on l'imagine. Même les choses qu'on a voulues pendant des années. »

    Couverture Une maison sur l'océan

     

     

           Publié en 2015 aux États-Unis

       En 2019 en France (pour la présente édition)

       Titre original : Along The Infinite Sea

       Éditions Pocket

       576 pages

       Troisième tome de la saga Schuyler Sisters

     

     

     

     

      Résumé :

    Etats-Unis, 1966. Pepper Schuyler vient de vendre aux enchères son dernier bien de valeur : une Mercedes de collection. Pour le bébé qu'elle attend, pour repartir de zéro sans dépendre de personne, Pepper avait besoin de cet argent. Poussée par la curiosité, la jeune femme rencontre la mystérieuse acheteuse qui a déboursé une somme folle pour la Mercedes.
    Vingt-huit ans plus tôt, Annabelle Dommerich, célèbre violoncelliste, fuit l'Allemagne nazie à  bord de cette voiture et laisse une partie de son coeur à l'intérieur...
    En se livrant leurs secrets, les deux femmes se lient d'amitié et y puisent la force qui leur permettra d'affronter le passé.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Quel plaisir de retrouver encore une fois Beatriz Williams, même si en ce qui concerne sa trilogie sur les sœurs Schuyler, il s’agit du dernier tome.
    Après Vivian dans La vie secrète de Violet Grant et Tiny dans Les lumières de Cape Cod, place à Pepper, la troisième sœur, laissée à la fin des Lumières de Cape Cod dans une assez mauvaise passe et fuyant vers la Floride.
    Les sœurs Schuyler, c’est un peu Gossip Girl dans les années 1960 : je n’y avais pas forcément pensé jusque là mais ça m’a sauté aux yeux à la lecture de ce dernier tome, ce côté bling-bling et clinquant de la bonne société new-yorkaise des Trente Glorieuses. Vivian, Tiny et Pepper sont trois « pauvres petites filles riches », new-yorkaises jusqu’au bout des ongles qui ont toujours vécu dans l’abondance et dans le luxe, mais au milieu d’une famille dysfonctionnelle. Si Vivian a su « se ranger » et est désormais mère et épouse (sans avoir pour autant perdu tous ses grains de folie), Tiny quant à elle est, en cette année 1966, en passe d’envoyer valser sa vie de femme mariée un peu trop bien rangée mais rongée par le mensonge et Pepper fait, au cours de l’été, une découverte qui va changer sa vie.
    Nous la retrouvons donc terrée en Floride où elle tente tout simplement de se faire oublier de son dernier amant qui est aussi, accessoirement…le père de son bébé. Car la pétillante, éternelle célibataire et jouisseuse Pepper Schuyler est enceinte jusqu’aux yeux d’un amant de passage. Et comme sa famille n’est pas au courant de sa grossesse et qu’elle commence à se trouver à court d’argent, Pepper décide de vendre son dernier trésor : une vieille Mercedes qu’elle a retapée, après l’avoir retrouvée abandonnée dans un cabanon sur la propriété de sa sœur Tiny, à Cape Cod. La mystérieuse acheteuse qui se présente, Annabelle Dommerich, a traversé l’Allemagne nazie à bord de cette voiture en 1938, avant de partir aux Etats-Unis avec sa famille…Découvrant une Pepper bravache mais au fond très seule, Annabelle lui offre un havre de paix où passer sereinement les derniers mois de sa grossesse : sa belle villa floridienne en front de mer, où la célèbre musicienne franco-américaine aime couler des jours heureux et discrets. Mais à peine a-t-elle installé Pepper qu’elle repart pour une mystérieuse destination. Inquiet, son fils Florian embarque alors Pepper à la recherche de cette mère anticonformiste, dont on découvre parallèlement l’aventure qu’elle a vécue dans les années 1930.
    Car, comme les deux précédents tomes, Une maison sur l’océan possède une double temporalité : l’histoire autour de Pepper se déroule à la fin de l’année 1966 et nous découvrons aussi ce qui est arrivé à Annabelle un peu plus de vingt ans plus tôt, à l’aube de la Seconde guerre mondiale et pourquoi cette vieille Mercedes est si chère à son cœur.

    En bonne fan de Kate Morton que je suis, ces « romans à secrets » me plaisent toujours beaucoup. J’adore les double-temporalités qui donnent un certain rythme au roman et c’est le cas depuis La vie secrète de Violet Grant. L’univers de Beatriz Williams est unique, très personnel, inimitable. J’aime son style un peu décalé, très américain – qui transparaît très bien malgré la traduction. On aimerait détester ces petites bourgeoises filles à papa et en même temps, on ne peut que les aimer parce qu’elles sont touchantes par mal d’aspects. Par exemple, Pepper m’a un peu fait penser à la princesse Margaret, s’étourdissant en apparence mais brisée à l’intérieur par des épreuves personnelles. La vie de Pepper n’est pas si idyllique que ça et Anabelle, qui a traversé une vie chaotique, où elle a connu beaucoup de joie mais aussi des épreuves, ne s’y trompe pas et devient une sorte de mentor pour cette jeune femme qui affirme et affiche haut et fort son indépendance et sa force alors qu’elle est finalement assez fragile.
    Cela dit, dans ce dernier volume, j’ai trouvé que l’histoire d’Annabelle prenait un peu le pas sur celle de Pepper, qui n’est finalement pas si développée que ça et j'ai eu du mal à comprendre le lien entre elles, hormis le fait que les rôles se renversent un peu et que la jeune Annabelle découverte dans les années 1930, soutenue par une charismatique aristocrate anglaise dans ses épreuves, devient à son tour cette femme plus âgée prenant sous son aile une femme plus jeune dans l'adversité. Au final, elle servirait presque de faire-valoir pour le récit de celle d’Annabelle, au final beaucoup plus prenante. J’ai eu l’impression que le roman s’arrêtait un peu brutalement, sans que toutes les réponses que l’on pouvait se poser au sujet de Pepper n’aient eu des réponses. Mais le fait que l’intrigue nouée autour d’Annabelle soit passionnante compense un peu ce côté « faiblard », je trouve. J’ai adoré ses allers-retours continuels dans le temps, l’alternance bien rythmée des chapitres, la vision aussi d’une Annabelle désormais mûre, veuve et mère de grands enfants, sur l’Annabelle de la fin des années 1930, alors qu’elle n’a même pas vingt-cinq ans et doit faire face à une avalanche de bouleversements des plus brutaux, dans un pays en passe de tomber dans un marasme sans nom – marasme dans lequel l’Allemagne va entraîner tout un continent. Cette course contre le temps dans un pays de plus en plus fanatique m’a tenue en haleine de bout en bout.
    Malgré quelques faiblesses ou inégalités, malgré tout j’ai grandement apprécié cette lecture, c’est peut-être même le tome que j’ai préféré, étrangement (même si l’intrigue autour de Violet, dans le premier tome, m’avait aussi beaucoup plu).
    Les romans de Beatriz Williams ont quelque chose de très frais, de très estival, sans que je puisse dire exactement pourquoi je ressens cela : ils sentent le sable chaud, les embruns et les agrumes. Des lectures qu’on apprécié sur une chaise longue, au bord de la piscine ou sur la plage, des lectures divertissantes et palpitantes qui captent votre attention et la retiennent jusqu’au bout. Encore une fois une réussite et peut-être parce que ce roman n’est pas parfait, justement, il en est encore plus savoureux !

    En Bref :

    Les + : une intrigue efficace à double-temporalité, des personnages féminins toujours intéressant, un rythme dynamique et un univers personnel. 
    Les - :
    un début un peu long, la partie sur Pepper finalement pas si développée que ça et qui ne semble pas forcément reliée à celle consacrée à Annabelle...

     


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         Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • « Avance jour après jour. A partir de maintenant, jour après jour. Je serai avec toi, et on verra bien. Tu ne peux pas en faire plus. »

    Couverture Une riviere dans les arbres

     

     

         Publié en 2015 en Irlande

      En 2021 en France (pour la présente édition)

      Titre original : A river in the Trees

      Éditions Pocket

      365 pages

     

     

     

     

    Résumé :

    Irlande, 1919. Le pays est tiraillé entre les colons britanniques et les indépendantistes. Bravant le risque d'être découverts, Hannah O'Donovan et sa famille cachent un petit groupe de rebelles. Hannah fait alors la connaissance de leur chef, O'Riada, un jeune homme sombre et courageux, sans se douter de lourdes conséquences qu'aura cette rencontre.
    Londres, 2019. Ellen, qui a quitté l'Irlande il y a plusieurs années, est dans une impasse : endeuillée, elle voit son mariage vaciller et sa carrière s'enliser. Lorsqu'elle apprend que la ferme de ses ancêtres est mise en vente, elle revient dans le pays de son enfance. Pourquoi sa famille a-t-elle toujours refusé de parler d'Hannah, sa mystérieuse arrière-grand-tante ? Cette plongée dans son passé permettra-t-elle à Ellen de reconstruire sa vie ?

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1919, en Irlande : la famille O’Donovan prend fait et cause pour les indépendantistes irlandais contre les Anglais. A ses risques et périls. L’aînée des filles, Hannah, très investie dans la lutte, ne sait pas que la décision de son père et la sienne entraînera des conséquences irréversibles sur leur existence. Dans un contexte trouble et violent,  la jeune femme va devoir apprendre à faire des choix.
    Cent ans plus tard, en 2019, Ellen, trente-huit ans, mène une vie qui ne lui convient pas ou plutôt, qui ne lui convient plus : on comprend que des événements compliqués ont jalonné ses dernières années, qu’elle a dû faire le deuil de quelque chose et que cela la ronge elle qui, dans sa jeunesse, a tout eu (la beauté, l’argent etc…). Lorsqu’elle revient en Irlande pour visiter la vieille ferme de sa famille maternelle, mise en vente, Ellen va déterrer les fantômes du passé et apprendre le terrible secret de sa famille. Que s’est-il passé dans les années 1920 ?  Qu’est-ce qui a ainsi bouleversé l’existence des O’Donovan mais qui a été soigneusement caché par ceux qui savaient ? Ellen, non sans douleur, part sur les traces de ses ancêtres et notamment de la mystérieuse Hannah, émigrée aux Etats-Unis et qui n'a jamais revu l’Irlande.
    Une rivière dans les arbres est un roman relativement confidentiel, que j’ai découvert un peu par hasard un jour sur le site Lisez ! qui regroupe la plupart des plus grandes maisons d’éditions françaises. En premier lieu, ce qui m’a intriguée, c’est le contexte : comme tout le monde j’ai évidemment entendu parler du conflit anglo-irlandais qui a marqué le XXème siècle : la guerre d'Indépendance d'abord marquée par des événements comme les Pâques sanglantes en 1916, puis les Troubles des années 60 aux années 90 pendant lesquels ont émergé des figures comme celles de l'opposant Bobby Sands, célèbre pour avoir mené une grève de la faim en prison, le terrible massacre de Londonderry en 1972 qui a inspiré la chanson Sunday Bloody Sunday au groupe irlandais U2, l’IRA… ce sont des événements ou des noms qui nous disent quelque chose mais ce n’est pas pour autant que je connaissais à fond le contexte. Je me suis dit que j’allais en apprendre un peu plus en lisant ce roman et oui, ce fut le cas.
    Et puis il y a la double temporalité aussi : si vous me suivez depuis un moment, vous savez combien je suis fan de Kate Morton, dont j’adore les romans pleins de secrets familiaux, de mystères, de vieilles demeures…je m’attendais à trouver un peu la même chose et c’est vrai que les deux univers peuvent se ressembler, même si je n’ai pas trouvé celui de Jacqueline O’Mahony forcément aussi abouti que celui de Kate Morton, mais bon il faut dire que cette dernière est une maîtresse du genre, quand même. Bref !

    Description de cette image, également commentée ci-après

    Une brigade de l'IRA pendant le conflit


    Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire…c’est mauvais signe, quand on commence une chronique comme ça, non ? Ca veut forcément dire qu’il y a un « mais ». Et oui, effectivement, il y’a un « mais » : je ressors assez mitigée de cette lecture. Une fin un peu abrupte qui n’apporte pas forcément de réponses, un personnage contemporain assez insupportable malgré sa fragilité palpable, sa sensibilité à fleur de peau, que j’ai comprise mais qui ne m’a pas touchée. Et que dire des premiers chapitres que j’ai ressentis…c’est difficile à expliquer sans tout gâcher pour ceux qui souhaiteraient lire le roman mais j’ai trouvé que certaines choses étaient exprimées de manière peut-être un peu maladroite, bien que ce soit censé refléter les propres pensées de la narratrice, Ellen. Alors effectivement, les pensées d’un personnage sont subjectives mais malgré tout, j’avoue que cela m’a mise un petit peu mal à l’aise. Ellen en général, m’a mise mal à l’aise, ses réactions, son comportement m’ont empêchée de me sentir proche d’elle, même si ce qu’elle a vécu et que l’on découvre petit à petit, n’est pas évident. On sent bien qu’il a fallu qu’elle fasse des choix, qu’elle a connu des renoncements, des sacrifices…sa vie ne la satisfait pas, il lui manque quelque chose d’essentiel qu’elle n’aura probablement jamais. Son mariage bat de l’aile…je crois que tout était fait pour qu’elle nous touche mais elle m’a laissée froide, distanciée, je n’ai pas réussi à me sentir partie prenante de ces chapitres contemporains où les personnages sont vraiment bizarrement traités.
    Très honnêtement, je pense que ce roman aurait pu se suffire à lui-même s’il avait été purement historique. L’idée de mêler deux intrigues, distantes l’une de l’autre de cent ans, dans un contexte historique intéressant était plutôt séduisante au départ. Peut-être y aurait-il eu matière à développer l’intrigue autrement mais je ne suis pas dans la tête de l’auteure et Jacqueline O’Mahony a évidemment fait ce qu’elle voulait de son récit. Le secret de famille, c’est effectivement vendeur, cela donne un certain suspense dès le début, on a envie de le connaître, alors on tourne les pages… mais je me suis aperçue rapidement que j’avançais bien mieux sur les chapitres centrés sur Hannah, en 1919-1920. Je crois honnêtement que le personnage d’Ellen n’était pas forcément nécessaire. C’est terrible à dire comme ça, mais un peu comme dans Un goût de cannelle et d’espoir, les chapitres historiques étaient tellement intéressants que les personnages contemporains ne pouvaient pas rivaliser et finissaient par apparaître fades.
    Une rivière dans les arbres n’a donc pas été une complète réussite pour moi, mais pas une déception non plus. Découvrir l’histoire contemporaine chaotique de l’Irlande était très intéressant. Découvrir la résistance de la population, la violence larvée d’une société voire parfois, franchement ouverte…c’était un vrai conflit, sanglant, injuste, difficile, qui a marqué des générations d’Irlandais et continue d’avoir aujourd’hui des répercussions dans le pays. Oui, pour cela, je peux dire que j’ai aimé le roman. Certains aspects malheureusement m’ont trop gênée pour que je puisse dire que je suis pleinement satisfaite mais je ne regrette pas de l’avoir lu et d’être arrivée au bout, même si je suis un peu frustrée de ne pas avoir eu les réponses à toutes les questions que je me posais, de ne pas avoir vu certains aspects du roman, qui ont retenu mon attention, plus développés. Mais ça fait partie du jeu. C'est toujours dommage, mais pas catastrophique.

    En Bref :

    Les + : l'intrigue historique et le personnage d'Hannah, sans aucun doute. 
    Les - :
    des questions soulevées qui ne sont pas forcément résolues, une fin un peu abrupte et un personnage contemporain (Ellen) pas spécialement attachant, dont les réactions m'ont parfois déroutée.


    Une rivière dans les arbres ; Jacqueline O'Mahony

        Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     


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  • « Est-il juste de mener des hommes à la mort pour une cause vaine ? »

    Couverture Le prisonnier écossais

     

     

      Publié en 2011 aux Etats-Unis 

      En 2017 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Lord John: The Scottish Prisoner

      Editions J'ai Lu (collection Pour elle - Best)

      541 pages 

     

     

     

    Résumé :

    Lake District, Angleterre, 1760. 

    Jamie Fraser vivrait une existence presque paisible depuis sa libération conditionnelle si le souvenir de Claire, sa femme disparue, ne venait le hanter chaque nuit...

    Londres, la même année. 

    Lord John Grey se retrouve en possession de documents révélant une affaire de corruption au sein de l'armée britannique. Il n'a d'autre choix que de convoquer Jamie. 

    Bientôt, les deux hommes arpentent les périlleuses routes d'Irlande sur les traces d'un officier à l'origine d'un vaste complot...

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    1760, dans le Lake District. Quinze ans après Culloden, Jamie Fraser n'est toujours pas complètement libre et continue de purger sa peine dans la propriété des Dunsany, Helwater, où il est palefrenier.
    Au même moment, à Londres, Hal Grey, duc de Pardloe et frère de John Grey, fait appel à ce dernier pour tenter de coincer un officier de l'armée britannique, Siverly, qui semble s'être livré -et se livre peut-être toujours- à des malversations. Au milieu des papiers rassemblés par une connaissance de Grey pour servir de preuves contre Siverly, un mystérieux texte écrit en erse (autrement dit, en gaélique). Et Grey, qui fut un temps gouverneur de la prison d'Ardsmuir, où il a retrouvé Jamie et noué une amitié avec lui, a l'idée de faire appel à l’Écossais pour les aider.
    Et voilà Jamie, tiraillé d'un côté par l'un de ses amis qui tente de l'entraîner dans une nouvelle conspiration jacobite, obligé d'aider les Anglais à arrêter leur brebis galeuse. Cela l'amènera, avec John Grey, jusque sur les routes d'Irlande, où les deux hommes ne manqueront pas de vivre un tas d'aventures.
    Le Prisonnier Écossais est un roman dans l'univers de la série Outlander (Le Chardon et le Tartan) et se situerait, chronologiquement, en parallèle du tome 3. On retrouve Jamie à Helwater, dans la demeure des Dunsany où, deux ans plus tôt, il s'est trouvé au centre d'un véritable drame familial. Sa position est un peu floue car s'il n'a pas été complètement blanchi pour ses actions lors du Soulèvement (qui se solde par la terrible défaite de Culloden, en avril 1746), il n'est pas complètement emprisonné non plus et reste relativement libre de ses mouvements. Quant à ses relations avec Grey, elles sont alors relativement tièdes mais, avec son sens de l'honneur développé et sachant malgré tout ce qu'il doit à l'officier de l'armée britannique, Jamie fera tout ce qui est en son pouvoir pour l'aider en Irlande.
    Roman historique et d'aventures plus que fantastique (contrairement à la saga à proprement parler), ce roman met en avant le personnage de lord John, qui apparaît régulièrement dans les romans mais toujours au second plan. Ici, la question des voyages dans le temps est absente ou presque et c'est surtout sur le contexte que l'auteure s'appesantit, avec la préparation en Irlande d'un nouveau soulèvement catholique que Jamie, encore marqué par la terrible défaite de Culloden et l'écrasement des clans des Highlands, est déterminé à faire avorter.

    Outlander: Who is the actor behind the former soldier, Lord John? - TV  Series

     

    Lord John Grey et Jamie Fraser sont interprétés, dans la série Outlander, par David Berry et Sam Heughan


    Si vous aimez Outlander, c'est un plaisir de retrouver les personnages (même si une grande partie d'entre eux, à commencer par Claire, sont absents) et l'univers familier. C'est toujours drôle, toujours aussi cru aussi parfois (mais je crois que cela participe aussi à la force comique de cette saga). Et puis en toile de fond on retrouve aussi l'Histoire des îles britanniques en ce milieu du XVIIIème siècle et c'est intéressant. Contrairement au Cercle des Sept Pierres, recueil de nouvelles et donc beaucoup plus varié, que ce soit au niveau des époques et des personnages, Le Prisonnier Écossais est un roman, avec une intrigue qui se tisse au fil des pages et où l'arrestation de Siverly devient aussi le prétexte de développer les relations entre lord John et Jamie, que l'on retrouvera par la suite très liés aux Amériques notamment (par exemple, lord John sera le confident de Brianna lorsque celle-ci rejoindra ses parents au XVIIIème siècle). On se rend compte que cette amitié est d'autant plus forte qu'elle a été précédemment chaotique, marquée par des événements malheureux ou gênants, par des dettes d'honneur que lord John et Jamie se devront successivement et réciproquement, mais qu'elle en sera en fait d'autant plus forte et que leur statut initial de geôlier et de prisonnier est dépassé par une estime et une compréhension mutuelle. Ces hors-série recentrés sur lord John permettent aussi de développer le caractère du personnage qui peut apparaître relativement lisse dans les romans mais ne l'est pas tant que ça, en fait
    Vous pouvez aisément le lire si vous ne connaissez pas la saga ou que vous n'avez vu que la série. L'univers est assez facile à appréhender même si certains événements abordés peuvent vous paraître un peu flous (mais cela fait longtemps aussi que j'ai lu la saga et j'avoue ne pas me souvenir de tout non plus).
    Faut-il aimer Outlander pour aimer et comprendre les hors-série ? Honnêtement, je n'en sais rien, parce que j'ai commencé la lecture de ces derniers bien après avoir lu les tomes formant la saga romanesque à part entière mais je pense en effet que c'est possible de commencer par ceux-là sans aucun problème.
    Et pour les fans de la saga, c'est un bon moyen aussi de patienter avant la sortie du tome 9 et de la saison 6. 

    En Bref :

    Les + : ces hors-série de Outlander nous permettent de retrouver un univers et des personnages familiers et de les développer dans des intrigues parallèles à celles de la saga à proprement parler. Quand on aime cet univers, c'est plutôt sympa. 
    Les - :
    quelques longueurs et, peut-être, un ou deux chapitres un peu superflus...

     


    Le Prisonnier Ecossais (dans l'univers de Outlander) ; Diana Gabaldon

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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  • « Parfois, il ne s'agit pas simplement de choisir entre le bien et le mal. Une bonne action peut aussi avoir des conséquences néfastes. »

    Couverture Les fleurs sauvages des bougainvilliers

     

     

           Publié en 2013 en Australie

       En 2017 en France (pour la présente édition)

       Titre original : The Perfect Wife

       Editions Pocket

       521 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Kitty, peintre australienne, a bien des choses à se faire pardonner après le scandale qu'elle a déclenché à Londres et qui a bien failli mettre fin à son couple. Elle quitte l'Angleterre pour rejoindre son mari Theo en Afrique, au Tanganyika. Loin de tous ses repères, Kitty va tout mettre en oeuvre pour regagner la confiance de Theo et endosser le rôle d'épouse modèle. Mais très vite, elle s'ennuie. Jusqu'à ce que sa route croise celle de Taylor, un anti-colonialiste charismatique engagé aux côtés des Wagogo. La nature fougueuse de Kitty refait surface. Déchirée entre sa loyauté envers son mari, son attirance pour Taylor et son besoin de venir en aide à ce peuple démuni, Kitty saura-t-elle faire le bon choix ? 

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    En 1948, Kitty rejoint son mari au Tanganyika. Theo, ancien pilote de la RAF pendant la guerre, est aujourd’hui employé de l’OFC (Overseas Food Corporation) en Afrique, pour le compte du ministère des Colonies de la Grande-Bretagne. Dès le début, on sait que Kitty doit quitter l’Angleterre à cause d’un scandale qui l’a éclaboussée et doit se faire oublier.
    A Kongara, qui n’a de ville que le nom, Kitty découvre un mode de vie bien différent de celui qu’elle connaissait en Angleterre : si les épouses des dignitaires de l’OFC ont tenté de recréer un semblant de société comme dans leur pays d’origine –societé d’ailleurs pas mal basée sur l’hypocrisie et les préjugés-, rien n’est évidemment comparable ici avec la Grande-Bretagne. Kitty découvre avec émerveillement et intérêt, tandis que les autres Européens se replient sur eux-mêmes et leurs coutumes, les grandes plaines d’Afrique qui lui rappellent les vastes étendues du bush australien, où elle a grandi avant de gagner l’Angleterre, où elle a rencontré Theo. Mais elle doit aussi faire face à l’attitude imprévisible d’un époux qu’elle ne reconnaît plus, qui se montre changeant et parfois irascible. Est-ce les traumatismes de la guerre, encore mal évacués ou bien autre chose ? En tout cas, Kitty et Theo semblent ne plus rien partager…
    Dans un pays fortement divisé entre les peuples natifs (les Wagogo notamment) et les Européens, se comportant en terrain conquis, Kitty découvre l’envers des colonies, l’injustice innée qu’elles véhiculent, l’amertume justifiée des Africains envers les Européens qui ne les considèrent que comme de la main d’œuvre corvéable à merci et que l’on peut spolier de ses terres sans scrupules. Un jour, par hasard, lors d’une promenade dans la brousse, elle découvre une mission catholique qui redonne un sens à sa vie d’épouse délaissée et sans enfants…elle rencontre aussi Taylor, un Anglais né au Tanganyika et qui prend fait et cause pour les habitants de la région, au détriment des colons. Kitty ne va pas tarder à embrasser son combat.
    Les fleurs sauvages des bougainvilliers nous emmène donc tout droit en Afrique, à la fin des années 1940. La guerre est terminée depuis quelques années seulement et l’Europe se reconstruit doucement. Au Tanganyika (la future Tanzanie), l’OFC est responsable du « plan Arachide », qui a pour but à long terme de nourrir l’Europe éprouvée par les privations de la guerre. Expérimental, le « plan Arachide » sera voué à l’échec par la méconnaissance du terrain des cadres de l’OFC d’une part, leur précipitation d’autre part. Voilà pourquoi Kongara (ville fictive imaginée par Katherine Scholes sur le modèle de Kongwa) est une ville de bric et de broc, à demi-achevée, où se mêle une population bigarrée (Africains, Européens, Asiatiques) qui tente de survivre tant bien que mal dans des inégalités criantes. Alors que les cadres de l’OFC et leurs familles vivent dans les maisons cossues de la si bien nommée rue des Millionnaires, que les épouses engagent des ayahs pour s’occuper des enfants et passent de longues heures oisives au club ou au bord de la piscine, les ouvriers s’entassent dans des camps de toile rudimentaires, les machines rouillent au milieu de la savane, inutilisées et la prostitution pullule.

    Safari Tanzanie & Zanzibar : les incontournables à envisager | Loin de la  Foule

     

    Paysage typique de la Tanzanie


    Dans ce monde un peu chaotique d’après-guerre, où tout le monde est fragilisé par les années qui viennent de passer, les relations sont souvent tendues, hypocrites et peu spontanées. Heureusement à Kongara, Kitty, traînant elle-même ses propres démons, rencontre en Diana, l’épouse du supérieur de son mari Theo, une véritable amie et dans les pères de la mission catholique, un soutien sans faille qui redonnera un sens à sa vie. D’abord très dépaysée, encore ébranlée par le scandale qui l’a touchée de plein fouet en Grande-Bretagne, lui faisant perdre l’estime de sa belle-famille et la confiance de son époux, Kitty redevient forte et déterminée à choisir son camp : et ce ne sera pas celui de Theo et de l’OFC mais bien celui de l’Afrique et de ses habitants, injustement exploités par les colons européens.
    Grâce à de nombreux flash-back, la vie antérieure de Kitty se dévoile. Au départ, j’avoue que le personnage m’a laissée assez indifférente : sans la détester, je ne l’en aimais pas pour autant. Peut-être ce scandale flottant autour d’elle me prévenait contre elle, je n’en sais rien. Et puis, petit à petit, la jeune femme qui arrive en Afrique en ayant fui quasiment comme une voleuse se révèle sous le vernis de l’épouse modèle venue soutenir son époux dans sa tâche. Australienne, Kitty a quitté son pays natal pour l’Angleterre. Attirée par l’art, talentueuse, la jeune femme découvre un peu avant la guerre la Slade School of Art de Londres, où elle fera une rencontre qui changera sa vie…pour le meilleur comme pour le pire. Puis, un jour, alors qu’elle se promène dans les bois près de la propriété d’Hamilton Hall, elle en rencontre l’héritier, sans le savoir. Theodore Hamilton, surnommé Theo, est pilote. Pendant la guerre, il sera pilote dans la RAF, vivant dans l’angoisse constante d’effectuer son dernier vol. Marqué, fragilisé par cette expérience où il a vu plusieurs de ses collègues mourir, Theo en revient changé. Les relations avec lui ne seront plus jamais les mêmes. Et puis, un jour, le scandale qui arrive et la société, forcément encline à juger, obligeant Kitty à faire un choix…
    Alors évidemment, dès le départ, on se demande ce qu’est ce scandale qui pousse Kitty a changer drastiquement de vie. Adultère ? Secret de famille soudainement dévoilé ? Enfant caché ?
    Le fait que l’on se pose la question aiguise forcément l’intérêt et la curiosité et le fait que les flash-back nous distille petit à petit les informations et les clés nous donne forcément envie de continuer. Mais il n’y a pas que ça : les grands espaces du Tanganyika y sont aussi pour beaucoup, on voyage entre les pages de ce roman, découvrant des endroits différents et respirant des senteurs inconnues. Et puis il y’a Kitty aussi, qui change et se métamorphose petit à petit, à laquelle on s’attache progressivement, peut-être parce que son isolement, son statut d’épouse délaissée, nous pousse à avoir de la considération pour elle.
    Il y’a Taylor aussi, un personnage assez surprenant : né en Afrique, il en connaît les usages et respecte les natifs, tout comme il est respecté par eux. On comprend donc aisément que les Britanniques de l’OFC le considèrent d’un mauvais œil et lui fassent une très mauvaise réputation.
    Je pense ne rien vous divulguer d’énorme en vous disant qu’une certaine attirance entre Taylor et Kitty va naître… quasiment dès la lecture du résumé on se doute que quelque chose (mais quoi exactement ?) va se passer entre ces deux là. Alors oui, on peut dire que le roman est assez prévisible : mais en même temps, le cheminement pour arriver du point A au point B n’est pas linéaire et c’est ça aussi qui est intéressant ! Aurais-je pensé, en commençant la lecture de ce roman, découvrir que Kitty, loin des autres épouses britanniques, oisives et désœuvrées, deviendrait une vraie Africaine dans l’âme, retrouvant des similitudes avec la vie dans la brousse qu’elle a menée en Australie pendant son enfance ? Non. L’image que je me faisais de Kitty était finalement assez biaisée et pour mon plus grand plaisir j’ai découvert un personnage bien moins lisse que ce que je ne croyais.
    Les Fleurs sauvages des bougainvilliers a été une bonne surprise. Une découverte dépaysante comme je les aime, avec une trame historique intéressante : j’ai pris un grand plaisir à découvrir l’aventure (bien que quasiment condamnée dès le départ) de l’OFC, que je ne connaissais pas. En même temps, d’une certaine manière, ce roman dénonce les méfaits du colonialisme et Katherine Scholes a mis au service de son roman sa grande connaissance du continent africain. Si vous aimez la romance, ce roman est aussi fait pour vous !

    En Bref :

    Les + : un roman lumineux, un propos historique sur fond de romance et de dépaysement.
    Les - :
    peut-être certains aspects du roman sont-ils un peu trop cousus de fil blanc...


    Les Fleurs sauvages des bougainvilliers ; Katherine Scholes

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


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