• « Fourwinds m'avait séduit, j'étais tombé sous son charme, et il me fallait maintenant détruire ce que j'avais aimé. »

    De pierre et de cendre ; Linda Newbery

     

     

         Publié en 2008 en Angleterre

      En 2009 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Set in stone

      Éditions Le Livre de Poche

      380 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Lorsque, par un soir brumeux de 1898, le jeune peintre Samuel Godwin pousse les grilles de la propriété de Fourwinds, il est immédiatement envoûté.
    Engagé pour enseigner l'art aux deux filles de Mr Farrow, il ignore encore que cette luxueuse demeure sera pour lui le décor de ses plus belles peintures. Intrigué par la personnalité ombrageuse du maître des lieux, séduit par les jeunes demoiselles, Marianne et Juliana, désarçonné par Charlotte Agnew, leur gouvernante et dame de compagnie, Samuel comprend vite que le raffinement du décor et des êtres dissimule de bien sombres mystères et que le vent souffle pour mieux balayer les cendres d'un passé scandaleux...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Ne vous laissez pas abuser par la couverture fraîche, où trois jeunes femmes semblent tranquillement profiter du soleil et du grand air, dans une ambiance printanière ou estivale. Ce qui se cache en dessous est bien plus sombre et moins innocent, mais aussi quelque part, plus envoûtant. 
    Un soir de juin 1898, le jeune peintre Samuel Gowdin arrive de Londres dans le Sussex, où il doit prendre un poste de précepteur auprès des filles du propriétaire du domaine de Fourwinds, Mr Ernest Farrow. Là, le jeune homme découvre une magnifique bâtisse, entièrement construite selon les voeux et les goûts du propriétaire, dont il va tomber sous le charme.
    Concernant les habitants de Fourwinds, outre les domestiques, il y a Ernest Farrow, ses deux filles, Juliana et Marianne et la gouvernante de ces dernières, Miss Charlotte Agnew, qui prend soin d'elles depuis la disparition tragique de leur mère, Constance Farrow.
    Si Samuel s'attache rapidement à ses deux élèves, il n'est pas sans remarquer l'étrangeté de leur comportement : pourquoi l'aînée, Juliana, semble si languissante et si triste en permanence au point de, parfois, ne pas même sortir de sa chambre ? Quant à Marianne, sa cadette, souffre-t-elle d'une affection mentale la poussant au somnambulisme et à proférer des phrases incompréhensibles avant de retrouver soudainement toute lucidité et cohérence et qui n'en dégage pas moins une véritable attractivité magnétique et fascinante ?
    Pourquoi Mr Farrow, encore dans la force de l'âge, ne songe-t-il pas à se remarier et semble considérer la gouvernante de ses filles, pourtant à peine plus âgée qu'elles, comme la maîtresse de maison ? Il semble qu'il règne à Fourwinds une ambiance spéciale, sur fond de secrets, de scandales enfouis et de non-dits. Petit à petit, curieux, Samuel va tenter de découvrir ce que cache cette superbe maison et ses habitants, mais n'est probablement pas prêt au choc et à la révélation ultimes...
    Étrange roman à secrets, que l'on pourrait presque considérer comme un roman gothique, De pierre et de cendre me semble peu connu. Personnellement, j'ai lu une édition qui a déjà plus de dix ans et je crois ne l'avoir jamais vu passer sur les réseaux sociaux. Je serais également bien en peine de vous dire où je l'ai découvert (probablement sur Livraddict mais je ne m'en  souviens même plus, c'est dire). Bref, tout ça pour dire que j'ai l'impression que ce livre est assez confidentiel et n'a pas été réédité depuis sa parution en poche en 2009.
    J'ai commencé cette lecture ignorant tout et de l'histoire et de l'autrice, sans donc aucun a priori et sans attente non plus. Au contraire même, j'appréhendais un petit peu, n'ayant pas lu forcément beaucoup de retours dessus et puis...la magie a opéré.
    J'ai frôlé le coup de cœur. J'ai littéralement adoré l'ambiance de ce roman qui utilise des codes certes déjà vus mais de façon habile. Sous forme de lettres et de chapitres dont les narrateurs sont successivement Samuel et Charlotte, on découvre, comme dans une enquête, les différentes pièces du puzzle qui vont finir par s'imbriquer et livrer l'ultime secret.
    Que se passe-t-il à Fourwinds ? Voilà la question que l'on se pose tout au long du roman, d'autant plus que l'existence des Farrow semble des plus simples et des plus normales : un père seul, deux jeunes filles encore touchées et bouleversées par la mort de leur mère et le départ soudain de leur précédente gouvernante mais qui mènent, somme toute, l'existence privilégiée et confortable d'enfants de riche propriétaire terrien de cette fin d'époque victorienne. Pourtant, Marianne et Juliana sont malheureuses et il suffit à Samuel de les fréquenter quelques temps pour s'en rendre compte. Sous son influence, Charlotte, qui se comporte en gouvernante mais aussi en sœur et en mère de substitution, commencent elle aussi à se poser des questions. En parallèle, ils découvriront la sinistre vérité que cache les murs de Fourwinds et le secret des sœurs Farrow...
    Ce roman m'a fait penser (sans la double-temporalité) aux romans de Kate Morton. L'ambiance ciselée y est un peu la même, le lecteur devient véritablement habitant de Fourwinds lui aussi, mettant successivement ses pas dans celui de Samuel ou Charlotte et découvrant le cheminement de pensées de chacun, qui va finalement les amener tous deux à trouver la clef de l'histoire et nous avec. Petit à petit, une véritable tension s'installe et emporte véritablement le lecteur.
    Bref, j'ai passé un excellent moment de lecture, même si on ne peut pas dire que De pierre et de cendre soit forcément un roman très gai, au contraire. Mais il est très bien écrit, le style est immersif et j'ai beaucoup aimé les personnages, la façon dont ils sont traités, amenés. On sent que l'autrice a réfléchi à leur psychologie, leur physique, pour les rendre très rapidement visibles, tangibles au lecteur. Oui vraiment, l'espace de ces 380 pages, j'ai visité Fourwinds, jusque dans ses moindres détails et j'ai extrêmement bien visualisé Juliana et Marianne, les deux sœurs aux tempérament si différents, Charlotte mais aussi Samuel.
    Roman sur la duplicité, l'amour filial, le dévouement, les mensonges et les non-dits (et les ravages qu'ils peuvent faire quand on les soupçonne), mais aussi la conscience humaine et la manière différente dont on peut s'arranger avec elle, De pierre et de cendre est véritablement un excellent roman, n'ayons pas peur des mots, habilement mené et qui ne peut que séduire son lectorat, car il nous offre véritablement un intense moment de lecture. Personnellement, je ne suis pas près de l'oublier !

    En Bref :

    Les + : ce roman à la Kate Morton (sans la double-temporalité) n'est pas un coup de cœur mais presque ! Si l'histoire en elle-même n'a rien de révolutionnaire, la façon dont elle est menée par l'autrice m'a totalement convaincue. Formidable. 
    Les - :
    Aucun point négatif à soulever !


    De pierre et de cendre ; Linda Newbery

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

     


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  • « Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. »

     

     

     

        Publié en 2005

      Éditions de Fallois (collection Fortunio)

      217 pages 

      Deuxième tome de la saga Souvenirs d'enfance

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Le plus beau livre sur l'amitié enfantine : un matin de chasse dans les collines, Marcel rencontre le petit paysan, Lili des Bellons. Ses vacances et sa vie entière en seront illuminées. 

    Un an après La Gloire de mon père, Marcel Pagnol pensait conclure ses Souvenirs d'enfance avec ce Château de ma mère (1958), deuxième volet de ce qu'il considérait comme un diptyque, s'achevant sur la scène célèbre du féroce gardien effrayant la timide Augustine. Le petit Marcel, après la tendresse familiale, a découvert l'amitié avec le merveilleux Lili, sans doute le plus attachant de ses personnages. Le livre se clôt sur un épilogue mélancolique, poignante élégie au temps qui a passé. Pagnol y fait vibrer les cordes d'une gravité à laquelle il a rarement habitué ses lecteurs. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Ce deuxième tome des Souvenirs d’enfance devait à l’origine conclure un diptyque et cela se sent.  Il y a quelque chose de mélancolique dans ce petit livre d’un peu plus de 200 pages, que j’ai refermé les larmes au bord des yeux.
    On retrouve Marcel et toute la famille Pagnol là où on les avait laissés à la fin du premier tome, c’est-à-dire, juste après la mémorable chasse aux bartavelles dans les collines derrière la maison. L’automne est là et avec lui approche la rentrée des classes, perspective peu réjouissante pour Marcel et son petit frère Paul, mais attendue des adultes (les « traîtres » qui se réjouissent, comme Joseph Pagnol de retrouver son train-train quotidien ou la tante Rose, à qui l’accès au gaz a manqué, dans la vieille maison des collines).
    Mais Marcel repart, en cette fin de vacances, avec un nouvel ami, le tout premier, qui l’arrache pour la première fois à l’affection exclusive et familiale. Jusqu’ici, le compagnon de jeux avait été principalement le petit frère Paul, avec lequel il a attrapé les cigales, joué au cow-boy et aux indiens dans le jardin en friche de la maison de vacances…mais cette fois, lors de la chasse dans les collines, alors que Marcel joue le rôle de rabatteur de gibier pour son oncles Jules et pour son père, voilà qu’il croise un petit paysan du coin, le fameux Lili des Bellons, qui deviendra l’ami d’enfance, l’ami exclusif, celui avec lequel Marcel va explorer la nature environnante, découvrir comment piéger le gibier avec des collets, enfin, l’ami qui va attendre les Pagnol au village, à chaque début de vacances, heureux de les retrouver mais affirmant, dans un sursaut d’orgueil, qu’il passait juste par là quand l’omnibus est arrivé.
    Ode aux premières amitiés, parfois aussi fulgurantes et mémorables que les premières amours, Le château de ma mère semble être aussi (même si personne ne le sait encore) le dernier moment de l’insouciance,
    avant l'entrée en « secondaire » pour laquelle Marcel doit travailler férocement toute une année, afin de réussir ses examens, avant les épreuves de la vie. C’est ce que la fin du livre nous laisse entrevoir, dans un beau passage qui convoque les souvenirs et, notamment, des disparus, à commencer par les parents (Marcel perdra sa mère jeune, à l’âge de quinze ans).
    Si on retrouve le style chantant et sautillant du premier tome, Le château de ma mère n’est pas dénué d’une certaine gravité émouvante qui lui donne du corps et une autre teneur.
    Pour autant, j’ai retrouvé avec plaisir ce que j’avais aimé dans La Gloire de mon père : la façon de raconter l’enfance de Pagnol est inimitable et on sent chez lui un œil très averti – peut-être celui du cinéaste qu’il a été ? – qui lui permet de décrire avec une précision très sensorielle la nature, les éléments, les lieux…la scène de l’orage dans les collines, auquel Marcel assiste auprès de Lili, avec une certaine angoisse alors que le petit paysan, lui, semble serein face au déchaînement des éléments, est très vivante, on s’y croirait : le nuage de pluie que l’on voit arriver progressivement, menaçant, le roulement du tonnerre qui se répercute sur la roche, le vent qui se lève et bruisse dans les arbres… c’est une lecture très immersive et qui peut, en cela, autant parler aux enfants qu’aux adultes.

    En 1990, Yves Robert adapte au cinéma les Souvenirs d'enfance de Pagnol, une douzaine d'années après sa mort : Philippe Caubère campe Joseph Pagnol tandis que Marcel est interprété par Julien Ciamaca


    Lire les Souvenirs d’enfance à l’âge adulte, c’est convoquer ses propres souvenirs, sourire devant les bêtises de Marcel, son courage inné de petit garçon, lorsque la famille, pour gagner du temps sur le trajet entre la ville et la maison des collines, passe par un chemin interdit et sur lequel peuvent surgir de féroces gardiens et que Marcel, en tant que fils aîné, se promet de protéger sa mère envers et contre tout. C’est se rappeler aussi les premières amitiés, la découverte de la différence chez l’autre : ici, Marcel et Lili sont différents socialement et pourtant, ils vont se découvrir et s’adopter mutuellement. Marcel, c’est le petit garçon de la ville, fils de l’instituteur, considéré à l’époque comme un notable, au même titre que le maire ou le médecin…Lili, lui, c’est le fils de paysan, vivant au grand air, connaissant de façon presque innée l’environnement qui l’entoure et sachant en tirer des ressources, que ce soit le gibier, les baies, les plantes, l’eau pure des sources, à la grande admiration de Marcel, qui ne vit pas comme ça et connait le confort naissant de la vie citadine.
    Comme je vous le disais plus haut, Le château de ma mère a une gravité bien marquée, moins présente dans le premier tome – du moins est-ce l’impression que j’ai eue. Au détour d’une phrase, on prend soudain conscience que ces enfants qui jouent, font les quatre-cents coups dans les collines de Provence et vivent une vie relativement préservée, seront les mêmes qui, à peine leurs vingt ans fêtés, feront la guerre dans les tranchées (mobilisé en 1914, Pagnol sera finalement réformé l'année suivante). Et l’on semble découvrir, comme Marcel soudain, qui se projette vers son adolescence et la perte tragique d’Augustine Pagnol, qui meurt à l’âge de trente-cinq ans, que si la vie est souvent jolie, elle est semée de pertes irrémédiables.
    Frais et léger, mais aussi sensible et empreint de nostalgie, ce deuxième tome m’aura autant enchantée que le premier. Je comprends pourquoi les Souvenirs d’enfance sont affectionnés par tant de lecteurs – pour la plupart, ces livres font d’ailleurs partie des propres souvenirs d’enfance puisqu’on les lit bien souvent à l’école – et pourquoi ils ont été élevés au rang de classiques : parce qu'ils parlent à tout le monde. Une bien belle découverte estivale.

    En direct | Pour "Le Temps des secrets", le Sud a la priorité | La Provence

    Lili des Bellons et Marcel dans Le Temps des Secrets, film de 2016 réalisé par Christophe Barratier

    En Bref :

    Les + : plus mélancolique que le premier, Le château de ma mère semble enterrer l'insouciance d'une enfance simple dans la Provence des années 1900...et pourtant, c'est à nouveau une petite douceur, que l'on croque comme un bonbon.
    Les - :
    Aucun.


    Souvenirs d'enfance, tome 2, Le château de ma mère ; Marcel Pagnol

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

    • Découvrez mon billet sur La Gloire de mon père, premier tome des Souvenirs d'enfance :

    La gloire de mon père

     


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  • « On a tendance à croire que les gens qu'on aime vivront éternellement, alors on ne leur pose pas de questions, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. »

     

     

     Publié en 2021 en Irlande

     En 2022 en France (pour la présente édition)

     Titre original : The missing sister

     Éditions Le Livre de Poche

     928 pages

     Septième tome de la saga Les Sept Sœurs

     

     

     

    Résumé :

    Maia, Ally, Star, CeCe, Tiggy et Electra. Recueillies bébés par l'énigmatique Pa Salt, les six sœurs d'Aplièse ont chacune découvert leur histoire. Mais elles ont toujours su qu'elles devaient être sept, comme les étoiles des Pléiades à l'origine de leurs prénoms.
    A présent que leur père a disparu, elles n'ont qu'un indice pour trouver leur dernière sœur : une bague sertie d'émeraudes formant une étoile à sept branches. Elles se lancent alors dans une quête haletante où, parcourant différents continents, elles découvrent une magnifique histoire d'amour, de bravoure et de sacrifice, qui a commencé près d'un siècle plus tôt, tandis que d'autres courageuses jeunes femmes avaient décidé de risquer leur vie pour changer le monde autour d'elles...La Soeur disparue est la septième tome de la série événement Les Sept Soeurs, qui a conquis 25 millions de lecteurs dans le monde. A travers ses romans au souffle unique, peuplés de personnages inoubliables, liés par les drames et l'amour, Lucinda Riley a affirmé son immense talent, créant un genre littéraire à part entière.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

     Après la découverte des destinées des sept sœurs d’Aplièse, Maia, Ally, Star, CeCe, Tiggy et Électra dans six tomes, tout spécialement consacrés à chacune des jeunes femmes, recherchant ses origines biologiques, nous voilà à un tournant. En effet, si les filles de Pa Salt, énigmatique milliardaire suisse qui les a toutes adoptées alors qu’elles étaient bébés et aux quatre coins du monde, tirent leurs prénoms originaux de la constellation des Pléiades (les Sept sœurs) force est de constater qu’il n’est pas besoin d’être très fort en maths pour se rendre compte que…ces sept sœurs ne sont en fait que six au compteur.
    Effectivement, dans tous les mythes des Pléiades qui se retrouvent un peu partout dans le monde, de l’Europe aux peuplades maories d’Océanie comme en Afrique ou en Amérique du Sud, celles-ci sont au nombre sept. Dans la mythologie grecque, la légende veut qu’elles soient issues de l’union d’Atlas et de Pléioné, une Océanide. Ses filles se sont unies à des dieux, engendrant ainsi plusieurs familles royales comme celle de Troie ou encore de Sparte (Taygète, la cinquième sœur, serait ainsi la mère de Lacédémone, fondateur mythique de Sparte). Compagnes vierges de la déesse Artémis, connue pour sa pudeur et sa propre virginité dont elle était très fière et qu’elle défendait farouchement, les Pléiades sont un jour remarquées par le chasseur Orion qui les pourchassera inlassablement pendant cinq ans. Pour les sauver, Zeus les transformera en colombes et, à leur mort, elles seront transformées en constellation (la constellation des Pléiades ou des Sept sœurs)…
    Dans la légende des Sept sœurs, la seule à s’unir à un mortel – Sisyphe, dont elle eut plusieurs enfants – est Mérope, la dernière sœur, parfois surnommée « la sœur disparue ». Et effectivement, dans la famille d’Aplièse, cette Mérope manque à l’appel, alors que la date anniversaire de la mort de Pa Salt approche et que les sœurs souhaiteraient l’avoir auprès d’elle pour rendre hommage à leur père adoptif dans les îles grecques. Mais comment retrouver celle que Pa Salt semble avoir cherché inlassablement au cours de sa vie et dont la mention semblait lui faire si mal ? Qui est Mérope d’Aplièse et où la chercher ?
    Une bague…un nom…une adresse perdue en Nouvelle-Zélande et voilà nos six sœurs embarquées dans une course contre la montre et un périple à travers le monde pour retrouver la propriétaire de cette mystérieuse bague sertie d’émeraudes et qui pourrait être leur septième sœur.
    En parallèle, comme dans les tomes précédents, on découvre aussi une partie historique, assez intéressante au demeurant ici puisqu’elle nous emmène dans l’Irlande des années 1920 à 1970, alors que le pays se bat pour son indépendance et sa liberté. A travers le personnage de Nuala Casey notamment, on découvre aussi la résistance et le combat des femmes irlandaises, organisées dans le Cumann na mBan (« le Conseil des Femmes »), formation paramilitaire fondée en 1914 et qui fut considérée comme une organisation terroriste par le gouvernement britannique, à l’instar de l’IRA.
    De nouveaux personnages, de nouveaux lieux…ce septième tome s’inscrit totalement dans la série des Sept sœurs mais s’en écarte aussi un peu. La forme du roman est assez différente puisqu’il n’est plus centré sur une seule des sœurs et sa quête de ses origines, après la découverte de la lettre qui lui est adressée par Pa Salt puis les coordonnées géographiques de la sphère armillaire placée dans le jardin d’Atlantis et qui les aide à localiser leur famille biologique ou, tout du moins, le pays où elle est née. Ici, les sœurs d’Aplièse seraient presque des personnages secondaires tandis que l’on suit une toute nouvelle histoire, celle de la « sœur disparue » ou du moins, celle que l’on pense être la « sœur disparue » Mérope.

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    La spectaculaire vallée de Gibbston, en Nouvelle-Zélande, où démarre le roman


    A peine quelques semaines après avoir terminé La sœur du soleil, deux mois seulement après ma lecture de La sœur de la lune (qui a été une déception, à l’instar du deuxième volume, centré sur Ally), la lecture de ce septième tome s’est un peu imposée à moi, comme si j’avais envie de « torcher » cette saga, avant la lecture de l’ultime tome, le huitième, qui va nous raconter l’histoire de Pa Salt dont, au final, on ne sait rien. Je crois que j’avais aussi besoin, en tant que lectrice, de réponses. Ok, on lit une saga pendant laquelle tout un univers se met progressivement en place. Un univers d’une grande richesse, malgré quelques défauts et inégalités mais…pour être honnête, qui ne m’a pas transcendée plus que ça. Alors que je suis presque à la fin de cette saga, je rejoins les lecteurs qui estiment que cette saga est vraiment surcotée. Oui, c’est très sympa, c’est divertissant mais, alors que j’arrive à la fin de ce septième tome, je me dis : « tout ça pour ça ? ». Si ce tome m’a bien plus embarquée que les deux précédents (peut-être que le changement d’air, le changement de forme aussi, m’a apporté un petit rafraîchissement bienvenu), je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine frustration parce que je n’ai obtenu aucune réponse aux questions que je me pose depuis un moment et, au contraire, de nouvelles interrogations se sont ajoutées et je me demande vraiment si le huitième tome parviendra à dissiper tous les mystères ou non.
    Encore une fois, le gros point négatif pour moi – outre que je ne suis pas fan de la plume de l’autrice, mais ceci est un ressenti subjectif –, c’est que c’est très long. Je n’ai pas l’esprit de synthèse, mais il est clair que Lucinda Riley ne l’avait pas non plus ! J’ai trouvé que ce tome était parfois redondant, avec des situations assez similaires et des actions décortiquées à outrance, qui n’apportent rien au récit et ne font qu’ajouter des longueurs (a-t-on véritablement besoin de détailler l’arrivée dans un hôtel, le passage à la réception, la montée dans l’ascenseur, l’arrivée dans la chambre etc… ? J’exagère mais vous voyez ce que je veux dire : c’est limite si l’autrice ne détaille pas ce que les personnages ont dans leurs valises ou dans leurs poches !). Certains dialogues sont aussi pour moi superflus alors qu’une simple phrase aurait permis de dire la même chose, mais plus vite.
    Bref, sans être une complète « plantade » ce septième tome, encore une fois, aura peiné à me séduire pleinement, même si j’ai passé un bon moment de lecture. Non, je mentirais si je disais que c’est absolument horrible, qu’on s’ennuie et qu’il ne s’y passe rien. J’ai même beaucoup aimé découvrir l’histoire de l’Irlande « de l’intérieur », au milieu de résistants irlandais qui se sont battus pour un idéal, la liberté et l’indépendance de leur pays, à une époque pas si lointaine que cela puisque la fin des troubles ne date en fait que de 1998 !
    Mais je pense que le roman n’en aurait été que plus rythmé s’il avait été un peu plus court, avec des chapitres plus ramassés, plus dynamiques. Par chance, j’ai été moins gênée par les lourdeurs stylistiques et les tics de langage que j’avais remarqués dans les tomes précédents et qui avaient le don de me faire lever les yeux au ciel à chaque fois. Ici, il y en avait mais un peu moins ou mieux dosés et j’ai moins ressenti ces petits défauts, qui sont peut-être aussi dus à des traductions littérales de certaines expressions anglophones…
    Bref, arrivons-en maintenant à la grande question : est-ce qu’il vaut le coup, ce septième tome ? En un sens, oui, bien sûr. Pour moi, il n’apporte rien de véritablement nouveau ni révolutionnaire à l’intrigue des Sept sœurs, à l’exception du fait que, peut-être, la famille est en passe d’être enfin réunie. Mais on ferme le livre sans aucune certitude : la femme rencontrée tout au long de ce roman est-elle bien Mérope ? Certes, le propos sera probablement explicité dans le huitième tome mais quelle frustration de terminer la lecture sur une fin ouverte ! Il y a une marge entre trop d’infos et pas d’infos du tout et c’est dommage que l’autrice nous laisse ainsi sur notre faim.
    Pour autant, c’est un roman qui aurait presque pu se suffire à lui-même ! Une double-temporalité, un personnage qui part, près de quarante ans après avoir quitté sa terre natale, sur les traces de son passé…il y a là le moyen de faire quelque chose de chouette et, si le roman n’avait pas été inscrit dans l’univers des Sept sœurs, il aurait pu être tout aussi captivant. Vraiment, je me répète mais la riche partie historique est passionnante ! Finalement, en France, ce sont des événements qu’on connaît peu alors que le combat des Irlandais à la fin des années 1910 et dans les années 1920 ressemble tant, par son idéal, à celui de la Résistance en France dans les années 1940. J’ai vraiment aimé suivre Nuala, même si je n’ai pas eu le temps de m’attacher réellement au personnage, partagée entre son engagement pour l’Irlande et son travail au service d’une famille britannique…le propos est nuancé, pas du tout manichéen, dénué de ce côté parfois un peu mièvre que je peux reprocher aux romans de Lucinda Riley.
    Pour le coup, La sœur disparue aurait pu constituer un très bon « one-shot » mais malgré tout, c’est chouette de retrouver toutes les sœurs, même si ce sont surtout les aînées, Maia et Ally, qui mènent la danse.
    Bref, une lecture divertissante, pas prise de tête, qui s’inscrit bien dans son univers mais sans apport forcément exceptionnel. Un septième tome qui semble être une transition, avant la révélation ultime (du moins, je l’espère).

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    Une manifestation des femmes du Cumann na mBan à Dublin en juillet 1921

    En Bref :

    Les + : un septième tome qui aurait pu se suffire à lui-même, tans sa double-temporalité est riche d'informations.
    Les - :
    encore une fois beaucoup de longueurs et des chapitres qui auraient pu être largement élagués pour donner un peu plus de rythme.


    Les Sept Soeurs, tome 7, La soeur disparue ; Lucinda Riley

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

    • Envie d'en savoir plus sur Les Sept Sœurs ? Découvrez mes billets sur les cinq premiers tomes par ici :

    Maia, le premier tome centré sur l'aîné des sœurs et nous fait voyager au Brésil 

    La sœur de la tempête, centré sur Ally et qui nous emmène en Norvège

    La sœur de l'ombre, qui met à l'honneur Star, la plus réservée des sœurs et nous fait découvrir les secret d'un grand domaine anglais des années 1930 

    La sœur à la perle, dont l'héroïne est CeCe et avec laquelle nous voyagerons jusqu'en Australie 

    La sœur de la lune, centré sur la très spirituelle Tiggy qui nous emmène de l’Écosse à l'Andalousie

    La sœur du soleil nous fait découvrir les origines de la sixième et plus jeune sœur, Électra, entre New York et le Kenya

     


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  • « Dans ces Souvenirs, je ne dirai de moi ni de mal ni de bien ; ce n'est pas de moi que je parle mais de l'enfant que je ne suis plus. C'est un petit personnage que j'ai connu et qui s'est fondu dans l'air du temps, à la manière des moineaux qui disparaissent sans laisser de squelette. »

     

     

     

      Publié en 2004

      Éditions de Fallois (collection Fortunio)

      216 pages

      Premier tome de la saga Souvenirs d'enfance

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Un petit Marseillais d'il y a un siècle : l'école primaire ; le cocon familial ; les premières vacances dans les collines, à La Treille ; la première chasse avec son père...

    Lorsqu'il commence à rédiger ses Souvenirs d'enfance, au milieu des années cinquante, Marcel Pagnol est en train de s'éloigner du cinéma, et le théâtre ne lui sourit plus. 
    La Gloire de mon père, dès sa parution, en 1957, est salué comme marquant l'avènement d'un grand prosateur. Joseph, le père instituteur, Augustine, la timide maman, l'oncle Jules, la tante Rose, le petit frère Paul, deviennent immédiatement aussi populaires que Marius, César ou Panisse. Et la scène de la chasse à la bartavelle se transforme immédiatement en dictée d'école primaire...
    Les souvenirs de Pagnol sont un peu ceux de tous les enfants du monde. Plus tard, paraît-il, Pagnol aurait voulu qu'ils deviennent un film. C'est Yves Robert qui, longtemps après la mort de l'écrivain, le réalisera.

    « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. »

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Souvenirs d’enfance est un cycle de quatre romans, publiés entre 1957 et 1977. La gloire de mon père est le premier d’entre eux. Il est suivi du Château de ma mère, Le temps des secrets et Le temps des amours, ce dernier publié en 1977, de manière posthume puisque son auteur était décédé en 1974.
    A l’aube de la soixantaine, Marcel Pagnol, né en 1895, entreprend de raconter ses souvenirs d’enfance et d’adolescence dans la première partie du XXème siècle. Dramaturge, cinéaste, producteur, écrivain, la réputation de Pagnol dans les années 1950, n’est plus à faire. Avec ses Souvenirs d’enfance, il laisse un cycle de romans autobiographiques qui vont devenir des classiques, bien souvent lus, dans les années qui vont suivre, par les écoliers – la chasse à la « bartavelle » dans La gloire de mon père, deviendra d’ailleurs une dictée souvent prisée par les enseignants.
    Étrangement, je n’ai jamais lu Pagnol à l’école. Des extraits, certes, car je me rappelais par exemple de la scène où, tout jeune encore, le petit Marcel étonne son père, instituteur, en lisant une phrase au tableau alors qu’il n’est pas encore censé savoir lire.
    Alors, cet été je me suis lancé un petit défi : et si je lisais les Souvenirs d’enfance entre juin, juillet et août ? A l’heure actuelle, ma collection est incomplète puisque j’ai eu du mal à me procurer Le temps des amours, qui clôture le cycle, mais je vais au moins lire les trois en ma possession avant la fin de l’été. Mon défi est donc déjà bien entamé puisque j’ai lu en quelques heures La gloire de mon père.
    Ouvrir un roman de Pagnol, c’est se téléporter. Dans une région et dans une autre époque. Imaginez une Provence couleur sépia, tremblotante, comme figée sur la bande d’un film muet du début du siècle. Dans ce premier roman, Pagnol entreprend de raconter la petite enfance. Né le 28 février 1895 à Aubagne, il est le fils de Joseph Pagnol, instituteur et d’Augustine, couturière. Il aura deux frères puînés et une petite sœur.
    Si ce roman est une ode à l’enfance et une nostalgie heureuse, il est aussi une belle ode à la région d’origine de l’auteur. Il suffit de se laisser porter, ouvrir les pages et nous parviennent alors le cri-cri des cigales, le chant des fontaines de villages, à l’ombre des grands platanes, où l’on entend aussi s’entrechoquer les boules de pétanque. Il fait beau, il fait chaud et l’arrière-pays de Marseille est garni de cette garrigue odorante, faite de lavandes, de thyms sauvages, de cades et de petits chênes kermès qui poussent tout noueux dans les roches arides.

    La Gloire de mon père » & « Le Château de ma mère » - 20 films pour partir  en vacances - Elle

    Marcel Pagnol aurait voulu que ses Souvenirs d'enfance deviennent des films : c'est chose faite en 1990. L'acteur Philippe Caubère y interprète Joseph Pagnol et Nathalie Roussel, Augustine. Le petit Marcel à 9 ans est campé par Julien Ciamaca


    La gloire de mon père est assez court et on pourrait presque assez aisément diviser le roman en deux : une première partie qui resitue la famille Pagnol, où l’auteur se raconte et raconte les siens. Puis la seconde partie est consacrée aux vacances à La Bastide-Neuve. Pour les petits citadins que sont Marcel et son frère cadet Paul, La Bastide-Neuve est un lieu d’aventures, de bonheur, synonyme de la liberté des longues vacances d’été, de chasse à la bartavelle dans les collines derrière la maison, en des course-poursuites illimitées dans le jardin en friche qui entoure la maison.
    La gloire de mon père est un roman des choses simples, mais c’est peut-être pour cela qu’il est si évocateur. Les souvenirs racontés ici par Pagnol sont ceux d’un enfant qui a vécu au début du XXème siècle, il y a presque cent-vingt ans. Et pourtant, ce qu’il raconte, cela ne nous est-il pas familier ? Cela ne réveille-t-il pas l’enfant endormi qui est en nous ? Au fond, ce roman nous démontre bien l’intemporalité des souvenirs d’enfance : que l’on soit né en 1895 ou cent ans plus tard, ou même encore plus tard, l’enfance reste – pour la plupart des enfants car malheureusement, il y en a qui garderont de cette période de leur vie un sombre souvenir – une sorte d’époque étrange, un peu suspendue, dont on se souvient par bribes mais qui ne nous quittera jamais vraiment. C’est l’époque des premières expériences, de l’école, des premiers apprentissages… pour Marcel Pagnol dont l’enfance a sans nul doute été heureuse, entre des parents aimants et attentifs, les souvenirs sont doux, sincères et authentiques. Certes, c’est un homme âgé, un homme mûr et dont plus de la moitié de la vie est passée, qui se retourne sur l’enfant qu’il a été. Et pourtant, l’enfant qu’il nous raconte n’a jamais été aussi vivant, aussi présent. J’ai par exemple beaucoup aimé la manière dont il relate les conversations d’adultes, parfois surprises par les enfants. Un exemple, cette conversation politique opposant Joseph Pagnol, farouchement anticlérical et son beau-frère que l’on connaît sous le nom de « l’oncle Jules », fervent chrétien. Ainsi, le petit Marcel entend parler d’un certain monsieur « Comble » (Emile Combes) et d’un groupe de personnes, les « radicots », qu’il serait bien en peine de décrire. Autre moment intéressant, la grossesse d’Augustine – qui attend la petite sœur – et les questionnements de Marcel et de Paul, qui se demandent bien comment cette petite sœur va venir.
    C’est avec une vraie pudeur et en même temps la spontanéité de l’enfant qu’il a été et qu’il raconte ici que Marcel Pagnol rédige La gloire de mon père est nous offre un récit d’une grande sincérité, d’une grande simplicité également mais qui n’a besoin de rien d’autre pour séduire et devenir, déjà, soixante-six ans après sa sortie, un classique de la littérature française, à découvrir à tous les âges.

    En Bref :

    Les + : roman de la nostalgie heureuse et des choses simples, La gloire de mon père est une évocation toute douce et touchante de l'enfance provençale du narrateur.
    Les - : aucun, c'était un petit bonbon.


    Souvenirs d'enfance, tome 1, La gloire de mon père ; Marcel Pagnol

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

     

     

     


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  • « On ne peut comprendre la vie qu'en regardant en arrière ; on ne peut la vivre qu'en regardant en avant... »

    Couverture Les sept soeurs, tome 6 : La soeur du soleil

     

     

      Publié en 2019 en Irlande

     En 2021 en France (pour la présente édition)

     Titre original : The Sun Sister

     Éditions Le Livre de Poche 

     945 pages

     Sixième tome de la saga Les Sept Sœurs

     

     

     

    Résumé :

    A la mort de leur père, énigmatique milliardaire qui les a ramenées des quatre coins du monde et adoptées lorsqu'elles étaient bébés, Electra d'Aplièse et ses sœurs se retrouvent dans la maison de leur enfance, Atlantis, une magnifique demeure sur les bords du lac de Genève. La vie semble sourire à Electra, la sixième sœur : mannequin le plus en vue de la planète, elle est belle, riche et célèbre. Mais derrière cette image idéale se cache une jeune femme perdue depuis le décès de Pa Salt. Emportée dans la spirale infernale de la drogue et de l'alcool, et alors que tout son entourage s'inquiète pour elle, elle reçoit une lettre d'une inconnue qui dit être sa grand-mère. Celle-ci lui révèle que ses racines se trouvent au Kenya, au cœur d'une tribu maasaï.
    La Sœur du Soleil est le sixième tome de la série événement Les Sept Sœurs, qui a conquis 30 millions de lecteurs dans le monde. A travers ses romans au souffle unique, peuplés de personnages inoubliables, liés par les drames et l'amour, Lucinda Riley a affirmé son immense talent, créant un genre littéraire à part entière.

    Ma Note : ★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Electra d’Aplièse continue de mener sa vie de mannequin très en vue à New-York, essayant tant bien que mal de laisser de côté le bouleversement occasionné par la mort brutale de son père adoptif, le milliardaire suisse qui l’avait adoptée, ainsi que ses cinq sœurs, quand elle n’était qu’un bébé.
    Comme ses aînées, Electra porte le nom d’une des Pléiades. Dans la mythologie grecque, les Pléiades sont au nombre de sept et Electre (ou Electra) est la sixième. Fille d’Atlas et de l’océanide Pléioné, Electra s’unit à Zeus et, selon les textes, est la mère de Dardanos, Émathion, Iasion et (selon les auteurs) Harmonie. Elle est parfois présentée comme la pléiade « perdue » ce qui colle plutôt bien au personnage d’Electra dans le roman.
    Car il ne faut pas s’arrêter aux apparences…Electra est probablement, des six sœurs d’Aplièse, celle dont l’existence est la plus hors du commun : mannequin célèbre, très à l’aise financièrement, elle mène une vie trépidante de « socialite » à New-York et aux quatre coins du monde. Mais cette vie glamour a un revers bien sombre : pour combattre ses démons et assurer le rythme, Electra est tombée dans une forte dépendance aux drogues et à l’alcool. Profondément seule et fragile, Electra fait un effort colossal pour ne pas montrer ses faiblesses…jusqu’à la prise de trop qui la met face à ses démons et à la nécessité de se soigner avant d’y laisser la peau.
    Au même moment, alors que ses autres sœurs, découvrant leur passé et leur famille biologique grâce aux indications laissées par Pa Salt et qu’Electra est fermement décidée de n’en rien faire, rejetant autant ses origines que l'héritage laissé par son père adoptif, elle reçoit le courrier d’une inconnue, une certaine Stella Jackson lui annonçant qu’elle est sa grand-mère et souhaite la rencontrer. Stella qui, Electra va s’en rendre compte, a été dans sa jeunesse une militante, avocate de formation, luttant pour l’égalité des populations noires aux Etats-Unis et pour la reconnaissance de leurs droits, dans le sillage d’autres activistes comme Martin Luther King ou Malcolm X.
    En parallèle, nous partons en 1939, à la rencontre de Cecily Huntley-Morgan. Jeune new-yorkaise fortunée, Cecily est abandonnée pour une autre femme par son fiancé. Elle décide alors d’accepter la proposition de sa marraine, la fantasque Kiki Preston, de l’accompagner au Kenya pour quelques semaines. La jeune Américaine débarque alors dans ce pays qui est alors colonie britannique, à l’aube de la Seconde guerre mondiale. Elle découvre la somptueuse maison de sa marraine, au bord du spectaculaire lac Navaisha, où viennent boire les animaux de la savane et où s’ébattent les hippopotames. De safaris en réceptions, Cecily s’intègre à la société coloniale kenyane et découvre aussi les coutumes et le mode de vie des tribus autochtones, comme les maasaï.
    Electra n’était pas, et de loin, la sœur dont j’attendais le plus l’histoire. Le peu que je l’avais croisée dans les romans précédents, elle ne m’inspirait pas forcément d’attachement, ni d’intérêt…peut-être parce que son mode de vie est à des années-lumière de celui de la plupart d’entre nous, elle me semblait trop déconnectée. Mais bizarrement avec cette saga, les tomes que j’attendais le plus (notamment le deuxième centré sur Ally et le cinquième sur Tiggy) ne m’ont pas convaincue. Et, tandis que j’appréhendais un peu le quatrième, consacré à CeCe qui ne m’attirait pas trop elle non plus, contre toute attente, j’avais beaucoup aimé et j’avais même trouvé que c’était probablement le tome le plus abouti des quatre que je venais de lire. Donc c’est avec une certaine curiosité et en tentant de mettre mes a priori de côté que j’ai commencé La sœur du soleil.

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    Paysages du Kenya tels que Cecily les découvre à son arrivée


    Ce sixième tome a d’indéniables atouts, il faut bien le dire. Déjà, il a le mérite de nous faire voir une autre Electra, assez désarmante au final, même si pour ma part, je n’ai pas réussi à m’attacher vraiment à elle. J’ai découvert une jeune femme de vingt-six ans à la vie de rêve mais qui n’est pas heureuse pour autant. La célébrité, qu’elle n’a pas choisie, lui pèse et l’isole aussi des autres. Méfiante, Electra ne sait jamais si on la fréquente pour elle-même ou pour son argent et sa notoriété. Surtout, elle se rend compte que cette célébrité, dont elle pourrait faire un outil pour servir des causes ou faire entendre la voix de minorités, ne lui sert à rien hormis à avoir un accès facile aux excès, aux drogues et à l’alcool. Victime d’un profond mal-être, Electra semble emprisonnée dans sa vie et n’en est pas réellement la maîtresse, elle la subit plutôt qu’elle ne la vit. Donc, déjà, c’était un premier point positif : derrière une apparente force, une apparente agressivité, on se rend compte de la profonde souffrance de cette jeune femme qui ne sait pas demander l’aide dont elle aurait besoin.
    J’ai aussi beaucoup aimé la partie historique du roman. Alors que celle du cinquième tome m’avait profondément ennuyée, notamment parce que je n’avais pas réussi à m’attacher à l’héroïne, ici, pour le coup, j’ai beaucoup aimé Cecily qui se révèle au fil du roman et j’ai adoré la suivre en Afrique – mais j’ai été un peu déçue que, contrairement à ses sœurs qui découvrent leurs racines en même temps que leur pays d’origine, Electra ne voyage pas au Kenya et découvre son histoire depuis New-York.
    Le message ou plutôt devrais-je les messages délivrés dans ce roman – la tolérance, la lutte contre la drogue et le fléau qu’elle représente dans le monde et notamment en Afrique –, peuvent apparaître certes comme clichés ou pleins de bons sentiments, mais sont assez habilement amenés je trouve pour que cela ne se ressente pas. J’ai trouvé qu’ils apportaient une certaine teneur, une densité au roman qui m’apparaît alors plus riche qu’une simple romance à double-temporalité.
    Mais bon dieu, que c’était long ! Le roman compte un peu plus de 900 pages et je pense vraiment qu’il aurait mérité d’être élagué de quelques chapitres sans que cela n’ampute l’intrigue. Un peu comme dans le cinquième tome, j’ai trouvé que l’autrice se perdait dans des circonlocutions interminables vers la fin du roman, alors que j’aurais préféré que ça aille plus vite à ce moment-là. J’ai donc eu le sentiment d’une lecture inégale et qui s’essouffle, manquant de rythme dans sa seconde partie, ce qui est dommage puisque peu à peu Electra se débarrasse de ses démons et devient plus intéressante, plus accessible, plus humaine et parce que l’histoire de Cecily au Kenya est vraiment intéressante : je me suis vraiment demandé quel pouvait être le lien de cette jeune New-yorkaise fortunée avec Electra puisque manifestement, elles ne partagent pas le même sang ni la même ascendance. J’ai aimé voir Cecily se débarrasser petit à petit des préjugés coloniaux avec lesquels elle arrive au Kenya, partant progressivement à la découverte de la civilisation maasaï, s’attachant à un pays si différent du sien.
    Oui vraiment, je crois que La sœur du soleil aurait pu être beaucoup plus enlevé, beaucoup plus rythmé, s’il avait été moins long. Je suis donc un peu mitigée parce que je me suis vraiment ennuyée par moments…j’ai le sentiment d’une lecture en dents de scie, mon intérêt montant et retombant au fil des chapitres, ce qui n’est pas forcément très agréable.
    Mais le roman a quand même « fait le job » si je puis dire : non, ce n’est pas une complète déception même si j’aurais vraiment voulu l’aimer un peu plus. Le discours presque militant de la fin m’a agréablement surprise, la prise de position d’Electra, dans le sillage de sa grand-mère, ancienne activiste renommée dans les années 50 et 60, m’a fait la voir autrement et moins comme la mannequin très belle mais à la tête très vide.
    J’attends maintenant les deux derniers tomes afin, je l’espère, de connaître enfin toutes les réponses aux questions que je me pose, notamment concernant la sœur disparue (la septième sœur) et Pa Salt.  

    History - MGC

    Carte postale représentant le Muthaiga Club, lieu important de la vie coloniale britannique à Nairobi

    En Bref :

    Les + : un propos fort, engagé et presque militant, une double-temporalité maîtrisée, avec une partie historique vraiment intéressante... 
    Les - :
    ...mais malgré ces évidents atouts, ce roman n'aura pas réussi à me transporter comme je le souhaitais. Mon dieu, que c'était long !


     Les Sept Soeurs, tome 6, La soeur du soleil ; Lucinda Riley

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

     

    • Envie d'en savoir plus sur Les Sept Sœurs ? Découvrez mes billets sur les cinq premiers tomes par ici :

    Maia, le premier tome centré sur l'aîné des sœurs et nous fait voyager au Brésil 

    La sœur de la tempête, centré sur Ally et qui nous emmène en Norvège

    La sœur de l'ombre, qui met à l'honneur Star, la plus réservée des sœurs et nous fait découvrir les secret d'un grand domaine anglais des années 1930 

    La sœur à la perle, dont l'héroïne est CeCe et avec laquelle nous voyagerons jusqu'en Australie 

    La sœur de la lune, centré sur la très spirituelle Tiggy qui nous emmène de l'Ecosse à l'Andalousie

     


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