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Romans Historiques
SOMMAIRE ROMANS HISTORIQUES
- A -
Ashford Lindsay, La Dame de l'Orient-Express
Audouard Antoine, Adieu mon Unique
- B -
Baker Jo, Une saison à Longbourn
Barthel Jocelyne, Mademoiselle de Pâquelin
Benzoni Juliette, Ces Femmes du Grand Siècle
Benzoni Juliette, De Deux Roses l'Une
Benzoni Juliette, La Florentine, Intégrale, t1 : Fiora et la Vengeance
Benzoni Juliette, La Florentine, Intégrale, t2 : Fiora et l'Amour
Benzoni Juliette, La Guerre des Duchesses, t1 : La Fille du Condamné
Benzoni Juliette, La Guerre des Duchesses, t2 : Princesse des Vandales
Benzoni Juliette, La Petite Peste et le Chat Botté
Benzoni Juliette, Les Chevaliers Intégrale
Benzoni, Un Aussi Long Chemin
Berest Claire et Anne, Gabriële
Berest Claire, Rien n'est Noir
Bourassa Marie, Le Maître des Peines, t1 : Le Jardin d'Adélie
Bourassa Marie, Le Maître des Peines, t2 : Le Mariage de la Licorne
Bourassa Marie, Le Maître des Peines, t3 : Le Salut du Corbeau
Bourdon Françoise, Le Maître Ardoisier
Bourdon Françoise, Les Tisserands de la Licorne
Boysson (de) Emmanuelle, Le Temps des Femmes, t1 : Le Salon d'Emilie
Boysson (de) Emmanuelle, Le Temps des Femmes, t2 : La Revanche de Blanche
Boysson (de) Emmanuelle, Le Temps des Femmes, t3 : Oublier Marquise
Broca (de) Alexandra, Monsieur mon Amour
Brussolo Serge, Marion des Pierres, t1 : Pèlerins des Ténèbres
Brussolo Serge, Marion des Pierres, t2 : La Captive de l'Hiver
- C -
Caillé-Bastide Virginie, Le Sans Dieu
Calmel Mireille, La Marquise
Calmel Mireille, Les Lionnes de Venise, t1
Carolis (de) Patrick, Letizia R. Bonaparte : dans l'intimité de la mère de Napoléon
Chandernagor Françoise, L'Enfant des Lumières
Charréard Alex, Philis : une Héroïne, une Femme
Chauveau Sophie, Fragonard, l'Invention du Bonheur
Chauveau Sophie, Le Siècle de Florence, t2 : Le Rêve Botticelli
Chauveau Sophie, Le Siècle de Florence, t3 : L'Obsession Vinci
Chevalier Tracy, A l'Orée du Verger
Chevalier Tracy, La Dernière Fugitive
Chouraqui Véronique, D'un Rouge Incomparable
Cilento Antonella, Lisario ou le Plaisir Infini des Femmes
Contrucci Jean, La Vengeance du Roi-Soleil
- D -
Dédéyan Marina, De Tempête et d'Espoir, t1 : Saint-Malo
Dédéyan Marina, De Tempête et d'Espoir, t2 : Pondichéry
Dédéyan Marina, Moi, Constance, Princesse d'Antioche
Deschamps Fanny, La Bougainvillée, t1 : Le Jardin du Roi
Deschamps Fanny, La Bougainville, t2 : Quatre-Épices
Desprat Jean-Paul, Les Couleurs du Feu, t3 : Rouge de Paris
Desprat Jean-Paul, Les Princesses Assassines
Di Fulvio Luca, Le Gang des Rêves
Diwo Jean, Demoiselles des Lumières
Duchêne Jacqueline, La Dame de Vaugirard
Duchêne Jacqueline, La Femme du Roi-Soleil
Duchêne Jacqueline, Madame l’Étrangère
Dufaux Jean et Delaby Philippe, Murena, t1 : La Pourpre et l'Or (BD)
Dufaux Jean et Delaby Philippe, Murena, t2 : De Sable et de Sang (BD)
Dupuy Marie-Bernadette, Angélina, t1 : Les Mains de la Vie
Dupuy Marie-Bernadette, Angélina, t2 : Le Temps des Délivrances
Dupuy Marie-Bernadette, Les Enfants du Pas du Loup
- E -
Ebershoff David, Danish Girl
- F -
Fajardie Frédéric H., La Lanterne des Morts
Fellowes Julian, Belgravia
Fernandez Dominique, La Course à l'Abîme
Fischer Elise, Mystérieuse Manon
Ford Mackenzie, Un Amour Dérobé
Fraser Emma, Quand soufflera le Vent de l'Aube
Frydman Sarah, La Saga des Médicis, t1 : Contessina
Frydman Sarah, La Saga des Médicis, t2 : Le Lys de Florence
Frydman Sarah, La Saga des Médicis, t3 : Lorenzo ou la Fin des Médicis
- G -
Glasfurd Guinevere, Les Mots entre mes Mains
Grèce (de) Michel, Le Rajah Bourbon
Grèce (de) Michel, Le Vol du Régent
Gregory Philippa, La Dernière Reine
Gregory Philippa, La Princesse Blanche
Gregory Philippa, La Reine Clandestine
Grissom Kathleen, La Colline aux Esclaves
Grissom Kathleen, Les Larmes de la Liberté
Grondin Nicolas, L’Énigme de la Diane, t1 : De l'Iroise aux Caraïbes
Grondin Nicolas, L’Énigme de la Diane, t2 : Des Antilles aux Mascareignes
Gyasi Yaa, No Home
- H -
Hermary-Vieille Catherine, La Bourbonnaise
Hermary-Vieille Catherine, Le Rivage des Adieux
Hope Anna, Le Chagrin des Vivants
Hug Nathalie, 1, Rue des Petits-Pas
- I -
- J -
Janzing Jolien, Audrey et Anne
- K -
Keane Mary Beth, La Cuisinière
Kertanguy (de) Inès, Les Héritiers de Kervalon
Khadra Yasmina, Ce que le Jour doit à la Nuit
- L -
Lapierre Alexandra, Je te vois Reine des Quatre Parties du Monde
Le Nabour Eric, Retour à Tinténiac
Lenormand Frédéric, Mademoiselle Chon du Barry ou les Surprises du Destin
Lesage Mireille, Les Ailes du Matin, t1
Lesage Mireille, Les Ailes du Matin, t2
Leyshon Nell, La Couleur du Lait
Lyndon Robert, La Quête
- M -
Marchal Eric, La Part de l'Aube
Marchal Eric, Le Soleil sous la Soie
Marcus Mary, Le Refuge des Souvenirs
Mansiet-Berthaud Madeleine, Les Nuits Blanches de Léna
Mantel Hilary, Le Conseiller, t1 : Dans l'Ombre des Tudors
Mantel Hilary, Le Conseiller, t2 : Le Pouvoir
Mazetti Katarina, Le Viking qui voulait épouser la Fille de Soie
Michelet Claude, Des Grives aux Loups, t1
Michelet Claude, Des Grives aux Loups, t2 : les Palombes ne passeront plus
Montaldi Valeria, La Rebelle : Femme médecin au Moyen Âge
Moore Viviane, La Saga de Tancrède le Normand (Intégrale des trois premiers tomes)
Morell Léon, Le Ciel de la Chapelle Sixtine
Mutch Barbara, Une chanson pour Ada
- N -
Noblet Maryvonne, Médiévales
Nohant Gaëlle, La Part des Flammes
- O -
- P -
Perez Chiara, Les Deux Orphelines
Perri Audrey, Une Bonne Âme
Pesnot Patrick, La Rose et le Bourreau
Peyramaure Michel, Le Roman de Catherine de Médicis
Poole Sara, Francesca, empoisonneuse à la Cour des Borgia, t1
Poole Sara, Francesca, empoisonneuse à la Cour des Borgia, t2 : La Trahison des Borgia
Poole Sara, Francesca, empoisonneuse à la Cour des Borgia, t3 : Maîtresse de Borgia
- Q -
Quinn Kate, Borgia, t1 : Le Serpent et la Perle
Quinn Kate, Rome t2 : L'Impératrice des Sept Collines
Quinn Kate, Rome t3 : Les Héritières de Rome
- R -
Renucci Clélia, Concours pour le Paradis
Révay Theresa, L'Autre Rive du Bosphore
Rindell Suzanne, Fascinante Odalie
- S -
Sauvage-Avit Jeanne-Marie, Perline, Clémence, Lucille et les autres...
Schackis Jean-Pierre, Amitiés rouge Sang - Le Sang des Âmes
Signol Christian, Ce que Vivent les Hommes, t1 : Les Noëls Blancs
Signol Christian, Ce que Vivent les Hommes, t2 : Les Printemps de ce Monde
Simonson Helen, L’Été avant la Guerre
Solomons Natasha, Le Manoir de Tyneford
Spitzer Sébastien, Ces Rêves qu'on Piétine
- T -
Troyat Henri, Les Semailles et les Moissons, Intégrale
- U -
- V -
Vlérick Colette, L'Herbe à la Reine
- W -
Willocks Tim, Trilogie Tannhauser, t1 : La Religion
Willocks Tim, Trilogie Tannhauser, t2 : Les Douze Enfants de Paris
Wood Barbara, Inavouable Héritage
Wood Barbara, La Fille du Loup
Wood Barbara, Séléné
- X -
- Y -
Young Robyn, Les Maîtres d'Ecosse, t1 : Avènement
Young Robyn, Les Maîtres d'Ecosse, t2 : Renégat
Yvert Sylvie, Mousseline la Sérieuse
- Z -
Zusak Marcus, La Voleuse de Livres
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Par ALittleBit le 6 Mai 2022 à 17:55
« C’est un miracle, toute cette beauté qui émerge après tant d’épreuves. »
Publié en 2016 aux États-Unis
En 2019 en France (pour la présente édition)
Titre original : Lilac Girls
Éditions Pocket
672 pages
Résumé :
Septembre 1939. Les hordes nazies déferlent sur la Pologne. Commence alors, pour trois femmes que tout oppose, un terrible et rigoureux hiver...
Il y a Caroline, l'ancienne actrice américaine qui vit dans l'opulence, mais dont la guerre en Europe va bouleverser le quotidien...Kasia, cette jeune Polonaise qui entre en Résistance, au péril de sa vie et de celle des siens. Et Herta, que son ambition dévorante jettera parmi les monstres - au point de s'y conformer.
Toutes trois l'ignorent encore, mais elles ont rendez-vous, au plus noir de l'hiver : au camp de Ravensbrück...
Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer l'Histoire, à travers la quête de l'amour, de la liberté et des secondes chances.Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Septembre 1939 : l’Europe et le monde vivent leurs dernières heures d’insouciance avant que n’éclate la guerre. La Seconde guerre mondiale, violente et idéologique, va se déchaîner pendant de nombreuses années, anéantissant de nombreux destins.
Caroline, Kasia et Herta n’ont rien en commun… ce sont trois femmes aux parcours et trajectoires bien différents, qui n’auraient jamais dû se rencontrer. La première est une ancienne actrice américaine, qui vit plus que confortablement, dans le luxe et la frénésie de New York. Pourtant, Caroline n’est pas une énième « pauvre petite fille riche », elle donne aussi beaucoup de son temps pour le consulat français aux États-Unis et fait une véritable œuvre de philanthrope, comme sa mère avant elle, venant notamment en aide aux orphelins français.
Kasia elle, est une jeune Polonaise sans histoires, qui vit à Lublin avec sa famille quand la Pologne est envahie et démembrée par le Reich au début du mois de septembre 1939. Dans le sillage de son ami Pietrik, la jeune fille entre dans la résistance polonaise. Elle le paiera durement, en étant internée pendant plusieurs années à Ravensbrück.
Quant à Herta, c’est une Allemande comme les autres en cette fin des années 1930, ni fanatisée ni résistante. Elle est pour le Reich et estime que Hitler est le sauveur de l’Allemagne. Pourtant, c’est un secret bien plus intime qui va la pousser à répondre à une annonce pour devenir médecin dans un camp de redressement féminin basé près de Fürstenberg : le sinistre camp de Ravensbrück, où elle croisera le chemin de Kasia, de la sœur de celle-ci, Zuzanna et de bien d’autres Polonaises qui seront utilisées par les médecins nazis comme des animaux de laboratoire afin d’effectuer des tests qui, pour certaines, les laisseront gravement mutilées voire handicapées.
Ces trois femmes deviennent sous la plume de Martha Hall Kelly des héroïnes de roman et pourtant, deux d’entre eux ont existé : Caroline Ferriday est un personnage authentique tout comme Herta Oberheuser, née en 1911 et qui fut la seule femme médecin condamnée à Nuremberg en 1947.
Pour avoir lu avant celui-ci Un parfum de rose et d’oubli (qui chronologiquement lui est antérieur mais est le second tome de la trilogie…vous suivez ?), je n’ai pas été dépaysée parce que j’ai retrouvé le même schéma : un conflit mondial en toile de fond et trois femmes aux parcours de vie totalement opposés qui deviennent les héroïnes de l’histoire – et Caroline succède à sa mère puisque dans Un parfum de rose et d’oubli c’est Eliza Ferriday que l’on suit.
Mais je dois avouer que j’ai été bien plus emballée par Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux. Je l’ai dévoré et j’ai même frôlé le coup de cœur, c’est dire ! La fin m’a moins emballée, à cause de longueurs et quelques passages superflus et c’est pour cette raison que je suis passée un peu à côté de ce coup de cœur qui se profilait, malgré l’aspect très dur du roman. Basé sur des faits réels, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux nous immerge complètement dans le quotidien du camp féminin de Ravensbrück, seul camp uniquement réservé aux femmes et qui accueillit notamment de nombreuses détenues politiques. Le camp fonctionna de mai 1939 à avril 1945. On estime le nombre de morts entre 70 000 et 90 000 personnes en un peu moins de six ans. A partir de l’été 1942, des expérimentations médicales furent menées sur environ 86 détenues, dont 74 polonaises : Martha Hall Kelly s’est inspirée de deux détenues de Ravensbrück, Nina Iwanska et sa sœur médecin Krystyna, pour créer les personnages de Kasia et Zuzanna. Dans le roman, les deux sœurs deviennent l’objet de terribles expérimentations menées par les nazis, qui opèrent les femmes avant d’injecter dans leurs plaies des germes et souches bactériennes. Celles qui survivent gardent de lourdes séquelles et des douleurs chroniques – même si certaines auront la chance, dans les années 1950, d’aller jusqu’aux États-Unis pour y recevoir une chirurgie réparatrice. D’autres mourront au camp de ces expérimentations.
C’est dur, c’est bouleversant. Parfois, on a la gorge qui se serre et même parfois un peu la nausée, parce que ce que raconte Martha Hall Kelly est tellement réel, tellement bien décrit : la peur quotidienne, l’incertitude permanente sur son sort ou celui de ses proches, la violence des gardiennes, la saleté, la faim. On plonge littéralement tête la première dans l’enfer et le marasme du camp, au milieu des prisonnières. Mais il est intéressant aussi d’y suivre Herta, qui arrive à Ravensbrück au départ sans aucune volonté de tuer ou de faire le mal, même si elle ne partage pas la réticence de certains pour le régime nazi et estime même qu’il est le salut de l’Allemagne. L’auteure raconte donc les mécanismes insidieux du mal, qui s’instille en vous, de manière irrémédiable via l’endoctrinement.
Vous l’aurez compris, Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux est un roman historique des plus réussis et qui m’a beaucoup plu. Agréablement surprise car j’avais peur en démarrant ma lecture, d’un récit éprouvant. Alors certes il l’est, mais pas insoutenable non plus. Je ne peux que vous recommander ce roman si vous aimez les sagas familiales, les histoires de femmes, sur fond historique. Sans aucun doute vous serez séduits.En Bref :
Les + : un récit efficace et bien mené, rythmé, intéressant, qui met en scène des personnages tous différents mais qui apporte chacun quelque chose à l'intrigue. Une saga familiale et féminine sur fond de Seconde guerre mondiale qui séduira les amateurs du genre.
Les - : quelques longueurs et passages superflus à la fin, dommage.
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Par ALittleBit le 28 Avril 2022 à 10:04
« Je devais apprendre à vivre avec ça. Apprendre que ce sont nos absents qui nous constituent, qui nous font ce que nous sommes, autant que nos vivants. »
Publié en 2021
Editions Pocket
384 pages
Troisième tome de la saga Les Déracinés
Résumé :
Chaque jour, Ruth se félicite d'avoir écoute sa petite voix intérieure : c'est bien en République dominicaine qu'il lui fallait poser ses valises. Chez elle. Il suffit de regarder sa fille Gaya pour en être sûre. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie, loin des bouleversements de son époque : guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, chute de Salvador Allende...Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, revient à Sosùa dans des conditions douloureuse...
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Chaque jour, Ruth se félicite d’avoir pris la décision de revenir chez elle, en République dominicaine. Auprès des siens, à Sosùa, elle élève sa petite fille, Gaya, au milieu d’un environnement aimant et paradisiaque, même si la République dominicaine des années 1960 est une dictature qui ne dit pas son nom. Pour les Rosenheck, qui ont dû quitter l’Autriche annexée par les nazis, pour Ruth qui est née sur l’île, ce pays fait partie d’eux et a été un havre, le seul qui s’ouvrait à eux au moment de leur fuite éperdue.
Car Ruth est la fille d’Almah et Wil Rosenheck, juifs autrichiens qui ont dû fuir leur pays après l’Anschluss et les lois antisémites. Les « déracinés », qui ont donné leur titre à la saga, ce sont eux, les parents, qui ont fui pour sauver leur peau et en espérant donner un avenir à leur premier-né, le petit Frederick. Ironiquement, c’est l’un des pires dictateurs des Caraïbes, Trujillo qui, au moment de de la Seconde Guerre Mondiale, ouvrira son pays aux immigrés juifs fuyant l’Europe. Pas par pur altruisme, car c’est moyennant finance que Trujillo accepte d’ouvrir ses frontières aux Juifs qui fuient l’Europe à feu et à sang. Paradoxe aussi que cet homme qui n’a pas hésité, au cours de son « mandat », à faire massacrer des milliers d’immigrés haïtiens et qui est particulièrement raciste, notamment envers les populations noires.
Et pourtant, pour Wil, Almah, d’autres immigrés et plus tard leurs enfants, la République dominicaine devient leur nouvelle demeure, leur nouvelle patrie. Et Ruth, qui a fait ses études à New York, a senti le besoin d’y revenir et d’y élever sa fille, car bien qu’autrichienne par le sang, parlant l’allemand et l’anglais, elle est aussi dominicaine par le sol et s’y sent en sécurité, à sa place.
En cette fin des années 1960, Ruth va sur ses trente ans. Elle est une jeune mère, entretient toujours une amitié privilégiée avec Arturo Soteras qui lui, a fait le choix de rester aux États-Unis, où la vie plus libre, moins traditionnelle, lui convient mieux. Elle va aussi rencontrer, par le plus grand des hasards, le grand amour et construire une véritable vie de famille avec lui. Surtout, elle continue de grandir et de s’épanouir sur sa propre terre et s’émerveille aussi de voir sa petite Gaya appartenir un peu plus chaque jour à cette terre qu’elle aime tant, comme sa propre mère Almah qui, malgré ses origines européennes, son appartenance à la communauté juive et donc, assez instinctivement à Israël, ne quitterait Sosùa pour rien au monde.
Retrouver Almah, Ruth, Gaya et tous les autres, c’est comme retrouver des amis perdus de vue ou sa propre famille. On se sent bien dans la petite communauté de Sosùa, au milieu de ces personnages pas forcément liés par le sang mais qui ont su, au fil des ans, tisser des liens indestructibles. Cette petite histoire se déroule avec comme toile de fond les convulsions de la grande Histoire : la guerre des Six Jours, l’opposition violente entre Israël et Palestine, l’émergence du mouvement hippie aux Etats-Unis, mais aussi la guerre du Vietnam, l’assassinat de Martin Luther King, les prémices de la démocratie en République dominicaine à la fin des années 1970…
Inutile de dire que j’ai dévoré ce roman. C’était comme un petit bonbon, un petit bijou de douceur, malgré des sujets plus graves ou plus tristes. Catherine Bardon a vraiment le don de me toucher au cœur, je ne sais pas pourquoi… Par ma propre histoire, je ne peux pas m’identifier aux personnages des Déracinés et pourtant, les questionnements, les sujets soulevés dans cette saga, au-delà des histoires personnelles et individuelles, sont relativement universaux et même si on ne les connaît pas vraiment, on peut s’identifier, on peut comprendre. Je suis toujours émue par la manière très humaine qu’a l’auteure de traiter ses personnages, d’analyser leurs sentiments les plus profonds.
Et la vie reprit son cours est le troisième tome de cette saga qui en compte quatre. On avance de plus en plus dans le temps, vers notre époque, qui sera celle de la vieillesse pour la génération de Ruth, de la maturité pour celle de Gaya, née dans les années 1960… il y a évidemment beaucoup de nostalgie dans ce roman, le souvenir des disparus, des générations qui se bousculent. Les jeunes gens des Déracinés, qui quittent leur pays sans rien, alors qu’une guerre d’une terrible violence se profile, parfois traînant après eux des drames personnels (c’est le cas d’Almah et Wil, qui laissent derrière eux leurs parents, leurs familles), sont maintenant des gens âgés. Certains, comme Almah, ont réussi à retrouver une stabilité, malgré l’horreur du départ, malgré les coups durs et les déceptions…d’autres seront marqués à jamais. Dans la génération suivante aussi, il y a ceux, comme Ruth, comme son frère, comme la plupart de leurs amis, qui ont réussi à construire leur vie. Et puis il y a ceux comme l’amie d’enfance de Ruth, Lizzie, qui n’ont pas réussi à faire face ni à surmonter le drame fondateur de leur existence.
Ce roman aborde beaucoup de sujets divers : l’appartenance à un pays, à une terre, à une culture mais aussi la difficulté de ces générations confrontées à l’indicible et à l’horreur, les liens familiaux, filiaux, amicaux… les personnages se succèdent ici dans une joyeuse sarabande qui se teinte parfois d’un peu de tristesse ou de mélancolie mais on vibre toujours à l’unisson avec eux, on rit ou on pleure avec eux.
Et la vie reprit son cours était trop court, justement, c’est peut-être le seul reproche que je pourrais lui faire : les chapitres se succèdent vite, trop vite peut-être. Un peu plus de développement aurait pu être chouette à mon sens, pour autant, on ne voit pas le temps passer, on s’immerge dans cette lecture avec délectation, comme dans les eaux chaudes des lagons dominicains. J’ai voyagé avec Ruth, ces deux jours de lecture ont été une véritable parenthèse enchantée et exotique, dans cet univers que je suis déjà triste, par anticipation, de quitter.
Ce troisième volume nous confirme le talent de l’auteure et le fait que Les Déracinés, grande saga familiale et historique, a tous les atouts pour devenir une saga culte. A lire et à relire si vous aimez les petites histoires dans la grande et les destins authentiques, décrits sans fioritures mais avec sincérité.En Bref :
Les + : l'impression de retrouver de vieux amis ou des cousins perdus de vue de longue date. On se sent bien à Sosùa en compagnie des Rosenheck et de toute leur grande tribu. Je ne sais pas pourquoi mais cette saga me touche à chaque fois en plein cœur. Encore beaucoup d'émotions à la lecture de ce troisième tome...
Les - : des chapitres peut-être un peu courts, qui auraient mérité un peu de développement mais franchement, ce n'est qu'un tout petit bémol.
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- Envie d'en savoir plus sur cette magnifique saga ?
Retrouvez mon avis sur Les Déracinés juste ici.
Et si vous voulez suivre Ruth dans ses pérégrinations new-yorkaises, découvrez mon billet sur L'Américaine juste là.
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Par ALittleBit le 27 Mars 2022 à 18:49
« N'était-ce donc que cela, commander ? Douter du meilleur et redouter sans cesse le pire ? Ou était-ce l'âge qui emportait avec lui l'insouciance et la fougue de la jeunesse ? »
Publié en 2020
Éditions Pocket
352 pages
Deuxième tome de la saga Les Aventures de Gilles Belmonte
Résumé :
A la veille du coup d'Etat du 18 brumaire, de retour d'une campagne victorieuse aux Antilles, Gilles Belmonte se languit loin des océans qui l'ont forgé. La France, quant à elle, en lutte contre les puissances européennes unies et fragilisée par dix années de tumultes, est aux abois. Ses finances sont exsangues. De l'or, les Etats-Unis en regorgent. Mais la guerre navale qui sévit entre ces deux nations complique les incursions dans les eaux américaines.
Le jeune capitaine aux idéaux et au caractère bien trempés va se voir confier une mission délicate qui conduira sa frégate jusqu'à Philadelphie. Face au pouvoir américain et à ses puissants services secrets, saura-t-il honorer la confiance du nouveau consul Bonaparte ?Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Ce deuxième tome nous embarque dans de nouvelles aventures à bord de la frégate l’Égalité ! Nous sommes à la fin de l’année 1799 et un nouvel homme fort se distingue, alors que le Directoire moribond est en train de vivre ses derniers moments. En effet, au début du mois de novembre 1799, un jeune général corse de 30 ans, qui s’est distingué sous la Révolution va prendre le pouvoir à la faveur d’un coup d’État : le fameux coup d’État du 18-Brumaire qui met fin à la Révolution et marque le début du Consulat et un nouveau pas du charismatique militaire vers le pouvoir suprême et l’Empire.
Pour les marins de l’Égalité, cette fin d’année est marquée par un retour victorieux au pays après une dangereuse campagne aux Antilles. Gilles Belmonte et son équipage se sont en effet distingués contre la puissante marine britannique aux Caraïbes et le capitaine de l’Égalité a la responsabilité de la garde de George Davies, un capitaine de la Royal Navy avec lequel il a fini par se lier d’amitié et qu’il s’est promis de défendre lors de son procès qui doit avoir lieu à Paris en cette fin d’année 1799.
Mais attention, ne croyez pas que l’on va rester à terre dans ce tome, dans les ruelles sales et populeuses du Paris de la fin du XVIIIème siècle ! Absolument pas : car Gilles Belmonte va bientôt se voir confier une mission par les plus grands de ce monde, à commencer par Bonaparte et son roué ministre des Affaires étrangères, Talleyrand, dont l’esprit diplomatique lui permettra de traverser sans encombre la succession de régimes au début du XIXème siècle. Alors que la France a, presque vingt ans plus tôt, soutenu la prise d’indépendance des jeunes États-Unis d’Amérique (on retient le souvenir de Lafayette et de son Hermione, qui se distinguèrent lors de la bataille de Yorktown, en 1781), ces derniers n’ont pas honoré leur dette. Mais il existe quelque part sur le territoire du nouveau pays un trésor qui pourrait, si la France s’en emparait, éponger sa dette. Mais surtout, les Britanniques, ennemis irréductibles, sont eux aussi sur le coup et Bonaparte ne veut pas laisser passer cette trop belle prise. Il confie à Belmonte la mission périlleuse d’aller localiser ce trésor puis de le récupérer, au nez et à la barbe des Américains et des Anglais.
C’est évidemment une mission pas dénuée d’écueils et de dangers que se voit confier Belmonte, qui retraverse l’Atlantique vers Philadelphie, la capitale des États-Unis. Mais la traversée n’est pas de tout repos : disparition, espionnage, sabotage et même un meurtre tendent légitimement l’ambiance sur le navire. Mais aux États-Unis, Belmonte n’est pas au bout de ses surprises et va même y retrouver de vieilles connaissances. Pourtant, si la France est à un tournant, Belmonte et ses hommes ainsi que leur chère frégate, le sont également, pour le meilleur comme pour le pire.
Dans ce second tome, nous louvoyons dans la diplomatie menée en sous-main, en Europe comme aux États-Unis. Les grands de ce monde semblent se vouer en face une estime sans bornes mais tous les coups sont permis dans l’ombre, jusqu’à s’emparer d’un trésor sur le sol d’un pays en apparence allié. Toutes les cartes sont brouillées : les ennemis d’hier sont les amis d’aujourd’hui et, en cette fin du XVIIIème siècle, alors qu’une nouvelle puissance émerge outre-Atlantique et qu’un changement considérable de pouvoir est en train de se concrétiser en France, le monde semble à un tournant.
J’ai trouvé que ce deuxième opus mettait un peu de temps à démarrer. Pour autant, une fois que c’est parti…c’est parti ! Ce roman est mené tambour battant et ne s’arrête pas une seconde. C’est toujours rythmé et cela ne retombe à aucun moment. Des salons parisiens où un nouveau pouvoir est en train de se mettre en place, en passant par les rues de Philadelphie et les rouleaux de l’Atlantique, où la guerre est aussi âpre et meurtrière qu’à terre, nous sommes baladés pendant plus de trois cents pages, pour notre plus grand plaisir.
Dans ce deuxième tome, jamais la vie n’a été plus précaire, ni plus périlleuse mais, dans le même temps, l’existence à bord est toujours faite de respect, d’estime mutuelles et on découvre aussi l’esprit plein de loyauté, de justesse et de rigueur des marins.
Ce deuxième tome s’achève sur une ouverture et sur une suite : assurément, je lirai avec intérêt la suite des aventures de Gilles Belmonte et de ses marins sous l’Empire. La Marine française a décidément de beaux jours devant elle ! Souquez ferme, moussaillons et rejoignez le bord !En Bref :
Les + : un tome plein d'aventures, rythmé, dans la droite ligne du précédent et qui ouvre sur une suite que je brûle de découvrir.
Les - : aucun point négatif à soulever, encore une fois.
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Envie de naviguer sur les mers du globe avec les marins de l'Egalité et de la jeune Marine Républicaine ? Mon avis sur le premier tome de cette saga pleine d'aventures est à retrouver ici.
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Par ALittleBit le 12 Mars 2022 à 16:05
« Je suis née infante d'Espagne et je mourrai reine d'Angleterre. Ce n'est pas une question de choix, c'est mon destin. »
Publié en 2005 en Angleterre
En 2020 en France (pour la présente édition)
Titre original : The Constant Princess
Éditions Hauteville
608 pages
Résumé :
Je suis Catalina, princesse d'Espagne, fille des deux plus grands monarques que cette Terre ait portés : Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. Je suis leur plus jeune fille, la princesse de Galles, et je deviendrai reine d'Angleterre.
D'abord épouse d'Arthur Tudor, le frère aîné de Henri VIII, Catherine d'Aragon, l'infante d'Espagne, a su transformer un mariage d'intérêt en passion amoureuse. Mais lorsque Arthur meurt subitement, il fait promettre à la jeune femme d'accomplir son destin en devenant reine d'Angleterre pour bâtir le pays tel qu'ils l'avaient rêvé tous les deux. Dotée d'une détermination hors du commun, la princesse d'Aragon survit à la trahison, à la pauvreté et au désespoir avant de devenir l'épouse de Henri VIII et de la seconder dans ce qui deviendra l'une des plus grandes victoires de l'Angleterre.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Elle n’a pas dix ans quand ses parents s’emparent de la dernière enclave maure d’Espagne, la somptueuse Grenade. Elle n’a pas cinq ans quand elle est fiancée au fils aîné du roi d’Angleterre, Henri Tudor, élevée toute son enfance dans l’idée qu’un jour elle sera princesse de Galles puis reine d’Angleterre. La vie de la petite Catalina d’Aragon, fille des Rois Catholiques Isabelle et Ferdinand, fers de lance de la chrétienté en Espagne en cette fin du XVème siècle, est toute tracée. Elle sera une grande princesse. Bon sang ne saurait mentir.
Et pourtant…de Catherine d’Aragon, dont on a oublié le nom espagnol, on retient surtout les dernières années, l’adversité, le divorce…on retient d’elle l’image de la reine pieuse, emmurée dans la dignité parce qu’il ne lui reste plus que cela, fasse à un mari plus jeune et inconstant qui, pour les beaux yeux d’une ambitieuse, n’hésitera pas à divorcer et de sa femme, qui n’a pas su lui donner de fils et de Rome, créant ainsi l’Église anglicane. La première épouse d’Henri VIII a laissé dans le souvenir commun celui d’une reine bafouée, morte en exil loin de la Cour et de sa fille Marie, la future reine Marie Ière, mais une reine qui n’a pas hésité à se défendre devant le tribunal constitué par son époux qui ne souhaitait qu’une chose : se débarrasser d’elle.
Philippa Gregory, dans La Princesse d’Aragon, se propose de raconter les jeunes années de Catalina, devenue Catherine. Des splendeurs de l’Espagne jusqu’aux froidures du pays du Galles, on découvre la jeunesse de cette reine : les jeunes années passées dans les splendeurs languides des palais maures d’Andalousie où les Rois Catholiques adoptent le mode de vie des anciens occupants, leur façon de se vêtir et de manger, puis le départ en Angleterre, le choc rude à la découverte de ce royaume du nord qui n’a aucune commune mesure avec ce que Catalina a connu auparavant. Mais, toujours en filigrane, on retrouve l’obsédante ambition, celle d’être un jour reine, quoi qu’il en coûte.
La jeunesse de Catherine d’Aragon, si elle est peu connue, est pourtant éminemment intéressante. On découvre une jeune femme bien différente de l’épouse hiératique et figée, connue pour sa piété, sa constance et sa charité, une femme plus âgée que son époux, un roi sensuel et aimant les femmes, dont la fatalité semble d’être un jour supplantée par une femme plus jeune, plus hardie, plus ambitieuse.
Et pourtant, de beauté, d’ambition, d’enjouement, de courage, Catalina, devenue Catherine, n’en manque pas. D’abord épouse éphémère d’Arthur Tudor, le fils aîné d’Henri VII et de son épouse Elizabeth d’York, elle perd ce jeune époux tendrement aimé à la fleur de l’âge. Il n’a même pas dix-huit ans quand il disparaît, emportant dans la tombe leurs projets pour le royaume. Arthur ne portera jamais la couronne d’Angleterre et ne fondera jamais un deuxième Camelot. Mais Catalina elle, est bien là, encore bien vivante et elle vivra pour deux. Poursuivant son but d’être princesse de Galles et un jour reine, elle subit avec force tous les affronts, l’indigence, l’indifférence, jusqu’à ce qu’elle épouse Henri VIII, en 1509. C’est son premier mariage que lui reprochera son mari à la fin des années 1520, quand il s’agira de se débarrasser d’elle. Arguant que le mariage avec Arthur a conditionné leur propre union, la rendant stérile (malgré la naissance de la petite Marie en 1516, Henri VIII n’a pas eu le fils qu’il espérait tant), le roi choisit de faire purement et simplement annuler leur mariage. Tout au long du procès, la reine campera sur ses positions, affirmant haut et fort que son mariage avec Arthur, qui n’a duré que quelques mois, n’a jamais été consommé. Ici, Philippa Gregory, s’appuyant sur des sources peu usitées et sur son propre sentiment, livre une image bien différente : Catherine et Arthur auraient consommé leur union, la jeune femme maintenant par la suite jusqu’au bout une version (sa virginité et le fait que le mariage avec Arthur n'ait jamais été consommé) qui n’était qu’un mensonge. Qu’en est-il réellement ? Il semble bien difficile aujourd’hui de le dire.Portrait de Catherine d'Aragon au moment de son premier mariage, par Michel Sittow : elle est souvent présentée comme une jeune femme aux cheveux auburn, au visage rond et aux yeux bleus.
La Princesse d’Aragon est un bon roman historique. Il ne se passe pas mille choses par chapitres mais c’est intéressant : c’est très visuel, les personnages sont toujours bien décrits chez Philippa Gregory, très ciselés. Et l’idée de se concentrer sur la jeunesse de Catherine, de l’Espagne jusqu’à l’Angleterre des Tudors, est assez inédite et innovante. On a tellement l’habitude de la voir plus âgée et surtout, beaucoup plus en retrait que c’était plutôt sympathique de la découvrir au centre du récit. Parfois très imbue d’elle-même et orgueilleuse, la princesse d’Aragon n’est pas toujours très attachante, mais sa détermination et son courage forcent l’admiration. Elle ne déviera jamais des objectifs qu’elle s’est elle-même fixés, malgré les embûches.
Depuis quelques temps, je renoue avec plaisir avec les romans de Philippa Gregory. Après avoir été un peu moins emballée par La Reine Clandestine et La Princesse Blanche (centrés respectivement sur les destins d’Elizabeth Woodville et de sa fille Elizabeth d’York, la propre mère d’Henri VIII), j’ai lu La Dernière Reine, puis La fille du faiseur de rois et enfin Reines de sang qui m’ont beaucoup plus plu. La Princesse d’Aragon s’intègre parfaitement dans cette saga féminine qui nous montre l’Histoire de l’Angleterre sous un jour nouveau. C’est certes romancé (et il y a beaucoup de romance dans les premiers chapitres) mais pas fantaisiste pour autant et Philippa Gregory s’acquitte parfaitement de la mission du romancier : combler du mieux possible les lacunes laissées par l’Histoire établie, sans pour autant affirmer apporter la vérité vraie.L'actrice britannique Charlotte Hope interprète Catherine d'Aragon dans la série The Spanish Princess, produite par Starz
En Bref :
Les + : sans être forcément très rythmé, ce roman est dense et très riche, ses six-cents pages nous font voyager et partir à la découverte d'un destin relativement méconnu.
Les - : pas vraiment de points négatifs à soulever, La Princesse d'Aragon est un roman historique efficace.
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Retrouvez ici mon billet sur La Reine Clandestine, biographie romancée de la reine Elizabeth Woodville, épouse d’Édouard IV.
Envie d'en savoir plus sur la jeunesse de Bessie d'York, la mère d'Henri VIII ? Retrouvez mon avis sur La Princesse Blanche juste là.
Dans la lignée de Deux sœurs pour un roi et L'héritage Boleyn, découvrez le déclin du règne de Henri VIII au travers du regard de sa dernière épouse, Catherine Parr. Mon billet sur La Dernière Reine est juste ici.
Les années sombres et troublées de la Guerre des Deux-Roses sont racontées dans La fille du faiseur de rois, qui met en avant Anne Neville, la fille du duc de Warwick et future épouse de Richard III. Mon avis est à retrouver ici.
Reines de sang raconte les destins tragiques des soeurs Grey et l'accession au pouvoir d'une reine redoutable, Elizabeth Ière. Retrouvez mon avis ici.
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Par ALittleBit le 13 Février 2022 à 17:28
« Robert a été guidé presque toute sa vie par son ambition de devenir roi, une ambition que toute notre famille lui a instillée. Ce désir a un prix, il nous coûte tous, et certains l'ont payé de leur vie, mais nous le soutenons parce que nous voyons en lui quelque chose qui l'élève au-dessus des autres hommes, quelque chose qui nous donne de l'espoir. »
Publié en 2015 en Angleterre
En 2017 en France (pour la présente édition)
Titre original : Insurrection, book 3 : Kingdom
Éditions Pocket
763 pages
Troisième tome de la saga Les Maîtres d'Ecosse
Résumé :
Après des années de luttes acharnées, Lord d'Annandale et son fils ont échoué à s'emparer du trône d’Écosse. C'est désormais au jeune Robert Bruce de porter les aspirations de sa lignée et de se faire proclamer roi. Mais tout le monde ne l'entend pas de cette oreille. Non seulement, au sein de son camp, un mutinerie le prive de la couronne et du royaume, mais, en Angleterre, le roi Edouard II mène la lutte contre l'insurgé. Accompagné de ses fidèles et de l'envoûtante dame Christiane, Robert Bruce va devoir retrouver la confiance de son peuple et, par là même, sa place sur le trône. Une grande bataille se prépare qui va sceller son destin et celui de l’Écosse.
Ma Note : ★★★★★★★★★★
Mon Avis :
Écosse, début du XIVème siècle. Le royaume est déchiré par des luttes internes pour le trône et par la guerre qui se joue avec la puissante voisine, la couronne d’Angleterre, qui ne souhaiterait rien tant que d’absorber l’Écosse. Son roi, Édouard Ier, ne rêve rien moins que l’antique réunification des peuples bretons comme au temps du roi Arthur et compte bien le réaliser, à la faveur d'une vieille prophétie de Merlin, rapportée par Geoffroy de Montmouth. Seulement, en cette fin de Moyen Âge, la fédération ne peut se faire que par les armes et, en Écosse, une famille a juré de tout faire pour préserver le trône : les Bruce, dont l’héritier Robert a ceint la couronne mais n’est pas reconnu : par les Anglais d’une part mais aussi par une partie des grandes familles d’Écosse, à commencer par les Comyn, qui luttent âprement contre les Bruce depuis de longues années.
Quant au sort de l’Écosse, il semble qu’il ne puisse que tomber de Charybde en Scylla depuis la terrible défaite de William Walace et son exécution en 1305. Accompagné de ses fidèles partisans, Robert ne connaît pourtant que défaites et vexations mais c’est mal connaître le jeune homme : celui qui a fait le serment à son grand-père, lord d’Annandale, voilà plusieurs années, n’est pas prêt à se rendre sans combattre. S’il ne le sait pas encore, la Roue de la Fortune est sur le point de tourner et d’écraser ses adversaires.
Batailles sanglantes, trahisons, retournements inattendus et autres coups fourrés caractérisent ces premières années du XIVème siècle tandis qu’un royaume lutte pour exister et consolider ses acquis.
Ce que raconte ici la romancière Robyn Young est un épisode avéré de l’Histoire des îles britanniques : les guerres civiles d’Ecosse ou guerre d’indépendance écossaise, qui commencent dans les années 1290 et ne se terminent qu’en 1357 avec la signature du traité de Berwick. A la mort sans héritier du roi Alexandre III en 1286, le trône écossais vacille, disputé qu’il est par les grandes familles (Comyn, Balliol, Bruce) tandis que de l’autre côté du mur d’Hadrien, le roi Édouard Ier, tapi comme un gros chat, guette les moindres mouvements de l’ennemi avant de s’en emparer. A la faveur de ces conflits successifs, de grandes figures de l’Histoire écossaise apparaissent, telles William Wallace (immortalisé par Mel Gibson sous les traits de Braveheart, dans le film du même nom sorti en 1995) ou Robert Bruce, aussi parfois appelé Robert de Bruce et qui fut roi d’Ecosse autoproclamé puis reconnu de fait, de 1306 à 1329. La saga met aussi en avant des faits d’armes qui ont marqué l’Histoire comme Falkirk, la terrible écossaise de 1298 et sa revanche, Bannockburn, en 1314, victoire décisive de Bruce et de ses hommes sur les armées du roi Edouard II.Avant la bataille de Bannockburn, Robert Bruce passe ses troupes en revue (Edmund Blair Leighton, 1909)
C’est donc le destin de ce personnage, Robert Bruce, à l’origine des futures dynasties écossaises, notamment les Stuarts, que Robyn Young choisit de raconter ici, dans une saga historique touffue, conséquente, qui se termine en apothéose avec ce troisième tome enlevé, violent mais qui clôture avec brio cette trilogie commencée avec Insurrection. Tout doucement, elle déroule l’écheveau d’un destin d’exception, entre faits historiques avérés et d’autres plus flous qui permettent alors au romancier de s’immiscer dans les lacunes de l’Histoire. Le destin de Bruce est fragmentaire, pas toujours bien documenté, parfois connu par des sources populaires mais dont on peut douter de la fiabilité. L’auteure s’est donc insérée dans ces latences pour apporter sa propre pierre à l’édifice, tout en respectant au maximum le déroulé des événements et ce qu’elle savait de ses différents personnages.
J’ai retrouvé ici ce que j’avais aimé dans les deux premiers tomes mais peut-être en cent fois mieux ! Non pas qu’Insurrection et Renégat, les deux premiers volumes, soient décevants ou pas intéressants, loin de là. Mais Avènement est peut-être le tome le plus abouti, le plus dense, le plus ambitieux. C’est visuel, quasi cinématographique : les scènes de batailles sont grandioses et épiques (on n'en entend pas moins d’elles), les paysages superbes de l’Écosse très bien décrits, vraiment, on s’y croirait. Quant aux personnages, ils sont tous détaillés ainsi que leur psychologie. Robyn Young laisse autant de place au renégat qu’au plus loyal et le personnage de Robert, découvert jeune homme dans Insurrection et Renégat, s’achemine vers la maturité en même temps que le trône. J’avoue que si j’ai en général une préférence pour les héroïnes (peut-être parce qu’il m’est plus facile de m’identifier à d’autres femmes), ce roman très masculin m’a séduite, un peu comme La Quête de Robert Lyndon. Et c’était passionnant, n’ayons pas peur des mots.
Le seul petit bémol pour moi et qui est totalement subjectif, c’est le début du roman qui m’a un peu perdue : ma lecture du deuxième tome, Renégat, remontait à plus de deux ans et j’ai mis un peu de temps pour parvenir à me resituer dans l’intrigue et à ne plus confondre les personnages qui, on le sait, en ces temps lointains, ont souvent la fâcheuse tendance à porter des noms identiques ou très proches. Mais une fois que je m’y suis retrouvée, aucun souci.
Comment conclure cette chronique autrement qu’en vous recommandant chaudement cette saga ? Si vous aimez les romans historiques et l’Écosse, elle est à lire de toute urgence, vous passerez probablement un très, très bon moment. Du moins je vous souhaite une aussi bonne lecture que la mienne et c’est vraiment avec regret que j’ai refermé ce troisième et ultime volume, un peu nostalgique (est-ce que je dois avouer qu’au cours de cette lecture j’ai été légèrement amoureuse de Robert Bruce et de son charisme ? Je crois que oui).En Bref :
Les + : un troisième tome qui clôt la trilogie dans l'apothéose et l'ivresse de la victoire, on suit le déroulé de l'intrigue comme on regarderait un film. Robyn Young signe là une fiction historique passionnante et qu'on prend plaisir de suivre de bout en bout.
Les - : pour moi le seul bémol à relever et, comme je le souligne dans ma chronique, qui est totalement subjectif, c'est les premiers chapitres un peu compliqués, il m'a fallu du temps pour me resituer au milieu de la myriade de personnages et des retours réguliers vers la liste des personnages a un peu haché ma lecture mais ce n'est vraiment rien de grave.
LE SALON DES PRÉCIEUSES EST AUSSI SUR INSTAGRAM @lesbooksdalittle
Envie d'en apprendre un peu plus sur les origines de la saga ? Découvrez mon avis sur les deux premiers tomes :
- Mon avis sur le tome 1, Insurrection, est juste là.
- Et retrouvez ici mon avis sur Renégat, le deuxième tome.
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