• « Souviens-toi que dans cette vie rude que nous menons sur terre, la seule chose à laquelle nous pouvons nous accrocher, c'est l'espoir. »

    Couverture Les sept soeurs, tome 5 : La soeur de la lune

     

     

           Publié en 2018 en Irlande 

       En 2020 en France (pour la présente édition)

       Titre original : The Moon Sister

       Éditions Le Livre de Poche

       848 pages 

       Cinquième tome de la saga Les Sept Sœurs 

     

     

     

     

    Résumé :

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    2007. Comme ses sœurs, Tiggy d’Aplièse a appris avec tristesse et sidération la mort de leur père, l’énigmatique milliardaire suisse Pa Salt qui les avait toutes adoptées bébés, aux quatre coins du monde.
    Tiggy a vingt-six ans et, après des études de zoologie, elle s’est dirigée vers le domaine de la protection animale, qui l’a emmenée jusqu’en Écosse. Là, au cœur des Highlands, elle arrive à Kinnaird, grand domaine qui a perdu un peu de son lustre mais auquel le nouveau laird, Charlie, médecin à Inverness, souhaite redonner une nouvelle jeunesse, notamment en mettant en place un programme de réintroduction d’espèces endémiques sur ses terres (chats sauvages des Higlands, cervidés...).
    Tiggy arrive donc dans une magnifique région, certes isolée et couverte de plusieurs centimètres de neige donc qui peut paraître assez inhospitalière mais qui est en fait grandiose et qui lui plaît aussitôt. A Kinnaird, elle fait la connaissance de la gouvernante, Béryl et du régisseur Cal, un homme des Higlands bourru mais au grand cœur. Surtout, elle fera la connaissance d’un vieil homme qui vit à Kinnaird, mais en marge des autres, Charlie, un gitan espagnol ayant un don de voyance hérité de ses ancêtres. Avec stupeur, Tiggy découvre que Charlie a connu sa famille biologique, originaire de Grenade. Le vieil homme va la mettre sur la piste de son ancêtre Lucia, immense danseuse de flamenco en son temps et que l’on surnommera « La Candela ».
    Entre Écosse et Espagne, neige et paysages désolés d’un côté, douceur et parfums méridionaux de l’autre, Tiggy s’embarque dans une immense quête identitaire qui l’amènera au cœur de la communauté gitane andalouse qui, depuis Isabelle la Catholique eut à souffrir d’ostracisme et de ségrégation.
    Taygète d’Aplièse, surnommée Tiggy, la cinquième des sœurs d’Aplièse est certainement la sœur la plus nature et la plus simple, menant une vie relativement peu confortable au contact de la nature et des espèces sauvages. Tiggy tient son nom de Taygète, une des Pléiades de la mythologie grecque. Les parents de ces divinités sont Atlas et Pléioné et Taygète, aimée de Zeus, est la mère de Lacédémon, fondateur mythique de la ville de Sparte.
    La Taygète que nous rencontrons ici est une jeune femme assez lumineuse et attachante, dont il me tardait de découvrir l’histoire. Cette histoire qui allait nous transporter à Grenade, à la découverte de la communauté gitane, dans une famille douée du don de double-vue, autrement dit, le don de voyance, me plaisait beaucoup. D’avance, j’étais curieuse et enthousiaste et…force est de constater que…eh bien malgré toute l’attente que générait ce roman en moi, eh bien ça n’a pas fonctionné entre nous.

    Visiter les Grottes de Sacromonte à Grenade : billets, tarifs, horaires

    Les grottes de Sacromonte à Grenade


    Je m’explique : déjà, ce roman était extrêmement long. C’est une belle briquette de plus de 800 pages, qui aurait, je pense, mérité d’être élagué d’une bonne centaine de pages voire plus. Énormément de longueurs et de chapitres superflus ont rendu ma lecture lente et laborieuse et j’en suis la première déçue. Je me faisais vraiment une joie de découvrir ce récit, d’autant plus que le tome précédent, La sœur à la perle, qui ne m’emballait pas plus que ça au départ, avait été finalement une très bonne lecture.
    J’ai eu l’impression qu’après deux tomes assez enlevés, dynamiques et bien menés, on retombait un peu dans les écueils du deuxième volume, consacré à Ally : des longueurs, la partie historique finalement moins intéressante que la partie contemporaine, alors que c’est elle qui est censée nous donner les clés de la compréhension de ce récit et surtout, surtout, des tics de langage récurrents et qui ont fini par me rendre dingue ! Les personnages qui commencent presque systématiquement leurs phrases par « ouah ! » ou « Enfin bon », ça va bien une fois ou deux mais au bout d’un moment c’est pénible. Autant les tics de langage oraux ne me dérangent pas spécialement, autant les lire, noir sur blanc, sur le papier, me gêne assez rapidement et m’agace.
    Enfin, pour faire écho à ce que je disais plus haut concernant la partie historique assez ennuyeuse finalement, je n’ai pas du tout réussi à m’attacher au personnage de Lucia, l’ancêtre de Tiggy, imbue d’elle-même, capricieuse et parfois désagréable, qui m’a souvent rappelé le personnage de Cheska, dans L’Ange de Marchmont Hall qui fut pour moi un immense flop : j’étais totalement passée à côté de ce roman et cela m’arrive vraiment très rarement de dire que je n’ai vraiment pas aimé un livre. Je suis donc vraiment déçue de devoir comparer La sœur de la lune à ce roman qui ne m’avait pas du tout transportée mais, malheureusement, à mesure de l’avancée du récit, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser et, finalement, ne voir plus que ça. J'ai vraiment déploré que la si talentueuse Lucia, douée d'un talent inné pour le flamenco, qui danse comme d'autres respirent, soit en même temps une femme si peu attachante.
    Alors, me direz-vous, ce roman a-t-il quand même des points positifs ? Oui, bien sûr, il en a, sinon j’aurais été maso de m’infliger plus de 800 pages d’un récit absolument insipide et sans intérêt. Je l’avoue, tout n’y est pas passionnant et je me suis souvent ennuyée, j’ai aussi souvent levé les yeux au ciel. Cependant, l’aspect ésotérique de La sœur de la lune m’a beaucoup plu : ça ne parlera certainement pas à tout le monde (après tout, il s’agit d’une croyance et une croyance, c’est subjectif) mais c’est vraiment l’aspect du roman qui le rend original et assez unique.
    Le fait qu’il se passe en Espagne aussi, m’a plu. Je trouve que l’Espagne n’est pas un pays dont on parle beaucoup dans les romans, surtout la période de la guerre civile et les année qui précèdent. Cette incursion dans le monde gitan andalou était aussi intéressante car on se rend compte des brimades et de la ségrégation que cette communauté « en marge » a dû essuyer tout au long des siècles, à tel point que les gitans de Grenade finiront par s’installer dans le quartier de Sacromonte, dans des maisons troglodytes creusées à même les falaises, loin des quartiers « payos », autrement dit, non-gitans.
    Je pense que ce roman avait beaucoup de potentiel mais, malheureusement selon moi, il n’a pas été totalement bien exploité. C’est dommage mais cette saga a pour elle son originalité et malgré cette déception, c’est toujours avec curiosité (mais peut-être avec une certaine prudence) que je découvrirai la suite, avec La sœur du soleil, La sœur disparue puis L’histoire de Pa Salt, fraîchement paru en grand format.

     

    CARMEN AMAYA – Flamenco Barcelona

    Une danseuse de flamenco barcelonaise au XXème siècle : Carmen Amaya (1913-1963), surnommée «la Capitana »

    En Bref :

    Les + : le personnage de Tiggy, solaire et lumineux, l'aspect ésotérique qui m'a plu et m'a parlé, le fait que le roman se passe en Espagne au début du XXème siècle et aborde notamment, de l'intérieur, les troubles de la guerre civile. 
    Les - :
    que de longueurs...le roman est extrêmement dense mais malheureusement, l'accumulation d'événements et passages superflus, rend l'intrigue brouillonne et lassante. L'absence d'attachement pour le personnage historique, Lucia, m'a aussi dérangée mais ceci est subjectif.
     


     

    Les Sept Sœurs, tome 5, La sœur de la lune ; Lucinda Riley

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle  

    • Envie d'en savoir plus sur Les Sept Sœurs ? Découvrez mes billets sur les quatre premiers tomes par ici :

    Maia, le premier tome centré sur l'aîné des sœurs et nous fait voyager au Brésil 

    La sœur de la tempête, centré sur Ally et qui nous emmène en Norvège

    La sœur de l'ombre, qui met à l'honneur Star, la plus réservée des sœurs et nous fait découvrir les secret d'un grand domaine anglais des années 1930 

    La sœur à la perle, dont l'héroïne est CeCe et avec laquelle nous voyagerons jusqu'en Australie 


    2 commentaires
  • «  Stop, je délire. En fait, mis à part mon état mental, il est probable que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ou pas... »

    Couverture L'immeuble de la rue Cavendish, tome 1 : Les manigances de Margaux

     

     

         Publié en 2022

      Éditions Les Escales

      297 pages

      Premier tome de la saga L'immeuble de la rue Cavendish

     

     

     

     

     Résumé :

    Que se passe-t-il au 5e étage de l'immeuble de la rue Cavendish ? Margaux, la nouvelle voisine, est à peine installée qu'elle se retrouve à enquêter sur le couple qui vit au-dessus d'elle. Et tant pis si tout le monde pense qu'elle est complètement folle !

    Après une douloureuse rupture, Margaux, la vingtaine, s'installe dans l'appartement que lui prête son oncle, rue Cavendish. Proche des Buttes-Chaumont, l'immeuble ne manque pas d'animation : entre la concierge désagréable qui exige qu'on l'appelle madame Nathalie, le vieux fou du 2e et l'insupportable gamine du 4e, Margaux trouve à peine le temps de se vautrer devant ses films d'horreur préférés !
    Heureusement, elle peut compter sur ses autres voisins : Victoire, Charlotte et Markus répondent toujours présents pour débriefer autour d'un verre. Surtout quand Margaux rencontre le beau de l'immeuble d'en face. Mais tout se complique quand des bruits inquiétants s'échappent de l'appartement du dessus : Margaux décide alors de mener l'enquête, à ses risques et périls...

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    A la suite d’une rupture amoureuse dont elle se remet mal, Margaux, vingt-huit ans, s’installe dans l’appartement de son oncle, rue Cavendish à Paris. Là, la jeune femme découvre la vie rythmée et colorée d’un vieil immeuble parisien, à deux pas du parc des Buttes-Chaumont. Ses voisins sont tous différents et attachants à leur manière : il y a la famille Delair, avec leur fille aînée Lou, fouineuse hors-pair et qui se plaît à désarçonner les adultes, une jolie musicienne qui croque la vie à pleines dents et multiplie les rencontres amoureuses, Jérôme et Markus qui s’apprêtent à se marier et leur chat Sigmund, l’attachant et solitaire Alphonse, ancien professeur d’histoire enfermé dans une maladie cérébrale dégénérative…Margaux petit à petit s’installe dans une nouvelle vie et apprend à connaître tous ses nouveaux voisins, tissant des liens avec certains, tout cela sous l’œil inquisiteur de Mme Nathalie, la gardienne et archétype de la concierge parisienne curieuse et pas aimable.
    Le roman se déroule sur plusieurs mois et se présente sous la forme d’une petite chronique truculente et désopilante d’un quartier de Paris, avec pour fil conducteur Margaux, qui sera l’héroïne de cet opus. Margaux, c’est donc une jeune femme bien de son époque, chiropractrice de son état et plutôt fragile après avoir été quittée par l’homme avec lequel elle vivait depuis six ans. En déménageant loin de l’appartement qu’ils occupaient ensemble, elle tente de se reconstruire, grâce au soutien de ses amis et de tous ceux qu’elle va se faire en s’installant rue Cavendish. L’ambiance de cette saga – du moins de ce premier tome – m’a rappelé une petite série que j’avais vue il y a un peu plus d’un an et qui s’appelait L’amour (presque) parfait. Ça ne cassait pas trois pattes à un canard mais c’était loufoque et divertissant.
    Divertissant, Les manigances de Margaux l’est sans nul doute. C’est un petit feel-good contemporain qui ne se prend pas au sérieux, léger et qu’on lit sans prise de tête. La preuve – cela m’arrive rarement, j’ai donc été la première surprise –, je l’ai lu en seulement quelques heures et je n’ai pas vu passer les deux cents et quelques pages. Ça ne veut pas dire pour autant que c’est parfait : Margaux m’a parfois tapé sur le système et son côté légèrement obsessionnel est un peu lassant. Quant à son oncle Aurélien qui l’infantilise pas mal, je l’ai trouvé tantôt protecteur et bienveillant, tantôt un peu trop cynique et moralisateur. Pour les autres personnages, ils sont tous différents et ont des parcours de vie et des personnalités bien tranchés, ce qui fait de ce premier tome un roman coloré, vivant et dynamique.
    Comme dans beaucoup de romans feel-good, l’aspect très léger voire superficiel qui peut faire croire de prime abord que ces romans ne sont que de simples divertissements, est contrebalancé par le traitement de sujets plus graves : ainsi, les voisins du dessus de Margaux qui se déchirent violemment, mettant la jeune femme dans une position délicate. Doit-elle se mêler de la vie privée de ses voisins, même quand ils hurlent ou cassent la vaisselle ? Sa voisine est-elle en danger, victime de violences conjugales ? Ainsi d’Alphonse, considéré par bien des habitants de l’immeuble comme un vieux fou alors qu’il s’avère que cet homme, au passé peu évident est surtout enfermé dans le carcan d’une maladie cérébrale incurable et dégénérative et se trouve très seul.
    Malgré d’évidents petits défauts ou inégalités, Les manigances de Margaux se termine sur une fin ouverte des plus habiles qui donne évidemment envie d’en savoir plus et de se plonger dans les prochains volumes.
    Truculent et enlevé, il s’agit d’un bon premier tome, dans lequel la rue Cavendish est tout autant un personnage à part entière que les nombreux habitants de l’immeuble. Que l’on soit ou non parisien, on se plait à découvrir cette petite chronique qui ne paye pas de mine mais qui se laisse lire volontiers.

    En Bref :

    Les + : divertissant, ce premier tome est un bon petit feel-good, agréable à lire sans être exceptionnel. Je l'ai lu en quelques heures : l'intrigue se déroule avec facilité et la simplicité des personnages nous les rend proches.  
    Les - :
    dommage que la fin soit un peu brouillonne. Pour autant, son côté ouvert donne envie de lire la suite de la saga et retrouver les habitants de la rue Cavendish.


    L'immeuble de la rue Cavendish, tome 1, Les manigances de Margaux ; Caroline Kant

        Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

     


    2 commentaires
  • « Depuis que les hommes étaient sortis de la nature, qu'ils construisaient des maisons, qu'ils domestiquaient les bêtes, qu'ils cultivaient les plantes, ils s'étaient installés au-dessus de tout, y compris d'eux-mêmes. Des privilégiés régnaient sur la "vile populace". Une élite faisait l'histoire, inscrivait son nom au firmament de la gloire, tandis que la multitude labourait les champs et portait des seaux d'eau. »

     

    Couverture La Traversée des Temps, tome 3 : Soleil Sombre

     

     

        Publié en 2022

      Éditions Albin Michel

      576 pages 

      Troisième tome de la saga La Traversée des Temps

     

     

     

     

    Résumé :

    Poursuivant sa traversée de l'histoire humaine, Noam s'éveille d'un long sommeil sur les rives du Nil, en 1650 av. J-C et se lance à la découverte de Memphis, capitale des deux royaumes d’Égypte. Les temps ont bien changé. Des maisons de plaisir à la Maison des morts, des quartiers hébreux au palais de Pharaon, se dévoile à lui une civilisation inouïe qui se transmet sur des rouleaux de papyrus, vénère le Nil, fleuve nourricier, momifie les morts, invente l'au-delà, érige des temples et des pyramides pour accéder à l'éternité. Mais Noam, le cœur plein de rage, a une unique idée en tête : en découdre avec son ennemi pour connaître enfin l'immortalité heureuse auprès de Noura, son aimée. 

    Avec le troisième tome du cycle de La Traversée des Temps, Eric-Emmanuel Schmitt nous embarque en Égypte ancienne, une civilisation qui prospéra pendant plus de trois mille ans. Fertile en surprises, Soleil sombre restitue ce monde en pleine effervescence dont notre modernité a conservé des traces, mais qui reste dans l'Histoire des hommes une parenthèse aussi sublime qu'énigmatique.

    Ma Note : ★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Après la chute de la tour de Babel, à laquelle Noam, toujours doué de vie éternelle, a assisté, le voilà bien décidé à quitter le pays des Eaux douces. Mais il ne partira pas seul : sa compagne d’éternité Noura, dont il est toujours autant épris depuis qu’il l’a rencontrée, des milliers d’années auparavant, juste avant le Déluge, l’accompagne vers l’ouest. Là, ils vont découvrir une nouvelle civilisation, aussi grandiose que mystérieuse : sur les rives d’un immense fleuve, le Nil, qui fertilise toute la région jusqu’à son delta, où il se jette dans la Méditerranée, une formidable société est en train de naître, celle que l’on retient aujourd’hui sous le nom de civilisation égyptienne antique. Nous sommes en 1650 av. J-C, sous le règne d’un pharaon nommé Méri-Ouser-Rê. Sa fille, la princesse Néférou, nous est parvenue aujourd’hui, grâce aux textes fondateurs judéo-chrétiens, sous le nom de « fille de Pharaon », celle qui recueillera le petit Moïse, nouveau-né sauvé des eaux et élevé par elle, jusqu’à ce que le jeune homme ne s'oriente vers une nouvelle forme de croyance, le monothéisme et ne se détourne des anciens dieux de son enfance, devenant par là l'une des figures fondatrices des futures civilisations judéo-chrétiennes et islamiques (il est ainsi considéré comme le premier prophète du judaïsme, présenté comme le personnage le plus important de la Torah et comme un prophète précédent Mahomet dans l'Islam).
    Sur cette terre mystérieuse, chaude et aride et en même temps immensément féconde grâce aux crues du Nil qui irriguent les champs et les prairies, Noam et Noura donnent naissance, par leur proximité qui évoque à la fois celle d’un frère et d’une sœur et celle de deux amants, à un mythe qui sera le ciment du panthéon égyptien pendant des siècles : Osiris et sa sœur Isis, nés de Geb et Nout et dont l’union est autant celle d’un frère et d’une sœur que celle d’un couple.
    Le troisième tome de La Traversée des Temps, après le Néolithique puis l’époque de la première civilisation mésopotamienne, où se développent agriculture et écriture, deux fondements de toutes les futures sociétés humaines, nous emmène à la rencontre d’une civilisation qui nous paraît un peu plus familière, tout en restant mystérieuse, foncièrement opaque et donc, fascinante. Cette Égypte des Pharaons nous parle sans nous parler, car nous assimilons finalement à quelques siècles ce qui s’est déroulé sur une immense période. Ainsi, l’Égypte de Méri-Ouser-Rê n’a rien à voir avec ce que sera l’Égypte de Cléopâtre, issue d’une dynastie grecque et dont la terre est en passe de tomber sous le contrôle de Rome. Ici, la culture égyptienne est à son apogée, toute-puissante et Memphis, sa capitale, en est un bon résumé. C’est dans cette ville, luxueuse et royale, où se côtoient cependant les plus grandes richesses et les plus pauvres misères, que Noam va passer de nombreuses années, se rapprochant de la princesse Néférou, privilégiée mais très seule, dont le sens de la vie se résumera à aimer un enfant qui n’est pas le sien et se détournera, une fois adulte, de l’éducation qu’on lui a donnée. C’est là aussi qu’il va rencontrer un alter ego de Noura, une autre femme digne d’être aimée et choyée par lui. Enfin, c’est là qu’il va retrouver son ennemi de toujours, Derek.
    En parallèle, comme depuis le premier tome, nous suivons Noam à notre époque : après le Liban, le voici en Suède puis aux États-Unis, toujours bien décidé à mettre son immortalité au service de l’humanité. Et pourtant, ce qu’il voit au fil du passage des siècles n’est pas pour le réjouir. L’extrême progrès qui caractérise l’humanité depuis le XIXème siècle, la prospérité insolente de l’Occident quand un « tiers-monde » continue de se débattre dans les affres d’une terrible pauvreté et d’un retard économique flagrants, s’accompagne malgré tout d’incertitudes et d’écueils terribles : l’éternelle et viscérale peur de la fin du monde a trouvé, de nos jours, une concrétisation parfaite dans la menace du réchauffement climatique qui se fait de plus en plus sentir et que l’on ne peut plus ignorer. Les guerres informatiques et le terrorisme menacent des sociétés qui semblent vaciller sur leurs bases. Enfin, si la richesse des états européens ou d’Amérique sont manifestes, elle s’accompagne pourtant d’une pauvreté croissante, d’une désillusion amère, d’un manque de perspectives et de foi en l’avenir.
    Et pourtant, toutes les époques que Noam traverse ou se prépare à traverser, sont marquées des mêmes contradictions, des mêmes incertitudes, des mêmes horreurs. Si le progrès n’a pas fait le bonheur de l’humanité, loin de là, force est de constater que les sociétés et civilisations plus anciennes ne sont des « eldorados » qu’a posteriori et que l'adage « c'était mieux avant » peut être parfois franchement biaisé.
    Peut-être parce que ce troisième volume nous emmène au cœur d’un pays dont l’histoire antique est très connue (qui ne s’est pas, au cours de sa vie passionné, un moment ou durablement, pour l’Égypte antique, ses Pharaons, ses momies et son panthéon de dieux aux têtes d’animaux ?), mais je suis entrée avec plus de facilité dans Soleil sombre que dans La porte du ciel, qui m’avait plu mais qui m’avait paru un peu moins facile d’accès au départ.
    C’est toujours un plaisir de retrouver Noam et Noura : Noam, c’est le Noé de la Bible, héros du Déluge, qui sauve l’humanité et les animaux en créant une immense arche sur laquelle les Hommes et un couple de chaque espèce connue embarquera, pour repeupler le monde après la catastrophe. Ici, c’est un homme de chair et de sang mais immortel et à la jeunesse éternelle, qui possède pourtant la sagesse des patriarches, de ceux qui ont beaucoup voyagé et beaucoup vécu. Noura est son pendant féminin, douée de la même faculté et dont le destin sans fin semble de se séparer de Noam pour mieux le retrouver, ici ou ailleurs.
    Encore une fois riche, érudit et bien documenté, ce roman est un plaisir pour qui aime l’Histoire et l’univers unique de Schmitt, qui m’avait déjà régalée il y a plusieurs années avec L’évangile selon Pilate ou encore La part de l’autre. Soleil sombre fait aussi vibrer la corde sensible de notre cœur humain, souvent touché par les évocations universelles : on se plaît à découvrir ces Égyptiens des temps anciens qui ne semblent pourtant pas si différents de nous et vivent et aiment comme nous, plusieurs siècles plus tard. Une saga qui tient ses promesses et que je découvre avec une impatience et un intérêt croissants, de livre en livre.

    En Bref :

    Les + : érudit, philosophique, universel, ce roman interroge profondément notre nature humaine et son évolution, positive comme négative. 
    Les - :
    aucun point négatif à soulever dans ce troisième tome. S'il n'est pas parfait, car la perfection n'existe pas, ce roman m'a captivée de bout en bout.


    La Traversée des Temps, tome 3, Soleil sombre ; Eric-Emmanuel Schmitt

       Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

    • Retrouvez ici mes chroniques sur les deux premiers tomes de La Traversée des Temps :

    - Paradis perdus

    - La Porte du Ciel


    votre commentaire
  • « Je le reconnaîtrais rien qu'au toucher, ou à son odeur, je le reconnaîtrais si j'étais aveugle, aux seuls bruits de sa respiration et de ses pas martelant le sol. Je le reconnaîtrais dans la mort, à la fin du monde. »

    Le Chant d%7Achille

     

     

     

         Publié en 2011 aux Etats-Unis

      En 2019 en France (pour la présente édition)

      Titre original : The Song of Achilles

      Éditions Pocket

      468 pages

     

     

     

     

     

    Résumé :

    Ce ne sont encore que des enfants : Patrocle est aussi chétif et maladroit qu'Achille est solaire, puissant, promis à la gloire des immortels. Mais, grandissant côte à côte, un lien se tisse entre ces deux êtres si dissemblables.
    Quand, à l'appel du roi Agamemnon, les jeunes princes se joignent au siège de Troie, la sagesse de l'un et la colère de l'autre pourraient bien faire dévier le cours de la guerre... Au risque de faire mentir l'Olympe et ses oracles.

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

    Depuis quelques années, les romans ayant pour thème la mythologie grecque ont le vent en poupe : Pat Barker avec sa saga sur les femmes de Troie (notamment Briséis), initiée avec Le silence des vaincues, qui a rencontré un beau succès. On peut aussi penser à L’obscure clarté de l’air de David Vann, mettant en scène Médée, femme bafouée et meurtrière de ses enfants.
    Et puis, il y a Madeline Miller : autrice américaine née à la fin des années 1970, elle a suivi des études d’art, de latin et de grec, qui l’ont menée naturellement vers la mythologie grecque. En 2011, sort aux États-Unis son roman le plus célèbre, Le chant d’Achille, suivi par Circé, réécriture quasi-féministe et très contemporaine du mythe de la sorcière solitaire, qui transforma les compagnons d’Ulysse en pourceaux dans L’Odyssée.
    Dans Le Chant d’Achille, la romancière reprend à son compte un autre épisode raconté par Homère, cette fois dans L’Iliade : c’est la guerre de Troie, qui oppose d’un côté la cité du roi Priam, dont le fils puîné, le beau mais vain Pâris, s’est rendu coupable de rapt sur la personne de la reine de Sparte, la belle Hélène et de l’autre, les armées achéennes, autrement dit, grecques. Parmi eux, une figure se démarque : il n’est pas le plus célèbre, ni le plus expérimenté et pourtant, il parvient à se hisser au-dessus de chacun, même le rusé Ulysse, même le courageux Ajax. Achille a pour lui son essence divine et le soutien sans faille de sa mère, la néréide Thétis. Fils du roi de Phtie, destiné depuis son plus jeune âge à devenir un guerrier et le meilleur des Grecs (« Aristos Achaion »), Achille connaît pourtant la prophétie funeste le concernant, énoncée par les Dieux. Et si la guerre de Troie va être le moyen pour lui de forger sa légende, elle est aussi le début de la fin.
    Dans l’ombre d’Achille évolue un personnage en apparence plus terne : moins guerrier, moins talentueux, moins charismatique. Et pourtant, c’est lui que Madeline Miller va choisir comme figure centrale de son roman ; certes, il s’intitule Le chant d’Achille mais l’ascension de ce dernier est racontée par le fidèle compagnon, Patrocle. Patrocle, dont la mort sur le champ de bataille de Troie entraînera le chagrin incommensurable d’Achille et la mort d’Hector. Fils de Ménétios le roi d’Oponte, Patrocle est envoyé très jeune auprès du roi de Phtie, Pélée, le père d’Achille. Là-bas, le jeune garçon, timide et peu sûr de lui, marqué par l’exil de sa terre natale, se lie d’amitié avec le fils du roi, qui a le même âge que lui mais est déjà doté d’une aura digne d’une divinité. Formés conjointement par le sage centaure Chiron, de plus en plus proches, Achille et Patrocle vont développer une relation étroite d’amitié amoureuse – dans L’Iliade, ils sont d’ailleurs présentés par Homère comme amants, ce que Madeline Miller reprend à son compte.

    Photographie d'un détail d'un bas-relief en pierre. Achille est représenté comme un jeune homme imberbe aux cheveux ondulés et mi-longs. Il est debout, tourné vers la droite. Il est nu, à l'exception d'un tissu drapé qui passe sur son épaule gauche et dissimule en partie son bras gauche, mais passe dans son dos en laissant voir son torse et son sexe, avant de revenir par-dessus sa cuisse droite. Achille porte une épée rangée dans un fourreau accroché en bandoulière autour de son épaule gauche. Achille regarde vers la droite et lève la main gauche avec laquelle il tient un grand bouclier rond. Le bas des jambes d'Achille et son bras droit sont hors du cadre de la photo. Derrière Achille, on entrevoit en haut des chapiteaux de colonnes corinthiennes à motifs floraux, et, en bas, des draperies.

    Achille chez Lycomède (bas-relief ornant un sarcophage athénien, IIIème siècle de notre ère)


    C’est donc une très belle histoire de fraternité mais aussi d’amour qui est racontée dans ce roman. La relation forte de deux personnages totalement éloignés l’un de l’autre mais qui se complètent, s’aiment et se soutiennent jusqu’au bout, dans les bons comme dans les pires moments.
    Étrangement, alors que Le Chant d’Achille est plus orienté vers les humains que Circé (malgré, évidemment, une dose de fantastique et de mythologie bien présente), j’ai été plus emballée par ce dernier. Mon esprit cartésien avait pas mal souffert au début de cette lecture mais j’avais fini par me laisser emporter totalement et le personnage de Circé, dont l’humanité souvent, supplantait la divinité et dont l’autrice avait su donner avec brio et subtilité un aspect féministe plutôt réussi, m’avait beaucoup plu.
    J’ai aussi beaucoup aimé Le Chant d’Achille mais j’ai trouvé qu’il y avait plus de longueurs, des moments de temps morts peut-être plus présents. Pour autant, c’est toujours aussi bien écrit, toujours aussi maîtrisé, avec une plume subtile et une grande originalité. Madeline Miller réussit la prouesse de redonner une voix et une véritable densité à des personnages qui n’ont jamais existé autrement que dans l’un des textes fondateurs de la littérature et de la civilisation occidentales mais qui n’ont jamais paru plus humains et plus palpables.
    Achille et Patrocle forment un duo intéressant et il était tout aussi intéressant de donner une voix à celui que l’on n’attend pas : alors qu’Achille capte la lumière, les honneurs et l’admiration, Patrocle semble plus terne au premier abord, traînant après lui un passé peu glorieux, un exil de sa terre natale qui lui pèse, une inaptitude à la guerre ce qui, dans la société des Grecs, est plus qu’une tare ; c’est irréparable. Et pourtant, Patrocle est l’incarnation même de la fidélité, du soutien indéfectible, de l’amour le plus puissant, qui peut pousser à toutes les audaces et à repousser toutes les limites.
    Tout au long du roman, on a le sentiment de voir les héros courir à leur perte : parce que, si on connaît un minimum l’histoire de la guerre de Troie, on sait qu’elle se terminera mal pour tous les deux. Achille assistera sur le champ de bataille à la mort de son ami et amant, Patrocle, qu’il va venger en assassinant sauvagement le valeureux Hector, traînant son cadavre derrière son char jeté au galop. Provoquant la colère du dieu Apollon, protecteur de la cité troyenne, celui-ci orientera une flèche de Pâris afin qu’elle atteigne mortellement Achille, accomplissant alors la prophétie de la propre mère du héros, Thétis. Les belles années d’apprentissage de l’adolescence, passée dans le cocon protecteur du mont Pélion, laissent bientôt place à une période trouble et belliqueuse, où l’âge adulte se forge dans la douleur, l’incertitude et, en même temps, la terrible – et humaine – envie de croire que tout n’est pas écrit et que même les prophéties divines peuvent se tromper.
    Ce roman confirme le talent de Madeline Miller et sa bonne connaissance du sujet, qui donne ainsi à ses récits une solidité toute académique, mais pas conventionnelle pour autant. C’est équilibré, dense sans être lourd, certes un peu longuet par moments comme je l’ai souligné plus haut mais pas rédhibitoire non plus. Bref, c’était une lecture très agréable et qui me donne maintenant envie de lire les autres romans de l’autrice, à commencer par Galatée, qui est sorti récemment aux États-Unis, mais il faudra prendre un peu son mal en patience avant de le voir traduit en VF.

    Gobelet d'Oltos ; la mort de Patrocle, attique à figures rouges, de Vulci (Italie), vers 510 av. J.-C., Altes Museum Berlin

    Scène du gobelet d'Oltos, représentant la mort de Patrocle (vers 510 av. J-C)

    En Bref :

    Les + : la description de la guerre de Troie m'a donné l'impression d'être dans un véritable péplum, avec des personnages pleins de consistance.
    Les - :
     quelques longueurs qui cassent un peu le rythme en milieu de roman. 


     Le chant d'Achille ; Madeline Miller

    Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle

     

    • Découvrez mon avis sur Circé, lu l'année dernière dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge

     


    votre commentaire
  • « Le Whistle Stop Café était le foyer de tous ceux qui n'en avaient pas, c'était là qu'on se retrouvait tous, c'était là qu'était la vie. »

    Couverture Whistle Stop Café, tome 1 : Beignets de tomates vertes

     

     

         Publié en 1987 aux États-Unis

      En 2022 en France (pour la présente édition)

      Titre original : Fried Green Tomatoes at the          Whistle Stop Café 

      Éditions J'ai Lu

      480 pages 

      Premier tome de la saga Whistle Stop Café

     

     

     

    Résumé :

    Dans le sud profond des Etats-Unis, en Alabama, un café, le Whistle Stop, au bord d'une voie ferrée...

    Nous sommes dans les années 1980. Ninny, fringante octogénaire, se souvient des incroyables histoires de la petite ville où elle vit toujours et les raconte à Evelyn, une femme au foyer à l'existence monotone, qui vient lui tenir compagnie. 

    Grâce à l'adorable vieille dame et à ses récits chaleureux et enlevés, Evelyn, qui vit très mal l'approche de la cinquantaine, va peu à peu s'affirmer et reprendre goût à la vie. 

    Une chronique nostalgique, tendre et vibrante, pleine de saveur et d'humour. L'histoire d'une amitié entre deux femmes qu'une génération sépare. Un roman culte. 

    Ma Note : ★★★★★★★★★★

    Mon Avis :

     En commençant ce roman, classique contemporain (oui, c’est un peu paradoxal mais c’est effectivement ce qu’est ce roman, paru en 1987 : un véritable classique) de la littérature américaine, je ne m’attendais pas à grand-chose. J’y suis allée sans aucun a priori, ni positif ni négatif, ni aucune attente. A la lecture du résumé, je m’attendais à quelque chose entre Les Suprêmes d’Edward Kelsey Moore et Harper Lee. Et j’ai retrouvé aussi un petit peu, dans l’ambiance, le Peyton Place de Grace Metallious qui était aussi la chronique d'une bourgade de l'Amérique rurale dans les années 1940 et l’univers doux et gourmand du roman Petites recettes du bonheur pour les temps difficiles, de Susan Hayes et Loretta Nyhan.
    Laissez-moi vous replacer dans le contexte : dans les années 1980, à Birmingham en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer accompagne son époux à la maison de retraite de Rose Terrace afin de rendre visite à sa belle-mère. Elle y rencontre Ninny Threadgoode, une pétulante vieille dame un peu seule, qui se prend d’amitié pour Evelyn et finit par lui raconter tout ce qui s’est passé dans la ville où elle a passé sa jeunesse : Whistle Stop. Evelyn, qui voit approcher la cinquantaine avec terreur et se retourne avec amertume sur sa vie qu’elle estime gâchée, s’attache elle aussi à Ninny et trouve, dans les récits nostalgiques de la vieille dame, un dérivatif à sa propre détresse.
    Roman choral (et c'est peu de le dire) et étrangement construit tout à la fois, Beignets de tomates vertes nous fait découvrir l’Amérique profonde et rurale du sud, au début du XXème siècle. Dans la petite bourgade de Whistle Stop, la vie s’organise autour de son café, tenu par Idgie Threadgoode et Ruth Jamison. Ainsi, grâce à des chapitres très courts (qui prennent parfois l’aspect d’une chronique de la ville de Whistle Stop, rédigée par la postière et j’ai vraiment beaucoup aimé cela) et qui nous font naviguer d’une époque à l’autre (sans aucune logique pourrait-on dire, parce qu’on peut passer des années 1950 pour revenir aux années 1920 et repartir dans les années 1970), nous découvrons la vie des habitants de Whistle Stop. S’il est parfois difficile de s’y retrouver au milieu de cette myriade de personnages (sur lesquels l'autrice ne prend pas le temps de s'appesantir, il faut vraiment que vous vous concentriez bien sur votre lecture pour comprendre au fur et à mesure de la lecture qui est qui et les liens qui s'établissent entre les différents personnages) et de cette chronologie parfois un peu fantaisiste (d’ailleurs je l’ai trouvée parfois un peu confuse, c’est le seul bémol que je peux soulever concernant ce roman), malgré tout le plaisir de lecture est au rendez-vous et assez évident. J’ai beaucoup aimé la plume de Fannie Flagg, même si je la découvre au travers d’une traduction : par exemple, j’ai beaucoup aimé l’humour de Ninny et le langage assez vert des habitants de Whistle Stop qui m’a souvent fait sourire.

    https://img.nrj.fr/K4w2Sc-BDXBZGP7sFD9DNU4wqy4=/1900x1200/http%3A%2F%2Fmedia.nrj.fr%2F1900x1200%2F2016%2F09%2Fbeignets-de-tomates-vertes_2985.jpg

    En 1991, le roman est adapté au cinéma par Jon Avnet : les actrices Kathy Bates et Jessica Tandy, au premier plan, incarnent respectivement Evelyn Couch et Ninny Threadgoode


    Beignets de tomates vertes est un roman d’une étonnante modernité : il est vrai que, même s’il raconte à merveille la première moitié du XXème siècle, le roman n’a qu’un peu plus de trente ans. Mais quand même : la question du racisme aux États-Unis et notamment dans les anciens états de la Confédération, dont fait partie l’Alabama, connu pour son passé esclavagiste, place de la population noire dans la société, féminisme et homosexualité y tiennent une place de choix et je dois dire que j’ai beaucoup aimé que tous ses sujets, qui restent encore aujourd’hui sensibles, soient abordés avec tant de naturel dans le roman.
    J’ai frôlé le coup de cœur parce que ce roman d'une originalité détonante m'a paru aussi d'une étonnante fraîcheur : j'ai eu l'impression de ne jamais avoir rien lu de pareil . Comme je le soulève un peu plus haut, j’ai été un peu gênée par la chronologie parfois un peu confuse (j’avoue que les dates, parfois, ne semblaient pas forcément correspondre aux âges des personnages et moi qui accorde quand même pas mal d’importance aux bornes chronologiques dans mes lectures, je dois avouer que cela m’a parfois un peu perturbée) et je crois que c’est ce qui m’a empêchée d’apprécier pleinement cette lecture, qui malgré tout, a été une très belle et très agréable surprise, d’autant plus savoureuse qu’elle était inattendue. Honnêtement, je ne pensais pas aimer autant Beignets de tomates vertes, que j’ai lu en quelques jours. Oui, vraiment c’était bien : non seulement la forme du roman est originale, mais la teneur du récit, malgré son apparence un peu décousue et la plume de l’autrice sont aussi vraiment dignes d’intérêt. Quant aux sujets qui y sont abordés, ils sont d'intérêt public et malheureusement, encore d'actualité aujourd'hui, que ce soit la question raciale ou bien les droits des femmes (et ce roman peut résonner aujourd'hui au regard de l'actualité aux Etats-Unis après Black lives matter ou la révocation de l'amendement Roe vs. Wade en juin dernier).
    En tous les cas, j’ai déjà hâte de lire le deuxième tome et de revenir à Whistle Stop !

    En Bref :


    Whistle Stop café, tome 1, Beignets de tomates vertes ; Fannie Flagg

     Mémoires de la baronne d'Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789 ; Henriette Louise de Waldner de Freundstein, baronne d'Oberkirch LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique